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Xiradakis

  • Xira et sa Tupiña


    Voici la fin du papier que vous pouvez lire in extenso dans Maisons Sud-Ouest actuellement en kiosque.

    "Si l’on bardait Xiradakis avec les éloges qu’il ramasse chaque semaine à la pelle, dans la presse du monde entier, il tiendrait à la fois de la poularde demi-deuil qui fleure bon la truffe en surnombre et du général argentin ou soviétique des grandes années, aux épaules cuirassées de médailles. Quelques exemples : meilleur bistrot du monde en 1994 par l’International Herald Tribune, restaurant de l’année 1995 dans le Times, La Une du New York Times en 1997, classé parmi les 50 meilleurs restaurants du monde par Restaurant, magazine grand-breton, classé parmi les 10 restaurants « qui jouent le mieux avec le feu » au monde par Gourmet, magazine américain. Parfois, c’est drôle et Xira en rigole de bon cœur : en 1996, il est élu homme de l’année dans sa discipline, la cuisine, par  le Times de Londres, aux côtés de Tony Blair pour la politique et de Jonathan Davis pour le sport !.. Rien ne semble cependant capable de tourner la tête de Xira, qui garde au fond de lui, confit dans une couche de sagesse, une solide sérénité face aux paillettes et que je veux nommer simplement intelligence. Celle qui pétille en permanence dans ses yeux derrière les carreaux de ses lunettes. Bien sûr ça lui fait plaisir ! Qui resterait de marbre face à tant d’éloges ? Xira cultive l’autodérision comme d’autres l’orgueil. C’est dire. Xira s’est toujours méfié des trompettes de la renommée, si justement nommées !  Avec un mot qui commence comme tromperie et qui finit comme tripette, comment ne pas fuir ? Xira mégalo, cabot, fanfaron ? Xira séducteur de journalistes ? Cent fois je l’ai entendu et lu. La vérité, c’est qu’il s’en fout, pourvu qu’il puisse encore trinquer avec ses vrais amis, faire sourire une jolie fille. Xira est avant même d’être cuisinier, un homme du plaisir, du partage, de confiance, d’amitié, de fidélité, de dévotion, de transmission et d’amour. Jean-Pierre Xiradakis n’a jamais pris la grosse tête. D’ailleurs, elle « chausse » du 58 dans le casque qu’il pose dessus (j’ai vérifié) avant d’enfourcher son scooter rouge vif, façon Alfa Romeo, pour traverser la ville et rejoindre plus vite un copain dans un bistro. Car l’homme est avant tout un marcheur invétéré. Auteur du  « Piéton de Bordeaux », qui offre 10 itinéraires puissamment découvreurs à celui qui sait laisser ses préjugés sur « Bordeaux-ville-fermée-et-gniagniagnia », qui sait ralentir son pas, lever les yeux, soupeser le poids de l’histoire, le détail d’un balcon, l’originalité d’une façade, la confusion des genres. Notre homme est un infatigable useur de semelles. Il arpente le vignoble comme il prend les Landes à bras le corps jusqu’à Sainte-Eulalie. En plein Vinexpo, cette année ! « J’avais besoin de faire le vide. Cette effervescence, ça me foutait le bourdon. » Avec son vieux complice Jean-Marie Amat, ils ont marché des journées entières dans des conditions parfois difficiles et sur des reliefs peu amènes ; y compris désertiques. Marcher, toujours marcher. Pour se retrouver, mettre tout à plat, garder la tête froide et repartir de plus belle, le « gniac » de la vie, la vraie, chevillé au corps et à l’esprit. Xira le touche à tout (sauf à la copine d’un copain !) donne dans l’écriture : il faut lire son « Bordeaux l’héritière » et sa « Cuisine de la Tupiña ». Il donne dans la radio sur France Bleue, dans la télé à l’occasion, il exposait ses photos à l’Office du tourisme en juin dernier. Lorsqu’il n’est pas à La Tupiña, il se fait l’ambassadeur des produits du « grrrrand » sud-ouest qu’il aime viscéralement depuis sa naissance rue Lafontaine. Et passe une semaine à New York pour cela s’il le faut !
    Alors c’est vrai qu’une rando à pied en sa compagnie dans les rues méconnues du « Bordeaux de Xira », du côté des « Capu », de la rue Elie-Gentrac, de Saint-Michel dans les coins, peut ressembler à une présentation en règle de ses copains fournisseurs ou pas, d’ailleurs. Du genre : je vous amène des journalistes. C’est précisément là que réside la générosité du bonhomme, que d’aucuns (encore eux !) confondraient avec de l’opportunisme déguisé. Sous-genre : j’avance toujours, pedibus cum jambis, dans les rues de ma ville, chaque matin dès 8 heures, précédé de mon ventre (fais un peu gaffe, Jean-Pierre) et suivi d’une Cour « Pressée ». Après tout, l’Ambassadeur number one des produits authentiquement sud-ouest fait son boulot. Et bénévolement en plus. Sa ville le lui rend bien. Comme le Candide de Voltaire cultivait son jardin, le faux Candide Xira, en vrai bretteur gascon, sait cultiver ses connexions.  On le dit large avec « qui il faut ». Paroles de mauvaises langues, donc de mauvais palais. De buveurs d’eau. Xira a toujours su de quel côté la tartine était beurrée. C’est tout. Sinon, il n’aurait pas fait cuisinier. Mais taupinier." ©Léon Mazzella
     

  • Grèce de canard

    A LIRE DANS "MAISONS SUD-OUEST" QUI PARAÎT JUSTE, LÀ, ce reportage que j'ai réalisé sur "Le Bordeaux de Xira". En voici les premières et les dernières lignes. Le reste? -en kiosque, té!..
     
     
    D’aucuns ignorent qu’il y a dakis derrière et Jean-Pierre devant, tant Xira est connu par son diminutif. Jean-Pierre Xiradakis, le moins Grec des Bordelais, le plus Bordelais des Grecs, le plus Gascon des hommes de goût (avec une poignée d’autres, de la trempe d’un Jean-Jacques Lesgourgues ou de celle d’un Jean Lafforgue), que la Gascogne ait engendrés depuis un bail, Jean-Pierre Xiradakis fait partie des meubles de sa ville, entrée au Patrimoine de l’humanité le jour où nous réalisions cette interview. L’Unesco, ça va donner 30% de tourisme en plus. La belle cité des 3M (Montaigne, Montesquieu, Mauriac) feint de n’en avoir pas besoin. Demeure British jusque dans ses moindres, ou planétaires, affectations. Avec son miroir d’eau, devant la Garonne et face à la somptueuse Place de la Bourse, que les pieds nus des Bordelais se sont immédiatement approprié et quantité de rafraîchissements et autres ravalements de façades, la ville a été refaite à neuf, briquée comme une pièce de cent sous, y compris sa rive droite, qui revit depuis quelques années. Le long des quais, à deux arrêts de tramway de la Gare St-Jean, se trouve une porte, moins impressionnante que l’une de ses voisines, la Porte-Cailhau, sous laquelle ont longtemps siégé les précieuses éditions de l’Orée, de Martial Trolliet (en voilà un autre, authentique Gascon !) : la Porte-de-la-Monnaie. À l’instar de la rue Vital-Carles que l’on pourrait rebaptiser rue Mollat en ajoutant librairies Vital-Carles, la rue Porte de la Monnaie pourrait être rebaptisée un jour rue Xira ; restaurants de-la-Monnaie. Une institution y trône au premier angle, c’est la Tupiña. Avec un tilde (prononcez « énié ») sur le « n ». Même s’il ne figure pas sur tous les documents et même si Xira lui-même s’en fiche un peu, que cette moustache capricieuse repose ou non sur le « n » du nom de ce restaurant, qu’il acheta pour une poignée de lentilles, comme le père Tari acheta château Giscours une poignée de pois chiches et comme Curzio Malaparte acheta sa fameuse maison à Capri une poignée de figues...
     
    ...Alors c’est vrai qu’une rando à pied en sa compagnie dans les rues méconnues du « Bordeaux de Xira », du côté des « Capu », de la rue Elie-Gentrac, de Saint-Michel dans les coins, peut ressembler à une présentation en règle de ses copains fournisseurs ou pas, d’ailleurs. Du genre : je vous amène des journalistes. C’est précisément là que réside la générosité du bonhomme, que d’aucuns (encore eux !) confondraient avec de l’opportunisme déguisé. Sous-genre : j’avance toujours, pedibus cum jambis, dans les rues de ma ville, chaque matin dès 8 heures, précédé de mon ventre (fais un peu gaffe, Jean-Pierre) et suivi d’une Cour « Pressée ». Après tout, l’Ambassadeur number one des produits authentiquement sud-ouest fait son boulot. Et bénévolement en plus. Sa ville le lui rend bien. Comme le Candide de Voltaire cultivait son jardin, le faux Candide Xira, en vrai bretteur gascon, sait cultiver ses connexions.  On le dit large avec « qui il faut ». Paroles de mauvaises langues, donc de mauvais palais. De buveurs d’eau. Xira a toujours su de quel côté la tartine était beurrée. C’est tout. Sinon, il n’aurait pas fait cuisinier. Mais taupinier.