Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

KallyVasco

  • Signature à Guéthary

    Capture d’écran 2023-08-16 à 12.33.38.pngLa très singulière librairie - maison de la presse - dépôt de pain - relais de poste - souvenirs - cadeaux VOIE UNE, sise à la mini-gare de Guéthary que toutes les gares de l'hexagone envient, et d'où l'on contemple l'océan, les surfeurs, les petits bateaux, l'horizon, l'appel du large et les parallèles ferrées, à la perpendiculaire, m'accueille donc dimanche prochain. Venez nombreux.

    Capture d’écran 2023-08-16 à 12.16.22.png

  • Petit bonhomme amoureux de chemin

    Capture d’écran 2023-08-07 à 18.25.29.pngMon Petit éloge amoureux du Pays basque semble avoir l'heur de plaire. Privat, son éditeur, vient de le réimprimer, on se dirige vers les 3 000 exemplaires au bout de trois mois et demi d'exposition, il se vend très peu dans la banlieue de Dakar, dans le vieux Islamabad, ainsi que dans les hameaux reculés de Meurthe-et-Moselle. Cela ne m'étonne guère. En revanche, les libraires du grand Pays basque et du Sud Ouest élargi l'aiment, et le font savoir. La presse l'a certes promu, du Figaro Magazine à La Croix l'hebdo en passant par Sud Ouest bien sûr, ainsi que Causeur, Pyrénées magazine, L'Incorrect, La Dépêche du Midi, etc. Mais ce sont les lecteurs que je rencontre chaque week-end, puisque je me plie à deux séances de signature hebdomadaires (la prochaine se tiendra dimanche prochain 20 août dès 11h à Guéthary, à la librairie Voie Une, contre l'arrêt de voie ferrée le plus fantasmé de l'hexagone), qui l'élisent et le font eux aussi savoir, si j'en juge par ceux qui m'en présentent à signer pour leurs parents et amis, après l'avoir lu eux-mêmes . Cela fait bigrement plaisir. Et, ici, là, je remercie chacun. Pourvu que ça dure. L.M.

     

     

  • Prochaines signatures

    Je signerai mon Petit élogeCapture d’écran 2023-08-07 à 18.25.29.png amoureux du Pays basque (éditions Privat), samedi 12 août dès 10h à la Librairie Leku Ona à Saint-Pée-sur-Nivelle, dimanche 13 août dès 11h à la maison de la presse/librairie Darrigade à Biarritz, et dimanche 20 août à partir de 11h à la librairie Voie Une, à Guéthary. 
    Faites passer !
     
    (Ci-dessous, Sud Ouest du 11 août).
    IMG_0985.jpeg
     
     

  • M.K.

    C'est une Plaisanterie ?.. N'a t-il pas écrit L'Immortalité ?.. Ainsi, La Vie est ailleurs... Il n'y a donc pas de Testaments trahis... Ce n'est pas à cause de L'Ignorance... L'Insoutenable légèreté de l'être donne envie de danser La Valse aux adieux... En songeant aux Risibles amours... avec La Lenteur qui convient... Puisque tout cela n'est qu'une Fête de l'insignifiance... Où l'on perd jusqu'à L'Identité... Rideau !
     
    (Je garde par ailleurs le souvenir d'un échange à propos de son goût pour le vin et l'armagnac - je lui offrais alors, à sa demande, mon Dictionnaire chic du vin. C'était en 2016 chez ma soeur Muriel à Paris, et nous parlâmes aussi de littérature, de Gallimard son éditeur avec lequel il ne fut pas tendre ce jour-là... ainsi que des traductions scrupuleuses de son oeuvre... Véra était là, bien sûr, car ce couple insécable semblait incapable de vivre à moins d'un mètre l'un de l'autre. Milan était gai mais fatigué, et il regagna tôt son appartement, juste au-dessus. Une Rencontre...). L.M.
     

    Capture d’écran 2023-07-12 à 12.06.48.png

  • Signatures du ouiquènde

    Blablabasque vendredi prochain dès 19h, puis signature, et apéro amical chez ELKAR à Bayonne, la librairie face à la cathédrale et à la médiathèque. Merci pour leur accueil. Venez tous.

    Et signature-blabla à la librairie LE 5e ART, à Saint-Jean-de-Luz le lendemain matin, samedi 1er juillet à partir de 11 heures. Revenez tous !

    IMG_0760.jpeg

    Capture d’écran 2023-06-08 à 09.38.57.png

    Capture d’écran 2023-06-08 à 09.39.22.png

  • Latitude MER n°3, via Procida

    Sortie ce matin en librairie, dans les maisons de la presse et les bons kiosques à bons journaux (buongiorno!), du numéro trois de Latitude Mer (piloté, commandé par Olivier Frébourg, des éditions des Equateurs). Avec des textes, entre autres, de Sylvain Tesson sur la Grèce, "des miettes dans la mer", Jean-Paul Kauffmann depuis son balcon de Saint-Malo, Patrice Franceschi, capitaine littéraire de La Boudeuse, Jean Rolin, amateur de poissons exotiques et érotiques, des poèmes de l'immense Nikos Kavvadias, un récit touchant des pérégrinations de Bernard Lavilliers, de Cuba à Saigon en croisant par Zanzibar, tant d'autres belles choses écrites, dessinées, photographiées, et ma modeste contribution avec un long texte (un extrait de roman) qui court sur une dizaine de pages, consacré à l'île napolitaine de Procida, ma querencia ritale et vitale... Foncez et lisez. "La mer, une question de fond", prévient Olivier Frébourg, d'une souriante lapalissade pas si légère que cela... L.M.

    IMG_0650.jpeg

    IMG_0644.jpeg

    IMG_0646.jpeg

    IMG_0647.jpeg

    IMG_0648.jpeg

    IMG_0649.jpeg

    IMG_0652.jpeg

    IMG_0651.jpeg

  • Rencontres/signatures à venir

    À Bordeaux, à La Machine à Lire, ce jour (premier juin) de 18h30 à 20h.

    Puis, à l'entrée du centre Leclerc de Bayonne, samedi 3 juin de 15h à 17h;

    Aux Belles pages de Guethary les samedi 17 et dimanche 18 juin;

    À la librairie Elkar à Bayonne, vendredi 30 juin à partir de 18h30;

    Au 5e Art à Saint-Jean-de-Luz samedi 1er juillet dès 11h;

    À la librairie L'Alinéa, à Bayonne, samedi 8 juillet dès 10h30;

    À la Librairie de la plage, à Hendaye, dimanche 16 juillet à partir de 11h.

    (à suivre).

    Capture d’écran 2023-06-01 à 12.16.37.png

     

  • L'amour, c'est...

    Capture d’écran 2023-05-22 à 11.08.35.png

    Exercice : légendez cette photo. Vous avez 3 minutes.

    L’amour, c’est entamer le grand écart, c’est faire confiance, l’amour c’est s’abandonner, c’est avoir le cul entre deux chaises et ne plus savoir sur quel pied danser, l’amour c’est serré comme le café tonifiant, c’est naturel, c’est en forêt, c’est un bois de jeunes bouleaux, l’amour c’est bref comme une étreinte, l’amour interdit tout relâchement, l’amour c’est parfois en avoir plein les bottes, l’amour se fait à pieds joints, et jambes écartées le plus souvent, l’amour en terre, dans la tranchée, entre deux rives, l’amour est une frontière. L’amour... Et cette casquette alors, qu’en dire ? L.M.

  • Signatures de la semaine

    J'évoquerai et signerai Petit éloge amoureux du Pays basque (éd. Privat) à Paris, à l'étage du Café de la Mairie (du 6e), place Saint-Sulpice, mercredi 10 mai à partir de 18h30, invité par l'association pour une culture gourmande 31 Raspail.

    10_05 Rencontre-31 raspail.jpg

    Et j'évoquerai et signerai Le Bruissement du monde, ainsi que Chasses furtives (éd. Passiflore), à la Médiathèque de Magescq (Landes), plus précisément à la Salle de musique, Espace Jean Mora, le vendredi 12 mai à partir de 19h.

    CLIQUEZ => https://www.mairie-magescq.fr/l-actu-du-moment/rencontre-d-auteur-avec-leon-mazzella

    Capture d’écran 2023-05-08 à 11.56.43.png

     

     

     

  • WHSK

    Capture d’écran 2023-05-03 à 14.50.16.pngIl y a quelques semaines, j’évoquais ici Laminak, le whisky de Martine Brana élaboré à Ossès, soit là où la distillatrice de génie produit ses fameuses eaux-de-vie de fruit (poire, prune, framboise), ainsi qu’un marc d’Irouléguy vieilli trente ans qui est à se damner.

    Aujourd’hui, c’est d’un autre whisky produit au Pays basque qu’il s’agit, nommé WHSK, des établissements Lapurdi, à Anglet. Ce blended malt issu de céréales, de trois ans d’âge, vieillit en fûts de chêne de Navarre. C’est modeste, compétitif (32€ le flacon de 70cl), et vraiment bien distillé. Robe ambrée brillante, attaque maltée d’une grande fraîcheur, avec des notes fumées très plaisantes, et de montagne (bruyère). En bouche, le vanillé domine, la céréale pointe sa rondeur et des notes boulangères persistent. C’est un whisky non pas facile, ni féminin, mais ni dérangeant, ni agressif. Il exprime la douceur, l’absence d’aspérité, il est au fond séduisant, car souple, sans vigueur particulière. Très performant pour un jeune blend.

    À déguster en écoutant Wayne Shorter (disparu le 2 mars dernier) interprétant les Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos, puis Ahmad Jamal (disparu le 16 avril dernier) jouant Poinciana. Tout en lisant Légendes du je, de Romain Gary, compilation de ses plus beaux romans, comme Education européenne, La promesse de l'aube, Chien blanc, Les Trésors de la mer Rouge, La Vie devant soi, Pseudo... L.M

    Capture d’écran 2023-05-03 à 15.15.51.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 15.20.52.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 15.12.56.png

  • Flemme

    La flemme. Elle m'étreint. Je veux seulement parler de ma nouvelle flemme à évoquer, critiquer les livres que je lis ainsi que je le fais depuis plus de quarante ans (mes débuts furent aux pages livres de Sud Ouest Dimanche). J'ai juste la force, là, de citer mes derniers bonheurs de lecture, en exposant la couverture des ouvrages (il y en a vingt-sept, ci-dessous). J'en parlerai plus tard. Peut-être. Je dirai combien le nouvel inédit de Gracq, mince comme un After Eight, est dense comme une truffe melanosporum, je dirai que la seconde Beune de Michon est torride, sexuelle, mais toute en retenue, en frôlement d'une forme de tantrisme littéraire (à rapprocher de la tentative gracquienne d'exploration d'une maison découverte fortuitement, en voyeur têtu et, à la faveur d'une apparition, d'une voix, d'un pied féminin, sujet romantique à l'imaginaire hölderlinien le plus débridé). Et qu'il faut reprendre la Grande Beune, puis lire la Petite aussitôt après. Je dirai que Patricia Perello possède une prose happante, captivante, et un sacré don de récitante (au coin du feu, du côté d'Iraty - genre). Je dirai que prendre et reprendre Colette par son meilleur (Sido, Les vrilles de la vigne) comme aussi La naissance du jour, ou bien par le prisme de l'excellent Antoine Compagnon, procure un bonheur bucolique intense qui transforme chacun de nos soupirs en détente absolue, augmentée de chants de passereaux comme une guirlande de fleurs des champs dans les cheveux. Je dirai que l'ouvrage précieux de l'ami Jean-Noël Rieffel (je puis dire que je suis à l'origine de la publication de ce touchant récit d'un ornithologue chevronné amateur de poésie - notamment celle de l'immense Jaccottet, et de vins purs) fait un éloge vibrant de la migration et de ce qu'elle génère en nous, observateurs amoureux invétérés. Je dirai que l'excellent essai de Patrick Tudoret sur une philosophie certaine de la marche conçue comme une démarche littéraire autant que poétique, est un bréviaire que j'offrirai souvent; c'est sûr. Dire que mon ami Christian Authier brille une fois encore, sur un sujet qu'il possède, La Poste, avec humour, fantaisie, connaissance fine, dérision, sarcasme et nostalgie sera une mission fortement possible. Je dirai que mon ami (décidément) Emmanuel Planes m'a étonné en m'apprenant plein de choses sur une ville, la mienne (Bayonne), que je pensais connaître comme le fond de ma poche trouée. Justement... Je dirai que s'il est un seul livre (inclassable) à retenir de cette liste, et donc à lire en priorité, ce sont ces Impardonnables de l'érudite subtile Cristina Campo. Il n'est qu'à citer ses pages sur la sprezzatura, concept italien que je vous laisse le soin de découvrir, car il est si rare dans son impossible définition que je n'ose l'évoquer. Je dirai que François Cérésa nous offre un livre salutaire, puisque notre époque marquée du sceau du nivellement par le bas, manque cruellement de panache. Et que sa galerie de portraits habilement choisis renfloue notre humeur à marée basse lorsque nous observons le monde tel qu'il va médiocrement. Je dirai que Robert Desnos continue de me bouleverser chaque fois que j'ouvre n'importe lequel de ses recueils de poèmes, je dirai qu'il m'est nécessaire de frissonner au contact de ses mots tendres et dotés d'une force douce, amoureuse et candide. Je dirai que la poésie chinoise classique - davantage que l'exégèse de Le Clézio, est un viatique pour le voyageur ne sachant pas quoi caler dans la poche extérieure de son sac à dos, fut-ce pour faire un aller-retour en basse montagne dans la journée, ou bien pour partir aux antipodes. (Pour ces derniers, je conseillerai plutôt Bouvier et Thoreau, Chatwin et Hamsun, Charles Wright et André Suarès, et puis Tesson bien entendu). Je dirai que tout amateur de littérature aime l'objet livre, le tenir en mains, le humer, l'entendre flapper ses pages du bout des doigts, et affectionne donc charnellement la police des caractères - laquelle ne nous demande jamais nos papiers... Ainsi, les Miscellanées d'un bouquineur figurent-ils une déclaration d'amour au physique du livre. Je dirai que le traducteur historique de Jim Harrison, Brice Matthieussent, a eu l'idée géniale de rassembler tous les textes évoquant Chien Brun, double de Big Jim, éparpillés dans son oeuvre accomplie, en un seul et épais, et par conséquent très précieux volume. Gloire à Brice ! Je dirai que quelques académiciens ont mille fois raison de s'insurger contre la dévalorisation de la langue française, surtout à l'heure où d'aucuns écrivent franglais, ou langage sms, à une époque inquiétante où l'invective au Palais-Bourbon touche à la sémantique poissonnière, et ce fabuleux livre rouge intitulé légèrement Flânerie au pays des mots est une invite à revoir le sujet avec beaucoup de sérieux, car il y a péril en la demeure. Je dirai que Christiane Rancé, dont nous avions loué ici même le Dictionnaire amoureux des saints, est une amoureuse totale de la Botte, et qu'elle a, ancré en elle, le talent pour la dire, avec l'élégance du semeur lorsqu'il déploie son bras : Italie je t'aime. Je dirai que Colliat est un gars malin qui a eu l'idée formidable de collectionner un millier traits d'esprit sarcastiques, cyniques, claquants, tous brillants, des réparties donc, et son anthologie figure un bréviaire du tac au tac de génie. Sur la table de chevet, svp ! Je dirai que mon philosophe chouchou Michel Onfray (je suis l'un de ces rares Mohicans qui le lisent, l'aiment et le défendent) procure comme toujours une jubilation intellectuelle en nous augmentant avec son savoir et son invitation permanente à l'interrogation en forme de bousculade qui n'est jamais bourrue, mais plutôt une douce douche froide sur le cerveau. Je dirai que Bérénice Levet nous offre un essai indispensable pour monter à l'assaut du wokisme et son insondable bêtise, et que j'ai failli surligner chaque ligne de ce livre à brandir dans toute contre-manif - et à offrir à chaque dîner en ville (comme on dit). Je dirai, s'agissant de ma passion pour les oiseaux, que Légendes... apprend quantité d'histoires, comme celle du rouge-gorge, lequel doit la couleur (orangée, cependant) de sa poitrine au frôlement avec celle, ensanglantée, du Christ sur la Croix... Mais ça, Jean-Noël Rieffel l'évoque aussi. Les deux ouvrages se font écho à certaines pages, et c'est heureux. Le mince texte du grand Pierre Bergougnioux sur les oiseaux est une sorte de tendre thriller de l'enfance circonscrit en vingt pages, et je n'en dirai pas davantage sur cette nouvelle parfaite comme un oeuf. Je dirai que l'alouette mérite encore et toujours tout notre respect, notre déférence, notre admiration face à un vol stationnaire et un chant entre tous envoûtants. Un éloge lui rend joliment grâce (la mode éditoriale serait donc à l'éloge. D'ailleurs, moi-même, avec le Pays basque...). Je dirai que Pascal Quignard, avec L'amour, la mer, semble être à son paroxysme littéraire, mais comme nous nous sommes déjà fait cette réflexion avec quelques uns de ses livres précédents, nous ne savons, je ne sais plus quoi dire, écrire. Attendons les suivants, car il y en aura bientôt. Je dirai que Ramón Gómez de la Serna est définitivement un auteur majeur de chez majeur. Et que, passé le choc produit par la lecture de son monumental Automoribundia (narré ici), il n'y aurait plus qu'à savourer le plaisir de la relecture - et bien non, voici l'Aube, mini chef-d'oeuvre de plus. Je dirai que Le nageur est un bon Assouline, qui raconte avec talent le destin singulièrement tragique d'Alfred Nakache, champion olympique de natation, juif, dénoncé à la Gestapo par une crevure immonde nommée Cartonnet, son rival dans les piscines. Je dirai que À tire d'ailes est une jolie anthologie de l'oiseau dans l'art pictural, augmentée d'illustrations fidèlement imprimées, connues ou peu connues, propices à la rêverie. Je dirai... Passée la flemme, je dirai. Ou peut-être pas. Peut-être même que je bartlebyriserai mon intention première, et que j'écrirai je préfèrerais ne pas. Chi lo sa... L.M.

    Capture d’écran 2023-05-03 à 10.08.37.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.30.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.07.16.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.07.27.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.07.35.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.07.45.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.07.56.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.04.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.12.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.20.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.45.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.08.53.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.00.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.09.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.16.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.24.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.33.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.41.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.47.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.09.57.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.05.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.22.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.28.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.36.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.53.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.45.pngCapture d’écran 2023-05-03 à 10.10.13.png

  • Arrivato

    Bon, ça y est, il m'est parvenu, ainsi qu'à la presse. Il sera en librairie le 27 de ce mois (première signature officielle le 29 à Cultura/Anglet).

    Réservez-le auprès de votre libraire. On en reparle bientôt.

    (Je l'ai aussitôt relu pour me livrer à une chasse à la coquille. Je n'en ai trouvé aucune parmi ses 190 pages.  À la bonne heure).

    IMG_0044.jpeg

    IMG_0045.jpeg

    IMG_0056.jpeg

  • Petit éloge amoureux...

    Voici ce que mon éditeur publie ce matin sur son compte Instagram :

    IMG_9978.jpeg

    IMG_9979.jpeg

  • Du rugby

    IMG_8637.jpegMarie-Luce Ribot et Antoine Tinel, qui pilotent le "mook" (magazine-book) Raffut, "Ceci est plus qu'une revue de rugby", du groupe Sud Ouest, m'ont demandé pour pour la rubrique Art et Littérature de leur n°3 qui paraît ce jour, un assez long texte sur mon rapport au rugby, que voilà (en photos). Ce fut l'occasion d'évoquer surtout mon fils lorsqu'il était rugbyman, ses grands-pères, et de raconter quelques anecdotes personnelles...

    IMG_8644.jpeg

    IMG_8635.jpeg

    IMG_8636.jpeg

     

  • Osmin & Cie, prénom Lionel

    IMG_8606.jpeg

    Je ne suis pas peu fier d'avoir rédigé les 64 pages du premier magazine du négociant hédoniste en vins du Grand Sud-Ouest Lionel Osmin (& Cie). Il paraît, il est beau, il est riche, gouleyant, friand, convivial, sympa, généreux, très très Sud-Ouest, et il est gratuit. C'est bien plus qu'un catalogue pour les nombreux vins proposés par l'enseigne paloise. C'est la première version de l'expression d'un art de vivre certain. J'ai mis mon coeur à l'écrire, si cela peut se dire. L.M.

    IMG_8607.jpeg

    IMG_8608.jpeg

  • Parmi les écrivains gastronomes

    IMG_8325.jpeg

    Surprise, ce matin, lorsqu'un ami m'informa de la parution, en octobre dernier, d'un épais (430 pages) Dictionnaire des écrivains gastronomes chez Flammarion, signé Jean-Baptiste Baronian, et dans lequel je figure aux pages 257 et 258, entre Harry Mathews et Jay McInerney, pensant que j'étais au courant, ajoutant un tu crois qu'il nous aurait prévenus, ce petit cachottier? à l'adresse d'un mini groupe WhatsApp de quatre personnes... Je m'enquis de sa disponibilité en librairie et en trouvai un exemplaire dans la journée, dont voici des images. L'ouvrage est passionnant, qui va en effet d'Apollinaire à Zola en passant par les classiques Balzac, Baudelaire, Blixen, Boileau, Brillat-Savarin, et les modernes comme Barbery, Barnes, Barjavel, Boudard, pour ne citer que quelques noms épinglés à la lettre B. C'est dire si l'ouvrage est riche. Et savoureux. L.M.

    IMG_8321.jpeg

    IMG_8323.jpeg

  • Petit éloge amoureux du Pays basque

    Capture d’écran 2023-01-13 à 12.18.18.pngIl est certes trop tôt pour évoquer cela, mais puisque les sites marchands proposent de le pré-commander, je vous montre les "prière d'insérer" de l'éditeur de mon prochain livre, trouvés ce matin sur les sites divers comme la fnac, amazon, Babelio (ce dernier donne un texte plus touchant, mais les deux sont signés de mon éditeur chez Privat, Christian Authier). Patience jusqu'au 27 avril, jour de sortie de mon (très subjectif) Petit éloge amoureux du Pays basque.

    Capture d’écran 2023-01-04 à 11.52.30.pngCapture d’écran 2023-01-04 à 10.45.24.png

  • Françoise Bourdin, Sang et or

    IMG_8094.jpegIMG_8097.jpegNoël 2022 au fin fond du Périgord pourpre en compagnie de ma fille, de son bébé d’un mois et demi et de la famille de son compagnon, le père de Sael Áodhán. Nous sommes treize autour de la cheminée que j’alimente en chêne sec. J’apprends la mort de Françoise Bourdin et je me souviens. Rapidement, je parcours la dépêche reproduite un peu partout, à peine modifiée, sur cet auteur « populaire » qui a vendu plus de quinze millions de livres en cinquante romans issus de sagas familiales comme les lecteurs de Christian Signol, de Claude Michelet... et de Françoise Bourdin les aiment. Pas besoin d’un papier dans Le Monde des Livres ou Le Figaro littéraire - lesquels les boudent en se pinçant le nez - pour propulser ces sous-marins de l’édition qui, sans aucun bruit, en font beaucoup dans les chaumières, loin des bobolands circonscrits à quelques arrondissements germanopratins. Je me souviens... Je copilotais le service des manuscrits de La Table ronde avec Stéphane Guibourgé (que devient-il ?) deux jours par semaine (je vivais encore à Bordeaux), tour à tour rue du Bac, rue Huysmans, rue Corneille... Autrement dit, j’ouvrais le sac postal quotidien en toile de jute beige, j’en extrayais le monceau de tapuscrits, je les flairais tous avec une technique « pro » précise, et, un matin de l’année 1990, je suis tombé sur l’un d’eux, mince, intitulé « Sang et or » (était-ce le titre originel ou bien celui que je trouvai au moment des épreuves corrigées ?) d’une certaine Françoise Bourdin qui n’avait publié jusque là que deux romans chez Julliard, « De Vagues herbes jaunes » en 1974, et « Les Soleils mouillés » en 1975. Rien d'autre depuis quinze années. Je me souviens m’être assis par terre, entouré de piles de tapuscrits sous papier kraft comme un soldat de sacs de sable, et avoir lu d’un trait ce texte dont l’action dure quelques minutes au cours desquelles un jeune torero gravement encorné est transporté à l’infirmerie de l’arène où il est en train de toréer, et l’instant de son expiration. Entre temps, sa vie défile, Bourdin la raconte, et c’est poignant, tendre et tragique, solaire et mélancolique. J’alerte aussitôt mon pote et néanmoins président des éditions Denis Tillinac par téléphone (absent, il surfait alors en Chiraquie). On a reçu un manuscrit fascinant d'une presque inconnue, il faut que tu le lises. Bloque, appelle-là, et tu lui proposes un contrat. Mais, Denis, tu ne veux pas le lire avant ? Pas le temps, j’ai confiance, vas-y. J’appelle Françoise Bourdin. Elle me dit que Actes Sud lui a déjà donné une réponse positive. Je lui coupe quasiment la parole en lui disant que je m’en fiche. Où êtes-vous ? À la Feria de Nîmes justement, pour voir des toros. J’adore. J’arrive. (J’y retournerai en septembre de la même année, à la Feria des Vendanges, pour assister à la prise d’alternative de Jesulín de Ubrique). Je pris un contrat pré rempli comme un constat d’accident au 40, rue du Bac, et un train à la gare Montparnasse. Nous nous retrouvâmes dans les salons de l’hôtel Imperator, et elle signa le contrat tandis que je sifflais manzanilla sur manzanilla La Gitana. Nous publiâmes son troisième roman en mai 1991. Une peinture de Fernando Botero, « Muerte de Luis Chalmeta » orne en vignette la couverture. J’en conçus une certaine fierté lorsque, plusieurs années après, Françoise Bourdin devint l’un des écrivains les plus lus de France, le (ou la ?) cinquième je crois. Je l’ai croisée à plusieurs reprises lorsque je fus éditeur chez Editis entre 2002 et 2006, au sein de Place des éditeurs, dont ma boutique, fitway publishing faisait partie. Mes bureaux étaient voisins de palier de ceux de Belfond, son éditeur historique. Nous prîmes quelques verres lors de salons du livre à Paris et à Francfort je crois aussi, et puis en bas des éditions, avenue d’Italie dans le XIIIe. Elle était timide, frêle, mais son regard était doux et droit, d’acier tendre. La force du jockey sous une apparence cristalline. Elle se souvenait en riant de moi déboulant à Nîmes... Je confesse n’être pas lecteur de ses romans, de cette littérature que l’on dit populaire, mais ni par aversion ni par snobisme. Seulement parce qu’elle ne me « parle » pas, comme par ailleurs la science-fiction, la fantasy, le polar (à de très rares exceptions près), le développement personnel, l'ésotérisme, la B.D. figurent des genres qui me sont étrangers – et je m’en réjouis d’une certaine manière, car cela fait ça en moins à découvrir, lors que je sais, hélas, que je n’aurais pas assez de quarantedouze vies pour avoir le temps long et calme de lire tout ce que j’envisage de lire de poésie, de romans, de philosophie, d’essais... Je confesse n’avoir pas lu une ligne de Françoise Bourdin après « Sang et or », et je me souviens le lui avoir dit, et qu’elle me répondit par un grand éclat de rire, et qu’elle me fit déposer, la délicate, une pile de Pocket choisis de ses romans, mais que je distribuais – sans éprouver le moindre sentiment d’ingratitude, cependant -, à des amies de passage chez moi (car j’ai le sentiment que le public de sa littérature est essentiellement féminin), lors de dîners à mon domicile parisien qui s’achevaient invariablement par une répartition de livres empilés devant la porte – condition expresse établie : nul ne sortira d’ici sans plusieurs livres en mains. « Sang et or » donc, que je viens de retrouver dans le long rayon de ma bibliothèque réservé à la tauromachie littéraire. Je ne sais pas si j’ai envie de le reprendre, tant ma « desafición » est devenue grande. Peut-être, oui, quand même, en souvenir de la confiance de Denis, pour l’effervescence nîmoise de ce jour-là, pour l’émotion singulière, pour la pluie qui tombe soudain sur Bayonne ce 29 décembre 2022 après-midi, et ma moto qui se mouille avec le casque et les gants sur la selle. Pour les livres. Je vais appeler ma fille, tiens, et prendre des nouvelles du petit. L.M.

  • Les flacons maltés

    Les whiskys français sont de plus en plus nombreux. Qu’ils soient bretons, normands, bourguignons, lorrains, lyonnais, célèbres comme Michel Couvreur et sa gamme somptueuse, Armorik la distillerie pionnière, Rozelieures et son savoir-faire céréalier, Bellevoye et sa gamme colorée, Le Domaine des Hautes-Glaces et son sens du terroir, le Château du Breuil et son expertise en Calvados, Ninkasi et son expérience de brasseur... nous avons l'embarras du choix si nous souhaitons faire un pas de côté en laissant au bond - le temps d'un Noël - les Scotchs et autres whiskeys, sans parler des flacons japonais qui inondent le marché...

    En voici deux singuliers, Arlett et Laminak... ainsi qu'une surprise remarquable n'ayant rien à voir avec le whisky.

    Capture d’écran 2022-12-21 à 19.10.19.pngLa distillerie charentaise familiale Tessendier, notamment les deux frères Jérôme et Lilian, proposent trois whiskys Arlett : un Single Malt Original, un autre Tourbé, et enfin celui que nous avons goûté, avec une finition d’un an en fût de chênes japonais Mizunara, après un vieillissement de trois ans : la moitié de l’assemblage en fûts de chêne américain neufs et l’autre moitié en fûts de bourbon. Le résultat est envoûtant, élégant, expressif et épicé mais pas trop – poivre, cradamome. Avec ce whisky aux accents « vintage, » les frères Tessandier signent une véritable déclaration d’amour à leur mère Arlette (70 cl, 55€).

    Laminak, le tout nouveau whisky distilléCapture d’écran 2022-12-21 à 19.20.38.png par Martine Brana à Saint-Jean-Pied-de-Port – un nom qui fait référence aux petits esprits de la forêt qui sortent la nuit car ils craignent la lumière, est une perle issue de malt français brassé au Pays basque. Après une double distillation dans les alambics à repasse, ce Single Malt a vieilli quatre ans dans des barriques de l’Irouléguy blanc « maison » élaboré par Jean Brana, et ayant contenu du Petit Manseng, cépage caractéristique dont on retrouve la finesse et le fruité dans le verre. Laminak est ample, généreux, frais, correctement boisé, délicatement vanillé, et possède une belle persistance. Premier tirage : 2802 bouteilles numérotées. (70 cl, 78€).

    Capture d’écran 2022-12-21 à 19.20.00.pngUn chiffre modeste, mais qui paraît grand si nous le comparons à un autre bijou, dernier né de la maison Brana : 972 bouteilles seulement d’un Marc d’Irouléguy XO distillé il y a 30 ans par cépages rouges et blancs séparés, puis vieilli en fûts durant 22 ans. Cette eau de vie rare et précieuse est un régal de douceur, de puissance et de complexité, avec des notes de raisins secs, une pointe réglissée et une autre de pain grillé. C’est profond mais rond, charmeur et pour tout dire bluffant. (70 cl, 148€). L.M.

     

  • La tour de Montaigne

    WhatsApp Image 2022-12-11 at 23.38.19 (3).jpegIMG_7565.jpegIMG_7568.jpegIMG_7560.jpegIMG_7583.jpegIMG_7617.jpegPèlerinage émouvant de groupie assumé, hier après-midi à la tour de Montaigne, à Saint-Michel-de-Montaigne (24). Visite monacale et infiniment tranquille à l'heure où la lumière d'hiver baisse en rougissant avec componction un ciel glacé et roide. Emprunter l'escalier en colimaçon aux marches usées, voir le lit, la cheminée, des peintures murales effacées, l'âtre, ce qui faisait office de lieu d'aisance, penser la cuisine, ouvrir les fenêtres, contempler la pièce ronde du bureau surtout, les inscriptions en grec et en latin dans le bois de chacune des poutres - les citations de philosophes (au premier rang desquels loge Socrate) qui accompagnèrent Montaigne, imaginer la bibliothèque face à la table de travail, écouter le silence alors à peine troublé par un pinson et un rouge-gorge, affronter le froid d'hier et ressentir, autant que faire se peut, ce que Montaigne dut tant éprouver là afin d'y écrire ses Essais. D'où, me dis-je, la présence de trois selles d'époque, car Montaigne galopait par monts et par vaux lorsqu'il n'écrivait pas ce que, justement, il prélevait en voyageant, en frottant sa cervelle à celle de l'Autre. Par pénétration, et comme par une sorte de palimpseste, j'eus l'envie forte de croire que je pouvais me projeter instantanément entre 1533 et 1592 là même, et j'imaginai, j'ai imaginé, j'ai forcé mes sens, mes muscles, mes idées rassemblées en désordre. J'ai voulu. Le moment fut délicieux, vivifiant et d'une sereine intensité, car vide de tout élément extérieur, humain surtout. La solitude (partagée) savourée en un tel endroit me fut un cadeau du ciel. J'ai repris les Essais, ce matin,  non sans avoir rangé au préalable, dans la part de rayon de ma bibliothèque consacrée à Montaigne, une bouteille qui ne se boit pas, mais qui doit loger parmi l'Oeuvre, ses éditions diverses et son exégèse. Elle porte le nom de l'auteur, car un  vignoble en appellation Bergerac prospère tout autour de la tour. L.M.IMG_7736.jpeg

  • Aragon, pschitt

    Capture d’écran 2022-11-30 à 14.06.40.pngCapture d’écran 2022-11-30 à 14.06.10.pngCapture d’écran 2022-11-30 à 14.05.38.pngLa poésie militante ou insipide, pénible d'Aragon sent parfois la sueur. Ses poèmes incontinents (il perd aussi son prénom, Louis, sur les trois couvertures) proposés par Gallimard ce mois-ci : Persécuté Persécuteur, Les Chambres (sous-titre : Poème du temps qui ne passe pas), Les Adieux et autres poèmes, m'ont laissé froid. Lire un éloge de Lénine, un autre à la gloire de Staline ne passe plus, et le sigle URSS inscrit à tout bout de vers révulse, quoiqu'on sache du rôle de potiche, de plante verte du PCF qu'occupa le talentueux auteur du Fou d'Elsa au cours de ces années de plomb (lequel servit aussi à imprimer du Aragon). Ce sont là des mots fades, incapables de générer l'émotion, enfilés à la suite les yeux fermés on dirait, même lorsqu'il s'agit de l'immense Hölderlin (son long poème consacré ressemble à une copie de potache chargé d'exécuter un commentaire de texte), tout cela est écrit à la va comme je te pousse, et ne devrait en réalité pas être rassemblé, et proposé (à nouveau) à la lecture. Aragon vieillit mal. Même lorsque, tardivement, il évoque encore Elsa en fin de vie, cela sent l'amour faisandé, le passé suranné - par manque de déodorant sans doute. Et l'on se dit qu'il eut peut-être mieux valu ne pas écrire du tout, se taire et regarder, pleurer mais laisser sa plume tranquille, ou bien faire feu et flamme. Sauf que là, c'est pschitt à chaque page. Le talent a disparu... 

    Ce n'est pas le cas de Pierre Mendès France (coq à l'âne) dont les portraitsCapture d’écran 2022-11-30 à 13.59.42.png d'hommes politiques qui comptent (Churchill, de Gaulle, Ferry, Zola, Caillaux, Briand, Herriot, Jaurès, et Hubert Beuve-Méry !..) dans le recueil La vérité guidait leurs pas, exhalent le sérieux de l'analyse derrière une admiration prudente. La plume de PMF est franche, droite, comme l'homme politique le fut toute sa vie. Sa trempe manque terriblement à cette Ve république sénescente et qui n'engendre que des clowns à l'intérêt autocentré. Mendès représente aujourd'hui une gauche disparue, hélas, pétrie d'humanisme et d'intérêt général - une valeur fondamentale en voie de dilution, lorsqu'elle eut le pouvoir ; sous sa houlette.

    Capture d’écran 2022-11-30 à 14.00.31.pngRegistre voisin, Régis Debray, avec D'un siècle l'autre, un titre célinien, poursuit son autobiographie intellectuelle, désabusée, car l'homme protéiforme, limite caméléon touche-à-tout de génie est revenu de tout (l'auteur a réellement envie de nous faire savoir qu'il a tout vu, tout fait, tout compris), son existence est jalonnée d'expériences à haute valeur ajoutée, certes (le révolutionnaire emprisonné, le conseiller du Prince, le médiologue, le romancier, l'essayiste), qu'il sait mettre en valeur sans trop plastronner, quoique. Un côté Papy, raconte-nous encore l'Indo ! sans que l'on demande au Papy de nous raconter encore l'Indo, remonte à la surface de la lecture... Au soir de sa vie, Debray dresse le bilan, à la colonne PP, pour pertes et profits. D'autres volumes paraîtront. Déjà, L'exil à domicile est sorti ce mois-ci. Pas encore lu. Nous attendons néanmoins la suite de cette suite. 

    Enfin,  kilo de cerises sur le gâteau, un volume capiteux, les Tragédies complètes deCapture d’écran 2022-11-30 à 14.04.59.png Sénèque, 1000 pages, occupera nos prochaines après-midi. Pensez ! Oedipe, Les Phéniciennes, Hercule furieux, Hercule sur l'Oeta, Médée, Phèdre, Thyeste, Les Troyennes, Agamemnon sont capables de nous faire oublier un rendez-vous chez le dentiste. Nous y reviendrons, ici. Merci la collection folio. L.M.

     

     

  • Glen Moray

    Capture d’écran 2022-11-30 à 13.53.31.pngCapture d’écran 2022-11-30 à 13.53.43.pngDans le Speyside, Glen Moray est une distillerie singulière (nous l'avons déjà visitée) qui s'attache, depuis 125 ans, à explorer l'influence des fûts d'origine et de contenant divers sur ses single malts. La mode est au vieillissement et au finish, soit au passage ultime dans un seul fût (single cask) ou dans des fûts ayant contenu d'autres breuvages bizarres - en l'occurrence du whisky de grain, de seigle précisément, Rye Cask Finish pour l'un, et du rhum agricole martiniquais Saint-James 1997 pour l'autre. Les résultats sont sensibles. D'un côté, le caramélisé et l'épicé dominent (vanille, citron frais, poivre blanc, caramel mou, fruits noirs de sous-bois, café en finale assez longue), et là, l'intensité fait place à l'équilibre (du confituré : abricot, poire, ananas, et aussi cerises au kirsch, pain d'épices, raisins secs en finale longue, très longue). Il n'y a que 900 flacons (75 cl, 70 €) de Rye Cask Finish pour la France, et 600 (idem) pour le Rhum agricole Cask Finish Project. Dépêchons-nous. L.M.

     

  • Sacré Voutch

    Capture d’écran 2022-11-29 à 10.45.27.png

    Mieux que Sempé. En tout cas selon ma sensibilité. J'adore Voutch, pourquoi le cacher. Je me régale lorsqu'il donne un dessin au Point, ou sur sa page Facebook. Son nouvel opus paraît le 8 décembre au Cherche midi (où l'auteur a déjà publié une quinzaine de livres). Le pire n'est même pas certainLe titre est déjà un programme. L'album est paru en 1999, mais il a été totalement rénové et enrichi de dessins inédits en livre. L'acuité du regard porté par le dessinateur sur les faits sociaux de notre temps est renversante. Avec toujours cette pointe de cynisme, une touche indispensable de dérision et un trait nonchalant. L'air de ne pas y toucher, Voutch appuie là où ça coince et c'est drôle, très drôle. Qu'il s'agisse de la vie des très riches, du couple qui s'ennuie, du corps médical, de l'atmosphère au bureau (rappelant en cela l'humour décapant du mystérieux Etienne Dorsay, lequel sévit sur twitter et instagram notamment), de la solitude du célibataire, de la psychologie féminine, des animaux de compagnie, du yéti ou du monde de l'édition lorsqu'il se laisse amadouer par les sirènes du marketing le plus outrancier, l'absurde est omniprésent dans le trait et dans le texte. Sacré Voutch... L.M.

    Extraits :

    Capture d’écran 2022-11-29 à 10.40.19.png

    Capture d’écran 2022-11-29 à 10.40.46.png

    Capture d’écran 2022-11-29 à 10.40.29.png

    Capture d’écran 2022-11-29 à 10.40.38.png 

    IMG_7419.jpeg

    IMG_7420.jpeg

    IMG_7421.jpeg

  • Secs constats

    Capture d’écran 2022-10-24 à 10.28.17.png

    Je me trouvais dimanche 23 en Baie du Mont Saint-Michel, sur les prés salés, partageant l'herbe que je foulais avec de réputés moutons aux saveurs singulières, pour une marche tiédie par un air étonnamment hors-saison. Justement, l'herbe. Celle-ci crissait sous la botte par endroits, et pas une goutte d'eau n'irriguait ni les canaux au fond craquelé, ni les mares des huttes de chasse. Tout était sec jusqu'à la lisière du Mont, l'eau retrouvée. Je levai en marchant quelques alouettes, des étourneaux picoraient les crottes de moutons, de rares goélands leucophores s'envolaient à regret à mon approche, des corneilles noires demeuraient; arrogantes - il faut s'y faire depuis un certain nombre d'années. Aucun bec plat, canard ou sarcelle, aucune bécassine, aucun autre limicole, et rien qui striait le ciel, ni pluviers, ni courlis, ni pieds-rouges (chevaliers gambette) - ah si, un vanneau égaré, esseulé sans doute, cria son désarroi en virevoltant à basse altitude, sur le chemin du retour. Pour un peu, je n'aurais pas été surpris de voir décoller une ganga cata. Non, j'exagère. Mais j'y pensais, car j'étais inquiet, voire attristé.

    Capture d’écran 2022-10-31 à 13.29.31.png

    Hier matin, en randonnant du côté d'Etxalar, au Pays basque espagnol (pas loin de Zugarramurdi et Sare), je levai de rares grives sur un sol vert et dru, tandis qu'habituellement elles auraient dû fuser en bouquet de chaque buisson, fut-il d'ajoncs et de ronces. Des vautours fauves planaient en spirale, des milans royaux maraudaient. Quelques coups de feu signalaient un passage timide de palombes peut-être ; de grives plutôt. Le ciel était gris, l'atmosphère opaque, et comme ourdie par un silence inhabituel. Je me suis dit que la migration, qui devrait battre son plein, était en berne, ou bien en grève, ou alors à la messe.

    Capture d’écran 2022-10-31 à 13.30.30.png

    Ce matin, du côté de Bidart, levé à l'extrême pointe de l'aube, café en main, j'eus la joie de voir passer trois maigres vols de palombes, et surtout d'observer des grives musiciennes en migration, mais stationnant afin de se refaire la cerise avant de reprendre leur route vers l'Espagne et au-delà. Elles étaient cependant là, à portée, allant d'une branche à l'autre tout autour, des hauts pins aux petits bosquets, de la haie garnie de lierre et de glycine au laurier rose qui perd peu à peu ses fleurs. J'en conçus une nouvelle et amère constatation. Les grives (musicienne et mauvis, surtout), avaient un peu déserté octobre et novembre ces dernières années, et je m'en étais inquiété. Les voilà qui réapparaissent, en nombre, et c'est tellement heureux. Mais, l'urbanisation et l'invasion du territoire péri-urbain, lequel gagne la campagne, l'espace sauvage, empiète sur le biotope animal, mange l'environnement de l'oiseau. Ainsi, la grive reprend-elle des forces dans les jardins, soit là où il y avait auparavant des haies riches en baies, et des prés sous-cutanés de lombrics gras. Aussi, l'espace vital animal se confond-il désormais avec l'expansion des besoins en logement de l'homme (sur la Côte basque, cela est criant, voire révoltant : où que l'on se trouve, il y a dans notre champ de vision un immeuble en construction ou une grue trônant au coeur d'un chantier). Les grives, donc, s'accommodent des villas, des maisons, des jardins, des rues et des routes bruyantes, où leur instinct les ramène comme un aimant les attirerait inexorablement ; à leur corps défendant. Ainsi se désensauvagent-elles, et c'est cela qui m'est douloureux. L.M.

  • Blanc, par Tesson

    Les premières pages du nouveau livre de Sylvain Tesson à paraître le 13 chez Gallimard, et intitulé sobrement "Blanc", émaillent quelques citations sur l'idée du départ, du voyage (ci-dessous), et donnent ainsi le ton, soit celui de la bougeotte. J'y ajouterai un vers célèbre de Blaise Cendrars : "Quand tu aimes il faut partir"...

    Capture d’écran 2022-10-11 à 09.49.35.png

    Capture d’écran 2022-10-11 à 10.07.57.png

  • Avec Rimbaud, il suffit d'un vers...

    Capture d’écran 2022-10-07 à 13.25.56.png

    ... pour être emporté. Exemple, ce matin, je relis le poème Ophélie, qui possède les accents du Dormeur du val, et ce vers, le trentième, me cloue : Tu te fondais à lui comme une neige au feu. J'en ai frissonné. Certes, c'est l'image, à la Gracq ou à la Giono (je suis en train de me régaler avec Le Chant du monde) qui interpelle, séduit. En littérature, il suffit souvent de l'usage de l'adverbe "comme" (à condition de ne pas en abuser et de lui trouver des remplaçants) pour créer immédiatement une sorte d'émerveillement. Les exemples sont nombreux. Et nous pourrions nous amuser à en collectionner une belle ribambelle... 

    Le poème de Rimbaud évoque l'Ophélie peinte par J.E. Millais (ci-dessus) et surtout le personnage de Shakespeare (dans Hamlet), qui devint folle, se suicida (?) en se noyant dans un ruisseau et dont le corps entouré de fleurs flottera mille ans sans être altéré. Un mythe naquit.

    Gaston Bachelard, dans L'Eau et les rêves, s'est penché sur "le complexe d'Ophélie". L'eau est la vraie matière de la mort bien féminine, écrit-il. L.M.

     

     

     

  • Amour du journalisme

    Cet extrait de Racontez-moi les flamboyants, de Christine de Rivoyre, m'est lumineux. Il parlera à mes confrères et consoeurs animés de l'intérieur par le métier. C'est tellement cela. À l'instar d'Albert Camus disant qu'il n'avait jamais été aussi heureux que sur les planches d'un théâtre, sur un stade de football et dans les salles de rédaction et de montage d'un journal, les bonheurs professionnels de mon existence se sont toujours produits au moment où je démarrais une voiture, entrais dans un wagon, montais dans un avion et partais en reportage, quel qu'il fut, où que ce fut. Puis, ils résidaient dans une rédac, soit là où je me suis toujours senti aussi bien que chez moi. Surtout les jours de bouclage... 

    Capture d’écran 2022-10-02 à 15.00.23.png

     

  • BOTT

    J'apprends le décès d'un critique littéraire et auteur délicat, François Bott, qui fonda Le Magazine littéraire à la fin des années 1960 et qui dirigea Le Monde des Livres de 1983 à 1991 (sous sa houlette, ce furent les meilleures). Alors je ressors cet article rédigé à la sortie de l'un de ses livres pudiques et sensibles en diable, et publié ici même le 18 mars 2020, afin de vous épargner une recherche dans les archives. Hommage => Délicieux Francois Bott

    Capture d’écran 2022-09-23 à 16.43.16.png

  • Procida mia

    IMG_6852.jpeg

    Retour récurrent, nécessaire, viscéralement ancré au désir incontrôlable, à Procida, isola mia. Pour y écrire. Me laver en écrivant. Bisogno. Avec méfiance, cette fois, car c'est la capitale italienne de la culture depuis le 1er janvier et jusqu'au 31 décembre, et que le monde afflue sur cet isoletto qui n'en peut mais. Certo, la culture c'est mieux que la politique ou le sport pour être distinguée une année durant.

    IMG_6861.jpeg

    Mais, bon. J'y suis arrivé cet après-midi, et j'ai retrouvé mes marques, mes amis Cesare, Giuseppe, Vincenzo, Aniello, Emanuele... Mes repères et mes repaires aussi, tout ce qui me rend poisson un instant échoué retrouvant la mer à la faveur d'une vague aimante comme un bras par dessus l'épaule à l'instant où on ne l'attend pas, marchant en silence le soir, côte à côte, d'un pas rythmé; entendu. L.M.

    IMG_6859.jpeg

  • Le loup des Hautes-Alpes

    IMG_6631.jpeg

    Et, soudain, il apparut, dévalant au galop la pente devant moi, à 150 m environ. J’avais par chance mes jumelles en mains. Je rentrais d’une formidable randonnée avec mon fils jusqu’au col des Marsailles, 2 601 mètres. Nous avions surplombé une vallée trouée d’un lac, celui des Cordes où prospèrent truites arc-en-ciel et cristivomers, et de deux laquettes. En face, les Alpes italiennes, leur majesté, leur aridité, leur âpreté. Un paysage somptueux à 360° (photo ci-dessus : Alpes italiennes, laquette et chien de berger). Fierté de partager ce moment avec Robin. Nous retrouvâmes Charles, son troupeau de plus de 1 200 brebis, et ses six chiens, patous compris. Comme une partie des bêtes avait échappé à sa vigilance, il fallait qu’il les retrouve vite. Je laissai Robin aider Charles, et rentrai seul, car une douleur à la hanche gauche venait de me pincer.

    Capture d’écran 2022-09-09 à 15.03.37.png

    Dans la descente en zig-zag sur une pente escarpée et herbeuse, je sentis une présence. Pas n’importe laquelle. Celle d’un loup. Je me retournai souvent afin de saluer mon fils qui, sur la crête, surveillait mon retour, mais je pensai à l’idée d’un loup. Ce sentiment de forte présence qui nous suit montait en puissance. J’imaginais une rencontre, une attaque même. L’imaginaire, appelé à la rescousse, enflait ma démarche prudente à coup de paragraphes romantiques. Arrivé à la cabane, je me lavais sommairement, me changeais, et savourais la saine fatigue en m’installant dehors avec mes inséparables jumelles (seconde photo ci-dessus : la pente où le loup est apparu). Vers 19h30, je vis quelque chose d’étonnant : cinq marmottes réunies comme les doigts d’une main étaient dressées dans une attitude de méfiance.

    IMG_6651.jpeg

    L’instant d’après, le loup apparaissait loin des marmottes, qui disparurent dans leurs terriers. Je ne voulais pas croire à l’idée du loup, au loup ; à la chance d’en voir un. Je me suis dit intérieurement : ni brebis, ni chien, comment un renard peut-il être si gros et déjà en pelage d’hiver ? Remarque stupide. Dans les jumelles, j’avais reconnu aussitôt la gueule large, les oreilles du loup. Il galopait dans la descente. Cela dura une bonne minute. Je savourai chaque seconde. Puis – avait-il vu bouger les chiots qui jouaient autour de moi -, il bifurqua brutalement à 90° vers ma droite et poursuivit sa course en travers. Je pus ainsi admirer sa forte silhouette, sa longue queue fournie sur une soixantaine de mètres, à une centaine de moi, à flanc de colline. Il disparut enfin à l’épaule d’une crête, derrière un rocher, là, en face... Je n’oublierai jamais ce moment du 23 août 2022 vécu à 2 300 m d’altitude au-dessus de Cervières, au pied du pic Lombard (2 975 m), au cœur du Queyras et non loin du col de l’Izoard ; dans les Hautes-Alpes.

    IMG_6593.jpeg

    C’était la deuxième fois que je voyais cet animal. La première, à la fin du mois d’août 1997 au fin fond du Kazakhstan, en pleine steppe, loin de tout, ils étaient quatre et j’en fis le récit, intitulé « Le thé aux loups » dans mon livre « Les Bonheurs de l’aube » (La Table ronde). Cette apparition du mardi 23 août à 19h30 m’est revenue en boucle toute la soirée, toute la nuit, et le lendemain je ne cessai de regarder l’endroit où le loup était apparu comme s’il allait repasser, ce qui m’attira les plaisanteries moqueuses de mes enfants, Marine nous ayant rejoints. Oui, à l’aube du mercredi 24 août, café en main, sur le seuil de la cabane, je scrutais la ligne en « L » que l’animal avait parcourue, et je le revoyais avec une infinie précision, ce loup qui continuait de dévaler la montagne devant mes yeux...

    IMG_6600.jpeg

    Lorsque j’en fis le récit à Robin et à Charles à leur retour avec le troupeau rassemblé, vers 20h30, Charles eut aussitôt cette remarque : « Il y en a qui le guettent durant des mois et ne l’aperçoivent jamais, et toi tu es là depuis deux jours et tu en vois un ! » Autrement dit : aux innocents les mains pleines. Mais je ne me sens pas innocent en la matière. (Il s'agissait sans doute du loup qui croqua l'une de ses brebis la semaine passée, une traînarde malade que le loup empiéta et ne dévora pas entièrement). Mon fils se contenta de remarquer mes yeux « plus brillants que d’habitude », et mon émotion « palpable ». L.M.

    IMG_6607.jpeg

     

  • Soit bu (et lu) en passant

    IMG_6549.jpegLoin du thriller d'Harlan Coben et de son adaptation au cinéma par Guillaume Canet, voici un vin blanc éponyme issu de Marsanne et de Viognier particulièrement agréable, apaisant même, mi-août, à l'heure où le soleil amorce son lent plongeon dans l'océan. Je confesse avoir bu l'étiquette, autrement dit avoir acheté ce flacon hier (chez Arostéguy, épicerie fine à Biarritz) sans réfléchir, sur son nom seul. Certes, j'aime vraiment beaucoup les deux cépages qui le composent. Le premier parce qu'il m'évoque aussitôt les meilleurs Crozes-Hermitage blancs, et le second parce qu'il est synonyme de l'appellation Condrieu, qui a ma préférence en matière de grands blancs hexagonaux. Aussi, prendre cette bouteille en confiance alla de soi (avec des grissins, du fromage de chèvre et du jamón de bellota). Pour 10,50€, je recommande donc ce flacon de 2021 classé en Vin de France, élaboré par la Vinifacture, à Saint-Étienne, parce qu'il est, simplement, de belle facture.

    Alliances : Comme chaque fois, je propose une escorte littéraire afin de déguster aussi des mots. L'ABéCédaire deCapture d’écran 2022-08-18 à 11.27.06.png Romain Gary, anthologie concoctée par Mireille Sacotte et Marie-Anne Arnaud Toulouse, recèle des traits d'esprit fulgurants, ainsi que des perles avant-gardistes stupéfiantes, tant sur la détérioration de l'environnement que sur ces menaces d'abrutis que l'on appelle le wokisme (éd. de l'Observatoire). Et Jospeh Anton, Capture d’écran 2022-08-18 à 11.26.30.pngl'autobiographie de Salman Rushdie (folio), car elle évoque presque à chaque page le traumatisme de la fatwa dont l'auteur est l'objet, et la victime. La santé de l'auteur des Versets sataniques s'améliore, ai-je lu ce matin. C'est heureux. L.M.

     

  • Ma nouvelle cantine

    Capture d’écran 2022-07-12 à 18.10.38.png

     

    Il y a tant de jeux de mots dans le nom de cette table, mi restaurant, mi traiteur, où l'on déguste sur place et où l'on peut tout emporter. La BotteGaiaAvec une majuscule en plein titre, comme pour le GaultMillau de mon époque. La Botte (italienne), Gaia la Terre, la bottegaia, soit la boutiquière, celle qui tient la bottega. La Beauté enfin... 

    Capture d’écran 2022-07-12 à 10.23.37.png

    Cette adresse a ouvert le 1er juillet dernier aux Halles des Cinq Cantons, à Anglet (64), et elle est devenue ma cantine. J'y goûte tout ce que Fabiana fait de ses mains, invente, propose. Cuisinière toscane de talent ayant tenu plus de quinze années L'Oenosteria, table annexe de la fameuse Casa Bini (rue Grégoire-de-Tours, Paris 6e) où nous avions nos habitudes, Fabiana Tortoli a quitté Paris pour Biarritz, convaincue par Muriel Grelon, l'entrepreneuse, d'ouvrir avec elle cette nouvelle table. C'est notre chance ! (Photo ci-dessous : le trio de choc. Muriel Grelon, Fabiana Tortoli et Marta Monteiro).

    Capture d’écran 2022-07-12 à 10.23.50.png

    Qu'elle fasse des pâtes alla paesana (une tuerie - je m'autorise ce terme que je déteste -, avec de la saucisse toscane émiettée, du parmesan en pluie, des tomates lascives et surtout des petits pois fermes), des biscottini (croquants aux amandes) à tremper dans le Vin Santo, des tartes aux légumes ou bien aux fruits (et où l'ananas tranché finement remplace la pâte), de la cucina povera comme ce plat rafraîchissant composé de mie de pain et de sauce tomate au centre duquel trône une boule de mozzarella, Fabiana excelle à réaliser une cuisine della casa, familiale, rassurante, revigorante, qui sent bon la campagne de Sienne (photo ci-dessous prise depuis le comptoir extérieur de La BotteGaia : Fabiana et Marta à l'heure de se restaurer enfin, vers 15 h, d'une exceptionnelle Pannacotta  - maison, comme toute la carte).

    Capture d’écran 2022-07-12 à 10.24.35.png

    Quelques exemples :

    • Gnudi

    Cela signifie « Tout nu », en dialecte toscan (nudo, en Italien). En forme de boulettes (polpette), les gnudi sont réalisés à base d’épinards, de ricotta et de noix muscade. Destinés à farcir de grands raviolis (tortelli maremmani), ils constituent ce qui reste de farce lorsqu’il n’y a plus de pâte à ravioli à remplir. Ainsi sont-ils nus, mais sauvés par la recette secrète de Fabiana, enrichie d'une sauce au beurre, à la sauge et au parmesan (on ne vous dit pas tout).

    • Strozzapreti

    L'histoire de ce plat (anticlérical) est assez drôle :  Dans la campagne toscane, lorsque le curé venait bénir les maisons (avec l'intention de se faire inviter à table), les femmes confectionnaient des pâtes sans œufs, réputées plus difficiles à avaler. D'où leur nom : strozzapreti signifie littéralement étouffe (ou étrangle) prêtre !.. Fabiana les fait elle-même en les roulant à la main, elles sont donc fraîches du matin.

    • Charcuterie Mori 

    Cette célèbre maison installée à Torniella, entre Sienne et les collines de la Maremma, tout près de Sassofortino, le village où Fabiana a grandi, offre un éventail riche, comme la Soppressata (coppa di testa) : lorsque l’on a goûté à cette dentelle charcutière d’une douceur extrême et d’une remarquable complexité gustative, on y retourne irrésistiblement. Addictif. 

    Parmi les autres fleurons de la maison Mori, La BotteGaia propose notamment le Prosciutto crudo (jambon cru d’excellente naissance), le Capocollo (une coppa de compétition), le Finocchiona (saucisson tendre, piqué de racines de fenouil), et le Salame Toscano (le salami toscan au caractère affirmé). Fabiana annonce d'autres produits à venir, issus notamment de viande de sanglier (photos de la carte ci-dessous : j'adore les quelques fautes commises par Fabiana la Toscana).

    IMG_6253.jpeg

    IMG_6254.jpeg

    IMG_6255.jpeg

    • Vins

    Fabiana est férue de vins (son péché mignon est la gamme des splendides flacons du Domaine de l'Anglore, d'Éric Pfifferling et sa famille, à Tavel  - on ne lui en voudra pas d'avoir si buon gusto). Pour sa BotteGaia, elle en a sélectionné très peu, toscans bien sûr, mais de noble extraction :

    Capture d’écran 2022-07-12 à 10.00.48.pngRosso (rouge) : Animoso, DOC (appellation) Montecucco, 100% Sangiovese, élaboré par Francesca Balestrieri, l’une des cinq femmes travaillant en « bio » en Italie, est un vin rare et donc recherché.  Sa production confidentielle (5 000 bouteilles à peine, pour 5,5 ha en production), le rend difficile à acquérir, car les grandes tables italiennes se le disputent. Fabiana parvient néanmoins à le proposer à la BotteGaia. Ma dégustation : Belle robe rubis, nez de petits fruits rouges et noirs (myrtille, framboise, griotte), et d’herbes du maquis, avec une touche de lavande. Bouche ample et juteuse, fougueuse, tanins fins, longueur confortable, finale balsamique évoquant le miel d’arbousier. Formidable avec les strozzapreti, et même les gnudi.

    Le domaine de San Lorenzo, à Cinigiano, qui produit Animoso, propose également une huile d’olive bio extra vierge réputée, issue des variétés Frantoiano, Leccino, Moraiolo et Pendelino : J'y ai noté un fruité élégant, une amertume subtile, un piquant bien dosé en arrière-bouche, une note d’amande persistante. Une huile d’une grande douceur.

    Salustri

    Fabiana a sélectionné, auprès de cette Azienda (propriété) nichée au cœur de la Maremma, à 400 m d’altitude, sur les coteaux du mont Amiata, deux vins « bios » :

    Un rosato (rosé), di Chiara, 100% Sangiovese, à la séduisante robe pâle diaphane,Capture d’écran 2022-07-12 à 13.57.49.png au nez discret de framboise et de fleurs blanches, et doté d’une confortable longueur en bouche – idéal pour escorter la charcuterie da Mori.

    Capture d’écran 2022-07-12 à 10.02.50.pngEt un bianco (blanc), Nara’, 100% Vermentino, qui a notre préférence (mais c'est l'été !). Un vin d’une grande fraîcheur et d’une belle expression aromatique : robe jaune paille, nez de poire, de pêche jaune, de clémentine, et de fleurs des champs. Bouche ample, structurée, finale discrètement miellée (acacia, amande). Le compagnon rêvé d’une salade à l’artichaut ou d’une tarte à l’aubergine et scarmoza, autres plats phares de cette BotteGaia (5 et 7€ le verre).

    Car je ne vous dis rien des polpette di vitello (de succulentes boulettes de veau), de la divine soupe froide de melon et son jambon croquant et comme laqué, de la ciabatta fourrée de mortadelle et de pecorino (pour changer du taloa au xingar ou à la xistorra), des tagliatelle alla puttanesca - incursion napolitaine (une fois n'est pas coutume), sur l'île d'Ischia pour être précis, où fut inventée au XIXe siècle cette recette de pâtes « à la façon des putains » (préparée par les prostituées napolitaines, soit pour attirer les clients par les parfums répandus, soit pour reconstituer leurs forces après coup... ou bien les deux à la fois !), riche de tomates fraiches confites, d'anchois, de petites olives noires, de câpres, d'ail et de peperoncino (piment, le  « poivre » des tables italiennes), ou encore du carpaccio de boeuf, ses légumes grillés et ses tranches fines de pecorino... Le mieux est de vous y rendre, pour manger sur place et discuter avec la cheffe, et/ou pour emporter votre prochain repas à la maison. L.M.

    -----

    La BotteGaia, Halles des Cinq Cantons à Anglet. Du mardi au samedi : 10 h - 14 h 30, et 18 h - 22 h. Le dimanche : 11 h - 17 h  Suivez La BotteGaia sur Instagram : labottegaia_anglet

  • Surfrime

    IMG_3103.jpegIMG_6095.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    À l’heure où j’envisage très sérieusement de me remettre au surf, malgré le risque, grand, de crampes et de séries de vagues sur la gueule, humilié par des minous qui pourraient tous être mes grands fils (mais peu me chaut), je me dis : tentons de conjurer ! Allez, j'ose... J'ose exposer - quelle impudence, quelle imprudence, quelle impudeur, ces deux vieux clichés. J'ai quinze ans (en couleur) et seize ans (en N&B), et toutes mes dents - quoique, non, peut-être pas car une planche prise en pleine poire m'en ôta un jour quelques unes et au même endroit, soit à ma sacrosainte Petite Chambre d'Amour (Anglet). Ces deux photos me montrent en train de concourir pour mes toutes premières "compètes" de surf internes, celles du O Surf Club, mon unique, mon club de cœur à tout jamais, et elles datent de 1973 et 1974, et se sont déroulées sur des vaguelettes. Sur la première, je me prends pour Gerry Lopez, mon idole d'alors, que, fébrilement, je voyais prendre d'énormes tubes, nonchalant, debout, à peine voûté, les épaules comme rentrées afin de ne pas les mouiller, dandy maillotté, lyrique muet, au spot mythique de Pipeline (Hawaï), sur les films de surf que projetait le cinéma Pax de Biarritz La Négresse. Il ne manquait à Gerry qu'une cigarette forcément allumée au bout de sa main droite... Rêve éveillé, en lévitation dans la salle de cinoche, le soir, où nous nous rendions en Mob' pour des instants de bonheur, augmentés par l'attente fébrile de Surfer magazine dans la boîte aux lettres de la maison familiale...

    Je disputai les championnats de France de surf en 1974, 1975, et renonçai à ceux - bien que sélectionné - qui se déroulèrent à Tahiti. Le coût du voyage de deux semaines, formidablement négocié par Jacques Fagalde, alors président de la Fédération Française de Surf et du O Surf Club, dérisoire, ne remua pas un cil de mes parents. Mais j'y renonçai pour les beaux yeux d'une jeune biarrote, que je devais retrouver à la fin de ses vacances en Corse avec ses parents. Je collectionnai alors les t'es con Léon viens fais pas chier pour une gonzesse t'en trouveras une autre... Je demeurai imbécilement sourd à ces prêches amicaux, bienveillants. La camaraderie rugbystique faisait une passe jusqu'à l'océan et je n’en saluai pas la geste. J'en conçus plus tard une honte épaisse... Je le regrettai amèrement. Car, lorsque Florence revint de vacances, elle m'annonça qu'elle avait rencontré un certain Thierry (que j’imaginais boutonneux et inculte) sur son lieu de villégiature, le dernier jour... J'en adore le souvenir, puisqu'il signe une certaine définition de l'ingénuité mâtinée de romantisme post-adolescent. Et c'est plutôt savoureux, non?.. L.M.

    Sur la première photo, je suis juché sur ma toute première planche, vert pomme, motif psychédélique façon t-shirt Fruit of the Loom des années Woodstock dessous, et avec un coquillage rouge incrusté sur le devant (devant mes yeux lorsque je ramais) offerte par maman pour mon BEPC. Achetée à un surfer de Long Beach (Californie) pour 300 F. Lequel fabriqua de ses mains ma première combi, une Long John qui me revêtit plusieurs hivers, augmenté à la demande climatique d'un boléro O'Neill de la meilleure facture. La seconde planche, je l'ai achetée à Jean Hazard, un Angloy du club, frère de Jackie, "amie" ici, pour 400 ou 600 F, je ne me souviens plus, mais elle m'était trop lourde, peu maniable sous le pied droit, tandis que la première, généreusement galbée en dessous et avec sa longue bulle d'air oblongue et permanente, m'était légère, légère... 

  • Pour une image

    Capture d’écran 2022-06-06 à 16.38.31.png

     

     

     

    Il y en a tant d'autres, et plusieurs se bousculent tout à trac aux rivages de ma mémoire et de mes lèvres, comme : ... et l'herbe folle au-dessus du fleuve frissonne sans cause comme l'épaule d'un cheval. Une, parmi... Mais celle-là résume, condense, circonscrit, définit mon amour littéraire, mon plaisir textuel gracquien. Savourez : L’ombre de la forêt sur la rivière mêlait à l’eau noire une douce tisane de feuilles mortes et d’oubli. Qu'ajouter? - Rien, bien sûr. L.M.

    Photo : © Jean Suquet.

     

     

  • Autre besoin récurrent...

    Capture d’écran 2022-05-25 à 09.55.17.png... Celui de retomber sur un passage de Bérénice, de Racine, dans la scène IV du premier acte : 

     

    Antiochus :

    Rome vous vit, madame, arriver avec lui. 

    Dans l'Orient désert quel devint mon ennui !

    Je demeurai longtemps errant dans Césarée,

    Lieux charmants où mon coeur vous avait adorée.

    ----

    Cela m'évoque aussitôt Flaubert, et l'incipit de Salammbô

    C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

    Il y a des des jours et des phrases, comme ça, qui sont autant d'invitations au voyage à partir des ailes d'un livre ouvert...

     

    Capture d’écran 2022-05-25 à 10.07.26.pngJe me dis d'ailleurs qu'il faudrait que je songe à reprendre, en l'augmentant d'une anthologie antonyme, celle des excipit (et pourquoi pas en une maquette tête-bêche), mon petit bouquin Premières phrases de romans célèbres paru en 2006 (fitway)...   Cliquez ici => Mon introduction à cette petite anthologie

  • Théâtre...

    Capture d’écran 2022-05-24 à 10.38.19.png

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce fut une première dans tous les sens du terme. Pour tout le monde. Enfin, nous six. Le rugbyman que l'on ne présente plus Pierre Berbizier qui lut de larges extraits de Sur la route de Jack Kerouac, un livre qui accompagne sa vie depuis ses quinze ans, le journaliste de L'Équipe et auteur de nombreux livres sur l'Ovalie Richard Escot (à l'origine de ce montage foutraque et sans presque aucune préparation), au piano pour rythmer les lectures - y compris celles du regretté Michel Sitjar, flanker international d'Agen-même, poète à seize heures et des poussières..., Jean-Michel Agest, ancien joueur de la Section Paloise et poète du rugby, Benoît Jeantet, poète, blogueur, scénariste, fin connaisseur du rugby et coauteur de pas mal de choses avec "Ritchie" Escot, Eric des Garets, ancien joueur amateur, passionné de littérature et lui même auteur de textes fins sur le motif, et enfin ma pomme, Candide de l'Ovale avide d'émotions procurées par les stades. Nous devions lire tour à tour des textes de notre cru (je lus les extraits aux accents rugbystiques de mon Bruissement du monde), sauf Berbizier donc. Sur une vraie scène de théâtre (à l'espace Felix Arnaudin) avec projecteurs, micros, tout le toutim et un public aficionado devant nous. Et nous nous sommes bien marrés durant 1 h 45 samedi dernier 21 mai en soirée... Photos (de la ville de St-Paul-lès-Dax, où se déroula le pestacle qui s'inscrivait dans le week-end Le Grand Maul - lire plus bas -, dont le talentueux directeur artistique est Jean-Claude Barens). L.M.

    Capture d’écran 2022-05-23 à 10.02.05.png

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    De gauche à droite, ci-dessus : Eric des Garets, Pierre Berbizier, Léon Mazzella, Richard Escot, Jean-Michel Agest et Benoît Jeantet à l'issue de la représentation.

    Capture d’écran 2022-05-23 à 10.01.31.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.06.51.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.07.56.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.05.10.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.00.49.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.05.31.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 13.31.06.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 10.06.18.pngCapture d’écran 2022-05-23 à 13.31.30.pngIMG_5909.jpgIMG_5911.jpg

     

     

     

     

     

    Dernières images : table ovale en long (cherchez la ronde...), dans l'après-midi sur le thème : Les rugbymen peuvent-ils (encore) devenir des personnages de roman ? Avec, en plus des précités, Serge Collinet, formateur d'entraineurs de rugbymen à Paris et auteur de Rugby au coeur, et Jean Colombier, ancien rugbyman briviste et Prix Renaudot 1990 pour Les Frères Romance (Richard Escot ayant le rôle de modérateur depuis la salle, où se trouvaient notamment Pierre Albaladejo qui nous raconta comment il passa une nuit avec Hemingway durant les fêtes de Pampelune, et Jean-Louis Bérot, célèbre demi de mêlée de l'U.S.D. des années 80). Enfin, la scène et la salle peu avant l'entrée du public.

  • On va causer littérature et rugby

    Capture d’écran 2022-05-18 à 14.47.47.pngC'est dans Le Figaro, alors... On va causer hommes du rugby et potentiels personnages de roman, on va lire des extraits de nos bouquins respectifs - ah, les malins ! -, on va rigoler surtout. Ces rencontres sont faites pour ça. Venez nombreux. À St-Paul-ès-Dax le ouiquènde prochain. Augustin Meaulnes et Yvonne de Galais, excusés, ne seront pas de la partie, mais l'affiche promet du beau linge. Ouvrez le programme (joint). Perso, je lirai pas mal d'extraits de mon livre Le Bruissement du monde, dans lequel l'Ovale a souvent sa place. Ce sera Le Grand Maul...

    Le Fig en parle

     

  • Linda Lê

    4F02AF85-9FB0-4F59-8A04-5A04BAD8B971.jpegJean Cocteau, relève Linda Lê (*) dans « Tu écriras sur le bonheur » (Bourgois /Titres), recueil des fines préfaces données au fil du temps à la collection de poche Biblio/ Romans, « n’a qu’une seule devise, le mot d’Antigone : Tout le reste lui est égal. Hormis la poésie, tout le reste lui est égal. » Ajoute que Cocteau suggère d’écrire « mince et musclé. Le virtuose se veut libre de toute technique, il cherche le déséquilibre dans la maîtrise, l’entre-deux qui boîte avec grâce. »

    À propos de Morand, Lê évoque ceci : « L’été 1925, Gide vide sa bibliothèque de livres que des amis lui ont dédicacés et les vend aux enchères pour financer son voyage au Tchad. Le milieu littéraire est indigné. Seul Paul Morand se réjouit. Quelques livres sacrifiés à l’appel du large ? Bagatelles aux yeux d’un homme qui déclare vouloir qu’après sa mort on fasse de sa peau une valise  . »

    Enfin, ce mot de Kafka : « Il y a l’exilé qui abandonne sa langue pour écrire dans une autre langue. Or, « la langue est  l’haleine sonore de la patrie. »

    Le livre est truffé de remarques de cette qualité. Un régal. L.M.

    ——-

    (*) Linda Lê, écrivain(e) sombre, discrète et raffinée, amoureuse des Lettres, préfacière subtile, n'aura pas survécu bien longtemps (elle est morte le 9 mai) à Roland Jaccard - décédé en septembre dernier, avec lequel elle eut jadis une longue relation forte. "Solo" quelques mois comme être vivant, "L." (ainsi désignée dans "Le Monde d'avant", journal des années 1983 à 1988 de Jaccard), entreprit d'ailleurs d'écrire une thèse de doctorat sur l'emblématique "Journal" intime d'Amiel, puis en abandonna l'idée pour écrire ses propres romans. Elle rejoint RJ dans le noir, après avoir livré une oeuvre abondante. "Je dépérirais, si je lisais moins !", déclarait-elle au "Monde" en février dernier. À nous de la lire.

  • Il voyagea...

    Besoin récurrent de lire ce passage...

    « Il voyagea.
    Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
     Il revint.

     Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours encore.
    Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était perdue. Ses ambitions d’esprit également avaient diminué. Des années passèrent ; et il supportait le désœuvrement de son intelligence et l’inertie de son cœur.
     Vers la fin de mars 1867, à la nuit tombante, comme il était seul dans son cabinet, une femme entra. »

    Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, Deuxième partie, (début du) chapitre VI.

    Capture d’écran 2022-03-25 à 11.00.38.png

  • Seule la terre est éternelle. Jim Harrison

    Capture d’écran 2022-03-23 à 18.32.23.pngRetour d'une salle obscure où la lumière, la Lumière, vint, divine, de la voix rocailleuse de Big Jim, notre cher, si cher Jim Harrison, disparu il y aura six ans dans trois jours. Le film que lui consacrent François Busnel et Adrien Soland est une ode aux grands espaces, à la poésie, à la Nature, aux animaux, aux rivières, aux arbres, aux femmes de la trempe de Dalva, l'inoubliable héroïne de son plus puissant roman, et aussi de Linda son épouse cinquante-quatre années durant. Jim est au bout du rouleau, il titube, tousse, ahane, fume sans relâche, s'aide d'une canne, s'essuie fréquemment la paupière qui abrite un oeil de verre depuis ses dix ans, il est lui-même. Cash. Tellement naturel, à Paradise Valley, dans le Michigan, avec sa bedaine qui jaillit du tee-shirt, ses gris-gris punaisés sur le mur de sa table de travail, où il écrivit tout son œuvre au stylo noir, et jusqu'au volant ganté de cuir indien de son 4x4 qui conduisit l'équipée jusqu'à Patagonia (Arizona), où il résida parfois et où la Faucheuse le cueillit. Ce film est émouvant car il est pudique, franc du collier, sans fard, silencieux, ouvert sur des territoires traversés par un pygargue, un vautour, un chevreuil, des bisons, deux chiens de chasse appartenant à Jim Fergus, une truite hameçonnée, des forêts et des montagnes larges comme l'univers, dans un clair-obscur de circonstance. On y voit aussi les villages américains poussiéreux, leurs commerces, leurs véhicules garés, une station-service à vendre, une désolation palpable, une barmaid sexy que Jim ne peut s'empêcher d'alpaguer en lui baisant élégamment la main droite avec la dégaine de Charles Denner à la fin du film L'homme qui aimait les femmes, de Truffaut. Tout est dit, en sourdine, sur la subtilité, le tact de l'oeuvre d'un grand écrivain américain. J'ai tout lu de lui. Absolument tout, sauf ce que l'édition nous réserve sans doute encore d'inédits, de raclures bonnes à déguster, d'articles récupérés, de nouvelles inédites, de poèmes retrouvés (ce fut un immense poète de la Nature). Je regretterai éternellement cette annulation forcée Capture d’écran 2022-03-23 à 18.34.01.png(Maman était bien trop malade pour que je parte longtemps) d'un rendez-vous pris avec lui dans le Michigan afin de "tirer" son portrait sur quelques pages dans le magazine (La Chasse) que je pilotais dans les années 1995 à 2000. Je me souviens avoir déchiré avec mélancolie mon billet d'avion. Ce soir, je reprendrai Légendes d'automne et Dalva au hasard des pages, au gré du vent, en entendant le timbre craquelé - you know... - de sa voix de grizzly édenté et romantique. L.M.

     

     

     

  • Jury du Prix François-Sommer

    IMG_4668.jpeg

    Fier de retrouver ce jury depuis hier soir. Me voilà à nouveau membre du Prix littéraire François-Sommer en qualité de juré, récompense qui fut attribuée hier à 18h30 à Charles Stépanoff (photo LM) pour son formidable ouvrage (déjà évoqué ici), L'animal et la mort (La Découverte). Depuis Le Sang noir de Bertrand Hell, nous n'avions rien lu d'aussi intelligent, d'aussi étincelant à chaque page ou peu s'en faut, excepté un ouvrage à caractère historique de Philippe Salvadori sur La chasse sous l'Ancien régime. Le bouquin de Stépanoff fera date, c'est évident. Il traite de la prédation, en ethnologue disciple de Philippe Descola, et donc de Claude Lévi-Strauss, en remontant un peu dans le temps. Son discours, son analyse au peigne anti-poux est admirable de rigueur et de vérité objective. Elle se passe partiellement dans le Perche et alentours. L'auteur est spécialiste du chamanisme sibérien, mais par temps de Covid, il n'a pu décliner son terrain, et s'est rapproché de sa culture originelle. 

    Or, voilà, je suis fier de retrouver ce club, cette mini confrérie de l'Hôtel Guénégaud, musée impressionnant sis au 60, rue des Archives à Paris, en plein Marais. C'est Xavier Patier, mon ami écrivain (de grand talent) qui m'a invité à rejoindre un jury dont je fis donc déjà partie des années 1993 (date de l'obtention du Prix François-Sommer - des mains de Jacqueline Sommer, excusez du peu ! -, pour mon premier roman, Chasses furtives) à 2000, année au cours de laquelle je "décidai" de ne plus jamais chasser... avec une arme à feu, et de continuer de servir ma passion de l'approche du Sauvage à l'aide de jumelles, voire d'un reflex, lesquels sont capables d'envoyer davantage de flamme à l'âme et au coeur.

    À présent, il va s'agir de dénicher, au gré de nos lectures, le prochain lauréat. Bonheur en perspective. L.M.

    Prix François-Sommer 2022

    IMG_4646.jpeg

  • Samedi dernier à Biarritz

    Capture d’écran 2022-01-17 à 18.21.48.png

    Un public concerné, attentif et en demande de davantage de mots, d'anecdotes, d'extraits, m'a convaincu du bien fondé de ce genre de manifestation - que je reproduirai à l'envi sur des thématiques diverses (liste foisonnante, en cours de distribution au gré de l'agenda de la Médiathèque). Deux heures trente de tchatche pour une heure requise, et un engouement sans faille, non feint, fut mon salaire d'enthousiaste partageur.

  • Un an plus tard

    Cliquez là => LE BRUISSEMENT DU MONDE

    Léon Mazzella capture quelques fragments du monde pour en saisir toute la volatilité sensuelle.

    Par THOMAS MORALES.

    Article paru dans Causeur.


    Le choix de la première chronique littéraire de l’année s’apparente à la cueillette des champignons, dans un sous-bois, à l’automne, quand la feuille morte rythme le pas, quand l’incertitude guide la main du critique. La pluie grise les sentiments, la nature protège et isole; le critique hésite, il tâtonne, il se rétracte parfois, puis il se lance, il a enfin trouvé le livre qui correspond à son souffle intérieur, à son émotion du moment, à sa volonté de ne pas ensorceler le monde. En 2021, l’esprit ne sera ni à la querelle incestueuse, ni à la légèreté béate, plutôt à la beauté qui s’efface peu à peu, elle s’échappe, nous le sentons charnellement, et pourtant, il faut la retenir, s’incliner une dernière fois devant elle, la remercier encore et toujours. Se rappeler que sans elle, nous sommes des êtres désarticulés, surnuméraires fantômes. Cette beauté fugace n’est pas grandiloquente, elle ne bombe pas le torse, elle ne nous fait pas du gringue au coin d’une rue ou à la lecture d’un paragraphe trop étincelant; discrète, elle sait tenir ses distances.

    Mazzella caresse le désenchantement

    Elle s’apprivoise difficilement. L’écrivain Léon Mazzella, styliste des terres basques, grand spécialiste du vin, part à sa recherche dans Le Bruissement du monde aux éditions Passiflore. Il est de ces explorateurs esthètes qui ne surjouent pas la surprise ou l’émerveillement. Ce gracquien sème la chronique au vent, sans charger sa phrase d’un affect débordant, elle garde sa pureté originelle tout en susurrant son pouvoir d’abstraction. Là, réside le charme vivifiant de ce recueil buissonnier qui promène son bonheur de vivre entre fragments, souvenirs d’enfance, nostalgie du cœur, sens de la transmission et plaisir du palais. Mazzella nous touche car, avouons-le, il caresse notre vieux monde, il cajole notre désenchantement, il ouvre la volière de notre mémoire. Ne vous méprenez pas sur son dessein, il ne panthéonise pas le passé, ce n’est pas un embaumeur, plutôt un exhausteur de goût. Son toucher de plume lifte l’existence, lui donne du rebond. Nous avons les mêmes codes d’entrée, les mêmes marottes, les Renault Floride et les chevauchées landaises de Christine de Rivoyre

    Compagnon hussard

    Avec ce compagnon hussard, on se rappelle d’un texte lu à l’adolescence qui a fait chavirer notre suffisance, on se met alors à dessiner des volutes de Havane dans le ciel laiteux de la province française, à rêver aux seins obuesques de Silvana Mangano dans « Riz amer » ou à la bouche désirable de l’impénétrable Monica Vitti. À nous extraire simplement de notre quotidien par le talent des autres, voilà un résumé de ce que fut notre jeunesse. Pour nous, garçons ahuris, bouffis de caractères d’imprimerie et de cinéphilie, la réalité passe souvent par le tamis de la fiction. Mazzella est un merveilleux brouilleur de météo, il détraque toutes les horloges. Avec lui, la chronologie s’émancipe des dates. On le suit avec gourmandise dans cette belle littérature, giboyeuse et sauvage des Trente Glorieuses puis, le texte suivant, il nous ramène au présent, dans le spectacle chantant d’une bergeronnette grise ou la pesanteur ensoleillée d’un champ de maïs. Tantôt mélodiste d’antan, tantôt aquarelliste du paysage en mouvement, sa mélancolie sous-jacente n’est ancrée dans aucun port d’attache. Elle est libre, elle se moque des convenances, elle cabote sur des côtes intimes. C’est pourquoi nous prenons autant de plaisir à le lire, surtout quand il écrit: « Je suis Claude Sautet » ou qu’il fait l’éloge du stylo à plume: « Bonheur de retrouver le glissement de l’encre, sa fluidité, et le crissement sur le papier vergé ivoire, cette teinte bleu nuit qui forme les lettres, les mots qui naissent, le mouvement du poignet, le sang qui afflue sur la dernière phalange de l’index comme si nous labourions ». Mazzella sait, par instinct, qu’un bon livre ne ressemble pas à une autoroute rectiligne, il doit cahoter, ne jamais utiliser le même instrument de musique, de la variété naît l’harmonie. Mazzella ose passer de Gracq au Bricomarché, sublime impertinence et poésie de l’infiniment petit, de Calet à Anouk Aimée, de Larbaud à une libellule indisciplinée, de Gómez de la Serna au croquant du chipiron. Vive 2021 !

    Le Bruissement du monde de Léon Mazzella – éditions Passiflore.

    Le Bruissement du monde

    Price: 15,00 €

     

     
     
  • Désabusé

    Capture d’écran 2022-01-05 à 14.28.11.png

    Lu « Éclats de rire » (hommage au vers fameux d’Apollinaire : « Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire »), de Régis Debray (Gallimard) cette nuit, à la faveur d’une insomnie molle. Oh, il ne s’agit pas d'une prouesse : sa soixantaine de pages se boit par saines, car minces gorgées, en une vingtaine de minutes lentes. Il s’agit d’aphorismes cinglants sur l’époque qui tangue, rédigés à la défaveur d’un AVC ayant frappé leur auteur durant l’un des confinements passés. Quelques perles moins ronchonnes que d’autres surnagent, dûment annotées au crayon, et en marge. Exemples (ayant la flemme d’écrire une « critique », ce mercredi, je choisis paresseusement l’exposition du florilège) :

    « Pour les idées que l’on se fait du vaste monde, il est conseillé de se rendre sur place, comme pour acheter chaussures et pantalons. » Le terrain, toujours le terrain, sans terrain point de salut, pas de reportage intelligent et sensible, aucun journalisme (je répète cela à mes étudiants en presse écrite à longueur de cours). Idem pour la vie, semble dire Debray. Sans confrontation avec le réel, l’appréhension est biaisée, voire fausse.

    « Le panem et circenses contemporain : fric et frime. Il faut se faire voir pour avoir des sous et il faut des sous pour se faire voir. » Certains vont même jusqu’à (ap)paraître au cirque de la lie de la bêtise, Hanouna, des trucs de cette raclure-là.

    « L’Occidental domine l’espace et maîtrise l’instant. Il peut sidérer car il a la maîtrise de l’immédiat et des images. Il peut donc envahir, non rester sur place. Le temps joue contre lui. L’Oriental, maître de la durée, gagne le marathon. D’un côté, le raid et le flash. De l’autre, la mémoire et la patience. Côté Orient, on a le temps et les pieds sur terre. Côté Occident, on a l’aviation et les écrans pour soi. » Cela me rappelle les leçons du soir (et d'après boire) de mon ami Saber Mansouri, universitaire tunisien, essayiste et romancier, lecteur assidu d'Aristote, Platon et Averroès, qui m’a souvent dit cela avec un sérieux non feint et une économie de mots supérieure : « Léon, l’Arabe ne pense pas, il réfléchit. Il a le temps pour lui. » Cette sentence me fait chaque fois froid dans le dos. Un froid ophidien qu'aucun événement funeste ne saurait déglacer, et pour cause.

    « La règle commune : commencer raton laveur, finir raté râleur. » Fastoche, n'est-ce pas?.. Cela m’évoque ce que me lança un jour ma fille, pourtant pré-adolescente alors : « mon papa il a les cheveux poivre et sel et il finira poivrot et seul ». Dieu merci, elle se trompe encore à ce jour, mais je demeure méfiant, car il m’arrive de croire, par faiblesse, à l’oracle.

    « L’existence comme un moteur à deux temps. Dans le premier, on a de la flamme ; dans le dernier, de la flemme. C’est gagné quand le flemmard peut encore, de temps à autre, souffler sur la braise. » Nous y sommes presque, rédigeant nos chroniques des années de baise...

    « Le sens de la formule, c’est dangereux, me disait souvent Julien Gracq. Méfiez-vous, cela peut tuer. Il avait tort : on a survécu. Il avait raison : mais dans quel état ! » Debray fut l’ami du grand écrivain. Dans l’un de ses précédents opus, « Par amour de l’art. Une éducation intellectuelle », Debray consacre de très belles pages à l’auteur du « Rivage des Syrtes », intitulées « Bonjour Monsieur Gracq », pp. 415-475 (Gallimard).

    Il vous reste à saisir ce petit bouquin afin de passer un agréable moment en contemplant ce que vous voulez : homme, femme, feu de cheminée, de forêt ou de brousse. Pour ma part, c'est l'océan devant mon jardin : la plage de La Petite Chambre d'Amour (Anglet). L.M.

     

  • À lire dans TANIN n°3 paru ce matin

    IMG_4276.jpegJ'y ai écrit pas mal de choses, dont un papier sur les crémants (sur le thème : un bon crémant vaut mieux qu'un mauvais champagne) avec une sélection de mes coups de coeur, comme suite à la dégustation forcément sérieuse d'une cinquantaine de crémants de tous horizons organisée a casa avec une poignée de potes hédonistes.
    Un autre article sur les armagnacs de demain, avec un zoom légitime sur les splendides Curiosités de Laubade, mais pas seulement.

    Et une série de brèves pour les Fêtes (caviar, vodka, whisky, rhum, gin... exceptionnels).

    Tous au kiosque ! L.M.

    IMG_4268.jpegIMG_4270.jpegIMG_4277.jpegIMG_4279.jpegIMG_4272.jpegIMG_4273.jpegIMG_4280.jpegIMG_4281.jpeg

  • Fascinants oiseaux

    Voici deux albums richement illustrés que proposent les éditions Quæ : L'art d'être amoureux chez les animaux, de Vincent Albouy, auteur naturaliste et entomologiste de formation, et L'art de communiquer chez les oiseaux, de Barbara Ballantine et Jeremy Hyman, universitaires américains et ornithologues.

    Capture d’écran 2021-11-24 à 19.14.35.png

    Le premier évoque toutes les stratégies amoureuses, les parades nuptiales qui figurent souvent des chorégraphies comme métaphore de l'art de séduire, les luttes entre rivaux, les ruses de toute sorte. Il y est question de recherche de partenaire, de cris, de chants, de phéromones, de joutes, de rixes, d'attachement, de cadeaux puis d'accouplement et de rites sexuels fascinants, qu'il s'agisse du lièvre, de la grue du Japon, du cerf, du rouge-gorge, d'hippocampe, de gorille, de papillon, de loup, de libellule, de seiche ou encore de crapaud, ou d'inséparable(s). Le texte est pédagogique descriptif avec tact et détail, les photos sont splendides (26€).

    Capture d’écran 2021-11-24 à 19.14.49.png

    Le second nous venant des États-Unis, il touche à une avifaune que nous connaissons moins bien que l'Européenne, mais qu'importe. Et puis nous rencontrons aussi au fil des pages des espèces présentes des deux côtés de l'Atlantique. Qu'il s'agisse de la huppe fasciée, de l'hirondelle, du pélican, ou du lagopède. Les auteurs s'intéressent aussi à des oiseaux de chez nous comme le grand tétras, ou le chevalier combattant. Sous-titré Chants, cris, plumes et danses, l'album passe en revue tous les modes de communication, les éléments des "langages oiseau", les moyens de se prévenir l'un l'autre ou d'alerter le groupe par des cris d'alarme, le don d'imitation de certaines espèces, les vocalisations, la magie des plumages changeants et des attributs sexuels hypertrophiés en période pré-nuptiale. Il est également question de territorialité et de défense du territoire... Les textes sont sérieux, précis, et les photos sont un enchantement tant informatif qu'esthétique (28€).

    Capture d’écran 2021-11-24 à 19.16.30.png

    Vinciane Despret, philosophe, psychologue, universitaire, s'intéresse particulièrement au concept de territoire chez l'oiseau, et son étude minutieuse par les ornithologues. Elle en appelle pour ce faire à une pléiade d'auteurs sérieux comme Philippe Descola, par exemple, dans Habiter en oiseau (Actes Sud, coll° Mondes sauvages). Observatrice hors pair de ce monde étrange des oiseaux de toute taille et de toute famille, sédentaires comme migrateurs, et surtout de leurs habitudes, elle décrit leur changements de comportements et s'émerveille de leurs bizarreries, de leur exaltation aussi, lorsqu'ils semblent chanter leur joie d'exister. La recherche du territoire et sa défense fascine l'auteur, comme le marquage, "la puissance des simulacres de présence", généralement l'oeuvre des mâles, l'appropriation, l'agression, la protection, la défense... Éclairé par de nombreuses références, tant historiques, sociologiques que philosophiques (Bruno Latour, entre autres, est convoqué), ou émanant d'une bio-acousticienne (spécialiste de l'écologie des sons), le propos de Despret est limpide, interrogatif, et ne manque pas d'être envoûté poétiquement par le chant d'un merle - lequel est et demeure notre préféré entre tous... (20€) L.M.

  • Beaujolais Nouveau, suite

    BeaujolaisVillagesNouveauMaisonPiron.png

    Dominique Piron, retenez ce nom (souvent écrit, ici), exigez-le ce soir si vous le voyez passer. C'est du très bon en Beaujolais Nouveau, et de l'excellent en Beaujolais Villages. Le premier est un authentique vin de plaisir, de partage, de copains, de rigolade, de charcutaille et de détente (8€). Le second, plus sérieux, est davantage gourmand, présent en bouche, tout en demeurant souple et léger, parce qu'il sait se (re)tenir, lors qu'il possède des réserves "sous le pied" (9,50€). Les deux peuvent être ainsi dégustés toute l'année qui vient, jusqu'en novembre prochain, surtout le second, mais ce soir, régalez-vous entre amis et/ou en famille. La Maison Piron, auteure de flacons iconiques notamment à Morgon, produit avec un souci qualitatif remarquable ces deux vins de soif et de gaité, pourvus d'une élégance et d'une teneur, voire d'une puissance exceptionnelle. L.M.

    BeaujolaisNouveauMaisonPiron.png

     

  • Le Beaujolais Nouveau est en train d'arriver

    IMG_3799.jpeg

    Au lieu de répéter à l'envi un mot que je dégaine chaque année lorsque, dès le troisième jeudi de novembre, un restaurateur tente de m'imposer une bouteille de Beaujolais Nouveau sur table : Non, merci, je préfère le vin... (usé jusqu'à la lie selon mes amis), et ne souhaitant heurter aucun des 2 000 domaines de l'aire d'appellation(s), je me contenterai cette saison d'une mise à jour de nos connaissances sur le motif.

    Un rappel, tout d'abord : Beaujolais, et Beaujolais-Villages Nouveaux figurent deux des douze AOC (Appellation d'origine contrôlée) du Beaujolais, avec de plus sérieuses, voire d'exceptionnelles : Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon (notre préférée), Moulin-à-Vent, Régnié, et Saint-Amour (qui voit ses ventes augmenter un peu bêtement, seulement autour du 14 février). 

    Le Beaujolais, c'est 13 500 ha plantés dans leur écrasante majorité en cépage gamay noir à jus blanc, qui couvrent 96 communes. Sur les 30 000 ha de gamay plantés à travers le monde, la moitié le sont en Beaujolais. Beaujolais et Beaujolais-Villages Nouveaux couvrent 7 500 ha de vignes à eux seuls. En volume, cela représente en 2020 135 000 hl pour les deux appellations concernées, soit 18 millions de bouteilles. La moitié (plus de 60 000 hl) est exportée vers plus de 100 pays. Le Japon est le plus gourmand, avec 29 000 hl, suivi par les USA (11 200 hl). À l'autre bout de la liste, les Pays-Bas n'en demandent que 900 hl. Autant dire que la fiesta est mondiale et que les bouchons sautent à qui mieux mieux un peu partout dans de nombreux bistrots, à date.

    Quelques Beaujolais rosés font leur apparition depuis quelque temps (4% du volume, soit 2 millions de bouteilles quand même, mais nous n'en avons encore jamais goûté). Beaujeu demeure la capitale historique du vignoble. Nous fêtons cette année les 70 ans de la première mise en commercialisation des Beaujolais Nouveaux (15 novembre 1951 : c'est aujourd'hui même !). Et c'est en 1985 que fut promulgué le décret fixant au 3e jeudi de novembre leur mise à la consommation.

    En France, dès jeudi prochain, ce sont 75 000 hl de Beaujolais Nouveau qui seront commercialisés, dont 48 000 hl (6 millions de cols) en grande distribution, et plus de 25 000 hl (3 millions de cols) en restauration et chez votre caviste.

    Sans attendre la date officielle, et afin de vous proposer un petit choix, nous avons pu en découvrir six, dégustés hier à six (avec force volaille rôtie, pommes de terre grenaille, fromages divers), de qualité inégale mais certaine, car tous étaient de franche tenue.

    Petit résumé du millésime : 2021 restera une année compliquée, car faible en quantité en raison d'aléas climatiques de sinistre mémoire. Par bonheur, la seconde moitié du mois d'août et le mois de septembre furent favorables à la préservation de la qualité des raisins. Les vendanges, qui ont démarré à la mi-septembre, ont duré quinze jours intenses, dans des conditions marquées par la fraîcheur, sensation que l'on retrouve avec bonheur dans le verre.

    Le Beaujolais Nouveau 2021 est vivace, et d'une expression aromatique appuyée dans l'ensemble. C'est fruité, tendre, gouleyant, friand, gourmand sur toute la ligne de cinq des six flacons dégustés, dont voici le compte-rendu de découverte, verre en main, et crachoir à portée :

    IMG_3948.jpeg

    Celui de Jean-Paul Brun, baptisé L'Ancien, fut sans conteste le meilleur, le plus sérieux, le plus vineux, le plus chargé d'âme, le plus concentré aussi. Robe cristalline, nez giboyeux, et de cassis, avec un parfum léger de cuir. Ça pinote en bouche, et sa légèreté est contrastée, qui alterne avec une réelle profondeur (9,50€).

    IMG_3943.jpeg

    Le Beaujo Beau d'Anthony Charvet offre une robe profonde, un nez de cerise mûre, et sa bouche, bien que courte, mâche un peu et laisse une trace de classicisme règlementaire. Notons la singularité de ce vin qui, après une macération de dix jours en qvevri, ou kvevri (jarre ovoïde provenant de Géorgie, le berceau du vin), est pressé en douceur et remis aussitôt en qvevri pendant quelques semaines, le jus profitant ainsi de la micro-oxygénation (8€).

    IMG_3940.jpeg

    Marie-Claude et Daniel Burnichon proposent un Beaujolais-Villages compétitif à tout point de vue. Oeil violacé avec un joli liseré rouge vif, nez de fruits noirs, bouche de framboise écrasée, avec une finale légèrement réglissée. Une grande fraîcheur générale se dégage de la dégustation, une fois le verre reposé (6,50€).

    IMG_3941.jpeg

    Perréonissime, du Domaine de la Madone (famille Bererd) présente une robe rubis avec de jolies teintes violines. Le premier nez est un peu carbonique, puis cela s'efface pour laisser s'exprimer la cerise Napoléon. La bouche, ample, rappelle la quetsche croquante du début de l'été. L'ensemble présente une étonnante vinosité, surtout en le goûtant à nouveau (l'envie de vérifier un truc) au bout d'un bon quart d'heure de salutaire aération (8€).

    IMG_3945.jpeg

    Plaisirs de Pégase, de la famille de Jean-François Pegaz (cela ne s'invente pas) à la robe sombre et profonde, présente un nez à l'attaque relativement vineuse, et des notes de framboise en bouche, et de mûre également. Un ensemble satisfaisant, bien que dénué de longueur, mais nous sommes... à cheval sur les principes (7€).

    IMG_3938.jpeg

    Enfin, le domaine des Marrans, de Camille et Mathieu Melinand, ne semble pas avoir été filtré, eu égard à l'opacité de sa robe, ni soufré peut-être (?). Rien de gênant, jusque là. Le nez cependant par trop carbonique, le demeure, et la bouche présente une acidité désobligeante. Nous cherchons le raisin, voire le vin; en vain (9,50€). L.M.

    ---

    Beaujolais Nouveau : Pour toute information.

     

  • Pautrel, Kafka et quelques autres

    Folio nous régale. Le Journal de Franz Kafka en édition intégrale : les douze cahiers (1909-1923) enfin réunis, près de 800 pages, c'est du lourd. Cette première traduction en format de poche du Journal non expurgé est un petit événement chez les inconditionnels de La Métamorphose, du Château et du Procès. Évidemment, le bonheur ne saute pas à chaque page comme avec Jules Renard ou Miguel Torga, diaristes de très haut vol, mais nous trouvons ici et là des trouvailles qui font tellement écho à la psychologie de Kafka, comme : Une cage allait à la recherche d'un oiseau. Cet épais volume égrène des observations de la vie quotidienne, de la rue, des heures de l'auteur, il alterne visions, débuts de récits, notes sur des personnages et descriptions de lieux familiers... Il nous permet surtout de visiter le chantier de l'oeuvre, l'arrière-boutique, l'atelier de l'auteur. Cela figure toujours un régal, quel que soit l'artiste. Un livre de chevet.

    Capture d’écran 2021-11-15 à 11.51.26.png

     

    Marc Pautrel possède une petite musique reconnaissable. Nous retrouvons ici la magie de La vie princière, qui fit connaître son auteur à un large public. L'air de rien, la prose de Pautrel coule, mais elle suppose un gros travail d'épure en amont. Cela devient magnétique, car l'auteur n'a pas besoin de nous prendre par le col à la première ligne et de nous lâcher à la dernière, 106 pages limpides et essentielles plus loin. Le consentement du lecteur opère avec alegria. Il s'agit d'une histoire d'amour platonique, ce qui ne court plus ni les rues ni les livres, et rappelle l'amour courtois des Troubadours. Et c'est ce qui insuffle la force, toute en retenue, de ce récit précieux intitulé L'éternel printemps.   

    Capture d’écran 2021-11-15 à 11.52.43.png

    Sur un tout autre registre, Cahiers de prison, d'Antonio Gramsci (1891-1937), est une anthologie capitale de quelques 800 pages concoctée par Jean-Yves Frétigné. Les fameux écrits rédigés dans sa cellule de Turi de 1929 à 1935 sur trente-trois cahiers, par le célèbre révolutionnaire italien qui fut l'un des membres fondateurs et même dirigeant du PCI (Parti communiste italien), sont un document pour l'histoire. Gramsci, emprisonné pour vingt ans par le régime fasciste (mussolinien), résista fortement, et travailla en écrivant une oeuvre dont la recherche se demande encore si elle appartient au marxisme ou si elle s'en détache, voire si elle ne constitue pas une théorie singulière, bien qu'imprégnée. Cet intellectuel et ancien journaliste qui était, pour citer Romain Rolland, pessimiste de l'intelligence et optimiste de la volonté, développa donc sa pensée sous les verrous. Fin connaisseur de la philosophie de Machiavel, et de celle de Benedetto Croce - entre autres, de l'histoire en général, en particulier celle de son pays, l'Italie (bien que Sarde, Gramsci devint italien, puis internationaliste), il s'intéresse aussi bien à des figures tutélaires de la littérature comme Pirandello qu'à la Renaissance, appréhendée comme révolution culturelle des classes dominantes. La pensée de Gramsci (que nous avions étudiée avec un réel appétit à Sciences-Po) ne semble pas avoir pris une ride, si nous la considérons comme celle d'un classique pour notre temps, selon l'expression de l'exégète et éditeur de ce large choix d'extraits. Nous retrouvons les grands principes de sa pensée, comme le concept de "populaire-nationale" pour qualifier la culture historique française, et que Gramsci admirait. Cette somme se picore au hasard et galvanise notre lecture d'un chapitre l'autre. Un autre livre de chevet.

    Capture d’écran 2021-11-15 à 11.51.52.png

    Alicia Gallienne (1970-1990) est un météore poétique. L'autre moitié du songe m'appartient, son unique livre (préfacé avec talent par Sophie Nauleau), et publié par la collection Poésie/Gallimard, est un recueil de sensibilité, de fulgurances, de mélancolie, de tonicité et de nombreux traits splendides comme celui-ci : Il est des fois où je voudrais boire la douleur dans tes yeux. Nous songeons à Louise Labé, mais c'est d'Alicia Gallienne qu'il s'agit. La mort par maladie ronge le corps d'Alicia et forge sa poésie, l'amour qu'elle découvre et qu'elle sait condamné à court terme la nourrit et, loin de l'anéantir, la charge d'adrénaline, laquelle devient poème, comme Le sillage du soir venu, insoutenable de beauté, et dont voici les derniers vers : ... Mais il faut partir avant /Avant qu'il ne soit trop tard dans le coeur de tes bras / Avant que tu ne m'oublies dans l'horizon du soir / Avant que tu n'aies l'illusion de me posséder entièrement / Car vois-tu je suis tout comme le vent / Tout comme le vent qui caressera ton visage / Pour toujours / Et qui portera en lui la saveur de ta peau / Où j'ai vu mon empreinte mon image / Une nuit ou peut-être toute la vie. La mort, l'amour, la vie, donc, dirait (presque) Éluard, et une énorme brassée de poèmes vigoureusement tendres nous restent de cette irradiante jeune femme qui écrivit à seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf ans, dans une urgence sereine, et ces précieuses palpitations lui survivent bellement. Et nous bouleversent. Un recueil de chevet (décidément). L.M.

    Capture d’écran 2021-11-15 à 11.53.19.png

  • Prochains rendez-vous

    Capture d’écran 2021-10-15 à 09.47.05.png

    - Salon du Livre de Dax : J'y serai demain matin 16 octobre de 10h à 13h pour signer notamment Le Bruissement du monde.

     

    Capture d’écran 2021-10-15 à 09.46.49.png

    - La Littorale, Anglet : Rencontre/conférence avec Anne de Malleray sur le thème L'écume des vivants. Suivi d'une signature de plusieurs de mes livres. Samedi 30 octobre à 11h.

    Capture d’écran 2021-10-22 à 10.12.29.png

    Et bien nous tenterons des approches singulières du vivant !..

    Capture d’écran 2021-10-22 à 10.37.12.png

     

    Capture d’écran 2021-10-07 à 16.54.29.png

    - Foire du Livre de Brive. J'y signerai les vendredi après-midi, samedi et dimanche 5, 6 et 7 novembre.

     

    - Médiathèque de Biarritz :  Le 20 novembre à 15h, Débat animé par Emmanuel Planes (suivi d'une signature) à propos du Bruissement du monde. => Médiathèque : rencontre et livres disponibles sur place

    Capture d’écran 2021-10-22 à 10.32.04.png

     

     

    - Salon du Livre de Pau : J'y signerai le 19 ou le 21 novembre.