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JG, je m'interroge


Gracq, écrivain tantrique?
Gracq était un guetteur pusillanime qui observait au-delà, tapi en deçà. Occupé à sa phrase qui gouvernait seule la possibilité d’une action libératrice ; un dénouement. S’il avait le goût du risque calculé, il lui manqua l’audace de  franchir ce pas au-delà qui l’aurait propulsé dans l’arène du monde et du vivant. Au lieu de quoi Julien Gracq fut l’écrivain du regard scrupuleux et de la rétention. Il fut résolument l’écrivain du désir. Et plus encore de cette incapacité à se résoudre à sortir, non pas de sa réserve mais du lit du pensionnat. J’en reste convaincu. Gracq n’aura jamais pu affronter l’inconnu de ce dortoir qu’il maintînt à distance respectable. Et sa vie sociale tout entière fut le prolongement de ce choc à la fois fondateur  et déconstructeur. Le hiératisme de Gracq tiendrait finalement davantage d’un banal défaut de courage que d’une ascèse admirable et exemplaire car naturellement consentie. Sans doute est-ce pourquoi il vénérait  « Les aventures du capitaine Hatteras ». Elles flattaient à l’envers son impuissance à agir. L’action dans son œuvre est toujours à venir. Comme le livre de Blanchot, le silence de Jabès, la musique tue mais si sonore de Bergamin et les chemins qui ne mènent nulle part de Heidegger. Il est l’anti-Char de l’éclair me dure et qui était du bond (Un Char d’action). Gracq ou l’immobilité seulement mue par les tourbillons et les remous de l’Evre et de la Loire à ses bords ? –Chi lo sa ?


Commentaires

  • Il y a fort à parier en effet que J.G. ne fut pas jamais, ni bon, ni mauvais amant, mais pas amant du tout. J'ai ouie dire, il y a vingt ans de cela, par une dame qui l'avait fréquenté d'assez près, qu'elle le soupçonnait d'avoir toujours mené une vie chaste. Le lit du pensionnat, et ce qui s'y passa - ou pas - est peut-être une des clés du personnage, de son retrait. Un choc dites-vous, fondateur peut-être de toute une attitude face à la vie et à la littérature. Il faut lui reconnaître le droit d'emporter ce secret dans la tombe.

  • d'aucuns lui ont connu certaines histoires sentimentales, notamment avec Nora (?) Mitrani, femme (?) de Michel Mitrani, qui porta à l'écran "Un balcon en forêt" (c'est peut-être elle la Mona du livre), avec sans doute Sunsiarê de Larcone, aussi (qui pérît dans l'Aston-Martin conduite par Roger Nimier, son amant d'alors : en septembre 62). J'ai, entre temps, viré la phrase sur Gracq amant... La jugeant superflue et un rien vulgaire. Tenons nous en à ses livres, dont le ravissement sera effectif pendant des siècles.

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