Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

calon-ségur

  • Bu et à dompter

    L’archétype du classicisme médocain se trouve dans une bouteille de Calon-Ségur, vieille propriété archi célèbre, aux flacons chers et à la personnalité affirmée, confirmée, aride, têtue, autoritaire même. Calon, au sein du vignoble de Saint-Estèphe, c’est la rigueur et l’austérité que seul le fameux cœur placé au centre de l’étiquette vient dessécher. Calon-Ségur, c’est riche, ample, viril comme une charge de cavalerie, décidé comme un ordre d’en haut. Il nous a été donné de déguster quelques millésimes exceptionnels, à un moment donné. Au château. Les 1990 et 1979 en magnums, le 1970 –date de l’apparition du fameux cœur. D'autres moins mémorables... Ce 1970 m'émût comme un film de Visconti. Il était resté fermé, amoureux éconduit, jusqu’en 1990. Il avait pris vingt ans ferme. Une fois libéré par un tire-bouchon, il chanta comme un Napolitain retrouvant la plus belle Baie du monde. Moins pète-sec que le 1990, il s’ouvrait enfin avec une élégance rêche qui ne trahissait pas un terroir sans rires et son élevage strict : en avant, calme et droit ! Calon, ce sont des vins de grande garde, en somme, à l’instar du conservatisme médocain de bon aloi, une expression n’ayant pas cours seulement à Epinal. Le 1995, boisé, épicé, truffé, frais et aux tanins puissants, présentait bien, comme ses frères d’âme. Mais qu'on se le dise :  il faut tenter de dompter le Calon. En cuisine, avec la cravache à alliances. Allez ! Flanquez un sanglier en daube ou un canard au sang à ces bouteilles à jupes droites plissées et vous les verrez vite se dérider de la barette à cheveux et des tanins. Calon-Ségur sait se lâcher, si nous l'aidons. Je me souviens que, bête comme un épris jusqu'au trognon, j’offris un jour un flacon de ce cru là -pour son cœur -, à une qui faisait battre le mien (et parce qu’elle avait déjà lu Belle du seigneur), mais j’ignorais qu’elle ne buvait jamais de vin : elle garda l’étiquette après l’avoir décollée à chaud dans l’évier de son studio d’éternelle étudiante. Comme quoi, les buveurs d’étiquettes valent parfois mieux que les dégustateurs qui se la pètent. Ainsi soit-il.
    podcast

    Françoise Hardy, Des ronds dans l'eau...