News from Paros
L'incidence de l'Histoire et de notre écume culturelle font que nous appréhendons un pays avec l'empreinte intérieure d'une non-réalité. Souvent d'un anachronisme doublé d'une idéalisation. Ainsi de la Grèce où je me trouve. Je m'attendais très stupidement à croiser Socrate dans Plaka, à proximité de l'Agora. Sur les plages de Martselo et de Malatesta, sur l'île de Paros ce matin, je me suis étonné de ne pas voir Achille pleurant Patrocle. Un remous dans l'eau et je pensais très connement à Poseidon. Je dois ces visions à des lectures matinales (mon viatique grec se compose d'une carte Visa, d'une brosse à dents, de tissus divers et de:Vidal-Naquet, Homère, Vernant, Lacarrière, Veyne, Citati). Le mérite de cette imprégnation est de devenir (presque) aveugle au tourisme qui m'entoure. Cela ne durera pas. Déjà, les voix indécentes des touristes gagnent le silence qui habitait la Baie de Parikia depuis l'aube. Les touristes ont des moeurs exactement inverses à ceux de la population locale, sous ces latitudes : ils sortent et s'exposent au grill du soleil aux heures les plus folles, lorsque le Grec se terre à l'ombre et au frais; jusqu'à l'heure exquise de l'ouzo... La non-réalité c'est que le Grec qui vit de la viande touristique, porte une casquette NY, un faux tee-shirt Von Dutch, des tongs comme vous et moi et qu'il ignore peut-être tout de la geste homérique, comme l'Espagnol de la Costa Brava connaît le Quichotte par si-dire et le franchouille de Palavas ou de Bénodet, La Recherche à travers... rien. Voyager n'est pas décevant pour autant. Ou si peu. Le regard porte loin lorsqu'on sait dépasser. La vérité est souvent dans le dépassement...