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KallyVasco - Page 16

  • Trois fois je me demande si...

    (variétés, suite)

    Mardi. Muriel et Pascale toujours aussi belles. Surtout devant une assiette d’antipasti del nonno. À côté d’elles, les brunes qui passent devant la terrasse paraissent fades. Ce sont mes sœurs, pourquoi ? La voiture sent le renfermé après quatre mois de jachère. Putain de garde à vue (penser à créer ce Prix littéraire que je nommerai Le GAVé. Il récompensera le plus beau récit de Garde A Vue. Avis…). Bosser avec Gérard et les filles me fait aimer le travail autant que la plage. Gérard conduit trop. Ses aller-retour hebdomadaires à Izotges, Gers, le crèvent. Nous n’irons pas au bal, ce soir. En revanche, l’œil malicieux de Sophie invite à décompresser autour de deux Perrier-tranche. Notre amitié cristallise comme un pot de miel au fond d’un placard de résidence secondaire. Elle a un dîner. Sur son visage, je lis une sérénité qui me fait plaisir. J’aime Saint-Germain-des-Près en cette saison, encore basse. Rien ne presse. Personne ne m’attend, excepté le chat de ma fille, à l’appétit vagabond. Havanes, librairie. Enfin échoué, je dépose ma carcasse, sac de marin, savoure mon être-au-monde en regardant le ciel noir que je sais étoilé. Le quotidien oblige à négliger notre conscience du pur bonheur d’exister. Léonard Cohen, un thé vert, mon chien (ce blog). « Et si la littérature était un animal qu’on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu’il faut aimer, nourrir, sortir ? » (Roger Grenier). Pour un peu, je me sentirais à la campagne. Manquent les parfums de la nuit : menthe glacée, ronce, terre tiède.  

  • Deux fois je me demande si...

    (otra version sur "l'art" de ne rien dire)  

    Le mardi, je déjeune en compagnie de mes deux sœurs. Nous sommes allés chez La Nonna Inès aujourd’hui, rue de l'Arbalète. L’évocation de nos parents disparus a encore besoin de drôlerie pour habiller la tendresse. Elles sont belles, mes sœurs. J’observe notre trio, désormais serré comme un bouton de rose. Il ne saurait faillir. J'ai démarré la voiture avec une impression inédite. Je ne l’avais pas utilisée depuis quatre mois. Suspension de permis. J’ai rejoint Gérard, Marie et Sophie à Montrouge. Nous avons travaillé –dans la joie comme toujours, à plusieurs dossiers. En fin de journée, Marie est partie et Gérard opposa une réelle fatigue à ma proposition d’aller dîner. Nous avons pris un apéritif amical et complice, Sophie et moi, au Café Cassette. Avec Le Vieux-Colombier, ce furent mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Sophie avait un dîner. Je lus la sérénité sur son visage. Elle manifesta un bien-être raffermi. J’ai flâné à St-Germain avant de rentrer. L’air était doux, la lumière tendre. Je me sentais bien. J’ai échoué à trouver "Diego et Frida", de Le Clézio, à la librairie L'Ecume des pages, puis j’ai acheté un havane orné d'une bague étrange, mentionnant "Exclusivo Francia". Je viens d'arriver, il est vingt-deux heures, je n’ai pas faim. Je nourris le chat de ma fille, pensionnaire depuis hier soir pour cause de déménagement. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. J’affale ma voilure, relâche la carcasse, me sers un thé vert à la menthe, allume le havane, lance Ten New Songs de Léonard Cohen, flâne sur mon blog. Note ceci...
    La lune monte. Le ciel paraît noir. Je le sais étoilé. Je prends conscience de mon être-au-monde. Le quotidien empêche de savourer le pur bonheur d’exister. Demain, je me lèverai tôt, prendrai le petit-déjeuner dans le salon baigné de soleil et retournerai aux écritures.
     

  • Des fois je me demande si...

    ... Je ne devrais pas écrire, chaque jour, ici, sur ce chien que je nourris (KallyVasco ne portera jamais de collier), des choses comme... les notes qui noircissent mes carnets Moleskine successifs, lesquels s'accumulent sur une table et font la poussière (au moins comme çà, quelqu'un la fait...). Cela donnerait, pour cette fin de journée : Après le désormais traditionnel (et merveilleux) déjeuner du mardi en compagnie de mes deux soeurs, chez La Nonna Inès cette fois, rue de l'Arbalète (ah! le lard de Colonatta!), j'ai repris ma voiture après quatre mois de suspension de permis. Bizarre... Travaillé -comme d'habitude- dans la joie avec Gérard, Marie et Sophie à plusieurs dossiers simultanément. VSD J.O., Rome, 7 erreurs... Puis, à la fraîche, Gérard, trop fatigué, est rentré se coucher. Long apéro vraiment bien, amical et complice à fond, au Café Cassette avec Sophie (préféré, ce soir, au Vieux-Colombier). Ce rade fut l'une de mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Moments simples et bavards, jusqu'à l'heure de son dîner prévu avec une de ses anciennes collègues. Flâné à St-Germain, l'air était doux, la lumière baissait gentiment, je me sentais bien, si bien. Echoué volontairement parmi les livres de ma pharmacie préférée, du quartier, "L'Ecume des pages", à la recherche de "Diego et Frida" pour l'offrir comme promis à Angélique. "Livre manquant"! Pris (pour ne pas sortir bredouille -je déteste cela), "La Philosophie comme manière de vivre", de Pierre Hadot, immense socratique, et "Rome et l'amour" de Pierre Grimal. Passé à la banque consulter mon solde, puis acheté deux havanes, nouveaux sur le marché et dont j'ai entendu du bien : l'Obus de Juan Lopez. le module est orné d'une bague sur laquelle j'ai lu, pour la première fois, "Exclusivo Francia". Rentré à 22 heures. Nourri le chat de ma fille (en pension depuis hier soir pour cause de déménagement et de concours divers ici et là). Penser à dîner, mais je n'ai pas faim. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. Thé vert à la menthe. Ayo, Léonard Cohen, Catpower. Blog (J'y suis!). Ne pas oublier le réveil : re-boulot dès 8h30 à Montrouge!.. Et voilà.

    Mais cela, à la vérité, ne présenterait, franchement, aucun intérêt. Nous sommes bien d'accord...

  • Poésie de rappel

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    SOLDES!
    Il restait des exemplaires de deux de mes livres de poésie : La Corrida du 19 avril (Atlantica) et Femmes de soie (Séguier) chez leur éditeur, qui décida de cesser leur exploitation. Je les ai rachetés. Je peux donc les proposer, ici, à un prix plancher : 7€ le premier, 10€ le second (au lieu de 11€ et 14€). Acheter La Corrida... c'est (aussi) faire un geste en faveur de "Vaincre le cancer", puisque je reverse les droits à cette association. Acheter Femmes de soie, c'est s'offrir le best of my poésie, 210 pages consacrées à la femme. Si vous cliquez, colonne de gauche, sur les bouquins, vous lirez un petit mot qui les résume. Commandes par mail (ci-contre à gauche). J'offre les frais de port! Et allez!.. (de toute façon, c'est pas maintenant que je deviendrai riche ou que je saurai comment faire pour le devenir, té!). Pensez à la fête des mères, à la Saint-Glinglin, à l'anniversaire du copain, au tête-tête amoureux, au dîner d'après-demain que je sais jamais quoi leur apporter aux Machin; à vous. Aussi...

  • Kahlo


    En me baladant dans les archives de ce blog pour y faire un peu de nettoyage, je suis tombé sur ce "post" d'un biographe de Frida Kahlo, posé à la suite de ma note intitulée "Deux mains" (archives, colonne de gauche, catégorie "tu es plus belle...", samedi 22 avril 2006).

    http://pagesperso-orange.fr/editions-du-jasmin/liv533.htm

    J'ignore si son livre est bon, mais j'aime la peinture et le destin de cette femme. Vous aussi peut-être. Je vous le signale donc.

    Le premier qui va voir cela de près en fait part !.. 

     

  • ECRIVEZ!


    Vous étiez environ 400 visiteurs uniques, hier. Deux ou trois (les fidèles) ont de nouveau participé. Ecrivez! Un blog est un outil interactif, pas seulement une offrande. Je ne souhaite pas que KallyVasco devienne une BD qu'on lit, assis peinard dans un coin à la Fnac, et que l'on range avant d'en prendre une autre, puis de sortir du magasin. Ecrivez!

  • Passage à St-Jean-de-Luz

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    Les Luziens d’adoption possèdent la distance nécessaire au regard juste et à l’amour choisi –comme on le dit de l’immigration, qu’aucun natif ni aucun touriste ne porteront jamais. Ils partagent avec les voyageurs, ces passagers clandestins de l’émotion, la faculté d’immersion en délicatesse. Par mimétisme animal, l’étranger aborde la baie de Saint-Jean-de-Luz ou celle d’Along, muni d’un savoir se confondre. Il n’impose ni ne prélève, cueille selon ses besoins. (Ainsi les Blondes d’Aquitaine sont bien gardées). Le nouveau Luzien épouse sans dot. L’air de ne pas y toucher. D’ailleurs s’il touche l’autre, c’est avec le viatique de sa liberté. Sa carte de visite n’est pas un bristol. C’est une poignée de main en arrivant, l’offrande du récit d’un parcours, le brouillon de sa carte du Tendre en partant. LM (extrait d'un papier rédigé au Grand-Hôtel de St-Jean, en avril. Reportage à paraître dans quelques jours dans Pays Basque Magazine / Maisons Océan). Il en va des Luziens comme des Latignaciens, des Nambikwaras ou des Persans.

    Photos ©LM : En haut : la baie depuis ma chambre d'hôtel - En bas : tapas et fragments ont partie liée. Brefs, parfois piquants (banderilles, dit-on à San Seba), on les picore, on les note, les oublie...

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  • Zique

    Ma fille m'a fait découvrir récemment deezer.com Vous connaissez sans doute. Sinon, découvrez : c'est le site idéal, gratuit, pour bosser (devant son ordi) en écoutant tout ce que l'on veut et que l'on n'a pas, ni dans son itunes, ni dans sa cdiscothèque.

    This sunday morning, I've got the pêche with the big noyau. Yeeeeep! 

  • La Petite Vermillon


     
    C'est une belle idée, que l'on doit à Alice Déon (elle préside La Table ronde) : thématiser les sorties de La Petite Vermillon (la collection de poche de LTR), en faisant des tirs groupés. Après la vague Anouilh (neuf volumes d’un coup !), voici, sur le thème du voyage, que reparaissent simultanément : Souviens-toi de Lisbonne, d’Olivier Frébourg, Suite indochinoise, de Jean-Luc Coatalem sur le Vietnam, Court voyage équinoxial, carnets brésiliens de Sébastien Lapaque et La Montagne morte de la vie, de Michel Bernanos (fils de Georges) sur le Brésil aussi. Françoise de Maulde, qui épaule Alice, m'a annoncé le thème du sport pour bientôt. Avec le travail du prédécesseur d'Alice, Denis Tillinac, le fond est riche et bon...
    Loués soient les grands petits livres !
     

  • Monumenta

    En visitant la performance de Richard Serra dans la nef du Grand-Palais (lieu magique entre tous) avant-hier soir, et en me plaçant à un certain angle qui permet de voir en perspective ses cinq panneaux de 16 mètres de haut et de 75 tonnes chacun -de manière à envisager leur penchant (chaque plaque gigantesque d'acier est inclinée), comme bon me semblait-, j'ai vu ceci : les Twin towers s'écartant au dernier moment pour esquiver les deux Airbus. Des tours toreros, écarteurs landais. Une victoire énorme. J'ai même éprouvé -physiquement- le vertige des avions manquant leur cible et poursuivant leur vol dans la nuit des Temps. Une expérience. L'art, monumental, en un lieu exceptionnel, procure ce genre d'émotions, dont le charme premier est leur surgissement, tandis que nous marchons à la recherche du sens commun.
     
    Allez y si vous êtes à Paris, car au-delà de la "promenade" à laquelle Serra nous invite, il y a le bonheur de rester là, de s'asseoir, lire, prendre du temps en compagnie

  • DIS,.. MAIS!..

    Le dimanche 10 mai 1981, après les résultats, nous nous étions engouffrés dans ma 4L pour aller faire la fête une partie de la nuit, place de la Victoire, à Bordeaux. Nuit de liesse absolue. Les Années-Tonton, qui seraient les notres*, allaient commencer. Le lendemain à 8h00, je passais l'écrit de culture générale du diplôme de Sciences-Po. Epreuve majeure. Nous pensions tomber sur un sujet en rapport avec la gauche française depuis ses origines, ou sur le Socialisme. Etions incollables sur Marx et ses arrières-petits-enfants... Paf! Le sujet fut "Les nouveaux pauvres", lesquels étaient bien plus riches qu'aujourd'hui, d'ailleurs. Reste cette grande fête sincère, ce souvenir d'une joie incroyable à la vue du visage de Tonton sur la vieille télé n&b de ma turne d'étudiant. Depuis, chaque 10 mai, je fête intérieurement ce bonheur-là. Nous avions vingt ans et des poussières, l'espoir gonflait nos poitrines comme le vent la grand'voile. Une expression de soulagement, de sérénité retrouvée, une détente certaine se lisaient sur les visages, le 11 mai. Avec le recul, je sais que ces années-là -les années Mitterrand, de 1981 à 1995, puis le point d'orgue que fut le beau rassemblement Place de la Bastille en janvier 1996, celui enfin de janvier 2006, qui sonna comme un glas, tomba comme un rideau de théâtre, ont été nos années essentielles.

    (* avec mes amis) 

  • Se sentir eluardisé, l'après-midi

    La courbe de tes yeux

    La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

    Un rond de danse et de douceur,

    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

    Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

    C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

    Feuilles de jour et mousse de rosée,

    Roseaux du vent, sourires parfumés,

    Ailes couvrant le monde de lumière,

    Bateaux chargés du ciel et de la mer,

    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

    Parfums éclos d'une couvée d'aurores

    Qui gît toujours sur la paille des astres,

    Comme le jour dépend de l'innocence

    Le monde entier dépend de tes yeux purs

    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

     

    Paul Eluard, Capitale de la douleur, Poésie/Gallimard

     

     

     

     

  • le petit naze sous le Portique

    Les philosophes se réunissaient à Athènes au lieu dit  le "Portail peint" (Stoa Poikilè, d'où leur surnom de stoïciens, "philosophes du Portique").

    Photo : "le petit philosophe du sud-ouest sous le Portique -ou ce qu'il en reste, pense à Socrate et ignore que Cécile le photographie" ©C.L. 181464407.JPG

    Merci au "Monde de la Philosophie" de nous offrir cette semaine Sénèque (La Vie heureuse, La Brièveté de la vie, Lettres 1 à 29 à Lucilius) le Manuel d'Epictète et les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle. Jubilatoires lectures! 

  • Nous tairons jusqu'au silence

    Pour que demeure le secret

    Nous tairons jusqu'au silence

     

    Nul oiseau n'est coupable

    Du tumulte de nos coeurs

     

    La nuit n'est responsable

    De nos jours au fil de mort

     

    Il n'est que grande innocence

    Et des colonnes en marche 

     

    Mais les plaines soulignent

    Notre solitude de leur blé.

     

    Max-Pol Fouchet, Demeure le silence, Actes Sud 

  • Simple!

    Tu prends une courgette que tu tailles avec l'économe, en languettes longues et souples, bien croquantes, tu prends un très bon couteau pour tailler fin comme du papier gommé Rizla+, du lard de Colonnatta (tu l'as trouvé, parce que tu es débrouillard), tu mets des mini-tomates cerises, des pignons saisis à la poêle sèche ou bien avec un bébé-noisette de beurre salé (encore des pignons! bé oui, en ce moment, j'aime çà), tu tranches des cogollos (sucrines, ou coeurs de laitue), dénoyautes quelques olives noires (les Crespo en boîte métal sont bien pour ce genre de salade), tu écosses des petits pois frais (ils sont arrivés!), des fèves itou (elles aussi!) et taille des pois gourmands en petits rectangles (3 minutes à l'eau bouillante pour tous ces machins verts, puis rince à l'eau froide, ça refroidit aussitôt). Tu cisailles de la ciboulette, du cerfeuil, de la coriandre, de l'estragon, émiettes du thym -non, laisse tomber le thym. Vinaigre balsamique, huile d'olive, fleur de sel, piment d'Espelette en poudre; hop! Et t'as déjà ton entrée...

  • Les Aventuriers

    Ce poème nous est offert par aliscan (allez voir son blog http://quialaviealetemps.hautetfort.com/consacré à la poésie, notamment au haïku). Merci à lui. 

    Comme j'ignorais jusqu'à l'existence de ce poète il y a quelques minutes encore, je viens de surfer sur Google et sur fnac.com L'oeuvre du bonhomme a l'air difficile à trouver. Nous chercherons quand même. Dans l'attente, voici le site qui lui est consacré : http://www.leon-verane.fr/verane2_1.htm

    (J'aime lorsque ce blog s'enrichit de la sorte, devient interactif, comme là...).

     

    Nous eûmes tous les deux des âmes sans courage.
    Lorsque le vent gonflait la toile des vaisseaux,
    Les pieds comme rivés au sable de la plage,
    Nous avons vu la proue ouvrir de vastes eaux.

    Nous avons écouté l'adieu de l'équipage,
    De ceux que L'Aventure a pris dans ses réseaux,
    De ceux qui sans émoi, savent, des noirs orages,
    Accoudés à la lice, endurer les assauts,

    Quand d'autres s'inscrivaient sur les pages du rôle ;
    Nous avons agité nos mouchoirs sur le môle.
    Que nos jours maintenant soient en proie aux regrets !

    Ceux-là trouveront seuls les îles chimériques
    Qui, libres de tous liens, sifflent dans les agrès
    Et portent dans leur coeur l'espoir des Amériques.

    Léon Vérane, Les aventuriers

  • Paquito revient

    Paquito chocolatero, ©Agorila, l'excellente maison de production de cd de Manex Meyzenc (Bayonne).

    podcast
     

    A tous ceux qui sont en manque de toros, voici notre hymne-à-frissons, Paquito chocolatero, en attendant Vic, Nîmes et surtout Bayonne, Dax, San Seba, Pamplona, via Mont-de-Marsan et toutes les petites arènes où les novilleros se joueront leur vie à onze heures a punto.
    ¡ Suerte para todos ! Y que Dios reparta bien las cornadas. Si lo quiere... 

    Hey!.. Hey!..

  • Fajardie


    fajardie.free.fr/

    L'un des pères du néo-polar vient de nous quitter. 60 ans. Cancer. Sale affaire pour ce compagnon de route de Daeninckx et Manchette. Auteur de nombreux polars à la française avec des héros à la manière de l'Inspecteur Harry, nobles et franchouillards, auteur d'un paquet de romans, parfois historiques, de quelques pamphlets, Frédéric H. Fajardie a aussi écrit presque autant de nouvelles que Maupassant.

    Je me souviens de l'avoir rencontré chez lui, dans sa ferme normande, une nuit d'ivresse, au cours des années 92 ou 93. J'avais commencé la soirée en compagnie de Denis Tillinac et de Françoise Blondin, de bar en bar (tous ceux qu'Antoine avait fréquentés). Pélerinage rude. Nous fûmes battus à plate couture par une veuve droite comme un I, après pas mal de canons descendus. Elle rentra néanmoins se coucher. Nous la raccompagnâmes. Là, Denis dit : on va voir Fajardie, t'as une bagnole? Mais c'est loin, sa Normandie! Qu'à cela ne tienne. Saint-Christophe fut du voyage, c'est indubitable, car nous arrivâmes sans tonneau à destination vers 3 heures du matin. Pleins phares, klaxon bloqué devant les grilles. Frédéric se réveilla, saisit son fusil de chasse et le pointa sur les hurluberlus depuis la fenêtre la plus haute de la ferme. C'est lorsqu'il reconnut Tillinac qu'il baissa son arme. Suivirent agapes. Trois jours d'amitié, de liesse et de littérature pourfendue. Souvenirs... Ciao, Bello! Je bois un thé vert à ton talent. Car c'est ainsi, désormais. Je te relirai souvent.

    Son oeuvre, partiellement reprise dans Le Livre de poche, Folio, La Petite Vermillon (LTR) et Babel (Actes Sud), est parue -essentiellement- chez Mazarine, Lattès, Fayard, Les Mille et une nuits, La Table ronde, Actes Sud et, pour les derniers ouvrages, aux éditions des Equateurs. 

     

     

  • La Ville

    Grasset (Les Cahiers rouges) s'apprête à reprendre l'oeuvre complète du jeune poète Bordelais mort en 1914. Trois livres : les poèmes de L'Horizon chimérique (nouvel extrait ci-dessous), un roman, Les Dimanches de Jean Dézert et les Contes, dont les splendides Pétrels, et ce petit bijou absolu (à mes yeux) qu'est Le City of Benares...

    "Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte;
    Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
    Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
    Que ce port et mon coeur sont à jamais déserts.

    La mer vous a rendus à votre destinée,
    Au delà du rivage où s'arrêtent nos pas.
    Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées;
    Il vous faut des lointains que je ne connais pas.

    Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
    Le souffle qui vous grise emplit mon coeur d'effroi,
    Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
    Car j'ai de grands départs inassouvis en moi."

  • L'Horizon chimérique

    "Un instant, j'ai pensé que la plus fière joie

    Eût été de m'enfuir, comme un aigle s'éploie,

    Au lointain rouge encor des soleils révolus. 

     

    Et j'enviais le sort des oiseaux de passage.

    Mais mon âme s'apaise et redevient plus sage,

    Songeant que votre amour ne me quittera plus."

     

    Jean de La Ville de Mirmont. 

  • Pestacle

    "Nargis s'est abattu sur la Birmanie. Découvrez en avant-première les photos de cette tragédie prises sur place par un internaute."

     

    Voici ce que je viens de lire, en frémissant - effroi et honte le disputent - sur la page d'accueil de Yahoo. De funeste mémoire, cela m'évoque le feu d'artifice quotidien que CNN offrait au monde en direct de Bagdad, au début de cette -très- sale guerre (sale guerre serait un pléonasme).

    Le spectacle de l'horreur... en avant-première. Bienvenue chez les chtis birmans...

    Cette sémantique est à vomir et le pire, c'est qu'elle ne cache plus son intention. 

    La Terre se réchauffe, la banquise fond mais l'âme humaine se glace. A grande vitesse.  

  • Je hais les voyages...

    Interrogé il y a quelques années par Jean Daniel sur le seuil de tolérance (à propos des questions d'immigration), Claude Lévi-Strauss eut cette remarque lumineuse (c'est moi qui souligne, en gras) :
    "Le seuil de tolérance existe bel et bien. C'est un fait, un jugement de réalité, non un jugement de valeur. Il faut l'apprivoiser et le dépasser, mais non l'ignorer. Or, toute notre époque est là : on ignore les faits sous prétexte de défendre des valeurs." (...) "L'irruption trop massive d'une minorité dans un société peut en ébranler la structure et provoquer une allergie de protection."
     
    Le concert d'éloges à propos du futur centenaire du grand ethnologue tourne parfois à la cacophonie. Vous ne trouvez pas? L'Express publie l'autosatisfecit d'un Fumaroli illisible, Le Point fait aimablement le tour du sujet en ... 6 pages et nous sur-vend une Une sur le motif. Le dossier du Magazine Littéraire est en revanche très bien réalisé. Le petit dossier de L'Obs n'est pas mal non plus, car il laisse la parole aux artisans de l'édition en Pléiade des oeuvres choisies par l'auteur (il manque quand même le témoignage -capital, je pense-, de Marie Mauze !..). Ce qui est bien, c'est que, comme d'habitude, cela donne envie de relire l'oeuvre. Et reprendre Tristes tropiques (je viens de le faire dans le TGV Bayonne-Paris) est un bonheur renouvelé pour l'esprit, doublé, comme on sait, d'un bonheur littéraire. Juste, pour le plaisir, la célébrissime première phrase (et sa suite, merci emma) : "Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions. Mais que de temps pour m'y résoudre! Quinze ans ont passé depuis que j'ai quitté pour la dernière fois le Brésil et, pendant toutes ces années, j'ai souvent projeté d'entreprendre ce livre; chaque fois, une sorte de honte et de dégoût m'en ont empêché." ... (la suite en Plon/Terre Humaine, ou bien en Pocket, ou encore en Pléiade).
    Demain, j'achèterai cette Pléiade de Lévi-Strauss. Pour les enfants, mas tarde...

  • Aphorismes sous la lune



     

    Nous avons évoqué ici même les deux précédents ouvrages de Sylvain Tesson, infatigable marcheur, travel-writer, loup solitaire constamment into the wild, sorte de Walden (de Thoreau), d'homme ayant recours aux forêts (selon Jünger), de Jack London de tous les horizons possibles, un écrivain du grand dehors, héritier de Chatwin, Théroux et Bouvier. Nous avions loué les qualités de son "Petit Traité sur l'immensité du monde" et de son "Eloge de l'énergie vagabonde". Paraissent ses "Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages" avec de délicates illustrations bleu nuit, noir et blanc de Bertrand de Miollis (les trois aux éditions des Equateurs). Ce sont des pensées ultra-courtes, entre le haïku et le mot d'humour, le calembour et le fragment à la Jules Renard (dans son Journal). Toutes ont trait à la vie sauvage, loin des hommes et de ce qu'ils (dé)font de la planète en jouant dangereusement avec elle.

    Le livre ouvre avec celle-ci : La mer : un coeur qui bat entre deux côtes. A chaque page, une trouvaille tendre, séduisante : Un paysan ignorant dans un champ cultivé... A quoi rêve un sage endormi dans un champ d'herbes folles?.. Idiot du bocage : sot de haies... Boire du thé fait pisser le temps... (c'est bien vrai!). Ce n'est pas en les coupant qu'on rendra meilleures les mauvaises herbes... Un fruit de la Passion rêvait de rencontrer un buisson ardent... La mer est la descente de lit des fleuves... Le courage n'existe pas : même le soleil se couche... Une régate de femmes voilées sur le trottoir d'une ville d'Islam... La ville : gueule de bois des hommes ivres de nature... Le Marais est un quartier chic où vivent les vanneaux huppés... On  ne rempote pas une jeune fille en fleur... Voyage organisé : oxymore... J'aimais flâner avec elle. Sans "L", je fâne...

    Et beaucoup d'autres comme celles-là, glânées au hasard. Lisez Tesson, et faites passer.

  • -8

    J'ai bu de l'alcool pour la dernière fois -du champagne ordinaire, tiède, dans une flûte en plastique, au stand des Presses de la Cité du Salon du Livre de Paris, le 18 mars dernier vers 22 heures. En la voyant disparaître à l'angle d'un stand voisin, j'ai reposé ma flûte en me disant. Plus jamais. Depuis, je n'ai même pas mangé de boeuf bourguignon, ni croqué un chocolat à la liqueur! Résultat annexe mais appréciable : -8 kilos. Une pêche d'enfer. A l'aube, chaque jour, ginseng, gingembre, guarana, vitamine C, café. Puis thé vert à la menthe toute la journée. Thé au jasmin ou gingembre chaud au cours des repas. La faim d'écrire est revenue. Il paraît que mes mots ont gagné en qualité. La tension artérielle est redevenue zen, lorsqu'un con m'agresse dans la rue ou en vélo, je lui souris. Incapable de m'énerver, je siffle en travaillant en musique, chante sous la douche, ai retrouvé une peau de pêche, gagné déjà deux crans à ma ceinture. Pire : s'il pleut, ce sont les  rayons du soleil que je vois tomber. C'était simple, au fond. Si simple.

  • L'été sera velu

     

    1642321011.jpgSon possible retour parmi les Bleus, à l'occasion de la tournée en Australie, en juin prochain, se dessine au silex et au charbon sur les parois de Marcoussis, caverne arverne.

    Lièvremont l'a laissé entendre.

    Chabal revient, Ileana.

    C'est mieux que Jésus!

  • L'enclos "Keffer"

    C'était l'enclos des chiens-loups utilisés pour monter la garde, pour la chasse, et principalement pour les chasses des hommes (...) Un jour arriva un convoi dans lequel se trouvaient des petits enfants. Le commandant du camp ordonna de les déshabiller et de les pousser dans l'enclos. Les enfants furent dévorés aussitôt, apparemment, car nous n'entendîmes pas de cris. Et cela devint une habitude. (pages 90-91)

    Nous avons l'habitude d'entourer les grandes catastrophes de mots afin de nous en protéger. Les premiers mots de ma main furent des appels désespérés pour trouver le silence qui m'avait entouré pendant la guerre et pour le faire revenir vers moi. Avec le même sens que celui des aveugles, j'ai compris que dans ce silence était cachée mon âme et que, si je parvenais à le ressusciter, peut-être que la parole juste me reviendrait. (page 127) 

    Lisez Histoire d'une vie, d'Aharon Appelfeld (L'Olivier), livre essentiel. 

  • André et Dorine

    André Gorz écrivit également cette dédicace à Dorine, son amour, sur un de ses livres (Le traître) :

    A Toi dite Kay

    Parce qu'en étant

    Toi tu m'as donné

    Tout, y compris

                           Je.

     

    Une si forte déclaration rend jaloux.

    De ne l'avoir pas trouvée soi-même.

    D'en n'avoir pas fait don...

  • Partir à deux

    André Gorz, avant de se suicider avec sa femme, comme le firent Zweig, Novalis... écrivit ceci :

    "Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble."

    Outch. 

  • Femmes et Havanes


     
     

    Elle est encore réticente, hésite à franchir le pas, a peur d’avaler. Cette fois, il s’agit de ne pas le faire. D’oublier la cigarette. La prise en main étonne : c’est gros ! Nous l’allumons pour elle. L’apprentissage de l’allumage du cigare viendra après. Respire sa tête ; à fond. Dis ce que tu ressens davantage que ce que tu sens. L’herbe coupée, le bois, le poivre, le cuir, la sueur ; dis tout. Pense au vin. Laisse-toi enivrer par le meilleur du cigare peut-être : sa dégustation à cru. C’est quoi ? –Un robusto de Flor de Selva : la fleur de la forêt. Un honduras fait par une femme ; Maya Selva. Un cigare doux, franc, pas simple mais pas compliqué non plus, voluptueusement capiteux, qui monte en puissance à la manière d’une vieille anglaise : passé le troisième rapport, sur une ligne droite et pure, genre la 10 passé Orly. Tu vois ? –Non. Cela ne fait rien. Tire franchement dessus. Quel que soit le cigare, il faut s’en occuper sans relâche dès l’allumage. Si tu parles trop, il s’éteint et se venge en te refilant une âcreté dont tu te souviendras. –Mais c’est difficile à tenir entre deux doigts. Tu t’y feras. Tu aimes sa couleur pâle, même si elle te paraît noire en regard des tiges que tu as l’habitude de griller sans plus te poser de questions ? C’est une cape clara, grasse. Observe le huileux de cette robe lisse. Alors ? –C’est pas fort ! Je pensais que j’allais respirer du feu et du piment. Contrairement à une idée reçue, plus le cigare est gros, moins il est généralement fort. J’ai choisi exprès un honduras féminin comme certains côte de nuits plutôt qu’un havane, pour commencer. Demain soir, j’allumerai pour toi un habano simple, le cazadores de José L. Piedra. Après-demain soir, tu fumeras, si tu le veux bien, du plus sérieux, mais encore facile : le choix suprême d’El Rey del Mundo. Et si tu franchis ce cap de bonne espérance, nous fumerons ensemble un D3 de Partagas, plus agréable que son vieux frère le D4. Nous nous cantonnerons aux robustos pour cette semaine. Si tu en redemandes toi-même, nous passerons à un calibre supérieur ce week-end, à la campagne devant la cheminée ; après le pot-au-feu. Un churchill de Saint Luis Rey ou de Romeo y Julieta. Du sérieux raisonnable.  Nous verrons si tu résistes. La manzanilla La Gitana, glacée et le jabugo tranché comme du papier gommé escortent le flor de selva comme des motards un ministre plénipotentiaire planqué derrière les vitres fumées de sa limousine filant à vive allure sur les boulevards de ceinture. La femme en cours d’initiation ronronne. Si tout se passe comme nous le souhaitons, au quatrième tiers elle sera conquise à la cause et l’homme obtiendra licence à durée indéterminée d’allumer son double coronas du soir sans s’attirer les foudres habituelles. Module vivendi.
    Le cigare attire les femmes mais toutes répugnent à passer à l’acte. Il convient par conséquent de les initier à ces obscurs obus de nos désirs en respectant leurs caprices soudains : j’ai envie de chocolat ! Je n’ai qu’un nuts, pas de noir amer de haut vol comme tu aimes. –Tant pis, donne. Et c’est ainsi que, par l’entremise d’une barre chocolatée, elle acheva le premier barreau de sa carrière d’amatrice. Elle allume aujourd’hui ses habanos avec le naturel d’un torcedor au boulot. Sa féminité s’en trouve accrue. A travers l’écran de fumée partagé, je la déguste du regard. 
    L.M. 2003

  • AV206 NICKELCHROME

    Cela n'a rien à voir... Mais je vends une Peugeot 206 HDI (diesel) 5 portes, gris métallisé, clim, lecteur cd, novembre 2001, 83000 km, contrôle technique ok, très bien entretenue et sous-kilométrée, argus, soit 5000€ au centime près.

  • Impression, à Saint-Jean-de-Luz

    Je ressens tout à trac l’évidence du bonheur paisible et le surgissement d’une sorte de duende timide, d’une espèce de fado faible ayant cours ici. L’impression, insolite, lorsque, admirant sur une Promenade aux allures d’Arcadie retrouvée, le jeu des volumes des villas au style néo-Basque du front de mer, prolongées jusqu’à la plage par des passerelles, nous soulignons intérieurement –en en voyant un, l’extravagance du mot bow-window.

  • Spinoza, toujours...

    Mais l'esprit n'est-il seulement qu'idée, n'est-il pas aussi volonté, libre puissance d'affirmer ou de nier les idées? Ceux qui ne savent rien expliquer par les causes nécessaires se réfugient dans la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance. (Roland Caillois, à propos de L'Ethique, de Spinoza, maître-livre absolu, de cet "athée du système" comme le surnomma Bayle).

  • Bouleversant banjo...

     

    podcast

    C'est Michel Foucault qui l'a écrit, alors ardi gasna* les anti! : "être torero", c'est une façon d'être, de "styliser son existence", de s'identifier à sa fonction; c'est une certaine manière de s'exposer sans le montrer, de dominer les événements en se maîtrisant soi-même et de promettre une victoire de l'imprévisible.

    *camembert. 

     

    (La Vénus de Bashung, ci-dessus offerte à vos oreilles, n'est pas un paso doble. So what! comme on dit pour faire mode).

  • Les Oblongues de Richard Escot

    C'est une plume. Grand reporter à L'Equipe Magazine, Richard Escot nous donne -après tant de livres consacrés au rugby- un magnifique recueil de cairns, ces tas de pierres qui balisent un sentier de randonnée en montagne. Titre : Les Oblongues (Atlantica). Le rugby est leur sujet, l'amitié leur credo, le rebonds leur relance, la digression leur effet de style, l'envoûtement leur signature générale. Dénominateur commun : l'esprit, l'état d'âme d'un sport tellement au-delà du sport (on ne le dira jamais assez) et la fraternité des hommes qui vivent pour donner, sur les stades, un surcroît d'existence, de sens, de sel, à leur vie. Car il arrive que l'on naisse (surtout sous la Loire mais pas que, pas que!), avec un coeur ovale qui palpite plus fort le samedi à l'entraino et le dimanche sur la pelouse. Il arrive aussi que l'on vive rugby, que l'on pense rugby, que l'on ovalise sa vie, que l'on fasse de ses jours et de ses nuits une ode oblongue schtroumpfée au XV (ou au XIII, voire au VII). Cela s'appelle l'état d'esprit. Etre rugby. Comme on est peintre ou pianiste. Escot est né chantre, reporter-écrivain du rugby. Ses histoires, un beau pack sous la couverture de son dernier opus, sont un superbe hommage, sensible, généreux, talentueux; une déclaration d'amour. Allez-y et revenez en parler ici, té! B(l)anco!

  • Michelet en 17 volumes

    L'entreprise revient aux éditions des Equateurs : publier la monumentale Histoire de France de Jules Michelet (1798-1874), parue dès les années 1833 (la présente édition est issue de l'incontestable "édition Gabriel Monod", publiée à cette époque à l'enseigne de la Librairie Ernest Flammarion). Monumentale entreprise d'édition! Courageuse, salutaire, formidable. C'est bon, c'est merveilleux, de (re)lire -de découvrir, pour ce qui me concerne, le savoir, doublé du style de Michelet, son souffle, "son" Histoire des Français. Cela débute avec La Gaule, Les Invasions, Charlemagne, et s'achèvera (en librairie, à la fin de l'année probablement), avec Louis XV et Louis XVI. Michelet, c'est une encyclopédie, un ton, un rythme, une patte, des idées ditillées aussi!.. Un écrivain, un vrai, dans la marmite à neurones d'un historien hors-norme. Cette édition, en semi-poche, de 17 volumes (15€ l'unité, c'est cadeau),  parait à un rythme soutenu. J'en ai cinq devant moi. Un ou deux autres ont du déjà les suivre. C'est un événement. Editorial, intellectuel, national. Deux universitaires, Paule Petitier et Paul Viallaneix, en ont assuré la maîtrise et l'orchestration, l'enrichissement et l'édition générale. L'idée de génie revient à l'éditeur, Olivier Frébourg, lequel dirige ses Equateurs. Il s'agit véritablement d'un chef-d'oeuvre (à l'origine, d'un travail titanesque, mais vraisemblablement jouissif pour son auteur, lequel y consacra quarante années de sa vie). Cette Histoire de nous-mêmes, donne à redécouvrir notre pays, ses habitants, ses acteurs, depuis les Celtes et les Ibères jusqu'à la décaptitation du Roi Soleil...  Cerise sur le gâteau : cela se lit comme un (bon) roman d'aventures.

  • Pasta della casa Mazzella

    252656249.JPGBon, tu possèdes la petite machine à faire les pâtes que l'ont rouve chez Ikéa pour pas un rond -et sans doute ailleurs. Tu as de la farine, norme 55. Tu as des oeufs frais fermiers dont le jaune t'évoque un coucher de soleil sur l'Etang Noir, à Soustons (photo ci-dessus, prise à Athènes. Tu vas pas me faire un gorgonzola pour çà!). Vas-y, alors! Tu verses la farine dans un saladier, deux fois plus de jaunes que de blancs et tu pétris. Cinq bonnes minutes, bien, en pensant à ce con qui te doit un oeil et qui ne répond plus à tes courriers recommandés. Puis tu laisses reposer, lorsqu'elle est devenue ferme et élastique, quasi k.o., une heure au frigo. Là, tu prends le temps : un havane, musique baroque, tu lis tes mails, tu musardes sur le Net en feuilletant un bouquin... Damned! Aimé Césaire, (bon, 94 ans, d'accord), est mort. Donc tu dédies ton plat de pâtes de ce soir au poète de la Négritude. Tu n'auras qu'à dire que cela s'appelle Moi, laminaire, ou Cadastre, ou bien Cahier d'un retour au pays natal. Il le mérite amplement. La pasta aura l'accent martiniquais. C'est peut-être aussi cela, la world food, la fusion truc... Bon, bien sûr tu auras ajouté pas mal de trucs à côté/dedans, à la fin : courgettes en dés, pignons, ricotta, San Daniele, ail, tomates cerises, des herbes en veux-tu en voilà... Les proportions? Bé... Au pif, té! Genre... Un demi paquet de farine pour douze jaunes et six blancs d'oeufs. A quatre, ça devrait le faire. Tes deux mains et Roule!..

     

    "ainsi

           toute nostalgie

                                 à l'abîme

                                               roule."

    Aimé Césaire, Abîme, in Moi, laminaire... (Points/Poésie).

     

  • apéro

    Tu prends un tourteau, tu le concasses, réserve la chair, la touille avec un bonne mayonnaise maison et des larmes de tabasco. Tu prends deux mangues mûres, les épluches avec l'économe, tu en tailles des lamelles pas épaisses, à l'aide d'un excellent couteau. A plat, tu en fais de jolis rectangles assez longs (et tu manges aussitôt les chutes, sauf si tu as une salade de fruits à faire après). Tu formes des canellonnis avec les morceaux de mangue, les dresse et les pique d'un cure-dents afin qu'ils tiennent droit et fermés en rond. Tu les remplis de ta mixture de crabe. Eventuellement, tu masques la pointe du cure-dent qui dépasse avec une tomate-cerise. Tu poses chaque canelloni sur une feuille dépinard. Et voilà.

     

  • Honey!

    Dans la grande pente vers chez Hélène, vers la Grande Beune, le soleil parut, le ciel s'ouvrit et les arbres blonds s'élancèrent : j'avais dans la gorge, dans les oreilles, quelque chose de plaintif, de puissant comme le cri interminable mais coupé net, modulé, plein de larmes et d'invincible désir, qui fait venir de gorges nocturnes, enchaînées, curieusement libres, le mot honey, dans les blues.
    Pierre Michon

  • Saint-Jean-de-Lumière

    1332271787.JPGLumière douce, mer calme, horizon bleu, montagne espagnole bien visible, fort de Socoa posé -notaire balzacien, Rhune découpée, plage déserte, ouaté de l'air, chalutier bleu au loin, silences...
    J'aime la baie de Saint-Jean-de-Luz, aujourd'hui. Clarté dense d'un après-midi d'avril. Lueurs du couchant. Nuées d'étoiles dans le cadre de la fenêtre de l'hôtel. J'écris, bercé par les vagues, néglige les heures, nimbé de sérénité, de souvenirs enchanteurs.

    828972859.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     
    Rue Tourasse, j'ai rencontré Charly. Il n'y a pas de hasard : je pensais à lui en arrivant à Biarritz-Parme, m'en voulait de ne pouvoir lui rendre visite au cours de ces trois jours. Sa santé lui joue un tour de con, le diminue, mais épargne sourire, oeil malicieux, dignité. Je revois mon père, un an et demi après, dans des vêtements devenus grands, la nuque maigre. C'est son meilleur ami. J'ai embrassé Charly. En retournant au Grand-Hôtel, la baie de Saint-Jean m'apparut davantage rassemblée autour d'une lumière éclatante. Bouton de rose. Poing.

    Lutter avec la lumière. Luchar con la luz.

    Photos ©L.M. 

  • Dynamique ginseng

    C'est la période qui veut çà de moi... Voici un conseil non littéraire en passant, mais qui favorise l'aptitude au travail, la fringale d'écrire, la bonne humeur : le matin, 800 mg de ginseng (en gélules), 1g de vitamine C, deux oranges pressées et ce que vous voulez (moi, c'est café, toasts grillés et à peine beurrés, yaourt nature). Puis, buvez 1,5 l. d'eau dans la matinée, ainsi qu'une infusion drainante (fucus + feuille de frêne + maté vert + piloselle + romarin). Délicieux! Alternez avec du thé vert (une théière). Déjeuner poisson (au gingembre frais) + fibres (légumes : coeurs de laitue, pousses d'épinards, artichaut, tomates), herbes ciselées (coriandre, basilic, romarin, cerfeuil, estragon, ciboulette) et très fruité (pommes, poires, fraises, ananas, agrumes, avocats) + à nouveau 800 mg de ginseng. 1,5 à 2 l. d'eau l'après-midi, + une théière de thé vert, une autre infusion drainante. Le soir, léger (radis à croquer comme çà, poulet grillé sans matière grasse, pâtes en quantité raisonnable, fromages frais : mozzarella, ricotta, chaource, cabécous; fruits). Une heure minimum de vélo dans la journée pour des rendez-vous divers. i.tunes gavé de musique cool pour travailler devant l'ordinateur. Au lit (si la soirée est cocoon, bouse à mort), devant un dvd ou un bouquin, avant ou après l'amour (plutôt avant), une dernière infusion drainante ou une citronnelle. Résultat : je fonds plus vite que la banquise, je ne vois pas d'ours blancs quitter le navire de mon corps (les toxines, elles, se barrent vitesse V) et j'ai une pêche morale et physique d'enfer. Buongiorno a tutti!

  • J'en fume trop, je sais...

    Tous les cigares finissent en fumée.
    Proverbe Brésilien

    Le cigare est le complément indispensable de toute vie oisive et élégante.
    George Sand

    Je bois beaucoup, je dors peu et je fume cigare sur cigare ! Voilà pourquoi je suis deux cents pour cent en forme.
    Winston Churchill

    A woman is only a woman, but a good cigar is a smoke.
    Rudyard Kipling

    Entre une femme et un cigare, toujours je choisirai le cigare.
    Groucho Marx

    Un bon cigare d’outre-mer ferme la porte aux vulgarités de ce monde.
    Franz Liszt

    Un bon havane est une des meilleures choses que je connaisse.
    Somerset Maugham

    Le cigare est le meilleur moyen de mettre à mort le temps.

    Alfred de Musset

    Stéphane Mallarmé, répondant au questionnaire de Proust, répondit : Votre rêve de bonheur ? –Rêver. Votre plus grand malheur ? –Ne pas allumer de cigare.

    Petite parenthèse perso (une fois n'est pas coutume. Je serai pardonné?) : cette littérature ne m'empêche pas d'en fumer jusqu'à trois chaque après-midi, tout en écrivant. C'est vraiment trop. Et un budget intenable, de surcroît. En revanche, comme je ne bois plus une seule goutte d'alcool depuis le 13 mars (je refuse même le boeuf bourguignon et le chocolat à la liqueur), j'ai perdu 6 kilos en 18 jours.Yep! 

  • Christine Fabréga…

    « On-dira-ce-qu’on-voudra », Monica Bellucci n’est pas crédible en tenancière d’un cabaret chelou et en amante d’un taulard qui s’est fait la Belle. Christine Fabréga, blonde platinée, en amante –toute de pudeur et de manteau de léopard vêtue-, d’un Lino Ventura splendide de vérité, est davantage réelle. Alain Corneau aurait mieux fait de nous blanchir une « Série noire », de nous éclairer un « Nocturne indien » ou de bâtir une annexe au « Fort Saganne », au lieu de refaire « Le Deuxième souffle ». Après Melville, comment oser ? (D’ailleurs, dites-moi à quoi sert de faire un remake ? Pourquoi recopier -mal, toujours, la feuille du voisin ! Je ne pige pas le principe). Et lorsqu’il s’agit d’un des plus grands (Melville) c’est du suicide. Auteuil y est marchalisé (36, Quai des Orfèvres, MR73…) et seul Dutronc s’en sort, à la faveur de son look de momie desséchée, entre Iggy Pop, Laurent Terzieff et un stock-fish chez l’épicier portugais. Dans l’original, la première scène avec Paul Meurisse est une tranche d’anthologie à faire passer aux copains à l’envi, comme la scène de la cuisine dans « Les Tontons flingueurs »; dans un autre genre : du Jouvet, du Von Stroheim. Du très grand cinéma frôlant le théâtre à la Vilar –lequel préfigure celui de Brook.
    Bref, Fabréga… Les années Fabréga. Les costards-catcheur de Ventura, les feuilles de chou et les sourcils-brousse de méchant rugbyman de Michel Constantin. Sa moue de Spanghero boudeur parce qu’il n’a pas dégommé tous les malfrats qui lui sont tombés dessus. Le timbre métallico-chuintant de la voix de Raymond Pellegrin. La gueule de petite frappe mal rasée de Denis Manuel, mélange d'Aznavour, de Reggiani et de Mouloudji en jeunes premiers. Le crâne infini de Marcel Bozuffi en boxeur maquereau chic. Bref, Melville, quoi (avec José Giovanni en appui). Les silences de ses films. La qualité du noir & blanc... Ca m’a donné envie de me resservir un « Samouraï » et un « Doulos », té !


  • Ne pas savoir

    J’interromps un texte, prends l’air, reviens avec une brouette de bûches, saisis un livre que je ne connais pas (je ne suis pas chez moi), tombe sur cette parole de Salomon, placée en exergue du second chapitre du Salon du Wurtemberg, de Pascal Quignard : « Il y a quatre choses que je ne sais pas : le chemin de l’aigle dans le ciel, le sentier du serpent sur le rocher, le chemin du navire en haute mer, le sentier du nom d’un homme dans le cœur d’une femme ». La vache...

  • Droit dans les âmes



    podcast
    Comme il est pervers et déloyal de dire : "J'ai préféré me comporter franchement avec toi." Que fais-tu, homme? Il ne faut pas dire cela d'avance. La chose apparaîtra d'elle-même. Ces mots doivent immédiatement être écrits sur ton front; ils se révèlent immédiatement dans tes yeux, comme l'aimé reconnaît immédiatement, dans le regard de ses amants, tout ce qu'ils éprouvent. Il faut absolument que l'homme sincère et bon soit comme celui qui sent le bouc, pour que, volontairement ou non, le passant s'en aperçoive dès qu'il s'approche.  Mais l'affectation de simplicité est comme une épée "cachée"; rien n'est plus honteux que l'amitié des loups : avant tout, évite-là. L'homme bon, simple et bienveillant porte ces qualités dans son regard, et elles n'échapent à personne.

    Marc-Aurèle
     
    Caetano Veloso, Cuccuruccu paloma

  • ELLE



    « Elle est étrange cette soif de se confesser, de demander pardon à quelqu’un par l’intermédiaire d’un livre…
    Je ne dis pas seulement cela pour m’excuser. Les indiscrétions criardes de certains écrivains dans leurs livres sont peut-être un hommage à la femme qu’ils ont aimée et que souvent sans le vouloir ils ont fait souffrir. Comment mieux demander pardon, comment rendre un plus bel hommage à l’objet de leur amour, comment le faire de manière plus éclatante et plus sincère qu’en écrivant ?...
    Peut-être qu’à l’origine de mon livre, il y a le besoin de demander pardon à Ileana. Noces au paradis : il me semble que ce titre en dit assez… J’espérais qu’au moins ce livre racontant notre histoire, s’il tombait un jour  sous ses yeux, la persuaderait de revenir…
    Je l’attends. Parfois je m’imagine, vieux, seul au milieu de mes livres, penché sur la même table, tel qu’Ileana m’a vu tant de fois, des nuits d’affilée. Et j’imagine alors que quelqu’un frappe à la porte, que je vais ouvrir distraitement et que je la trouve sur le seuil. J’y pense constamment… »

    Mircea Eliade, Noces au paradis, (L'Imaginaire/Gallimard)


     

  • Pensées au-delà des nuages

    Marc-Aurèle, Pensées, Livres VII et IX (folio) : "Comprends-le bien, sois sensé; tu peux revivre. Vois à nouveau les choses comme tu les voyais; car c'est cela revivre".

    "Ne pas penser aux choses absentes comme si elles étaient déjà là; mais parmi les choses présentes, tenir compte des plus favorables et songer à quel point tu les rechercherais, si elles n'étaient pas là. Prends garde aussi de ne pas t'habituer à les estimer au point d'y prendre un tel plaisir que tu sois troublé si elles disparaissaient".

    "Fais toi une parure de la simplicité, de la conscience, de l'indifférence envers tout ce qui est entre la vertu et les vices. Aime le genre humain..."

    "Le corps lui aussi doit être ferme et ne doit pas se laisser aller ni dans son mouvement ni dans son attitude. Comme la pensée donne à la physionomie et lui conserve un aspect intelligent et distingué, il faut l'exiger aussi du corps tout entier. Il faut en cela se garder de toute négligence".

    "...Ne te suffit-il pas d'avoir agi selon ta nature propre? Demandes-tu encore un salaire? C'est comme si l'oeil demandait un don en retour parce qu'il voit, ou les pieds, parce qu'ils marchent. De même que ces organes, faits pour un but déterminé, reçoivent ce qui leur est dû dès qu'ils agissent selon leur nature propre, de même l'homme, qui par nature est bienfaisant, dès qu'il accomplit un acte de bienfaisance ou qu'il apporte autrement son aide en des choses indifférentes, agit pour la fin pour laquelle il est fait, et il a son dû".

    Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits (Gallimard) : "D'avoir marché sous ses arbres, on aurait ses manches trempées; mais nullement de ces larmes des poètes d'Extrême-Orient qui pleurent une absence ou une trahison".

    "Un peu avant huit heures, la couleur orange, enflammée juste au-dessus de l'horizon, du ciel qui s'éclaircit et où, plus haut, luit le mince éperon de la lune. Il ne fait pas très froid.
    Cela aide le corps à se démêler du sommeil, et l'esprit à se déplier".

    "La pluie froide comme du fer".

    "A cinq heures et demie du matin, sorti dans la brume d'avant le jour, j'entends le rossignol, le ruy-señor espagnol, l'oiseau dont le chant est un ruisseau". 

    Ramuz, Aline (Le livre de poche):  "Ses yeux étaient redevenus clairs comme les lacs de la montagne quand le soleil se lève".

     

     

     

     

  • Le coucou

    Il ne s'agissait pas d'un acouphène. A l'intérieur de mon coeur, ce matin à l'aube, à Paris, j'ai entendu le coucou annoncer le printemps. Il m'a chuchoté : "va, sors, le froid est une vue de leur esprit. Il est arrivé, te dis-je, te coucoutes. J'ai dormi sur une branche de ton arbre intérieur. Il craquait de mille bourgeons, serti dans les cerceaux de ton accueillante cage thoracique, tandis que tu rêvais de marais brumeux et de volées de sarcelles rasant le fleuve proche".

    Aussi me suis-je levé d'un bond. A la petite glace ronde de la salle de bain, mon sourire imposait sa maîtrise. Douche. Cafés serrés. Je suis sorti doucement afin de ne pas réveiller mon fils et sa petite amie. Le soleil envahissait la rue. Le marché était gai. Paris me plût. J'ai fait des courses pour un déjeuner canard et pour un dîner agneau. Cèpes, pâtes fraîches, fruits de toutes sortes pour une grande salade. Tout semblait participer de ce renouveau, en dépit des giboulées et de ce grand vent qui chasse les nuages comme Orion les fauves et le Hollandais Volant les idées noires. L'éternité pesait moins qu'un jour...

     

  • Tauromagia

    De Capote, c'est le titre de ce morceau extrait de Tauromagia, de Manolo Sanlucar. Demain j'aimerais bien être à Arles. A propos, dans Le Monde daté d'aujourd'hui, évitez le portrait insipide de Juan Bautista par ... Francis Marmande. Première fois, pour moi, qu'il trempe sa plume dans du jus de navet. ¡Que pasa, Francis! T'as la grippe ou quoi?


    podcast
     

  • L'accent proustien de Faulkner

    ... "tandis que derrière la fenêtre de la voiture-salon le paysage défilait et leur procurait cette inoubliable excitation des premiers voyages, cet amenuisement du moi, ce sentiment d'isolement et de séparation que nous éprouvons lorsque pour la première fois, nous admettons l'évidence irréfutable de la nature sphérique de la Terre alors même que mentalement nous retombons à quatre pattes pour mieux nous cramponner, décontenancés que nous sommes par la rupture de l'armistice conclu avec l'horreur de l'espace."

    William Faulkner, "Le Caïd" (in "Idylle au désert et autres nouvelles", folio) 

  • Le nom de Guermantes dans Paris mouillé

    ... "Mais même en dehors des rares minutes comme celles-là, où brusquemment nous sentons l'entité originale tressaillir et reprendre sa forme et sa ciselure au sein des syllabes mortes aujourd'hui, si dans le tourbillon vertigineux de la vie courante, où ils n'ont plus qu'un usage entièrement pratique, les noms ont perdu toute couleur comme une toupie prismatique qui tourne trop vite et qui semble grise, en revanche quand, dans la rêverie, nous réfléchissons, nous cherchons pour revenir sur le passé, à ralentir, à suspendre le mouvement perpétuel où nous sommes entraînés, peu à peu nous revoyons apparaître, juxtaposées mais entièrement distinctes les unes des autres, les teintes qu'au cours de notre existence nous présenta successivement un même nom." Marcel Proust, "Le Côté de Guermantes".

  • Bolaño

    Il n'est pas fréquent de relever un papier d'un confrère au point d'avoir envie de le reproduire ici. Ainsi de l'attaque vertigineuse du papier que Philippe Lançon (Libération des Livres d'hier) consacre à ce monument de la littérature chilienne contemporaine qu'est Roberto Bolaño ("2666", qui paraît chez Bourgois, comme 9 autres livres déjà. J'ai commencé le copieux "Les détectives sauvages" : quelle force!) :
    "Si le foie est l'organe de la mélancolie, c'est parce qu'il est l'encrier d'un autre destin. L'expérience s'y dépose, l'écrivain fait sa joie : c'est le pays où les vies ont une seconde chance, celle de l'imagination". Superbe, non?

  • L'Avventura

    477693337.jpgSandro (Gabriele Ferzeti) : Rejoins-moi sur la place.

    Claudia (Monica Vitti, sublime de beauté, d'amour, de remords et de mélancolie) :  D'accord.

    Quand tu sors sans moi, il te manque une jambe.

    Visite la ville seul!

    Tu boiteras!

    Dis que tu veux enlacer mon ombre sur les murs!

     

  • De Neruda



    QUELLE COULEUR

    A LE PARFUM

    DU SANGLOT BLEU

    DES VIOLETTES?

    Pablo Neruda 

     


     

    les bachianas brasileras, de villa-lobos, reloaded par wayne shorter : ça change de la voix sublimement tremblée de victoria de los angeles


    podcast
  • L'amour selon Conche

    Marcel Conche, philosophe, prof à la Sorbonne, spécialiste de Montaigne, Héraclite, Heidegger, Epicure… avait oublié un cahier, rédigé il y a 37 ans. Un cahier de pensées éparses, de fragments ayant l’amour pour thème. Il l’a retrouvé. Et un éditeur nantais singulier, les éditions Cécile Defaut. Sans accent sur le « e » (mais comment Cécile pourrait-elle en avoir ?!..) a accepté de le publier. Cela vient de paraître sous le titre stendhalien : « De l’amour ». Sous-titre : « Pensées trouvées dans un vieux cahier de dessin ». Et c’est délicieux. Extraits :

    Aimer et être aimé, c’est ne plus mourir seul : quelqu’un d’autre meurt avec vous, c’est-à-dire ne fait plus que vous survivre. Ou bien vous, à sa mort, devenez comme mort.
     
    ... Il est aussi un amour qui est pur besoin de l'autre, besoin d'être avec lui dans une sorte de proximité absolue et silencieuse. On peut l'éprouver pour une femme. Quand on est près d'elle, on a besoin de la toucher, de lui parler, de faire quelque chose. Mais rien de ce que l'on peut faire ne nous satisfait entièrement : c'est que notre amour n'est rien de plus qu'un besoin de proximité absolue. On voudrait n'être séparé d'elle que juste ce qu'il faut pour sentir que l'on n'est pas séparés. On voudrait qu'elle et nous restions comme immobiles à la pointe d'une extase de réciproque appartenance.
     
    Aimer : donner, se donner –jusqu’à ne rien garder : ce que l’on avait de plus précieux nous quitte. On se dépouille de tout, comme par la mort.
    La mort nous prive de tout ; par l’amour, on se prive de tout.

    La joie d’amour : joie de penser à ELLE, joie plus grande de la voir, de la revoir, plus grande encore d’être avec elle.

    Aimer un être, c’est le vouloir fidèle à lui-même, à la vérité qu’il porte en lui. « Sois celui que tu es » : ainsi parle le véritable amour.

    L'amour rend même l’aimant aimable : il élève, ennoblit, transfigure. Ainsi pour celle qu’on en vient à aimer parce qu’on aime l’amour qui est en elle.

    Quand je t’aime, je ne peux plus dire que je te regarde : nous ne sommes pas deux ; à travers mon regard, je suis avec toi et non en face ou devant.

    ... L’amour, en l’absence de l’objet aimé qui, par sa présence, le fait vivre, le nourrit, le remplit, fait souffrir parce qu’il se défait. La sombre et farouche peine de l’amoureux privé de la vue de l’aimé exprime l’infinie tristesse de la vie à qui est refusé l’accomplissement et qui meurt en se déchirant.

    La femme n’aime pas que les choses soient dites. Celles qu’elle veut, elle n’aime pas dire qu’elle les veut ; mais elle veut bien qu’on les veuille pour elle.

    « L’amour se mesure à ce qu’on accepte de lui sacrifier. » (Geoffrey, dans le film Pandora).


  • Macha Méril

    Papier qui paraît cette semaine dans le magazine "Maisons Sud-Ouest" :


    « Ma maison, c’est la Beauté »
    Le méridien de Greenwich de Macha Méril, comédienne, écrivain*, n’est ni en Italie, où elle chercha un temps la maison de ses rêves, ni à Paris où elle vit. C’est dans la campagne de Montréal du Gers qu’il fixe. Le hasard l’y a conduit une journée d’août 1999. Macha accompagnait un ami qui cherchait une maison à acheter pour lui. Le coup de foudre la saisit à la vue de cette imposante ferme du XVII ème siècle, modeste, généreuse, en pierre noble. Avec dépendances diverses : chai, bergerie. Arbres centenaires. Voisinage discret. Vue à 360° sur une campagne de douceur. Achat immédiat ! Neuf ans après, la propriété vit et remplit pleinement son office de maison de famille et d’amis. Le chai a été transformé en immense salle de fêtes et de réceptions. Macha adore faire la cuisine et recevoir. Il y a de nombreuses chaises, un piano à queue, une immense table, une baie vitrée qui ouvre sur un vrai pré. Les arbres veillent. Ce sont de vieux chênes noirs bien enracinés, épargnés par la tempête de décembre 1999. Les arbres du bonheur et de la sagesse. Macha les caresse, les embrasse. Une tradition russe. « Ils gardent ainsi leur pouvoir de vous aider à vivre ». Rappellent à Macha Méril les récits ukrainiens de sa mère. Le paysage environnant lui évoque ceux que Vinci, Giotto et Della Francesca ont peints. Rien de moins. Le Gers est sa terre élue. Macha Méril devait trouver sa maison en France, car c’est le pays qui a sauvé sa famille. Le Sud-Ouest la fascine : « c’est la dernière poche du pays qui a gardé son caractère rural et austère. La pauvreté l’a sauvé en lui épargnant les ors dont le Sud-Est a été chargé. Le développement industriel l’ayant effleuré, le Gers est resté modeste. Le boom des années cinquante lui a fait éviter la lèpre du béton. Ses routes sont sinueuses. Un fait exprès pour perdre le visiteur, lui signifier qu’arriver ici se mérite ». La paix, c’est ici qu’elle la trouve lorsque le théâtre lui laisse du répit. Le calme nécessaire à l’inspiration, à l’écriture, c’est ici qu’ils s’épanouissent ; à l’intérieur d’elle. Sa patte marque sobrement chaque pièce, chaque objet. Si elle l’a ouverte davantage à la lumière, elle a su respecter l’esprit d’une maison qui semblait l’attendre. « J’ai senti qu’elle me priait de la prendre en charge. Je l’ai transformée pour moi et pour ceux qui y vivront bien après. J’ai un discours d’immigré : j’éprouve le besoin de filiation générale, pas seulement familiale. Je transmettrai, mais à l’inconnu, au monde, une maison choisie librement, pas subie par un héritage ». Macha n’a pas cherché à tordre la maison vers elle. Elle s’est adaptée à l’esprit du Sud-Ouest qui se dégage de la région de Montréal et de cette propriété. « Ma chance est d’avoir pu rester longtemps pour les travaux de rénovation, avec les artisans du secteur. Il s’est établi un vrai dialogue avec ma maison. J’ai attendu qu’elle me dise ce qu’elle voulait, ne voulait pas . C’est la maison laïque du coin. Je ressens ses ondes positives. Elle a sans doute appartenu à un alchimiste, lorsque les caravanes de religieux italiens comprenaient savants, artistes et un être du Bizarre. Ce lieu a d’ailleurs correspondu avec ma soudaine fécondité littéraire et ma sérénité accrue ». Vous avez dit bizarre…

    L.M.
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    *Elle triomphe actuellement au Théâtre Antoine, à Paris, dans « L’importance d’être constant », d’après Oscar Wilde. En tournée dans le Sud-Ouest, elle se produira à Toulouse Blagnac (Odyssud) les 3 et 3 avril, à Mont-de-Marsan (salle François Mitterrand) le 7, à Biarritz (Atalaya) le 8 et à Bordeaux Mérignac (au Pin-Galant) les 26 et 27 mai.
    Elle vient de publier un récit émouvant et fort, « Un jour, je suis morte » aux éditions Albin Michel, et récemment un album délicat, « Sur les pas de Colette », aux Presses de la Renaissance.


  • Chants russes


    Je me trouvais dans la taïga russe pour plusieurs concerts exceptionnels, que devaient donner les coqs de bruyère, dont c’était la saison des amours ; et donc des chants nuptiaux. Ils sont abondants en Russie, aussi bien les grands coqs, ou grands tétras, que les petits, les tétras-lyre.
    C’était la fin du mois d’avril. J’occupais une petite cabane en forêt sans eau ni électricité, avec une table pour lit sur laquelle je déroulais un sac de couchage. Un guide venait me chercher à minuit et nous partions pour plus de quatre heures et demie de marche, à la rencontre de la première braise de l’aube. Nous marchions d’abord dans une épaisse forêt de bouleaux, au sol spongieux et même élastique par endroits, comme un matelas ondulant tout autour, une zone tavelée de mares et de trouées en friche. Puis c’était la colline, les bouleaux laissaient place aux sapins et le sol spongieux à un sentier enneigé. La colline devenait montagne. La neige illuminait la nuit noire sous un ciel d’aiguilles au bout des branches. Nous marchions en silence jusqu’à ce que l’on entende, vers quatre heures du matin, le premier grand tétras s’envoler au-dessus de nos têtes. Là nous nous arrêtions instantanément de marcher et presque de respirer. Le faisceau de la lampe de poche dirigé vers ce pas et le suivant était aussitôt éteint. Tout autour, il y a une neige molle, de faibles névés, une terre noire et grasse, une herbe haute que l’on devine jaune, un silence impeccable et un paysage qui évoque l’inconnu majuscule. Un paysage sauvage qui se situe entre les travellings de « La guerre du feu », le film d’Annaud, et ceux des films de Nikita Milkhalkov (« Les yeux noirs », « Soleil trompeur »…)…
    Il s’agit alors de suivre le vol du coq qui s’envole et de repérer l’arbre où il se branche à nouveau et d’attendre patiemment qu’il consente à entamer un nouveau chant nuptial. Ou d’en choisir un s’il y en a plusieurs et se diriger vers lui. La danse avec les coqs commence. Une danse dirigée par l’oiseau, qui est à la fois soliste et chef d’orchestre. : le grand coq, lorsqu’il chante amoureusement, entame un couplet : toc-toc-toc, qui ne l’empêche nullement de voir et d’entendre. Le mélomane qui assiste à cet étrange récital doit alors rester parfaitement immobile. Le coq connaît bien son territoire et il est doté d’une vue et d’une ouïe redoutables. Puis, c’est la seconde étape de son chant, qu’il faut guetter : le chant devient un long sifflement précédé d’un ploc qui doit agir comme un signal de départ pour l’homme qui souhaite l’approcher de plus près. (Tout le jeu consiste au fond à approcher l’oiseau le plus près possible et à voir ses yeux à l’œil nu ; sans l’aide de jumelles). C’est à ce moment très précis que le couple guide - photographe (ou simple observateur sans optique) entame sa danse particulière. Ils doivent parfaitement coordonner leurs mouvements et au besoin, se tenir par une manche, afin d’avancer avec une infinie prudence en propageant par la main chaque arrêt et chaque démarrage. Avancer, c’est faire deux pas tout au plus, tandis que le coq exécute cette dernière partie –extrêmement brève- de son chant d’amour, au cours de laquelle  on le dit sourd et aveugle.
    Pas de deux !
    Aussitôt après la note finale, l’homme doit impérativement s’immobiliser, même s’il a un pied en l’air, une jambe dans l’eau et le chapeau accroché à une branche. Souvent, il prend involontairement la position (plus ou moins) gracieuse d’un danseur étoile des Ballets du Bolchoï, les bras écartés, un pied en arrêt, la tête tendue… D’où la chorégraphie. Puis, le danseur attend que le coq chante à nouveau et le ballet recommence, en trois temps : immobilité, un pas de deux. Immobilité. Et ainsi de suite…
    Cette danse avec le coq que l’on a choisi d’approcher jusqu’à lui voir le blanc de l’œil en même temps que la tâche blanche du défaut de son aile ou épaule (ça, c’est le but suprême) est excitante,  car la moindre faute de synchronisation avec le chant et c’est la catastrophe. Rideau ! Le maître s’envole, le spectacle est interrompu. L’approche devra continuer plus loin, plus tard, avec un autre coq…
     
    Une nuit sur deux, nous contournions la place de chant des grands tétras parmi les sapins et nous partions à la rencontre des tétras-lyre. Pour cela, il faut marcher moins longtemps en forêt –environ deux heures -, et sortir en plaine jusqu’à un abri sommaire fait de branchages bas ; installé en plein milieu d’un champ. Arrivés là (il n’était pas trois heures du matin) nous nous installions pour dormir un peu,  recroquevillés dans ce mètre carré pourvu de suffisamment de paille pour nous chauffer ; en attendant la première pointe d’avant - aube. Il s’agit –pour les grands comme pour les petits tétras, d’arriver sur les places de chant longtemps à l’avance et le plus discrètement possible. Afin de se fondre dans le paysage, dans le premier cas, et pour faire corps avec la nature dans le second. Ceci afin de ne pas effrayer ni perturber les oiseaux à une période sensible  et sublimée de leur vie.
    Tout bruit, toute apparence qui trahit notre présence, compromet d’un seul coup la chance d’entendre les oiseaux parader : ils s’enfuient, dérangés et plus furieux que morts de trouille. Dans le meilleur des cas, ils se taisent, restent cachés, attendent ; s’abstiennent…
    Le signal de l’aube était donné par le premier chant du premier tétras - lyre. Les coqs de bouleau (une autre façon de les désigner) sortent des bois en quelques coups d’ailes, rasent la plaine en planant, puis se posent sur leur place de chant, et chantent pour défier les mâles et séduire une poule qui fait toujours celle qui n’entend jamais rien, mais qui voit tout et qui fait tranquillement son choix tout en picorant quelques larves dans les chaumes…
    Le premier coq chante bien avant l’aube, en pleine nuit, puis un autre renchérit, d’autres surenchérissent et tout à coup nous nous trouvons au cœur d’un salon de musique  en plein air, dissimulés au centre d’un chœur de solistes qui se toisent et se répondent, se défient et se menacent tout en tentant de charmer les femelles. Nous sommes à l’écoute d’un concert amoureux, nous ne voyons que rarement, à travers les branchages et à la jumelle, la tête noire avec la caroncule rouge vif du coq, dépasser d’un long peigne de tiges de céréales. Nous entendons surtout. Nous écoutons car ce qui compte, ici, c’est le son, c’est la stéréophonie entêtante des coqs qui se répondent et qui insistent à mesure que l’aube approche. Il s’agit d’un roulement davantage que d’un roucoulement. Un chant qui devient perpétuel, intense juste avant l’aube, et qui cessera d’un coup lorsque le jour sera complètement levé, étalé ; blanc. Les coqs chantent à tue-tête et l’acoustique –il n’y a pas d’autre mot possible- est parfaite. Jamais je n’ai autant joui de la stéréophonie. Jamais aucun son, aucune musique –sauf le brame d’un certain cerf bulgare et la Callas sur certains passages précis de Verdi -, n’ont autant réjoui mes oreilles, que les chants de ces tétras – lyre au cours de ces trois aubes russes.
    A la fin de l’aube, lorsque le jour s’est imposé, que le soleil commence à monter, jaune orangé, dans le ciel et que d’autres sons, des bruits quotidiens apparaissent, les coqs se taisent donc. Certains parviennent à s’accoupler, vite, avec les plus consentantes des poules. Les autres regagnent la forêt avant eux en quelques coups d’aile et en vol plané et rasant. Comme à l’aller. C’est la fin du concert. Nous sortons de notre cabane, hérissés de paille, avec nos courbatures et l’enregistrement parfait dans nos mémoires, de cette singulière musique amoureuse. L.M.


  • Qu'est-ce qu'on mange ce soir?

    Vous coupez des courgettes en dés et les faites poêler (croquantes!), tranchez du jambon de Parme en fines lamelles, grillez des pignons, plongez des pâtes (al dente!), le tout a cuit, les courgettes et les pignons sont dans les pâtes, ajoutez de la ricotta, des herbes (ciboulette, coriandre), huile d'olive vierge, fleur de sel, poivre du moulin, parmesan râpé à la minute... et les enfants sont contents. Vous aussi.

    Sinon, de l'agneau (collier, selle, gigot) à revenir avec du curry en poudre dans "de l'huile sans goût" comme disait ma mère pour désigner toute huile qui n'est pas issue d'olives. Réservez. Tomate, oignon, ail, à fondre dans la même poêle (sans la viande). Ajoutez un yaourt, un verre d'eau, du curry encore. Le tout (la viande est revenue dans la poêle) mijote 1h15 à feu doux (bloup-bloup). Faites sauter (beurre) banane, pomme, oignon et incorporez. A part : du riz au rice-cooker. Et zou! Tout le monde est content. The Plus : un piment oiseau à piquer à la fouchertte pour caresser un peu tout, la viande, le riz, pas trop ça brûle! Et voilà.

  • Retour à Taüll (Pyrénées catalanes)

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    Le clocher de l'église Sant Climent est l'arbre qui cache la forêt. Cette forêt est un village. Il s'appelle Taüll. Mais comme on n'échappe pas au penchant de la tour, à Pise, on n'échappe pas à cet incroyable campanile et à l'église romane somptueuse qui bornent l'entrée du village. Il convient seulement de s'y arrêter, puis de s'attarder au village. Autour du monolithe célèbre, un cimetière gagné par de hautes herbes ne semble pas envahi par les morts. Les croix de fer forgé, éparses, noyées, figurent d'autres herbes, moins folles, qui émergent comme des animaux qui se dressent du col. Soit on n'est pas mort depuis longtemps, par ici, soit c'est le jardinier qui a rendu l'âme parmi les premiers...
    Un bar-restaurant touche presque l'église. Il sent l'appeau à visiteurs. Celui qui sonne faux. Mieux vaut s'en détourner, d'autant  qu'un distributeur rouge d'une boisson gazeuse commune jusque dans les contreforts du Kalahari -bien qu'à demi dissimulé par des écorces d'arbres-, a l'audace de trôner en plein air, faisant ainsi un détestable écho au fameux campanile distant d'une petite trentaine de mètres.
    A Taüll, on ne peut pas mourir de soif. Le premier des bars situé à l'intérieur du village, le bar-restaurant "Sant Climent", arbore une maquette de l'église en guise de pancarte, témoin du culte porté par le village au monument qui l'a rendu célèbre. Au comptoir, des jeunes narguent un vieux à demi sourd et le beau sourire de la serveuse semble vouloir excuser leurs railleries, afin que je n'emporte pas un mauvais souvenir de son établissement et de son village. Leurs mains poudrées de ciment dévoilent leur activité. On retape ici, on construit là. Taüll bouge un peu. Je me souviens d'une phrase placée en épigraphe d'un film mexicain de Juan Antonio de la Riva, «Le village au-delà de la forêt» : Mon village est si petit qu'il entre dans mon coeur...  _La surprise attend le voyageur vierge d'informations sur Taüll au bout du village. Celui-ci est fermé  par la réplique, de dimensions plus modestes, de l'église Sant Climent située à l'entrée. C'est l'église Santa Maria. Même choeur extérieur arrondi et trapu, fessu est-on tenté d'ajouter. Même campanile carré mais moins haut. Même année de consécration, apprend-on : 1123, à un jour d'intervalle, en décembre, et par l'évêque de Barbastro et de Roda.On aborde Santa Maria de dos, tandis que Sant Climent nous est présenté de face.
    Les deux clochers de Taüll figurent deux doigts -dressés aux deux extrémités du village-, pour aider à filer une laine.
    Les maisons ont des balcons d'un bois très brun et des murs de pierres aux tons sombres, aussi gris-noir que l'ardoise et ocre foncé, aussi, qui les fait ressembler à des genettes...
     C'est ça : de loin, Taüll est une fourrure de genette lovée autour de deux monolithes emblématiques.
    Il convient toujours de se laisser aller jusqu'au bout de chaque village, au moins pour vérifier la vue dont chacun jouit. La vérification d'usage faite à Taüll permet de découvrir un étonnant balcon au bout du chemin. Dans cette partie de la Alta Ribagorça, les balcons s'imposent tellement à l'architecture des maisons couleur genette, en s'exposant dans les grandes longueurs, qu'on a envie de croire qu'ils en sont l'une des pièces principales. Ce balcon, donc, est si ancien, il semble si fragile que je me demande si une libellule qui viendrait s'y poser ne suffirait pas à précipiter sa ruine à bas. Il est magnifique. Abandonné, il résonne encore des pas qui l'ont usé et sous cet édifice en péril, ce plancher ajouré qui menace ruine, je m'obstine à voir une extraordinaire patine là où il n'y a qu'une fatale arthrose...
    Cet émouvant balcon est au bout de la Carrer La Santeta._La sinuosité ophidienne et l'étroitesse médiévale des ruelles empierrées qui montent, descendent et tricotent le village, mettent le passager à l'abri de toute surprise. Je veux dire qu'au bout d'une minute ou deux de marche paisible et néanmoins attentive, si j'avais croisé un homme tout droit sorti du Moyen-Age, vêtu de toile et coiffé de feutre, je ne m'en serais pas étonné et je l'aurais salué d'un ordinaire ¡Ola! N'était cette maison en train d'être bruyamment rafistolée avec force bois blond, le voyage aurait duré quelques instants de plus...
    La partie la plus haute du village, vers le restaurant "El Taliu", apprêtée pour un hypothétique développement touristique, est sans intérêt. Elle est en plus. Et comme tout ce qui est en plus, elle est en trop. Le voyageur apprend à se méfier du superflu car, s'il est flatté, il se répand vite et parvient à gâter l'essentiel.
    Redescendons (l'ennemi vient d'en haut).
    Une pluie soudaine doit être accueillie comme une chance, à Taüll. La chance d'assister en quelques minutes à la naissance d'un ruisseau de village et d'entendre la musique d'un torrent en pleine rue. La pluie, savamment canalisée d'une rue à une place et de là aux ruelles forcément pentues du village, ruisselle abondamment en chantant. Les ruelles deviennent en quelques minutes de véritables cascades, des canaux impétueux. C'est ce que l'on appelle si communément "une pluie torrentielle". Les chats, nombreux à Taüll, se blottissent alors à l'abri d'un poulailler, tenus à distance diplomatique par les plus grosses poules. Une odeur de feu de bois dispute l'atmosphère à l'humidité. Restent les bars, mais rare est celui qui ne diffuse pas une radio locale à plein volume. Retour à la rue-cascade. A ses pieds se trouve une grange ouverte où il fait bon s'arrêter en tous temps, assis sur une bûche, en compagnie des parfums domestiques,  surannés, de poussière, de paille sèche et de beurre rance.
    Par un mimétisme bien compréhensible, la plupart des maisons du village se font l'écho du choeur dodu des deux églises. Elles sont dépourvues d'angles et sont rondes comme une caresse. La pierre, adoucie par ces formes, prend un aspect ventru, replet, qui augmente la douceur de la promenade.
    Soudain, dans une ruelle, un parfum de lavande dénonce le passage récent d'une femme dont je ne parviens pas à entendre le pas. Sa trace occulte provisoirement l'état naturel et comme inchangeable du village jusque dans ses odeurs familières; comme le passage d'un avion impose l'interruption d'une conversation.

    ©Léon Mazzella

  • Retour à Cadaquès

    La lumière fait de l'ombre à Cadaqués.

    Le voyageur afflue du monde entier pour voir, saisir, comprendre cette étrange luminosité, dit le photographe -chasseur de lumières professionnel-, qui baigne cet aride village de pêcheurs. Cadaquès doit une grande partie de sa gloire à Salvador Dali. La lumière d'étain luisant de cette crique qui meurt sur le sable grisâtre de Cadaquès, est un miracle chromatique. Nous pouvons le capter plus souvent, heureusement, que le rayon vert à Etretat. Mais la lumière cache la forêt. Et Cadaqués est une forêt de signes. Le temps semble s'y être arrêté avec l'évanouissement du mouvement surréaliste, qui y planta régulièrement ses quartiers dès les années vingt. Longtemps le méridien de Greenwich de l'avant-garde artistique et culturelle, Cadaqués semble imprimée à la taille douce par une certaine vision esthétique et subversive du monde. Nombril de la création, Cadaqués ignore le temps passé depuis les grandes heures du surréalisme. Le voyageur sachant à peine cela et quelques bribes d'histoire locale, en oublie le port de pêche (qui entend le rester), deux ou trois autres choses estompées par cette fameuse lumière et d'autres formes d'expression picturale ou littéraire que celles brandies, à l'époque, par le commandant André Breton à ses troupes et au monde entier.
    Mythique Cadaqués où viennent tant de nostalgiques à la démarche nonchalante, aux vêtements d'une autre étoffe  -plus blanche, plus légère, plus fine et plus précieuse-, que l'on imagine aisément reprendre -sans même s'en apercevoir-, une démarche ordinaire sitôt ailleurs. Ceux-là affectent une fantaisie convenue jusque dans leur manière de commander un cocktail au garçon. Ils promènent en silence cette connaissance de la grande époque à l'heure du paseo, quand d'autres ne promènent que leur ventre.
    Or, la lumière. Adjectif obligé d'un village baigné de prestiges surannés, inondé de souvenirs extravagants dont l'écho parvient encore à l'oreille de celui qui écoute les survivants, jadis simples spectateurs et aujourd'hui promus au rang de gardiens assermentés d'une mémoire sans doute enjolivée; mais qu'importe. La lumière brandie par le dépliant touristique comme on hisse les couleurs. Elle inspire la méfiance du voyageur rompu à ce chant des sirènes.
    La lumière qu'il faut, une aube ou un soir, se résoudre à reconnaître tout en faisant sa connaissance. Magie de Cadaqués.
    Aussi vrai que l'architecture d'un village induit les comportements de ceux qui l'habitent, la lumière baisse le niveau sonore de Cadaqués. Excepté les pétarades des cyclomoteurs qui traversent  le village comme chacun finit par traverser le sien : sans plus le regarder, le silence habille l'espace à Cadaqués. Ici, on parle naturellement bas et s'il l'on n'y est contraint, on crie doucement. Le voyageur se met au diapason. Et la mer, aussi, chuchote inlassablement ses sourires d'écume sur le rivage, avec une discrétion qui s'apparente à l'excuse.
    Cadaqués, ton silence n'appartient pas à l'Espagne, se dit-on.
    Par moments, on souhaiterait presque les récriminations stridentes des goélands; un mouvement d'humeur venu de la foule. Certains jours, le ciel se charge et le vent remplit son office d'agitateur des paysages et des esprits. Cela aère.
    La lumière est  le repos, à Cadaqués. Les murs blancs n'exigent jamais le port des lunettes de soleil et la réverbération, loin d'être combattue, est recherchée pour sa douceur. Les rayons du soleil  frayent entre les nuages et donnent à la crique l'aspect et les tons métalliques des poissons bleus comme la sardine ou le maquereau.
    En retrait, il y a le lacis des rues étroites, pentues, empierrées pour aider la semelle dans l'ascension et la retenir dans la descente. Des rues qui semblent vouloir voler la vedette à la lumière à coups d'odeurs entêtantes. Bordées par les murs des habitations serrées, elles l'occultent de toute façon et aguichent le promeneur en débordant de fleurs et de branches d'arbres fruitiers engoncés, dont on se demande justement comment ils arrivent à pousser correctement. Parfumées à la figue, surtout, les rues de Cadaqués embaument l'espace et donnent au village sa fragrance et sa trace peut être la plus durable dans la mémoire. L'olfaction ne demeure-t-elle pas lorsque la lumière s'estompe. Mieux, les rues s'enrichissent, à heure à peu près fixe, des odeurs domestiques (celles des poissons a la plancha est la plus recherchée des narines d'amateurs), des parfums tièdes et sensuels du soir et de cette tisane froide, de ce mélange des parfums de la nuit qui s'imposent à l'esprit curieux, à l'heure où  la célèbre lumière de Cadaqués est au lit.
    ©Léon Mazzella


  • Ah, les anciens!..

    Si tu veux m’en croire, lecteur, ne hâte pas le plaisir de Vénus ; sache le retarder, le faire venir peu à peu, doucement.  Quand tu auras trouvé l’endroit sensible, l’organe féminin de la jouissance, pas de sotte pudeur : caresse-le, tu verras dans ses yueux brillants une tremblante lueur, flaque de soleil à la surface des eaux… Viendront alors les plaintes et un tendre murmure, de doux gémissements –et ces mots excitants qui fouaillent le désir…
    Ne va pas, voguant à pleines voiles, la laisser en arrière ! Evite, aussi, qu’elle ne te précède : qu’un même élan pousse vos navires vers le port. Quand, vaincus tous deux en même temps, l‘homme et la femme retombent ensemble, c’est là le comble du plaisir !

    Ovide, L’art d’aimer.

  • 10+10, première salve

    Voici vos premières réponses, auxquelles j’ai ajouté deux ou trois alternatives. On continue !


    Süskind : Le Parfum,
    Zweig : La Confusion des sentiments, et Amok,
    Sartre : La Nausée,
    Fitzgerald : Gatsby le magnifique, et :Tendre est la nuit,

    Kawabata : Les Belles endormies,
    Faulkner : Sanctuaire,
    Echenoz : Les grandes blondes, et : Je m’en vais,
    Cohen : Belle du seigneur, et : Solal,
    Gary : La vie devant soi, et : Les cerfs-volants,
    Vialatte : Les fruits du Congo,
    Brautigan : Mémoires sauvées du vent,
    Barrico : Novecento,
    Duras : L’après-midi de M.Andesmas,
    Tabucchi  : Tristano meurt,
    St-Exupéry : Le Petit-Prince,
    Hesse : Siddharta,
    Fante : Mon chien Stupide, et : Rêves de Bunker Hill,
    Gide : Les faux-monnayeurs,
    Cendrars : La main coupée,
    Modiano : Villa triste,
    Giono : Un roi sans divertissement,
    Camus : L’étranger,
    McLiam Wilson : Euréka est mort,
    de Luca : Montedidio,
    Capote : Petit-déjeuner chez Tiffany,
    Kadaré : Le général de l’armée morte,
    Blondin : Un singe ne hiver,
    Rouaud : Les champs d’honneur,
    Millet : La gloire des Pythre,
    Le Clézio : Le chercheur d’or, et : Désert,
    Kessel : La règle de l’homme, et : Les cavaliers,
    Cook : Le soleil qui s’éteint,
    Caldwell : La route au tabac,
    Greene : La puissance et la gloire,
    Le Carré : La constance du jardinier…

  • 10+10

    Cher amis bloggers,

    Vous êtes entre 100 et 800 (certains jours) à passer ici. Peu écrivent, je le regrette (âge 1 du blog...). 

    Avez-vous pensé, s'agissant des romans qui auront marqué le XXème siècle (et les suivants), à :

    Gracq, Le Rivage des Syrtes
    Simon, La Route des Flandres
    Proust!, Du côté de chez Swann
    Faulkner, Tandis que j'agonise
    Hemingway, lequel?.. (la plupart)
    Céline!, Voyage au bout de la nuit
    Harrison, Dalva

    Eliade, Noces au Paradis

    Et tant d'autres...

    En plus de :

    Gabo (Cent ans de solitude), Joyce (Ulysse), Kafka (Le Procès), Kipling, Musil (L'homme sans qualités), "le" Lowry (Sous le volcan), Hesse (Le Loup des steppes), un Vargas Llosa, un Fuentes, un Delibes, un Cohen, un Conrad!, un Sepulveda, un Hamsun (Pan), un Lampedusa (Le Guépard), un Pavese...
    Après, c'est selon notre carte du Tendre, notre géographie littéraire sentimentale : un Michon bien sûr, un Himes (La Reine des pommes), un T.E.Lawrence (Les Sept piliers de la sagesse), un Durrell (Le Quatuor d'Alexandrie), un Torga (Senhor Ventura), un McGuane, un Mauriac, un Morand, un Blondin, un Nimier, pas un Drieu, un Aragon (Aurélien), un Camus (pas forcément L'Etranger), un Malraux, un Nabokov (plutôt Ada que Lolita), un Ramuz, un Yourcenar (Mémoires d'Hadrien ou Alexis, ou Le coup de grâce), un Simenon (au choix)...

    Bref, je vous relance sur cette question quizz, posée il y a quelques jours, pour que vous ne vous cantonniez pas à vos lectures ultra contemporaines récentes. (Bien sûr Echenoz, Fante, Duras...). Mais élargissons. Le siècle commence en 1900 et s'achève en 1999. A vous lire. Tous, ou presque.

    10+10, je le sais, c'est drastique, contraignant, cornélien; chiant. Choisir l'est toujours. Si c'était facile, comme tout dans la vie, ce ne serait pas drôle. Alors...

     

  • la voila

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    Alain Robbe-Grillet, Robert Pinget, Claude Ollier, Claude Mauriac, Jérôme Lindon (M. Minuit, ça compte moins), Claude Simon, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute, (Dondero, des éd. de Minuit, ça compte pas non plus) ... La photo date de 1959. Qui peut me dire si Claude Ollier est encore de ce monde? C'est la question du soir/bonsoir. Manque aussi, parmi les pontes du Nouveau Roman, Michel Butor.

    (bon, Marguerite Duras n'est pas sur la photo, elle est à tous points de vue hors-cadre, mais il n'empêche que!).
    En tout cas, leurs livres sont pour la plupart très chiants. D'évidence subjective. Sauf ceux de Claude Simon (immenses Route des Flandes, Jardin des PLantes, Acacia et ultime Tramway!) et de Marguerite Duras, pour les plus beaux (Le Marin de Gibraltar, Un barrage contre le Pacifique, Le ravissement de Lol V. Stein, et une poignée d'autres, plus tardifs, minces et précieux...).  Et Beckett, forcément. Beckett!!!...

  • Gommé

    d293249701d9f7e75bb091362dc52919.jpgRobbe vient de rejoindre sa dernière maison de rendez-vous.

    Mais qu'est-ce qu'il lui prend à la Faucheuse, ces temps-ci? Travailler plus pour... Ou quoi?! 

    Alain Robbe-Grillet éteint, le Nouveau Roman n'a plus de survivant. Ollier? Je n'ai pas encore vérifié.

    Parce que, voyons : sur la fameuse photo qui les rassemblait tous autour de Jérôme Lindon, devant les éditions de Minuit, il me semble qu'il n'en reste plus... ¡A ver!

     

  • Les 10+10 romans


    Bon, à la lecture de vos premiers "post", je vois que ça se complique. Il y a trop de monde à élire, trop de bonne littérature au fond. Il faut en rajouter : je propose que vous dressiez deux listes : les 10 romans français, et les 10 romans étrangers qui, selon vous, ont le plus marqué le XX ème siècle. A vous de jouer. Merci!

  • Reading on

    Lectures du moment. (Je m’aperçois que je picore toujours autant et que j’ai réellement besoin de commencer plusieurs livres à la fois ; d’en avoir une pile près du lit et une autre sur le bureau…). Tout d’abord les bouquins hebdomadaires du « Monde de la philosophie » (Platon, déjà évoqué, Aristote, Descartes et maintenant Voltaire!). La « bibliothèque de l'honnête homme » deviendra celle de mon fils lorsqu’il fera de la philo en Terminale. En attendant, je me sers une rasade vivifiante en diable d’ « Ethique à Nicomaque » (n'est-ce pas que c'est vivifiant, TiBo?) et je musarde dans Voltaire et Descartes, que j’avoue avoir toujours négligés, au prétexte imbécile qu’ils me paraissaient plus ringards que la plupart des philosophes. Tir en cours de correction, mon Capitaine !
    Lectures à rapprocher d’un petit bijou d’anthologie, qui paraît chez Arléa : « La Sagesse des Anciens » (auteurs grecs et latins) et qu’il faut avoir dans la poche arrière du jean’s avant de sortir.
    À côté, je lis la confession émouvante de Macha Méril, sur une fausse-couche subie jeune qui la rendit stérile. Cela s’appelle « Un jour, je suis morte » (Albin Michel). Je ne serais jamais tombé sur ce livre si je n’avais pas eu à interviewer son auteur longuement il y a une semaine (à propos de sa maison dans le Gers, pour le prochain n° de « Maisons Sud-Ouest »). Déjà rencontrée (nous étions tous les deux invités à l’émission « L’Académie des Grandes Gueules » sur Sud-Radio, elle pour sa « Biographie d’un sexe ordinaire »(Albin Michel), moi pour « Les Bonheurs de l’aube » (La Table ronde). Ce jour-là, mes préjugés à la con (pléonasme) sur les-comédiens-qui-se-piquent-d’écrire sont tombés… Cette femme  tient un discours profond sur le mal qui peut ronger un être, sur l’essentiel, l’amitié vraie, les paysages du Gers, la littérature. Et son dernier livre est bien écrit, de surcroît. C’est sec, direct, nerveux, laconique et fort comme une capsule de ristretto. A noter aussi, son « Sur les pas de Colette » (Presses de la Renaissance) qui comprend de jolies aquarelles.
    « La Route » de Cormac McCarthy (L’Olivier) est bien hard. Ce caddy-movie dans un paysage d’Apocalypse, d’après la fin du monde, avec un môme placé sous la haute protection de son père, est émouvant. Il tranche avec les précédents opus qui flinguaient les mômes à tout va. Mais je ne m’explique pas le style (ou la traduction) de « La Route » : c’est truffé de phrases courtes sans verbe et je me dis qu’un manuscrit comme celui-ci aurait été accepté par tout éditeur, pour son histoire, mais aurait dû être réécrit. En tout cas, cette Route est moins violente que le film des frères Coen (« No country for old man ») adapté d’un précédent roman bien glauque du même seigneur de Rhode Island (« Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme »). À propos, je ne retrouve plus « De si jolis chevaux ». C’est toi qui l’a, Marine?..
    « Marilyn dernière séance », de Michel Schneider, reparaît en folio. C’est touchant, parce qu’elle est touchante et son analyste, qui « se la rêve » est drôle. Leur complicité  déborde largement du cadre strict, à respecter, de toute analyse, mais le lecteur d’en fiche. Et puis Schneider étant lui même psy, il sait ce qu’il a -très bien- (d)écrit.
    « Le Baron perché » du grand Italo Calvino (Points/roman), repris (quelques pages chaque matin) pour le plaisir un peu enfantin de se laisser porter par un conte fantastique : du bonheur simple.
    « Eloge de l’énergie vagabonde », de Sylvain Tesson (les Equateurs), qui est notre Bruce Chatwin.  Ou un fils de Nicolas Bouvier, comme on veut. Il nous relate sa longue marche de l’Aral à la Méditerranée, par la Caspienne et le Caucase. J’ai un faible pour son chapitre sur les steppes kazakhes, sans doute parce que j’ai donné récemment un long texte sur le même sujet au « Journal des Lointains », que Marc Trillard dirige (ou plutôt dirigeait) chez Buchet-Chastel : il m’a appris tout récemment que sa belle revue-livre littéraire et vagabonde, disparaissait avec le dernier numéro, faute de moyens… (En revanche, « Choc » et « Entrevue » vont bien, merci).
    Mon pote Denis Tillinac publie un savoureux « Dictionnaire amoureux de la France » (Plon) qui fait semble-t-il un carton, où il est question de Montfort-en-Chalosse, de La Tupiña, le resto bordelais de mon autre pote Xira, de mousquetaires, de rugby, d’amitié, de sa Corrèze qu’il me fit connaître en 1984, et de bien d’autres lieux-dits d’une géographie sentimentale dont beaucoup de Tendres ont la Carte.
    Le chef-d’œuvre de Malcolm Lowry, « Sous le volcan », dans la traduction de Jacques Darras, reparaît en semi-poche (Les Cahiers Rouges/Grasset) et c’est salutaire. Relire ce monument alcoolisé, total, apocalyptique lui aussi, c’est reprendre confiance dans les piliers de la sagesse littéraire du XX ème siècle. Il faudrait… Tiens ! C’est la question du jour, friends bloggers (c’est usé, comme idée, mais ça fait toujours du bien, comme de refaire le questionnaire de Proust) : quels sont, selon vous, les 10 plus importants romans (pas livres, romans) du XX ème siècle. C’est parti !
    Donc, Lowry. Et ces quelques shorts, « Le Caïd et autres nouvelles » de l’immense Faulkner (folio 2€) extraites d’ « Idylle au désert ». Je suppose que Benoît a un avis sur la question. J’aime beaucoup celle intitulée « Neige ».
    Il y a cette curiosité, « Le Dîwân de Bagdad », qui paraît chez Sindbad/Actes Sud. Il s’agit d’une anthologie du Siècle d’or de la poésie arabe (fin du VIII ème – moitié du X ème). C’est splendide comme un conte des Mille et une nuits, sensuel et mielleux mais sans être mièvre, guerrier à l’occasion, toujours dense et fort comme un coup de cimeterre sous la lune (calembour à la Jeantet).
    À rapprocher de l’étude (elle en pond régulièrement sur le sujet) d’Henriette Walter (et Bassam Baraké), « Arabesques » : l’aventure de la langue arabe en Occident (Points/Le goût des mots). C’est de la linguistique soft et passionnante pour découvrir les centaines de mots arabes d’origine française et les centaines de mots français venus de l’arabe. Orient-Occident se sont au moins ainsi fiancés, depuis 1000 ans. Le résultat est toujours un enrichissement considérable des langues et l’apparition, peu à peu, d’une troisième langue issue des deux premières, génitrices. J’avais souligné cette sorte d’enfantement dans mon livre « Le Parler pied-noir » (Rivages). Et allez ! Un pet de promo !..
    En bref, pour finir, « Le démon de la théorie », d’Antoine Compagnon (points/essais) est un essai sur la littérature et le sens commun. Complexe, mais passionnant, à petites doses : bon... la théorie a ébranlé le sens commun, mais le sens commun a résisté à la théorie (l'Université et ses chirurgiens de la chose littéraire ont décortiqué, disséqué le corps du roman, notamment, à l'envi, mais la littérature, comme l'aluminium, résiste!). Il faut paraît-il assister à son séminaire du mardi au Collège de France, pour son discours sur Proust. A ver, a ver…
    Un petit Balzac pour la route ? Alors prenez ces « Histoires en rouge et noir » (titre de son éditeur-compilateur en poche, Pocket) qui reprend les fameuses nouvelles comme « El Verdugo », « Une passion dans le désert » et son inoubliable panthère, « Le Gilet rouge » (pas le pull-over !), « Le Grand d’Espagne », etc.  ATCHAO et à toute pour les 10 romans qui ont marqué le XX ème!



  • note du 26/09/06 (pour mm again)

    Je viens de retrouver la note évoquée précédemment dans les archives de ce blog : la voici (ça vous évite d'y aller) :
     
    Elle est en face de moi, étendue sur un poster, la photo est en noir & blanc, signée Bert Stern, elle masque son visage avec sa main droite comme une gamine espiègle qui sait qu'elle vient de faire une bêtise, elle est plus touchante que nue. Ses jambes ont le poids des ans, déjà, elle est jeune pourtant, si 36 ans sont jeunes (je le crois), elle ne sait pas qu'elle va mourir dans deux mois, elle semble shootée, ou ivre de vin de bordeaux (imaginez seulement que vous dégustez un 1959 ou un 1961 aujourd'hui!), elle pose, elle dépose, elle rend les armes, elle les a peut-être déjà rendues, elle est belle, elle est même très belle, au faîte, elle est accomplie, mûre et peut-être trop mûre comme on le dit d'un fruit, d'une figue prête à tomber. Nous savons sa chute imminente et cela obère complètement notre regard sur elle. Elle est affichée dans ma chambre, face à moi, face à mon lit, je suis couché, là, je la regarde -que dis-je : je la contemple, seul, trop seul, et cette affiche m'accompagne (pour diverses raisons inavouables ici). Marilyn est devenue -moi qui ne m'en souciait guère-, une compagnie, une sorte de confidente. Un papier glacé peu anodin. Mais glacé.

  • mm again!

    C'est étrange... Saharienne m'adresse celle-ci. Elle trône en poster dans ma chambre depuis pas mal de temps (je l'avais achetée au Musée Maillol, après avoir vu l'expo de Bert Stern, "Marilyn, La Dernière séance". Je me demande même si je ne l'ai pas déjà mise sur ce blog, à ce moment-là. Il faudrait fouiller les archives, dans la colonne de gauche... Merci Saharienne! L

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  • aimer n'est jamais vin

    Voici ce qu'un vieux pote m'a adressé hier. Peut-être l'avez-vous vu passer aussi, car il circule en ce moment sur nos boîtes @...

    Il m'est arrivé une histoire dont il faut que je vous donne, si je puis dire, la primeur...                                                                                                                                  

    C'était il y a quelque temps, au bal de la Nuits Saint Georges que j'ai rencontré la petite Juliénas , une fille drôlement Gigondas, un sacré beau Meursault, bien charpentée, et sous sa robe vermillon un grand cru classé, avec des arômes de cassis et de fraises des bois.

    On a dansé Anjou contre Anjou sur un Sylvaner à la mode et plus tard lorsque je lui ai proposé de l'emmener dans mon Chateauneuf-du-Pape, elle  est devenue toute Croze-Hermitage !!!

    Le temps d'aller chercher un Chablis au vestiaire, de mettre un petit Corton dans ses cheveux, on est montés dans ma Banyuls et on a roulé jusqu'au matin.


    Ah quelle belle journée ! On s'est baladé Entre-deux-mers, il faisait beau, on a Vacqueyras sur la plage, les pieds dans l'eau Clairette, on s'est Pouilly-Fuissé dans les dunes et puis comme le Mercurey montait sérieusement et qu'on commençait à avoir les Côtes-Rôties on a décidé de rentrer.                                                                 

    Mais voilà, en partant nous nous sommes retrouvé coincés dans les embouteillages, enfin les bouchons, quoi ! Je commençais à Minervois sérieusement et là, Juliénas et moi, nous avons commencé à nous crêper le Chinon .                                                                 

    D'un seul coup elle a claqué la Corbière de la Banyuls et elle est partie !

    Je me suis retrouvé comme Macon. Quoi, me suis-je dit, elle s'est déjà Sauvignon avant même que j'aie le temps de la Sauternes ! Mais je vous Jurançon, je l'avais dans la Pauillac, en effet, j'étais tellement Tokay que j'ai couru après elle dans Lalande et les Chardonnay pour la rattraper.


    Quand on s'est retrouvés, et que je l'ai vue devant moi en Gros-plant, je lui ai dit -' Ne fais pas ta Pomerol, et ne t'en va plus Gamay ! 'En pleurant, elle est tombée dans mes bras en Madiran

                                        
    - 'Ne m'en veux pas, je voulais juste être sûre que ton Saint-Amour était vraiment Sancerre'.                               

  • La Désoeuvre

    b39ab3736d5267bdbcda23be198741b0.jpgKarine Henry (avec son complice Xavier Mony) fut ma libraire lorsque je vivais encore dans le Marais, à Paris. Leur librairie, « Comme un roman », rue de Saintonge, où je lus un soir, sur leur invitation, plusieurs de mes nouvelles des « Bonheurs de l’aube », avait des dimensions raisonnables. Elle était ma querencia du quartier, mon refuge presque quotidien. Elle est devenue un formidable espace de 300 m2 sur deux niveaux, rue de Bretagne, à quelques mètres, près de l’entrée du Marché des Enfants Rouges. Ce soir, Karine et Xavier fêtaient leur installation là, juste avant Noël, ainsi que la parution du premier roman de Karine, « La Désoeuvre » (Actes Sud). J’en reviens (je déteste les cocktails. Au bout d’un quart d’heure, je m’y sens aussi à l’aise qu’un poisson rouge tombé dans la gamelle d’un chat angora, je transpire, je cherche la sortie, je file à l’Anglaise…). Je tenais à aller embrasser Karine, qui m’avait adressé son livre. Je savais, nous savions tous que Karine était habitée par les mots, fascinée par les livres et nourrie de littérature exclusivement. J’ignorais, nous ignorions presque tous qu’elle écrivait. Chaque matin. Tôt. Qu’un fucking bug avait fait disparaître son roman de son pc. Qu’elle le réécrivît cinq ans durant. Il est épais, touffu, c’est une forêt. Avec songes, sortilèges, peurs, traumas, folie dévastatrice et immense douceur aussi. J’y entre à peine, par conséquent je n’en parlerai pas encore. Cependant, dès les premières lignes, je suis pris comme le thon dans le filet. J’y reviendrai, lorsque je serai sorti de cette forêt de 500 pages. (Bravo Karine…).

    Premiers mots : « Un bruit. Un bruit sec d’os qui se brise. Je me redresse. Le feu. C’est le feu qui éclate, claque devant mes jambes rougeoyantes. Ma jupe est brûlante, je dois l’écarter de mes cuisses avant de ramener mes pieds nus sous mon corps abandonné au fauteuil et à la chaleur de la cheminée qui l’enveloppe, alanguit sa chair. La nuque ploie, et de là, de cet angle cassé, j’aperçois à mes pieds la bouteille de sancerre vide à la moitié… »

    En deux mots : "Marie hérite de la maison de sa soeur Barbara à Artel. Les carnets de cette dernière offrent à la cadette l'occasion de revenir sur les traces de son enfance minée par la mort tragique de ses parents et la folie de sa soeur."  

    Lien avec la librairie et un résumé du livre de Karine : http://www.comme-un-roman.com/auteur/karine-henry/la-desoeuvre.html

    Lien pour écouter/voir Karine parler de son roman : http://marais.evous.fr/Karine-Henry,2882.html


  • écrire en confiance

    Antoine Compagnon, dans Les antimodernes (Gallimard), cite ceci de Gracq (à propos de Paulhan) : ignorant l'écrasante force de dissuasion de la littérature déjà écrite, il faut écrire comme on se jette à l'eau, en faisant un acte de confiance.

    Telle est la réflexion du jour. J'invite à y réfléchir et à m'écrire. 

  • Le fortifiant de la mort

    En relisant Cécile Guérard, Petite philosophie pour temps variables, (La Table ronde)

    La mort nous renforce. Elle transforme peu à peu notre peine en sérénité. Celle ou celui qui part et que nous aimons (nous ne pouvons écrire au passé) nous laisse un héritage fait de sa sagesse. Pétri de ce qu’elle, ou il, fut de meilleur(e). Passée la douleur qui frappe fort, la vie fait place à la douceur en éloignant l’ombre persistante, si on la laisse faire, de l’opportuniste Faucheuse. Car il s’agit d’un virage sur la piste de l’existence. Une course contre la Fucking horloge du monde. Aucun olympisme là-dedans. Juste une course. L’expérience de la mort… Epicure, que je relisais cet après-midi pour penser philosophiquement à  tout çà, nous chuchote qu’on peut se mettre en sûreté contre toutes sortes de choses, mais en ce qui concerne la mort, nous habitons tous, tant que nous sommes, une cité sans défense. « Mourir est cependant le seul verbe impossible à conjuguer à la première personne de l’indicatif présent », précise judicieusement Cécile Guérard. « La mort est intransitive »… Si je puis soulager quiconque vit cette expérience pour la première fois, et à distance, avec l’aide d’Epicure, je dirai que la mort n’est rien. C’est son attente qui est douleur. « Ce serait donc une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence ». La mort est privation de la sensibilité. Cependant, bizarrement, c’est notre sensibilité qui se trouve soudain accrue. "La mort est l’indicible qui nous laisse muet ; un temps". Cette Etrangère suprême que nous portons pourtant en nous depuis la matrice, depuis le ventre de notre mère, frappe sans frapper avant d’entrer, ai-je envie de dire. « La mort d’un être aimé et proche nous désigne. Elle nous montre personnellement du doigt », nous dit Cécile Guérard. La mort d’un proche nous déchire, car elle emporte une partie de nous. J’ai relu, cet après-midi, à travers cette Petite philosophie pour temps variables, de vieux potes de bon conseil en de telles circonstances. Penser c’est apprendre à mourir nous dit Platon (et Montaigne après lui). La philosophie est méditation de la vie, souffle Spinoza. Au fond, avance timidement Jankélévitch, ils ont peut-être raison tous les deux, conclut joliment Cécile Guérard.
     
     

  • Platon

    On dira que je m'émerveille de peu. Platon offert au kiosque à journaux m'enchante. L'acte est fort. "Le Monde" de la philosophie offre ce soir trois bijoux plus éternels que les diamants : Le Banquet, Apologie de Socrate et Phèdre. En payant, le regard balaye les couvertures étagées : Carla, Cécilia, Carlos, l'inévitable Nabot-bien-sûr (mais l'overdose guette). Platon est placé gagnant. L'éphémère en quadrichromie me fait sourire nerveusement. A sa belle santé!
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    "Il faut lire comme les poules; en picorant", disait Montaigne. Et embrasser Platon comme du bon pain!.. (photo ©CL)