Hypnos
"Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé."
René Char, Feuillets d'Hypnos (fragment 59).
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"Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé."
René Char, Feuillets d'Hypnos (fragment 59).
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Commentaires
En ovaladdict pardi que je réagis ( la choule vous avez raison c'est le meilleur blog, le plus réfléchi, le plus original, qui ait été fait sur le rugby), en replaçant la phrase dans le contexte clausto qui a donné le ton de la phase préparatoire de nos bleus. Histoire de pointer la stupidité et tout l'obscurantisme de ce huis clos permanent imposé à des être que le professionnalisme contraint déjà à se cotoyer 24 h sur 24h. Ceci entraînant le sentiment d'asphyxie, d'étouffemeent et pire de repli sur soi, de quoi faire le lit à la parano la plus destructrice. Un état assez peu propice à l'épanouissement. C'est ce que sous tend la phrase de Char, l'état de manque est nécéssaire. en grand drogué de l'ovale, on reprendra la phrase de Galthié "il faut savoir raccourcir les entraînement comme savoir se désentraîner. ( réflexion de la choule à ce propos qui vaut le détour) oui bon je file...je file...
Ce qui est le plus délectable dans la poésie c'est que l'on peut interpréter des vers selon sa propre imagination. Moi, j'aimerais tourner celui-ci, certes en trahissant la pensée de l'auteur mais je suis persuadé qu'il ne m'en voudra pas, en rebondissant sur l'adverbe "souverainement": fermer les yeux par sa propre décision.
Non plus pour savourer ensuite les beautés de la vie, mais pour oublier la vie. Fermer les yeux pour rêver. Rêver éveillé et s'enfuir. Ni sur Terre, ni chez Morphée, juste ailleurs. Là où l'on veut, enfin libre. S'allonger sur un nuage. Disparaître dans sa mousse lactée. Et rester naîf et rempli d'illusion.
On peut ensuite réouvrir les yeux. La vie devient bien plus supportable puisque l'on sait qu'à tout moment la fuite est possible.
Voilà ma réaction, c'est pas la pensée de l'auteur, ça peut paraître un peu pessimiste (en même temps c'est mon caractère!), mais c'est pas grave.
@+
pessimiste oui un brin. y'avait cette ritournelle qu'on chantait par chez nous, "un brin de laine pourrie m'entraîne..." pessimiste certes. Mais quant le désespoir se nippe d'une élégance...aussi souveraine. après vous avez raison au sujet de l'interprétation poétique. Le sens, au bout d'un vers, peut ( ou pas) s'y débusquer tel un gibier d'eau...tout ceci est souvent affaire d'instinct, science de l'instant. votre éloge de la fuite, les yeux fermés, le réconfort niché au creux ouaté du nuage, ici ça le fait aussi... du ressenti tout ça, qui la plupart du temps se respire et souffre l'explication à tout crin.
Merci de ces remarques enrichissantes : c'est fou de réaliser une fois encore, à quel point à partir d'une lecture les directions qu'empruntent nos esprits ressemble à l'effet d'une bombe à neutrons.
Oui, l'état de manque est nécessaire à toute véritable action ou réaction.
Oui je crois que l'italique de souverainement est ici fondamentale. Oui, enfin, l'élégance du désespoir produit les gestes les plus beaux de la chorégraphie de l'âme humaine.