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Blog

  • BOTT

    J'apprends le décès d'un critique littéraire et auteur délicat, François Bott, qui fonda Le Magazine littéraire à la fin des années 1960 et qui dirigea Le Monde des Livres de 1983 à 1991 (sous sa houlette, ce furent les meilleures). Alors je ressors cet article rédigé à la sortie de l'un de ses livres pudiques et sensibles en diable, et publié ici même le 18 mars 2020, afin de vous épargner une recherche dans les archives. Hommage => Délicieux Francois Bott

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  • Un an plus tard

    Cliquez là => LE BRUISSEMENT DU MONDE

    Léon Mazzella capture quelques fragments du monde pour en saisir toute la volatilité sensuelle.

    Par THOMAS MORALES.

    Article paru dans Causeur.


    Le choix de la première chronique littéraire de l’année s’apparente à la cueillette des champignons, dans un sous-bois, à l’automne, quand la feuille morte rythme le pas, quand l’incertitude guide la main du critique. La pluie grise les sentiments, la nature protège et isole; le critique hésite, il tâtonne, il se rétracte parfois, puis il se lance, il a enfin trouvé le livre qui correspond à son souffle intérieur, à son émotion du moment, à sa volonté de ne pas ensorceler le monde. En 2021, l’esprit ne sera ni à la querelle incestueuse, ni à la légèreté béate, plutôt à la beauté qui s’efface peu à peu, elle s’échappe, nous le sentons charnellement, et pourtant, il faut la retenir, s’incliner une dernière fois devant elle, la remercier encore et toujours. Se rappeler que sans elle, nous sommes des êtres désarticulés, surnuméraires fantômes. Cette beauté fugace n’est pas grandiloquente, elle ne bombe pas le torse, elle ne nous fait pas du gringue au coin d’une rue ou à la lecture d’un paragraphe trop étincelant; discrète, elle sait tenir ses distances.

    Mazzella caresse le désenchantement

    Elle s’apprivoise difficilement. L’écrivain Léon Mazzella, styliste des terres basques, grand spécialiste du vin, part à sa recherche dans Le Bruissement du monde aux éditions Passiflore. Il est de ces explorateurs esthètes qui ne surjouent pas la surprise ou l’émerveillement. Ce gracquien sème la chronique au vent, sans charger sa phrase d’un affect débordant, elle garde sa pureté originelle tout en susurrant son pouvoir d’abstraction. Là, réside le charme vivifiant de ce recueil buissonnier qui promène son bonheur de vivre entre fragments, souvenirs d’enfance, nostalgie du cœur, sens de la transmission et plaisir du palais. Mazzella nous touche car, avouons-le, il caresse notre vieux monde, il cajole notre désenchantement, il ouvre la volière de notre mémoire. Ne vous méprenez pas sur son dessein, il ne panthéonise pas le passé, ce n’est pas un embaumeur, plutôt un exhausteur de goût. Son toucher de plume lifte l’existence, lui donne du rebond. Nous avons les mêmes codes d’entrée, les mêmes marottes, les Renault Floride et les chevauchées landaises de Christine de Rivoyre

    Compagnon hussard

    Avec ce compagnon hussard, on se rappelle d’un texte lu à l’adolescence qui a fait chavirer notre suffisance, on se met alors à dessiner des volutes de Havane dans le ciel laiteux de la province française, à rêver aux seins obuesques de Silvana Mangano dans « Riz amer » ou à la bouche désirable de l’impénétrable Monica Vitti. À nous extraire simplement de notre quotidien par le talent des autres, voilà un résumé de ce que fut notre jeunesse. Pour nous, garçons ahuris, bouffis de caractères d’imprimerie et de cinéphilie, la réalité passe souvent par le tamis de la fiction. Mazzella est un merveilleux brouilleur de météo, il détraque toutes les horloges. Avec lui, la chronologie s’émancipe des dates. On le suit avec gourmandise dans cette belle littérature, giboyeuse et sauvage des Trente Glorieuses puis, le texte suivant, il nous ramène au présent, dans le spectacle chantant d’une bergeronnette grise ou la pesanteur ensoleillée d’un champ de maïs. Tantôt mélodiste d’antan, tantôt aquarelliste du paysage en mouvement, sa mélancolie sous-jacente n’est ancrée dans aucun port d’attache. Elle est libre, elle se moque des convenances, elle cabote sur des côtes intimes. C’est pourquoi nous prenons autant de plaisir à le lire, surtout quand il écrit: « Je suis Claude Sautet » ou qu’il fait l’éloge du stylo à plume: « Bonheur de retrouver le glissement de l’encre, sa fluidité, et le crissement sur le papier vergé ivoire, cette teinte bleu nuit qui forme les lettres, les mots qui naissent, le mouvement du poignet, le sang qui afflue sur la dernière phalange de l’index comme si nous labourions ». Mazzella sait, par instinct, qu’un bon livre ne ressemble pas à une autoroute rectiligne, il doit cahoter, ne jamais utiliser le même instrument de musique, de la variété naît l’harmonie. Mazzella ose passer de Gracq au Bricomarché, sublime impertinence et poésie de l’infiniment petit, de Calet à Anouk Aimée, de Larbaud à une libellule indisciplinée, de Gómez de la Serna au croquant du chipiron. Vive 2021 !

    Le Bruissement du monde de Léon Mazzella – éditions Passiflore.

    Le Bruissement du monde

    Price: 15,00 €

     

     
     
  • Gracq, douze ans déjà

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    22 décembre 2007. Je prenais avec mes enfants la route de Bayonne depuis Paris pour aller fêter Noël en famille lorsque la dépêche tomba. Julien Gracq venait de mourir... Douze ans après, j'éprouve à nouveau (lire => J.G., + 10) le besoin de marquer ce funeste anniversaire. J'ai relu Le rivage des Syrtes la semaine dernière. Mon commerce avec mon auteur fétiche augmente, ou plutôt se fortifie. Il durcit comme un pot de miel oublié dans le placard de la maison de campagne. Nous l'avions oublié, laissé liquide, nous le retrouvons charnu et granuleux ; blanchi. Il a pris en maturité, en saveurs, en teneur... Sauf que J.G. n'est jamais loin, que le placard est ouvert, la campagne omniprésente, et l'oubli impossible. Mon commerce, disais-je.

    Intriguée par les différentes éditions de l'ouvrage le plus connu de Gracq qui ornent l'étagère dédiée, ma fille m'a interrogé sur le motif il y a quelques jours. Nous avons parlé. Je lui ai offert l'édition originale de 1951 avec sa couverture jaune. La plus précieuse, avec mes deux exemplaires dédicacés par l'auteur (Corti, et Pléiade). Mon fils possède depuis Noël dernier la plus récente, massicotée, celle de 2017, ou 2018. Passage. Transmission du verbe. De la beauté.

    Aujourd'hui, je voudrais juste joindre la conférence que je donnai, en hommage, le 7 novembre 2017 à l'Institut Français de la Mode, et que France Culture diffusa aussitôt. Elle est toujours disponible sur les ondes, via le site de la radio.  =>  Conférence sur J.Gracq  L.M.

     

    P.S. : Un autre 22 décembre (1989), disparaissait Samuel Beckett, mais bon... Cet auteur n'est jamais parvenu à me toucher.

     

     

  • Le goût des cochons

    Capture d’écran 2019-08-19 à 16.41.16.pngBlandine Vié est une sacrée auteure gourmande, passionnée de cochon au point de lui consacrer un ouvrage il y a peu et des articles à la ribambelle sur le site Greta Garbure qu’elle co-anime avec son complice Patrick de Mari. D’ailleurs, l’un de ses « posts » mis en ligne a été retenu dans une mini-anthologie de la fameuse collection « le goût de » au Mercure de France. Dans « Le goût des cochons » (8,20€) figure, aux côtés de classiques comme Renard (avec un extrait célèbre des « Histoires Naturelles »), Claudel (et un délicieux poème en prose décrivant la bête), Maupassant (avec un texte de jeunesse), Huysmans (un extrait de « En route »), Hugo (et un émouvant poème, « Le porc et le sultan »), Verlaine (avec un détonnant pastiche des « Amants » de Baudelaire, intitulé « La Mort des cochons », pornographique à souhait, tiré de « L’Album zutique » qu’il coécrivit avec Léon Valade) et, plus près de nous, Jérôme Ferrari (et un extrait brut de son « Sermon sur la chute de Rome », décrivant un paysan Corse occupé à châtrer les verrats), ou Philippe Sollers (en amoureux délicat de la chair du cochon, dont il fait l’éloge)... Figure donc un texte délicieux de Blandine Vié au sujet de l’étymologie des mots du cochon, de la truie et de ses attributs, intitulé « Une vulve de truie peut en cacher une autre ! » À l’arrière-train où vont les choses, et sans évoquer la peste porcine africaine qui fait des ravages en Chine, donc le bonheur des éleveurs bretons, et qui est provisoirement circonscrite dans les Ardennes belges, mieux vaut en rire en s’instruisant - grâce à ce texte bref et dense, érudit et drôle à la fois. Blandine y enchaîne comme dans un rébus le sens caché des mots, dont les évocations rebondissent et jouent à ... saute-cochon. Remarque : ceCapture d’écran 2019-08-19 à 16.42.10.png florilège fait la part belle au côté immonde du cochon davantage qu’à ses qualités. C’est toujours comme ça ! La relation de l’homme avec cette « bête singulière » (titre d’un ouvrage capital, de référence, sur le sujet et dont un extrait aurait pu figurer dans ce petit bouquin : « La Bête singulière. Les juifs, les chrétiens et le cochon », de Claudine Fabre-Vassas (Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines), est ambiguë depuis les origines. Nous lui ressemblons tant ! Je laisse le dernier mot à Churchill : « Donnez-moi un cochon ! Il vous regarde dans les yeux et vous considère comme son égal. » L.M.

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    Capture d’écran 2019-08-19 à 16.41.42.pngRappel : N’oubliez pas le superbe album, richement illustré, de Éric Ospital (le charcutier star d'Hasparren) et ses amis, intitulé « Copains comme cochons » (Tana, 24,95€), car il offre, outre 75 recettes du groin à la queue, signées de chefs très gourmands, un énorme hommage à la convivialité et à l’art de vivre... dans l’esprit du Sud-Ouest, ainsi qu'une ode à l'amitié qui fait plaisir à lire et à voir. Nous croisons, au fil des pages, pêle-mêle, Joël Dupuch, Julien Duboué, Sébastien Lapaque, Jean-Luc Poujauran, Yves Camdeborde, et aussi Sébastien Gravé, Vivien Durand, Christian Constant, Stéphane Carrade, Antoine Arena, Stéphane Jégo, tant d'autres. Ils sont tous là! Afaria!..

  • La page de Rita

    Capture d’écran 2019-02-15 à 12.42.31.pngJe pensais l'avoir signalé ici, mais non. J'eus la surprise au coeur de l'été dernier de découvrir un papier élogieux et délicieusement tardif sur l'un de mes livres paru fin 2001 et qui, finaliste du Prix Goncourt de la Nouvelle, manqua cette distinction d'un cheveu. Le voici - il est signé Rita, blogueuse littéraire - et si cela vous incite, hâtez-vous, car le bouquin est en voie d'épuisement chez l'éditeur, lequel n'envisage pas de le réimprimer ou de le reprendre en format de poche dans La Petite Vermillon =>  Les Bonheurs de l'aube

     

     

  • Variations sur "l'art" de ne rien dire (ou peu s'en faut)

    Merci à cette lectrice qui a exhumé soudain ces trois petits textes que j'avais totalement oubliés (variations sur « l'art » de ne rien dire, publiées sur ce blog même à la mi-mai 2008 : archives ouvertes à l’onglet dédié), et que je ressors volontiers, en joignant ces quelques mots de réflexion : À leur relecture, je constate que le texte 2 est bien meilleur que le 1, et que le 3 rivalise avec le 2. Conclusion évidente : cet exercice améliore l'écriture. C'est une sorte de « travail », qui ne consiste pas, comme à l'habitude, à élaguer, condenser, corriger, densifier, tonifier un seul et même texte. Cette façon de faire, en opérant par déclinaison, est avant tout ludique. Et parfaitement... inutile, au fond, n'est-ce pas? Puisqu'il s'agit de « l'art » de ne rien dire. Et comme « c'est bien plus beau lorsque c'est inutile », me souffle Cyrano, cela devient essentiel.
    Nous pourrions nous amuser longtemps ainsi, sans même nous livrer à des exercices de styleà la Raymond Queneau (ou à la manière de Cyrano encore, et sa tirade du nez), mais juste en variant, justement, et à peine, par touches, quelques mots, quelques tournures de phrases :

    1

    22h38 13 mai 2008
    Des fois je me demande si...

    ... Je ne devrais pas écrire, chaque jour, ici, sur ce chien que je nourris (KallyVasco ne portera jamais de collier), des choses comme... les notes qui noircissent mes carnets Moleskine successifs, lesquels s'accumulent sur une table et font la poussière (au moins comme çà, quelqu'un la fait...). Cela donnerait, pour cette fin de journée : Après le désormais traditionnel (et merveilleux) déjeuner du mardi en compagnie de mes deux soeurs, chez La Nonna Inès cette fois, rue de l'Arbalète (ah! le lard de Colonatta!), j'ai repris ma voiture après quatre mois de suspension de permis. Bizarre... Travaillé -comme d'habitude- dans la joie avec Gérard, Marie et Sophie à plusieurs dossiers simultanément. VSD J.O., Rome, 7 erreurs... Puis, à la fraîche, Gérard, trop fatigué, est rentré se coucher. Long apéro vraiment bien, amical et complice à fond, au Café Cassette avec Sophie (préféré, ce soir, au Vieux-Colombier). Ce rade fut l'une de mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Moments simples et bavards, jusqu'à l'heure de son dîner prévu avec une de ses anciennes collègues. Flâné à St-Germain, l'air était doux, la lumière baissait gentiment, je me sentais bien, si bien. Echoué volontairement parmi les livres de ma pharmacie préférée, du quartier, "L'Ecume des pages", à la recherche de "Diego et Frida" pour l'offrir comme promis à Angélique. "Livre manquant"! Pris (pour ne pas sortir bredouille -je déteste cela), "La Philosophie comme manière de vivre", de Pierre Hadot, immense socratique, et "Rome et l'amour" de Pierre Grimal. Passé à la BNP consulter mon solde, puis acheté deux havanes, nouveaux sur le marché et dont j'ai entendu du bien : l'Obus de Juan Lopez. le module est orné d'une bague sur laquelle j'ai lu, pour la première fois, "Exclusivo Francia". Rentré à 22 heures. Nourri le chat de ma fille (en pension depuis hier soir pour cause de déménagement et de concours divers ici et là). Penser à dîner, mais je n'ai pas faim. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. Thé vert à la menthe. Ayo, Léonard Cohen, Catpower. Blog (J'y suis!). Ne pas oublier le réveil : re-boulot dès 8h30 à Montrouge!.. Et voilà.

    Mais cela, à la vérité, ne présenterait, franchement, aucun intérêt. Nous sommes bien d'accord...

    2

    14h23 14 mai 2008
    Deux fois je me demande si...

    (otraversion sur « l'art » de ne rien dire) 

    Le mardi, je déjeune en compagnie de mes deux sœurs. Nous sommes allés chez La Nonna Inès aujourd’hui, rue de l'Arbalète. L’évocation de nos parents disparus a encore besoin de drôlerie pour habiller la tendresse. Elles sont belles, mes sœurs. J’observe notre trio, désormais serré comme un bouton de rose. Il ne saurait faillir. J'ai démarré la voiture avec une impression inédite. Je ne l’avais pas utilisée depuis quatre mois. Suspension de permis. J’ai rejoint Gérard, Marie et Sophie à Montrouge. Nous avons travaillé –dans la joie comme toujours, à plusieurs dossiers. En fin de journée, Marie est partie et Gérard opposa une réelle fatigue à ma proposition d’aller dîner. Nous avons pris un apéritif amical et complice, Sophie et moi, au Café Cassette. Avec Le Vieux-Colombier, ce furent mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Sophie avait un dîner. Je lus la sérénité sur son visage. Elle manifesta un bien-être raffermi. J’ai flâné à St-Germain avant de rentrer. L’air était doux, la lumière tendre. Je me sentais bien. J’ai échoué à trouver "Diego et Frida", de Le Clézio, à la librairie L'Ecume des pages, puis j’ai acheté un havane orné d'une bague étrange, mentionnant "Exclusivo Francia". Je viens d'arriver, il est vingt-deux heures, je n’ai pas faim. Je nourris le chat de ma fille, pensionnaire depuis hier soir pour cause de déménagement. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. J’affale ma voilure, relâche la carcasse, me sers un thé vert à la menthe, allume le havane, lance Ten New Songs de Léonard Cohen, flâne sur mon blog. Note ceci...
    La lune monte. Le ciel paraît noir. Je le sais étoilé. Je prends conscience de mon être-au-monde. Le quotidien empêche de savourer le pur bonheur d’exister. Demain, je me lèverai tôt, prendrai le petit-déjeuner dans le salon baigné de soleil et retournerai aux écritures.

    3

    16h11 14 mai 2008
    Trois fois je me demande si...

    (variétés, suite)

    Mardi. Muriel et Pascale toujours aussi belles. Surtout devant une assiette d’antipasti del nonno. À côté d’elles, les brunes qui passent devant la terrasse paraissent fades. Ce sont mes sœurs, pourquoi ? La voiture sent le renfermé après quatre mois de jachère. Putain de garde à vue (penser à créer ce Prix littéraire que je nommerai Le GAVé. Il récompensera le plus beau récit de Garde A Vue. Avis…). Bosser avec Gérard et les filles me fait aimer le travail autant que la plage. Gérard conduit trop. Ses aller-retour hebdomadaires à Izotges, Gers, le crèvent. Nous n’irons pas au bal, ce soir. En revanche, l’œil malicieux de Sophie invite à décompresser autour de deux Perrier-tranche. Notre amitié cristallise comme un pot de miel au fond d’un placard de résidence secondaire. Elle a un dîner. Sur son visage, je lis une sérénité qui me fait plaisir. J’aime Saint-Germain-des-Près en cette saison, encore basse. Rien ne presse. Personne ne m’attend, excepté le chat de ma fille, à l’appétit vagabond. Havanes, librairie. Enfin échoué, je dépose ma carcasse, sac de marin, savoure mon être-au-monde en regardant le ciel noir que je sais étoilé. Le quotidien oblige à négliger notre conscience du pur bonheur d’exister. Léonard Cohen, un thé vert, mon chien (ce blog). « Et si la littérature était un animal qu’on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu’il faut aimer, nourrir, sortir ? » (Roger Grenier). Pour un peu, je me sentirais à la campagne. Manquent les parfums de la nuit : menthe glacée, ronce, terre tiède.

     

  • KallyVasco a 12 ans

    Capture d’écran 2018-03-26 à 18.35.52.pngCe matin, une douceur printanière semble vouloir prendre possession de la ville en dépit d’une grisaille et d’une humidité persistantes jouant à cache-cache avec un soleil généreux lorsqu'il se pousse du coude. J’aperçois un couple de mésanges bleues sur un acacia. Les deux boulettes fines volètent frénétiquement de branche en branche - les mésanges sont sans cesse à leur affaire, qui est de se nourrir. Elles m'évoquent (et ce n'est pas gentil pour elles), les rats de coquetèles, qui semblent affamés tant ils s'empiffrent comme des porcs, lors que la plupart sont des gens aisés et plutôt gras. 

    Cette simple observation d'un couple d'oiseaux fragiles et menus sur de frêles branches (à l'instar de cet arbre peint par Egon Schiele), m'emplit de bonheur. Une certaine forme de délicatesse inscrit ce début de semaine dans la paix. Me viennent des vers que j'ai souvent en tête, de Giuseppe Ungaretti : 

    La vie lui est d'un poids énorme

    Comme aile d'abeille morte

    À la fourmi qui la traîne.

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    La vita gli è di peso enorme

    Come liggiù quell'ale d'ape morta

    Alla formicola che la trascina.

    Je réalise tout à trac que le « chien » - je nomme ainsi ce blog, a déjà douze ans. Je me revois l'ouvrant sur les bons conseils de mon amie Alina Reyes, chez elle : T’embêtes pas à créer un site, un blog suffit. 26 mars 2006 - 26 mars 2018. Je ne découvre qu'à l'instant une funeste coïncidence avec l’anniversaire du massacre de la rue d'Isly à Alger (le 26 mars 1962, l'armée française tire sur la foule de ses compatriotes venus manifester pacifiquement. Bilan : 80 morts, 200 blessés. Je ne m'étendrai pas).

    Je pense surtout à ce chiffre devenu fétiche, puisqu’il désigne l'alphabet, et que sans ses 26 lettres je ne suis rien et nous sommes peu de choses. C'est un chiffre auquel je rends hommage chaque fois que possible : avec mon livre 26 villages pyrénéens par exemple. Voire avec Les bonheurs de l'aube, même si j'ai échoué à l’emplir de vingt-six nouvelles, car j'écrivis les vingt qui le composent en un lieu enchanteur, l'île de Formentera et que, de retour à la brutalité de la grande ville, mon bras bloqua et la plume sécha...

    Voici donc KallyVasco, 12 ans d’âge comme un single malt déjà fait, 1 627 articles, 3 835 commentaires. Des visiteurs toujours plus nombreux et des pages consultées par centaines, voire par milliers chaque jour. Avant l'irruption, l'invasion des réseaux sociaux, les commentaires abondaient, ici même. À présent, comme je reproduis mes articles insérés dans KallyVasco, à la fois sur mon compte Twitter et sur ma page Facebook, c'est sur cette dernière plateforme (sans doute plus simple d'utilisation), que ça réagit avec prédilection.

    Il y a ainsi dans le ventre de ce blog des archives à foison pour y flâner : nourritures terrestres et spirituelles, livres, vins, voyages, sensations, billets d'humeur, d'humour, amour, amitié, images, sons - soit des plaisirs simples en partage avec vous, dont je loue la fidélité. Tel est mon beau souci. Et puisque j'ai créé KallyVasco afin de « faire passer » l'émotion décrite davantage qu'écrite, the chien must go on. L.M.

     

     

  • impudeur, peut-être

     

    Capture d’écran 2016-08-18 à 13.53.06.png

    Je sais, c'est impudique, mais comme cette photo évoque une scène de cinéma, de l'avis, fiable, de ceux qui l'ont vue, je la propose ici, m'autorisant un coup de canif dans toute déontologie minimale. Ma mère est dans la DS. C'est un dimanche après-midi (entre 1970 et 1976), dans le port de Bayonne. Le m/s Léon Mazzella est à quai, de retour d'Afrique avec rien dans ses flancs, puisqu'il chargera ici. Ce sera selon : soufre, phosphate, traverses de chemin de fer... Derrière lui, en reflet sur les vitres du dernier hommage rendu à la carrosserie automobile (la Citroën précitée), se devine le m/s Cap Falcon, autre navire de la flotte de mon père, armateur. Papa est forcément à bord. Maman a l'air de s'ennuyer grave. Il lui tarde de rentrer et de préparer les pâtes pour la famille. Après le bain des enfants. Et zou, au lit fissa pronto!.. C'est dimanche. Après ce sera plateau-non! pas télé, autre chose avec son homme.
    L.M.
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    P.S. : Le levier de vitesses est au volant, le modèle date bien. Le rétroviseur central produit un clic-clac mat lorsqu'on l'actionne (jour/nuit), afin de lutter contre l'éblouissement des phares - jaunes -, du con qui suit et qui ne pense pas à passer en code. La montre, rectangulaire, se règle à la main avec un gros bouton. Le poste, qui a déjà connu plusieurs ID et DS, est un Radiola toujours branché sur RMC, que mon père appelait "Radio Andorra"!.. Pourquoi maman ne baisse-t-elle pas la vitre, afin de respirer un peu d'air fluvial chargé de marée montante (c'est mieux que descendante) ? Le bruit des grues, peut-être. L'envie de rentrer, sans doute...

     
     
     

     

  • KallyVasco, ce blog, que je surnomme "mon chien", a dix ans aujourd'hui même

    mur machine à écrire.JPG

    Bon, et bien, je continuerai de le nourrir. Merci de votre fidélité. Vous êtes des centaines chaque jour à feuilleter des milliers de pages parmi ces dix années d'archives. Et, même si vous avez fait migrer la plupart de vos commentaires sur ma page facebook, et parfois sur mon compte Twitter (il fut un temps où c'était la foire, ici : les commentaires pleuvaient et croisaient le fer), je sais cette source-ci assidument visitée. L.M.

     

  • Dans Gourmets & Co

    http://www.gourmetsandco.com/culture/15320-dictionnaire-chic-du-vin-leon-mazella

     

    Rectif amical, mon cher Patrick Faus : Je n’ai jamais "pris plaisir à ôter la vie" d’un seul animal, évidemment, et n’ai jamais été "fasciné par le sang". Ô grand jamais! D'où peuvent bien sortir ces mots, cette interprétation d'aucun fait? (j’ai plutôt écrit des centaines de pages sur le sujet en disant le contraire : j’approchais, en amoureux de l’approche du Sauvage, et ne tirais que très rarement, et me suis fait toujours traiter d’écolo subliminal par mes pairs…).
    Et aussi, loin de vouloir « détruire ce que nous avions perdu en nous », comme tu l’écris, c’est précisément exactement l’inverse que je me suis employé à faire avec passion durant ces années-là : rechercher la part animale en moi, enfouie dans ma nature humaine "désensauvagée". LMzz
     

     

  • Avant-première

    Les sites de vente en ligne annoncent déjà mon prochain livre, qui paraîtra fin août : Dictionnaire chic du vin (Ecriture), c'est 350 pages serrées d'hédonisme, de sérieux et de déconne, d'éloge du bien-vivre et du sang de la vigne - et ses inséparables connotations littéraires, musicales, sensuelles. Voici un aperçu capturé sur le site de la fnac : 

    Capture d’écran 2015-04-14 à 08.42.30.png(avec une belle faute d'orthographe -ZZ- sur la couv. provisoire)
    Capture d’écran 2015-04-14 à 08.48.16.png

  • Merci à "Lecturissime"

    Les bons papiers sont parfois ceux que l'on n'attend ni ne sollicite, ceux qui proviennent de vrais lecteurs qui font eux-mêmes la démarche d'acheter des livres qu'ils ont envie de lire, et puis d'en partager la lecture. J'ignore qui est la Hélène qui signe ces notes si sensibles, sur le site  Lecturissime, mais voici deux de ses articles (je connaissais celui sur Les Bonheurs de l'aube, je suis tombé sur l'autre - consacré à Chasses furtives- par hasard en surfant, hier), et cela ajoute à la tendre humilité de son auteur : nous découvrons ces compte-rendu en passant, car nul ne nous en avertit, et cela augmente singulièrement la délicatesse du geste)... Ce genre de surprise réjouit autant qu'un papier signé d'une pointure dans un journal à grand tirage. 

    http://www.lecturissime.com/2014/11/chasses-furtives-de-leon-mazzella.html

    http://www.lecturissime.com/article-les-bonheurs-de-l-aube-de-leon-mazzella-114626959.html

  • 661 / 13 524

    téléchargement.jpegDans la seule journée d'avant-hier, 28 novembre, 661 visiteurs uniques ont vu/lu 13 524 pages de ce blog : c'est pas mal, et c'est je pense un record depuis que j'ai ouvert KallyVasco il y a bientôt huit ans. Merci, chers visiteurs, de votre curiosité, de votre passage, et bienvenue à la case commentaires. Ce blog repose sur le principe de partage, car je n'aime rien comme faire passer lorsque quelque chose me touche, et c'est pourquoi (principalement) j'écris, ici et ailleurs. Chacun est donc invité à s'exprimer sur KallyVasco. Ainsi que sur la page facebook et sur le compte twitter éponymes. 

  • Chinon rien

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    Il est vrai que je suis à fond pour le développement du... Rabelais, que là-bas, je bois le vin rouge local issu de cabernet franc, chinon rien... Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque je fus invité à être intronisé au sein de la confrérie des Entonneurs Rabelaisiens, en qualité de blogueur vins ! Cela se passait le 12 septembre dernier au Bistrot d'à côté (rue Capture d’écran 2013-09-25 à 11.50.39.pngLalande dans le 14 ème à Paris), à l'occasion de la Saint-Gargantua (en réalité la Saint-Apollinaire, sur le calendrier), qui fut célébrée dans 28 bistrots parisiens. Et c'est dans celui "d'à côté" que le chapitre des intronisations eut lieu. Parmi les nouveaux chevaliers, il y a, de gauche à droite sur la photo ci-dessus : mes consoeurs Ophélie Neiman (blogueuse vins : Miss Glou Glou) et Anne-Victoire Jocteur Monrozier (blogueuse vin : Vicky Wine, à qui j'ai l'impression d'en coller une en prêtant serment et c'est dommage car elle est très mignonne, mais on peut la voir plus bas et des centaines de fois sur son blog), ma pomme, Charlie Darenne (illustrateur), Thierry Cap de Coume (dessinateur, photographe) et Laurent Cazaux (du Bistrot qui nous accueillait). Avouez qu'on a l'air un peu benêts avec nos bavettes, puis avec nos diplômes de chevaliers et nos grosses médailles, mais bon, c'est ainsi. On assume; cul-sec (le deal était de jurer de défendre les vins de Chinon en tous lieux, puis de vider le vase afin d'obtenir la médaille. Et à 17 h, c'est pas facile...).

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    Capture d’écran 2013-09-25 à 11.23.33.pngLO2A2085.jpg

    ©KOEphotography.com 

     

    www.chinon-stgargantua.com 

  • Hier : 670/4799

    Ce sont les statistiques quotidiennes de ce blog : d'une part le nombre de visiteurs uniques pour la seule journée d'hier : 670. Et d'autre part le nombre de pages vues au cours de cette même journée du 10 juin : 4799. Alors je m'interroge : qui êtes-vous? Qu'avez-vous lu? Retenu? L'écririez-vous ici?

  • 603 / 1226

    Je ne pige pas le truc. Hier, vous avez été 603 visiteurs uniques sur ce fucking blog et vous avez regardé 1226 pages d'içelui. Et combien de commentaires? -Z. Pourquoi. Je ne pige toujours pas le truc. Le truc de la participation, de l'interactivité, tout ça, cela m'échappe. Alors oui j'ai eu 2-3 mails directs. Mais bon... Je pige aussi, un peu, le truc de la conso d'un blog, en passant, je musarde -ça oui (la preuve). Mais bon, un blog c'est aussi fait pour lui donner de la vie, du sang, de la chair, des frottements, des frictions, du peps, non?.. Ou alors je me trompe...  ¡A ver!

  • Nourrir son chien

    images.jpegParfois les scrupules entrent en moi « comme l'eau dans la bouche du noyé quand la résistance de la vie est passée et qu'il ne reste que la volupté de mourir... » * Un mois ou presque que je n'ai pas nourri mon chien -comprenez : que je n'ai rien posté ici, que KallyVasco mon clébard semble dépérir. Je sais qu'un blog vit sur ses réserves (je fête les 6 ans du mien ce mois-ci, et j’écrirai son millième article sous peu : celui-ci porte le n° 997), mais je n'aime pas l'idée de l'efflanqué, ni l’image des côtes apparentes ; sauf celles qui tutoient la mer. Aussi, voilà. Le dernier Nicolas Grimaldi, « L'effervescence du vide » (Grasset) peut décontenancer ses lecteurs, car il s'agit d'un texte personnel, d'une autobiographie axée sur la cassure de Mai 68, laquelle a bouleversé la vie du philosophe et avant tout celle de l'enseignant. Extrait : « Peut-être toutefois l’histoire a-t-elle agi sur nous à la manière de l’acide sur la plaque où vient d’être gravé le profil d’un visage. Comme la morsure de l’acide y creuse plus ou moins profondément le trait, ainsi nos personnalités auraient-elles été moins dessinées que burinées par l’histoire. D’un trait à peine accusé l’acide a fait une blessure. En crevassant les noirs, il a troué de lumière les espaces laissés vierges. Ainsi de nos vies crevassées par l’histoire. » En musardant jusqu'à la fin de l'ouvrage, nous comprenons certaines choses sur le cheminement de la pensée, nourrie d’intimités, d’un philosophe qui a toujours eu une vocation de « passeur ». Sa passion éphémère et cathartique, compulsive, pour la tauromachie, par exemple, peut surprendre, mais elle correspond à sa quête de la gaîté du désespoir, à celle de la soustraction au temps aussi, et à l'admiration du dérisoire. Nous aimons surtout lire combien cet homme précieux entre tous reste attaché au sens profond du partage : il n’aime rien comme « vivre avec » chaque moment intense, fut-ce une simple aube sur la mer. En jouir seul lui est tellement douloureux que cela le prive presque du plaisir saisi sur l’instant. ** C’est dire.

     

     * in « Rêveuse bourgeoisie », de PDLR (page  517, en éd. folio).

    ** Je ressens très fortement cela car je sais verbaliser depuis peu que c’est précisément ce qui m’a fait écrire et qui a donc décidé de ma vie : le simple fait de ne pas supporter de profiter seul de la beauté du monde, donc mon urgence à la transmettre, à partager avec des mots; le mieux possible…  

     

     

  • Le dernier ours

    227189_14699069_460x306.jpgJe publie, ce 12 novembre, une tribune dans

    Le Monde

    uniquement lisible sur le site du journal,  à propos du dernier ours de souche pyrénéenne...  (cliquez sur le lien ci-dessus pour la lire directement sur le site. Son titre :  Le dernier ours, dans la rubrique Débats, pages Idées. Je le reproduis également en annexe de cette note, ce 16 novembre, car il disparaîtra du site en lecture gratuite à la fin du mois).

    J'attends vos réactions sur la disparition de ce Grand cru classé, laquelle semble laisser indifférents la majorité d'entre nous...

    J'ajoute -je ne l'ai pas précisé dans l'article, que la maladie de peau dont l'ours Camille était atteint, trouverait sa cause dans le stress, lequel était dû à son manque de femelle. Célibataire obligé, eu égard à l'extrême rareté de ses congénères, "veuf" depuis des années, cet ours rongeait son frein.

    Sans anthropomorphisme aucun -je me défends à chaque instant contre ce chamallow-virus et je le combats chez l'autre, je suis sensible à l'image donnée par ce passage, ultime, d'un pan de notre patrimoine, devant une espèce de radar dissimulé... Et cela, tout cela, la cause de sa maladie de peau, son inéluctable disparition surtout, me laissent très songeur.

    Voyez-vous comme, sur cette ultime photo (un document!) de lui, prise le 5 février par un appareil à déclenchement automatique planqué dans la montagne aragonaise, sur une voie de passage habituelle du plantigrade, celui-ci semble s'éclipser, quitter ce monde de dingues, parce qu'il n'y a plus sa place? Sa démarche est celle d'un géant, d'un monument, d'un résigné aussi, et cela ne manque ni de classe ni de mélancolie. J'en suis bouleversé. C'est ainsi : les choses de la Nature parviendront toujours à m'émouvoir davantage que les choses d'un rapport plus direct au commerce humain, si couard, si décevant en somme.

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    POINT DE VUE

    Le dernier ours

    Camille, le dernier ours autochtone de souche pyrénéenne, serait mort. Avec lui disparaît une espèce présente dans nos montagnes depuis 250 000 ans. Et donc une part de notre patrimoine.

    Point de vue

     

    Le dernier ours

    LEMONDE.FR | 12.11.10 | 08h21  •  Mis à jour le 12.11.10 | 11h23

    Âgé d'une trentaine d'années, atteint d'une maladie de peau, la sarna, la dernière photo de l'ours Camille, prise le 5 février dans la vallée d'Anso en Aragon, où le plantigrade avait établi ses quartiers depuis quelques années, avec la vallée voisine de Roncal en Navarre (il évoluait auparavant en vallée d'Aspe), le montre l'échine pelée. Les appareils à déclenchement automatique éparpillés dans la montagne prenaient jusqu'à plusieurs dizaines de clichés de lui chaque année. Eu égard à la faiblesse de Camille, il est peu probable qu'il se soit déplacé. D'où la funeste conclusion qui s'impose peu à peu. S'il en est ainsi, avec lui c'est le dernier vrai ours des Pyrénées qui s'efface.

    C'est bien de l'extinction d'une espèce, présente de façon permanente depuis plus de 250 000 ans qu'il s'agit. La vingtaine d'autres ours qui ont été lâchés dans les Pyrénées depuis une dizaine d'années provient de Slovénie. La souche slovène est identique à la souche pyrénéenne. D'un point de vue biologique, c'est le même ours. Mais le symbole, lui, s'éteint comme un pan de culture se trouve pulvérisé.

    Les associations françaises et espagnoles à l'unisson, le Fonds d'intervention éco pastoral (FIEP), le Fonds pour la protection des animaux sauvages (FAPAS), ou encore Ecologistas en Accion, déplorent l'inertie des pouvoirs publics des deux côtés des Pyrénées.

    Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie annonçait en juillet dernier à Toulouse que le plan de réintroduction systématique avait vécu et qu'il y aurait désormais des lâchers ciblés visant à remplacer les ours tués accidentellement. Une nouvelle ourse slovène devrait ainsi être relâchée dans une vallée du Béarn au printemps prochain. Trop tard pour sauver l'identité pyrénéenne de l'ours brun. Cannelle, morte le 1er novembre 2004, était la dernière ourse de souche autochtone.

    Avec Camille, c'est un peu comme si l'on arrachait les dernières vignes d'un Grand cru classé ou si l'on brûlait la dernière toile d'un maître. Nous avions pourtant fini par nous habituer à une forme d'interventionnisme que d'aucuns peuvent encore condamner, au nom d'un respect absolu de la vie sauvage. Ainsi qu'à une forme d'anthropomorphisme, voire d'une certaine zoolâtrie dans de rares propos ultra.

    Il est question d'un animal mythique dont la charge affective est immense. Nommer les ours avec des prénoms portés par nos enfants peut surprendre. Mais force est de reconnaître qu'il fallait bien agir et ranger certains états d'âme. Le risque de transformer le massif pyrénéen en parc d'attractions est encore loin. Les ours de souche comme les ours slovènes ont su garder leur sauvagerie intacte, malgré les colliers émetteurs et les équipes de surveillance. Cependant rien n'y fit. Voilà l'ours des Pyrénées au musée. Bientôt classé.

    Deux nouvelles naissances, suite au dernier lâcher de cinq ours slovènes en 2006 (deux ont péri depuis), ont été authentifiées au printemps dernier. "L'ours semblable" parvient à se reproduire correctement, par ici. C'est un immense espoir. Il n'aura pas sauvé notre ours local, mais gageons que dans vingt, trente ans, il prospèrera sur les deux versants, de l'Atlantique à la Méditerranée. Et qu'un solidemodus vivendi aura été trouvé avec les bergers, dont les brebis subissent de fortes déprédations. Slovènes ou Pyrénéennes, les griffes d'ours ont la même force : européenne.

    Léon Mazzella tient un blog.

    Léon Mazzella, journaliste et écrivain

     

     

  • Lettre à mon chien

    Cher KallyVasco,

    Un coup d'oeil rapide jeté ce matin sur ton calendrier, à droite, m'a fait rougir. J'ai honte, Kally. Je ne sers plus ta gamelle quotidienne, je te IMG_3032.jpgdélaisses. Je sais qu'en plus ce n'est pas la première fois. Ne m'accables pas. Mais l'avantage avec toi, c'est que tu as des réserves. Ne le prends pas mal, mais tu relèves davantage du labrador sur canapé que du lévrier de course. Tu en conviens, non? Il suffit de plonger dans tes archives pour savoir que l'on peut y puiser des journées de lecture. Bon, cela ne remplace pas la viande fraîche. Ah, les brisures de riz rond mélangées aux morceaux de bourguignon juste saisis aller-retour. Mais voilà, j'écris. Un roman. Un gros roman en plus. Et lorsque j'ai le nez dans un livre en chantier, je t'oublies un peu. M'en voudras-tu? D'ailleurs, ce n'est pas un, mais deux livres que je poursuis. Pas deux lièvres, rassure-toi, mon chien. Et le second est beaucoup plus simple. Alors je repense à un beau passage des Larmes d'Ulysse, de Roger Grenier. Car il en va, un peu, d'un simple blog comme du work in progress. A l'instar du jogging et du marathon. Je te sers ce passage, en attendant. Tu le relis (je pense te l'avoir déjà donné) et après on ira faire un tour, histoire de se dégourdir un peu les guibolles tous les deux...

    Le livre-chien

    Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir? Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours.

     

    IMG_3039.jpg

    ©Marine Mazzella : afin d'illustrer ce propos, voici -par métaphore-, un vrai chien, le setter fou baptisé Keita, photographié par ma fille dans la barthe d'Orist, Landes, le 30 décembre dernier.

     

  • coup d'oeil aux stats

    Ca va, ça vient, chaque jour apporte son lot de musardeurs, mais quasiment pas d'acteurs.

    Exemple : le 12 septembre
    262 visiteurs uniques
    2762 pages consultées

    Et...

    Pas un seul commentaire déposé.

    Alors, je m'interroge, à nouveau, sur le bien fondé d'un blog (comme celui-ci).

    Le(a) fermer est peut-être la solution.

     

     

  • Mimosa Pudica

    mimosa.jpgReprendre la lecture des Ménines, de Velasquez, faite par Michel Foucault, au début de ses monumentaux Mots et les choses, c’est boire une vision lumineuse et infiniment tonique du peintre et de ses doubles.

    Tandis que… Je repense tout à trac (et va savoir pourquoi, té!) à ma chemise tachée de mûres, à chaque rentrée de septembre, au Lycée, à Bayonne (et à ma peau salée lorsque j'allais surfer à La Chambre d'Amour, les matins où je commencais à dix heures... Ou bien herbacée, les aubes où j'allais, d'un coup de moto, faire, fissa, une passée aux grives...).  En me disant que mes enfants, à Paris, n’ont pas eu le bonheur simple et naturel des mêmes taches...

    Je viens d’écrire et d’envoyer le portrait de Beigbeder, inattendu Basco-Béarnais dans l’âme, sous ses allures déjantées de night-clubber posant volontiers pour les port-folio des magazines pipeule. Il y a du Paul-Jean Toulet des Lettres à moi-même chez ce mec. Ce qui le rend sympathique.

    Et c’est ainsi qu’Allah est grand !, aurait conclu Vialatte le Grand.

    Mais je bifurquerai plutôt, en pensant qu’un blog, c’est quoi ? –Un piètre faire-valoir de son auteur en exposition permanente.

    Voyez : mes petits papiers, mes souvenirs (marins et autres), mes lectures, mes humeurs, mes affinités, mes attachements, ma nostalgie, mes emmerdes... Et pourquoi pas, tant qu’on y est, mes petits grattages de tête, ma propre recherche du temps perdu, mon work in progress, mes manques (à gagner) et mes démangeaisons sexuelles lorsque je croise Laetitia Casta, Sophie Duez ou Emmanuelle Béart en faisant mon marché !..

    Allez, va, ce chien (surnom de KallyVasco) n’est, au fond, qu’un miroir flétri qui ne frissonne plus guère, à l’instar de Mimosa Pudica, cette plante sensitive -magique, plutôt- achetée chez Truffaut samedi dernier, et que je caresse du bout des doigts pour la voir se refermer au contact de ma chaleur humaine –parce que, n’ayant pas la main verte, je néglige de lui donner à boire chaque jour.

  • le chien maigrit

    Délaisser le chien. Ne plus le nourrir. KallyVasco est mon chien. Là, à force de reportages, en Catalogne notamment, et de mille trucs inutiles à faire, on lui voit les côtes à mon chien. Et ce ne sont pas celles que les marins espèrent.

    Tiens, mange çà, Kally...
    En attendant des pâtées meilleures, car je repars.

     

    Pasajes, ou Pasaia, pueblo basque espagnol.

    C'est un village de pierre ocre qui a les pieds dans un bras de mer et que nous nous refuserons à comparer à Venise, même si la ressemblance y est frappante par endroits. Ou bien alors, Venise est le Pasajes italien et n'en parlons plus.
    Passée la zone industrielle et le port maritime hérissé de grues monumentales, par Lezo, le contraste est aussi saisissant que lors du passage inespéré d'un nuage sur le soleil de midi : on tombe  littéralement sur un petit bijou tout en longueur -on aperçoit sa hauteur qu'après- nommé Pasajes, ou Pasaia, comme la montagne change soudain de stature et de statut en s'achevant de manière abrupte sur la côte. Nous parlons alors de falaises et le regard, de montagnard, devient étrangement atlantique même si l'on est au sommet du Jaizkibel.
    Le petit village de Pasajes est, dans cette zone - au sens où l'entendait Apollinaire-, une sorte de jardin intérieur, de territoire secret, d'oasis, de femme élue dans la foule grise. D'ailleurs, la réticence naturelle et délicieuse avec laquelle le passant ne vous indique pas directement le chemin mais plutôt le détour : «Pasajes, lequel?» authentifie ce sentiment jaloux. Il y a plusieurs Pasajes. Pasajes San Juan, le port industriel, les faubourgs (faux bourgs?) bref,  le paysage tourne autour du pot et, à l'espagnole, parle  avec beaucoup de bruit et de gestes amples -les bretelles d'autoroute, les ponts, les bateaux, la colline à flanc, les grues- et, au fond, c'est maternellement que le paysage entoure le village pour mieux le préserver des blessures d'un tourisme qui ne serait plus local et convenu. C'est une perle avec, à gauche, des ruelles en pente qui finissent à l'eau et, à droite, des escaliers étroits en guise de ruelles et munis de  rampes, qui montent jusqu'aux arbres, où le village s'achève. D'un côté, cela sent le figuier et la marée, de l'autre l'hortensia et le tilleul. L'atmosphère est présalée, elle hésite entre la mer et la terre. Le village est adossé à la montagne comme un enfant colle  à sa mère, mais il regarde l'océan. Il est entre deux chaises...
    Le partage du village a été fait au couteau : une rue, une seule, Donibane kalea (rue Saint-Jean) qui est un réservoir de fraîcheur et un conservatoire d'odeurs familières, parallèle au bras de mer, ouvre le village. Tous les cinquante mètres environ, une arche enjambe Donibane kalea, car ici les maisons ont des membres et on passe dessous avec le regard gourmand que l'on porte à une danseuse de flamenco lorsqu'elle retrousse ses lourds volants à dentelles.
    Par bonheur, la rue est conçue pour la semelle et par pour le pneumatique. On entre à Pasajes en rangeant son véhicule comme on ôte ses chaussures sur la margelle d'un lieu saint.
    A cause des balcons au-dessus de l'eau, des nombreuses terrasses de restaurants où le merluza en salsa verde  est roi, à cause des goélands, du triple alignement de barques bleues et du retentissement énorme de la sirène des bateaux qui prennent la mer, Pasajes est un port qui oublie les Pyrénées. Mais à cause des vieux coiffés de bérets qui se chauffent sur les bancs, à cause de la belle place aux balcons débordant de géraniums et de linge mis à sécher, qui donnent l'impression que les maisons, elles aussi, peuvent mettre les voiles ,Pasajes est un village hybride. A cause de ces escaliers-rues qui serpentent dans le village en desservant les maisons, qui sont bordés d'herbes folles, qui finissent dans la verdure et qui grimpent sec, et parce qu'on tourne le dos à la mer lorsqu'on les gravit, Pasajes est pyrénéen.
    Ce singulier village a l'audace d'imposer au voyageur son église principale, celle du rez-de-chaussée  du village, tout au fond (il y en a une autre à l'étage  et une troisième à l'entrée) : Donibane kalea profite de son statut de rue unique et donc incontournable pour finir par l'entrée de l'église! Autrement dit, son intention ou son but est, ma foi, obligatoire, sauf à virer de bord vers la gauche, juste avant le perron, jusqu'à une placette habillée de bancs propices à l'attente et aux bavardages.
    Cette église possède, au bout de son porche, outre une immense grille noire qui semble, paradoxalement, en interdire l'entrée, une grande maquette de goélette sous verre et une porte de sortie latérale, côté mer, où l'on retrouve la placette, les bancs, l'attente et les médisances de bon aloi que l'on murmure sous le clocher.
    Comme Pasajes est un village avec un étage, il faut s'insinuer et parvenir à son balcon pour contempler son crâne de tuiles et sa chevelure d'antennes. Le chemin étroit en ciment, rigole. Les hortensias sont bouffis d'aise. L'église du sommet côtoie le sémaphore et l'épaule dans sa fonction d'avertisseur des âmes.
    D'en haut, tout s'éclaircit. Ce petit joyau de village jalousement tenu à l'écart des flots humains, offert chichement avec une parcimonieuse réserve, mais cependant franche, est comme un quartier d'orange retourné. Il fait le gros dos à la manière d'une gondole à re-goudronner, comme un hérisson en boule. Sa vocation de préservation se lit de là comme une évidence. Et  la cicatrice ou la plaie, je ne sais pas, que déroule le ruban de Donibane kalea, fait soudain figure de porte ouverte à l'outrecuidance. Mais passons.  ©L.M.

  • Qui?

    2110 pages de ce blog feuilletées ou lues hier, dont plus de la moitié à 11 heures. Zéro commentaire de la part d'à peine une centaine de visiteurs uniques. Je ne sais pas qui ils sont, qui vous êtes, si vous repassez par là. Mais je m'étonne à chaque fois de cette absence de réactivité. Moi qui pensais qu'un blog était avant tout un lieu d'échange, je m'aperçois que c'est un champ de fleurs sauvages et d'herbes folles où l'on cueille au gré... "Servez-vous".

  • Vacance

    En vacances loin d'Internet...

    Le chien (ce blog) n'est plus alimenté depuis début juillet. 

    Il ne le sera pas jusqu'au début du mois d'août.

    Il vit sur ses réserves, les archives.

    Vous pouvez continuer de déposer vos commentaires sur des notes anciennes.

    Je vous embrasse tous.

    LM

  • un record

     Arrêt sur blog : à la suite de la note Passage du désir, je compte déjà 67 commentaires ce matin.

    Un record sur KallyVasco, je crois.

    Continuez!

    Merci de vous inviter ainsi à cette auberge.

    Et bienvenue aux inconnus de passage.

  • bon, allez, j'ose...

    http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/blogapart/index.php?id=56652

    Je le savais depuis le début (juin 2007), mais je ne voulais pas en faire état. Cela fait (à ma connaissance) deux fois que ce blog est cité par France Inter (lien ci-dessus), comme un blog du plaisir, bla-bla, un blog intéressant et dédié aux bonnes choses et bla-bla et recommandablablabla... (une fois par Alexandre Boussageon, une autre par David Abiker). Et puis ce matin, je me suis dit : on est une petite poignée à échaffauder ce blog, il faut que j'informe les doigts de la main.

    Merci à vous d'enrichir KallyVasco chaque jour et chaque nuit! Il n'est qu'à citer le 24ème commentaire, qui vient juste de tomber sous  la note "Oblatif, oblada...", d'un certain Blond d'Aquitaine, pour se convaincre de la qualité des intervenants!.. Un blog est un produit en commun. 

  • Trois fois je me demande si...

    (variétés, suite)

    Mardi. Muriel et Pascale toujours aussi belles. Surtout devant une assiette d’antipasti del nonno. À côté d’elles, les brunes qui passent devant la terrasse paraissent fades. Ce sont mes sœurs, pourquoi ? La voiture sent le renfermé après quatre mois de jachère. Putain de garde à vue (penser à créer ce Prix littéraire que je nommerai Le GAVé. Il récompensera le plus beau récit de Garde A Vue. Avis…). Bosser avec Gérard et les filles me fait aimer le travail autant que la plage. Gérard conduit trop. Ses aller-retour hebdomadaires à Izotges, Gers, le crèvent. Nous n’irons pas au bal, ce soir. En revanche, l’œil malicieux de Sophie invite à décompresser autour de deux Perrier-tranche. Notre amitié cristallise comme un pot de miel au fond d’un placard de résidence secondaire. Elle a un dîner. Sur son visage, je lis une sérénité qui me fait plaisir. J’aime Saint-Germain-des-Près en cette saison, encore basse. Rien ne presse. Personne ne m’attend, excepté le chat de ma fille, à l’appétit vagabond. Havanes, librairie. Enfin échoué, je dépose ma carcasse, sac de marin, savoure mon être-au-monde en regardant le ciel noir que je sais étoilé. Le quotidien oblige à négliger notre conscience du pur bonheur d’exister. Léonard Cohen, un thé vert, mon chien (ce blog). « Et si la littérature était un animal qu’on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu’il faut aimer, nourrir, sortir ? » (Roger Grenier). Pour un peu, je me sentirais à la campagne. Manquent les parfums de la nuit : menthe glacée, ronce, terre tiède.  

  • Deux fois je me demande si...

    (otra version sur "l'art" de ne rien dire)  

    Le mardi, je déjeune en compagnie de mes deux sœurs. Nous sommes allés chez La Nonna Inès aujourd’hui, rue de l'Arbalète. L’évocation de nos parents disparus a encore besoin de drôlerie pour habiller la tendresse. Elles sont belles, mes sœurs. J’observe notre trio, désormais serré comme un bouton de rose. Il ne saurait faillir. J'ai démarré la voiture avec une impression inédite. Je ne l’avais pas utilisée depuis quatre mois. Suspension de permis. J’ai rejoint Gérard, Marie et Sophie à Montrouge. Nous avons travaillé –dans la joie comme toujours, à plusieurs dossiers. En fin de journée, Marie est partie et Gérard opposa une réelle fatigue à ma proposition d’aller dîner. Nous avons pris un apéritif amical et complice, Sophie et moi, au Café Cassette. Avec Le Vieux-Colombier, ce furent mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Sophie avait un dîner. Je lus la sérénité sur son visage. Elle manifesta un bien-être raffermi. J’ai flâné à St-Germain avant de rentrer. L’air était doux, la lumière tendre. Je me sentais bien. J’ai échoué à trouver "Diego et Frida", de Le Clézio, à la librairie L'Ecume des pages, puis j’ai acheté un havane orné d'une bague étrange, mentionnant "Exclusivo Francia". Je viens d'arriver, il est vingt-deux heures, je n’ai pas faim. Je nourris le chat de ma fille, pensionnaire depuis hier soir pour cause de déménagement. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. J’affale ma voilure, relâche la carcasse, me sers un thé vert à la menthe, allume le havane, lance Ten New Songs de Léonard Cohen, flâne sur mon blog. Note ceci...
    La lune monte. Le ciel paraît noir. Je le sais étoilé. Je prends conscience de mon être-au-monde. Le quotidien empêche de savourer le pur bonheur d’exister. Demain, je me lèverai tôt, prendrai le petit-déjeuner dans le salon baigné de soleil et retournerai aux écritures.
     

  • Kahlo


    En me baladant dans les archives de ce blog pour y faire un peu de nettoyage, je suis tombé sur ce "post" d'un biographe de Frida Kahlo, posé à la suite de ma note intitulée "Deux mains" (archives, colonne de gauche, catégorie "tu es plus belle...", samedi 22 avril 2006).

    http://pagesperso-orange.fr/editions-du-jasmin/liv533.htm

    J'ignore si son livre est bon, mais j'aime la peinture et le destin de cette femme. Vous aussi peut-être. Je vous le signale donc.

    Le premier qui va voir cela de près en fait part !.. 

     

  • ECRIVEZ!


    Vous étiez environ 400 visiteurs uniques, hier. Deux ou trois (les fidèles) ont de nouveau participé. Ecrivez! Un blog est un outil interactif, pas seulement une offrande. Je ne souhaite pas que KallyVasco devienne une BD qu'on lit, assis peinard dans un coin à la Fnac, et que l'on range avant d'en prendre une autre, puis de sortir du magasin. Ecrivez!

  • locus, le lieu

    " Si l’on s’en réfère à Michel Serres, le logement c’est le « locus »,
    Le lieu. Et le lieu a plusieurs significations étymologiques.

        * la première, c’est le sexe féminin, la matrice, l’endroit où tout commence, l’endroit de la naissance.
        * la seconde est le sanctuaire, le cimetière. Est-ce un simple concours de circonstance si aujourd’hui au Caire, de nombreux sans abri ont investi le cimetière pour en faire leur logis ?
        * la troisième, c’est la chambre ou, plus exactement, le lit. L’auge, le nid, la tanière… n’importe quel animal à son lit, son endroit où il peut se réfugier, où il peut se ressourcer, ou il peut se soigner.
        * celui qui n’a pas de lit est interdit de rêve, le lit c’est la vie !
        * par conséquent le droit au logement au sens propre du terme est un droit fondamental. Le refuser à certains est alors un acte plus vicieux que la peine de mort. il est essentiel qu’une société dite civilisée légifère de toute urgence là-dessus. Ne pas le faire exprime que le monde dans lequel nous sommes n’est pas encore sorti de la barbarie. "

    Morceau choisi sur le site d'un cabinet d'architectes Marseillais de grand talent : www.corso70.com Allez-y voir pour le plaisir de découvrir une architecture animale, instinctive, maternelle et qui surgit de la terre en mêlant les éléments, parce que passer de la Nature à la Culture, pour un architecte, est toujours un déchirement comme on dit; un enfantement douloureux.

    La clé d’ARM (c'est le nom de ce cabinet d'archi.) se trouve dans le propos de Paul Virilio, in Collèges Renoir et Rostand -l'une de leurs réalisations :


    « C’est de l’architecture archaïque, c’est-à-dire quelque chose de naissant. Qu’est-ce que le primitivisme ? C’est ce qui naît. Les douleurs de l’accouchement, ce n’est pas poli, lavé avec une brosse à reluire, c’est vivant !.."

  • La face cachée...

    ... d'un blog, ce sont les commentaires qui sont déposés par vous, dear bloggers. Témoins ceux de Benoît et TiBo sur la dernière note (Il Gattopardo) : l'iceberg est à l'endroit. Les commentaires dépassent largement le texte qui les a initiés. Ceci pour vous dire, et pour vous inciter, surtout, à écrire, à réagir, à commenter, à dire, haut et fort, ce que, vous tous qui passez par là, ressentez et pensez. Merci de votre participation. LM

  • Haïku, le blog ami

    Nous y prélevons ceci (*) ce matin, comme on cueille une primevère à l'épaule d'un talus. La sensibilité de son auteur semble n'avoir aucune limite. L'enchantement qu'il nous procure, à nous lecteurs, nous rend soudain plus délicats, ralentit nos gestes et nous incite tout à trac à regarder ce que nous ne faisions que voir l'instant d'avant. J'aimerai toujours la littérature pour la magie qu'elle engendre instantanément, sans jamais nous prévenir. 

    (*)

    "Je réfléchis mieux
    La tête
    Entre tes seins"

     

     

     http://aliquante.hautetfort.com/

     

  • Fermer son blog


    C'est Alina Reyes qui m'a alerté l'année dernière. Elle fermait le sien, convaincue du gâchis de la chose, parce qu'une armée des ombres pompe la substance des blogs comme autant de sangsues sans vergogne. En toute impunité, à la manière des pillards sur un champ de bataille. A se demander si Yannick Haenel, accusé par Aline Nardone, "survivante" d'Alina Reyes, d'avoir plagié le dernier roman de "feue" Alina Reyes, n'a pas construit son Cercle (Gallimard) à partir des coupes de Forêt profonde (Le Rocher) qu'Alina donnait, innocemment, sur son propre blog (qu'elle vient de rouvrir pour l'occasion, ai-je appris). Je l'ignore, n'ayant lu aucun de ces deux ouvrages. La polémique n'a pas eu lieu, comme elle a surgi entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq (et leur éditeur au milieu, P.O.Laurens). Alors? Fermer son blog or not. J'avoue que certains jours, je donne à manger à mon chien (c'est ainsi que je désigne le fait d'ajouter une note ici même) en étant saisi d'un sentiment pregnant de vacuité, d'inutilité, qui ne s'apparente, hélas, ni à un acte gratuit, ni à un geste surréaliste; mais à rien. Sauf à un lancer d'avion en papier, comme on continuera encore d'en faire longtemps dans les écoles primaires. Chacun sait plier la feuille. Lancer, c'est autre chose. Jamais nul ne sait à l'avance si l'avion de papier piquera du nez aussitôt ou s'il effectuera un joli vol, dont la durée (et c'est beau à cause de cela) n'excèdera pas quelques secondes. Ah! Si nous pouvions faire ainsi des livres de sable, chers à Borgès...

  • Magnanime

    En feuilletant ce matin les archives de ce blog, ce que chacun peut faire, je reprends cet extrait d'une note écrite le 26 octobre 2006, il y a pile un an : la peinture comme le papier-peint n'ont pas encore besoin d'être changés.
     
    "On devient vraiment majeur en donnant à ceux qui ont lâché les chiens contre nous sans savoir ce qu'ils faisaient le geste de paix nécessaire à une vie par-delà le ressentiment - trop coûteux en énergie gaspillée. La magnanimité est une vertu d'adulte. (...) Serein, sans haine, ignorant le mépris, loin de tout désir de vengeance, indemne de toute rancune, informé sur la formidable puissance des passions tristes, je ne veux que la culture et l'expansion de cette "puissance d'exister" -selon l'heureuse formule de Spinoza enchâssée comme un diamant dans son Ethique. Seul l'art codifié de cette "puissance d'exister" guérit des douleurs passées, présentes et à venir".
    Michel Onfray, La Puissance d'exister, Grasset.

  • Merci Benoît!

    Benoît Jeantet, hédoniste dingo de rugby, de poésie et de gastro, me rend cet hommage, surpris sur la Toile ce matin tôt, et son blog s'appelle rugbymane :  http://rugbymane.blogspot.com Son auteur (que je remercie -au passage- très chaleureusement pour sa note) le définit ainsi : "Ceci est le journal d'un malade de la chose ovale, devant apporter la preuve de l'apparition d'une nouvelle addiction "contractable" sur tous les prés du monde. C'est la vengeance de la pelouse. Entre nous on l'appellera "rugbymanie"...

    D'ailleurs, le dernier numéro de l'élégante revue ATTITUDE Rugby (arrivé pile hier matin tandis que je matais des photos splendides avec son auteur Michel Birot, par ailleurs Rédacteur en chef de ce magazine) publie un extrait du blog de cet esthète de l'Ovale qui a plus d'une passion dans son sac.

    Benoît Jeantet est un blogueur fou : il en anime deux autres : http://foodingpoesiesdujour.blogspot.com/ (poésie) et :  http://papadebloguetotal.blogspot.com/ (allez-y voir!..).

  • Moi, chochote?..

    Comme souvent, je clique sur "Nouveaux blogs mis à jour" pour voir ce que les autres expriment sur leur blog. Là, il y a 2 minutes, j'ai cliqué sur http://lesitedemamere.hautetfort.com/ et je me suis posé la question : es-tu devenu ringard, léon, au point d'être un chouia choqué par un tel propos? Ou bien n'as-tu pas compris qu'il s'agissait du second degré, d'un qui joue avec Oedipe sans aucun complexe? Bref, il y a parfois, dans la blogosphère, d'étranges expressions. Mais passons...

  • ALERTE !

    je vois avec stupeur, à l'instant même, dans la colonne "derniers weblogs mis à jour" (c'est le cas de le dire), le blog des élus front national de lorraine... je clique et je referme aussitôt pour écrire cette alerte :

    comment se fait-il que sur hautetfort, a priori fréquenté par du littéraire notamment, nous ayons ce genre de voisins nauséabonds?

    je m'interroge sur le principe modérateur des blogs.

    existe-t-il sur hautetfort?

    qui peut me répondre.

    car si le fn s'invite avec tant de facilité ici, moi je me casse fissa de hautetfort.

    "pas de liberté pour les ennemis de la liberté"...