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Grande brouette des marécages

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Parfois, un vers de René Char frappe à la porte de ma mémoire – j’en ai accumulé tant au fil des lectures. Là, c’est celui que je me récite chaque fois que je vois un clochard endormi près de son écuelle et d’une bouteille de mauvais alcool. « La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles. » Même si le mot illettré est sans doute injuste la plupart du temps, le vers surgit en moi et il vit tandis que je dépasse le gisant mis en lumière par la poésie. L.M.

La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles
l'inquiétude imperceptible des charrons
les pièces de monnaie dans la vase profonde

Dans les nacelles de l'enclume
Vit le poète solitaire,
Grande brouette des marécages.

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