Michon l'immense
Le grand écrivain des vies minuscules et autres vies de... livre un beau bouquet d'entretiens sur la littérature, donnés ici et là depuis 23 ans et rassemblés par Albin Michel sous le titre Le roi vient quand il veut. Une somme d'intelligence à l'état brut, un feu d'artifies de subtilités sur l'esprit de la création littéraire. Michon confie qu'il "écrit court pour garder intacte l'émotion, le tremblement, d'un bout à l'autre. La longueur de corde impartie au fildefériste est brève", ajoute-t-il. Pierre Michon recherche l'épure du roman, ou du récit, et pense avec Bataille que l'on ne peut s'attarder à des livres auxquels, sensiblement, l'auteur n'a pas été contraint. Si cela était raisonnablement observé par la machine littéraire, les libraires auraient davantage de place...
Commentaires
C'était, il ya quinze ans, à l'époque de " qu'est-ce qu'elle dit Zazie?" une merveille d'émission littéraire comme, hélas, on n'en fait plus,( à cette époque, la caméra avait d'uatres urgences que de cadrer la liquette Agnés B du présentateur...on ne voyait que l'auteur, on lisait des extraits de livres...), c'était il y a longtemps, Pierre Michon se tenait au coin d'un feu d'autrefois, crépitant dans un théatre d'ombres sorti d'un tableau de l'école flamande, au fin fond d'une combe de province, Pierre Michon revenait sur l'avenir du roman, répondant aux questions de Jean- Baptiste Harang...c'était à ne pas croire. Apprenti chroniqueur de bouquin ( littéraire serait présomptueux) on venait de relire( on l'avoue mis sur la voie par une critique de Jorge Semprum) la grande beaune pour la 10 em fois, mon rédac chef avait bein consenti à un demi feuillet...le livre d'une journaliste d'Elle était , selon lui, plus prioritaire...
Michon était déjà considéré comme un grand (ses Vies minuscules paraissent en 84 et l'imposent d'emblée). Ah!.. La grande Beune... Et tous les autres. Dans le Michon, tout est bon.
bien sur que tout est bon dans le Michon ( et que vies minuscules l'avaient imposé depuis cette année orwellienne! perso j'ai un faible pour Rimbaud le fils et peut-être plus encore pour Le roi du bois. A la fin de livre, résonne encore cette phrase qui depuis me martèle la tête, va comprendre Charles "Maudissez le monde, il vous le rend bien." sortie de la bouche de ce personnage aigre, parce que la peinture ne l'a pas fait Prince et qui pour édifier son royaume n'a pu faire autrement que de se résoudre à "la parole plus courte des armes" ( la phrase est d'Erri de Luca"), et là je me dis qu'elle va comme un gant "aux pilleurs" dont vous parlez plus haut. ...mais je file déboucher cet Irouléguy ( deux heures avant c'est bien je crois) qui promet déjà d'être ce sang de la terre comme on les aime, à hauteur d'homme.
oui juste pour signaler , à la sauvette, ce que may be toutes et tous, ici savent déjà, soit une interview assez conséquente de Saint-Michon dans le Télérama de cette semaine.
Oulà! je vais aller voir çà de plus près! J'achève bientôt la compil' de ses entretiens ("Le roi vient quand il veut") et je le répète : c'est un bouquin formidable pour mieux comprendre Michon. Et d'une intelligence folle. Je me sens michonisé en ce moment : j'ai également acheté "Trois auteurs", que je n'avais pas encore lu (sur Balzac, Cingria et Faulkner) et la magie des entretiens, c'est qu'il s'agit d'un livre qui nous fait rebondir sur d'autres livres : il donne envie d'interrompre la lecture pour foncer chez le libraire et acquérir les bouquins de Faulkner dont il parle, par exemple, et que l'on a la "chance" de ne pas connaitre encore. Ou de relire Flaubert illico, à la lumière de ce que Michon nous en dit. Bref, c'est carrément jouissif.