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De deux crémants

Il est devenu banal de répéter qu’un bon crémant vaut mieux qu’un mauvais champagne. Ce fut d’ailleurs le titre d’un article que j’ai publié il y a deux ans environ dans le magazine « Tanin », à partir d’un banc d’essai de pas moins de soixante-cinq crémants de la France entière effectué à la maison avec le concours de quelques amis armés de papilles aguerries.

Là, je viens de déguster juste deux effervescents qui confirment qu’un brut de base champenois est souvent médiocre, qu’il soit élaboré par une marque ou par un manipulateur récoltant (on trouve de tout parmi les champagnes de vignerons), et que certains crémants les surpassent avec maestria (y compris bien sûr par leur prix).

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Le premier est en AOC Crémant de Bourgogne, il se nomme De Vergy (2020), il est issu de Pinot noir, de Chardonnay, de Gamay et d’Aligoté, et il a vieilli au moins 36 mois sur lattes. À l’œil, le cordon est discret, comme la mousse, sous une robe brillante. Au nez, l'agrume le dispute à la pêche, mais les notes florales l’emportent. En bouche, la pomme s’ajoute aux flaveurs précitées et la finale est tendre. Il a correctement épousé une truite pyrénéenne crue, à peine citronnée, ainsi qu’une poignée de Saint-Jacques vivement snackées.

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Il escorta silencieusement les poèmes de la chanteuse Clara Ysé, « Vivante » (Seghers). Extrait : Beauté / Ta voix sur le fil / Ton étreinte tendre / Bleutée de nuit / Les oiseaux ont traversé l’océan / Pour t’entendre respirer. Et les fragments délicats de Sylvain Jamet, « Notes fantômes » (Louise Bottu). Extrait : Note sur le réel : Décrire simplement le réel, avec ou sans brouillard, n’est pas une tâche facile. Le réel est superbe, toujours, mais tout le monde s’ennuie et saute les pages.

Pour la longueur en bouche littéraire, ce crémant se réjouît du « Murmure », du regretté Christian Bobin (folio), lequel évoque le froissement d’ailes gigantesque que la chorégraphie d’un immense vol d’étourneaux produit dans le ciel. Extrait :  Quand le génie entre en scène, ce n’est pas lui qui est là, c’est la délicatesse infinie de la vie, le stéthoscope plaqué sur la poitrine de Dieu, les battements qui s’accélèrent, les tambours de l’amour immortel. Le retour de l’esprit. Deuxième escorte, musicale comme il se doit : passée une sélection de pièces pour viole de gambe de Monsieur de Sainte-Colombe interprétées par Jordi Savall, nous passâmes à The Durutti Column, « Bordeaux ». Cliquez là =>  La Colonne Durutti

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Le second crémant dégusté nous vient du Jura et il a notre préférence sur le bourguignon. Domaine Maire & fils (Brut millésime 2019). Ce 100 % Chardonnay présente une robe qui a du claquant. La bulle est fine et danse agréablement le long de la paroi du verre. Prune noire, pomme verte, citron jaune sautent au nez. C’est sec mais point aride, et l'acidité est sérieuse mais équilibrée. Un crémeux soyeux achève de nous séduire en bouche. Il prit une pintade savamment marinée à la hussarde, non sans avoir fait montre d’audace face à des crevettes crues franchement mâtinées de curry.

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Nous lui avons servi « Stanislas » de Simon Liberati (Grasset) dont la sincérité profonde n’a d’égale que la profondeur du style de ce roman intime, en forme de confession. Et les poèmes de la grande Ingeborg Bachmann, « Toute personne qui tombe a des ailes » (Poésie/Gallimard), laquelle est d’ailleurs le mentor spirituel de Clara Ysé.  Extrait : Les nattes se défont, les couples d’ombre sombrent / dans le brouillard, de la colline proche / roule la lune stérile, prend possession des champs / et le pays à sa solde toute une nuit durant. Et pour le côté primesautier des bulles, la légèreté d'un roman épatant de Marin de Viry, « Le continent masculin » (Rocher). C'est percutant, précis, satirique, drôle, brillant, désaltérant et si bien écrit. Extrait : Ses propres dîners étaient comme un délassement un peu passé de mode dans sa vie, comme le ski de piste à Courchevel.

L’escorte musicale fut composée d’un pot-pourri de Nat King Cole en Espagnol, puis d’un classique si sensible, « La romance de Nadir », issu de l’opéra de Bizet intitulé « Les pêcheurs de perles » dans l’interprétation qu’en donna Tino Rossi. Et oui. Pas de Pavarotti ni même de Caruso aujourd’hui (en hommage à mon père qui adorait Tino). Cliquez là =>  La romance de Nadir  L.M.

 

 

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