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lectures

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    Lectures du moment. (Je m’aperçois que je picore toujours autant et que j’ai réellement besoin de commencer plusieurs livres à la fois ; d’en avoir une pile près du lit et une autre sur le bureau…). Tout d’abord les bouquins hebdomadaires du « Monde de la philosophie » (Platon, déjà évoqué, Aristote, Descartes et maintenant Voltaire!). La « bibliothèque de l'honnête homme » deviendra celle de mon fils lorsqu’il fera de la philo en Terminale. En attendant, je me sers une rasade vivifiante en diable d’ « Ethique à Nicomaque » (n'est-ce pas que c'est vivifiant, TiBo?) et je musarde dans Voltaire et Descartes, que j’avoue avoir toujours négligés, au prétexte imbécile qu’ils me paraissaient plus ringards que la plupart des philosophes. Tir en cours de correction, mon Capitaine !
    Lectures à rapprocher d’un petit bijou d’anthologie, qui paraît chez Arléa : « La Sagesse des Anciens » (auteurs grecs et latins) et qu’il faut avoir dans la poche arrière du jean’s avant de sortir.
    À côté, je lis la confession émouvante de Macha Méril, sur une fausse-couche subie jeune qui la rendit stérile. Cela s’appelle « Un jour, je suis morte » (Albin Michel). Je ne serais jamais tombé sur ce livre si je n’avais pas eu à interviewer son auteur longuement il y a une semaine (à propos de sa maison dans le Gers, pour le prochain n° de « Maisons Sud-Ouest »). Déjà rencontrée (nous étions tous les deux invités à l’émission « L’Académie des Grandes Gueules » sur Sud-Radio, elle pour sa « Biographie d’un sexe ordinaire »(Albin Michel), moi pour « Les Bonheurs de l’aube » (La Table ronde). Ce jour-là, mes préjugés à la con (pléonasme) sur les-comédiens-qui-se-piquent-d’écrire sont tombés… Cette femme  tient un discours profond sur le mal qui peut ronger un être, sur l’essentiel, l’amitié vraie, les paysages du Gers, la littérature. Et son dernier livre est bien écrit, de surcroît. C’est sec, direct, nerveux, laconique et fort comme une capsule de ristretto. A noter aussi, son « Sur les pas de Colette » (Presses de la Renaissance) qui comprend de jolies aquarelles.
    « La Route » de Cormac McCarthy (L’Olivier) est bien hard. Ce caddy-movie dans un paysage d’Apocalypse, d’après la fin du monde, avec un môme placé sous la haute protection de son père, est émouvant. Il tranche avec les précédents opus qui flinguaient les mômes à tout va. Mais je ne m’explique pas le style (ou la traduction) de « La Route » : c’est truffé de phrases courtes sans verbe et je me dis qu’un manuscrit comme celui-ci aurait été accepté par tout éditeur, pour son histoire, mais aurait dû être réécrit. En tout cas, cette Route est moins violente que le film des frères Coen (« No country for old man ») adapté d’un précédent roman bien glauque du même seigneur de Rhode Island (« Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme »). À propos, je ne retrouve plus « De si jolis chevaux ». C’est toi qui l’a, Marine?..
    « Marilyn dernière séance », de Michel Schneider, reparaît en folio. C’est touchant, parce qu’elle est touchante et son analyste, qui « se la rêve » est drôle. Leur complicité  déborde largement du cadre strict, à respecter, de toute analyse, mais le lecteur d’en fiche. Et puis Schneider étant lui même psy, il sait ce qu’il a -très bien- (d)écrit.
    « Le Baron perché » du grand Italo Calvino (Points/roman), repris (quelques pages chaque matin) pour le plaisir un peu enfantin de se laisser porter par un conte fantastique : du bonheur simple.
    « Eloge de l’énergie vagabonde », de Sylvain Tesson (les Equateurs), qui est notre Bruce Chatwin.  Ou un fils de Nicolas Bouvier, comme on veut. Il nous relate sa longue marche de l’Aral à la Méditerranée, par la Caspienne et le Caucase. J’ai un faible pour son chapitre sur les steppes kazakhes, sans doute parce que j’ai donné récemment un long texte sur le même sujet au « Journal des Lointains », que Marc Trillard dirige (ou plutôt dirigeait) chez Buchet-Chastel : il m’a appris tout récemment que sa belle revue-livre littéraire et vagabonde, disparaissait avec le dernier numéro, faute de moyens… (En revanche, « Choc » et « Entrevue » vont bien, merci).
    Mon pote Denis Tillinac publie un savoureux « Dictionnaire amoureux de la France » (Plon) qui fait semble-t-il un carton, où il est question de Montfort-en-Chalosse, de La Tupiña, le resto bordelais de mon autre pote Xira, de mousquetaires, de rugby, d’amitié, de sa Corrèze qu’il me fit connaître en 1984, et de bien d’autres lieux-dits d’une géographie sentimentale dont beaucoup de Tendres ont la Carte.
    Le chef-d’œuvre de Malcolm Lowry, « Sous le volcan », dans la traduction de Jacques Darras, reparaît en semi-poche (Les Cahiers Rouges/Grasset) et c’est salutaire. Relire ce monument alcoolisé, total, apocalyptique lui aussi, c’est reprendre confiance dans les piliers de la sagesse littéraire du XX ème siècle. Il faudrait… Tiens ! C’est la question du jour, friends bloggers (c’est usé, comme idée, mais ça fait toujours du bien, comme de refaire le questionnaire de Proust) : quels sont, selon vous, les 10 plus importants romans (pas livres, romans) du XX ème siècle. C’est parti !
    Donc, Lowry. Et ces quelques shorts, « Le Caïd et autres nouvelles » de l’immense Faulkner (folio 2€) extraites d’ « Idylle au désert ». Je suppose que Benoît a un avis sur la question. J’aime beaucoup celle intitulée « Neige ».
    Il y a cette curiosité, « Le Dîwân de Bagdad », qui paraît chez Sindbad/Actes Sud. Il s’agit d’une anthologie du Siècle d’or de la poésie arabe (fin du VIII ème – moitié du X ème). C’est splendide comme un conte des Mille et une nuits, sensuel et mielleux mais sans être mièvre, guerrier à l’occasion, toujours dense et fort comme un coup de cimeterre sous la lune (calembour à la Jeantet).
    À rapprocher de l’étude (elle en pond régulièrement sur le sujet) d’Henriette Walter (et Bassam Baraké), « Arabesques » : l’aventure de la langue arabe en Occident (Points/Le goût des mots). C’est de la linguistique soft et passionnante pour découvrir les centaines de mots arabes d’origine française et les centaines de mots français venus de l’arabe. Orient-Occident se sont au moins ainsi fiancés, depuis 1000 ans. Le résultat est toujours un enrichissement considérable des langues et l’apparition, peu à peu, d’une troisième langue issue des deux premières, génitrices. J’avais souligné cette sorte d’enfantement dans mon livre « Le Parler pied-noir » (Rivages). Et allez ! Un pet de promo !..
    En bref, pour finir, « Le démon de la théorie », d’Antoine Compagnon (points/essais) est un essai sur la littérature et le sens commun. Complexe, mais passionnant, à petites doses : bon... la théorie a ébranlé le sens commun, mais le sens commun a résisté à la théorie (l'Université et ses chirurgiens de la chose littéraire ont décortiqué, disséqué le corps du roman, notamment, à l'envi, mais la littérature, comme l'aluminium, résiste!). Il faut paraît-il assister à son séminaire du mardi au Collège de France, pour son discours sur Proust. A ver, a ver…
    Un petit Balzac pour la route ? Alors prenez ces « Histoires en rouge et noir » (titre de son éditeur-compilateur en poche, Pocket) qui reprend les fameuses nouvelles comme « El Verdugo », « Une passion dans le désert » et son inoubliable panthère, « Le Gilet rouge » (pas le pull-over !), « Le Grand d’Espagne », etc.  ATCHAO et à toute pour les 10 romans qui ont marqué le XX ème!