¡ a ver !
The Moon, by Catpower.
Ferme les yeux pour voir
Parfois la vie est dure comme du plomb
heureusement il y a la poésie
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The Moon, by Catpower.
Ferme les yeux pour voir
Parfois la vie est dure comme du plomb
heureusement il y a la poésie
La courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, Poésie/Gallimard
QUELLE COULEUR
A LE PARFUM
DU SANGLOT BLEU
DES VIOLETTES?
Pablo Neruda
les bachianas brasileras, de villa-lobos, reloaded par wayne shorter : ça change de la voix sublimement tremblée de victoria de los angeles
p.41
Le ciel est le plus précieux des biens dans l'existence.
Le seul qu'on puisse perdre le soir et retrouver au matin, à sa place exacte, et lavé de frais.
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p.101
(...) quand notre seul souci
est de pouvoir encore gravir un escalier
derrière une inconnue aux jambes déliées
et frémir doucement tout en serrant la rampe
de ce reste d'été qui nous chauffe les tempes
comme à l'heure des amours qui n'en finissent pas
de rallonger la route en dispersant nos pas.
©Guy Goffette, Le pêcheur d'eau, Poésie/Gallimard.
Il est, aussi, bon poète.
(…) « IL N’Y A PAS D’AMOUR
(Pas vraiment, pas assez)
Nous vivons sans secours,
Nous mourons délaissés.
L’appel à la pitié
Résonne dans le vide,
Nos corps sont estropiés
Mais nos chairs sont avides.
Disparues les promesses
D’un corps adolescent,
Nous entrons en vieillesse
Où rien ne nous attend
Que la mémoire vaine
De nos jours disparus,
Des soubresauts de haine
Et le désespoir nu.
Ma vie, ma vie, ma très ancienne
Mon premier vœu mal refermé
Mon premier amour infirmé
Il a fallu que tu reviennes.
Il a fallu que je connaisse.
Ce que la vie a de meilleur,
Quand deux corps jouent de leur bonheur
Et sans cesse s’unissent et renaissent.
Entré en dépendance entière,
Je sais le tremblement de l’être
L’hésitation à disparaître,
Le soleil qui frappe en lisière :
Et l’amour, où tout est facile,
Où tout est donné dans l’instant
Il existe au milieu du temps
La possibilité d’une île. »
©Michel Houellebecq, Le Temps. Le Cherche-Midi.
« Au fond des retombées
de pollen, de poussière
odorante, marcher,
tout l'homme persévère
dans ce très vieil effort.
Ni relâche ni terme,
à l'endroit où la mort
sur l'homme se referme. »
Jean-Noël Chrisment, Pollen, Gallimard.
Voilà un poète que je redécouvre, ou plutôt dont je découvre l'âme sensible, amoureuse. Je ne l'imaginais pas, en lisant jadis Terraqué, Exécutoire, Spère, Paroi... -Autant de livres qui ne m'ont jamais renversé, capable d'avoir écrit (il est mort il y a dix ans) des poèmes d'amour prodigieux. Je viens de les trouver dans Possibles futurs, un recueil qui paraît ces jours-ci en Poésie/Gallimard et qui rassemble notamment Elle et Le matin... Le premier est un bouquet de poèmes d'amour très courts et bouleversants comme les derniers d'Eluard. L'envie d'en citer une poignée me chatouille. On n'imagine pas ce Breton fonctionnaire toute sa vie (il fut un spécialiste du contentieux fiscal), avec sa bouille de moine ou de nain de jardin, écrivant :
Elle peut aussi
Etre colère
Comme le ruisseau
Devient cascade.
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Elle est un besoin
Qu'a le mystère
De se manifester.
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Quand elle est là
L'ombre se fait pénombre.
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N'importe où elle marche
C'est son sentier.
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C'est en elle
Que les courbes
Trouvent leur perfection.
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Quand elle coule sur elle
L'eau retrouve son origine.
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Ses cils
Sont le souvenir
Des forêts originelles
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Ses seins gardent le secret,
En appellent
Au silence.
Ils ont ce qu'elle a
De plus planétaire.
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Fréquemment
Son regard
plaide ton innocence.
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Etc...
Ce ne sont pas des haïkus amoureux, mais des impressions. Des eaux-fortes. Quelque chose apparente ces poèmes fulgurants à l'esquisse, à la calligraphie, à l'estampe. A l'aube. Au silence. Au regard. Au matin des amants et à leur premier regard...
Bouleversant, oui.
"Sur toute chose la neige a posé une nappe de silence.
On n'entend que ce qui se passe à l'intérieur de la maison.
Je m'enveloppe dans une couverture et je ne pense même pas à penser.
J'éprouve une jouissance animale et vaguement je pense,
et je m'endors sans moins d'utilité que toutes les actions du monde."
"je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations."
2007 sera l'année René Char (il est né en 1907) : grande expo en mai à la BNF (et jusqu'en septembre), publications diverses, notamment par Poésie/Gallimard, le Printemps des poètes aura pour thème : "Lettera amorosa" -sans doute le plus beau poème d'amour en prose jamais écrit au XXè siècle (avec "Prose pour l'étrangère", de Gracq), et qui sera réédité pour l'occasion, etc.
Il fait bon le relire tranquille, en ce moment, avant le grand chambardement.
Au hasard, et plutôt que d'inscrire des citations (c'est si tentant de citer une des nombreuses phrases-éclairs de Char!), voici un poème :
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
Mon père m'aurait fait ce cadeau à Noël. Je suis allé me l'offrir à sa place, cet après-midi. Les poésies complètes de Federico Garcia Lorca en Pléiade. Sans attendre. Noël n'existe pas. Ou plus de la même manière.
Dès la première page (passée l'admirable introduction d'André Belamich, son meilleur traducteur, disparu il y a trois ou quatre mois), le premier poème de jeunesse, écrit en 1920 -Federico a 22 ans-, tout Lorca est là, comme dirait un critique littéraire qui se la pète (et ils sont légion). Extrait, en prenant du début :
Vent du Sud,
Brun, ardent,
Ton souffle sur ma chair,
Apporte un semis
De brillants
Regards et le parfum
Des orangers.
Tu fais rougir la lune
Et sangloter
Les peupliers captifs, mais tu arrives
Trop tard.
J'ai déjà enroulé la nuit de mon roman
Sur l'étagère!
(...)
Funambule au bout de nos sexes
Lorsque nos âmes font l’amour
Elle déjoue les accents circonflexes du quotidien
Qui parfois nous éloigne
Lionne patiente comme la pierre
Elle est du bond et de l’éclair
Toi
Tu incendies ma vie
J'accueille ton feu
Comme un vin de jouvence
Un alcool de reconnaissance
Le bain vivifiant de l'aube est notre océan
Un lac de plénitude où nous lui apprendrons à nager
La sérénité rétablira peu à peu ses quartiers
Dans les territoires de l'amour en friche
Son visage pâle de planète
Se bronze les entrailles
Aux forces gigantesques
De nos sangs mêlés
C’est notre bonne étoile
Elle réside, pulvérisée, au fond de nos regards
Irradie le coeur de nos ventres
Le sonnet ci-dessous date de 1621. Cherchez, au fond, la ride...
Je songeais que Phyllis des enfers revenue,
Belle comme elle était à la clarté du jour,
Voulait que son fantôme encore fit l'amour
Et comme Ixion j'embrassasse une nue.
Son ombre dans mon lit se glissa toute nue
Et me dit : cher Tircis, me voici de retour,
Je n'ai fait qu'embellir en ce triste séjour
Où depuis ton départ le sort m'a retenue.
Je viens pour rebaiser le plus beau des Amants,
Je viens pour remourir dans tes embrassements.
Alors quand cette idole eut abusé ma flamme,
Elle me dit : Adieu, je m'en vais chez les morts,
Comme tu t'es vanté d'avoir foutu* mon corps,
Tu te pourras vanter d'avoir foutu mon âme.
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*baisé, dans une autre traduction.
"L'aube : genre et forme littéraire du moyen âge, est une poésie lyrique qui a pour thème la séparation de deux êtres qui s'aiment au point du jour . Accompagnée d'une mélodie savante, elle comporte 3 grands thèmes : séparation des amants à l'aube; chant des oiseaux et lever du soleil, intervention du guetteur qui interdit à tout importun de s'approcher et prévient les amants qu'avec l'aube vient la séparation." (wikipedia.org, portail Littérature / Poésie).