Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

KallyVasco - Page 18

  • Grèce de canard

    A LIRE DANS "MAISONS SUD-OUEST" QUI PARAÎT JUSTE, LÀ, ce reportage que j'ai réalisé sur "Le Bordeaux de Xira". En voici les premières et les dernières lignes. Le reste? -en kiosque, té!..
     
     
    D’aucuns ignorent qu’il y a dakis derrière et Jean-Pierre devant, tant Xira est connu par son diminutif. Jean-Pierre Xiradakis, le moins Grec des Bordelais, le plus Bordelais des Grecs, le plus Gascon des hommes de goût (avec une poignée d’autres, de la trempe d’un Jean-Jacques Lesgourgues ou de celle d’un Jean Lafforgue), que la Gascogne ait engendrés depuis un bail, Jean-Pierre Xiradakis fait partie des meubles de sa ville, entrée au Patrimoine de l’humanité le jour où nous réalisions cette interview. L’Unesco, ça va donner 30% de tourisme en plus. La belle cité des 3M (Montaigne, Montesquieu, Mauriac) feint de n’en avoir pas besoin. Demeure British jusque dans ses moindres, ou planétaires, affectations. Avec son miroir d’eau, devant la Garonne et face à la somptueuse Place de la Bourse, que les pieds nus des Bordelais se sont immédiatement approprié et quantité de rafraîchissements et autres ravalements de façades, la ville a été refaite à neuf, briquée comme une pièce de cent sous, y compris sa rive droite, qui revit depuis quelques années. Le long des quais, à deux arrêts de tramway de la Gare St-Jean, se trouve une porte, moins impressionnante que l’une de ses voisines, la Porte-Cailhau, sous laquelle ont longtemps siégé les précieuses éditions de l’Orée, de Martial Trolliet (en voilà un autre, authentique Gascon !) : la Porte-de-la-Monnaie. À l’instar de la rue Vital-Carles que l’on pourrait rebaptiser rue Mollat en ajoutant librairies Vital-Carles, la rue Porte de la Monnaie pourrait être rebaptisée un jour rue Xira ; restaurants de-la-Monnaie. Une institution y trône au premier angle, c’est la Tupiña. Avec un tilde (prononcez « énié ») sur le « n ». Même s’il ne figure pas sur tous les documents et même si Xira lui-même s’en fiche un peu, que cette moustache capricieuse repose ou non sur le « n » du nom de ce restaurant, qu’il acheta pour une poignée de lentilles, comme le père Tari acheta château Giscours une poignée de pois chiches et comme Curzio Malaparte acheta sa fameuse maison à Capri une poignée de figues...
     
    ...Alors c’est vrai qu’une rando à pied en sa compagnie dans les rues méconnues du « Bordeaux de Xira », du côté des « Capu », de la rue Elie-Gentrac, de Saint-Michel dans les coins, peut ressembler à une présentation en règle de ses copains fournisseurs ou pas, d’ailleurs. Du genre : je vous amène des journalistes. C’est précisément là que réside la générosité du bonhomme, que d’aucuns (encore eux !) confondraient avec de l’opportunisme déguisé. Sous-genre : j’avance toujours, pedibus cum jambis, dans les rues de ma ville, chaque matin dès 8 heures, précédé de mon ventre (fais un peu gaffe, Jean-Pierre) et suivi d’une Cour « Pressée ». Après tout, l’Ambassadeur number one des produits authentiquement sud-ouest fait son boulot. Et bénévolement en plus. Sa ville le lui rend bien. Comme le Candide de Voltaire cultivait son jardin, le faux Candide Xira, en vrai bretteur gascon, sait cultiver ses connexions.  On le dit large avec « qui il faut ». Paroles de mauvaises langues, donc de mauvais palais. De buveurs d’eau. Xira a toujours su de quel côté la tartine était beurrée. C’est tout. Sinon, il n’aurait pas fait cuisinier. Mais taupinier.  

  • ovalire

    Il y avait rugbymane, le blog rugby-littéraire de Benoît Jeantet (lien ci-dessous colonne de gauche), voici http://lachoule.blogs.paramourdurugby.com  C'est un autre blog intello de la chose ovale. Allez-y c'est du sûr.

    • News rumeur : Chabal, sortira ce soir des vestiaires avec la boule à Z et rasé de frais. Info ou Intox?.. 

    News perso : Et mon fils (il commence le rugby cette année) qui s'est fracturé le pouce avant-hier à l'entraino de sélection du PUC en se prenant le ballon et la godasse d'un autre à bout portant! Urgences à Cochin jusqu'à pas d'heure (on adore), 3 semaines de plâtre! Pour son 2è entraino, c'est pas du jeu!.. Si encore il avait essayé de se la jouer Imanol!.. 

    (Photo ci-dessous : figlio mio avec qui vous savez, en août 2006 dans le resto que Bernie possède à Arcachon, à l'issue d'une interview que je réalisais pour VSD, à propos des vins de  Gaillac qu'il signe. ©L.M.).

    d00b313b4fbf5d1487a4f5f0ecbb895a.jpg

  • Hypnos

    "Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé."

    René Char, Feuillets d'Hypnos (fragment 59).

    Comment réagissez-vous à cela?.. 

  • l'amour arrête les véhicules

    37d2d46507afa3ca3186386a9a29f0e8.jpg

    Feu rouge à Saint-Paul (dans le Marais à Paris) saisi par ma fille. Il faudrait photographier ce genre d'initiative parisienne : le mot Amour taggé un peu partout, sur les trottoirs notamment, en est le plus joli exemple.

    Mais le faire aussitôt, car certains ne tiennent pas longtemps : ce coeur a déjà disparu, arraché par les services municipaux, davantage chirurgicaux que poètes et qui n'adressent  guère de télégrammes à la Yves Montand (Vous savez!  Le fameux : "je-t'aime-je-t'aime-je-t'aime-je-t'aime-3-fois"...) 

    Photo : ©Marine Mazzella

  • Ovalittérature

    Au journal « Sud-Ouest », où il officia et où j'étais également reporter, Patrick Espagnet fit exploser son talent de journaliste sportif. On avait coutume de comparer Patrick à Antoine Blondin, c’est notre Blondin, résumait-on. Ses vrais amis préféraient dire de Patrick qu’il était leur Espagnet. Son style, ses portraits inoubliables des Rapetous du CABBG, le club de Bègles, ses amitiés ovales, sa faconde et sa générosité n’avaient d’égal que son talent immense et ses propensions à se foutre dans des colères blacks lorsqu’il avait un peu bu. Ce qui arrivait fréquemment. Ce que nous lui pardonnions tous. Enfin, presque tous (la drection du journal vit cela d'un oeil de plus en plus torve, à la fin). Patrick a laissé quantité de reportages sur le rugby qui lui ont valu une moisson de prix de journalisme sportif, et un bouquet de nouvelles ciselées comme des diamants remontés brut de pomme d'une mine d'Af'Sud. « Andy » est l’une d’entre elles. Elle résume, depuis un coin paumé de Nouvelle-Zélande, le lien viscéral qui unit tous les membres de la famille ovale. J’ai envie de vous offrir les premières lignes de ce texte, en hommage à une plume du rugby disparue trop tôt, le 18 janvier 2004. ¡Adios amigo! Adiou lou Patrick de Grignols! LM

    ANDY

      « Masterton. Nouvelle-Zélande. Un drôle de bled. Un trou du cul du monde qui aurait pas de fesses. Des rues coupées au couteau, droites et longues et qui sentent autant la vie qu’un cyber-café sent le bistrot.
      Deux pubs. Quelques magasins de fil de fer barbelé, de clôtures en tous genres. Quelques garages de machines agricoles. Des épiceries achalandées comme pour passer les Rocheuses. Des gens costauds, sympathiques et lisses, usés comme des pionniers.
      Masterton. Deuxième match de l’équipe de France de Berbizier en Nouvelle-Zélande. Un match du mercredi, comme on dit en tournée. Un match de peu, mais avec toutes les trouilles. Celle des remplaçants qui aimeraient bien gameller à  l’auge des tests. Celles des titulaires qui ont peur de lâcher le fricot. Déjà le Catalan Macabiau semble sur le point de goûter le bois du banc…
      Le groupe, comme ils disent, est tendu. Avec des clans qui paraissent s’observer. Sans vraie joie. Avec un entraîneur plus abbé de Lannemezan que jamais.
      On a mis cinq heures de bus pour arriver là. On rencontre même pas une équipe de province. Simplement il s’agit, en toute reconnaissance pour immenses services rendus, de faire plaisir à Brian Lochore, le magnifique et mythique numéro huit Black des années soixante. Il est éleveur de moutons, comme presque tout le monde ici. Un colosse à la gueule de John Wayne mais dont on soupçonne qu’il n’aura jamais besoin d’une Winchester pour inquiéter la menace… »  Patrick Espagnet, in : « XV Histoires de rugby », éditions Culture Suds, 3, rue Sansas, 33000 Bordeaux.



  • Blue touch

    c7e3371b8af3792c14078ae9416ffa08.jpg

     Bernie et Jo à Marcoussis lors de l'annonce de la composition de l'équipe des Bleus qui allait affronter les Blacks chez eux en juin dernier. ©Léon Mazzella.

    Et nous sommes nombreux à être contents d'apprendre, ce matin, que les "cotches" viennent de titulariser Chabal pour faire brouter du trèfle aux Verts, vendredi soir à Saint-Denis (avec Ibañez au talonnage et re-Michalak - Elissalde, charnière si brillante la semaine dernière). Face au bataillon de blessés (Skréla, Pelous, Harinordoquy) il va falloir une solide ligne arrière. Irish Mist peut faire mal, très mal. Car nous devons oublier dare-dare le triomphe sans gloire d'une victoire sans péril contre des Namibiens pénétrables en défense comme un pain de beurre sorti du frigo depuis deux heures, dans ma cuisine baignée par un Eté Indien de la mort de ta race... Une victoire beaucoup moins remarquable que celle qui consista à trancher fin du rosbif surgelé, façon carpaccio, avec des lames Boks effilées, méthodiques et acharnées à infliger un zéro pointé. On fait difficilement plus humiliant pour the Rose, sur une pelouse froggy... 

    L'équipe.- Poitrenaud ; Clerc, Marty, Traille, Heymans ; (o) Michalak, (m) Elissalde ; Dusautoir, Bonnaire, Betsen, Thion, Chabal ; De Villiers, Ibañez (cap.), Milloud.

    Remplaçants.- Szarzewski, Poux, Nallet, Nyanga, Beauxis, Jauzion, Rougerie.

     

    Sujet : que vous inspire cette photo? Répondez en quelques lignes. 

    Rappel en forme d'autopromo : si vous ne l'avez pas encore, précipitez-vous chez votre marchand de journaux et achetez "The" hors-série rugby spécial Coupe du monde de VSD. Mais magnez-vous! Il est là depuis bientôt 8 semaines et il va pas tarder à être retiré. Après : raaaak! finito de bayona!

    b338a7e308c74bca6dc1d51405829681.jpg

     

     

     

  • tir, le feuilleton

    Pas mal, l'idée de Leroy (Alabama song, au Mercure) de se mettre dans la peau de cette tarée de Zelda et de nous montrer Fitz sous l'angle : j'ai vécu avec cette folle, mais j'étais bien atteint moi aussi...

    A quand une fiction semblable sur l'une des égéries de Hem'?.. 

    A part çà, la cuisine d'Antoine Westermann, chef du Drouant, est assez roots-grand-mère Reloaded. Intéressant. 

  • Corse Paradise

    Le magazine VOYAGEUR n°3, qui vient de paraître, publie un reportage que j'ai effectué chez Paul Canarelli, près de Sartène en Corse du Sud.

    En voici les premières lignes. Les photos, extraordinaires, sont signées Erick Bonnier (sauf celle-ci, qui montre Erick l'oeil dans son boîtier et Paul, en retrait).

     54be91f8636fccabe1de993af79ff3ba.jpg

    Le paradis des chasseurs existe. Il se trouve en Corse, au Domaine de Murtoli, au creux de la vallée de l’Ortolo. 2000 hectares de maquis giboyeux, d’une sauvage beauté...

    Paul Canarelli habite une sorte de paradis. La phrase a l’air banale, comme ça, posée comme une certitude. C’est pourtant vrai. Et celui qui se rend chez lui le ressent comme une évidence. Le Domaine de Murtoli, dans le sud de la Corse, du côté de Sartène et vers Porto-Vecchio, c’est un cordon de littoral de 8 km de plages privées et 2000 hectares de maquis montagneux traversés par une rivière, l’Ortolo, le tout clôturé et parsemé de maisons habilement dissimulées dans la nature et toutes d’une beauté époustouflante. Chacune possède sa piscine et ses agréments divers selon sa taille (hammam et bar extérieur notamment) et a été aménagée avec un sens extrême du raffinement qui échappe au luxe dans ce qu’il a de m’as-tu vu. Ici, tout est discrétion, matières brutes, détails subtils, harmonie des tons et de l’espace. L’espace, c’est l’horizon bleu, le silence du maquis, à peine troublé par l’envol d’un perdreau ou d’un faisan et par le passage furtif d’un sanglier. Les petits chemins sinueux qui y conduisent sont difficiles car le repos à Murtoli se mérite jusqu’au bout. Cette alliance du rustique et du raffinement produit justement cette magie, unique.

     

  • tir, suite

    Lesbre (excellent livre) çà changerait à tous points de vue.

    La Bayonnaise Darrieussecq est un sérieux challenger pour Claudel, Assouline et peut-être Salvayre.

    Adam l'aurait dévantage mérité avec "Falaises".

    Haenel va-t-il créer la surprise? Sinon, c'est un Médicis idéal.

    Je ne parle pas du ridicule qui ne tue pas : le-Nothomb-de-septembre.

    Ni de l'obstination de Poivre Bros à sortir un truc chaque année juste pour avoir le Goncourt, dirait-on...

    J'ignore ce que valent les autres, mais je vais aller voir de plus près le Leroy et le Rosenthal.

    En attendant, je déjeune demain chez Drouant tout à fait par hasard.

    Cuisine et littérature? -Ail, ail, ail!.. 

  • tir sélectif

    TOUT EN ECOUTANT "MY FATHER" PAR NINA SIMONE, JE VOUS PROPOSE DE VOTER POUR LE GONCOURT, DONT LA PREMIÈRE SÉLECTION VIENT DE TOMBER, COMME TOMBENT LES FEUILLES. MORTES. (my choice is done)

    L'Académie Goncourt a publié mardi sa première sélection pour son prix, qui doit être attribué le lundi 5 novembre.

    Olivier Adam : "A l'abri de rien" (L'Olivier)

    Pierre Assouline : "Le portrait" (Gallimard)

    Philippe Claudel : "Le rapport de Brodeck" (Stock)

    Marie Darrieussecq : "Tom est mort" (P.O.L.)

    Vincent Delecroix : "La chaussure sur le toit" (Gallimard)

    Delphine De Vigan : "No et moi" (J.C. Lattès)

    Michèle Lesbre : "Le canapé rouge" (Sabine Wespieser)

    Clara Dupont-Monod : "La passion selon Juette" (Grasset)

    Yannick Haenel : "Cercle" (Gallimard)

    Gilles Leroy : "Alabama Song" (Mercure de France)

    Amélie Nothomb : "Ni d'Eve ni d'Adam" (Albin Michel)

    Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : "J'ai tant rêvé de toi" (Albin Michel)

    Grégoire Polet : "Leurs vies éclatantes" (Gallimard)

    Lydie Salvayre : "Portrait de l'écrivain en animal domestique" (Seuil)

    Olivia Rosenthal : "On n'est pas là pour disparaître" (Verticales)

  • Le Monde 2 p.73

    01f34052d2e5125354bf0ac2f6ec2d5f.jpgPHOTOS ©MARINE MAZZELLA
     
    Une page consacrée à ma fille Marine, dans "Le Monde 2" -ci-contre- lequel publie 2 de ses photos (qui faisaient partie de sa première expo de mai dernier, dont celle ci-dessus) sur le thème des verres en mouvement (verres et bouteilles de vin). La page s'intitule "objets animés" et Marine leur donne une âme. Son père est fier. Normal, nan?!.. Ce n° du Monde 2 est entièrement consacré au rugby, il est en vente à Paris aujourd'hui et en province demain. 
     
    Nota Bene :
    "le prix de l'exclu mon cul"
    remarque amère sur les photos de Michel Birot et autres auteurs de son agence Sport Attitudes, qui paraissent dans ce n° du Monde2. L'une d'entre elles (un essai de Chabal, en page 63) est parue dans le hors-série rugby (pp.14/15) que j'ai réalisé entièrement pour VSD, avec l'assurance de Michel Birot, "qu'au prix où il me cédait ses photos, elles sortaient de la sélection et ne paraîtraient nulle part ailleurs"... Moi je crois ce qu'on me dit et je paye donc le prix fort, rugby sur l'ongle!.. Ce mec a beau avoir du talent, il n'a donc pas de parole. Et pour moi, la parole vaut davantage que le reste, mais passons... Webb Ellis reconnaitra un jour les siens. 
    Par ailleurs, la superbe photo d'Ibañez qui illustre l'ouverture de la séquence sur les XV de ce hors-série de VSD, fait la couv. du Fig'Mag. d'aujourd'hui. Mais son auteur ne s'étant pas engagé de la même manière, je n'y vois aucun inconvénient et j'éprouve même de la fierté à l'avoir sélectionnée et publiée en juillet... 

  • Je l'aime encore

    Quart d'heure autopromotionnel spécial autocopinnage grave : voici le texte de quatrième de couverture de mon petit livre "Je l'aime encore" (Abacus). Si vous avez du mal à le trouver chez votre libraire de quartier, vu que vous allez tous y foncer, @-moi! -Je vous arrangerai le coup...

    "Cette femme n'est pas dans les livres, ni dans les rues, ni dans un autre monde ou dans une autre ville. Cette femme, j'en aperçois la silhouette, une chevelure à peine. Elle a des gestes ingénus qui me font défaillir. Cette femme existe. C'est elle. Je peux désormais me balader comme un aveugle dans la ville. Elle m'a dit : je veux te montrer du doigt et penser et dire que tu es l'homme que j'aime. Je sais aussi nos craintes et notre empressement; comme si nous étions en retard sur l'amour. Je l'aime dans l'attente, dans le désir, dans l'ombre, à la lumière et dans le clair-obscur de nos rêves, avec des mots et la complicité d'un silence qui s'établit en vérité. Et ma force est de savoir que je la verrai dans moins d'une heure". ©Léon Mazzella.

     

  • Bobby Solo


    Ca fait plus de trente ans que ça dure : à chaque écoute de Una Lacrima sul viso, je défaille. D'abord je revois mon père mettre le 45 tours à fond et courir aussitôt jusqu'à ma mère, en cuisine ou par là, pour la faire danser tout en chantant. Puis je me vois, il y a plus de quinze ans, dans ma première Alfa Roméo, sur la N10 plongée dans la nuit forestière, de Bordeaux à Bayonne, la cassette à fond. Je chante aussi et je suis "heureux comme avec une femme"...
    podcast

  • The Best One of Ze rentrée littéraire

    Le bouquin que je préfère de cette nouvelle rentrée est une réimpression, en réalité. Je ne me lasse pas de sa lecture (la 3ème en 15 jours!). Je l'ai découvert l'année dernière, pour être franc. Mais cette fois, je le relis un peu par dépit et c'est une joie! Je me demande quand même si son Service de Presse a été correctement fait à l'occasion de cette salutaire remise en vente, car aucun feuilletonniste n'en a encore parlé. Attendons les premières sélections des grands prix d'automne! Il risque de créer la surprise. On parie?... Proche du Nouveau roman et de l'Oulipo, il déstructure davantage l'aventure lexicale que ne le faisait le genre à ses débuts, il enferme l'action pour mieux la circonscrire et laisse une incroyable liberté à ses personnages, dont l'étude psychologique, réduite pourtant à néant, en fait des êtres immatériels comme seules les contes, les légendes, ou le fameux "livre de sable" cher à Borgès, nous en offrent. Minimaliste, ne serait-ce que par sa minceur digeste, son économie de phonèmes et l'équilibre général entre la sémantique post-barthesienne et la narrativité néo-bovaryenne qui va de Céline à Dantec et Darrieussecq, l'ouvrage possède de surcroît une qualité double et de moins en moins rare : il se lit en 20 minutes et il est gratuit. Ce livre, au titre très Minuit, POL, ou groupe de Rock français, c'est : Le Contrat de confiance. Son auteur (préciosité?) néglige de se prénommer : Classe! C'est donc signé simplement, de manière lapidaire : Darty. Retenez bien ce nom. Il risque de nous étonner. D'autant qu'à l'instar de Thomas Pynchon, J.D. Salinger, Henri Michaux et Maurice Blanchot, le mystérieux et talentueux écrivain qui se dissimule (se préserve?) semble refuser toute interview et apparition publique, dans le culte ou la dévotion (je parie aussi) de la littérature dans ce qu'elle a de plus pur. Et çà, moi, j'adore. (photo ci-dessous : la couv. du bouquin, version "format à l'italienne").0d5bd9a99f4c46f7e3e28ded66eca603.jpeg

  • A l'ail


    eda5c713c6f9e7e00364a91b187ee4c6.jpeg Le chef Landais Alain Dutournier (Le Carré des Feuillants à Paris) pôele les gambas et les escorte d'une vraie nougatine sucrée, crémée, à l'ail et au gingembre! Dément. L'ail, tranché fin, sèche au four. Un verre de jurançon derrière et il fait beau en sortant.

  • lechoixdeslibraires.com

    Ce site a la bonne idée de publier des extraits des livres qu'ils présentent et conseillent. Voici celui qu'ils ont choisi de "Mon Livre de cave".

     

    "L’ABC de la dégustation chez soi

    De même que le vin que l’on remonte ou que l’on sort de la cave ne doit pas être brutalisé, la dégustation, surtout si elle se déroule en dehors d’un repas, exige du calme et un silence relatif (et une bouche débarrassée d’aliments qui altèrent le goût). Du calme mais pas de recueillement ! Le vin est l’ennemi de l’austérité. Il est avant tout plaisir des sens, synonyme de partage, de convivialité et de joie de vivre. Cependant, avant d’en parler, il convient de le déguster en trois étapes : à l’œil, puis au nez et enfin en bouche.

    - À l’œil :

    Un vin se regarde, comme une femme ou un homme qui passe. Un vin doit retenir le regard. Sa « robe » s’apprécie à sa limpidité ou bien à sa densité. L’intensité d’un vin se « lit » avec les yeux. Certes, il y a des vins trompeurs, mais l’œil désigne immédiatement un caractère. Ou une absence de caractère. Cependant, gardons-nous, à ce stade, de tout jugement hâtif ! Un vin gras ou tannique larme, ou pleure, il laisse des jambes couler le long de la paroi du verre. Un cordon se forme dans la flûte de champagne, sa bulle fine s’apprécie (et se préfère à la bulle grossière). Remuez doucement le verre. Poursuivons…

    - Au nez :

    Un mouvement giratoire du verre permet au vin d’exprimer ses arômes. Plongez votre nez. Respirez lentement. Les flaveurs fondamentales apparaissent aussitôt : floral, minéral, épicé, brûlé, animal, boisé, végétal… Le respirer une deuxième fois, puis une troisième, permettent de trouver d’autres arômes, plus précis. Le vin affirme sa personnalité : fruits rouges frais sur les rouges, agrumes ou fruits à chair jaune sur les blancs, champignons, terre, cuir, poivre, fleurs blanches…
    Certains vins nous chuchotent des promesses formidables, au nez, qui retombent comme un soufflé une fois le vin en bouche. Il n’est donc pas encore temps de parler.

    - En bouche :

    Certains vins sont si diserts, si bavards au nez, et si bons, que l’on a plaisir à retarder le moment de les porter délicatement en bouche. Même s’il peut paraître inélégant d’aspirer un peu d’air en faisant tourner le vin dans sa bouche, cela permet de bien ressentir ses saveurs « d’attaque », ses tanins, sa structure déjà. Puis vous éprouverez le corps du vin, et enfin sa longueur en bouche, soit sa persistance. Certains vins ont un final magnifique, d’autres sont courts. Voire fuyants. Aucun ne ressemble à un autre, y compris dans une même caisse ! C’est aussi cela, la magie, le mystère, le plaisir de la dégustation.
    À présent, vous pouvez en parler. Et vous resservir…"


    ©Léon Mazzella et Editions du Chêne 2007/

  • niouzes

    Le dernier CD de Manu Chaho est poussif et laborieux, il sent la sueur de la paresse, pas celle du travail. La redite. Le je-m'en-foutisme-de-nous-tous : bref! Le bonhomme manque de souffle, il épouse son époque : aucune durée, aucune vue à long terme.

    Le dernier CD de Ben Harper, je ne sais pas encore  : aussitôt acheté, hier, je l'ai offert à mes enfants sans l'écouter : ma fille m'affirme déjà qu'il est top!

    Sebastien Castella, torero de verdad, n'a rien coupé à Bayonne, dimanche (toros de mierda).

    J'aurais dû suivre mon idée de mettre Sébastien Chabal en couverture du hors-série rugby que j'ai fait pour VSD : plus fulgurante-star, tu meurs! M'est avis que le portrait qu'en a fait Benoît Jeantet (dans ce n° "anticipatif" qui se vend très bien), y est pour pas mal dans l'allumage du feu aux poudres.

    Interlude (arrêt sur images, comme dans un générique de Godard) : les Sébastien ne sont pas tous martyrs. 

    Le mystère José Tomas (¡torero gigante!) m'envoûte. A côté de la misère quotidienne de tous ceux qui se rendent à leur travail "en entreprise" et sa cohorte de radio-moquette, de non-dits, de coups de couteaux dans le dos, de codes hiérarchiques ridicules, de réunions stériles, chronovores et coûteuses, de "plateaux" où tout le monde s'emmerde, est payé à regarder ses poils pousser dans les deux paumes, où le "tigidigig" de MSN règne en nouveau maître des consciences au court-bouillon sur chaque écran, où l'hypocrisie est une valeur bien côtée en Bourse... A côté, le mystère José Tomas me captive; oui. Fièrement. 

    Je confirme : "Le Canapé rouge" de Michèle Lesbre (éd. Sabine Wiespeser) est un excellent roman qui surnage , souverain à mes yeux, au-dessus cette rentrée littéraire poisseuse.

    Vous savez ce qui manque à cette "rentrée"? Un Tanguy Viel, un Claude Simon, un Julien Gracq, une correspondance retrouvée de Flaubert, un inédit de Faulkner. Au lieu de quoi Gallimard nous annonce (punition?) un inédit de Saint-Exupéry. Et nous attendons "le" Quignard en octobre, chez Flamm. (voir note précédente à propos de lui et de ces connards d'ultra-cathos -aussi terrifiants que des Etarraks ou des Al-Qaïdiens-, qui versent avec une couardise doublée d'une lâcheté signée, du gas-oil à Lagrasse, sur les livres de la librairie toulousaine, entre toutes exemplaires! "Ombres blanches"... Putains de cathos!)

    Caméléon, restaurant "mode" de la rue de Chevreuse (6ème arr. à Paris, côté Coupole, Dôme, limite 14ème) est cher, mais bon (plats correctement exécutés au peloton du piano). Arabian, grand communiquant, est d'un tutoyant de bon aloi. Mode, lui aussi. Le problème, c'est que côté fumeurs, on se cogne Fashion-TV sur écran plat, lorsque nous avons envie d'échanger calmement, à voix douce, basse, sur l'expression "morantienne" de l'île, unique, de Procida, sur l'avenir de la littérature contemporaine d'après Julien Gracq et sur le bien-fondé de la biodynamie pratiquée, en précurseur, par un vigneron d'exception comme Lapierre à Morgon : on est complètement sur le fruit, ça se mâche, c'est gourmand et, comme dirait mon ami Christian Authier, "il ne manque plus que les poissons rouges dans le verre opaque!".

    Pâques. 

     

  • Noces au Paradis

    J'ai placé cet extrait en exergue du roman que je suis en train d'écrire...

    « Elle est étrange cette soif de se confesser, de demander pardon à quelqu’un par l’intermédiaire d’un livre…
    Je ne dis pas seulement cela pour m’excuser. Les indiscrétions criardes de certains écrivains dans leurs livres sont peut-être un hommage à la femme qu’ils ont aimée et que souvent sans le vouloir ils ont fait souffrir. Comment mieux demander pardon, comment rendre un plus bel hommage à l’objet de leur amour, comment le faire de manière plus éclatante et plus sincère qu’en écrivant ?...
    Peut-être qu’à l’origine de mon livre, il y a le besoin de demander pardon à Ileana. Noces au paradis : il me semble que ce titre en dit assez… J’espérais qu’au moins ce livre racontant notre histoire, s’il tombait un jour  sous ses yeux, la persuaderait de revenir…
    Je l’attends. Parfois je m’imagine, vieux, seul au milieu de mes livres, penché sur la même table, tel qu’Ileana m’a vu tant de fois, des nuits d’affilée. Et j’imagine alors que quelqu’un frappe à la porte, que je vais ouvrir distraitement et que je la trouve sur le seuil. J’y pense constamment… »

    Mircea Eliade, Noces au paradis (L'Imaginaire/Gallimard)
     

  • Pétard!

    6dff6b5b7e1bfcb524ca1ebd82ba8575.jpg"Sur les 875 millions d'armes dans le monde, 650 millions sont détenues par des civils et 225 millions par les forces militaires ou de police."  Le rapport 2007 sur les armes légères, qui émane du Graduate Institute of International Studies de Genève, estime que les citoyens américains détiennent 270 millions d'armes à feu sur les 875 millions répertoriées dans le monde. Le Yémen est à la seconde place derrière les USA!

    L'avenir est au polar. Mais serai-je capable d'en écrire un? -Non.

    84a00f4c5720896916158d877d345969.jpeg

    Sinon, à propos de pétard, courez voir "La fille coupée en deux", le dernier Chabrol, notre Hitchcock balzacien. Il sent , comme les autres, toujours autant la naphtaline de nos provinces. On y ressent toujours autant de névroses petites ou grande-bourgeoise (en l'occurrence grande, et Lyonnaise en plus!). L'étude de moeurs et de caractères est franchement littéraire : du Mauriac sur le Rhône mis en pelloche, avec toute la modernité dont Chabrol sait si bien orner ses films. Glauque à souhait, pervers à la marge, le film est fidèle au fameux regard suraigü d'ethnographe que possède Chabrol. Et puis il y a la divine Sagnier, le très surprenant Berléand, le performant Magimel. Les autres acteurs sont exacts et précis dans leur rôle respectif. Soit menés, conduits de main de guide. Je le reverrai volontiers. Et çà, c'est un signe. (l'affiche est signée Miss-Tic, ma voisine. Et elle n'est pas bécassine).

  • Mon Livre de cave

    C'est mon nouveau livre. Ecrit avant l'été. Une pause. Entre deux livres importants (un roman et un récit, en cours). Modeste, il évoque le vin et les bonnes manières de le choisir, le conserver, le servir, et tout çà. Voici la fiche de l'éditeur (Le Chêne) que l'on trouve sur le site.

    Un bravo très spécial à la maquette et à la réalisation générale de l'ouvrage, car elle est superbe, puisqu'elle est signée GRAPH'M (Gérard Paulin), un grand pro de la chose, avec lequel j'ai eu le bonheur de réaliser tous les livres de fitway publishing et même le hors-série rugby que j'ai fait pour VSD, paru à la mi-juillet.

    efacdf1254335ff3c3145abd4f9898c0.jpg

      




         

    Mon Livre de Cave

    Léon Mazzella

    août 2007

    Un livre raffiné et pratique à remplir vous-même pour gérer votre cave, référencer tous vos vins et noter vos commentaires de dégustation. Des pages de conseils et d'astuces pour bien choisir et acheter vos bouteilles, composer votre cave idéale, servir et déguster vos vins. Indispensable à tous les amateurs de vin !

    160 pages | 210 x 280 mm | prix public : 25,00 € |
    Code ISBN / EAN : 9782842777654 | Hachette : 3419272

    Présentation de l'éditeur
    Tout amateur de vin qui se respecte adore partager son plaisir de découvreur et d'épicurien. Le vin étant un produit qui se bonifie avec le temps, " monter " sa cave devient vite une nécessité. Collectionner en achetant judicieusement, conserver dans les conditions optimales, " gérer " ses grandes bouteilles et ouvrir chacun des trésors que l'on a entreposés au pic de son apogée, constitue une récompense d'esthète soucieux de convivialité et d'hédonisme, qui ne doit cependant rien laisser au hasard. L'homme de goût trouvera dans cet ouvrage les conseils indispensables à la constitution d'une cave qui s'approchera de la notion d'idéal (de toute façon, celui-ci n'existe pas). Du décodage d'une étiquette aux astuces pour aménager l'espace qui accueillera les bouteilles, des conseils d'achat du vin aux clés des alliances inédites entre mets et vins, des cépages du monde au choix du verre idoine et du meilleur tire-bouchon, de la dégustation en trois leçons au panorama des plus grandes régions vinicoles de France et du monde, mon livre de cave deviendra vite le compagnon idéal de votre cave.

    Biographie de l'auteur
    Léo Mazzella, journaliste, écrivain, a notamment été directeur de la rédaction de GaultMillau.
  • Le pêcheur d'eau

    p.41

    Le ciel est le plus précieux des biens dans l'existence.

    Le seul qu'on puisse perdre le soir et retrouver au matin, à sa place exacte, et lavé de frais.

    --------------- 

    p.101

    (...) quand notre seul souci 

     

    est de pouvoir encore gravir un escalier

    derrière une inconnue aux jambes déliées

     

    et frémir doucement tout en serrant la rampe

    de ce reste d'été qui nous chauffe les tempes

     

    comme à l'heure des amours qui n'en finissent pas

    de rallonger la route en dispersant nos pas.

     

    ©Guy Goffette, Le pêcheur d'eau, Poésie/Gallimard. 

  • HAIKU

     

     Voici un Haïku signé Aliquante. Je viens de le trouver sur la blogosphre de hautetfort :

     

    Vous

    Qu'importe où vous dormez
    Vous n'êtes plus là
    Je vous aime

    http://alquante.hautetfort.com
     
    Allez-y! Si vous aimez les haïku, ce blog ami est pour vous, camarades! 
  • un roman de rentrée

    Again, for the pleasure...

    "Son grain de beauté noir, elle sait bien. Et ma main droite pour sceller son sommeil, bien calée sous son sein gauche. Et le matin, cette très grande paix sans conquête ni victoire, ineffaçable comme tout ce bleu carillonnant contre le ciel de Vaugirard, comme dans ses cheveux ruisselants le parfum de l'évidence."
    59 préludes à l’évidence
    , d’Arnaud Oseredczuk (Gallimard)

    ...Cet extrait déjà cité dans une note du 26 mai dernier, car en feuilletant plusieurs romans de cette rentrée, je ne trouve pas encore l'équivalent.

    243a8b5c1abc8684df32e08345c944a4.gifSauf peut-être... -mais je l'ai à peine entamé, dans Le Canapé rouge de Michèle Lesbre (éd. Sabine Wespieser) : p.16, déjà : "Je savais que le véritable voyage se fait au retour, quand il inonde les jours d'après au point de donner cette sensation prolongée d'égarement d'un temps à un autre, d'un espace à un autre."

    p.19 : "Ces matins incertains, sans lieu précis, sans heure exacte ou même approximative, quelque part dans une durée indéterminée, me propulsaient bien au-delà du paysage visible. Des gares en ruine m'évoquaient d'autres pays où parfois je n'étais jamais allée, lieux improbables donc, plombés par une inquiétante désolation où quelque drame se jouait à l'insu du monde." 

    D'emblée, nous savons que nous sommes en présence d'un véritable auteur ayant un souci majeur de l'équilibre de la phrase et sa musique.

    A suivre... 

  • José Tomas Roman

    a5f07036d436689429e89fe064cd423f.jpg

     Si vous aimez cela passionnément, surtout la littérature, lisez ces 64 pages de pur bonheur, signées de notre meilleur chroniqueur/écrivain taurin (n'en déplaise au Bayonnais Francis Marmande -que j'adore lire dans Le Monde), Jacques Durand. C'est le plus beau livre sur la tauromachie qu'il m'ait été donné de lire depuis "Le Torero Caracho" de Ramon Gomez de la Serna. Actes Sud l'a publié. D'abord enrichi de photos,  superbes, de Marie Fouque. Mais, comme chacun sait ou ne sait pas, les "beaux-livres" empêchent la lecture du texte qui les soutient généralement et les font valoir. Ceci explique cela. Donc, l'éditeur a resorti le texte seul. Et il s'agit bien d'un diamant. D'un régal absolu. Mon stylo, toujours prompt à souligner, en cours de lecture, la phrase exceptionnelle qu'il faudra que je retienne pour les prochaines relectures, s'est emballé. Tout, ou presque, est soulignable. Et fut souligné. Un bijou, dis-je. Une merveille de littérature et de profondeur. De sentido et de sentiment. D'humour raffiné et de connaissance suraiguë.  ¡Ooo-lééééé ! (Depuis, José Tomas Roman est revenu. A Barcelone le 7 juin dernier, puis ici et là cet été...).

    PS : le problème avec mon clavier, c'est qu'il refuse de mettre des accents là où la langue Espagnole en exige : le cas échéant, sur les a de Tomas et de Roman. ¡Disculpe! José Tomas, roman... 

  • Paquito!

    Je ne me lasserai jamais, je crois, d'écouter Paquito chocolatero. Et ça fait bien vingt que çà dure...

    podcast

    Peu de musiques sont autant capables de me transporter à la vitesse de la Lumière, de me propulser littéralement comme un Spoutnik, tchaak! En un éclair, dans une arène a las cinco de la tarde (o a las seis), baignée d'un soleil écrasant comme il faut qu'il soit et d'une atmosphère de liesse aficionada de folie. J'adore. N'en déplaise à ceux qui refusent d'essayer de "piger le coup" (no discussion is possibeule, de toute manière, sur le sujet -et c'est finalement mieux ainsi : chacun mes goûts et mes dégoûts), j'écoute Paquito, là, en écrivant cette note et je me souviens des tardes bitteroises et dacquoises de l'été qui ne s'achèvera pas, non, sans que je vois encore des toros (que l'on espère toujours nobles) et des artistas (toreo de verdad prévu avec Tomas et Castella) en septembre, de Bayonne à Nîmes en passant par Dax...

    ¡Suerte para todos et que Dios reparta bien las cornadas! (Joder...)

     

    PS : je suis content! je peux enfin joindre de la musique sur mon blog! Youpi...

     

    330986842b2f7fbfb551062212b9bce7.jpegfb8b3d980114b284375fd9c9eb4fd548.jpeg

     

     

     

     

     

     

    Castella à gauche, Tomas à droite. Le coeur au centre. 

     

  • "La" Reza n'est pas obligatoire...

    « Je n’étais pas là la nuit où j’ai été conçu. Une image manque dans l’âme. On appelle cette image qui manque "l’origine". Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l’effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu’ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde. Si derrière la fascination, il y a l’image qui manque, derrière l’image qui manque, il y a encore quelque chose : la nuit. »

    Pascal Quignard, La Nuit sexuelle, à paraître en octobre chez Flammarion

  • Les cathos ultras sont toujours aussi tarés

    http://www.editions-verdier.fr/v3/lettre.php

    j'attends vos réactions, camarades...(*)

    moi je n'en peux plus d'écoeurement, ce samedi 25 août... 

    --- 

    (*) vous avez été 569 à visiter mon blog la nuit dernière -un record pour un 24 août?! Dans le lot, vous serez bien une poignée à lire cette lettre sereine et brillante des éditions Verdier, à Lagrasse, Aude et à réagir ici, si vous le voulez bien.  

  • Les Chants de Malodore...


    Plus nauséabond, tu meurs! Malodore est le nom d'un répulsif puant (dans tous les sens du terme!) qui va être utilisé par le Maire d'Argenteuil (Val d'Oise) pour éloigner les SDF, oui, les sans domicile fixe, pas les rats, non! Des êtres humains mais qui n'ont pas de maison!.. Du centre de sa commune.

    Je ne rêve pas en lisant cela ce matin (dépêche AFP d'hier soir reproduite sur la page d'accueil de Yahoo). Je me dis seulement, en enrageant en silence, que cette planète ne tourne vraiment pas rond.

    Le maire s'appelle Mothron (Ump) il a une gueule de vrai con, la société qui fabrique Malodore, "produits d'entretien"..., se nomme Firchim et les sdf qui vont s'en prendre plein la tronche sont bien sûrs anonymes, comme les chiens errants.

    Ce n'est pas scandaleux. C'est inqualifiable. Et à pleurer.

    Sinon, Barre est mort et il était temps, car ses neurones devenaient violemment racistes, sur le tard (souvenez-vous de ses déclarations odieuses, au printemps dernier).

    Et la rentrée "littéraire" est déjà dominée par une espèce de "roman" (Stendhal, Proust et Flaubert se sont bruyamment retournés dans leur tombe, en voyant les Une des magazines consacrés au sujet) signé Reza, dramaturge bien connue, sur la campagne de France du Nabot 1er qui nous gouverne presque seul.

    Rappel en forme de maxime apprise à Sciences-Po à l'époque du Plan Barre 2 et dont j'ai oublié la paternité : "Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument". 

    Second rappel (après je file me refaire du café. Je suis d'humeur passablement écoeurée, ce matin!) en forme de citation : "De moins en moins édition. De plus en plus poubellisation" (D. de Roux).

    Conclu : Relisez "Le Baron perché" du génial Calvino (Points/roman), dégustez le mince et si dense "Mal de pierres", de Milena Angus (Liana Levi), guettez le nouveau O.Adam (à L'Olivier) et le prochain P.Quignard (Flammarion, octobre) mais, de grâce! Ignorez l'opus-cule de Y.Reza, que d'aucuns et des plus bien-pensants (les pages Livres de grands quotidiens et news!) veulent nous faire passer pour de la littérature. 

    C'est Le Petit Robert qui n'en revient pas, à ses pages 1995/96... 

    Ciao, beurrk et à plus! 

  • Novel in progress

    Roman en cours, extrait (page 78) ©Léon Mazzella 

    "Son sexe, je le trouve beau, beau à regarder lorsqu'... écarte ses jambes parce qu’elle veut que je la pénètre, et que je suis sur le point de le faire et que je retarde ce moment. Parce que j’aime regarder son sexe longuement, avant de l’embrasser, de le happer, de le manger avec mes lèvres. Y entrer enfin, faire disparaître mon sexe dans le sien comme un sous-marin en plongée, un dauphin de fresque de Cnossos, est aussi une affaire de regard porté sur nos corps. J’en aime la vision. L’image d’abandon, de disparition, de plongée justement, au fond de son ventre à elle.

    Voir son sexe a pris une dimension étrange, depuis l’accident. Je le regarde comme l’entrée de L'Origine du monde. Je suis parfois bloqué devant le paysage du sexe de mon amour. J’en ai les jambes coupées. Le regard paralysé. Je suis à proprement parler fasciné. D’abord par sa beauté. Oui, vraiment. Je ne m’étais jamais extasié auparavant devant le sexe d’une femme. Mais les courbes de l'aine d’..., les légers renflements, les molles ondulations figurant des dunes de sable, achèvent ses cuisses –là où le poil pubien apparaît de part et d’autre-, avec la grâce d’un fusain d’Ingres. La forme de son triangle, ce petit grain de beauté placé là, le livre de ses petites lèvres qui me tirent un tout petit bout de langue rose –leur marque-page, que je ne me hâte pas d’embrasser, non, jamais tout de suite, pas déjà me dis-je, préférant continuer de vivre l’emprise de cette délicieuse paralysie, sans la brusquer ; me font défaillir. Tout cela me fait bander de partout, par tous les pores, tous les cheveux, et du sexe jusqu’à la douleur."
     
     
    c14241a0ac6245234d15bd25b877fde7.jpeg
     
     
     
     
     
     
     
    Gustave Courbet,
    L'Origine du monde.
  • BinouZe

    Ce que je préfère dans la bière, c’est la moustache blanche qu’elle laisse sur ta bouche lorsque tu bois à mon verre et que tu ris d’aise, coquine au regard de voleuse de cerises. Ce n’est ni une kriek, ni une mort subite, mais une blonde à l’amertume bouleversante venue des contrées de Hamlet, le Danemark. To beer or not to beer ?... Nous dînons sur les Champs, ce n’est pas un déjeuner sur l’herbe, pourtant l’aneth embaume la table, le saumon porte un nom de baiser, de chanteur  -Bécaud ; et je t’embrasse.  J’absorbe l’écume de basse mer sur le liseré de ta lèvre supérieure. Cette Carlsberg ne va pas sans Aquaviit, l’alcool blanc que tu me fis découvrir à Copenhague ; ta ville. C’était juste avant que tu me pousses à visiter Aalborg. Nous avions déjà sillonné la Belgique des Abbayes comme des moines trappistes : de brasserie en brasserie.

    Blondes, ambrées, rouges, gueuzes à la bulle fine comme le meilleur champagne, bulle grosse comme ça de certains lambics, miellées, acides, grasses, kirschées,  cidrées, maltées à mort, épicées, nous avons découvert ensemble l’alcool de ta passion.  J’ai suivi.  Sans coup férir. Moi le buveur de bordeaux. L’enivrement fut à la hauteur de mon émerveillement. Certains soirs, entre chienne et louve puis aux alentours de minuit, lorsque notre identité ignore les frontières, nous entrions dans une toile de Brueghel le Vieux. Je tenais ma chope aussi sûrement que tes hanches.
    Tu invoquais Gambrinus, le roi légendaire et laïc, protecteur de la bière. Je pensais au meilleur café du monde que l’on boit au bar éponyme de Naples. Sous tes longs cheveux blonds, tu précisais en pointant un index que dans l’Egypte ancienne, la bière, d’origine divine, était placée sous haute et double protection : celle d’Isis, déesse de l’orge et celle d’Osiris, le patron des brasseurs. Boisson d’offrande religieuse, la bière fut d’abord liée au culte des morts. D’après « le livre des rêves », un rêve de bière est un présage favorable. Patron, remettez-nous  ça!..
     
    (début d'un long papier que j'ai publié dans Senso il y a deux ou trois ans, pour un n° spécial Nord!...) 

  • le mois d'out

    juillet, out : ce mois distendu qui sonne comme on désignait un vieux caleçon au lycée, à Bayonne (en disant un zlip : soit en entendant l'élastique en pré-retraite) n'est pas propice à l'alimentation régulière d'un blog. Pire, celui-ci ressemble à un animal familier abandonné pendant les vacances. Dernière note? 9 out. Rhôô! Loin du Mac, loin du coeur du sujet. Pas des coeurs de canards (dacquois) pour autant, ni des coeurs à prendre et qui passent, oiseaux migrateurs, dans le ciel de nos rêves les plus fidèles. Mais nous contemplons, nous contemplons seulement, oisifs rêveurs actifs du temps qui place. Les oiseaux sauvages et leur trace sur le bleu. Et nous continuons de rêver, plus ou moins sereinement, de Pandora...

  • Papier retrouvé

    a7227e1a923b5faf7373ca306c1543e3.jpegEt je tombe là-dessus, ce soir (à propos des Bonheurs de l'aube) en flânant sur Google. Merci M. Sorgue...
    En courts récits, Léon Mazzella raconte quelques bonheurs du jour naissant : une marche dans les Pyrénées, la pêche au thon près de Saint-Jean-de-Luz, l'errance à Venise. En lisant ces chroniques tout à la gloire de la nature sensuelle et de la fraternité des guetteurs de soleil, on pense à Hemingway et à d'autres chantres américains de l'outdoor life. Ce qui veut dire aussi que Léon Mazzella sait écrire : les quelques lignes sur la traque clandestine et quasi érotique d'un cerf sonnent juste. Et puis il y a le texte qui ouvre le recueil : trois petites pages pudiques pour dire l'aube qui a suivi la mort de sa mère et les volets ouverts sur le matin des Pyrénées. Quelques mots d'amour. --Pierre Sorgue, Télérama

  • Naples

    66f349bb97a93e3f839f411926b91068.jpgL'endroit était idéal pour le lire : j'étais à Procida (Golfe de Naples, ma querencia...) -photos ci-contre, ces dix derniers jours. J'y ai lu le magnifique Dictionnaire amoureux de Naples, de Jean-Noël Schifano (Plon). Avec sa langue baroque, sensuelle, truculente, excessive parfois (mais à la manière d'un Grainville ou d'un Sollers), Schifano nous fait comprendre une Naples foisonnante, protéiforme, fière, splendide, inaltérable. Et au-delà, puisqu'il évoque Procida, Pompéi, Herculanum, Capri... J'y reviendrai plus en détails.

    Juste une remarque en forme d'étonnement avant de passer à tout autre chose : je m'étonne de ce que le plus Napolitain des Français, qui a eu l'élégance de m'adresser son livre peu de temps avant mon départ (le hasard n'existe décidément pas) en précédant son envoi, nourri d'un sensible : "molto cordialmente", de mon nom... avec un seul Z! Damned, aurait dit Rahan! Comment Schifano a-t-il pu écrire cela, lorsque de pizza à mozzarella, il n'est guère de mots et de noms dont on ne double la consonne -surtout le z, par là-bas... L'attachée de presse de Plon lui aura collé un fichier approximatif (donc Parisien, soit par-dessus la jambe, hop!) sous le nez, qu'il aura scrupuleusement recopié, ortografe douteuse itou. Mais bon, détail, disai-je, non...

    Je voudrais -donc- d'abord raconter une anecdote toute fraîche.7c7d0d25a1a1e1d366f91f785afab19f.jpg

     

    En rentrant de Naples, en avion, hier, j'ai été témoin d'une scène bouleversante. Devant moi, une femme lisait La Peur d'aimer, un essai visiblement. Et, peu de temps après avoir mis les écouteurs de son iPod, elle s'est mise à pleurer. Longtemps, abondamment. J'ai interrompu ma lecture du Quichotte pour saisir mon carnet, en arracher une double page -ce que je ne fais jamais, et lui adresser un billet qui je voulais strictement réconfortant. Je lui ai donc glissé quelques mots pour lui dire que sa peine était bouleversante et que je lui souhaitais du bonheur, un atterrissage les yeux secs... Lorsqu'elle le lut et se tourna vers moi, son beau sourire faisait écho à ses yeux mouillés. Je me suis contenté de poser mon index droit sur mes lèvres en mimant chhht! Puis rien. Nous avons atterri. J'ai récupéré mon bagage et suis allé attendre un bus pour regagner Paris. C'est alors que, depuis le quai d'Orly Sud, elle me fit signe, de loin : elle faisait glisser deux doigts de sa main sur ses joues. Comme je ne comprenais pas, elle s'approcha pour m'expliquer son geste : "Les deux à la fois : ce sont les deux, le livre et la musique, qui m'ont fait pleurer". J'avais l'explication et j'en fus soulagé : j'avais déjà osé imaginer (tentation de romancier) un énorme chagrin d'amour, une rupture déchirante, la perte d'un être cher... Je lui ai signifié mon soulagement d'un mot et puis j'ai disparu dans le Jetbus, satisfait que mon billet l'ait réconfortée. Heureux, surtout, d'avoir osé accomplir un geste, certes sybillin, mais qui avait eu la chance de n'être pas mal interprété. Comme quoi, il ne faut pas désespérer de l'intelligence des relations humaines, parfois. Car elles peuvent être touchantes. Simplement touchantes...6441c3c81772688fada4b4893bbf13b3.jpg

  • La Crète

    09c254b68293f51c36388ac693f39580.jpegVenise en Crète est une Venise fortitifée, un cordon de traces -à Rethymnon notamment (photo).

    J'ai donc cherché davantage la puissance vénitienne que la Crète, dans les villes de là-bas.

    C'est absurde, j'en conviens.

    Sinon, les cigales au chant assourdissant, à faire exploser notre oreille interne et au point de penser que nous ne sommes qu'acouphènes, elles, sont bien Crétoises : un peu miss-sans-gêne; envahissantes. Un trait de caractère inaperçu dans les Cyclades.

    Celui qui parle le mieux de la Crète dans les profondeurs de son âme, c'est encore Jacques Lacarrière dans son indépassable (malgré son âge) Eté grec (Pocket/Terre Humaine).

  • Bayonne 1900

    a83e80ef8d945e8a6457c52784aa10fb.jpgInsolite réception : Smurf m'adresse cette photo de Bayonne prise en 1900. La Maison Dagourette (l'actuel Musée Basque) à gauche, côté Petit Bayonne, face au pont Pannecau, duquel j'ai plongé, une nuit d'ivresse de fêtes de Bayonne, aux sons de : (t'es pas cap') "Paquito Chocolatero"... A droite, on devine les Halles actuelles. Vu des Cyclades, cette carte sepia possède un côté singulier. Au dos, il y a juste une inscription à l'encre bleue : Mo Smurf. P.O.Box 77. Ileana City.

  • News from Paros

    d39c9bd4d4cbc2ef684a76cbecd33138.jpegL'incidence de l'Histoire et de notre écume culturelle font que nous appréhendons un pays avec l'empreinte intérieure d'une non-réalité. Souvent d'un anachronisme doublé d'une idéalisation. Ainsi de la Grèce où je me trouve. Je m'attendais très stupidement à croiser Socrate dans Plaka, à proximité de l'Agora. Sur les plages de Martselo et de Malatesta,d840b8c6f8493e3c442f58f5406236d0.jpeg sur l'île de Paros ce matin, je me suis étonné de ne pas voir Achille pleurant Patrocle. Un remous dans l'eau et je pensais très connement à Poseidon. Je dois ces visions à des lectures matinales (mon viatique grec se compose d'une carte Visa, d'une brosse à dents, de tissus divers et de:Vidal-Naquet, Homère, Vernant, Lacarrière, Veyne, Citati). Le mérite de cette imprégnation est de devenir (presque) aveugle au tourisme qui c20f432363bf220a28d22829729f3307.jpegm'entoure. Cela ne durera pas. Déjà, les voix indécentes des touristes gagnent le silence qui habitait la  Baie de Parikia depuis l'aube. Les touristes ont des moeurs exactement inverses à ceux de la population locale, sous ces latitudes : ils sortent et s'exposent au grill du soleil  aux heures les plus folles, lorsque le Grec se terre à l'ombre et au frais; jusqu'à l'heure exquise de l'ouzo... La non-réalité c'est que le Grec qui vit de la viande touristique, porte une casquette NY, un faux tee-shirt Von Dutch, des tongs comme vous et moi et qu'il ignore peut-être tout de la geste homérique, comme l'Espagnol de la Costa Brava connaît le Quichotte par si-dire et le franchouille de Palavas ou de Bénodet, La Recherche à travers... rien. Voyager n'est pas décevant pour autant. Ou si peu. Le regard porte loin lorsqu'on sait dépasser. La vérité est souvent dans le dépassement...

  • Hot-Coldplay

    7104c5e8ff72a9c559fc558e5ba13a3e.jpegYeux bleus, cheveux mi-longs, voix grave, jeans & pieds froids sur le seuil, il sonna, menaçant sans doute, de l'index droit. J'eus la lâcheté de ne pas répondre immédiatement. Coldplay m'enivrait. Vrai. Minuit : l'heure du scream... "Ohé, on va se calmer sur la musique, sinon dans 2 minutes, j'appelle les flics". Waasssccchhh... Vérification faite de l'oeil droit, le volume hi-fique affichait 27 (genre : thermostat 8...). Chaudlesmarrons. Dakodak. Vu que la réserve de Ricard était à moins sec depuis des plombes, il aurait été impossible d'honorer convenablement la visite d'une maréchaussée réputée sans humour (dans cet arrondissement et alentour itou) et seulement solvable -ou soluble-, dans le "Jaune". Avec ou sans glace, d'ailleurs. So... Je suis passé au thermostat 3. Genre timidousse cuisine végétarienne sans sel pour endive bouillie spécialement moulée pour plateau d'hosto calibré mince. Mince alors. Et là, j'écoute quoi, à présent? Brahms? Mozart... Mieux vaut retourner à la fenêtre et mater les taxis qui ne s'arrêtent pas devant des bras levés, timides, trop timides (les bras). Trop cons (décidément) les tacots. Et finir, vautré, sous couette, A l'ombre des jeunes filles en fleur (Marcel) et Au-delà du fleuve et sous les arbres (Hem'). Genre, toujours...

  • ...

    a3d4a8243525c30214c9cfd06e43f638.jpegPerdido en el siglo

    Je reprends le Zarathoustra dans une traduction nouvelle, poétique, simplifiée, plus proche de notre réel que de celui de Nietzsche (une nouvelle traduction ne vaut que pour ça : Montaigne, le Quichotte en sont de bons exemples. Les autres : Fitzgerald, Blixen, du marketing d'éditeur. Conrad, Rulfo, d'accord...). Et Z me scotche. Comme Baruch (Spinoza) me scotche chaque matin dans les toilettes (ptin, il ne nous épargne rien!). Situation guère enviable, au demeurant, car resté scotché là, empêche. Mais bon, L'Ethique, quoi...

  • photo-vie

    d8c4a57255907f052fe855862e19e1b3.jpega1785b751a6e327405d3cca9ecfd41ef.jpeg2867b1c73cadc8915ba156860802d824.jpeg
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Une photo en noir & blanc à côté de l'ordi :
    moi bébé dans les bras de mon père.
    Il est mort il y a quelques mois
    et j'ai aujourd'hui le double de son âge sur la photo.
    C'est quoi la vie?..

  • Les manies du débitant de cigares

    30707b1f96985b0e0a1afeb580d94c6b.jpegLe débitant de tabac a peur que le client lui abîme sa marchandise et il a raison. Le problème est que, par ses réflexes, il lui arrive de la détériorer, ou au moins de détériorer les termes de l’échange avec son client.
    Oublions d’emblée ceux qui n’autorisent pas que l’on choisisse nous même –fut-ce des yeux et en désignant du doigt le cigare désiré-, et avec lesquels la discussion est impossible. Ils tournent en général le dos au client en choisissant pour lui le ou les cigares demandés (le client ne peut rien voir), referment prestement l’armoire humidifiée et annoncent avec détermination le prix en caisse sans laisser le temps au client de respirer. Là, moi, je dis tout de suite « adieu et merci ».
    Il en va des havanes dans les civettes comme des Pléiades en librairie et des boîtes de crabe dans les supérettes : les secondes sont hors de portée, ou bien cachées derrière le caissier ; les premiers s’appellent « pas touche ! Lequel voulez-vous?». Normal, après tout. Mais notre ami, que nous souhaitons à chaque fois complice d’un certain amour du cigare, le débitant éclairé, avec lequel il est toujours agréable d’échanger quelques mots d’aficionados, tâte trop souvent lui-même le cigare en le pressant entre le pouce et l’index, ramollissant exagérément ses modules comme des camemberts ipso facto « bien faits », comme si je ne sais quel moelleux (ou craquant), suffisait à distinguer le bon cigare du moins bon. Parce que le choix, effectué à la place du client, se limite généralement à ce geste un rien brutal, réducteur et bien souvent inutile.
    Deuxième grief : l’impatience. Il est préférable de savoir ce que l’on veut avant d’entrer dans la civette ou dans l’humidificateur géant, puis d’acheter fissa, car l’impatience du débitant –surtout si personne ne le seconde en caisse pendant le temps que dure le choix des cigares-, grève quelque peu le plaisir de balader ses yeux sur les boîtes ouvertes, tout en stressant le client que nous sommes.
    Enfin, il y a le débitant qui s’offusque immédiatement lorsque nous refusons le cigare choisi par lui seul, ou bien celui que nous reposons (lorsque nous avons obtenu licence de toucher au module), pour des raisons de convenance personnelle.
    Le client est roi ? Il commence à le devenir lorsqu’il annonce qu’il entend acheter une boîte et pas quelques cigares à l’unité. Encore que : il arrive que nous nous heurtions à l’opposition ferme de se faire ouvrir une, voire plusieurs boîtes, comme cela se fait ordinairement dans les aéroports ou bien à l’étranger.
    Dommage.  L.M.


  • Quartier "Saintes-Pierres", à Bordeaux

    ebc83bb9395b1c23b7f2af5fcec4b18c.jpegComment croire, lorsque la rue Dieu, dans ce quartier où j'ai vécu, est une impasse?..
    Souvenirs. 
    À Bordeaux comme ailleurs, la ville a les dimensions du quartier que l’on y  habite, mais chaque quartier est une île aux rivages improbables et à la géométrie variable comme le temps qu’il fait. L’imagination de l’habitant est sans limites, mais l’arbitraire en a posé cent pour délimiter l’habitat. L’un et l’autre font malgré tout bon ménage, le premier ayant choisi d’établir ses quartiers dans un seul et le second de faire fi des cadastres vagabonds.
    Périlleuses pour la plupart des distraits, les limites du quartier sont des artères où un sang automobile coule sans relâche jusqu’aux cœurs. Chacun le sien. Le mien est ici, c’est-à-dire en deçà. Dans le village, car Saint-Pierre est un village, avec ses habitants et leurs habitudes. Ni vieilles, ni mauvaises ; convenues. Pas à la portée du premier venu. Saint-Pierre est bien loti en places et en voies piétonnes. Le quartier ne manque surtout pas de voitures pour recouvrir ses saintes pierres d’étoiles d’huile noire. Le long des rues étroites, faute de chiens, on peut tenir la rubrique des sacs-poubelles écrasés par les roues lentes. D’aucuns diront sans détour que la nuit, tous les sacs sont gris, avant de  mettre leur frein à main.  Cette remarque nauséabonde, inspirée par notre balade matinale quotidienne, manque singulièrement d’horizon. C’est que celui-ci est intérieur. Et pluriel. Les horizons du  quartier sont un bouquet de faisceaux qui projettent notre imaginaire par-dessus Bordeaux. Cerné par les quais et par les cours comme les yeux d’un  insomniaque récidiviste, Saint-Pierre rayonne à l’intérieur, avec son cycle propre de jours et de nuits, ses adresses et ses réseaux, ses connaissances et ses résidences. Chaque soir, par une fenêtre, un quartier de soleil évadé de l’océan vient coucher chez moi si je décline mon identité et mes intentions pacifiques : Saint-Pierre est une place au soleil, un quartier qui se gagne. Ici on tutoie vite qui l’on côtoie et j’ai même des ardoises qui me permettent de flâner les poches vides d’un bout à l’autre du village. C’est un patelin sans fastefoude ni maire où nul n’est sujet à caution. Un vif esprit de clocher habite bien sûr une poignée de gens du coin qui ont une exigence de visa permanente au fond du regard, mais le passeport de la lune n’est jamais de saison dans un quartier où, depuis sa plus belle place, on peut contempler les cheminées des paquebots à quai. Et voyager assis, en compagnie d’un verre de vin et d’un bouquin atlantique, bercé par l’eau d’une antique fontaine ; car Saint-Pierre devient aussi un port, pourvu qu’on s’y attache, ou qu’on s’en arrache. L.M.


  • Ne rien faire à Venise


    59d2cd62952f383095c35b3ede0cc0c5.jpegVille aimant, ville amante, ville mante, ville menteuse, fardée, ville phare, Venise est un trésor caché sous le manteau qui éclaire le pas du voyageur. Une flamme fragile. Venise brille sous une pellicule de poussière d’histoires. Venise est une vieille dame qui ne masque plus son âge et dont on devine la beauté enfuie. Lauren Bacall à la terrasse des Deux Magots, certains matins encore...
    Byron l’appelait  « le masque de l’Italie ». Derrière le masque, je vois Vénus.
    Là, rien ne presse. Quand je circule sur l’eau, il me semble que je glisse avec le temps et quand je marche, à chaque croisement de rue, surgit quelque chose de nouveau à angle droit, une rupture sensorielle, trois fois rien : un enfant  accroupi près d’une rigole, une façade de marbre usée, du linge aux fenêtres, des enfants qui courent (ils sont bien les seuls à le faire dans cette ville) après les pigeons.
    Dans le silence du matin, une gondole semble ouvrir l’eau du canal comme une nappe de tissu et derrière elle, l’eau ne cicatrise jamais tout à fait. Cette impression soyeuse et couturière revient sans cesse à moi. Dans la brume, lorsque l’eau coule comme du plomb fondu, la gondole apparaît comme une maquette de vaisseau fantôme et je pense à Pandora, le film. C’est avec Ava Gardner que j’aurais préféré faire l’amour à Venise. La gondole est un long cercueil de poèmes chuchotés derrière le masque de satin des soirées louches. Moins classe, mais plus agréable, le vaporetto me transporte et plus encore. L’accelerato (le plus lent, curieusement), en hiver, permet de circuler à l’aise dans une Venise prise, en partie paralysée par le letargo, cette léthargie qui donne à la cité la silhouette d’une belle allongée sur les eaux dormantes. Une évadée d'un livre de Kawabata.
    Le nom des îles principales évoquent un animal monstrueux : dorsoduro (rond et dur comme le dos),
    Spinalunga (échine longue), cannareggio (touffes de roseaux dressés sur les eaux). L’animal fétiche de Venise, c’est le lion. Volontiers ailé place Saint-Marc, il balise la ville et certains attribuent l’origine de Pantalone à pianta leone en référence à la manie du marchand vénitien de planter des lions sur toute terre conquise, à compter des années 828.
    Les pigeons vénitiens sont paresseux. Cocteau disait qu’ici, « les pigeons marchaient et les lions volaient ».
    J’aime marcher jusqu’à me perdre dans le labyrinthe des rues et des fondamente cousu de ponts et de sottoportici (passages voûtés) qui composent les sestieri, les six quartiers principaux : Castello, San Piero, l’Arsenal, San Marco, Canal Grande et Canareggio. Certaines rues ont des noms étranges, comme la rue « du soleil qui mène à la cour des ordures ».  D’autres finissent en cul de sac, version locale : au hasard de ces rues noires où l’on n’entend que ses propres pas et où nous  ne croisons que des amoureux et des chats, il arrive de trouver un canal pour seule issue. J’aime particulièrement San Michele, l’île cimetière, parce qu’elle sent la résine, la tulipe et la terre fraîchement retournée. L’herbe caresse nonchalamment les tombes comme des anémones de mer et les cyprès, raides comme des morts debout, y figurent un orgue gigantesque et silencieux. C'est la Toscane avec le Campanile en fond.
    La meilleure raison d’aller à Venise et de ne rien y faire,  de se prélasser à la terrasse du Florian et d’y compter les pigeons et les canards de l’orchestre qui joue chaque soir des airs vieillots. De marcher le long du Lido, aux charmes comparables, en hiver, aux longues plages landaises et à celle de Biarritz sous les embruns, lorsque l’hôtel du Palais est fermé. Loin du centre très touristique, les Vénitiens vivent leur ville. Le silence habille le geste lent du fabricant de gondoles, le pas du chat et les mouvements de tête de la vieille veuve noire qui se chauffe sur une chaise au soleil.
    Venise elle-même se laisse aller. Elle s’abandonne à son destin sous-marin, mais sans précipiter le cours des choses. Elle s’enfonce de quatre millimètres par an dans la lagune, ai-je appris. L’Acqua alta projette à période fixe ce qu’elle sera. Son matelas de bois ne la soutient plus. A Venise, les arbres sont sous les pieds du voyageur : douze millions de troncs venus des Alpes et des Balkans supportent la cité à bout de bras, et sont aujourd’hui à bout de forces. J’aimerais recouvrir Venise d’une cloche de verre pour la préserver encore, ou la piquer à je ne sais quoi pour retarder sa disparition. Au moins l’adoucir. Venise s’engloutit sans se hâter, à la manière d’un transatlantique sombrant vers une cité engloutie.
    J’en aime l’idée… L.M.


  • Sauce chien

    Recette vite fait de mon ami Mano, Guadeloupéen.

    "Tu coupes 3-4 gousses d'ail, fin. Tu prends du piment Antillais, du "Bonda Mam'Jacques" (aux effets bangala sur Mam'...), de l'huile sans goût, du sel , du poivre, le jus d'un citron vert, tu remues et tu laisses macérer un peu".

    LES MOTS DISENT-ILS LES CHOSES?

     

  • Big Jim

    Jim HARRISON


    b5c970aa2f21ea4fdafdcea78afb8ac0.jpegRetour en terre

    Jamais peut-être Big Jim n'a été si profond, si grave. Est-ce l'âge? A l'instar des grands vins qu'il adore, et si je n'évoque que ses plus récents livres, il se bonifie sacrément depuis... La route du retour. En route vers l'Ouest fléchissait à peine ce nouveau cours dense et profond. En marge (ses mémoires) reprit la bride : un Harrison sûr de sa définitive et belle maturité revenait à nous. Puis il y eut le somptueux De Marquette à Veracruz. Voici Retour en terre. Beau à pleurer. A nous donner -presque- envie de laisser de côté l'inoubliable Dalva, Chien Brun et autres personnages des premiers grands opus (Légendes d'automne, La femme aux lucioles, Julip, etc) qu'il est bon de retrouver de temps à autre et d'un livre l'autre. Oui, Jim Harrison est un sacré auteur qui risque de nous devenir indispensable.

    Voici, très banalement (mais elle dit bien les choses) la 4 de couv du bouquin :

    Donald, métis Chippewa-Finnois de 45 ans, souffre d’une sclérose en plaques. Prenant conscience que personne ne sera capable de transmettre à ses enfants l’histoire de leur famille après sa mort, il commence à la dicter à sa femme Cynthia. Il dévoile ainsi, entre autres, sa relation à un héritage spirituel unique et l’installation de ses aïeuls dans le Michigan voilà trois générations. Pendant ce temps, autour de lui, ses proches luttent pour l’accompagner vers la mort avec la dignité qui l’a caractérisé toute sa vie.
    Jim Harrison écrit sur le cœur de ce pays comme personne, sur le pouvoir cicatrisant de la Nature, le lien profond entre la sensualité et le spirituel et les plaisirs qui élèvent la vie jusqu’au sublime.

    Lisez le dernier Harrison si vous ne voulez pas mal finir votre dimanche 24 juin

    Variante : Chauves! Lisez Harrison, vos cheveux repousseront... 

  • Parasite

    Il y a des coïncidences troublantes, trop confondantes pour être crédibles. Maxence Fermine par exemple. Lorsque j'ai lu Neige, son premier roman, j'ai immédiatement pensé que le garçon avait très bien lu et admirablement digéré Soie, d'Alessandro Barrico; mais peut-être de façon malicieuse. Lorsque j'ai pris Le Violon noir, son second roman, je me suis dit : là, le garçon a bien digéré Tous les matins du monde, de Pascal Quignard. Et aussi Noveccento, pianiste, de Barrico, encore... En réalité, avec le recul, je pense que Fermine est un plagiaire de génie. Après tout,  Rocambole et Rouletabille n'inspiraient ni vengeance ni geôle. Et il faudrait être bien mal luné pour en vouloir à Robin des Bois. Maxence vole les riches et redistribue aux pauvres lecteurs... Le talent est partout, y compris dans le parasitage, la pollution, l'imitation. Dans la pauvreté en somme. A l'indigence je ferai crédit, cette fois. Cette fois seulement.

  • La Danse, de Matisse

    6a4f1827d91159b17f13e34084627768.jpg94d889c9b78bedcbaba7eddbc22656ad.jpgPhotos volées (clic-clac!) en visitant l'Ermitage, à St-Pétersbourg. La Danse, d'Henri Matisse (à gauche). A droite, je ne me souviens plus très bien... J'aurais voulu photographier le Bateau à voile de Caspar David Friedrich pour ma fille, mais il y avait constamment quelqu'un à proximité. Pourquoi avons-nous irrésistiblement envie de "voler" des peintures avec nos appareils photo, en visitant musées et galeries?.. Question.

  • BlogBrillant

    J'invite à faire un tour sur ce blog recommandable : c'est brillant, claquant, iconoclaste, érudit et vertueux. Un brin grincheux et anti pas mal de choses, dont les idéologies idéalistes et verbales (qui croient à la magie de la formule et à son immédiateté, donc qui ne se gênent pas pour jeter de la poudre aux yeux du peuple, façon Sophistes), mais c'est avant tout un excellent blog littéraire. La note sur le magnifique livre de Philippe Muray, Le XIXème siècle à travers les âges, entre autres exemples, est salutaire à bien des égards.

    http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/

    Son auteur se dissimule derrière un pseudo voltairien (Arouet le Jeune). Après la NRF, voici la NLF...

    D'ailleurs, je l'ajoute à la colonne "blog amis".

  • Maisons Sud-Ouest

    A lire dans MAISONS SUD-OUEST, un superbe magazine de toutes les saveurs du sud, que pilote mon pote Fred Doncieux, depuis (Ô) Toulouse! Voici le début de deux reportages. La suite en kiosque (pour que vive la presse de bon goût). ¡Y suerte para todos!

     

    LE PAYS BASQUE DE JEAN BRANA

    " Si vous vouliez trouver son père Etienne, il fallait chercher son béret. Comme il ne le quittait jamais, même pour distiller sa poire d’anthologie et sa prune monumentale (que sa fille Martine distille avec une égale maestria), il était forcément dessous. Le problème avec Jean, c’est qu’il ne porte pas de béret. Comme c’est un Basque bondissant, il n’est jamais là où on l’attend, pressé de faire, bien, mille trucs à la fois. Et s’il y avait des isards sur les hauteurs de Saint-Jean-Pied-de-Port, Jean Brana serait leur chef d’espadrille. Jean a le feu aux sabots et s’il souffle, c’est pour laisser libre cours à ses plaisirs : sa famille (il a deux filles de 13 et 11 ans, Marie et Amélie), la chasse sa passion et bien sûr son travail de vigneron de haut vol qui a su, au fil des années, faire des irouléguy de la maison Brana l’une des premières locomotives de l’appellation. Adrienne, Madame mère, veille aux destinées de l’entreprise, Martine sa fille s’occupe des eaux de vie en conduisant les alambics avec autant de dextérité qu’un cocher de compétition un attelage de pur-sang et son fils Jean, donc, s’occupe des vins. Avec un professionnalisme qui force le respect et un savoir-faire qui force l’admiration de la profession et de la presse spécialisée depuis un bail. C’est en 1974 qu’Etienne crée la distillerie et en 1984 que, poussé par son fils, il crée le Domaine Brana. Aujourd’hui, ce sont 24 hectares parfois très pentus (65% !) autour de l’Arradoy, le mont qui domine la vallée, des hauteurs d’Ispoure à Bussunarits. C’est aussi un chai magnifique, bâti dans la plus pure tradition locale mâtinée du talent d’architectes en vue, domine la route. Sur le fronton d’une de ses portes, on peut y lire en basque : « Le chemin de nos ancêtres est un monument aux proportions grandioses d’espérance et de labeur...». LM (La suite en kiosque, avé les photos!)

    HEGIA, LE DAGUIN TOUCH

    " Il fut un temps où, à l’instar des crocodiles et du marigot, il y avait un Daguin de trop à Auch. Le célébrissime André officiait encore aux fourneaux de la maison familiale et le jeune Arnaud, fils de –au choix : D’Artagnan, « Alexandre » Daguin, le Commissaire « magret », comme on voudra, commençait à prendre une carrure de 3ème ligne des cuisines : ce gaillard-là ne déménagerait pas les pianos, il en jouerait. Surtout, il affirmait vite sa personnalité, mais restait pour beaucoup le petit Daguin. Le fils de. Donc Daguin hijo partit et posa son sac pas très loin, à Biarritz, sur les hauteurs de La Négresse ; aux « Platanes », en mai 1988. Après avoir accompli le tour de France réglementaire des grandes tables. Au fil des ans, Arnaud fit oublier son père tant son talent l’affranchit de toute tutelle. Une étoile au Guide Rouge consacra le travail d’un couple insécable : Véronique à l’accueil, son sourire désarmant et sa connaissance fine des vins du grand sud-ouest. Arnaud au piano, soliste virtuose ès terroir. Spécialité : Basque dans tous ses états avec réminiscences Gasconnes au sens large, mâtiné d’inventivité et d’un bon goût, au-delà des modes, qui s’apparente au tact. À la finesse. Gentleman-farmer, la cuisine d’Arnaud Daguin est à la fois généreuse et subtile. Son credo ? Obéir à la loi du marché –celui qu’il fait chaque matin- et aux saisons. Le macaron de la récompense tombe en 1993 et brillera toujours au-dessus des Platanes...". LM (La suite en kiosque!)

  • Histoire d'un titre (Houellebecq)

    Il est, aussi, bon poète.

     

    (…) « IL N’Y A PAS D’AMOUR
    (Pas vraiment, pas assez)
    Nous vivons sans secours,
    Nous mourons délaissés.

    L’appel à la pitié
    Résonne dans le vide,
    Nos corps sont estropiés
    Mais nos chairs sont avides.

    Disparues les promesses
    D’un corps adolescent,
    Nous entrons en vieillesse
    Où rien ne nous attend

    Que la mémoire vaine
    De nos jours disparus,
    Des soubresauts de haine
    Et le désespoir nu.

    Ma vie, ma vie, ma très ancienne
    Mon premier vœu mal refermé
    Mon premier amour infirmé
    Il a fallu que tu reviennes.

    Il a fallu que je connaisse.
    Ce que la vie a de meilleur,
    Quand deux corps jouent de leur bonheur
    Et sans cesse s’unissent et renaissent.

    Entré en dépendance entière,
    Je sais le tremblement de l’être
    L’hésitation à disparaître,
    Le soleil qui frappe en lisière :

    Et l’amour, où tout est facile,
    Où tout est donné dans l’instant
    Il existe au milieu du temps
    La possibilité d’une île. »

     

    ©Michel Houellebecq, Le Temps. Le Cherche-Midi.

  • Men In Black

    a3c1eba114e401c98d7865b8aa9b9b7d.jpgLa peur du noir... La peur des All Blacks. Cette saisissante photo de ©Michel Birot, que je publie dans un hors-série rugby pour VSD (à paraître vers le 10 juillet), en dit long sur la prochaine Coupe du monde. Bonjour les bleus (avé un petit "b", té!)...

  • Weyergraf

    5df38d6c875b77a1c9adba67d466e0cf.jpgJe viens de remonter le courrier. S'y trouvait un folio : Trois jours chez ma mère, de François Weyergans, avec un bref communiqué de presse de l'éditeur, plié à une page. La 21 :

    " Pendant la veillée funèbre, mon père reposait sur un lit que ma mère et moi avions fait le matin même avec des draps de lin blancs brodés. Je ne sais plus comment nous avions placé le drap du dessous, c'est encore moins facile avec un mort qu'avec un malade. Au moment de la mise en bière, je crus que ma mère allait s'effondrer quand les deux employés des pompes funèbres introduisirent sans ménagement le corps de son mari dans un grand sac-poubelle gris avant de déposer ce paquet dans le cercueil. "

    Si le hasard existait, cela se saurait, me dis-je pour la énième fois...

  • Gardel l'Etranger

    7e19f3abefd25a64e50db097d6729645.gifMon ami Louis Gardel (Fort Saganne etc) m'envoie son dernier roman, La baie d'Alger (Seuil). Ses accents camusiens y sont torrides, fréquents, justes. C'est du très bon Gardel. P.167, il emmène une fille à la plage, un Arabe passe devant eux exactement comme dans la scène du célèbre roman de Camus. Le garçon le désigne et dit à la fille : "C'est comme dans L'Etranger!". Mais l'effet tombe à plat car elle n'a pas lu le livre. C'est avec ce genre de déconvenues que l'on se retrouve seul, les pieds douloureux sur le sable brûlant. Je veux dire seul avec soi-même en dépit de la présence de l'autre et que (personnellement) je rêverais de sauter sur un étalon noir à la crinière vaporeuse et de fuir, oui tant pis : fuir!, au triple galop le long de la plage jusqu'à disparaître, baigné dans l'océan de mes cris. Plutôt que de rester faire la causette et dragouiller une fille à la peau de toute façon trop pâle...

  • La musica callada


    eb87602d6087757160130c0861e70483.jpegCeci est une note spécial-auto-promo. J'assume.

    Les robes à volants préférées d’Orabuena étaient la noire à pois rouges, la noire doublée de soie rose et la blanche à broderies ocres. Trois robes d’un mimétisme taurin qui évoquaient une tornade lorsque Orabuena lançait un zapateo avec ses semelles qui s’achevait lentement avec les talons seuls, jusqu’à ce silence sonore, cette musique tue qu’évoque Rafael Alberti à propos du toreo :

    Lointaine solitude sonore
    source sans fin d’insomnie d’où jaillit
    du toreo la musique tue.

    ©Léon Mazzella, Flamenca, roman, La Table ronde 2005. Pages 29-30.

  • Peau de laine

    « Au fond des retombées

    de pollen, de poussière

    odorante, marcher,

    tout l'homme persévère

    dans ce très vieil effort.

     

    Ni relâche ni terme,

    à l'endroit où la mort

    sur l'homme se referme. »

     

    Jean-Noël Chrisment, Pollen, Gallimard.

     

     

     

     

  • Guêpe

    Dimanche. Non : dimanche après-midi. Il n'y a pas de dimanche sans après-midi. Je veux dire : il n'y a aucun dimanche dépourvu –à un moment donné-, d'un ennui aussi épais que la crème de marrons Clément Faugier en boîte de 500g. Genre… Sauf exception bien sûr. D’où cette note en bas de jour comme il y en a en bas de page. Un renvoi, en quelque sorte... Ce dimanche-là était pourtant gris. Mais l'après-midi devint claire, tiède, tamisée et rayonnée d'une pluie qui battait la bâche du bar où j'avais un improbable rendez-vous professionnel avec une artiste dont j'avais remarqué le talent dans un magazine Italien. Du coup, j’avais apporté des munitions contre les lapins : Proust en Pléiade plutôt qu’un Folio à 2€, aussi mince qu'un After Eight. Cet après-midi dans son entier semblait sorti d'une scène remixée à Cinecitta par Godard, avec Antonioni comme assistant-réalisateur. Il y eut jusqu'à une sorte de Poulbot/Gavroche qui passa et repassa devant la terrasse, sans même essayer d'écarter le rideau de pluie qui semblait capable de le hacher, de le mixer, avec sa grande valise en cuir naturel et son imper ample (à la Bogart évidemment), pour me convaincre qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais d'une bande-annonce.
    Son arrivée en Vespa fut soudaine. Je me dis, alors qu'elle était casquée jusqu'aux yeux : c'est elle. C'est forcément elle. Puis tout s'enchaîna naturellement, sans le moindre effort et sans la moindre touche d'appréhension. Je crois que j'ai tout de suite aimé son tact, sa délicatesse, une certaine finesse, une retenue dans le regard (je n'oublie pas le sens inné de l'observation de la dessinatrice qui croque tout ce qui est bon à crayonner en faisant virevolter ses yeux capteurs, de table en table et d’arrière-plan en plan rapproché). Ses mots, aussi : la substance du bref échange que nous avons eu m'en dit long. Question de feeling. C'est toujours une question de pressenti(ment). Avec un regard droit et la franchise intérieure pour fidèles carburants (comme on est fidèle à un parfum pour sa trace sur notre peau et l'effet qu'il produit chaque jour sur l'autre), je sais avancer, armé d'une certitude intérieure. Nous conclûmes le contrat rapidement. Deux signatures à gauche et à droite. Elle illustrerait mon prochain livre. Je lui adresserais vite la dernière version du texte. Elle m'enverrait au fur et à mesure ses esquisses, culs de lampe et autres encres et sanguines. Elle est très sanguine. Une éclaircie supplémentaire vint s'ajouter à la luminosité ténue de cette fin de journée. Une lumière rasante, par en dessous, prît la ville en sandwich avec l'aide du ciel. La pluie pouvait aller se faire sécher ailleurs. Et la bande de pigeons posés là, applaudir en s'envolant lorsque la Vespa redémarra. Je pris mon carnet Moleskine, mon stylo, Proust et achevai mon havane en bravant un vent à décorner les ânes cocus, jusqu'au fond du Jardin des Plantes, par bonheur ouvert encore. Et désert.


    Pourquoi avoir titré Guêpe? Parce qu'en Anglais, ça se dit Wasp. Les Wasps sont le club (anglais) de rugby à nouveau Champion d'Europe dans lequel joue Raphael Ibañez, le capitaine du XV de France. Ibañez avec un tilde sur le n, j'y tiens. On dit pas Ibanez comme naze ou niaise, mais "ibagnaise", comme Bolognaise. Et c'est de l'Espagnol. Justement! Guêpe se dit Vespa en Italien. Voilà pourquoi ce titre.

  • C'est n'importe quoi, Daumal, parfois

    "Je suis mort parce que je n'ai pas le désir;

    je n'ai pas le désir parce que je crois posséder;

    je crois posséder parce que je n'essaie pas de donner;

    essayant de donner, je vois que je n'ai rien;

    voyant que je n'ai rien, j'essaie de me donner;

    essayant de me donner, je vois que je ne suis rien;

    voyant que je ne suis rien, j'essaie de devenir;

    essayant de devenir, je vis."

    René Daumal. 

  • Surprenant Guillevic

    Voilà un poète que je redécouvre, ou plutôt dont je découvre l'âme sensible, amoureuse. Je ne l'imaginais pas, en lisant jadis Terraqué, Exécutoire, Spère, Paroi... -Autant de livres qui ne m'ont jamais renversé, capable d'avoir écrit (il est mort il y a dix ans) des poèmes d'amour prodigieux. Je viens de les trouver dans Possibles futurs, un recueil qui paraît ces jours-ci en Poésie/Gallimard et qui rassemble notamment Elle et Le matin... Le premier est un bouquet de poèmes d'amour très courts et bouleversants comme les derniers d'Eluard. L'envie d'en citer une poignée me chatouille. On n'imagine pas ce Breton fonctionnaire toute sa vie (il fut un spécialiste du contentieux fiscal), avec sa bouille de moine ou de nain de jardin, écrivant :

    Elle peut aussi

    Etre colère 

    Comme le ruisseau

    Devient cascade.

    ---

    Elle est un besoin

    Qu'a le mystère

    De se manifester. 

    ---

    Quand elle est là

    L'ombre se fait pénombre.

    ---

    N'importe où elle marche

    C'est son sentier.

    ---

    C'est en elle

    Que les courbes

    Trouvent leur perfection.

    ---

    Quand elle coule sur elle

    L'eau retrouve son origine.

    ---

    Ses cils

    Sont le souvenir 

    Des forêts originelles

    ---

    Ses seins gardent le secret,

    En appellent

    Au silence.

    Ils ont ce qu'elle a

    De plus planétaire.

    ---

    Fréquemment

    Son regard

    plaide ton innocence.

    ---

    Etc...

    Ce ne sont pas des haïkus amoureux, mais des impressions. Des eaux-fortes. Quelque chose apparente ces poèmes fulgurants à l'esquisse, à la calligraphie, à l'estampe. A l'aube. Au silence. Au regard. Au matin des amants et à leur premier regard...

    Bouleversant, oui. 

  • Apesant'heure

    Char dit que vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir. Et encore qu'il aime qui l'éblouit puis accentue l'obscur à l'intérieur de lui. Et aussi qu'il faut aller vers son risque. Air connu : Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront. N'est-ce pas?.. Cela va de soie. Avec un petit "e" au bout, pour mieux leurrer la truite de l'existence. L'essentiel demeure dans la lucidité, cette éprouvante blessure la plus rapprochée du soleil, qu'un Napolitain éclairé (Erri de Luca) sait appréhender (L'Isle sur la Sorgue est plus au Nord, ou moins au Sud du méridien de Greenwich de l'âme poétique) : "Montedidio". L'été, la lumière avance toute fraîche à ras de terre et s'élève ensuite pour allumer un four au-dessus de la ville... On dirait L'Eté de Camus, quelque chose comme ça, du grillé. A la manière des insectes qui grésillent dans Giono ou dans Carrière son disciple. Les heures chaudes. Impossibles. Une visite à l'improviste dans leurs pages incandescentes. Rafraîchissantes, aussi. Bref, le Sud me gagne et cette fucking pioggia sur Paris me gave, cette nuit, car elle n'a rien à voir avec une gargoulette...

  • Merci Benoît!

    Benoît Jeantet, hédoniste dingo de rugby, de poésie et de gastro, me rend cet hommage, surpris sur la Toile ce matin tôt, et son blog s'appelle rugbymane :  http://rugbymane.blogspot.com Son auteur (que je remercie -au passage- très chaleureusement pour sa note) le définit ainsi : "Ceci est le journal d'un malade de la chose ovale, devant apporter la preuve de l'apparition d'une nouvelle addiction "contractable" sur tous les prés du monde. C'est la vengeance de la pelouse. Entre nous on l'appellera "rugbymanie"...

    D'ailleurs, le dernier numéro de l'élégante revue ATTITUDE Rugby (arrivé pile hier matin tandis que je matais des photos splendides avec son auteur Michel Birot, par ailleurs Rédacteur en chef de ce magazine) publie un extrait du blog de cet esthète de l'Ovale qui a plus d'une passion dans son sac.

    Benoît Jeantet est un blogueur fou : il en anime deux autres : http://foodingpoesiesdujour.blogspot.com/ (poésie) et :  http://papadebloguetotal.blogspot.com/ (allez-y voir!..).

  • Gracq, again...

    f4efe2d6bd823b91b64b05474ee9d9a1.gifLe Magazine Littéraire de juin offre un long entretien avec le plus grand écrivain français vivant. Avec "le dernier classique vivant". Cet homme que j'ai l'immense chance de voir de temps à autre chez lui à St-Florent-le-Vieil, en bord de Loire. L'entretien (avec Dominique Rabourdin) est lumineux. J'y ai retrouvé certaines confidences faites dans le salon de sa maison où il reçoit.

    Un entretien éclairant, oui, sur sa foudroyante lucidité sur la Littérature, le monde tel qu'il (ne) va (pas) et demain, qui ne le verra pas. Son retour sur son parcours d'écrivain est également phosphorescent (Gracq est une luciole sur le chemin nocturne du marcheur égaré car trop rêveur) quant à son absence d'illusion sur l'oeuvre avec un grand O, le fameux work in progress... Gracq ? Le plus grand dilettante de génie que la terre de France ait porté depuis... Allez! Stendhal et Flaubert à match nul.

    Extraits en forme de tapas (mise en bouche littéraire) : 

    fe9861a5952922a87c53301624617314.jpeg... " Et qui font que les dates de parution de mes livres me donnent moins le sentiment d'une "carrière" que celle d'une maigre série échelonnée d'affaires de coeur, à laquelle l'écriture fragmentaire vient prêter à la fin par son tissu une relative consistance". 

    "La mort survient, un jour ou l'autre; quoique très proche pour moi (Julien Gracq aura 97 ans le 27 juillet prochain), sa pensée ne m'obsède pas : c'est la vie qui vaut qu'on s'en occupe."

    (Photos : Gracq marchant en bord de Loire devant chez lui. Et "chez lui", rue du Grenier-à-Sel...)

  • René Char est de plus en plus vivant

    2717cf9d46aa47bd0d759c818895cab6.jpegL'expo qui lui est consacrée (car il aurait 100 ans le 14 juin prochain) à la BNF à Paris, est Extra-Ordinaire. Il est infiniment émouvant de lire le manuscrit de fragments qui nous portent depuis des kilos d'années, qui sont comme des bouées en cas d'avarie, des papillons contre les scaphandres (allez voir le film tiré du très beau texte de Jean-Do. Bauby, au passage : Le Scaphandre et le Papillon) des visas contre le désenchantement du monde...

    Aujourd'hui me voit vêtu de Char, irrigué même. Avec ses poèmes dans les veines.
    La journée a commencé parmi les magnifiques photos de Michel Birot, en noir & blanc, sur le rugby (pour un hors-série "boulot").

    Elle se poursuit dans l'éclair durable de la poésie magnétique de Char.

    Et s'achèvera dans la relecture au hasard de Proust. Parce qu'il faut retourner à Proust au hasard, comme on retourne au Journal de Jules Renard et à un bistro élu de notre coeur dans le quartier où l'on vit. Au hasard, Balthazar?..

  • D'évidence, l'évidence

    8de2f4988f6e6da74f0e220b9d53e6a2.jpgLu, ventre noué, cœur dévasté, peau traversée par le vent d’une interminable chair de poule, dents serrées, 59 préludes à l’évidence, d’Arnaud Oseredczuk (Gallimard) cité dans une note récente.

    En voici quelques extraits marquants.

    Ils disent la difficulté de l’amour, comme la plupart des livres depuis Sénèque et Ovide, n’est-ce pas ? Mais il est des lectures qui nous marquent davantage, en certaines circonstances de notre vie. La nuit dernière, un rêve m’a réveillé : j’avais de longues, grandes échardes comme ces épingles à cheveux en bois sombre ou en corne, plantées dans la main à la manière d’un clou dans la paume d’un crucifié, une autre dans la plante du pied gauche, une autre encore dans la cuisse. Je les ôtais facilement, sans douleur. Elles charriaient des extraits de végétaux, de bois et je craignais seulement une infection. Ma peau meurtrie se refermait pourtant comme l’eau après le saut d’un poisson. Rond. L ‘évidence de ce rêve ? Les échardes –étaient - ce livre, lu hier soir.

    Voici donc quelques extraits transperçants. 

    « Enfin elle m’est donnée, l’évidence…

    …Comme je me penche sur elle pour lui répondre, mon visage s’abat comme une aile dans le creux de son cou, et ma bouche où glissent ses cheveux emmêlés, divague de son oreille nue à ses lèvres pas tout à fait closes…

    … À l’étage d’un restaurant où se propage Cosi fan tutte, c’est à peine si nous pouvons manger, tellement nous ravage une autre faim…

    …Chez elle il fait une chaleur de forge sous notre peau, quand nos caresses s’entêtent et se précisent. Et voici que se tresse, dans l’osier de nos doigts, un petit panier plein de miracles. D’elle penchée sur moi, qu’oserais-je dire qui ne trahisse pas ses cheveux libres, ni l’offrande de ses seins, ni la tendresse que m’ont versée ses yeux intarissables.

    Son grain de beauté noir, elle sait bien. Et ma main droite pour sceller son sommeil, bien calée sous son sein gauche. Et le matin, cette très grande paix sans conquête ni victoire, ineffaçable comme tout ce bleu carillonnant contre le ciel de Vaugirard, comme dans ses cheveux ruisselants le parfum de l’évidence.

     *****************

    … Puis elle me dit, prends-moi dans tes bras. Plus facilement que nous nos corps se retrouvent et s’épousent. Mais elle insiste entre nos baisers, elle ne sait pas, elle a besoin de temps…

    Chez elle elle veut bien que je reste dormir, mais en tout bien tout honneur Au lit elle se blottit contre moi, et de nouveau ma main droite pour sceller son sommeil. Moi comment saurais-je dormir ? Plusieurs fois mon insomnie la réveille, alors elle serre doucement ma main entre ses doigts, avec un sourire las… 

     ***************** 

    …le fagot de nos membres ligotés par l’amour... 

    …Une autre (femme) me fait face qui serre dans la corbeille de ses bras la récolte de ses seins…

    **** 

    …Enterré vivant dans mon amour je murmurais pour moi-même, absurdement : au bas de ma vie, tu recueilles mes eaux. Ou mon regard glissait sur ses jambes, sur ses seins moulés dans son pull à côtes, et je songeais, incrédule, que j’avais eu brève licence sur tout cela…

    ...Je connnaissais des rémissions. Echangeant trois mots avec elle, ça va et toi, je m'étonnais tout à coup de ne rien sentir...

    …D’autres fois il faisait beau, le souffle de la jeunesse gonflait ma poitrine, et j’allais par les rues solaires et les jardins, ivre du ciel bleu et de voir les filles si belles, et parfois l’une d’elles à mon passage rectifiait dans l’éclair d’un regard l’ordre impeccable de ses cheveux…

    Et ces lignes à leur tour auraient renoncé à capturer l’insaisissable, comme à béatifier le souvenir de son frôlement. Elles parviendraient tout juste au seuil de cette voie encore hésitante : s’évaser, se vider, s’évider. Afin que sans obstacle traverse l’évidence, comme le souffle irrigue la flûte, et fait jaillir au passage la joie imperfectible du chant. »

    ©Gallimard 1998 

  • les 4 de couv., décidément

    Je tombe par hasard (s'il existe, mais je ne l'ai jamais pensé) sur celle-ci et je reste en arrêt comme un setter devant une bécasse.

    Le livre? "59 préludes à l'évidence", d'Arnaud Oseredczuk (Gallimard). Connais pas. 

    La voici :

    "Son grain de beauté noir, elle sait bien. Et ma main droite pour sceller son sommeil, bien calée sous son sein gauche. Et le matin, cette très grande paix sans conquête ni victoire, ineffaçable comme tout ce bleu carillonnant contre le ciel de Vaugirard, comme dans ses cheveux ruisselants le parfum de l'évidence." 

    J'en reste là, incapable de bouger, les yeux fixés sur ce court extrait, qui me renvoie au bonheur enfui, à la mort, au goût si amer de ce que nous n'avons pas su retenir dans notre trop courte vie jalonnée de si peu de bonheurs, au fond. Trop secoué, les larmes montent en moi du fond du néant. Je lirai ce livre demain. Pas avant. Peux pas...

    Si je fais part, ici, de cette émotion (qui m'a littéralement étreint ce matin) c'est parce qu'elle est capable de toucher chacun de nous.

    Que peut la littérature? Ca, justement. Et c'est bien assez. Je l'en remercie chaque jour, pour cela qu'elle (me) donne... 

    La littérature, c'est l'Universel moins les murs (je renverse l'une de mes phrases fétiches, que nous devons à Miguel Torga : "L'Universel, c'est le local moins les murs" et que je me plais à citer souvent). L'émotion c'est la littérature moins les murmures, l'Universel c'est la littérature sans les larmes; etc.

  • Carmen

    c431e9ce7b11d9e131119b9326e5f482.jpegCarmen est de plus en plus belle. Picasso l'a magnifiée puissamment. Il disait : La peinture est plus forte que moi, elle fait ce qu'elle veut de moi, ou quelque chose approchant. La peinture gagne ainsi sur la musique (l'Opéra funèbre de Bizet) et sur la littérature (la nouvelle de Mérimée). Le mythe à la peau fine et mate, dure. Carmen signifie charme, en Espagnol. Ce portrait (repris pour l'affiche de l'émouvante expo qui se tient au Musée Picasso, rue de Thorigny, Paris1668bc23151294f66f2bb9ebe3f5733c.jpeg 3ème) le confirme. Précision : il ne s'agit pas d'un Picasso, mais d'une carte postale brodée dans le plus pur kitsch Madrilène des grandes années, signée Esperon et intitulée Femme à la mantille. A chacun sa Carmen. Et celle de Picasso, c'est plutôt dans le registre accouplement de Dora et du Minotaure (à droite) qu'il faut aller la chercher, je crois...


     

  • Cette étrange et envahissante liberté

    "D'abord, l'impudeur. L'obligation de bafouer toutes les règles de la discrétion : fouiller dans les papiers personnels, ouvrir les sacs à main, décacheter et lire du courrier qui ne m'était pas adressé. Transgresser les règles élémentaires de la politesse à l'encontre de ceux qui me les avaient enseignées me blessait. L'indiscrétion m'était étrangère..."

    Lydia Flem, Comment j'ai vidé la maison de mes parents, Seuil.

    Un livre qui me taraude, surtout les week-ends où je descends à Bayonne pour continuer de vider la mienne, impregné que je suis alors de ces étranges sensations-là...

  • De la main

    1c99ecc696b01065e68cb873fb2456ec.jpegIl y eut d'abord son geste faible du bras droit -l'autre était depuis plusieurs semaines saisi par la paralysie- pour retenir la vie, pour dire des mots, les derniers, avec les doigts. En avancant ce bras. La parole ne montait plus. Les lèvres restaient closes. Le regard était droit. Dur. Mais comme la volonté, l'expression, la franchise intérieure peuvent l'être. Tout son être, le concentré de son existence se trouvaient là. Au bout de ce bras, de ces cinq doigts qui tremblaient vers moi. Au bout de ces deux yeux, que quelque chose de funeste commencait de voiler légèrement. Soie.

    Je saisis sa main. Il soupira lentement. Très lentement. Je sus qu'il était en train de me dire les choses essentielles. Tout ce que la vie qui s'échappe fait monter du coeur, du ventre, de la gorge, de nulle part. De partout. Comprenne qui le vivra.

  • Philosophie de la corrida

    medium_castella.jpegIl y a des textes de 4ème de couverture qui donnent immédiatement envie d'entrer dans le livre qu'elles résument. Celui-ci par exemple Philosophie de la corrida, qui paraît chez Fayard :

    (...) "Parce qu'elle touche aux valeurs éthiques et qu'elle redéfinit l'essence même de l'art, la corrida est un magnifique objet de pensée.

    La corrida est une lutte à mort entre un homme et un taureau, mais sa morale n'est pas celle que l'on croit. Car aucune espèce animale liée à l'homme n'a de sort plus enviable que celui du taureau qui vit en toute liberté et meurt en combattant. La corrida est également une école de sagesse : être torero, c'est une certaine manière de styliser sa vie, d'afficher son détachement par rapport aux aléas de l'existence, de promettre une victoire sur l'imprévisible. La corrida est aussi un art. Elle donne forme à une matière brute, la charge du taureau; elle crée du beau avec son contraire, la peur de mourir; elle exhibe un réel dont les autres arts ne font que rêver.

    Sous la plume jubilatoire de Francis Wolff, on découvre ce que Socrate pensait de la tauromachie, que Belmonte peut être comparé à Stravinsky, comment Paco Ojeda et José Tomas fondent une éthique de la liberté et pourquoi Sébastien Castella* est un virtuose de l'impassible..."

    *(photo).

     

  • Revoir un bon vieux Godard

    medium_a_bout.jpegA BOUT DE SOUFFLE, par exemple. Soudain (forcément soudain) Belmondo cite Lénine : "Nous sommes des morts en permission". Paf! Plus loin, il feuillette Abracadabra, de Maurice Sachs (Gallimard 1952). J'aime prélever ces signes de piste à la pince à épiler lorsque je revois un film. Va comprendre!..

     Les jolies jambes de Jean Seberg 

  • Lisez LE JOURNAL DES LOINTAINS

    medium_DSCF2719.2.JPGMon pote Marc Trillard, écrivain, bourlingueur (si on ne parle pas de ses potes ici, hein!), dirige la revue-livre littéraire JOURNAL DES LOINTAINS (éd. Buchet-Chastel, 17€). Le n°5 vient de paraître. J'y publie AU CUL DES COQS DANS LA BRUYERE KAZAKH, fragments d'un journal tenu là-bas. Cela s'appelle de la promo. De l'auto promo même. So what?!...
    Tout est bon à déguster ou à dévorer dans cette livraison : de Bernard Chambaz qui nous emporte d'Arkhangelsk à Astrakhan à Olivier Soufflet qui nous cornaque à La Réunion, en passant par la Birmanie d'Henri Marcel.
    Voici le début de mon long texte sur le Kazakhstan. La suite se trouve en librairie...
    29 août. Vol Paris-Istanbul. Escale dans la capitale turque. Eternelle magie du voyage. Jusque dans les façons de faire pour reconnaître individuellement ses bagages sur la piste, avant de remonter dans l’avion... Ce qui me ravit délicieusement énerve toujours quelques grincheux qui ont vite recours à l’adjectif sauvage pour désigner les us d’une civilisation étrangère. C’est affligeant. Les veneurs qui sont du voyage et qui tenteront de prendre un cerf maral –le plus gros du monde- avec leur meute de quarante-deux chiens solognots et les petits chevaux kazakhs, sont moins cul pincé que je ne le craignais. Ils sont même assez chauds : chaque femme qui passe est déshabillée du regard et abordée sans ambages. Ils aiment aussi l’alcool et les cigares et semblent peu habitués à voyager. C’est de bon augure. Touffeur. Attente. Retard (prévisible) de l’avion pour Alma-Ata (j’ai du mal à dire ou à écrire Almaty car Alma-Ata, c’est comme Samarkand et Zanzibar, comme la route de la soie ou celle des épices : du rêve brut). Vendeurs de loukoums. La photo de Carole Bouquet au duty-free. Bu une bière tiède. 21 heures (locales). L’avion est plein. Beaucoup de chinois et de mongols, j’avoue ne pas les distinguer avec certitude... 
     

  • Relire Blondin

    medium_blond29642.jpgA la faveur d'un hors-série "Rugby" que je conconcte entièrement en ce moment (Coupe du Monde oblige) pour VSD, je relis Antoine Blondin avec un bonheur intact. Les enfants du bon Dieu, par exemple. C'est son second roman et il reparaît cette semaine dans La Petite Vermillon, la collection de poche de La Table ronde. Alain Cresciucci, biographe de Blondin, rappelle ceci dans sa préface, à propos de la petite musique d'Antoine : Roger Nimier parlait de "blondinisme" dont il avait tiré le verbe "blondiner" : "Façon d'entrer dans le monde en utilisant son coeur comme ouvre-boîte". Voici de quoi faire chavirer les plus rétifs et tous ceux qui ne sont encore jamais entrés chez Monsieur Jadis, qui n'ont jamais aperçu Un Singe en hiver, mais qui possèdent une Humeur vagabonde... J'en profite pour signaler (également dans la Petite Vermillon) la reprise du premier livre de mon ami Olivier Frébourg : Roger Nimier, trafiquant d'insolence. C'est brillant, nerveux, ça claque. C'est de la vitamine effervescente.

  • Le Nouvel Obs en parle

    Dans l'édition Paris Ile-de-France du Nouvel Observateur daté du 10 au 16 mai, à la page "Expo" de Bernard Géniès, je lis ceci :

    ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 

    Marine Mazzella

    Tandem 10, rue de la Butte-aux-Cailles (13è); 01-45-80-48-04. Jusqu'au 31/5.


    Une quinzaine d'images de cette jeune photographe, qui ne se sépare jamais de son appareil numérique, prennent place dans ce bar à vins du haut de la rue. En noir et blanc ou en couleur, ses instantanés parisiens frappent par leur humanité ("la Vieille Dame qui toréait les pigeons") et un réel talent pour les cadrages impeccables. 

     ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Si vous êtes de passage sur la Butte (aux Cailles, Paris 13ème), allez-y de ma part. Nico et Philou vous accueilleront avec un verre de blanc sec ou de rouge judicieusement choisis.  

  • Etonnante littérature

    Plusieurs d'entre vous ne parviennent pas à naviguer sur le site des Etonnants voyageurs et ne trouvent donc pas ma tribune "La littérature a de l'asthme". Il suffit pourtant de copier le lien (en vert) de la note précédente, ou bien, une fois sur le site : www.etonnants-voyageurs.net , d'aller sur l'onglet "Saint-Malo", puis de cliquer sur "Manifeste". Et enfin de cliquer sur mon nom. Bonne lecture. J'attends vos réactions ici. L.

  • Etonnants voyageurs

    Le site de l'écrivain et éditeur Michel le Bris et de son magnifique Festival des "travel-writers" "Etonnants voyageurs", lequel se tient chaque année (fin mai) à Saint-Malo, publie cette semaine mon texte "La littérature a de l'asthme", en réaction au désormais fameux "Manifeste pour une littérature-monde" (paru il y a peu en Une du "Monde des Livres")...

    Voir le site www.etonnants-voyageurs.net/spip.php?article1668

     

  • Les écrivains dans leur jardin, florilège.

    Des Mille et une nuits à Proust, du Cantique des cantiques à Kafka et Flaubert, en passant par Yourcenar ou Ji Cheng et Claude Simon, les grands textes, et de nombreux écrivains, ont célébré le jardin. Florilège et promenade dans les allées, avec larges extraits.
    ---------
    Voltaire, d’abord. Avant La Genèse. Candide, chapitre XXX : « Il faut cultiver son jardin ». Dont acte. Le précepte est indestructible. Ecrit à l’anti-rides. Et l’avantage, c’est que chacun l’interprète à sa guise ou selon son humeur. Telle est la non-leçon voltairienne. Sa lumineuse liberté.
    La Genèse, donc : « Iahvé Elohim planta un jardin en Eden, à l’Orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé. Iahvé Elohim fit germer du sol tout arbre agréable à voir et bon à manger, ainsi que l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la science du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin… » (C’était commode).
    Depuis, le jardin n’a cessé d’inspirer. L’existence même du jardin est source d’inspiration : avant d’être sujet d’écriture, le jardin comme espace et environnement de l’écrivain, est propice à l’écriture. Il n’est qu’ à lire ce petit bijou qu’est Ecrit dans un jardin, de Marguerite Yourcenar, pour s’en convaincre. L’art du jardin, spécialité extrême-orientale classique, est éminemment littéraire : en effet, comment ne pas oser la métaphore des plantes et des fleurs que l’on plante avec les mots et les phrases que l’on pose ?
    Yuan Ye (Le Traité du jardin, publié en 1635), du maître jardinier chinois Ji Cheng, inscrit l’action dans la durée. Comme l’écrivain l’écriture : « Au bord du ruisseau, on plantera des orchidées et des iris. Les sentiers seront bornés des Trois  Bons Amis (le prunier, le bambou et le rocher). Il s’agit d’une œuvre qui doit durer mille automnes. (…) Quoique fait par l’homme, le jardin semblera l’œuvre de la nature ». Et le livre, légende. Un « livre de sable », une notion chère à Jorge Luis Borges. Sensuelle, pensée avec méticulosité, l’art du jardin est un bouquet de vertus pour l’âme et les sens. C’est un art  qui veille au bien-être et prédispose à la création, en somme : « Dans la nuit, la pluie tombera sur les bananiers, comme les larmes de sirènes en pleurs. Quant à la brise matinale, elle soufflera à travers les saules qui se balanceront comme des selves danseuses. (…) Il faut planter les bambous devant les fenêtres et les poiriers dans les cours. Le vent, murmurant à travers les arbres, viendra effleurer doucement le luth et les livres posés sur le chevet ». Avec une poésie subtile, le maître jardinier qui conçut de nombreux jardins sous la dynastie Ming, disait encore : « Bien que tout ceci ne soit qu'une création humaine, elle peut paraître œuvre du Ciel »…
    Remonter au Poème de la Bible, Le Cantique des cantiques permet d’y cueillir d’admirables pétales sur le motif. « C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée ; un bosquet où le grenadier se mêle aux plus beaux fruits, le troène au nard, le nard, le safran, la cannelle, le cinname à toutes sortes d’arbres odorants, la myrrhe et l’aloès à toutes les plantes embaumées ; une fontaine dans un jardin, une source d’eau vive, un ruisseau qui coule du Liban. Levez-vous, aquilons ; venez, autans ; soufflez sur mon jardin pour que ses parfums se répandent. Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il mange de ses beaux fruits ! ».
    Les Mille et Une Nuits ne sont pas non plus en reste d’évocations merveilleuses. Une parmi cent : « J’ouvris la première porte, et j’entrai dans un jardin fruitier, auquel je crois que dans l’univers il n’y en a point de comparable. Je ne pense pas même que celui que notre religion nous promet après la mort puisse le surpasser. (…) J’en sortis l’esprit rempli de ces merveilles ; je fermais la porte et ouvris celle qui suivait. Au lieu d’un jardin de fruits, j’en trouvai un de fleurs, qui n’était pas moins singulier dans son genre… ».
    Verlaine, dans ses Poèmes saturniens, pousse lui aussi la porte qui ouvre sur le jardin merveilleux : « Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,/Je me suis promené dans le petit jardin/Qu’éclairait doucement le soleil du matin,/Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle… ».
    La beauté des jardins a toujours captivé les poètes. Les fruits, les fleurs –depuis Ronsard (« Mignonne, allons voir si la rose… »)-, produisent par ailleurs des métaphores tantôt libidineuses, tantôt amoureuses. Question de sève.
    Venant de Victor Hugo, cela peut étonner : « Nous allions au verger cueillir des bigarreaux. / Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros. (…)/Ses petits doigts allaient chercher le fuit vermeil,/Semblable au feu qu’on voit dans le buisson qui flambe./Je montais derrière elle ; elle montrait sa jambe/Et disait : « Taisez-vous ! » à mes regards ardents ; (…) Penchée, elle m’offrait la cerise à sa bouche ;/Et ma bouche riait, et venait s’y poser,/Et laissait la cerise et prenait le baiser ».
    Alexandre Vialatte, lui, aime les jardins municipaux : « L’homme ne vit réellement sa vie que dans la paix végétale des squares municipaux, devant le canard de Barbarie. (…) Si bien qu’on se croit au paradis et qu’il ne faut toucher à rien, ni aux fleurs, ni au séquoia, ni au canard, ni au silence, ni au jet d’eau, ni aux instruments de précision, de peur de fausser le mécanisme ; qui est certainement celui du bonheur ». Et c’est ainsi qu’Alexandre est grand !
    Dans un registre différent, l’immense Claude Simon, dans Le Jardin des Plantes (il vécut Place Monge, dans le 5ème à Paris, à deux pas du Jardin de Buffon, Lacépède, Cuvier, et Jussieu), évoque avec une minutie saisissante, et dans une prose somptueuse, l’atmosphère du Jardin : les gens qui cassent la croûte, les clochards qui roupillent sur les bancs, le jardin zoologique, le Museum, les joggeurs, sur lesquels « les pastilles de soleil criblées par les feuillages glissent…  (…) De nouveau, jaillissant des épaisses et vertes frondaisons des acacias, des peupliers, des frênes, des platanes et des hêtres l’oiseau lance son ricanement strident, moqueur et catastrophique qui monte par degrés, se déploie et retombe en cascade ».
    Autre géant trop souvent réduit à certains aspects de sa vie privée, André Gide, qui vécut rue de Médicis, en face des Jardins du Luxembourg, à Paris, décrit fréquemment le « Luco », notamment dans Les Faux-Monnayeurs.
    Comme Louis Aragon le fit, dans Le Paysan de Paris, au parc des Buttes-Chaumont, en y observant sa faune nocturne en compagnie d’André Breton. Il a notamment cette remarque sibylline : « Tout le bizarre de l’homme, et ce qu’il y a en lui de vagabond, et d’égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllables : jardin. Jamais, qu’il se pare de diamants ou souffle dans le cuivre, une proposition plus étrange, une plus déroutante idée ne lui était venue que lorsqu’il inventa les jardins »…
    Flaubert nous montre quant à lui un Pécuchet complètement absorbé par son jardin, habité par l’obsession de la bonne conduite des tailles et autres semis, sous l’œil critique de Bouvard. Car Pécuchet n’a pas la main verte… Le passage suivant vaut par son humour  : « Les boutures ne reprirent pas, les greffes se décollèrent, la sève des marcottes s’arrêta, les arbres avaient le blanc dans leurs racines ; les semis furent une désolation. Le vent s’amusait à jeter bas les rames des haricots. L’abondance de la gadoue nuisit aux fraisiers, le défaut de pinçage aux tomates. Il manqua les brocolis, les aubergines, les navets, et du cresson de fontaine, qu’il avait voulu élever dans un baquet. Après le dégel, tous les artichauts étaient perdus. Les choux le consolèrent. Un, surtout, lui donna des espérances. Il s’épanouissait, montait, finit par être prodigieux et absolument incomestible. N’importe, Pécuchet fut content de posséder un monstre. Alors il tenta ce qui lui semblait être le summum de l’art : l’élève du melon ». Ce sera, on s’en doute, un échec cuisant.
    Nous pourrions ainsi citer, à l’envi, Les Géorgiques de Virgile, L’Odyssée d’Homère, Esope (plagié plus tard par La Fontaine), Boileau, Huysmans, Balzac, pour ne citer que quelques grands classiques. Tous ont magnifié le jardin comme  espace, tantôt foisonnant, tantôt raidi par l’ordre. Le génie du lieu, ouvert et façonné, a donné des pages éblouissantes chez Horace Walpole, auteur d’un Essai sur l’art des jardins modernes, et pour qui « créer un jardin, c’est peindre un paysage ». Le père fondateur du roman gothique louait le jardin à l’anglaise et vilipendait le jardin français façonné « à la Le Nôtre »… Vieille querelle, que les jardins japonais, subtils, font taire en étant seulement.
    Colette, avec la fluidité de sa prose enchanteresse, aimait passionnément les jardins, même si la nature sauvage mais douce de sa Puisaye natale, avait sa préférence : « Demain je surprendrai à l’aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent, à la pointe de chaque lance bleue, une perle… ».
    À l’opposé, Marguerite Duras décrit, superbement, et comme un pied de nez aux jardins bien ordonnés, un jardin de banlieue triste, du côté de Vitry, dans La Pluie d’été. L’auteur des Journées entières dans les arbres, adorait décrire tous les jardins, même luxuriants et indochinois (voir Le Square).
    Il y a encore le jardin intérieur, « les roses fleurissent à l’intérieur », disait Jean Jaurès. À distinguer du nénuphar qui pousse à l’intérieur du poumon de Chloé (dans L’écume des jours, de Boris Vian), et du Roman de la rose, d’un Moyen-Âge qui aimait enclore l’amour courtois : la rose symbolisait la femme et le jardin, le lieu clos où elle se cachait.
    Il y a enfin le jardin secret, là où poussent nos rêves et nos désirs. Et je laisserai, par paresse et par admiration, le mot de la fin à Antoine Blondin : « Un peu plus aventureux, je me serais fait jardinier ». L.M.
    ---
    Lire absolument : Le goût des jardins, et Les jardins secrets (Mercure de France), et chercher obstinément Eloge du jardin, offert il y a deux ans par Arléa pour l’achat de quelques livres. Car ce sont trois anthologies très précieuses.
     
    J'ai publié ce papier dans Le Journal du Salon du Livre de Paris, il y a quelques jours, fin mars.