Boire le soleil
Le Clezio, parfois, a des moments beaux. Simplement beaux. Ces lignes extraites de Lullaby, par exemple, parce que son dernier, Ourania, était mou, mais d'un mou (lui aussi...)
Lullaby sentit que ses forces revenaient. Elle sentit aussi le dégoût, et la colère, qui remplacaient peu à peu la crainte. Puis, soudain, elle comprit que rien ne pourrait lui arriver, jamais. C'etait le vent, la mer, le soleil. Elle se souvint de ce que son père lui avait dit, un jour, à propos du vent, de la mer, du soleil, une longue phrase qui parlait de liberté et d'espace, quelque chose comme cela. Lullaby s'arrêta sur un rocher en forme d'étrave, au-dessus de la mer, et elle renversa sa tête en arrière pour mieux sentir la chaleur de la lumière sur son front et sur ses paupières. C'etait son père qui lui avait appris à faire cela, pour retrouver ses forces, il appelait cela boire le soleil...
Commentaires
Un être que j'apprécie rétorquerait, "du flan" pour certains : elle est née dans un manteau de vent, elle suit les cimes comme les oiseaux migrants, il y a longtempts que ce vent la protège, la protège des feux, des sotilèges... elle vient d'Espagne, d'Italie ou d'Orient, le vent lui parle comme la voix d'un parent, elle part tout droit voir l'horizon devant.... hombre libero... Il ajouterait, c'est pas du sang qui coule dans ses veines, ce sont les rumeurs de vagues au bord d'un océan, un rêve, un royaume, un été qui s'achève dans une maison en bois, ce n'est pas du sang, pas du vent, juste la rivière de sa vie, le hasard des danses... alors, la suite de Le Clezio, ben elle aurait une autre tête.... je crois.
Merci pour ce beau commentaire, Aude. Il donne envie de connaître le fort caractère qui se cache derrière cet être "apprécié" et qui fait de la Lullaby de Le Clezio un personnage rimbadien, un être d'amour impossible à rattraper, car comment poursuivre sans capituler aussitôt, celle ou celui qui a des ailes à ses chevilles...