BAYONNE : LA BELLE GASCONNE EST BASQUE
Voici un papier que j'ai donné à Pyrénées magazine et qui paraît dans le spécial Pays basque, avec un superbes photos signées Dominique Chauvet.
LE COEUR DES BASQUES
Ville à l’histoire gasconne,Bayonne est marquée depuis le XX ème siècle par la culture basque, au point d’être considérée comme la capitale du Pays basque nord... Mais le débat est vieux comme Lapurdum. Par Léon Mazzella. Photos : Dominique Chauvet.
Bayonne est-elle une ville basque ou une ville gasconne ? Si cette question que l’on se pose encore est devenue une antienne, c’est qu’elle n’est toujours pas tranchée, sinon à la sauce normande : ptêt’ ben qu’oui, ptêt’ben qu’non. Nous irons plus loin : la situation géographique de Bayonne, d’abord, lui donne droit de cité en Euzkadi. Située aux confins des Landes et du Pays basque, elle est incontestablement réputée capitale de la Côte basque, comme Pau est celle du Béarn, dans un département ou les Pyrénées, de Basses dès 1790, sont devenues Atlantiques en 1969. C’est par extension et presque naturellement que Bayonne est considérée aujourd’hui comme la capitale du Pays basque français dans son ensemble. Capitale économique du Bassin de l’Adour, port de commerce d’importance (le 9ème de l’hexagone par l’importance de son trafic), Bayonne a par ailleurs toujours joué un rôle d’aspirateur des énergies humaines, notamment celles du Pays basque intérieur. Lapurdum (son nom latin, qui a donné Labourd), est par ailleurs située à la frontière occidentale entre le Pays basque et la Gascogne. À la sortie de Bayonne en prenant la rue Maubec, on arrive très vite dans les Landes – Tarnos est à peine à une encablure et demie de la gare. Si l’on se penche sur l’origine du peuplement de la ville de Bayonne, on s’aperçoit vite que les Vascons (habitants d’une zone englobant la Navarre espagnole et remontant jusque dans les Landes, grosso modo), ancêtres des Gascons (la langue gasconne est d’ailleurs un mélange de vascon et de latin), peuplent dès avant les Basques la future cité, qui appartient à une région appelée Novempopulanie, puis justement Vasconie (dès 626). Néanmoins, la chute de l’empire romain voit apparaître les Basques, ou Baskones, et le mot glisse vers celui de Gascons. Cherchez l’erreur… Comme ils venaient de l’actuelle province de Navarre espagnole, cela ne pose pas de problème historique majeur. On parlera gascon à Bayonne jusqu’au début du XXème siècle, car Bayonne, comme capitale du Labourd jusqu’en 1177, avant d’être rattachée au duché d’Aquitaine, restera donc une ville gasconne pendant des siècles. La langue française chasse progressivement la langue gasconne, qui fut pourtant la langue officielle de la région de Bayonne pendant au moins 400 ans, tandis que de nombreux Basques venus de l’arrière-pays s’installent dans la ville tout au long du siècle dernier. Ainsi cohabitent trois langues, de nos jours. L’occitan gascon, devenu minoritaire, régresse considérablement, le basque résiste au français, qui est omnipotent, parce que les Basques constituent une minorité qui sait s’imposer, devenue au fil du XXème siècle, une population bayonnaise influente.
UNE VILLE MÉTISSÉE
D’ailleurs, à ce stade de l’exploration de Bayonne, ville hybride, autant gasconne que basque, ou peu s’en faut pour certains, résolument gasconne pour d’autres ou seulement basque pour d’autres encore, nous pouvons affirmer que, historiquement, Bayonne fut gasconne et qu’elle est devenue basque à l’époque contemporaine, et qu’en tant que ville européenne, au passé notamment enrichi par la communauté Juive venue du Portugal au moment de l’Inquisition, et qui s’installa dans le quartier Saint-Esprit (lequel fut lui-même gascon jusqu’en 1857, date à laquelle il est rattaché à Bayonne), c’est une cité aux cultures métissées – ce qui en fait sa richesse. Terre de brassage et de mélange, de langues distinctes et d’apports humains, économiques, culturels, religieux divers, avec l’Espagne à proximité, l’océan et un port d’accueil, les Landes de Gascogne au nord et le Pays basque « sur place », Bayonne est une ville des confins, une ville frontière sans barrières, une ville que l’on répugne à quitter, une ville de ponts entre les cultures. La toponymie originelle des rues, des lieux-dits, même si elle est aujourd’hui « francisée », se partage les trois langues et est « entretenue » sur les panneaux de signalisation et la signalétique générale. Plusieurs émissions de télévision, de radios, des chroniques dans certains journaux sont en Basque et en Gascon. Les ikastolas encouragent l’apprentissage de l’euskara (le gascon n’est cependant guère enseigné officiellement), les académies, tant basque que gasconne, continuent de produire des études savantes, puisque la question fait encore couler beaucoup d’encre, mais il est à noter aussi, avec bonheur d’ailleurs, que les acteurs culturels, issus du monde associatif, s’accordent désormais en collaborant à l’occasion de « semaines » riches d’animations collectives basques et gasconnes à la fois.
DES SYMBOLES BASQUES FORTS
Gorka Robles Aranguiz, chanteur basque bien connu à Bayonne, souligne d’emblée que Ibai Ona (la bonne rivière) qui a donné Bayonne, est un nom basque ! Et pan. Et l’homme à la voix qui porte et aux rires homériques enchaîne en évoquant la présence, à Bayonne, du seul musée qui se revendique exclusivement basque ! À Bilbao, c’est un musée d’art contemporain qui fait la gloire de la ville, tandis qu’ici, c’est le Musée basque, ou Maison Dagourette. Notons cependant l’existence du musée San Telmo, à Saint-Sébastien, le plus vieux musée du Pays basque d’ailleurs, qui ouvrit ses portes en 1902. Ce musée de la société basque et de la citoyenneté se trouve néanmoins « de l’autre côté », et la présence du Musée basque sur les quais de la Nive renforce le rôle – de plus en plus indubitable - de Bayonne capitale basque depuis plusieurs décennies. Car, en effet, dès le début du siècle dernier, un phénomène quasi naturel, logique, a fait couler, découler, venir à Bayonne, depuis la campagne, depuis la montagne, depuis l’Espagne aussi, au marché hebdomadaire, au stade, une population basque de plus en plus nombreuse, qui a progressivement pris racine, notamment dans le quartier Saint-André.
UNE CONQUÊTE VENUE DE L’ARRIÈRE-PAYS
Clément Soulé, emblématique patron du Café des Pyrénées (qu’il a vendu il y a sept ans et qu’il ouvrit le 1er avril 1982), évoque le Petit Bayonne en ces termes : « on l’a conquis ! ». On, ce sont les Basques du Pays intérieur, surtout les Souletins, s’agissant du quartier Saint-andré. Ce mouvement de conquête connut une accélération dans les années 1980. À l’instar de Biarritz, où de nombreux Béarnais choisirent de s’installer, de nombreux Basques des villages environnants et des vallées plus lointaines posèrent leur sac dans le quartier du Petit Bayonne, plus populaire que le Grand Bayonne, traditionnellement bourgeois. C’est ainsi que des familles de Tardets, comme les Soulé, de Mauléon aussi, et d’autres originaires de Saint-Jean-Pied-de-Port, de Saint-Palais, d’Hasparren, « colonisèrent » plusieurs quartiers de Bayonne en imprimant rapidement leur marque euzkadienne. Prenons la place Saint-André avec son grand parking. C’est là que de nombreux autobus venaient de l’intérieur du pays, c’est donc là que les gens échangeaient les nouvelles, chaque mardi, jeudi et samedi. Certes, le quartier vécut aussi des périodes sombres, notamment avec les années ETA, IK (Iparretarrak) et GAL. La rue Pannecau, entre autres, demeure une partie de la ville où une forte identité basque, largement revendiquée par la jeunesse, a pris le relais des années où c’était des réfugiés, les « Réfus », qui hantaient les lieux, surtout dans les années 1983 à 1987, ainsi que le souligne Colette Larraburu (1). Une trentaine d’assassinats perpétrés par le GAL, notamment au Café des Pyrénées même le 29 mars 1985, ainsi qu’au célèbre café-hôtel Mon Bar, au bar Lagunekin, ou encore chez Etxabe (tous situés rue Pannecau), des explosions criminelles (à commencer par celle de la librairie Zabal, spécialisée dans la culture basque, et qui ouvrit ces années noires), ont marqué les esprits à jamais et certains murs en portent encore les stigmates. Le quartier fut longtemps déserté, et pour cause, et il fallut plus d’une dizaine d’années pour qu’il retrouve une atmosphère paisible et son sens inné de la fête. « Le quartier Pannecau », dit Clément Soulié, fonctionne comme un petit village où chacun se connaît et provient d’un coin du Pays basque intérieur, tout le monde y a échafaudé vaillamment sa petite stratégie de l’occupation des lieux, en y travaillant, en montant des commerces, en reprenant des pas-de-porte, modestement d’abord. Bayonne fonctionne un peu par communautés, en somme, » ajoute Clément, « Ce n’est pas contre les Gascons que les Basques de l’intérieur ont conquis une partie de la ville, ça a toujours fonctionné comme cela : les Béarnais à Biarritz, les Juifs à Saint-Esprit, les Basques entre Nive et Adour. » Clément Soulé reconnaît cependant que sa communauté est moins performante que celle des Auvergnats (de Paris), par exemple, pour s’entraider. « Autrement, c’est Bayonne dans sa totalité qui serait aujourd’hui annexée par les Basques de l’intérieur ! », lance-t-il en souriant.
LE RÔLE CAPITAL DES FÊTES
« Cependant, jusque dans les années 1980, parler Basque à l’école, ça ne passait pas bien », rappelle Gorka Robles, « et le syndrome des histoires belges où le Basque remplace un Belge a la couenne dure ! ». Le Gascon était la langue de la bourgeoisie bayonnaise jusqu’au XIXème siècle, et ce jusqu’en Guipuzkoa, où c’était le peuple, surtout rural, qui parlait Basque. Répétons le, Bayonne assume aujourd’hui son rôle de capitale du Pays basque nord, comme Pampelune celui de capitale du Pays basque sud – c’est historique, pour la Navarre en tout cas, Vitoria tenant le rôle de capitale administrative. « La culture basque impulse la culture bayonnaise dans son ensemble, précise encore Gorka. Il n’est qu’à citer certaines initiatives innovantes comme le Bizi ! (mouvement alternatif alter mondialiste), et les deux ikastolas que compte la ville, bien sûr. » Un signe ne trompe pas, vient des autorités : le drapeau basque flotte au balcon de la Mairie de Bayonne… La chance énorme, sur ce sujet, c’est Baionako Bestak, les Fêtes de Bayonne : un million de personnes, un océan rouge et blanc, en cinq jours, voit des gens chanter et danser en langue basque, et les spectacles proposés ont beau être différents les uns des autres, chacun a plus ou moins consciemment le sentiment de venir faire la fête dans la capitale du Pays basque. Pis, qui pense venir faire la fête dans Bayonne, ville gasconne ?.. L.M.

Pratique :
- Le Festival gascon de Bayonne, organisé par le Ligam Gascon deu Baish-Ador (LGBA), tiendra sa 5ème édition au cours de la première semaine de juillet prochain. Rens ; : 0559086422
- Bizi ! www.bizimugi.eu
- Académie gascoune de Bayonne : www.gasconha.com
- Académie de la langue basque (Bayonne : 0559256426).
- Baionako Bestak, les Fêtes de Bayonne 2014 se dérouleront du 23 au 27 juillet. www.fetes.bayonne.fr
- Lire : (1) « Rendez-vous Place Saint-André. Trente ans de vie au Café des Pyrénées, de Colette Larraburu. Préface de Léon Mazzella (éd. Elkar).
- Festival musical Black & Basque, en septembre, lieu d’échanges culturels entre les peuples Afro-américain et Basque, créé il y a quatre ans par Christian Borde, alias Moustic (Groland, sur Canal+). www.blackandbasque.com
- Bar-restaurant sympa du moment, à l’ambiance jeune et basque garantie : Kalostrape, 22, rue Marengo, à deux pas de la Place St-André.
GASCON
« Comment peut-on être Persan ? » demandait Montesquieu. Comment peut-on être Gascon ?.. On ne le devient pas, on l’est de naissance. C’est un caractère, une manière d’être au monde, de penser, de marcher, de parler, de rire et de chanter, d’aimer et de préférer, de manger et de boire, de donner et de partager, de faire la fête et de cultiver l’amitié avec autant de soin que la vigne, une façon de vivre le paysage, de caresser la plaine, de rentrer dans l’Océan, d’écouter la forêt, de voir la montagne, de songer la ville, de vivre le village, de dompter un étranger un peu trop conquistador. C’est une attitude de tous les instants, un accent, un regard, une fierté, une franchise, un laisser-aller contrôlé, une morale, un savoir-vivre à nul autre pareil. Parmi les Gascons auxquels je pense aussitôt, je compte Jean-Jacques Lesgourgues, vigneron en Armagnac, à Bordeaux et en Madiran. Mécène, collectionneur d’art contemporain, Jean-Jacques est l’archétype du Gascon total. Je pense aussi à Jean Lafforgue, érudit, ancien libraire emblématique du temple des livres bordelais : Mollat. Je pense à Jean-Pierre Xiradakis, autre Bordelais aux origines grecques, restaurateur à l’enseigne de « La Tupiña ». Je pense enfin à Joël Dupuch, ostréiculteur sur le Bassin, amateur au sens noble du terme, ex rugbyman et cultivateur d’amitié. Le Gascon est un égoïste qui ne pense qu’aux autres. Un aventurier qui néglige l’objet pour la cause, un homme qui n’adhère à rien sauf au plaisir qu’il souhaite « faire passer ». Le Gascon est le contraire du militant. C’est un rugbyman au quotidien qui donne le ballon comme une offrande, parce que « ça » doit jouer, jamais stagner. Et pas que le dimanche après-midi. C’est un joueur qui fête la défaite, un homme qui engage sa vie pour son salut, à l’instar de « l’Aventurier » comme l’écrivain Roger Stéphane en dressa le « Portrait » dans un livre éponyme fameux. (Extrait de : « Le Sud-Ouest vu par Léon Mazzella ». Hugo & Cie).
J'ai le sentiment que Julien Gracq, en 1949 (année de la rédaction de l'increvable pamphlet intitulé : "La littérature à l'estomac"), avait déjà prévu la BéèFMisation de l'info...
Papier paru dans le hors-série "vins" de L'Express il y a quelques jours => allez, zou! tous au kiosque! Pour que vive la presse écrite!
DU VESOU AU FOUDRE
LE RUBAN MAGIQUE
Toit, destinée à venir en aide aux enfants de Colombie. Puis ce livre, pour évoquer les vins du Valais (Suisse) en invitant des stars du cinéma, du sport, de la littérature, de la mode ou de la musique à photographier le plus librement possible un verre de vin. Cela produit un livre estuaire, « dont les histoires se rejoignent comme des rivières qui se jettent à la mer ». De Paul Smith à Sandrine Bonnaire, d’Eric Neuhoff à Viggo Mortensen ou encore de Jacques Dutronc à Zinédine Zidane et Sarah Moon, 56 regards très personnels et redoutablement esthétiques pour la plupart composent un album singulier.
ODE EN BD À LA BOURGOGNE 
Avec de vieux films devenus des classiques, où les scènes de beuverie abondent, comme « Un singe en hiver », d’Henri Verneuil, interprété par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo (d’après l’inoubliable roman d’Antoine Blondin), nous pouvons nous laisser aller à choisir des bières toniques et à fort caractère, comme ces trois méditerranéennes : Cruzcampo pour l’Espagne, Moretti pour Italie, Sagres pour le Portugal, et ne pas hésiter non plus à ajouter une larme de Picon dans l’une de ces cervoises : « Le Picon-bière, ça pardonne pas. C'est de ça que mon pauvre papa est mort. Il n'y a rien de plus traître ! » Évidemment, cela reste une réplique. L’exagération est fréquemment de mise, au cinéma.
Morgan, expert en médecine légale et assassin de criminels, il y a cette sortie un brin brutale : « D'habitude, je viens ici pour balancer des corps par le fond. Pas des bouteilles de bière comme un gros dégueulasse. » Associons là d’emblée à des bières étrangères aux noms évoquant le septième art : Star, la bière du Nigeria, ou bien Stella, la bière égyptienne, et nous voici aussitôt propulsés sur la piste aux étoiles.

Béarnais pur manseng (petit et gros), Lionel Osmin, qui se définit comme un « passeur de vins » - la philosophie du rugby n’est pas loin -, a eu il y a quatre ans l’idée géniale de fédérer la palette des vins du grand Sud-Ouest, vaste région (aux 150 cépages quand même) en créant une société de négoce capable de proposer tous ses crus, de Marcillac à Irouléguy, de Jurançon à Cahors et de Gaillac à Bergerac en passant par Buzet et récemment l'Armagnac! Cette signature transversale fut une première régionale et devint vite un sacré booster pour l’ensemble de la profession, par trop éparpillée jusque là, avec un « chacun dans son coin » en guise de démarche déconcertante. L’idée germait dans la tête de Lionel Osmin depuis que le déclic s’était fait lors d’un stage chez le vigneron du
Voilà cinq générations et plus d’un siècle que la famille Perrin fait rayonner les vins de la Vallée du Rhône. D’abord dans son propre terroir et à présent dans plus de quatre-vingts pays. C’est d’une famille soudée, nombreuse, où chacun tient son rôle dans l’entreprise prospère qu’il s’agit. Jacques, le fondateur, avait initié une manière de faire et surtout une façon d’appréhender la nature et le travail de la vigne dans son ensemble qui semblent visionnaires, à l’heure du tout bio et du tout nature. Le magazine britannique spécialisé dans le vin « Decanter » a d’ailleurs élu en mars dernier la famille Perrin personnalité de l’année 2014, notamment pour son activité pionnière en termes d’agriculture biologique (depuis 1950) et biodynamique (dès 1974). Jean-Pierre et François Perrin, ses héritiers, poursuivent ce travail de respect sur ses terres de l’ensemble de cette merveilleuse vallée rhodanienne, côté sud, de Chateauneuf-du-Pape (avec le château de Beaucastel) à Tavel, de Vacqueyras à Cairanne, des Beaumes-de-Venise à Gigondas (avec le clos des Tourelles) en passant par Vinsobres, mais aussi en côtes du rhône septentrionales (côté nord) avec la gamme Nicolas Perrin. Partout, chaque cépage est non pas subi mais dompté et sublimé. « Suivre ses idées au mépris parfois de celles des autres, c’est affirmer son identité, c’est aussi prendre le risque d’être incompris, voire d’être considéré comme marginal », déclarent Jean-Pierre et François. Force est de reconnaître que la pugnacité de cette famille a fait par exemple de La vieille Ferme –l’un des étendards de leur gamme, l’image même des vins du Rhône pour de nombreux consommateurs étrangers. Parmi les dernières activités « successfull » de cette famille très nature, et bien présente en Provence également, notons la collaboration de Marc Perrin - l'homme qui monte, dans le clan, et qui s'occupe déjà de Tablas de Paso Robles, le vignoble californien familial -, avec Brad Pitt et Angelina Jolie à la conception et à l'élaboration de leur célèbre côtes de provence rosé Miraval, classé parmi les 100 meilleurs vins du monde par un autre magazine influent, "The Wine Spectator". L.M.
Et pouf ! En y entrant, on se sent aussitôt comme chez soi, c’est-à-dire dans un de ces bars-à-tapas-restos qui longent la Nive à Bayonne (quais Jaureguiberry, Chaho, des Corsaires). Nous sommes pourtant dans le 11ème à Paris, entre Bastille et Nation, rue de la Forge Royale, étroite et calme. Au n°7, la petite Bodega Potxolo est dans ce jus là : affiches de corridas et des Fêtes de Bayonne, un paso doble (Paquito, etc) en fond musical, des ardoises qui proposent toutes sortes de tapas, et Patrice Lepage en cuisine (associé à Thierry Duval). Ce Solognot qui a appris la gastronomie ibérique à La Plancha, rue Keller à Paris, est tombé amoureux de la cuisine basque dans son ensemble : celle du Nord et celle « de l’autre côté ». Sa sélection est classique et emblématique, un mélange de mer et de terre, avec une sélection de produits ayant de bonnes origines, comme la charcuterie Montanera (le jambon de truie est impeccablement moelleux). Les chipirons (d'une grande fraîcheur) sont proposés de trois façons : à l’encre, frits et à la plancha (préférence pour la troisième). Les fèves au (très bon) chorizo sont correctement croquantes. L’huile d’olive des artichauts est délicieuse (c'est le détail qui fait la différence). Les albondigas (boulettes de bœuf et de veau) sont authentiquement savoureuses. L’ardi gasna (formage de brebis) est très honnête. Le gâteau basque est maison - ce qui est rare et donc méritoire. Les vins de la Rioja, comme ce Coto vintage 2009, sont aussi intéressants que le sagardo (cidre) de Gurutzeta, la sangria (maison, bien sûr). Le Txakoli (vin blanc perlant et canaille), lorsqu'il y en a, est de chez Txomin Etxaniz, soit le meilleur. Enfin, le petit coup de Patxaran pour la route est quant à lui salutaire, à condition de rentrer en Vélib'. Le gros avantage de ce lieu pitchoun et sans chichis, généreux et pas cher, c’est que l’on peut s’y pointer pour dîner jusqu’à minuit et demie. Peu courant.





Une brassée de recueils de poésie de grande qualité s'est posée au printemps dernier comme une volée de sarcelles à la surface d'un étang landais, par une nuit lumineuse de mai comme celle que nous venons de vivre. C'est à la collection Poésie/Gallimard que nous devons ce bouquet. Tout d'abord, il y a ce coffret, le second du genre, qui constitue pas à pas la
Michaux (Comme un fou qui pèle une huître), Raymond Queneau (Cette brume insensée où s'agitent des ombres), Saint-John Perse (S'en aller! S'en aller! Parole de vivant!), et enfin Jacques Prévert (De deux choses lune l'autre c'est le soleil). Douze petits bijoux extraits des nombreux recueils de ces douze bandits des mots, déjà parus dans la même collection (30€ le coffret). L'emblématique collection publie coup sur coup trois titres, à commencer par Un manteau de fortune, suivi du très émouvant recueil intitulé L'adieu aux lisières et de Tombeau du Capricorne, de Guy Goffette (7€), qui s'affirme toujours davantage comme un poète majeur du songe éveillé, de la nostalgie façon saudade, dans notre paysage contemporain. Le second s'appelle Entrevoir, suivi du splendide Le front contre la vitre et de La halte obscure (9,50€), et c'est signé de Paul de Roux (
enfin un petit classique formidable : Glossaire, J'y serre mes gloses, illustré par André Masson, suivi de Bagatelles végétales, illustré par Joan Miro,
Le romancier new-yorkais, auteur à succès de Trente ans et des poussières















C’est la plus grande hêtraie d’Europe. A cheval sur la France (province basque de Soule) et l’Espagne (Navarre), avec ses 17 000 hectares, c’est une forêt certes exploitée mais très sauvage, où la profondeur du silence n’est troublée à l’automne que par le brame du cerf et le craquement d’une brindille sous le pas d’un chercheur de champignons ou plus rarement sous celui d’un chasseur de bécasse, eu égard à la pente du terrain, qui en rebute plus d'un. Les cèpes d’Iraty se conquièrent car la montagne s’apprivoise, mais celle-ci est relativement douce et la forêt correctement balisée. En octobre, elle se pare d’un mantille rouge, or, mordorée et brune qui n’a rien à envier au manteau forestier québécois. La forêt résonne de cervidés, sangliers et toutes sortes d’oiseaux (palombes, pics, vautours fauves, milans noirs et royaux, grues cendrées, passereaux divers, du pipit à la grive draine) la survolent. L’hiver, lorsque la neige recouvre les cols et le sol de la forêt, Iraty propose 4 pistes de ski de fond (35 km au total) ainsi que des itinéraires balisés pour les randonnées en raquettes : un must ! Se promener une journée dans la forêt en raquettes à la recherche des traces laissées par les animaux sur « le livre de la neige » est un pur bonheur. Le reste de l’année, les sentiers de randonnées sont nombreux en forêt (80 km de pistes forestières au total) et sur les crêtes. Une balade classique mène au Pic des Escaliers, une autre conduit au majestueux Pic d’Orhy (2017m, le point culminant), via la route des cols de chasse à la palombe : Millagate, Odixar, Tharta ou encore Sensibil. On trouve également le GR10 au départ des Chalets d’Iraty. Non loin de là se trouve la crête douce d’Orgambidexka, le « col libre », qui sert de site d’observation privilégié
Ardi gasna (fromage de brebis des bergers du cru, achetez-le chez Mayté, le spécialiste du jambon Ibaïona, qui est excellent, à St-Jean-le-Vieux, avant de monter). Irouléguy (passez chez Jean et Martine Brana à St-Jean-Pied-de-Port et prenez aussi la prune ou la poire, pour la flasque). Pain (si vous montez par l'autre côté, prenez la fougasse -pas trop cuite- à Tardets, dans le virage à la sortie).
Lire : le must de la poésie de Philippe Jaccottet : L'encre serait
de l'ombre (Poésie/Gallimard), Aphorismes sous la lune, de Sylvain Tesson (Pocket), le dernier livre (deux novelas, genre où il excelle) de (Big) Jim Harrison, et qui arrive ce matin en librairie : Nageur de rivière (Flammarion), ou encore un ou deux classiques comme 

Ramon del Valle-Inclan





Ville aimant, ville amante, ville mante, ville menteuse, fardée, ville phare, Venise est un trésor caché sous le manteau, qui éclaire le pas du voyageur. Une flamme fragile. Venise brille sous une pellicule de poussière d’histoires, Venise est une vieille dame qui ne masque plus son âge et dont on devine la beauté enfuie.
rédacteur en chef du Monde des Livres, l'indispensable supplément du quotidien du soir daté de vendredi), folio publie les actes du Forum Philo Le Monde / Le Mans organisé en novembre 2012. Christine Angot, Alain Badiou, Pascal Bruckner, Belinda Cannone, Alain Finkielkraut, Claude Hagège, Julia Kristeva, Camille Laurens, Michel Schneider, entre autres signatures, livrent leurs réflexions sur l'aventure obstinée des amants dans leur différence vraie, sur le singulier langage des amoureux, sur les thèmes proustiens les plus récurrents, et aussi sur la sacralisation de l'amour, la tragédie du couple contemporain, l'obsession sécuritaire qui touche aussi l'amour, le désir comme possible nouveau nom de l'amour, et encore l'amour maternel et l'érotisme de la reliance... Quelques thèmes parmi d'autres, abordés dans ce petit bouquin captivant.
Relire Au coeur des ténèbres, de Joseph Conrad, qui devint Apocalypse now au cinéma (via Francis Ford Coppola), c'est éprouver la littérature dans sa capacité à nous introduire progressivement - en cheminant, en feuilletant - vers un ailleurs. En l'occurrence, le lecteur remonte un fleuve africain et, en s'enfonçant dans la nature, se débarrasse de son humanité jusqu'à atteindre le coeur d'une nature sinon animale, du moins déshumanisée et terrifiante. Kurtz n'est plus un homme et il n'est pas non plus barbare. Le livre agit comme une musique, comme un alcool : il enivre, embarque, emporte, par la force des mots, de la phrase, du rythme, de l'irrémédiable avancée vers le mystère. Il est ici traduit par Jean Deurbergue et publié dans la collection L'Imaginaire (Gallimard), laquelle offre également un
bijou de littérature allemande, l'un des meilleurs livres d'Adalbert Stifter (l'auteur d'un chef-d'oeuvre : L'homme sans postérité, Phébus/Libretto) : Les Grands bois. Ces récits autant romantiques qu'expressionnistes (traduits par Henri Thomas), rappellent - surtout le premier, qui donne son titre au recueil- combien la nature, et notamment les grandes forêts (de Bohême, ici), sont capitales depuis J.J. Rousseau et Hölderlin. Stifter ne fut pas leur contemporain (1805-1868), mais il semble imprégné de cet amour, à la Thoreau aussi, pour la solitude dans les bois profonds, qui fonde son "réalisme poétique". Ses personnages sont des écorchés (comme il le fut lui-même), et l'on pense à la fois à la musique de Schubert (davantage qu'à celle de Wagner) et aux peintures de Caspar David Friedrich en lisant Stifter : il s'agit d'un bonheur générateur de frissons, qui agit par capillarité.
Lorsque Gargantua vint au monde, il s’écria : « A boire ! À boire ! ».Dans le jargon rabelaisien, un tel cri ne réclame pas un bol de Loire mais plutôt un verre de Chinon, en dépit de l’omniprésence bienfaitrice du fleuve-mère, à l’instar du Rhône dans d’autres vallées. Le Val de Loire englobe une grande mosaïque d’appellations plus prestigieuses les unes que les autres, qui courent du Pays Nantais au Centre-Loire, en passant par l’Anjou et la Touraine. Il n’est qu’à citer des noms magiques comme Sancerre, Savennières, Pouilly-Fumé, Côteaux du Loir, Muscadet, Vouvray, Montlouis-sur-Loire, Quarts de Chaume, Saumur-Champigny, Reuilly, Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Quincy pour s’en convaincre. Quatre cépages se taillent la part du lion : chenin et sauvignon côté blanc, cabernet-franc et gamay côté rouge. Treize autres sont néanmoins utilisés.
Si « la Loire coule de source », selon un mot fameux, ou bien –selon un jeu de mots, si « Nul n’est censé ignorer la Loire », il faut encore savoir que sans son cheminement au gré du vallon qu’elle creuse en s’élargissant plus ou moins, et où elle sinue, s’insinue, irrigue, aère à qui mieux mieux, selon que l’on se situe dans le Val d’Anjou, ou vers Ponts-de-Cé et Angers, le vignoble ne serait pas ce qu’il est.
terroir : ce fleuve dont la largeur est légendaire, a creusé son lit pour mieux irriguer des sols d’une variété et d’une richesse rares, et pour donner naissance à une grande diversité de terroirs, sur lesquels une mosaïque d’appellations prospèrent, en élaborant des vins à partir d’une gamme de cépages unique au monde et pour la plupart vernaculaires. 










in L'EXPRESS hors-série La grande histoire du vin (en kiosque) :
L’HORREUR AU QUOTIDIEN


« Cela se passait aux Eparges, pendant une des attaques meurtrières du printemps 1915. On se souvient peut-être que sur cette butte des Hauts-de-Meuse, la bataille se prolongea deux mois. Une bataille sauvage, une suite presque ininterrompue d’attaques et de contre-attaques pour la conquête d’une colline de boue, dans des tranchées gluantes bouleversées par des milliers d’obus. Les havresacs, les armes, les cadavres s’enfonçaient lentement dans la glaise, des blessés perdus s’y noyaient. Chaque trou d’obus, les énormes entonnoirs creusés par l’explosion des mines devenaient autant de mares glacées, d’un jaune aigre et verdâtre empoisonné par l’hypérite (*). Et il flottait sur ce charnier une odeur fade et corrosive ensemble qui entrait loin dans la poitrine, semblait happer aux bronches comme la boue aux mains nues, aux genoux et aux reins.
(*) Gaz moutarde : « On nomme ypérite le plus atroce des gaz de combat de la Grande Guerre », écrit l’historien André Loez, dans « Les 100 mots de la Grande Guerre » (PUF / Que sais-je ?), « du nom de la ville belge d’Ypres où il fut utilisé pour la première fois par l’Allemagne en juillet 1917. Egalement nommé gaz moutarde en raison de son odeur, il brûle la peau et les muqueuses, rendant inopérantes la protection des masques. »

Papier introductif que j'ai écrit pour le hors-série (couv. ci-contre), en kiosque depuis cette semaine :
Papiers parus dans le mook (le gros hors-série de L'EXPRESS consacré à la GRANDE GUERRE (actuellement en kiosque) :
Dans la seule journée d'avant-hier, 28 novembre, 661 visiteurs uniques ont vu/lu 13 524 pages de ce blog : c'est pas mal, et c'est je pense un record depuis que j'ai ouvert KallyVasco il y a bientôt huit ans. Merci, chers visiteurs, de votre curiosité, de votre passage, et bienvenue à la case commentaires. Ce blog repose sur le principe de partage, car je n'aime rien comme 
éponyme paru en 1939.
Papier paru dans L'Express / La Grande Guerre, un mook : (gros) hors-série, en kiosque depuis le 21.
« 14 » est le roman le plus dense et le plus fulgurant sur la Grande Guerre, paru ces dernières années. Jean Echenoz, dont la concision et la maîtrise atteignent ici leur paroxysme, circonscrit 14-18 en124 pages tendues, sobres, et d’une justesse pénétrante. L’histoire ? Cinq hommes simples se retrouvent au front, une femme, Blanche, attend leur retour : Echenoz écrit à hauteur d’homme, avec une acuité redoutable, sans emphase ni pathos, le quotidien d’une guerre avec sa boue, ses rats, ses horreurs. Anthime, Padioleau, Bossis, Charles, Arcenel, plongés à leur corps défendant dans les « boyaux » des tranchées, survivent à l’absurde comme ils peuvent. Deux épisodes possèdent la perfection de l’œuf : l’économie de mots pour décrire un éclat d’obus qui arrache un bras à Anthime, et le récit millimétré d’un combat aérien sont des bijoux d’anthologie.
l’écrivain Bordelais Jean de La Ville de Mirmont, tombé au Chemin des Dames, « sous un ciel sans dieu », le 28 novembre 1914 à l’âge de 28 ans. À travers le prisme romanesque de Garcin, Jean de La Ville, dont l’œuvre est aussi mince que capitale, devient un personnage incandescent et tendre, à la fois avide d’en découdre et pourvu d’une sensibilité d’enfant perdu. « Bleus horizons », à l’écriture impeccable, est le roman le plus touchant sur le sujet. On n’oublie pas Louis Gémon, le narrateur. Survivant à Jean, son ami « jumeau » disparu avec « de grands départs inassouvis » en lui, il connaîtra une inconsolable mélancolie plus douloureuse qu’une amputation – un thème cher à l’auteur d’« Olivier ».
Le plus poignant et le plus puissant des romans les plus récents sur la Grande Guerre est sans conteste l’ample et somptueux « Au revoir là-haut », de Pierre Lemaitre –Prix Goncourt 2013. Ce roman de la colère s’ouvre sur un épisode grave qui montre les amis Edouard et Albert, deux soldats envoyés au feu par l’inhumain lieutenant Pradelle : ces 60 pages ciselées comme une nouvelle, disent à elles seules la guerre sous un aspect tranchant. Lemaître, qui possède le talent de happer son lecteur, plante aussitôt les deux rescapés dans une France d’après guerre méconnue : celle qui n’eut d’égards que pour ses glorieux morts, et qui traita ses fantomatiques survivants comme des parias. L.M.
Matin », leurs propres journaux des tranchées, mais aussi Zola, Kipling, Loti, Laclos, Jammes, Tolstoï, Féval, Verne –et bien sûr « Le Feu » de Barbusse ! Ils lisent des romans afin de moins penser à l’horreur, et la presse afin de ne pas être coupé de l’arrière. C’est ce que traduit une étude historique passionnante, signée Benjamin Gilles : « Lectures de poilus » (Autrement, 2013). L.M.
Papier paru dans le "mook" consacré à la Grande Guerre, de L'Express
n’exclut cependant jamais l’admiration pour le Jünger écrivain. Tous deux décrivent admirablement la mort de près, la peur de la peur –celle qui coupe les jambes, les silences, l’angoisse, et les beautés apaisantes de la nature qui chante tout autour de l’enfer. Tous deux se rejoignent autour de cette phrase du premier, aujourd’hui gravée sur le monument aux morts des Eparges : « Ce que nous avons fait c’était plus que ce que l’on pouvait demander à des hommes, et nous l’avons fait ». Sauf qu’il ne s’agit pas, en l’occurrence, de surhumanité, mais de grandeur. L.M.
Dans Billebaude n°3, le magnifique "mook" des éditions Glénat consacré à la prédation cynégétique sous toutes ses formes : sensible, artistique, ethnologique, esthétique, historique, poétique, philosophique... Cet hommage : 



Il joue avec les textures, avec les matières, les contrastes, il choisit les teintes, il assemble, il connaît au quotidien le plaisir du toucher du chanvre, du coton ou de la plume. Matthieu Le Tessier (photo ci-contre), 37 ans, originaire de Paimpol, a eu la révélation sur un golf de Saint-Brieuc, en faisant une rencontre décisive avec Daniel Duminy, décédé en août dernier, qui était l’un des premiers teinturiers coloristes à l’échantillon établi à Paris. Un maître coloriste. Quelqu’un qui travaille la colorimétrie, qui mélange donc les coloris, tandis que, jusque dans les années 70, les teinturiers étaient individuellement spécialistes d’une seule couleur. « Il existe plus de 6 millions de coloris et j’arrive à en voir 1,6 million environ, afin de pouvoir les distinguer sur un dégradé. Cette quantité est la partie du spectre des longueurs d’ondes que nous sommes capables de voir avec l’œil humain, de l’infrarouge à l’ultraviolet, en somme ». La passion, le destin de Matthieu ont donc été scellés sur un green. Aujourd’hui, dans son atelier de Belleville, il travaille, secondé par Irudayathan Luther, pour des clients allant de la haute couture (Lacroix, Dior), à Reporters sans frontières (pour teinter un gilet pare-balle du noir au vert), en passant par Cuisine TV (pour étalonner des vêtements de cuisiniers). « Il m’est arrivé de teinter un jean de Lenny Kravitz à peau de poisson (mulet) via John Galiano et je bosse pour les Folies Bergère en teignant des plumes. Lorsque je reçois un tissu, la première chose que je fais est de le toucher, puis j’examine sa blancheur ». Il se crée une relation sensuelle avec la matière. Je fais constamment la cuisine avec mes colorants. C’est comme si j’évaluais la vigne, sa maturation. J’avance en équilibrant, au milligramme près, comme on goûte à la cuve ; plus tard ». D’ailleurs, il arrive à Matthieu Le Tessier de tremper un doigt dans un bain acide ou bien alcalin afin de vérifier son bon PH (potentiel hydrogène). Il y a deux sortes de bains, en effet, et l’on retrouve encore une analogie avec l’univers de la dégustation : le bain en milieu acide est réservé aux matières animales (soie, laine, plume), tandis que le bain en milieu alcalin est réservé aux matières végétales (paille, coton, lin).
C'est un petit livre de 64 pages (le chiffre idoine) plein de recettes et de photos (de Patrick Ballaré), et dont j'ai écrit les textes introductifs sur l'histoire des jambons du Pays basque, à commencer par celui de Bayonne.
Je suis né huit fois, par Saber Mansouri
Il est paru et nous avons fêté sa sortie avec les vignerons de l'appellation, au restaurant Beaucoup (rue Froissart, Paris 3), le 4 novembre dernier : l'urban mag 
Ses adresses Crozes-Hermitage à Paris :
Là, cadeau : deux des 26 villages de mon nouveau livre, pris au hasard, Balthazar. Juste pour donner à voir ou plutôt à lire. Histoire de vous donner envie d'aller acheter le bouquin, té!..
C’est un village où chaque demeure, blanche et rouge piment sec plutôt que sang, prend ses aises et aime contempler l'autre en prenant de la mesure et la distance nécessaire au jugement définitif. Ce village vous toise lorsque vous y êtes. Il apparaît éparpillé, dispersé. Saint-Etienne de Baïgorry est en soi un bouquet de quartiers épars : Occos, Urdos, Lezaratzu et Etxauz enfin, soulignent d'un second trait, périphérique celui-là, cet état de dispersion, d'autonomie et ce souci de l'espace personnel.
http://www.salondulivre-pyreneen.fr/
...Se retrouvent commentées dans un délicieux petit livre (que j'ai rewrité comme on dit, pour les éditions Séguier, et qui paraît le 3 octobre. 96 p. 16€). Il est co-signé Bruno de Baecque (texte) et Joëlle Jolivet (dessins), sur une idée de Jean Le Gall, qui préside aux destinées (je n'aime pas cette expression pontifiante et pourtant elle vient de me venir), de Séguier et Atlantica. 

Lalande dans le 14 ème à Paris), à l'occasion de la Saint-Gargantua (en réalité la Saint-Apollinaire, sur le calendrier), qui fut célébrée dans 28 bistrots parisiens. Et c'est dans celui "d'à côté" que le chapitre des intronisations eut lieu. Parmi les nouveaux chevaliers, il y a, de gauche à droite sur la photo ci-dessus : mes consoeurs Ophélie Neiman (blogueuse vins : Miss Glou Glou) et Anne-Victoire Jocteur Monrozier (blogueuse vin : Vicky Wine, à qui j'ai l'impression d'en coller une en prêtant serment et c'est dommage car elle est très mignonne, mais on peut la voir plus bas et des centaines de fois sur son blog), ma pomme, Charlie Darenne (illustrateur), Thierry Cap de Coume (dessinateur, photographe) et Laurent Cazaux (du Bistrot qui nous accueillait). Avouez qu'on a l'air un peu benêts avec nos bavettes, puis avec nos diplômes de chevaliers et nos grosses médailles, mais bon, c'est ainsi. On assume; cul-sec (le deal était de jurer de défendre les vins de Chinon en tous lieux, puis de vider le vase afin d'obtenir la médaille. Et à 17 h, c'est pas facile...).


Années 80. Une décennie entre deux mondes. L'Espagne est devenue une démocratie. La France n'a plus de raison de continuer d'accorder le statut de réfugié politique aux militants de la cause basque. Le narrateur est un jeune magistrat administratif rattaché au
ALLIANCES
Je ne dirai jamais assez de bien de la Cave de Tain, à Tain L'Hermitage (Drôme). Voici deux de ses nombreuses réussites et d'abord : Esprit de Granit, un Saint-Joseph 2011 issu de syrah soyeuses comme rarement, avec une robe rubis lumineuse, un nez de fruits noirs compotés, épicé (cardamome), une bouche ample et puissante sans être machiste : élégante mais virile. Idéal sur les viandes rouges que l'on avait délaissées cet été, voire une volaille forte comme la pintade, en attendant les premières grives ou le perdreau rouge de septembre, voire le sanglier d'avant-ouverture... Renseignements pris après dégustation, il s'agit d'une sélection parcellaire, issue d'un terroir exceptionnel, en gros. Tout est maîtrisé, du travail en vert, effeuillage compris, jusqu'à la date optimale de la récolte, en passant par la sélection précise des baies juste avant la vendange. Ici, il s'agit de vieilles vignes plantées en coteau sur les contreforts du Massif Central, sur des arènes granitiques. Le flacon vaut 15€ et c'est une paille, eu égard au bonheur produit.
Une autre des dix cuvées parcellaires bichonnées par des hommes constamment sur le terrain et proposées par la Cave de Tain, est un Crozes-Hermitage 2011, Les Hauts du Fief. Et c'est splendide, corpulent, gentleman-farmer, issu de syrah de 30 ans. Robe profonde. Nez épicé (poivre) et de fruits noirs bien sûr, un rien minéral, ce qui éclaircit les fosses nasales au passage, les yeux archi-fermés. La bouche, fraîche et profonde, persistante et réglissée mais à peine, nous redonne des baies mûres à foison; et on prend. Avec ça, sortez un vieil ardi gasna (un brebis forcément paysan d'Ossau-Iraty), juste après une côte de boeuf bien persillée et sortie 

ALLIANCES : Joseph Kessel, Les mains du miracle, Jérôme Garcin, Olivier, (les deux en
« Drouant dérive du germanique drogo, qui signifie quelque chose comme le bon combat ». C’est Hervé Bazin qui parle. L’auteur de « Vipère au poing » qui fut un membre marquant de l’Académie Goncourt, savait de quoi il en retournait dans le salon du premier étage. Le bon combat demeure, qui fait triompher le livre, au restaurant Drouant, chaque année à l’heure du déjeuner, début novembre…

paraître ces prochains jours, un ou deux romans qui ne font pour le moment d'autre bruit que celui de leurs pages entre les doigts de lecteurs avisés et curieux et qui vont sortir de l'ombre comme le soleil entre deux masses nuageuses. On parie! Tiens, jouons un peu : vous pensez à quel livre?.. Moi je ne pense à aucune nouveauté de cette rentrée, mais à un auteur : Camus. Albert Camus. Et oui. Le 7 novembre prochain il aurait eu 100 ans (et j'espère que j'en aurai 55), et de nombreux éditeurs, à commencer par le sien (Gallimard), vont fêter l'événement, puisqu'une soixantaine d'ouvrages sont attendus sur l'inépuisable sujet. Il y a déjà eu le superbe album de Jacques Ferrandez, L'Etranger, une BD littéraire de haut-vol avant l'été (Gallimard). En folio le mois prochain, reparaîtront Les Carnets (en trois volumes), les Journaux de voyage, ainsi que des coffrets thématiques : L'absurde (L'étranger, Caligula, Le malentendu, Le mythe de Sisyphe), La révolte (Les Justes, La peste, L'homme 
révolté). Vous allez voir ce que l'on va lire! Encore Camus... Je préfèrerais me réjouir du succès des livres de certains de mes amis présents à cette rentrée, comme Saber Mansouri, Je suis né huit fois (Seuil) ou Jean Le Gall, New York sous l'occupation (Daphnis et Chloé) -remarquables premier et second romans (j'y reviendrai). Mais qui sait! Et si c'était eux? dirait Lévy (Marc). Croisons les doigts.
Procida me réconcilie avec la vie lorsque celle-ci glisse entre mes yeux. Cette île me rassemble et me ressemble. Elle irradie en moi, éloigne de la peau de mon âme les tourments. J’habite Procida comme le fleuve finit par habiter la mer. Ma confusion des sentiments s’épanouit sur le microcosme de la Corricella comme une feuille de thé dans l’eau bouillante. Chaque chose reprend place, chaque être observe l’autre en amitié ; insulairement. Ici je découle. Deviens poisson, nage en eaux claires. Je mûris comme le citron sous le soleil clément. J’oublie le manque. Je me nourris d’ombre et de petites tomates. Je
plonge dans l’eau noire, pilote le bateau, un gozzo, comme je caresserais une nouvelle femme. Le voilier de Paolo qui s’avance pour mouiller dans l’anse de Chiaia, le regard du vieux pêcheur taiseux qui reprise son filet, l’écho d’une Vespa à l’assaut de Terra Murata suffisent à mon bonheur écrasé de soleil du passager clandestin que je suis devenu sur l’île de mes ancêtres. 
Des noeuds d'acier, par Sandrine Collette
Le spectre d’Alexandre Wolf, par Gaïto Gazdanov
L’armée furieuse, par Fred Vargas

Bon. Ca continue. Le temps de chausser les lunettes de soleil pour pouvoir déjeuner en terrasse de choses fraîches (des huîtres et une daurade grillée), que l'orage grondait au loin. Alors, "pop!", nous avons eu juste le temps de déguster à l'apéro un Alsace épatant, le Chasselas 2012 de Paul Blanck avec quelques dés d'un Comté de Marcel Petite affiné 30 mois. Robe or pâle d'un bel effet. Nez charmeur, fort en gueule, exotique, très fruité. Bouche d'une grande fraîcheur et d'une minéralité exacte. Finale épicée (8,50€).
étonnant. Joli nez de baies sauvages et de fleurs blanches, légèrement épicé en bouche. Ce vin,
Comme il faisait à nouveau gris, froid, qu'il pleuvait jusqu'à plus soif les jours suivants, nous nous sommes risqués sur un grand flacon lourd de Rasteau 2010, ico(o)n pour escorter un gros poulet fermier à la broche qui suinta sur des patates et de l'ail en chemise. Grenache, syrah, mourvèdre composent ce vin d'une concentration et d'une complexité aromatique bluffantes. La Cave de Rasteau en a fait sa cuvée d'élite. ico(o)n est né en 2009 avec le statut de Cru (c'est en 2010 que l'INAO a approuvé le passage des vins rouges secs de Rasteau du statut de Côtes du Rhône Villages à celui de Cru). ico(o)n possède une robe noire et profonde, un nez dense de fruits rouges et noirs bien mûrs avec un accent de garrigue. La bouche est corpulente, puissante même, sans être agressive. C'est précis, compact et néanmoins charmeur. Une réussite (qui vaut quand même 42€).
J'apprends qu'il est presque en tête des ventes en France et qu'il continue de caracoler en Italie. Erri De Luca est devenu un auteur européen 

folio, pas mal de choses de lui ces derniers temps : En haut à gauche (des nouvelles précieuses sur l'enfance, la liberté, le soleil, les premiers frissons amoureux : tout De Luca est déjà là et c'est paru en 1994), Première heure (le versant mystique de l'auteur, fervent lecteur matinal des Saintes Ecritures -L'auteur publie en outre, au Mercure de France, Les Saintes du scandale : Tamàr, Rahàv, Ruth, Bethsabée, Miriam-Marie, prostituées ou adultères, elles ont transgressé et choqué durablement une chrétienté par trop pudibonde); Le jour avant le bonheur (magnifique roman napolitain qui décrit un jeune orphelin -le double de l'auteur). Et là, j'ai eu par chance à chroniquer son dernier livre au titre si fort : Les poissons ne ferment 
pas les yeux
Je signale enfin un texte magnifique d'Erri De Luca, sur Les odeurs de Naples, qui paraît dans le n°4 de Long Cours, le "mook" le plus littéraire du moment et le plus subtilement dédié au grand reportage. il y est question de Naples en général et de ses parfums entêtants : les gaz d'échappement, le soufre de Pozzuoli, la bolognaise -une nécessité de produire une odeur, le dimanche; le cirage pour les chaussures et les urines torrentielles des soldats américains de la seconde guerre; le calamar mit à sécher qui servira d'appât pour la pêche, la transpiration de l'auteur mêlée au parfum d'herbe fumée de son amour napolitain enfin, cette fille qui se confondait avec la ville; avec la vie que De Luca aurait pu avoir
La question méritait (enfin) d'être posée, de s'intéresser à ceux qui peuplent les gradins et non plus seulement à ceux qui jouent leur vie dans l'arène. Ce collectif d'auteurs (textes réunis par Marc Delon, éd. Atlantica) où l'on trouve notamment Francis Marmande, Florence Delay, François Zumbiehl, Guy Lagorce, Jean-Marie Magnan et de nombreux anonymes (instituteurs, kinésithérapeuthes, retraités, collégiens...), exprime les motivations de deux millions de personnes qui vont aux toros en France chaque année. Ce n'est pas rien. J'y ai apporté ma petite pierre, puisque l'éditeur m'a demandé s'il pouvait reprendre un court texte intitulé Invincible, déjà paru dans Philosophie intime du Sud-Ouest (Les Equateurs) et qui évoque ma fille. Le voici :
"A tout âge, on se découvre orphelin de père et de mère. Passée l'enfance, cette double perte ne nous est pas moins épargnée. Si elle ne s'est déjà produite, elle se tient devant nous. Nous la savions inévitable mais, comme notre propre mort, elle paraissait lointaine et, en réalité, inimaginable. Longtemps occultée de notre conscience par le flot de la vie, le refus de savoir, le désir de les croire immortels, pour toujours à nos côtés, la mort de nos parents, même annoncée par la maladie ou la sénilité, surgit toujours à l'improviste, nous laisse cois. Cet événement qu'il nous faut affronter et surmonter deux fois ne se répète pas à l'identique. Le premier parent perdu, demeure le survivant. Le coeur se serre. La douleur est là, aiguë peut-être, inconsolable, mais la disparition du second fait de nous un être sans famille. Le couple des parents s'est retrouvé dans la tombe. Nous en sommes définitivement écartés. Oedipe s'est crevé les yeux, Narcisse pleure".
Lydia Flem a poursuivi avec un talent et une émotion égales, son travail -universel- de deuil de ses parents, avec Lettres d'amour en héritage (Points/Seuil). C'est d'une pudeur extrême et d'un amour infiniment grand. Le livre retrace la vie de ses parents disparus, à travers trois cartons de leur correspondance amoureuse, depuis les débuts, que leur fille (l'auteure) découvrit, en vidant la maison, une fois orpheline... La tendresse résume ce livre précieux. Il n'est pas innocent que l'écriture soit devenue, très tôt, le terrain de jeu de l'auteure, puis que celle-ci ait fait profession de psychanalyste. Par bonheur, ces deux livres sont exempts de théorie, mais emplis, au contraire, de sensibilité à vif -mais douce, comme ces napperons brodés que nous avons tous vus dans les mains de notre mère, tandis qu'elle les rangeait avec un soin particulier, alors qu'ils sentaient encore le "chaud" du fer à repasser, sur une étagère d'une armoire, quelque part dans une pièce de la maison familiale...
Autres extraits

l'excellent canard fermier aux olives vertes et son jus de romarin en bocal de 700 g de La Comtesse du Barry (19,95€) et nous l'avons escorté avec
souple et même élégant sur ces cuisses soyeuses de canard habillées d'olives. 
Au début je trouvais le format mal commode et devoir prendre le livre verticalement m'était trop inhabituel et puis je m'y suis fait bien sûr, au mini format de la collection
m'instruisant avec
connaître le sens et l'origine de : en voiture Simone, soupe à la grimace, être beurré comme un p'tit Lu, à la fortune du pot, broyer du noir, mon cul sur la commode... Un livre à rapprocher du classique
familier
sait plus conjuguer le verbe coudre, qu'on hésite à mettre une cédille là-dessous, à coller un accent ici ou là, qu'un pléonasme surgit à notre insu ou que l'on colle au féminin un mot masculin; entre autres! Avec Point2, je peux aussi écouter
de Sophie

lecteurs depuis 1991 (ce livre indispensable et qui a mis le feu à l'intérêt général pour la philosophie à portée de tous -souvenez-vous!, est paru en 1995 en France). Je peux aussi -et quel bonheur c'est!, reprendre tranquillou
Code 93, par Olivier Norek
Remonter la Marne, par Jean-Paul Kauffmann
L’étoile et la vieille, par Michel Rostain
Le livre majeur paru ces derniers mois est Remonter la Marne, de Jean-Paul Kauffmann (Fayard). J'ai lu deux fois ce livre : en l'achevant, je l'ai aussitôt recommencé afin de rester dans la musique, dans la phrase, dans la subtilité des descriptions, l'analyse aiguë des personnages croisés, le choix du mot juste et parfois rare ou oublié, la remarque qui touche, l'extrême sensibilité de l'auteur et puis bien sûr la démarche générale : une pérégrination à la manière des travel-writers comme Jacques Lacarrière (Kauffmann avait d'ailleurs promis à l'auteur de
un périple semblable
possèdent une écriture somptueuse de surcroît. Je les ai rangés côte à côte à présent, pas trop loin de (presque) tous les autres livres de ces deux auteurs précieux. A noter un folio 2€ de Tesson, extrait de Une vie à coucher dehors (folio) et qui s'intitule L'éternel retour -cinq nouvelles coups de poing. Un petit régal.
des bourlingueurs nommés Patrice Franceschi (il pilote la collection), Jean-Claude Guillebaud (beau texte intitulé Vers l'autre et vers soi-même), Olivier Frébourg (superbe texte intitulé Fuir seul, vers le seul -le mot est emprunté à Plotin), Sylvain 
Tesson, Tristan Savin (qui pilote le "mook" Long Cours, auteur ici de la nouvelle forte Le lion de Belfort), Gérard Chaliand, Bruno Corty, Jean-Christophe Rufin, Martin Hirsch, Laurent Joffrin et Olivier Archambeau. L'aventure peut elle encore avoir un sens dans un siècle exploré jusqu'à l'os, où la technologie interdit à l'homme de se perdre, où le principe de précaution et la recherche de sécurité sont des diktats ordinaires digérés ?.. L'altérité, la rencontre vraie, l'esprit de liberté demeurent. "L'aventure ou l'antidote au suicide collectif", écrit l'ami
Frébourg, qui pense aussi que "la liberté, ça ne se négocie pas : c'est la part des anges".
genèse, la création, la composition de l'emblématique recueil avec un flip-book qui montre des photos (datant de 1914) d'Apollinaire et de son ami André Rouveyre en train de rire. Il y a aussi des textes admirables de Paul Léautaud, Blaise Cendrars, Pierre Reverdy, Max Jacob, René Guy Cadou, Maurice Fombeure, Louis Aragon, Allan Ginsberg et, plus près de nous, de Jacques Réda, André Velter, Guy Goffette, et Adonis, qui rendent hommage à la beauté d'Alcools. A noter également la publication d'un folioplus sur le recueil, doté d'un solide dossier analytique signé Sophie-Aude Picon.
Soixante-dix poèmes écrits au cours des deux dernières années de la vie de Celan, 1967-68, fortement teintés d'un érotisme discret.
est
puis à Mons entre 1873 et 1875. La Chanson de Gaspard Hauser et L'Art poétique, entre autres poèmes célèbres, figurent dans ce livre.