Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

KallyVasco - Page 17

  • "La littérature, pour quoi faire?"

    C'est le thème de la Leçon inaugurale du Collège de France qu'Antoine Compagnon a prononcée en prenant sa Chaire de Littérature française moderne et contemporaine (Fayard).123e6f1bf6524f64bc03a49f5b505cdc.jpeg
    Pudiquement retranché derrière des phrases phares d'auteurs, il exprime notamment ceci :

    "La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature". Proust, Le Temps retrouvé. La réalisation de soi, jugeait Proust, a lieu non pas dans la vie mondaine, mais par la littérature, non seulement pour l'écrivain qui s'y voue en entier, mais aussi pour le lecteur qu'elle émeut le temps qu'il s'y adonne (ajoute Compagnon).
    Francis Bacon a tout dit : "La lecture rend un homme complet, la conversation rend un homme alerte, et l'écriture rend un homme précis" (...) Suivant Bacon, proche de Montaigne, la lecture nous évite de devoir recourir à la sournoiserie, l'hypocrisie et la fourberie; elle nous rend donc sincères et véritables, ou tout simplement meilleurs.

    Bergson (a une comparaison sur les poètes et les romanciers qui peut rappeler Proust, précise Compagnon) : "Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révèlera". 

    Tout Proust est là : "Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence, énonçait-il au départ de la Recherche. Chaque jour je me rends mieux compte que ce n'est qu'en dehors d'elle que l'écrivain peut ressaisir quelque chose de nos impression passées, c'est-à-dire à atteindre quelque chose de lui-même et la seule matière de l'art".

     

     

  • JG, je m'interroge


    Gracq, écrivain tantrique?
    Gracq était un guetteur pusillanime qui observait au-delà, tapi en deçà. Occupé à sa phrase qui gouvernait seule la possibilité d’une action libératrice ; un dénouement. S’il avait le goût du risque calculé, il lui manqua l’audace de  franchir ce pas au-delà qui l’aurait propulsé dans l’arène du monde et du vivant. Au lieu de quoi Julien Gracq fut l’écrivain du regard scrupuleux et de la rétention. Il fut résolument l’écrivain du désir. Et plus encore de cette incapacité à se résoudre à sortir, non pas de sa réserve mais du lit du pensionnat. J’en reste convaincu. Gracq n’aura jamais pu affronter l’inconnu de ce dortoir qu’il maintînt à distance respectable. Et sa vie sociale tout entière fut le prolongement de ce choc à la fois fondateur  et déconstructeur. Le hiératisme de Gracq tiendrait finalement davantage d’un banal défaut de courage que d’une ascèse admirable et exemplaire car naturellement consentie. Sans doute est-ce pourquoi il vénérait  « Les aventures du capitaine Hatteras ». Elles flattaient à l’envers son impuissance à agir. L’action dans son œuvre est toujours à venir. Comme le livre de Blanchot, le silence de Jabès, la musique tue mais si sonore de Bergamin et les chemins qui ne mènent nulle part de Heidegger. Il est l’anti-Char de l’éclair me dure et qui était du bond (Un Char d’action). Gracq ou l’immobilité seulement mue par les tourbillons et les remous de l’Evre et de la Loire à ses bords ? –Chi lo sa ?


  • after JG

    Voici quelques liens pour ne pas perdre le contact. Voir aussi le site officiel de JG (celui de son éditeur de toujours, José Corti), qui figure dans les "sites amis" de ce blog.

     

    http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/julien_gracq/

    http://fr.wasalive.com/fr/julien+gracq

    http://www.republique-des-lettres.fr/10226-julien-gracq.php

    http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3260,50-992797,0.html

    http://afterjuliengracq.blogspot.com/2008/01/lon-mazzella-dans-liberation.html

     

    Les obsèques civiles de l'auteur du "Rivage des Syrtes" se sont déroulées à Montreuil-Juigné, près d'Angers, où il est décédé samedi 22 décembre dernier à l'âge de 97 ans.

     

     

    L'écrivain Julien Gracq a été incinéré, jeudi 27 décembre, au crématorium de Montreuil-Juigné (Maine-et-Loire), près d'Angers. Ses obsèques étaient simplement civiles, selon l'avis publié dans la presse locale. En effet, ses proches ont indiqué que l'auteur du "Rivage des Syrtes" ne se préoccupait pas de l'au-delà. Ses cendres seront déposées dans une tombe dans le cimetière de son village natal, Saint-Florent-le-Vieil.
    Depuis des années, Julien Gracq vivait retiré dans sa maison familiale de Saint-Florent-le-Vieil. Il est mort samedi, à l'âge de 97 ans, à l'hôpital d'Angers où il avait été transporté après un malaise. (source : nouvelobs.com dont je vous invite à consulter l'admirable DOSSIER JULIEN GRACQ : lien http://bibliobs.nouvelobs.com/2007/12/24/mort-de-julien-gracq)

     

  • JG, suite

    André Breton, L’Amour fou. "J’aimerais que ma vie ne laissât pas après elle d’autre murmure que celui d’une chanson de guetteur, d’une chanson pour tromper l’attente. Indépendamment de ce qui arrive, n’arrive pas, c’est l’attente qui est magnifique." Jamais la phrase de Breton, le découvreur, l'ami et maître de Gracq, n'a été aussi nécessaire.

  • Gracq, donc


     1de78d07e2fde1d5c20c8eeea486f216.jpegVoici un papier donné à Libération le 31 et qui paraît ce matin. Voici le lien : http://www.liberation.fr/rebonds/301441.FR.php

    Il suit un autre, plus court, donné à chaud à Sud-Ouest, publié le 24 et que voici :  

    (photo : JG) 

    Ces journées chez lui

    C’est à la faveur d’un article consacré à son livre sur Nantes (La forme d’une ville), que je donnais à Sud-Ouest Dimanche en 1985, que j’ai « rencontré » Julien Gracq comme il a toujours envisagé toute rencontre : à travers les mots. Au bout  de quatorze années d’un « commerce » épistolaire, rare, dense, précieux, je me proposais de lui rendre visite. Je me sentais enfin prêt. C’est le 30 janvier 1999 que je rencontrais pour la première fois mon monument préféré. Ce jour-là, j’eus l’impression de me rendre à la fois chez Flaubert, Proust et Stendhal. J’étais chez Gracq. Un homme simple, affable, gourmand (je me souviens de cette bouteille de vin d’Anjou que nous avons sifflée avant d’aller déjeuner à « La Gabelle »), curieux ; vert. La légende vivante, l’auteur classique et déjà intemporel, m’a reçu chaque année dans ce petit salon sobrement décoré, rehaussé d’un portrait de l’auteur signé Hans Bellmer et d’une énorme télévision ! Y trônaient, la première fois, Télé 7 jours et un roman de Sagan… Julien Gracq, alias Louis Poirier, vivait comme tout le monde. C’est au cours de ce pèlerinage annuel ou presque, qui n’interdit pas notre correspondance, que j’ai pu découvrir un Gracq inédit, surprenant de vitalité et de lucidité. D’abord il était bavard comme une pie. Il me posait sans cesse des questions sur ma vie, mes goûts, « mon » sud-ouest, la gastronomie, la tauromachie, la vie sauvage… Son évocation d’une corrida à Bayonne dans les années cinquante n’avait d’égal que celle de la route d’Hossegor ou encore d’un canard Apicius dégusté chez Senderens. Mais l’essentiel de notre temps était consacré à la littérature. Son impressionnante connaissance et la subtilité de son analyse du sujet, que je connaissais à travers ses essais, je l’entendais ! L’homme était surprenant par sa « radicalité de la nuance » : refuser catégoriquement que son œuvre paraisse en format de poche correspondait à une vision noble du livre. « Le poche dévalorise le livre, en fait un produit jetable… et ne rapporte rien à l’auteur », me dit-il. Au fil de nos rencontres, l’homme ne semblait jamais faiblir. Son coup de fourchette demeurait aussi alerte que ses coups de griffes à l’adresse des poseurs du mundillo littéraire. La seule amertume de Gracq, ces derniers temps, était de se sentir en surnuméraire : « mes amis ont tous disparu et d’aucuns me pensent mort ». Gracq a continué d’écrire jusqu’à la fin. Des fragments, à la manière de ceux qui firent Lettrines, ou Carnets du grand chemin. Il m’affirma ne jamais avoir tenu de journal intime. Et qu’il n’entendait plus publier, après ses Entretiens, un livre de compilation. Il me récitait des poèmes entiers de Baudelaire par cœur, relisait ses chers Poe et Verne avec une passion intacte. Il ne redoutait que la mort du livre. Gracq, sur le perron de sa maison, me répondit d’une grimace et d’un geste vague de la main lorsque je le questionnais sur sa santé, à la fin de notre dernière rencontre. Sa dernière lettre, en octobre dernier, fut terrible. Il l’achevait par ces mots : « je ne suis hélas guère plus visitable… ». L.M.
     

     

  • Brautigan, en mémoire de Christian Bourgois

    Nous le savions si malade. Christian Bourgois apparaissait encore, rarement, terriblement amaigri, mais vêtu d'une impeccable dignité. Sans faux-pli. Hasard ou pas, hier matin, j'ai acheté la presse et, dans la foulée, "Mémoires sauvées du vent", de Richard Brautigan (10/18), un grand auteur parmi tant d'autres, offerts au lecteur français par Christian Bourgois*. Ce n'est qu'après avoir découvert l'extraordinaire première page de ce livre que j'ai appris la disparition de Bourgois, en lisant dans Libé et dans Le  Monde, les deux beaux papiers qui étaient consacrés à l'un des derniers grands éditeurs français. Je me suis souvenu du jour où il m'avait amicalement offert les "Aventures d'un gourmand vagabond" de Big Jim (Harrison). Nous avions déjeuné et parlé abondamment de gastronomie et de littérature. Il avait été l'éditeur du tout premier Guide GaultMillau, paru chez Julliard à l'époque (lors de ce déjeuner, en 2002 ou 3, je pilotais alors la machine GM). Ce grand découvreur, ce "passeur" comme le souligne Libé, aura tant fait pour notre bonheur. Donc, Brautigan, qu'il publia et rencontra peu avant son suicide. Je suis émerveillé par le début de ces "mémoires" si célèbres et que je suis si heureux de découvrir aujourd'hui seulement. Voici donc leur première page:

    "J'ignorais, cet après-midi-là, que la terre attendît de se changer à nouveau en tombe quelques brèves journées plus tard. Dommage que je n'aie pu arrêter la balle dans sa course et la remettre dans le canon de la 22 long rifle pour qu'elle reparcoure en sens inverse la spirale, réintègre le chargeur et se resolidarise avec la douille, se conduise enfin comme si on ne l'avait jamais tirée ni même chargée dans la carabine.
    Je voudrais bien que cette balle rejoigne dans sa boîte ses quarante-neuf autres frères et soeurs de balles, que la boîte soit de nouveau en sécurité sur l'étagère de l'armurerie, et m'être contenter de passer devant la boutique en cet après-midi pluvieux de février sans jamais y pénétrer.
    Je voudrais bien avoir eu envie d'un hamburger au lieu de balles. Il y avait un restaurant tout à côté de l'armurerie. On y faisait de très bons hamburgers, mais je n'avais pas faim."

    ---

    *merci à Benoît Jeantet de m'avoir donné envie de lire ce livre, culte pour lui, je crois. 

  • Le nouveau Coatalem

    Le nouveau Coatalem* est une ode à l’amour imprévu, intense, physique et sans lendemain possible. JLC ne nous avait pas prévenu. Sa Thilde, ma Thilde, tilde, ~, une nouvelle de La Môle (qu’en savons-nous !) est là. Face à lui, le menteur inscrit au sein nourricier et maritime d’une carte postale pliée et écornée de Montevideo. Il lui fait l’amour. Où l’on apprend que Coatalem a des taches de rousseur comme des étoiles noires sur le torse, lui que nous identifions déjà comme un mélange -physique aussi, de Vialatte et de Morand (selon l’ami Frébourg dans son magnifique Homme à la mer, Folio)… Coatalem donc. Son nouveau et bref roman du Parana, exhale le parcours d’abord difficile, puis facile, dans la jungle des mots et des sentiments, d’un explorateur de l’âme et des cœurs. Reporter missionné, baroudeur ravalé au rang servile d’amoureux appointé ou apponté, lâche circonflexe à l’occasion, nomade échoué –jusqu’aux seins de Mathilde, jusqu’à ses bois flottés, son estuaire, sa dulce de leche et j’en passe… L’Inca, le tigre, Mathieu, vit comme on descend un fleuve rebelle (façon Yang-tsé-kiang par Blondin dans Un singe en hiver). Celui que l’on remonte, précisément. En conjurant ses humeurs à coups de rame et d’audace. De regards et de mots détournés. La prose est opulente et sèche à la fois, lisse et riche, foisonnante et pudique. Mais pourquoi les touffes d’herbe rayent ici le ciel, et les mots mensongers le visage d’une icône en devenir ? La diva de ce Mathieu-là est solitaire dans la houle, craquante comme des nouilles chinoises… Installé confortablement, calé avec le bagage invisible de sa lâcheté, le narrateur devise sur la sincérité de la nuisette de sa Thilde, depuis sa tanière parisienne retrouvée. Ou bien depuis une chambre d’hôtel à la Cossery, mendiante mais orgueilleuse, où le faux ermite apprendra à ses dépens la puissance de l’amour, qui est de mettre à nu des personnages comme ceux-là : des qui-n’attendent-que-cela. Coatalem signe là un roman audacieux. Il dit le sexe, il dit le sentiment amoureux, il dit elle... Et bien sûr il ne tient pas l’aussière ou le Cap. Il lâche prise, il reprend sa liberté. Littéraire et structurante. Ce écrivain de haute trempe nous semble décidément fait pour des sujets plus vastes que les amourettes de voyage. Il est taillé pour des virées australes, des portraits de légende (voir son Gauguin : Je suis dans les mers du Sud), des textes d’une portée segalienne et conradienne. Reste que cette histoire d’amour entre Thilde et ce tigre-ci est sacrément  capable de nous clouer tous. LM
     
    *Jean-Luc Coatalem, Il faut se quitter déjà, Grasset.


  • EAUX D'ICI

    a2222494b5ebb64d66ff3a0f131389f0.jpg
    872837410de9001edb6852e51149318b.jpg
    7df4b199674b4a891b9d0c075ef733fa.jpg
    947e08f9c2a1eba0a70c517b295523d9.jpg
    f7c26174e8ef778cba85435035376998.jpg
    b02c7901393a67e594a1cfdea4389bb5.jpg
    d0848bdd1102ac913d04d6539db786ba.jpg
    1a0c46ff0de8e15143f7b50e4dd33e6d.jpg
     
    Les barthes d'Orist, entre Saubusse et Siest, dans les Landes. Le Petit Bayonne. La (ma) Chambre d'Amour à Anglet... Voilà mes eaux. Mon amniotisme absolu. Douces, salées, saumâtres, elles sont indispensables à ma survie. Huit jours là-bas reconstruisent. Je viens de les passer. A gué. Té!

  • Ca sentait bon le rugby de village...

    L'Aviron contre le BO, à Jean-Dauger, samedi dernier à 15 heures. Il pleuvait des cordes et des dorades. La boue chuintait de moins en moins sous nos pompes, aux places "pelouse debout virage sud". On avait de la ventrèche et de la bière et le cul en équilibre instable sur une barrière de manif pour aperçevoir des bleus contre des rouges qui finirent par l'emporter (14-10) mais bon voilà. Il y avait surtout notre fierté d'être là, à chanter Vino Griego et Pottoka avec nos mômes, là ou nous avons porté le maillot bleu ciel et blanc jadis, sur cette pelouse, avec pas un chat dans les tribunes, à une époque où le surf naissait et où les gnons volaient bas sous la mêlée car les arbitres n'avaient pour rudiments d'un hypothétique règlement que la base. Le strict syndical vaguement autorisé. Hormis les cravates et les en-avant, tout était permis. J'aimais alors sans mesure les matches d'entraino du samedi après-midi et les déplacements en car du dimanche matin pour aller filer des marrons dans la bouillasse post-automnale de Baïgorry ou d'Esterençuby. La 3ème réparait tout, les quartiers de citron étaient distribués à la mi-temps et on gardait l'écorce comme protège-ratiches. Tout le long de la deuxième période, elle gardait son goût acide, qu'un peu de sang de gencives venait sucrer aux marges. Rouge et jaune n'ayant jamais rappelé les couleurs d'aucune équipe du pays, l'honneur de l'agrume était sauf. Celui de nos incisives aussi... Samedi prochain, c'est Sale (et son Chabal international) qui viennent se frotter à l'Aviron. Va y avoir de la tuste et du gniac sur la pelouse. Je prendrai les billets demain, sur le Net. Té!

  • Un'anno già


    Si la mort est une prairie émue par le silence ou un jardin peuplé de fées, la vie depuis, chemine avec ce-je-ne-sais-quoi qui la fait parfois claudiquer. Un manque certain évolue cependant dans la joie et le partage du souvenir. Et si ce bonheur-là possède un regard, c'est celui qu'il avait en partant : clair, digne; admirable...

    Journal Sud-Ouest de ce jour, page carnet (auquel j'ai communiqué cette annonce...).

     

  • Retour sur l'ours

    D’un côté, nous avons des écologistes purs et durs qui prônent une réintroduction massive, au mépris des usagers de la nature, comme les bergers qui se voient croquer pas mal de brebis, ou les simples promeneurs. Leur vision angélique et muséifiée de l’ours, icône intouchable sous aucun prétexte, fut-ce la survie d’une activité rurale en voie d’extinction, est celle d’un nounours emblématique. Leur thèse frôle la zoolâtrie, elle s’arc-boute sur une protection intégrale et sans concession. Ce discours, aux relents intégristes, fait peu cas d’une culture moribonde. Il la méprise, au nom d’une vision strictement esthétique d’une nature idéalisée, rousseauiste.  De l’autre, il y a les opposants de tous poils, qui entretiennent une peur ancestrale infondée : la cohabitation des hommes avec des centaines d’ours se passe  tranquillement dans d’autres pays Européens. Il y a aussi des scientifiques qui se frottent les mains à l’idée de pouvoir faire joujou avec les émetteurs dont on équiperait de nouveaux ours Slovènes ou autres : de réintroduction, nous assisterions à un désensauvagement grotesque du dernier grand fauve européen (et plus pyrénéen, au passage). Il y a encore des élus prédateurs. Et des entrepreneurs qui songent à tirer profit de la marque : les parcs d’attractions ne sont pas loin dans leur tête. Et il y a des chasseurs coléreux. Et assez peu de valléens qui perçoivent l’ours comme un fléau, au même titre que la grêle sur un vignoble une veille de vendange. Au milieu, il y a  la montagne, encore capable d’accueillir beaucoup d’animaux. Mais il est à craindre que les théoriciens d’une nature vierge et pure, où l’homme n’a plus droit de cité, n’aiment guère celui-ci pour lui contester en cas de danger, un droit de préemption sur leur vache sacrée. Ils n’aiment pas l’ours non plus, car refuser les frictions de terrain causées par sa réintroduction, c’est lui contester un droit de coexistence. Or, la réintroduction de l’ours passera forcément par la gestion d’une nature dénaturée.  C’est à la télé seulement, au zoo parfois, que l’écolo ultra appréhende les ours, et peu lui importe à la fin qu’ils bouffent du mouton ou du chevreuil, ou même qu’ils crèvent de n’avoir plus rien à se mettre sous les crocs, si d’aventure ils prospéraient trop. L.M.

  • Procida fait son cinoche

    513c5fff840e26f8ff3a84dad1d79a86.jpge80917066e671ff09fa1ae34427839c2.jpg

    1c33d636f8ce80f97ab51233b5af96b5.jpeg 0a795fcb264e4e0f8cd7645fbaa95003.jpg450df5594db2ef5d7ea2e634fd8396c1.jpg

    3c8903e16af08e79083e39179bc070e8.jpgFILMS TOURNÉS A PROCIDA : L'Île d'Arturo, d'après le splendide roman d'Elsa Morante (folio), Plein soleil et son remake, Le talentueux M.Ripley, le très présent (sur l'île, depuis le tournage) Il Postino, bien sûr et, à la marge (il s'agit de pêcheurs napolitains, pas procidiens), Tornando a casa. J'ajoute Respiro qui, bien que tourné à Lampedusa (l'île!) est très procidien d'esprit. Au point que d'aucuns ont comparé mon roman Flamenca (dont l'action se déroule en grande partie à Procida et aussi en Andalousie, en Algérie et sur la Côte basque) à ce film. A quand une édition en Italien de ce foutu bouquin et son adaptation au cinoche par un rital de grand talent avec, dans le rôle d'Orabuena, une Monica Bellucci, une Pénélope Cruz, une Ines Sastre ou une Laetitia Casta!..

  • Nouvel avis de recherche

    6b8ac5cb36345fc79c58ba95f8bd2839.jpgLes Procidiens d'Oran    

    Essai de Jean-Pierre Badia

    (éditeur inconnu)

    L'histoire de l'immigration des habitants de Procida vers Oran et Mers-el-Kébir, au travers d'anecdotes et de faits historiques.

    Cet ouvrage, paru en 1956, n'est plus disponible.

    Si vous en (s)avez un quelque part, je prends! LM

  • Armagnac Noir

    Dans lédition gersoise de Sud-Ouest de ce matin, lien : http://www.sudouest.com/221107/reg_gers.asp, ce papier fondamental :

    ARMAGNAC. --Demain, à Eauze, 115 échantillons d'armagnac seront dégustés à l'occasion du 56e concours des grandes eaux-de-vie. Avec un prix spécial pour le meilleur, toutes catégories confondues

    À qui la palme d'or de la meilleure eau-de-vie ?



     
    Demain vendredi, à partir de 9 heures dans la salle polyvalente d'Eauze, 115 armagnacs seront au départ du 56e concours des grandes eaux-de-vie d'armagnac. Rendez-vous attendu par les producteurs et négociants du terroir, en quête de distinctions synonymes de coup de pouce à la commercialisation.
    Onze jurys, composés de techniciens, ?nologues, producteurs et négociants sont invités à déguster les échantillons en six catégories différentes : blanche, VSOP, hors d'âge de 10 à 15 ans, hors d'âge de 16 ans et plus, millésimes de 1977 à 1986 et de 1987 à 1996. À l'issue de cette dégustation, les médailles d'or de chaque catégorie (pour les 10 ans et plus) seront regroupées pour une dégustation finale qui permettra de décerner le prix spécial Armagnac et encre noire.
    Ce grand prix, décerné tous les deux ans, a été créé en 2001 et récompense le plus bel armagnac, toutes catégories confondues. Le jury est composé d'auteurs de littérature « noire ». Il sera présidé cette année par Philippe Cougrand qui vient de recevoir le prix littéraire d'Aquitaine 2007. Sept autres personnes composeront ce jury, notamment les auteurs Mouloud Akkouche, Frédéric Malenfer et Annelise Roux.
    Après le rendez-vous national organisé tous les ans dans le cadre du Salon de l'agriculture, le concours élusate reste un moment important pour les producteurs armagnacais. Il est l'occasion, évidemment, de mettre en évidence le travail des vignerons et ?nologues gascons et offre très souvent une notoriété toujours appréciée sur une carte de visite. De nouvelles lignes s'écriront demain.

     

  • Citati sur Tomasi

    Note du grand écrivain, critique, biographe Pietro Citati sur l’auteur du Guépard, trouvée sur le site formidable de www.litalieaparis.net

    Giuseppe Tomasi di Lampedusa

    Giuseppe Tomasi, duc de Palma de Montechiaro, prince de Lampedusa, est un écrivain sicilien né le 23 décembre 1896 à Palerme en Sicile et mort le 23 juillet 1957 à Rome. Il est le fils de Giulio Maria Tomasi et de Beatrice Mastrogiovanni Tasca di Cutò.

    Enfant, Giuseppe Tomasi di Lampedusa vécut dans une sorte de Paradis terrestre : personne ne refusait rien au roi de la maison ; et, pendant toute sa vie, il chercha involontairement et de toutes ses forces à régresser vers cet état bienheureux où n'existaient ni le travail ni la responsabilité adulte. Il a vite été un enfant solitaire et taciturne, qui vivait plus volontiers parmi les choses qu'avec les êtres humains, et se perdait dans les salles des immenses demeures familiales. Cette expérience de la solitude - tantôt angoissée, tantôt heureuse - ne le quitta jamais. Mais sa solitude ne fut pas entière : car sur tous les êtres, toutes les choses planait l'ombre de sa mère, qui l'empêcha de grandir, de mener sa propre vie, et le traita jusqu'à sa mort comme un petit garçon - ou plutôt une petite fille très aimée.

    Puis vinrent les années des voyages et des grandes lectures. Il se rendit en France, en Angleterre, en Allemagne et dans les pays baltes. Il avait un cousin, Lucio Piccolo, excellent poète, auteur des Chants baroques : entre 1925 et 1930, Lampedusa écrivit, de Paris et de Londres, de nombreuses lettres à Piccolo et à ses frères, aujourd'hui publiées au Seuil. Lucio Piccolo racontait que, dès qu'il quittait l'Italie, Lampedusa semblait un autre. Il n'était plus le prince sicilien fin de race, gras, timide, fils trop aimé de sa mère, mais un jeune homme vif, qui attrapait au vol les autobus de Londres, son pardessus flottant autour de lui.

    Il aimait en Angleterre la discrétion, l'excentricité, le commerce avec les esprits de l'air, la folie - et en France, la richesse des sensations, la lucidité, le suprême courage intellectuel. Il commença à lire passionnément des livres d'histoire et de littérature, anglaise et française surtout ; et sa Littérature anglaise, ses essais de littérature française, révèlent dans quels labyrinthes, souvent inconnus des spécialistes, il s'aventura, et quelle multitude de textes, y compris mineurs et minimes, il avait en mémoire. Il lisait par plaisir, par curiosité et divertissement ; avec une grande candeur, cherchant dans les livres cette richesse d'expériences et d'aventures que la vie ne lui avait pas donnée.

    Si nous feuilletons les lettres de ces années-là, nous avons l'impression que Giuseppe Tomasi de Lampedusa n'existait pas : peut-être était-il lui aussi l'un de ces spectres mélancoliques que ses Anglais aimaient tant. La vie, pour lui, était un vide ; ou, comme il le disait, citant Shakespeare, "une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et dénuée de sens" ; et lui, plongé dans ce bruit et cette fureur, n'avait pas la force de vivre.

    Il rencontra Alexandra Wolff Stomersee : nous conservons quelques lettres qu'il lui adressa au printemps 1932 ; il n'y a jamais une seule ligne, dans ces lettres, qui suscite l'écho d'un sentiment. Les termes n'en sont qu'une pâle imitation des termes que Tomasi imaginait que l'on devait trouver dans une correspondance amoureuse. Au cours de l'été de la même année, il épousa Alexandra : peut-être craignait-il sa femme comme il avait craint, et craignait toujours, sa mère.

    Quand cette même mère imposa aux deux jeunes gens de vivre avec elle, Lampedusa laissa sa femme retourner dans le magnifique château balte de Stomersee, où elle s'occupait de psychanalyse, et demeura dans le moelleux giron palermitain. Ainsi, treize années durant, son mariage fut fait de très longues absences et de visites l'été à Stomersee, pour Noël à Rome et à Palerme. Après quelques années, il affirma que son amour "augmentait avec la distance et s'affirmait avec l'absence". Il aurait pu construire de sa plume un amour fait d'absence et d'imagination amoureuse, comme celui qui, vingt ans auparavant, avait uni et séparé Kafka et Félice.

    Mais ses lettres parlent uniquement de chiens, de repas, de locataires, de la chaleur et du froid. Rien, jamais, n'est rêverie ou obsession amoureuse - même si ce singulier mariage donna naissance avec le temps, sinon à un amour, du moins à une profonde complicité psychologique entre lui et sa femme.

    Il commença à vivre en tant que personne quand il vendit la maison de Santa Margherita Belice et que, en avril 1943, les bombardements détruisirent le Palazzo Lampedusa à Palerme : les deux demeures de son coeur et de son imagination. La blessure fut terrible : après la destruction, il ne parla pas pendant trois jours ; mais ce désastre libéra en lui les sentiments qui étaient restés objectivés dans les choses.

    Dès lors, il commença à exister dans les souvenirs. Comme il aimait son enfance, où il n'avait pas encore été chassé du Paradis : les voix, les bruits, les ombres, les lumières, tantôt filtrées par les rideaux de soie, tantôt exaltées par les dorures, ou peuplées de myriades de grains de poussière ! Il n'avait pas pu prolonger l'enfance autour de lui : il n'avait pas pu continuer à dormir dans la chambre où il était né ; et si la lumière du souvenir l'agressait, il était bouleversé par sa violente beauté.

    Il parcourait par l'imagination l'immense demeure de Santa Margherita Belice, avec ses trois cents pièces, ses trois cours, ses quatre terrasses, son jardin, ses escaliers grandioses, son théâtre et son église, ses vestibules et ses couloirs : il les avait traversés, enfant, comme une forêt enchantée ; et il en revisitait maintenant les lieux et les objets. Il n'avait pas besoin de les envelopper de sentiment : il suffisait de les nommer ; car l'âme demeurait tapie dans tous les objets conservés par sa mémoire.

    Grâce aux souvenirs de Francesco Orlando et de Gioacchino Lanza, nous disposons d'un portrait vivant du vieux Lampedusa. Il n'était d'ailleurs pas si vieux. Quand ces amis le connurent, il avait 56 ans ; mais il était précocement rongé et appesanti par la vie qu'il n'avait pas vécue. Il habitait désormais au 28, via Butera, parmi les sédiments et les reliques du passé ; avec sa femme, enfin.

    Il sortait de chez lui tôt le matin, comme s'il voulait se libérer de toute claustration. Gros, gras, pâle, pareil à un général au repos ou à un énorme félin, il traversait le centre de Palerme, avec un sac chargé de livres. Il emportait toujours avec lui un volume de Shakespeare et des Papiers posthumes du Pickwick Club. Il dépensait dans les livres beaucoup de ses maigres ressources, et mentait à sa femme en prétendant avoir acheté ces ouvrages d'occasion. Il cultivait la discrétion, l'ironie et les bonnes manières. Il était heureux quand sa femme lui disait : "Je t'aime comme Stomersee."

    Si nous devions le décrire, nous pourrions évoquer l'une de ses pages sur Montaigne et Shakespeare : "Nous trouvons chez tous deux la même a-religiosité mêlée à la même émotion devant les sensations religieuses des autres, la même compassion universelle non dépourvue d'une légère teinte de mépris, le même acharnement à démonter le mécanisme de la psyché humaine, le même scepticisme serein, qui accueille toutes les opinions avec un "si" ironiquement condescendant."

    Par moments, on eût dit un moraliste français du Grand Siècle ; ou un romantique désenchanté ; ou un adorateur des passions frénétiques et révolutionnaires ; ou un grand historien dilettante. Très vite, ses jeunes amis comprirent que, derrière son visage souriant, le vieux prince cachait des angoisses intenses. En 1957, il écrivit dans son journal : "A la maison dans la soirée, nette sensation d'être à bout de forces. Cela passera cette fois encore peut-être. Mais un jour ou l'autre, cela ne passera plus."

    Courtisait-il la mort, comme le dit Tancrède à Fabrizio Salina dans Le Guépard ? Ou la mort était-elle pour lui une expérience qui lui avait "percé la moelle des os" : un deuil qui grandissait chaque jour dans son corps, et qu'il ne parvenait pas à tenir à distance ?

    Pietro Citati
    (Traduit de l'italien par Brigitte Pérol)

  • Traduire, suite

    Il en va des traducteurs comme des chefs cuisiniers. Je prends mon tartare ici et mon axoa là, mes desserts chez Untel et mon gibier uniquement chez Elle. Sans parler de mes étrangers (Italien, Thaï, Libanais, Chinois, Espagnol) préférés.

    Aussi, je déguste le Quichotte chez Schulman, comme mon Montaigne chez Pinganaud (*) : exclusivement!

    J’aime que Bélamich me serve mon Lorca et j’apprécie particulièrement le Lawrence des Guillaume.

    Quant à la maison Jaccottet, j’y choisis le grand menu ! Hölderlin, Rilke et Ungaretti pour finir.

    Je prends toujours mon Kafka chez Vialatte et je me délecte donc désormais du Zarathoustra de Renouard.

    Et vous ?..

    ----
    (*) Il s’agit d’une modernisation si révolutionnaire d’un texte en ancien Français, qu’on a envie de parler de traduction. Il me semble en effet impossible pour un étudiant (par exemple) d’entrer avec plaisir, parce que avec aisance dans les Essais, dans une toute autre "traduction" que celle que nous offre les éditions Arléa.

    Et s'agissant de cet immense, indépassable texte fondateur, il ne s'agit pas de se tromper, voire de se dire, une fois le livre refermé prématurément : c'est mal préparé, ça n'a pas de goût. On en fait tout un plat et finalement, c'est de la daube! Ou bien : la cuisson est excessive, ou encore : c'est chantourné, on dirait un ersatz d'ex-nouvelle cuisine reloaded par les petits cons prétentieux du Fooding®... Et toque! (au passage...).

  • locus, le lieu

    " Si l’on s’en réfère à Michel Serres, le logement c’est le « locus »,
    Le lieu. Et le lieu a plusieurs significations étymologiques.

        * la première, c’est le sexe féminin, la matrice, l’endroit où tout commence, l’endroit de la naissance.
        * la seconde est le sanctuaire, le cimetière. Est-ce un simple concours de circonstance si aujourd’hui au Caire, de nombreux sans abri ont investi le cimetière pour en faire leur logis ?
        * la troisième, c’est la chambre ou, plus exactement, le lit. L’auge, le nid, la tanière… n’importe quel animal à son lit, son endroit où il peut se réfugier, où il peut se ressourcer, ou il peut se soigner.
        * celui qui n’a pas de lit est interdit de rêve, le lit c’est la vie !
        * par conséquent le droit au logement au sens propre du terme est un droit fondamental. Le refuser à certains est alors un acte plus vicieux que la peine de mort. il est essentiel qu’une société dite civilisée légifère de toute urgence là-dessus. Ne pas le faire exprime que le monde dans lequel nous sommes n’est pas encore sorti de la barbarie. "

    Morceau choisi sur le site d'un cabinet d'architectes Marseillais de grand talent : www.corso70.com Allez-y voir pour le plaisir de découvrir une architecture animale, instinctive, maternelle et qui surgit de la terre en mêlant les éléments, parce que passer de la Nature à la Culture, pour un architecte, est toujours un déchirement comme on dit; un enfantement douloureux.

    La clé d’ARM (c'est le nom de ce cabinet d'archi.) se trouve dans le propos de Paul Virilio, in Collèges Renoir et Rostand -l'une de leurs réalisations :


    « C’est de l’architecture archaïque, c’est-à-dire quelque chose de naissant. Qu’est-ce que le primitivisme ? C’est ce qui naît. Les douleurs de l’accouchement, ce n’est pas poli, lavé avec une brosse à reluire, c’est vivant !.."

  • La face cachée...

    ... d'un blog, ce sont les commentaires qui sont déposés par vous, dear bloggers. Témoins ceux de Benoît et TiBo sur la dernière note (Il Gattopardo) : l'iceberg est à l'endroit. Les commentaires dépassent largement le texte qui les a initiés. Ceci pour vous dire, et pour vous inciter, surtout, à écrire, à réagir, à commenter, à dire, haut et fort, ce que, vous tous qui passez par là, ressentez et pensez. Merci de votre participation. LM

  • Il Gattopardo


    « Nunc et in hora mortis nostrae. Amen. »
    La récitation quotidienne du Rosaire était finie. Pendant une demi-heure la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères Douloureux ; pendant une demi-heure d’autres voix, entremêlées, avaient tissé un bruissement ondoyant d’où s’étaient détachées les fleurs d’or de mots inaccoutumés : amour, virginité, mort ; et pendant que durait ce bruissement le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; même les perroquets qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie de la tenture avaient paru intimidés ; même la Marie Madeleine, entre les deux fenêtres, ressemblait davantage à une pénitente qu’à une belle grande blonde, perdue dans on ne sait quels rêves, comme on la voyait toujours.

    « Nunc et in hora mortis nostrae. Amen » Le rosaire quotidien s’achevait. Pendant une demi-heure, la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères glorieux et douloureux, pendant une demi-heure, d’autres voix mêlées avaient tissé un bruissement ondoyant où s’épanouissaient les fleurs d’or de mots insolites : amour, virginité, mort. Le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; les perroquets eux-mêmes, qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie des tentures, paraissaient intimidés ; quant à Madeleine, entre les deux fenêtres, elle prenait des airs de pénitente ; ce n’était plus la belle blonde opulente qu’on voyait d’habitude, perdue dans Dieu sait quelles rêveries.

     

    Voici le début du Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Deux traductions. Je ne les ai pas signées ci-dessus, volontairement. Afin de jouer un peu. Il y a celle en vigueur depuis 1959 de Fanette Pézard et celle de mai 2007 de Jean-Paul Manganaro, qui a donc chassé la première. Les deux au Seuil. Je vous mets au défi de les identifier et de m'écrire, surtout, ce qu'apporte réellement la nouvelle. En n'importe quel point, d'ailleurs. Il n'y a pas que la "modernité", il y a la langue, l'esprit, la littérature, le ressenti, tout quoi.

    Car lorsqu'il s'agit de la nouvelle traduction de La Ferme africaine de Karen Blixen (Gallimard, déjà en folio), de celle de tout Conrad (*) par Odette Lamolle chez Autrement, je m'incline. Lorsque Jacques Tournier "donne" un nouveau Fitzgerald essentiel (Gatsby, Tender...) à Belfond, je m'interroge sur le ramdam autour d'une trad. qualifiée de révolutionnaire. Idem pour Dostoïevsky chez Actes Sud. Quant à celle de Juan Rulfo (Pedro Paramo, le Llano en flammes) chez Gallimard, désolé, mais je préfère le Llano paru chez Maurice Nadeau, plus opulent, plus sud-américain. (Je n'ai lu aucun Ulysse, de Joyce, ni l'ancien, ni le nouveau -présenté lui aussi comme un "nouveau" texte...).

    Traduire est un acte capital. Et je ne parle même pas de ceux qui disent que tel livre est très bien traduit. La plupart du temps, ces snobs n'ont pas jeté un oeil sur le texte original. Mais force est de constater, en revanche, que tout l'oeuvre de Miguel Torga, traduite par Claire Cayron et elle seule (chez José Corti surtout), est un ravissement... dû à Torga avant tout. Mais pourquoi alors parler de sa traductrice?.. Je m'interroge. Et je ne parle malheureusement pas un mot de Portugais.

    Voilà. A vos claviers. J'attends votre avis sur la nécessité de retraduire Le Guépard (à partir de ces premières lignes seulement, je m'en excuse, mais je ne me sentais pas de saisir davantage de texte ce matin. Et ne trichez pas, c'est pas jeu!) ou tel autre grand roman, si l'on n'est pas éditeur en mal de communication.

    ---

    (*) Un mot sur le petit livre délicieux et précieux de Jospeh Conrad qui paraît aux EquateursDu goût des voyages, suivi de Carnets du Congo. Traduits et commentés par Claudine Lesage, ces courts textes nous éclairent sur le maître-livre de Conrad, pour la plupart d'entre nous : Au coeur des ténèbres. 

  • Avis de recherche (de taf)

    J'ai créé au cours de l'été dernier imazz communication, structure légère capable de fournir clés en mains (prêts à imprimer) hors-série, numéros spéciaux, livres, à un groupe de presse, un éditeur (toutes thématiques).
    Première réalisation : le hors-série rugby de VSD, vrai succès en kiosque.
    4d8ac712b71a6a079de263418ae32c14.jpg

    A bon entendeur...

    ou : faites passer!

    i.mazz@yahoo.fr 

  • Le limoncello des concernés

    Nous avions acheté, en novembre de l'année dernière, un beau citronnier, qui portait seize citrons dodus. Il trônait dans une belle jarre en terre cuite, à l'entrée de la maison de Bayonne. "Un jour, je ferai du limoncello avec ces citrons et ce sera la liqueur des concernés", avais-je déclaré en désignant par ce mot la poignée d'êtres, le commando qui a accompagné mon père jusqu'à la fin... Je l'ai faite, cette liqueur précieuse, à la Toussaint. 7 mois de macération. 2 litres pile. Les premiers concernés l'ont goûtée. Mes enfants aussi, hier soir (après un boeuf bourguignon assez réussi : 5 heures de cuisson à feu très très doux). Le poids de la peine devint l'aile du papillon que porte la fourmi. Nous tutoyions la magnanimité -une concernée.

     

  • Il regardait la mer

    Qui se souvient de Il regardait la mer, de Bernard Clesca, paru chez Régine Deforges en 1986 ? Un bijou de 80 pages (remarquez une chose : lorsque la littérature devient capitale, elle excède rarement les 80 pages. C’est un Cap). J’en écrivais ce qui suit dans Sud-Ouest Dimanche, le 25 mai 86 (papier retrouvé plié en marque-page du Clesca, avec la copie d’une pub parue dans Le Monde, qui reprenait un extrait de mon papier, façon « Un écrivain est né!», Adrien Machprot, EscarteFigue-Mag.)...

    Titre : Comme un détail sur une porcelaine.
    Chapô : Cinq (*) petits livres intimes où le parti pris du détail sur la fresque.
    Bernard Clesca vous cloue de plaisir avec « Il regardait la mer ». Son troisième livre. Un texte pur et sensible comme une antenne d’escargot. Clesca écrit au creux de la vague, avec des mots forts qui restent, comme le sel signe sa trace sur une épaule… Un frère meurt, la neige s’accorde à l’absence. Reste la mer. Une île. Le regard. L’aube, seule capable d’apaiser le cœur. Et l’indifférence à tout ce qui n’est pas beauté furtive : « Avide de silence, comme on l’est d’eau légère au long d’un lent périple, il a tenté de renaître au monde en des noces singulières. Hors la mer, les nuages et la splendeur de l’aube, tout lui est devenu étranger. ». En lisant « Il regardait la mer », on est tenté de tout souligner et, le relisant, de tout dire, mais à voix basse. Ce livre mince est précieux. Comme une blessure, on a du mal à le refermer. L.M.
    (*) Les quatre autres que je traitais dans le même papier, étaient Faux journal, de Jude Stéfan (Le temps qu'il fait), Le sentiment de la langue, de Richard Millet (Champ vallon), Désobéir, de Martin Melkonian (Seuil), et Les écailles d'argile, d'Allain Glykos (Phalène). 
     
    De Richard Millet, déjà rassemblé dans cette note impressionnante, le touch of : Les infimes frissonnements du visage et du corps par quoi l'on devine qu'une femme est sur le point de nous céder : ainsi les modifications crépusculaires d'un paysage, en automne. 


  • L'héritier

    Qui se souvient de L’héritier, de Claude Fessaguet, paru en 1985 dans la si belle collection Le Chemin, de Gallimard, que dirigeait encore Georges Lambrichs ? Extrait (page 93) :
    « Ces vacances devaient être les plus heureuses de ma vie. J’aimais Julie. La douceur satinée de sa peau, la façon qu’elle avait de pencher légèrement la tête en me regardant, la fragilité de ses poignets, tout en elle me donnait un bonheur aigu voisin de la douleur. Je ne pouvais me détacher d’elle. Je la suivais d’une pièce à l’autre sans cesser de la toucher, de l’effleurer, si bien que nos mouvements même dans les gestes de la vie quotidienne étaient ralentis, rythmés par le désir. La nuit, dans l’obscurité du sommeil nous restions rivés l’un à l’autre et le seul battement de ses paupières lorsqu’elle s’éveillait, suffisait à me ramener à la conscience. Julie ne bougeait pas mais je sentais son corps s’adoucir, mollir soudain et glisser contre le mien. Nous étions sans poids, lents et libres comme en eau profonde. Son désir était le mien, elle prenait de ma bouche les mots et les gémissements et de nos violences confondues naissait une paix émerveillée ou subsistait, lointain et sourd, le recommencement du désir. L’instant et le présent étaient si pleins que nous étions uniquement occupés à les vivre. Nous ne faisions pas de projets. Nous n’avions pas d’avenir. Boy devait me dire, plus tard, que nous ne faisions pas de projets parce que nous n’avions pas d’avenir. Dans sa bouche, ces mots avaient la froideur d’une évidence. »


  • vu à la télé

    Vous prendrez bien un peu d'acide dans le café, ce matin?

    Jacques Duquesne, vieux Manitou, biographe de Dieu et juré Interallié, interrogé par une télé dans "le train du choléstérol" qui dépose à la Foire de Brive, déclarait sans ambages, il y a quelques jours donc, que  son jury, en passant en dernier, ne pouvait pas toujours primer une maison qu'ils  voulait  récompenser. (Pauvres auteurs...). Lapsus? Même pas! Pensez donc! Rien de nouveau sous le soleil (pour citer à nouveau Ileana), mais "désormais, on ne s'en cache pas : c'est rentré dans les moeurs", comme ne dirait pas la concierge de l'Elégance du hérisson. Du coup, le travelling dans le wagon, où l'on aperçevait un Sabatier repu et las (on entendait presque les gargouillis de son ventre et la remontée de ses prochains rots), l'ami Louis Gardel au sourire dévastateur sous sa moustache blanche, une Madame Edmonde qui faisait sa très sérieuse, une Chandernagor toujours aussi sexy qu'une théière... Bref! le wagon prenait des airs de business-class : on y parlait affaires, pas littérature. Et ces gens-là semblaient se rendre à une bâfrerie où, entre deux gavages, l'on discuterait transferts et gros sous, comme au foot et j'espère pas bientôt au rugby, con!

    La République littéraire a aussi ses "gros pardessus"...

    "Et c'est ainsi qu'Allah est grand!", écrivait Alexandre Vialatte à la fin de chacune de ses chroniques, dans La Montagne.

  • Prix littéraires, suite


    podcast

    Ah! Les Polnareff de notre enfance remixed par l'auteur!..

    La râfle  de Gallimard sur les prix littéraires d'automne continue et il ne s'agit pas d'un hod-up! Comme le précisait justement mon amie Ileana en aparté, il y a simplement que Gallimard continue d'être un excellent éditeur (sans parler des magouilles en tous genres du milieu), et que la maison de la rue Sébastien-Bottin est bien "la Banque de France de l'édition". L'expression est de Sollers.

    (En inaugurant la place René-Char, à quelques mètres, Antoine G. a réclamé à Delanöe qu'on re-baptise un jour la Séb.-Bottin rue Gaston-Gallimard, du nom du papy fondateur. La place Jacques-Lemoîne est bien devenue l'adresse du journal Sud-Ouest!),

    - Rappels avec annotations, sur la râfle Gallimard et sa périphérie :

    Goncourt (Mercure de France, filiale à 100%. Un "petit Goncourt", ainsi que le susurrent en prédicateurs si sûrs d'eux-mêmes, les aigres, les suffisants, les blasés et autres chieurs-spécialistes).

    Renaudot (une sorte de putsch de FOG sur socle d'un Le Clézio qui ne savait pas, depuis Macao je crois... pour un tout jeune auteur parfaitement inconnu du public, une vraie révélation donc. Son nom : Pennac, Daniel Pennac. Remarquez c'est bien, comme çà, le mecton pourra vendre un peu son livre! Il n'en avait déjà écoulé que 100 000! C'est un peu comme le prix de Flore remis à Nothomb, dont chacun sait qu'elle ne vend jamais un bouquin... Faut encourager les moussaillons!).

    Fémina (au très brillant directeur du Monde, et j'ignore -ne l'ayant pas lu- si ses Baisers de cinéma sont doux et durables).

    Décembre (l'actu sollersienne de la saison déborde à l'Infini. "On dit" pourtant que ce Cercle, de Haenel, est pâteux et assemblé, que ce collage racolleur -qui ne fait pas un roman-, aurait, de surcroît et selon Alina Reyes, puisé sa source dans la Forêt profonde d'icelle. "Affaire" à suivre...). En tout cas, ça fait 30 000 € pour son auteur. Déjà çà que la Sodis n'aura pas...

    - P.S. 1 :

    Stock prend le Grand Prix du Roman de l'Académie française (Alexakis) et le Goncourt des Lycéens (Claudel).

    Le Seuil prend le Médicis (poignant Hatzfeld qui ne se remet pas, de livre en livre, de ses chocs rwandais). A noter que ce petit grand prix revient, comme l'an dernier (Sorj Chalandon), à un (ex-) grand reporter de Libé...

    Un mot en forme de bravo amical à l'élégant, subtil et discret Olivier Germain-Thomas. Son succulent Bénarès-Kyoto (journal très "écrit" d'un authentique travel-writer qui pense joliment, avec Montaigne, que la philosophie, ça  rentre mieux par les pieds), a eu le Renaudot-Essais.

    Le Médicis étranger revient à un "très grand livre, mieux que le Littell", selon ma soeur Muriel et apparemment 30 000 autres fans déjà, soit à  l'épais opus de Daniel Mendelsohn, Les Disparus, que je lirai bientôt (tu me le prêteras, Mumu?..).

    - P.S. 2 :

    Il est d'usage perfide (ce sont mes us préférés) d'appeler le dernier prix d'automne (d'importance)  l'Intergrasset. Et de ne plus l'attribuer forcément à une carte de presse. En lice sous casaque jaune, Donner, le grand vexé du Renaudot, ayant supplié qu'on le retire des listes, plus de Grasset en finale, cette année! (Schneider et sa very successfull  Marilyn s'était consolé avec ce prix, l'année dernière, et aurait acheté une maison sur "mon" île -Grrrrr!, avec ses droits d'auteur, car le bouquin a été acheté par plus de 20 pays). Alors? Ono-dit-Biot (Birmane, Plon), le protégé de l'influent FOG, son employeur au Point?  Ou Libérati (Flammarion! Mais oui! le Flammarion reloaded de Teresa Crémisi!). Parce que Fotto. et Hatzfeld ayant été servis, il s'agit d'un duel. Sauf si un autre effet-Pennac sort du chapeau, chez Lasserre, à l'heure de l'apéro...

    Réponse à l'heure du déjeuner, les enfants...

    Après?.. Suivront des prix de plus en plus influents, à la suite du Wepler-Fondation de La Poste, dont le jury est tournant, à l'anglo-saxonne, et du Goncourt des Lycéens : le RTL-Lire, Le Livre Inter, celui des Lectrices de Elle...

    Il y a des jours où l'on a l'impression que ces prix sont remis au Stade de France...

    Sinon, 
    Angelina en a marre qu'on la confonde avec Jennifer ou avec Aniston, je ne sais plus, et d'ailleurs Brad s'en fout, mais moins que moi, car cette nuit j'ai lu El Verdugo, relu Une passion dans le désert et je me suis dit (attention, scoop!) que Balzac était... est?.. un extraordinaire novelliste, autrement dit un écrivain complet : brillantissime sur la longueur, l'ample, le large, le gigantesque, autant que sur le bref, le ténu, le dense et le percutant. Rares sont les auteurs capables, ainsi, de savoir-faire sur la fresque et sur le détail.

    Enfin, Anna K. va bien, merci d'avoir posé la question. Les Cosaques attendront, en jouant au mus avec les Karamazov brothers ... Je demanderai à Manech de leur apprendre  des coups (Imbido! Induki! Té!.. Yo!).

    (Vous aviez dit rentrée littéraire?.. Attention jeunes talents?...)

    b4fe393db4bd748413dc413851c51983.jpeg

  • Eaux

     
    Le départ du ferry du soir, île de Paros, Grèce,  juillet 2007. ac0622ada8b52494a4a55b7db24e8334.jpg
     
    Le verre de retsina du soir, à l'heure du ferry, île de Paros, juillet 20071b32ccae4463a8a7ab8587def355e58c.jpg
    Plage normande au tracteur, non loin de Sainte-Marguerite, printemps 2007 
     
    b7a5820112466fdc19dc7694fc6dc34e.jpg
    Le coin-coin du bigmac, Normandie, printemps 2007
    141d76ad712c29d8e38032bf2183f2bb.jpg

  • la mante

    ce61d13f9b1c260b08dc2f503854207a.jpg
    Que faisait cette mante religieuse sur le perron de la terrasse, à Bayonne, le 2 novembre dernier, à l'heure du café? Elle resta ainsi statufiée, s'eut voulu mimétique pour accentuer sa défense. Je pus donc la photographier comme on photographie une énigme. Un fantôme hiératique sorti d'une pièce de Shakespeare revu par Peter Brook. Un boxeur préhistorique ignorant qu'il personnifie l'élégance, aux yeux amis.

  • Mon goût de sud-ouest

    af2d5f5679aba57ae431f230ecb32a7d.jpg 

    C’est une question de nature. Et de culture. Une affaire viscérale, accrochée, comme le coquillage au rocher.
    Là où l’esprit souffle avec les vents, le souci de bien réussir ses jours et ses nuits fleurit et fait des petits. Le Grand Sud Ouest qui va de l’Atlantique à la Méditerranée en s’adossant aux Pyrénées et en ne remontant pas au-delà du raisonnable, souffle partout. Ca rentre dans chaque pore et ça sourit sur chaque lèvre. Et c’est communicatif, comme le fou-rire. Ici, on aime la vie et elle nous le rend bien. D’aucuns appellent cela « l’art de vivre ». Réducteur. Ici, chaque femme, chaque homme est un artiste de cette alchimie. Qui procède de ce que l’on reçoit. Cela vient de l’air, du temps, du paysage, de tout ce que les cinq sens prennent et gardent parce que c’est bon. C’est aussi une propension naturelle à se sentir en accord avec les couleurs, les produits, les sons, les saveurs, les lumières, la générosité, le sens de la fête, le rire, l’accueil. La beauté surtout. Le culte du bien-être ne demande aucun effort par ici. Ce n’est pas une gymnastique
    mais plutôt une respiration. Une marque de fabrique. Chaque matin qui se lève est une promesse de bonheur et de distance raisonnablement tenue avec les spectres empoisonnants de l’existence... Quand je suis sur place, ma légitime ambition est de prendre ces pays à bras le corps et la tronche. D’embrasser tout ce qui fait le sel de la vie, au sud de la Loire, laquelle coule de source. C’est quoi, ce sel de la vie? –C’est la nature, les paysages, les arts, l’histoire, l’architecture et les sports, la littérature comme les passions de chacun, de la star locale à l’inconnu célèbre. C’est autant la gastronomie que le surf et la palombe, les granges à retaper, la vigne à tailler et les quais à aménager, c’est un peintre taurin, la poésie d’une rue le dimanche, un festival, une foire, un marché, un portrait, une recette, une vue de l’esprit, un bouquet de talents… C’est le regard vrai surtout, car cette terre est faite des femmes et des hommes qui l’habitent. De l’intérieur. L.M.
    da901454883384587c2eff72a829981c.jpg
    Photos : ©Marine Mazzella. 

  • je t'aime

    Le lui dire

    b67aa65d37b8e95d2a2b1de8ad5ad479.jpeg Ne pas tout dire, mais suggérer. La littérature, dont c’est l’obsession originelle, n’a jamais fait autre chose pour exprimer l’amour. Dire et redire je t’aime de façon toujours différente est l’une de ses marottes. La déclaration d’amour en devient un genre. La poésie en témoigne, qui ne se trouve pas que dans le poème, mais occupe aussi le terrain de la prose. Il y a dans chaque déclaration d’amour un souci de fulgurance, de foudre, d’impact. « L’annonce faite à », doit frapper, car elle a l’ambition de ferrer, et de durer.
    Ambiguïté de l’amour : le mot latin « amor » décrit à la fois le désir charnel et l’aspiration spirituelle ; et révèle ainsi la source même de ce qui nous bouleverse.
    Omniprésence de l’amour :  même les textes sacrés en sont empreints. Le Coran infuse sa sensualité dans la poésie amoureuse, la Bible célèbre le désir érotique dans le Cantique des cantiques.
    Absolu de l’amour : le chant courtois des troubadours, le chant profond de la « copla » andalouse, cherchent obstinément l’amour pur.
    Plus généralement, la littérature internationale, intemporelle,  ne recréée qu’une seule et même chose : l’aveu qui cloue, qu’il exige une ou 800 pages d’approche !
    Parce qu’il y a mille et mille façons de le lui dire, l’imaginaire de l’écrivain trouve, depuis l’invention de l’écriture, un inépuisable sujet dont la beauté parfaite est toujours à venir.
    Toute déclaration, tout « dit d’amour », suggère l’éternité, sinon ce n’est pas un serment d’amour. L.M.

    Introduction à « Les100 plus belles déclarations d’amour », choisies par Florence Pustienne (fitway). J'ignore d'ailleurs si on peut encore trouver ce petit bouquin.

  • Ca me laisse rêveur

    L’avantage du tantrisme, c’est de cultiver la rétention pour sublimer le plaisir. Ce n’est pas seulement faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible (ce qui est déjà une fin en soi), mais de faire de la sexualité un aventure spirituelle. C’est d’une extase amoureuse qu’il s’agit, par d’une technique de performance. Le tantrisme vient de l’Inde ancienne, tantra signifie tissé ensemble : le couple ne connaît pas de dominant. Partie du Bouddhisme tibétain, le tantrisme est fondé sur la maîtrise de soi. L’homme y apprend notamment l’orgasme sans éjaculation. Le but est d’atteindre un nirvana sexuel, en poussant le désir jusqu’aux extrémités. Cet érotisme paroxystique procure aux initiés des plaisirs incroyables, à côté desquels nos orgasmes occidentaux paraissent bien instinctifs. Mais le tantrisme est une doctrine qui va bien au-delà de la sexualité : proche du yoga, il s’agit d’une philosophie complexe, avec ses dieux fondamentaux : Shiva et sa déesse Shakti (qui signifie énergie). Ombre et lumière, création et destruction. L’initiation au tantrisme polit l’ego, pacifie le mental, pour parvenir au maïthuna, le rituel de l’union sexuelle sacrée. Retiens-moi !.. LM



  • El Cid

    il y a des matins marshmallows où je me sens prêt à lire ou à entendre ce genre de choses... 

     

    Un lépreux : Merci Seigneur El Cid.
    Rodrigue : Tu sais donc comment on m’appelle?
    Le lépreux : Il n’y à qu’un seul homme en Espagne qui puisse humilier un Roi et faire boire un lépreux à son outre.

    (…)

    Chimène : Rodrigue, pardonne-moi. Veux-tu m’emmener avec toi ?
    Rodrigue : Mais je  suis un proscrit désormais, et je n’ai nulle part où te conduire.
    Chimène : Mais nous serons ensemble. Nous ne serons pas nulle part.  Je t’aime Rodrigue.  Je t’aime…

  • Haïku, le blog ami

    Nous y prélevons ceci (*) ce matin, comme on cueille une primevère à l'épaule d'un talus. La sensibilité de son auteur semble n'avoir aucune limite. L'enchantement qu'il nous procure, à nous lecteurs, nous rend soudain plus délicats, ralentit nos gestes et nous incite tout à trac à regarder ce que nous ne faisions que voir l'instant d'avant. J'aimerai toujours la littérature pour la magie qu'elle engendre instantanément, sans jamais nous prévenir. 

    (*)

    "Je réfléchis mieux
    La tête
    Entre tes seins"

     

     

     http://aliquante.hautetfort.com/

     

  • Anna Karénine

    d80fb100595a08c2f58489e2ddeb96dc.jpegVronsky et Anna ont désormais une liaison adultérine… Chapitre XX.
    « Anna s’étant donnée à lui par amour avait droit à tout son respect autant et plus que si elle eût été son épouse légitime ; l’estime la plus haute à laquelle une femme pût prétendre, il la professait pour elle et se serait fait couper la main plutôt que d’y attenter par un mot, voire par une simple allusion. Chacun pouvait soupçonner sa liaison, nul devait se permettre d'en parler : autrement il eût contraint les indiscrets à se taire, à respecter l'honneur de la femme qu'il avait déshonorée. Quant à la conduite à tenir  envers le mari, rien n’était plus clair :  du jour où Anna l’avait aimé, lui Vronski, ses droits sur elle lui semblaient imprescriptibles. Le mari n'était plus qu'un personnage inutile et gênant, position peu enviable sans doute mais à laquelle nul ne pouvait rien. Le seul droit qu'il lui restât était de réclamer une satisfaction par les armes, que Vronski était tout prêt à lui accorder,  »
    Ca a vraiment de la gueule…

  • Lire en train

    Reportage aller/retour à Cahors sur la truffe noire (Tuber melanosporum) selon Pébeyre, pour Maisons Sud-Ouest. L’occasion, à bord des Corail Teoz qui s’arrêtent partout en Corrèze, de lire, lire…
    Malgré ma ténacité, ma pugnacité, mon entêtement à vouloir savoir pourquoi des Michon placent Si je t’oublie Jérusalem - Les palmiers sauvages, et Absalon ! Absalon ! de Faulkner (les deux dans L’Imaginaire/Gallimard) au-dessus de tout, je me suis cogné les opus du zozo du Deep South. Alors il y a des débuts de chapitres à photocopier et à afficher dans ses chiottes, devant soi assis (tellement c'est beau : je me suis surpris à relire certaines pages à haute voix entre Vierzon et Limoges. C'est dire!). C’est net. Mais il y a aussi, surtout, je trouve, des passages longs comme un jour sans vin et qui relèvent de la littérature Dupont d’Isigny : ça colle aux dents. Voire de cette prose fétide qui renifle le tirage à la ligne, ce creux qui est là pour remplir, comme si le gonze était payé au signe près, par Life. J’ai baillé. Donc ça ne fait pas deux livres. Ni un. Ni nada.
    Jubilatoire est Une gourmandise (folio), de « la » Barbéry  (Muriel) dont le si élégant hérisson, qui flirte avec les 700 000 ex., cloue le bec à tous les jurés de tous les prix de l’hexagone, avec la toute puissance -et il vous emmerde tous- du bouche à oreille. Aux orties le marketing, l'astrologie littéraire et les pronos à la con. On rigole (*).  Ce subtil, audacieux, judicieux et superbe éloge du goût , de la Madeleine version sardine grillée (couillue, quoi), du style, volontiers grand mais toujours retenu, fin, racé, des sensations brutes que le vrai gourmand ressent, en font un grand petit livre. Là, voilà.
    Adieu, de Balzac (Le Livre de Poche à 1,50€), confirme mon pressentiment de découvreur du gonze Honoré : ce bonhomme fait ample comme personne et même quand il fait bref, il fait dense et renvoie les câbles d’Albert Londres,  les grands reportages de Kessel ou de Boudard dans leur 22. Indépassable Comédie humaine… Ce « réalisme » à l’état pur, sa force de description de la guerre sur la Bérésina (la déroute de la campagne napoléonienne contre des Russes affamés, tourne au tragique comique épique et cru), ces personnages : deux amis chasseurs qui errent à la manière des personnages hiératiques du Septième sceau -le film de Bergman-, une femme folle, sont immenses tant ils sont vrais, pathétiques, poignants, touchants. Et çà tient dans moins de 80 pages ! Du grand art.
    En revanche, cet Empereur d’occident (Verdier Poche) que Pierre Michon lui-même (son auteur) n’aime pas beaucoup (il le dit dans Le roi vient quand il veut) est faible, asthmatique, un rien ampoulé, limite amphigourique. Il est poussif et pas crédible un seul instant. Allez va ! Relisez tous sa Grande Beune ce soir et tout ira bien demain.

    Ciao bonsoir, happy bloggers!

    (*) Un mot sur la rafle-coup de cul Gallimard : quand on y pense ! : après Les Bienveillantes, Harry Potter 7 et L’élégance du Hérisson, vla qu’ils squattent les 2 grands prix : Pennac avec la Blanche et Leroy avec le Mercure de France, filiale à 100%… (j’excepte Alexakis/Stock de l’Académie)
    ¡A ver ahora lo que sigue y sale, joder !.. Porque mañana es otro dia, no?!..

  • Fermer son blog


    C'est Alina Reyes qui m'a alerté l'année dernière. Elle fermait le sien, convaincue du gâchis de la chose, parce qu'une armée des ombres pompe la substance des blogs comme autant de sangsues sans vergogne. En toute impunité, à la manière des pillards sur un champ de bataille. A se demander si Yannick Haenel, accusé par Aline Nardone, "survivante" d'Alina Reyes, d'avoir plagié le dernier roman de "feue" Alina Reyes, n'a pas construit son Cercle (Gallimard) à partir des coupes de Forêt profonde (Le Rocher) qu'Alina donnait, innocemment, sur son propre blog (qu'elle vient de rouvrir pour l'occasion, ai-je appris). Je l'ignore, n'ayant lu aucun de ces deux ouvrages. La polémique n'a pas eu lieu, comme elle a surgi entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq (et leur éditeur au milieu, P.O.Laurens). Alors? Fermer son blog or not. J'avoue que certains jours, je donne à manger à mon chien (c'est ainsi que je désigne le fait d'ajouter une note ici même) en étant saisi d'un sentiment pregnant de vacuité, d'inutilité, qui ne s'apparente, hélas, ni à un acte gratuit, ni à un geste surréaliste; mais à rien. Sauf à un lancer d'avion en papier, comme on continuera encore d'en faire longtemps dans les écoles primaires. Chacun sait plier la feuille. Lancer, c'est autre chose. Jamais nul ne sait à l'avance si l'avion de papier piquera du nez aussitôt ou s'il effectuera un joli vol, dont la durée (et c'est beau à cause de cela) n'excèdera pas quelques secondes. Ah! Si nous pouvions faire ainsi des livres de sable, chers à Borgès...

  • Michon l'immense

    1b6c0e74de8a16b342cfc9486c18ed3e.jpegLe grand écrivain des vies minuscules et autres vies de... livre un beau bouquet d'entretiens sur la littérature, donnés ici et là depuis 23 ans et rassemblés par Albin Michel sous le titre Le roi vient quand il veut. Une somme d'intelligence à l'état brut, un feu d'artifies de subtilités sur l'esprit de la création littéraire. Michon confie qu'il "écrit court pour garder intacte l'émotion, le tremblement, d'un bout à l'autre. La longueur de corde impartie au fildefériste est brève", ajoute-t-il. Pierre Michon recherche l'épure du roman, ou du récit, et pense avec Bataille que l'on ne peut s'attarder à des livres auxquels, sensiblement, l'auteur n'a pas été contraint. Si cela était raisonnablement observé par la machine littéraire, les libraires auraient davantage de place...

  • Magnanime

    En feuilletant ce matin les archives de ce blog, ce que chacun peut faire, je reprends cet extrait d'une note écrite le 26 octobre 2006, il y a pile un an : la peinture comme le papier-peint n'ont pas encore besoin d'être changés.
     
    "On devient vraiment majeur en donnant à ceux qui ont lâché les chiens contre nous sans savoir ce qu'ils faisaient le geste de paix nécessaire à une vie par-delà le ressentiment - trop coûteux en énergie gaspillée. La magnanimité est une vertu d'adulte. (...) Serein, sans haine, ignorant le mépris, loin de tout désir de vengeance, indemne de toute rancune, informé sur la formidable puissance des passions tristes, je ne veux que la culture et l'expansion de cette "puissance d'exister" -selon l'heureuse formule de Spinoza enchâssée comme un diamant dans son Ethique. Seul l'art codifié de cette "puissance d'exister" guérit des douleurs passées, présentes et à venir".
    Michel Onfray, La Puissance d'exister, Grasset.

  • De la douceur

    EXTRAITS DOUX :

    La culpabilité est une passion triste, qui ne doit en aucun cas être encouragée. (p.93)

    Toute force réactive hait la douceur et cherche à la remplacer par d'odieux simulacres : la mièvrerie, la niaiserie, l'infantilisme, le consensus. (p.10)

    Les puristes font la gueule, mais les puristes font toujours la gueule.(p.35)

    Les douceurs sont des forces : un enfant sait cela. Souffler la graine des pissenlits. Caresser un caneton. Embrasser la petite fille de ses rêves. Porter un poisson rouge gagné dans une fête foraine. Goûter. Vivre ravit, chavire.(p.50)

    Godard, jadis : on dit faire l'amour, c'est bien qu'il y a une notion de travail. L'amour est une douceur violente, comme l'espérance. Un oxymore, quand  la passion est un simple paroxysme.(p.56)

    La brièveté en poésie n'est pas tant le signe d'une modestie que celui d'un orgueil : il s'agit de parler peu, mais de dire l'essentiel.(p.64)

    Il existe des violences propres à la douceur. Puisqu'elles nous emportent, appelons-les des ravissements.(p.70)

    Il faut, nous dit Barthes, lire Sade selon un principe de délicatesse. A vrai dire, c'est toujours ainsi qu'il faut lire. La lecture est la plus subtile, la plus tendre, la plus raffinée, la plus raffinante de toutes les activités.(p.74)

    ©Stéphane Audeguy, Petit éloge de la douceur, folio 2€ 

  • Dépêchez-vous...

    ... De lire la tribune signée par l'avocat Alain Weber et que publie Le Monde daté d'aujourd'hui (page 19) sous le titre : "Amis Anglais, merci d'avoir gagné!", car elle est brillante et salutaire.

    Le chapô du papier, seulement (à vous de voir la suite) : "L'échec français met fin au hold-up de Sarkozy sur la Coupe du monde de rugby".

    Je me marre...

     

  • Revue de presse

    Note spéciale autopromo

    A lire ce matin :

    Dans VSD, pages 78 à 81, mon reportage rugby sur Saint-Vincent de Tyrosse, village Gaulois. Ou plutôt Gascon. Résistant, le village Landais enfante des champions depuis des lustres. Question de microclimat, affirment les hommes du club. Reportage aux sources du rugby, donc, dans le village d’Astérix le rugbyman. Là où, précisément entre la place du Foirail avec la 10 dans le dos, le bar Beneyx et le stade La Fougère, se trouve l'âme du rugby hexagonal.
    Il y avait longtemps que je voulais le faire, ce papier... Oui, cela fait bien 30 ans que j'entends parler de Tyrosse le crot à bons joueurs, alors té! Voilà la copie (réduite de moitié pour la maquette étriquée de l'hebdo, mais je garde au frais mes chutes et autres bons -pas bas!-, morceaux pour une autre fois).

    Dans Le Nouvel Observateur, Paris-Ile de France, pages 30 à 32, mes idées de balades gourmandes en famille, dans le 77 et dans les Vosges, à l'occasion de la Semaine du Goût (dans le Spécial Junior de ce numéro). 

    Sinon, on commence à lire ici et là des bonnes feuilles des Mémoires de Sollers, qui arrivent le 25 chez Plon, après la Finale et avant la fin du tumulte des prix littéraires d'automne.

    La Une de Libé est drôle : Desperate Housewife (à propos du divorce des Sarko). J'adore.

  • Bouche

    "Il fait bon savoir que les oenologues distinguent, au sein de la complexité d'un vin : la robe, le nez, la bouche. Et que la bouche, par exemple, comporte trois temps : l'attaque, le milieu, la finale. Ces finesses de langage correspondent à une finesse pratique du sensible et sont un salutaire appel à la lenteur des dégustations, qu'il n'est aucune raison de ne pas étendre à l'ensemble des objets du monde sensible. La haine petite-bourgeoise à l'encontre des finesses de vocabulaire, de sensations des amateurs de vins et, d'une façon plus générale, à l'égard de toute différence, est proprement terrifiante." Stéphane Audeguy, Petit éloge de la douceur.

  • Jardins

    "Et n'oubliez pas le jardin, je vous prie, le jardin aux grilles dorées. Et entourez-vous d'hommes qui soient comme un jardin, ou comme une musique sur l'eau quand le soir tombe et que le jour n'est plus qu'un souvenir. Choisissez la bonne solitude, la solitude libre, capricieuse et légère, celle qui vous accorde aussi le droit de rester bons en quelque manière." Nietzsche, Par-delà bien et mal.

  • Le Vieux-Port aller/retour

    TGV Paris-Marseille A/R, avant-hier et hier. Alors j'ai lu... Le somptueux Rafael le chauve, de Jacques Durand, sur El Gallo, torero couard et légendaire, magnétique et drôle des années d'avant, avant... (Actes Sud).

    Le délicieux et si délicat, subtil même Petit éloge de la douceur de Stéphane Audeguy (auteur de l'inoubliable et magique Théorie des nuages), les 2 en Folio, le premier en Folio à 2€, ce qui est encore mieux.

    L'énigmatique et violent Hommes entre eux de Jean-Paul Dubois, d'habitude si gracile et léger, désinvolte et aérien (L'Olivier).

    Entamé -enfin!- La Reine de pommes de Chester Himes (folio noir),

    et parcouru, en baîllant grave, le dernier Modiano ainsi que l'inutile et sénile opus sur Hitler môme, signé Norman Mailer, lequel s'achève mal, le pauvre. En plus, le titre (de son éditeur français) est si gracquien (Un Château en forêt. Il fallait oser!..) qu'une telle usurpation, un tel squatt, me dégoûtent définitivement.

    Heureusement, entre deux, il y eût le Vieux-Port, des balades, le "ferry-boîte" pour aller de la Mairie à La Marine (le bar), un apéro ici, un truc là, un dîner inoubliable au "29", Place aux Huiles, à l'angle de la Place d'Etienne-d'Orves où siègent le journal "red" La Marseillaise et Les Arcenaulx des soeurs Laffitte,  éditrices-librairistes-galeristes-restauratrices-amatrices-souriantrices (j'ai juste embrassé Jeanne en passant : c'était complet!).  Le "29" inaugurait ce soir-là (avant-hier) : le mecton est un bon, qui fit ses classes chez les plus grands, comme Ducasse etc, et qui officia comme second de Lionel Lévy pendant pas mal d'années (Une table au Sud, the best of Marseille à mes yeux, que je dopais comme "meilleur espoir de l'année" il y a 4 ou 5 ans je ne sais plus, lorsque je dirigeais les rédactions de GaultMillau). Là, il vole de ses porpres ailes, le minot, en mâtinant néanmoins sa carte de chimie "mode" façon Ferran Adria sous-titrée par Hervé This (la description, orale, des plats, par un mec fin et vif, pas con, cependant, m'a quand même donné l'impression de lire un devis de révision de ma bagnole), mais ça reste bien, et surtout bon (aïoli reloaded, sepias bien aliacées, et un Domaine Sorin, vin de St-Cyr-sur-Mer, à tomber...).
    Les coquillages en veux-tu-en-voilà chez "Toinou" (Canebière, au début à droite après l'Opéra, tu vois?) furent comme d'hab' formidables (araignée, oursins, tout le truc, le vacqueyras blanc en cuvée toinou -les yeux fermés tu prends, etc).

    De quoi oublier modianiania, mailerdeseretireràpetitspas, gars! l'Iran et Poutine, Cécilia qui se retrouve être la SEULE femme de France à ne pas pouvoir divorcer (lire Libé d'aujourd'hui) , la petite finale, la grisaille du ciel parisien cet aprèm, et mon téléphone qui déconne. Bisous

  • Chabal, les toros et Paquito

    ef366ad9eb30c20aac09732056965a37.jpegLe Hmmmmm… poussé par le public des stades lorsque Sébastien Chabal prend le ballon ovale et le Hooouuuu… que celui des arènes pousse lorsqu’un énorme taureau jaillit du toril, ont partie liée. Ils expriment la nostalgie des origines. Il semble révolu le temps  métrosexuel où le monde n’avait d’yeux que pour David Beckham et ses clônes ou pour les éphèbes du Stade Français propres et nets, façon pub pour produits de beauté masculins. Voici revenu le temps de l’homme des cavernes, de ce fond d’animalité qu’on croyait disparu au cœur de la nature humaine, urbaine et lisse. Une soif de Sauvage gronde dans les tribunes des stades de rugby, à la faveur d’une Coupe qui sacre la force davantage que la tactique. Elle ne doit pas être confondue avec la sauvagerie mâtinée de haine ayant cours dans certains stades de foot. Aux corridas, c’est pareil : la corpulence d’aurochs est admirée. Il faut du brutal et du costaud partout. De l’être préhistorique. Des cheveux longs, de la barbe, des carrures sorties de la BD Rahan. Les ados surnomment Chabal Hulk. En trois mois, le rugbyman est devenu une star absolue, à son corps défendant. Passé du stade « inconnu au bataillon » au statut de people du Stade de France. Cet engouement est de bon aloi. En exultant, les spectateurs (certains se déguisent en Chabal) expulsent cette part manquante d’une société où le politiquement correct cerne, puis noie toutes les strates du comportement. Et il ne s’agit66158a2241dc4df6d6f5832de759990a.jpeg pas de violence, mais de joie. Celle de projeter sur un athlète au look antique les fantasmes de combats âpres et loyaux. Chabal est là pour enfoncer une ligne adverse, mais c’est un combattant armé de respect. Dans l’arène, le frisson provoqué par un de ces taureaux échappés d’une gravure de Goya, renvoie à un temps finalement cyclique. Rien n’est jamais irrémédiable, sauf la mort, nécessaire, du taureau. Les opposants à la corrida, dont le lobbying est plus puissant lui aussi, ne feront pas de différence entre une bête effilée comme un sanglier corse et une autre surarmée accusant 600 kg sur la balance. Donc, qu’importe. Avec un « toro-aurochs » le combat est plus dur, plus équitable. Et le respect reste l’arbitre de chaque corrida. Le public réclame davantage de spectacle, des jeux du cirque. Rome ! Il espère que Chabal prendra le ballon à chaque percée bleue. Qu’il envisage de faire un tour chez le coiffeur-barbier devient une rumeur nationale. La menace d’interdire la corrida aussi. Ce retour à l’âge de fer ou de pierre, à l’heure où les ours blancs luttent pour leur survie sur une banquise fondante, est salutaire. Il exprime une résistance. Une morale ded4120b9e133739f2df5255d05aa88493.jpg la solidité. Une éthique homérique. podcast

    Et le plus savoureux est que Chabal et les beaux taureaux se retrouvent unis dans la ferveur, lorsque à chaque match de rugby, les  « bandas » (ces orchestres de rue sont tous du Sud-Ouest : ceci explique cela) entonnent, comme à chaque corrida, Paquito chocolatero, ce paso doble taurin symbole de fiesta, de feria, de gaîté partagée et de rassemblement, toutes origines confondues . Car c’est un hymne à la joie qui met immédiatement le feu du bonheur et qui n’a pas la morgue guerrière de la Marseillaise ni le ton rogue et  mortifère de la Lettre de Guy Môquet. Il soulève les foules. ¡Ola !  Léon Mazzella

    PS : je devrais citer aussi Vino griego, fameux chant de fin des fêtes de Dax, tous foulards rouges tendus à bout de bras dans les Arènes d'abord, lorsque toutes les bandas sont dans le ruedo, et qui marque -à l'instar de Pobre de mi à la fin des Sanfermines, les fêtes de Pampelune-, le début de l'attente : à partir de ce chant, il ne reste plus qu'un an à tirer avant de revivre l'ouverture des Fêtes!.. Vino griego est aujourd'hui souvent donné (mais peu entonné) dans les stades (pendant cette Coupe, c'est le cas) et ça réchauffe les coeurs. Moi, ça me rappelle chaque fois Dax, en particulier la fin de Toros y Salsa de septembre 2002. Les larmes aux yeux je te dis, oui!..

    Photos : Chabal, avec ou sans cheveux, ne produt pas le même "impak".

    Toro de Osborne.

    Lien media : Paquito chocolatero, à écouter en lisant ce papier. (Pour écouter Vino griego, rendez-vous sur radioblogclub.com : zik seule, ou bien sur UTube : ils ont la video en plus!)

    ¡Olé!

     

  • Avé sagesse, té!

    "Ce matin, allons, il faut sécher nos larmes, savoir remercier nos joueurs, et se draper de dignité ( pour le coup, de grâce, ne cédons pas à la franchouillardise) avant d'aller doucement chuchoter à l'oreille en chou fleur de toute une équipe dévastée de chagrin, ces mots de Jean- Pierre Rives "le rugby est l'histoire d'un ballon avec des hommes autour; et quand il n'y a plus de ballon, il reste l'essentiel, les hommes. "...(Benoît Jeantet)

    Source : http://www.rugbymane.blogspot.com/ 

  • Le Roi Cophetua

    En écho à Quignard (lire plus bas) :

    Je restai éveillé auprès d'elle assez longtemps. Le sommeil d'une femme qu'on regarde intensément conjure autour d'elle une innocence, une sécurité presque démente : il m'a toujours paru inconcevable de s'abandonner ainsi les yeux fermés à des yeux ouverts.

    Julien Gracq, Le Roi Cophetua, in La Presqu'île (José Corti)

  • Villa Amalia, encore

    confier à l'autre son sommeil est peut-être la seule impudeur
    laisser se regarder en train de dormir, d'avoir faim, de rêver, de se tendre, de s'évaser, est une étrange offrande
    une incompréhensible offrande

    (...)

    le jour s'était levé. de sa vie jamais Ann n'avait dormi si longtemps qu'auprès de cet homme.

    Pascal Quignard, Villa Amalia, Folio 

  • Rien, rien, rien...

    La vie ne vaut rien rien
    La vie ne vaut rien
    Mais moi quand je tiens tiens
    Mais moi quand je tiens
    Là dans me deux mains éblouies
    Les deux jolis petits seins de mon amie
    Là je dis
    Rien Rien Rien
    Rien ne vaut la vie
    Rien rien rien…
    Rien ne vaut la vie.

    (Alain Souchon) 

  • Gracq, toujours

    Une lettre de lui, ce matin.

    Un plaisir, toujours.

    Rare.

    Compté, désormais.

    22 ans déjà que je collectionne ses lettres. 

    L'écriture tremble davantage (97, 5 ans).

    J'ai peur.
    Une vraie peur.


     

  • Cardiff-Procida

    f24ea31d5c5868e83242b580cf15fc42.jpg16e18622a42b7425f6a0a8d13d792a17.jpgProcida la magnifique, la sereine, quelques heures avant le match contre les Blacks (© photos L.M.). Ici, dans la Baie de Naples, le rugby est un mot que l'on n'a pas encore pensé à traduire dans les faits. Il planait sur l'île une atmosphère  pré-apocalyptique, samedi 6. Les goélands étaient devenus fous, qui prévenaient sans le vouloir les humains de l'imminence d'une catastrophe. Un orage, une armée d'orages se préparaient au large du Vésuve et au-delà de la  mer en direction de nulle part, vers d'insensés horizons qui froncaient. Déjà, les éclairs zébraient, marbraient le ciel qui prenait une couleur d'étain. La mer était du plomb fondu, le sirrocco soufflait fort et la pluie, si rare ici, vint. Violente, frappante, abondante, elle acheva de désaler ma peau qui avait plongé avec tant de volupté, à la plage del Pozzo Vecchio, surnommée plage del Postino (le film). Bien longtemps après la victoire des Bleus sur les Blacks (suivie à grand'peine sur le petit écran de télévision de l'hôtel), les éclairs continuèrent de blanchir la nuit et le tonnerre de gronder entre les parois de la baie de la Corricella aux larges bras en  arc, à la manière d'un crabe qui  voudrait retenir pour toujours tous les bateaux au havre de sortir. Le lendemain, hier, lavée, Procida semblait endimanchée, les joues roses, prête à faire un tour de balançoire dans le parc, baignée  par une jeune lumière d'automne, aussi douce que l'était la mer, où l'on entre en octobre comme en août. Le soir, au Stade de France®, je  voyais des Pumas  bouffer du chardon comme le font les ânes : avec gourmandise et cela ne manqua pas de piquant. Effeuiller brutalement la Rose sera plus compliqué, avec un Jonny Wilkinson revenu aux affaires, sauf à saboter son pied d'ici là. Mais ce serait déloyal, avouez... Le plus couard serait de le "concasser" comme dit Chabal, pour venger Betsen qui s'emplâtra Rocococko pleine poire. Alors :  ¡Vaya con dios! Et que le plus inspiré gagne.af02d1bdee274e194332d217a19a95ab.jpg

     

     

  • Xira et sa Tupiña


    Voici la fin du papier que vous pouvez lire in extenso dans Maisons Sud-Ouest actuellement en kiosque.

    "Si l’on bardait Xiradakis avec les éloges qu’il ramasse chaque semaine à la pelle, dans la presse du monde entier, il tiendrait à la fois de la poularde demi-deuil qui fleure bon la truffe en surnombre et du général argentin ou soviétique des grandes années, aux épaules cuirassées de médailles. Quelques exemples : meilleur bistrot du monde en 1994 par l’International Herald Tribune, restaurant de l’année 1995 dans le Times, La Une du New York Times en 1997, classé parmi les 50 meilleurs restaurants du monde par Restaurant, magazine grand-breton, classé parmi les 10 restaurants « qui jouent le mieux avec le feu » au monde par Gourmet, magazine américain. Parfois, c’est drôle et Xira en rigole de bon cœur : en 1996, il est élu homme de l’année dans sa discipline, la cuisine, par  le Times de Londres, aux côtés de Tony Blair pour la politique et de Jonathan Davis pour le sport !.. Rien ne semble cependant capable de tourner la tête de Xira, qui garde au fond de lui, confit dans une couche de sagesse, une solide sérénité face aux paillettes et que je veux nommer simplement intelligence. Celle qui pétille en permanence dans ses yeux derrière les carreaux de ses lunettes. Bien sûr ça lui fait plaisir ! Qui resterait de marbre face à tant d’éloges ? Xira cultive l’autodérision comme d’autres l’orgueil. C’est dire. Xira s’est toujours méfié des trompettes de la renommée, si justement nommées !  Avec un mot qui commence comme tromperie et qui finit comme tripette, comment ne pas fuir ? Xira mégalo, cabot, fanfaron ? Xira séducteur de journalistes ? Cent fois je l’ai entendu et lu. La vérité, c’est qu’il s’en fout, pourvu qu’il puisse encore trinquer avec ses vrais amis, faire sourire une jolie fille. Xira est avant même d’être cuisinier, un homme du plaisir, du partage, de confiance, d’amitié, de fidélité, de dévotion, de transmission et d’amour. Jean-Pierre Xiradakis n’a jamais pris la grosse tête. D’ailleurs, elle « chausse » du 58 dans le casque qu’il pose dessus (j’ai vérifié) avant d’enfourcher son scooter rouge vif, façon Alfa Romeo, pour traverser la ville et rejoindre plus vite un copain dans un bistro. Car l’homme est avant tout un marcheur invétéré. Auteur du  « Piéton de Bordeaux », qui offre 10 itinéraires puissamment découvreurs à celui qui sait laisser ses préjugés sur « Bordeaux-ville-fermée-et-gniagniagnia », qui sait ralentir son pas, lever les yeux, soupeser le poids de l’histoire, le détail d’un balcon, l’originalité d’une façade, la confusion des genres. Notre homme est un infatigable useur de semelles. Il arpente le vignoble comme il prend les Landes à bras le corps jusqu’à Sainte-Eulalie. En plein Vinexpo, cette année ! « J’avais besoin de faire le vide. Cette effervescence, ça me foutait le bourdon. » Avec son vieux complice Jean-Marie Amat, ils ont marché des journées entières dans des conditions parfois difficiles et sur des reliefs peu amènes ; y compris désertiques. Marcher, toujours marcher. Pour se retrouver, mettre tout à plat, garder la tête froide et repartir de plus belle, le « gniac » de la vie, la vraie, chevillé au corps et à l’esprit. Xira le touche à tout (sauf à la copine d’un copain !) donne dans l’écriture : il faut lire son « Bordeaux l’héritière » et sa « Cuisine de la Tupiña ». Il donne dans la radio sur France Bleue, dans la télé à l’occasion, il exposait ses photos à l’Office du tourisme en juin dernier. Lorsqu’il n’est pas à La Tupiña, il se fait l’ambassadeur des produits du « grrrrand » sud-ouest qu’il aime viscéralement depuis sa naissance rue Lafontaine. Et passe une semaine à New York pour cela s’il le faut !
    Alors c’est vrai qu’une rando à pied en sa compagnie dans les rues méconnues du « Bordeaux de Xira », du côté des « Capu », de la rue Elie-Gentrac, de Saint-Michel dans les coins, peut ressembler à une présentation en règle de ses copains fournisseurs ou pas, d’ailleurs. Du genre : je vous amène des journalistes. C’est précisément là que réside la générosité du bonhomme, que d’aucuns (encore eux !) confondraient avec de l’opportunisme déguisé. Sous-genre : j’avance toujours, pedibus cum jambis, dans les rues de ma ville, chaque matin dès 8 heures, précédé de mon ventre (fais un peu gaffe, Jean-Pierre) et suivi d’une Cour « Pressée ». Après tout, l’Ambassadeur number one des produits authentiquement sud-ouest fait son boulot. Et bénévolement en plus. Sa ville le lui rend bien. Comme le Candide de Voltaire cultivait son jardin, le faux Candide Xira, en vrai bretteur gascon, sait cultiver ses connexions.  On le dit large avec « qui il faut ». Paroles de mauvaises langues, donc de mauvais palais. De buveurs d’eau. Xira a toujours su de quel côté la tartine était beurrée. C’est tout. Sinon, il n’aurait pas fait cuisinier. Mais taupinier." ©Léon Mazzella
     

  • Le livre-chien

    Je ne me lasse pas de cette phrase, de l'écho qu'elle provoque à chaque lecture.


    "Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir? Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours". Roger Grenier, Les larmes d'Ulysse, Gallimard.

  • Antonio Gamoneda

    (…) C’est l’année du besoin.
    Cinq cents semaines durant j’ai été absent de mes desseins,
    déposé en nodules et silencieux jusqu’à la malédiction.
    Entre-temps la torture a pactisé avec les mots.
    Maintenant un visage sourit et son sourire se dépose sur mes lèvres,
    et l’avertissement de sa musique explique toutes les pertes, et il m’accompagne.
    Il parle de moi comme une vibration d’oiseaux qui auraient disparu et seraient de retour ;
    il parle de moi avec des lèvres qui répondent encore à une douceur de paupières.

  • Boire le soleil

    4fb9ea581a847e26710768dfc3bd38e7.jpegLe Clezio, parfois, a des moments beaux. Simplement beaux. Ces lignes extraites de Lullaby, par exemple, parce que son dernier, Ourania, était mou, mais d'un mou (lui aussi...)
    Lullaby sentit que ses forces revenaient. Elle sentit aussi le dégoût, et la colère, qui remplacaient peu à peu la crainte. Puis, soudain, elle comprit que rien ne pourrait lui arriver, jamais. C'etait le vent, la mer, le soleil. Elle se souvint de ce que son père lui avait dit, un jour, à propos du vent, de la mer, du soleil, une longue phrase qui parlait de liberté et d'espace, quelque chose comme cela. Lullaby s'arrêta sur un rocher en forme d'étrave, au-dessus de la mer, et elle renversa sa tête en arrière pour mieux sentir la chaleur de la lumière sur son front et sur ses paupières. C'etait son père qui lui avait appris à faire cela, pour retrouver ses forces, il appelait cela boire le soleil...

     

  • Tiken Jah Fakoly

    file:///Users/mazzella/Desktop/06%20Soldier%20(Featuring%20Akon).mp3

     

    a3112d9a496be95fc8eedb1a14ff3708.jpegSoldier, avec Akon (lien ci-dessus), sauve le dernier cd de Tiken, "L'Africain", déçevant dans l'ensemble. En revanche, le dvd joint est intéressant, émouvant même.

    Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à être mous du genou en ce moment! C'est l'époque ou quoi?..

    Les derniers Manu Chao, Ben Harper et Tiken sont mous mous mous, monochromes, fatigués, dépourvus des reliefs vallonnés auxquels ils nous avaient tous trois habitués (pour ne citer qu'eux)...

    Cela sent l'ennui, la sueur et le ton poussif qu'un homme d'affaires emploie l'après-midi, au bout lippu d'une haleine alliacée et burpantée par un déjeuner gras.

    Beuarrk.

    Réveillez-vous bordel de putes borgnes!

  • Grèce de canard

    A LIRE DANS "MAISONS SUD-OUEST" QUI PARAÎT JUSTE, LÀ, ce reportage que j'ai réalisé sur "Le Bordeaux de Xira". En voici les premières et les dernières lignes. Le reste? -en kiosque, té!..
     
     
    D’aucuns ignorent qu’il y a dakis derrière et Jean-Pierre devant, tant Xira est connu par son diminutif. Jean-Pierre Xiradakis, le moins Grec des Bordelais, le plus Bordelais des Grecs, le plus Gascon des hommes de goût (avec une poignée d’autres, de la trempe d’un Jean-Jacques Lesgourgues ou de celle d’un Jean Lafforgue), que la Gascogne ait engendrés depuis un bail, Jean-Pierre Xiradakis fait partie des meubles de sa ville, entrée au Patrimoine de l’humanité le jour où nous réalisions cette interview. L’Unesco, ça va donner 30% de tourisme en plus. La belle cité des 3M (Montaigne, Montesquieu, Mauriac) feint de n’en avoir pas besoin. Demeure British jusque dans ses moindres, ou planétaires, affectations. Avec son miroir d’eau, devant la Garonne et face à la somptueuse Place de la Bourse, que les pieds nus des Bordelais se sont immédiatement approprié et quantité de rafraîchissements et autres ravalements de façades, la ville a été refaite à neuf, briquée comme une pièce de cent sous, y compris sa rive droite, qui revit depuis quelques années. Le long des quais, à deux arrêts de tramway de la Gare St-Jean, se trouve une porte, moins impressionnante que l’une de ses voisines, la Porte-Cailhau, sous laquelle ont longtemps siégé les précieuses éditions de l’Orée, de Martial Trolliet (en voilà un autre, authentique Gascon !) : la Porte-de-la-Monnaie. À l’instar de la rue Vital-Carles que l’on pourrait rebaptiser rue Mollat en ajoutant librairies Vital-Carles, la rue Porte de la Monnaie pourrait être rebaptisée un jour rue Xira ; restaurants de-la-Monnaie. Une institution y trône au premier angle, c’est la Tupiña. Avec un tilde (prononcez « énié ») sur le « n ». Même s’il ne figure pas sur tous les documents et même si Xira lui-même s’en fiche un peu, que cette moustache capricieuse repose ou non sur le « n » du nom de ce restaurant, qu’il acheta pour une poignée de lentilles, comme le père Tari acheta château Giscours une poignée de pois chiches et comme Curzio Malaparte acheta sa fameuse maison à Capri une poignée de figues...
     
    ...Alors c’est vrai qu’une rando à pied en sa compagnie dans les rues méconnues du « Bordeaux de Xira », du côté des « Capu », de la rue Elie-Gentrac, de Saint-Michel dans les coins, peut ressembler à une présentation en règle de ses copains fournisseurs ou pas, d’ailleurs. Du genre : je vous amène des journalistes. C’est précisément là que réside la générosité du bonhomme, que d’aucuns (encore eux !) confondraient avec de l’opportunisme déguisé. Sous-genre : j’avance toujours, pedibus cum jambis, dans les rues de ma ville, chaque matin dès 8 heures, précédé de mon ventre (fais un peu gaffe, Jean-Pierre) et suivi d’une Cour « Pressée ». Après tout, l’Ambassadeur number one des produits authentiquement sud-ouest fait son boulot. Et bénévolement en plus. Sa ville le lui rend bien. Comme le Candide de Voltaire cultivait son jardin, le faux Candide Xira, en vrai bretteur gascon, sait cultiver ses connexions.  On le dit large avec « qui il faut ». Paroles de mauvaises langues, donc de mauvais palais. De buveurs d’eau. Xira a toujours su de quel côté la tartine était beurrée. C’est tout. Sinon, il n’aurait pas fait cuisinier. Mais taupinier.  

  • ovalire

    Il y avait rugbymane, le blog rugby-littéraire de Benoît Jeantet (lien ci-dessous colonne de gauche), voici http://lachoule.blogs.paramourdurugby.com  C'est un autre blog intello de la chose ovale. Allez-y c'est du sûr.

    • News rumeur : Chabal, sortira ce soir des vestiaires avec la boule à Z et rasé de frais. Info ou Intox?.. 

    News perso : Et mon fils (il commence le rugby cette année) qui s'est fracturé le pouce avant-hier à l'entraino de sélection du PUC en se prenant le ballon et la godasse d'un autre à bout portant! Urgences à Cochin jusqu'à pas d'heure (on adore), 3 semaines de plâtre! Pour son 2è entraino, c'est pas du jeu!.. Si encore il avait essayé de se la jouer Imanol!.. 

    (Photo ci-dessous : figlio mio avec qui vous savez, en août 2006 dans le resto que Bernie possède à Arcachon, à l'issue d'une interview que je réalisais pour VSD, à propos des vins de  Gaillac qu'il signe. ©L.M.).

    d00b313b4fbf5d1487a4f5f0ecbb895a.jpg

  • Hypnos

    "Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé."

    René Char, Feuillets d'Hypnos (fragment 59).

    Comment réagissez-vous à cela?.. 

  • l'amour arrête les véhicules

    37d2d46507afa3ca3186386a9a29f0e8.jpg

    Feu rouge à Saint-Paul (dans le Marais à Paris) saisi par ma fille. Il faudrait photographier ce genre d'initiative parisienne : le mot Amour taggé un peu partout, sur les trottoirs notamment, en est le plus joli exemple.

    Mais le faire aussitôt, car certains ne tiennent pas longtemps : ce coeur a déjà disparu, arraché par les services municipaux, davantage chirurgicaux que poètes et qui n'adressent  guère de télégrammes à la Yves Montand (Vous savez!  Le fameux : "je-t'aime-je-t'aime-je-t'aime-je-t'aime-3-fois"...) 

    Photo : ©Marine Mazzella

  • Ovalittérature

    Au journal « Sud-Ouest », où il officia et où j'étais également reporter, Patrick Espagnet fit exploser son talent de journaliste sportif. On avait coutume de comparer Patrick à Antoine Blondin, c’est notre Blondin, résumait-on. Ses vrais amis préféraient dire de Patrick qu’il était leur Espagnet. Son style, ses portraits inoubliables des Rapetous du CABBG, le club de Bègles, ses amitiés ovales, sa faconde et sa générosité n’avaient d’égal que son talent immense et ses propensions à se foutre dans des colères blacks lorsqu’il avait un peu bu. Ce qui arrivait fréquemment. Ce que nous lui pardonnions tous. Enfin, presque tous (la drection du journal vit cela d'un oeil de plus en plus torve, à la fin). Patrick a laissé quantité de reportages sur le rugby qui lui ont valu une moisson de prix de journalisme sportif, et un bouquet de nouvelles ciselées comme des diamants remontés brut de pomme d'une mine d'Af'Sud. « Andy » est l’une d’entre elles. Elle résume, depuis un coin paumé de Nouvelle-Zélande, le lien viscéral qui unit tous les membres de la famille ovale. J’ai envie de vous offrir les premières lignes de ce texte, en hommage à une plume du rugby disparue trop tôt, le 18 janvier 2004. ¡Adios amigo! Adiou lou Patrick de Grignols! LM

    ANDY

      « Masterton. Nouvelle-Zélande. Un drôle de bled. Un trou du cul du monde qui aurait pas de fesses. Des rues coupées au couteau, droites et longues et qui sentent autant la vie qu’un cyber-café sent le bistrot.
      Deux pubs. Quelques magasins de fil de fer barbelé, de clôtures en tous genres. Quelques garages de machines agricoles. Des épiceries achalandées comme pour passer les Rocheuses. Des gens costauds, sympathiques et lisses, usés comme des pionniers.
      Masterton. Deuxième match de l’équipe de France de Berbizier en Nouvelle-Zélande. Un match du mercredi, comme on dit en tournée. Un match de peu, mais avec toutes les trouilles. Celle des remplaçants qui aimeraient bien gameller à  l’auge des tests. Celles des titulaires qui ont peur de lâcher le fricot. Déjà le Catalan Macabiau semble sur le point de goûter le bois du banc…
      Le groupe, comme ils disent, est tendu. Avec des clans qui paraissent s’observer. Sans vraie joie. Avec un entraîneur plus abbé de Lannemezan que jamais.
      On a mis cinq heures de bus pour arriver là. On rencontre même pas une équipe de province. Simplement il s’agit, en toute reconnaissance pour immenses services rendus, de faire plaisir à Brian Lochore, le magnifique et mythique numéro huit Black des années soixante. Il est éleveur de moutons, comme presque tout le monde ici. Un colosse à la gueule de John Wayne mais dont on soupçonne qu’il n’aura jamais besoin d’une Winchester pour inquiéter la menace… »  Patrick Espagnet, in : « XV Histoires de rugby », éditions Culture Suds, 3, rue Sansas, 33000 Bordeaux.



  • Blue touch

    c7e3371b8af3792c14078ae9416ffa08.jpg

     Bernie et Jo à Marcoussis lors de l'annonce de la composition de l'équipe des Bleus qui allait affronter les Blacks chez eux en juin dernier. ©Léon Mazzella.

    Et nous sommes nombreux à être contents d'apprendre, ce matin, que les "cotches" viennent de titulariser Chabal pour faire brouter du trèfle aux Verts, vendredi soir à Saint-Denis (avec Ibañez au talonnage et re-Michalak - Elissalde, charnière si brillante la semaine dernière). Face au bataillon de blessés (Skréla, Pelous, Harinordoquy) il va falloir une solide ligne arrière. Irish Mist peut faire mal, très mal. Car nous devons oublier dare-dare le triomphe sans gloire d'une victoire sans péril contre des Namibiens pénétrables en défense comme un pain de beurre sorti du frigo depuis deux heures, dans ma cuisine baignée par un Eté Indien de la mort de ta race... Une victoire beaucoup moins remarquable que celle qui consista à trancher fin du rosbif surgelé, façon carpaccio, avec des lames Boks effilées, méthodiques et acharnées à infliger un zéro pointé. On fait difficilement plus humiliant pour the Rose, sur une pelouse froggy... 

    L'équipe.- Poitrenaud ; Clerc, Marty, Traille, Heymans ; (o) Michalak, (m) Elissalde ; Dusautoir, Bonnaire, Betsen, Thion, Chabal ; De Villiers, Ibañez (cap.), Milloud.

    Remplaçants.- Szarzewski, Poux, Nallet, Nyanga, Beauxis, Jauzion, Rougerie.

     

    Sujet : que vous inspire cette photo? Répondez en quelques lignes. 

    Rappel en forme d'autopromo : si vous ne l'avez pas encore, précipitez-vous chez votre marchand de journaux et achetez "The" hors-série rugby spécial Coupe du monde de VSD. Mais magnez-vous! Il est là depuis bientôt 8 semaines et il va pas tarder à être retiré. Après : raaaak! finito de bayona!

    b338a7e308c74bca6dc1d51405829681.jpg

     

     

     

  • tir, le feuilleton

    Pas mal, l'idée de Leroy (Alabama song, au Mercure) de se mettre dans la peau de cette tarée de Zelda et de nous montrer Fitz sous l'angle : j'ai vécu avec cette folle, mais j'étais bien atteint moi aussi...

    A quand une fiction semblable sur l'une des égéries de Hem'?.. 

    A part çà, la cuisine d'Antoine Westermann, chef du Drouant, est assez roots-grand-mère Reloaded. Intéressant. 

  • Corse Paradise

    Le magazine VOYAGEUR n°3, qui vient de paraître, publie un reportage que j'ai effectué chez Paul Canarelli, près de Sartène en Corse du Sud.

    En voici les premières lignes. Les photos, extraordinaires, sont signées Erick Bonnier (sauf celle-ci, qui montre Erick l'oeil dans son boîtier et Paul, en retrait).

     54be91f8636fccabe1de993af79ff3ba.jpg

    Le paradis des chasseurs existe. Il se trouve en Corse, au Domaine de Murtoli, au creux de la vallée de l’Ortolo. 2000 hectares de maquis giboyeux, d’une sauvage beauté...

    Paul Canarelli habite une sorte de paradis. La phrase a l’air banale, comme ça, posée comme une certitude. C’est pourtant vrai. Et celui qui se rend chez lui le ressent comme une évidence. Le Domaine de Murtoli, dans le sud de la Corse, du côté de Sartène et vers Porto-Vecchio, c’est un cordon de littoral de 8 km de plages privées et 2000 hectares de maquis montagneux traversés par une rivière, l’Ortolo, le tout clôturé et parsemé de maisons habilement dissimulées dans la nature et toutes d’une beauté époustouflante. Chacune possède sa piscine et ses agréments divers selon sa taille (hammam et bar extérieur notamment) et a été aménagée avec un sens extrême du raffinement qui échappe au luxe dans ce qu’il a de m’as-tu vu. Ici, tout est discrétion, matières brutes, détails subtils, harmonie des tons et de l’espace. L’espace, c’est l’horizon bleu, le silence du maquis, à peine troublé par l’envol d’un perdreau ou d’un faisan et par le passage furtif d’un sanglier. Les petits chemins sinueux qui y conduisent sont difficiles car le repos à Murtoli se mérite jusqu’au bout. Cette alliance du rustique et du raffinement produit justement cette magie, unique.

     

  • tir, suite

    Lesbre (excellent livre) çà changerait à tous points de vue.

    La Bayonnaise Darrieussecq est un sérieux challenger pour Claudel, Assouline et peut-être Salvayre.

    Adam l'aurait dévantage mérité avec "Falaises".

    Haenel va-t-il créer la surprise? Sinon, c'est un Médicis idéal.

    Je ne parle pas du ridicule qui ne tue pas : le-Nothomb-de-septembre.

    Ni de l'obstination de Poivre Bros à sortir un truc chaque année juste pour avoir le Goncourt, dirait-on...

    J'ignore ce que valent les autres, mais je vais aller voir de plus près le Leroy et le Rosenthal.

    En attendant, je déjeune demain chez Drouant tout à fait par hasard.

    Cuisine et littérature? -Ail, ail, ail!.. 

  • tir sélectif

    TOUT EN ECOUTANT "MY FATHER" PAR NINA SIMONE, JE VOUS PROPOSE DE VOTER POUR LE GONCOURT, DONT LA PREMIÈRE SÉLECTION VIENT DE TOMBER, COMME TOMBENT LES FEUILLES. MORTES. (my choice is done)

    L'Académie Goncourt a publié mardi sa première sélection pour son prix, qui doit être attribué le lundi 5 novembre.

    Olivier Adam : "A l'abri de rien" (L'Olivier)

    Pierre Assouline : "Le portrait" (Gallimard)

    Philippe Claudel : "Le rapport de Brodeck" (Stock)

    Marie Darrieussecq : "Tom est mort" (P.O.L.)

    Vincent Delecroix : "La chaussure sur le toit" (Gallimard)

    Delphine De Vigan : "No et moi" (J.C. Lattès)

    Michèle Lesbre : "Le canapé rouge" (Sabine Wespieser)

    Clara Dupont-Monod : "La passion selon Juette" (Grasset)

    Yannick Haenel : "Cercle" (Gallimard)

    Gilles Leroy : "Alabama Song" (Mercure de France)

    Amélie Nothomb : "Ni d'Eve ni d'Adam" (Albin Michel)

    Olivier et Patrick Poivre d'Arvor : "J'ai tant rêvé de toi" (Albin Michel)

    Grégoire Polet : "Leurs vies éclatantes" (Gallimard)

    Lydie Salvayre : "Portrait de l'écrivain en animal domestique" (Seuil)

    Olivia Rosenthal : "On n'est pas là pour disparaître" (Verticales)

  • Le Monde 2 p.73

    01f34052d2e5125354bf0ac2f6ec2d5f.jpgPHOTOS ©MARINE MAZZELLA
     
    Une page consacrée à ma fille Marine, dans "Le Monde 2" -ci-contre- lequel publie 2 de ses photos (qui faisaient partie de sa première expo de mai dernier, dont celle ci-dessus) sur le thème des verres en mouvement (verres et bouteilles de vin). La page s'intitule "objets animés" et Marine leur donne une âme. Son père est fier. Normal, nan?!.. Ce n° du Monde 2 est entièrement consacré au rugby, il est en vente à Paris aujourd'hui et en province demain. 
     
    Nota Bene :
    "le prix de l'exclu mon cul"
    remarque amère sur les photos de Michel Birot et autres auteurs de son agence Sport Attitudes, qui paraissent dans ce n° du Monde2. L'une d'entre elles (un essai de Chabal, en page 63) est parue dans le hors-série rugby (pp.14/15) que j'ai réalisé entièrement pour VSD, avec l'assurance de Michel Birot, "qu'au prix où il me cédait ses photos, elles sortaient de la sélection et ne paraîtraient nulle part ailleurs"... Moi je crois ce qu'on me dit et je paye donc le prix fort, rugby sur l'ongle!.. Ce mec a beau avoir du talent, il n'a donc pas de parole. Et pour moi, la parole vaut davantage que le reste, mais passons... Webb Ellis reconnaitra un jour les siens. 
    Par ailleurs, la superbe photo d'Ibañez qui illustre l'ouverture de la séquence sur les XV de ce hors-série de VSD, fait la couv. du Fig'Mag. d'aujourd'hui. Mais son auteur ne s'étant pas engagé de la même manière, je n'y vois aucun inconvénient et j'éprouve même de la fierté à l'avoir sélectionnée et publiée en juillet... 

  • Je l'aime encore

    Quart d'heure autopromotionnel spécial autocopinnage grave : voici le texte de quatrième de couverture de mon petit livre "Je l'aime encore" (Abacus). Si vous avez du mal à le trouver chez votre libraire de quartier, vu que vous allez tous y foncer, @-moi! -Je vous arrangerai le coup...

    "Cette femme n'est pas dans les livres, ni dans les rues, ni dans un autre monde ou dans une autre ville. Cette femme, j'en aperçois la silhouette, une chevelure à peine. Elle a des gestes ingénus qui me font défaillir. Cette femme existe. C'est elle. Je peux désormais me balader comme un aveugle dans la ville. Elle m'a dit : je veux te montrer du doigt et penser et dire que tu es l'homme que j'aime. Je sais aussi nos craintes et notre empressement; comme si nous étions en retard sur l'amour. Je l'aime dans l'attente, dans le désir, dans l'ombre, à la lumière et dans le clair-obscur de nos rêves, avec des mots et la complicité d'un silence qui s'établit en vérité. Et ma force est de savoir que je la verrai dans moins d'une heure". ©Léon Mazzella.

     

  • Bobby Solo


    Ca fait plus de trente ans que ça dure : à chaque écoute de Una Lacrima sul viso, je défaille. D'abord je revois mon père mettre le 45 tours à fond et courir aussitôt jusqu'à ma mère, en cuisine ou par là, pour la faire danser tout en chantant. Puis je me vois, il y a plus de quinze ans, dans ma première Alfa Roméo, sur la N10 plongée dans la nuit forestière, de Bordeaux à Bayonne, la cassette à fond. Je chante aussi et je suis "heureux comme avec une femme"...
    podcast

  • The Best One of Ze rentrée littéraire

    Le bouquin que je préfère de cette nouvelle rentrée est une réimpression, en réalité. Je ne me lasse pas de sa lecture (la 3ème en 15 jours!). Je l'ai découvert l'année dernière, pour être franc. Mais cette fois, je le relis un peu par dépit et c'est une joie! Je me demande quand même si son Service de Presse a été correctement fait à l'occasion de cette salutaire remise en vente, car aucun feuilletonniste n'en a encore parlé. Attendons les premières sélections des grands prix d'automne! Il risque de créer la surprise. On parie?... Proche du Nouveau roman et de l'Oulipo, il déstructure davantage l'aventure lexicale que ne le faisait le genre à ses débuts, il enferme l'action pour mieux la circonscrire et laisse une incroyable liberté à ses personnages, dont l'étude psychologique, réduite pourtant à néant, en fait des êtres immatériels comme seules les contes, les légendes, ou le fameux "livre de sable" cher à Borgès, nous en offrent. Minimaliste, ne serait-ce que par sa minceur digeste, son économie de phonèmes et l'équilibre général entre la sémantique post-barthesienne et la narrativité néo-bovaryenne qui va de Céline à Dantec et Darrieussecq, l'ouvrage possède de surcroît une qualité double et de moins en moins rare : il se lit en 20 minutes et il est gratuit. Ce livre, au titre très Minuit, POL, ou groupe de Rock français, c'est : Le Contrat de confiance. Son auteur (préciosité?) néglige de se prénommer : Classe! C'est donc signé simplement, de manière lapidaire : Darty. Retenez bien ce nom. Il risque de nous étonner. D'autant qu'à l'instar de Thomas Pynchon, J.D. Salinger, Henri Michaux et Maurice Blanchot, le mystérieux et talentueux écrivain qui se dissimule (se préserve?) semble refuser toute interview et apparition publique, dans le culte ou la dévotion (je parie aussi) de la littérature dans ce qu'elle a de plus pur. Et çà, moi, j'adore. (photo ci-dessous : la couv. du bouquin, version "format à l'italienne").0d5bd9a99f4c46f7e3e28ded66eca603.jpeg

  • A l'ail


    eda5c713c6f9e7e00364a91b187ee4c6.jpeg Le chef Landais Alain Dutournier (Le Carré des Feuillants à Paris) pôele les gambas et les escorte d'une vraie nougatine sucrée, crémée, à l'ail et au gingembre! Dément. L'ail, tranché fin, sèche au four. Un verre de jurançon derrière et il fait beau en sortant.

  • lechoixdeslibraires.com

    Ce site a la bonne idée de publier des extraits des livres qu'ils présentent et conseillent. Voici celui qu'ils ont choisi de "Mon Livre de cave".

     

    "L’ABC de la dégustation chez soi

    De même que le vin que l’on remonte ou que l’on sort de la cave ne doit pas être brutalisé, la dégustation, surtout si elle se déroule en dehors d’un repas, exige du calme et un silence relatif (et une bouche débarrassée d’aliments qui altèrent le goût). Du calme mais pas de recueillement ! Le vin est l’ennemi de l’austérité. Il est avant tout plaisir des sens, synonyme de partage, de convivialité et de joie de vivre. Cependant, avant d’en parler, il convient de le déguster en trois étapes : à l’œil, puis au nez et enfin en bouche.

    - À l’œil :

    Un vin se regarde, comme une femme ou un homme qui passe. Un vin doit retenir le regard. Sa « robe » s’apprécie à sa limpidité ou bien à sa densité. L’intensité d’un vin se « lit » avec les yeux. Certes, il y a des vins trompeurs, mais l’œil désigne immédiatement un caractère. Ou une absence de caractère. Cependant, gardons-nous, à ce stade, de tout jugement hâtif ! Un vin gras ou tannique larme, ou pleure, il laisse des jambes couler le long de la paroi du verre. Un cordon se forme dans la flûte de champagne, sa bulle fine s’apprécie (et se préfère à la bulle grossière). Remuez doucement le verre. Poursuivons…

    - Au nez :

    Un mouvement giratoire du verre permet au vin d’exprimer ses arômes. Plongez votre nez. Respirez lentement. Les flaveurs fondamentales apparaissent aussitôt : floral, minéral, épicé, brûlé, animal, boisé, végétal… Le respirer une deuxième fois, puis une troisième, permettent de trouver d’autres arômes, plus précis. Le vin affirme sa personnalité : fruits rouges frais sur les rouges, agrumes ou fruits à chair jaune sur les blancs, champignons, terre, cuir, poivre, fleurs blanches…
    Certains vins nous chuchotent des promesses formidables, au nez, qui retombent comme un soufflé une fois le vin en bouche. Il n’est donc pas encore temps de parler.

    - En bouche :

    Certains vins sont si diserts, si bavards au nez, et si bons, que l’on a plaisir à retarder le moment de les porter délicatement en bouche. Même s’il peut paraître inélégant d’aspirer un peu d’air en faisant tourner le vin dans sa bouche, cela permet de bien ressentir ses saveurs « d’attaque », ses tanins, sa structure déjà. Puis vous éprouverez le corps du vin, et enfin sa longueur en bouche, soit sa persistance. Certains vins ont un final magnifique, d’autres sont courts. Voire fuyants. Aucun ne ressemble à un autre, y compris dans une même caisse ! C’est aussi cela, la magie, le mystère, le plaisir de la dégustation.
    À présent, vous pouvez en parler. Et vous resservir…"


    ©Léon Mazzella et Editions du Chêne 2007/

  • niouzes

    Le dernier CD de Manu Chaho est poussif et laborieux, il sent la sueur de la paresse, pas celle du travail. La redite. Le je-m'en-foutisme-de-nous-tous : bref! Le bonhomme manque de souffle, il épouse son époque : aucune durée, aucune vue à long terme.

    Le dernier CD de Ben Harper, je ne sais pas encore  : aussitôt acheté, hier, je l'ai offert à mes enfants sans l'écouter : ma fille m'affirme déjà qu'il est top!

    Sebastien Castella, torero de verdad, n'a rien coupé à Bayonne, dimanche (toros de mierda).

    J'aurais dû suivre mon idée de mettre Sébastien Chabal en couverture du hors-série rugby que j'ai fait pour VSD : plus fulgurante-star, tu meurs! M'est avis que le portrait qu'en a fait Benoît Jeantet (dans ce n° "anticipatif" qui se vend très bien), y est pour pas mal dans l'allumage du feu aux poudres.

    Interlude (arrêt sur images, comme dans un générique de Godard) : les Sébastien ne sont pas tous martyrs. 

    Le mystère José Tomas (¡torero gigante!) m'envoûte. A côté de la misère quotidienne de tous ceux qui se rendent à leur travail "en entreprise" et sa cohorte de radio-moquette, de non-dits, de coups de couteaux dans le dos, de codes hiérarchiques ridicules, de réunions stériles, chronovores et coûteuses, de "plateaux" où tout le monde s'emmerde, est payé à regarder ses poils pousser dans les deux paumes, où le "tigidigig" de MSN règne en nouveau maître des consciences au court-bouillon sur chaque écran, où l'hypocrisie est une valeur bien côtée en Bourse... A côté, le mystère José Tomas me captive; oui. Fièrement. 

    Je confirme : "Le Canapé rouge" de Michèle Lesbre (éd. Sabine Wiespeser) est un excellent roman qui surnage , souverain à mes yeux, au-dessus cette rentrée littéraire poisseuse.

    Vous savez ce qui manque à cette "rentrée"? Un Tanguy Viel, un Claude Simon, un Julien Gracq, une correspondance retrouvée de Flaubert, un inédit de Faulkner. Au lieu de quoi Gallimard nous annonce (punition?) un inédit de Saint-Exupéry. Et nous attendons "le" Quignard en octobre, chez Flamm. (voir note précédente à propos de lui et de ces connards d'ultra-cathos -aussi terrifiants que des Etarraks ou des Al-Qaïdiens-, qui versent avec une couardise doublée d'une lâcheté signée, du gas-oil à Lagrasse, sur les livres de la librairie toulousaine, entre toutes exemplaires! "Ombres blanches"... Putains de cathos!)

    Caméléon, restaurant "mode" de la rue de Chevreuse (6ème arr. à Paris, côté Coupole, Dôme, limite 14ème) est cher, mais bon (plats correctement exécutés au peloton du piano). Arabian, grand communiquant, est d'un tutoyant de bon aloi. Mode, lui aussi. Le problème, c'est que côté fumeurs, on se cogne Fashion-TV sur écran plat, lorsque nous avons envie d'échanger calmement, à voix douce, basse, sur l'expression "morantienne" de l'île, unique, de Procida, sur l'avenir de la littérature contemporaine d'après Julien Gracq et sur le bien-fondé de la biodynamie pratiquée, en précurseur, par un vigneron d'exception comme Lapierre à Morgon : on est complètement sur le fruit, ça se mâche, c'est gourmand et, comme dirait mon ami Christian Authier, "il ne manque plus que les poissons rouges dans le verre opaque!".

    Pâques. 

     

  • Noces au Paradis

    J'ai placé cet extrait en exergue du roman que je suis en train d'écrire...

    « Elle est étrange cette soif de se confesser, de demander pardon à quelqu’un par l’intermédiaire d’un livre…
    Je ne dis pas seulement cela pour m’excuser. Les indiscrétions criardes de certains écrivains dans leurs livres sont peut-être un hommage à la femme qu’ils ont aimée et que souvent sans le vouloir ils ont fait souffrir. Comment mieux demander pardon, comment rendre un plus bel hommage à l’objet de leur amour, comment le faire de manière plus éclatante et plus sincère qu’en écrivant ?...
    Peut-être qu’à l’origine de mon livre, il y a le besoin de demander pardon à Ileana. Noces au paradis : il me semble que ce titre en dit assez… J’espérais qu’au moins ce livre racontant notre histoire, s’il tombait un jour  sous ses yeux, la persuaderait de revenir…
    Je l’attends. Parfois je m’imagine, vieux, seul au milieu de mes livres, penché sur la même table, tel qu’Ileana m’a vu tant de fois, des nuits d’affilée. Et j’imagine alors que quelqu’un frappe à la porte, que je vais ouvrir distraitement et que je la trouve sur le seuil. J’y pense constamment… »

    Mircea Eliade, Noces au paradis (L'Imaginaire/Gallimard)
     

  • Pétard!

    6dff6b5b7e1bfcb524ca1ebd82ba8575.jpg"Sur les 875 millions d'armes dans le monde, 650 millions sont détenues par des civils et 225 millions par les forces militaires ou de police."  Le rapport 2007 sur les armes légères, qui émane du Graduate Institute of International Studies de Genève, estime que les citoyens américains détiennent 270 millions d'armes à feu sur les 875 millions répertoriées dans le monde. Le Yémen est à la seconde place derrière les USA!

    L'avenir est au polar. Mais serai-je capable d'en écrire un? -Non.

    84a00f4c5720896916158d877d345969.jpeg

    Sinon, à propos de pétard, courez voir "La fille coupée en deux", le dernier Chabrol, notre Hitchcock balzacien. Il sent , comme les autres, toujours autant la naphtaline de nos provinces. On y ressent toujours autant de névroses petites ou grande-bourgeoise (en l'occurrence grande, et Lyonnaise en plus!). L'étude de moeurs et de caractères est franchement littéraire : du Mauriac sur le Rhône mis en pelloche, avec toute la modernité dont Chabrol sait si bien orner ses films. Glauque à souhait, pervers à la marge, le film est fidèle au fameux regard suraigü d'ethnographe que possède Chabrol. Et puis il y a la divine Sagnier, le très surprenant Berléand, le performant Magimel. Les autres acteurs sont exacts et précis dans leur rôle respectif. Soit menés, conduits de main de guide. Je le reverrai volontiers. Et çà, c'est un signe. (l'affiche est signée Miss-Tic, ma voisine. Et elle n'est pas bécassine).

  • Mon Livre de cave

    C'est mon nouveau livre. Ecrit avant l'été. Une pause. Entre deux livres importants (un roman et un récit, en cours). Modeste, il évoque le vin et les bonnes manières de le choisir, le conserver, le servir, et tout çà. Voici la fiche de l'éditeur (Le Chêne) que l'on trouve sur le site.

    Un bravo très spécial à la maquette et à la réalisation générale de l'ouvrage, car elle est superbe, puisqu'elle est signée GRAPH'M (Gérard Paulin), un grand pro de la chose, avec lequel j'ai eu le bonheur de réaliser tous les livres de fitway publishing et même le hors-série rugby que j'ai fait pour VSD, paru à la mi-juillet.

    efacdf1254335ff3c3145abd4f9898c0.jpg

      




         

    Mon Livre de Cave

    Léon Mazzella

    août 2007

    Un livre raffiné et pratique à remplir vous-même pour gérer votre cave, référencer tous vos vins et noter vos commentaires de dégustation. Des pages de conseils et d'astuces pour bien choisir et acheter vos bouteilles, composer votre cave idéale, servir et déguster vos vins. Indispensable à tous les amateurs de vin !

    160 pages | 210 x 280 mm | prix public : 25,00 € |
    Code ISBN / EAN : 9782842777654 | Hachette : 3419272

    Présentation de l'éditeur
    Tout amateur de vin qui se respecte adore partager son plaisir de découvreur et d'épicurien. Le vin étant un produit qui se bonifie avec le temps, " monter " sa cave devient vite une nécessité. Collectionner en achetant judicieusement, conserver dans les conditions optimales, " gérer " ses grandes bouteilles et ouvrir chacun des trésors que l'on a entreposés au pic de son apogée, constitue une récompense d'esthète soucieux de convivialité et d'hédonisme, qui ne doit cependant rien laisser au hasard. L'homme de goût trouvera dans cet ouvrage les conseils indispensables à la constitution d'une cave qui s'approchera de la notion d'idéal (de toute façon, celui-ci n'existe pas). Du décodage d'une étiquette aux astuces pour aménager l'espace qui accueillera les bouteilles, des conseils d'achat du vin aux clés des alliances inédites entre mets et vins, des cépages du monde au choix du verre idoine et du meilleur tire-bouchon, de la dégustation en trois leçons au panorama des plus grandes régions vinicoles de France et du monde, mon livre de cave deviendra vite le compagnon idéal de votre cave.

    Biographie de l'auteur
    Léo Mazzella, journaliste, écrivain, a notamment été directeur de la rédaction de GaultMillau.