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Fajardie


fajardie.free.fr/

L'un des pères du néo-polar vient de nous quitter. 60 ans. Cancer. Sale affaire pour ce compagnon de route de Daeninckx et Manchette. Auteur de nombreux polars à la française avec des héros à la manière de l'Inspecteur Harry, nobles et franchouillards, auteur d'un paquet de romans, parfois historiques, de quelques pamphlets, Frédéric H. Fajardie a aussi écrit presque autant de nouvelles que Maupassant.

Je me souviens de l'avoir rencontré chez lui, dans sa ferme normande, une nuit d'ivresse, au cours des années 92 ou 93. J'avais commencé la soirée en compagnie de Denis Tillinac et de Françoise Blondin, de bar en bar (tous ceux qu'Antoine avait fréquentés). Pélerinage rude. Nous fûmes battus à plate couture par une veuve droite comme un I, après pas mal de canons descendus. Elle rentra néanmoins se coucher. Nous la raccompagnâmes. Là, Denis dit : on va voir Fajardie, t'as une bagnole? Mais c'est loin, sa Normandie! Qu'à cela ne tienne. Saint-Christophe fut du voyage, c'est indubitable, car nous arrivâmes sans tonneau à destination vers 3 heures du matin. Pleins phares, klaxon bloqué devant les grilles. Frédéric se réveilla, saisit son fusil de chasse et le pointa sur les hurluberlus depuis la fenêtre la plus haute de la ferme. C'est lorsqu'il reconnut Tillinac qu'il baissa son arme. Suivirent agapes. Trois jours d'amitié, de liesse et de littérature pourfendue. Souvenirs... Ciao, Bello! Je bois un thé vert à ton talent. Car c'est ainsi, désormais. Je te relirai souvent.

Son oeuvre, partiellement reprise dans Le Livre de poche, Folio, La Petite Vermillon (LTR) et Babel (Actes Sud), est parue -essentiellement- chez Mazarine, Lattès, Fayard, Les Mille et une nuits, La Table ronde, Actes Sud et, pour les derniers ouvrages, aux éditions des Equateurs. 

 

 

Commentaires

  • ben c'est une bien triste nouvelle et un hommage sobrement distillée par le biais d'une anecdote pas toujours éthyliquement corréqueu...Bleu de méthylène, rien que celui-là...

  • Yep!.. Et "Brouillard d'automne"! Mon premier Fajardie. Inoubliable polar. J'ai retrouvé le plaisir de ce genre littéraire (que je ne fréquente guère) avec Vargas (Dans les bois profonds)...

  • dites voir "arriver sans tonneau" à destination après de telles blondines libations...en fin de bouche marrant ce goût moiré d'oxymore...

  • Oui, c'Était fastoche, bon. Je ne suis pas du bois dont on fait les bourriques...

  • bon , alors vous seriez du bois de ressenti, dont les volutes une fois tout ça embrasé laisseraient échapper comme une effluve épicée haut hissée vers un ciel couleur de terre...manière mazzelienne de bois de senteur...maouais lyrisme matutinal...au secours un café...un double serré.

  • -La même chose, poulette! Avé un croissant. Non! Une tartine, plutôt. Té, passe-moi "Metro", toi, au lieu de dégoiser!

  • Excusez-moi d'interrompre votre joute littéraire : "Dis-moi, Léon, au détour d'une de tes étagères, tu en aurais un à me prêter ? Je n'ai jamais rien lu de lui, tu te rends compte !!!

  • je te passerai "Brouillard d'automne". Bisous

  • Fajardie c'était une écriture brève, un peu sèche, au service de romans noirs d'une violence inouïe; un style qui claquait "la canicule s'était abattue sur la ville comme une main sur un moustique, si bien que la rapidité du changement atmosphérique conjuguée à la puissance de l'amplitude avait mis la capitale quasiment K.O" ( bleu de méthylène, dispo en folio )rempli de jolies choses " il songea qu'il lui avait fallu presque une année pour définir avec précision l'odeur de l'herbe coupée: un parfum sucré de pain d'épice et de miel"( bleu de méthylène encore); évidemment et selon les codes du genre( genre qu'il dépoussiéra) bourré d'humour ( l'homme officia en tant que critique littéraire à Charlie Hebdo)" les krishnas, puisque c'était eux, semblaient exécuter leur habituelle bourrée comme au ralenti." voire aphorique"difficle d'allier les épanchements et les rapports hiérarchiques"et souvent de ses romans en trompe l'œil affleurait comme il l'écrit ( toujours bleu de méthylène mon préféré ) " une image de fin du monde, un univers qui se délite."

  • Et sa poésie de crépuscule ( éthique groupusculaire, clause de style) scellait le destin de ses romans dès le titre. Le loup d'écume. Le faiseur de nuées...Une poétique du désespoir. Une petite mécanique de la mort. Quelque chose noir dirait Roubaud, porté par une petite musique lancinante en sorte d'hypnotisme à la portée de tous...

  • Belles connaissance -et évocation- du sujet. Bravo.

  • Moi je connais son fils, Thomas. Jamais rien lu du père d'ailleurs.

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