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Ovalittérature

Au journal « Sud-Ouest », où il officia et où j'étais également reporter, Patrick Espagnet fit exploser son talent de journaliste sportif. On avait coutume de comparer Patrick à Antoine Blondin, c’est notre Blondin, résumait-on. Ses vrais amis préféraient dire de Patrick qu’il était leur Espagnet. Son style, ses portraits inoubliables des Rapetous du CABBG, le club de Bègles, ses amitiés ovales, sa faconde et sa générosité n’avaient d’égal que son talent immense et ses propensions à se foutre dans des colères blacks lorsqu’il avait un peu bu. Ce qui arrivait fréquemment. Ce que nous lui pardonnions tous. Enfin, presque tous (la drection du journal vit cela d'un oeil de plus en plus torve, à la fin). Patrick a laissé quantité de reportages sur le rugby qui lui ont valu une moisson de prix de journalisme sportif, et un bouquet de nouvelles ciselées comme des diamants remontés brut de pomme d'une mine d'Af'Sud. « Andy » est l’une d’entre elles. Elle résume, depuis un coin paumé de Nouvelle-Zélande, le lien viscéral qui unit tous les membres de la famille ovale. J’ai envie de vous offrir les premières lignes de ce texte, en hommage à une plume du rugby disparue trop tôt, le 18 janvier 2004. ¡Adios amigo! Adiou lou Patrick de Grignols! LM

ANDY

  « Masterton. Nouvelle-Zélande. Un drôle de bled. Un trou du cul du monde qui aurait pas de fesses. Des rues coupées au couteau, droites et longues et qui sentent autant la vie qu’un cyber-café sent le bistrot.
  Deux pubs. Quelques magasins de fil de fer barbelé, de clôtures en tous genres. Quelques garages de machines agricoles. Des épiceries achalandées comme pour passer les Rocheuses. Des gens costauds, sympathiques et lisses, usés comme des pionniers.
  Masterton. Deuxième match de l’équipe de France de Berbizier en Nouvelle-Zélande. Un match du mercredi, comme on dit en tournée. Un match de peu, mais avec toutes les trouilles. Celle des remplaçants qui aimeraient bien gameller à  l’auge des tests. Celles des titulaires qui ont peur de lâcher le fricot. Déjà le Catalan Macabiau semble sur le point de goûter le bois du banc…
  Le groupe, comme ils disent, est tendu. Avec des clans qui paraissent s’observer. Sans vraie joie. Avec un entraîneur plus abbé de Lannemezan que jamais.
  On a mis cinq heures de bus pour arriver là. On rencontre même pas une équipe de province. Simplement il s’agit, en toute reconnaissance pour immenses services rendus, de faire plaisir à Brian Lochore, le magnifique et mythique numéro huit Black des années soixante. Il est éleveur de moutons, comme presque tout le monde ici. Un colosse à la gueule de John Wayne mais dont on soupçonne qu’il n’aura jamais besoin d’une Winchester pour inquiéter la menace… »  Patrick Espagnet, in : « XV Histoires de rugby », éditions Culture Suds, 3, rue Sansas, 33000 Bordeaux.



Commentaires

  • au début je me suis dit, basta gamin, cesse de jouer les coffre à ballons de la case commentaires, tête donc la goutte savoureuse de l'Espagnet et passe ton tour...ce que je fais.

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