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Il regardait la mer

Qui se souvient de Il regardait la mer, de Bernard Clesca, paru chez Régine Deforges en 1986 ? Un bijou de 80 pages (remarquez une chose : lorsque la littérature devient capitale, elle excède rarement les 80 pages. C’est un Cap). J’en écrivais ce qui suit dans Sud-Ouest Dimanche, le 25 mai 86 (papier retrouvé plié en marque-page du Clesca, avec la copie d’une pub parue dans Le Monde, qui reprenait un extrait de mon papier, façon « Un écrivain est né!», Adrien Machprot, EscarteFigue-Mag.)...

Titre : Comme un détail sur une porcelaine.
Chapô : Cinq (*) petits livres intimes où le parti pris du détail sur la fresque.
Bernard Clesca vous cloue de plaisir avec « Il regardait la mer ». Son troisième livre. Un texte pur et sensible comme une antenne d’escargot. Clesca écrit au creux de la vague, avec des mots forts qui restent, comme le sel signe sa trace sur une épaule… Un frère meurt, la neige s’accorde à l’absence. Reste la mer. Une île. Le regard. L’aube, seule capable d’apaiser le cœur. Et l’indifférence à tout ce qui n’est pas beauté furtive : « Avide de silence, comme on l’est d’eau légère au long d’un lent périple, il a tenté de renaître au monde en des noces singulières. Hors la mer, les nuages et la splendeur de l’aube, tout lui est devenu étranger. ». En lisant « Il regardait la mer », on est tenté de tout souligner et, le relisant, de tout dire, mais à voix basse. Ce livre mince est précieux. Comme une blessure, on a du mal à le refermer. L.M.
(*) Les quatre autres que je traitais dans le même papier, étaient Faux journal, de Jude Stéfan (Le temps qu'il fait), Le sentiment de la langue, de Richard Millet (Champ vallon), Désobéir, de Martin Melkonian (Seuil), et Les écailles d'argile, d'Allain Glykos (Phalène). 
 
De Richard Millet, déjà rassemblé dans cette note impressionnante, le touch of : Les infimes frissonnements du visage et du corps par quoi l'on devine qu'une femme est sur le point de nous céder : ainsi les modifications crépusculaires d'un paysage, en automne. 


Commentaires

  • Entre deux paragraphes de mon effort , je viens respirer votre air et je tombe là-dessus, un vrai bonheur. 86, 16 ans, les livres faisaient encore peur( c'est con mais va comprendre), alors on se réfugiait au cinéma...Clesca s'il est en poche mais ça métonnerait, je m'y précipite. Pour ce qui est de Milliet, résonnent encore dans ma mémoire de liseur, l'écho de la "gloire des Pythre", ressugissent tous ces gens de peu à la André Suarez, agonisant dans leur épopée des combes.

  • Oui. Des Forêts n'avait pas encore donné son Ostinato, ni Gracq ses Carnets du grand chemin ou Simon son Tramway. Nous ignorions donc que de grands bonheurs surgiraient encore. Comme aujourd'hui me dis-je aujourd'hui, à cause du ciel bleu. (Clesca n'est pas en poche, non, et Millet a fait une belle "carrière" depuis).

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