cadeauésie
Le coffret est arrivé par coursier et quand je l'ai ouvert, je me suis exclamé de bonheur. Il y a des jours comme ça où vous pensez que c'est votre fête, mais non -ou bien oui.
Poésie/Gallimard (André Velter) et Télérama (Fabienne Pascaud) se sont associés pour proposer une Petite Bibliothèque de Poésie (30€) composée de douze volumes d'un format agréable, plus petit que l'habituel de la collection Poésie, minces (48 pages dont 40 de poèmes), essentiels, qui sont donc eux-mêmes des mini-anthologies de poètes emblématiques, intemporels ayant bousculé le langage et innové en leur temps respectif. Ce Coffret des Douze marquera.
En voici l'éclectique composition : François Villon, Frères humains qui après nous vivez. Charles d'Orléans, En la forêt de longue attente. Maurice Scève, Plutôt seront Rhône et Saône déjoints. Pierre de Ronsard, Afin qu'à tout jamais de siècle en siècle vive. Théophile de Viau, Après m'avoir fait tant mourir. Jean de La Fontaine, Un savetier chantait du matin jusqu'au soir. Marceline Desbordes-Valmore, Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes. Victor Hugo, Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. Gérard de Nerval, Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée. Charles Baudelaire, Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat. Paul Verlaine, Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant. Arthur Rimbaud, J'étais soucieux de tous les équipages. On se lassera de ces compagnons avec difficulté et c'est heureux. Ce coffret de chevet est un cadeau poétique majeur; un viatique. La véritable marque de l'arrivée du printemps.
En offrande, ce sonnet de Théophile de Viau :
Je songeais que Phyllis des enfers revenue,
Belle comme elle était à la clarté du jour,
Voulait que son fantôme encore fît l’amour
Et que comme Ixion j’embrassasse une nue.
Son ombre dans mon lit se glissa toute nue
Et me dit : « Cher Thyrsis, me voici de retour,
Je n’ai fait qu’embellir en ce triste séjour
Où depuis ton départ le sort m’a retenue.
« Je viens pour rebaiser le plus beau des amants,
Je viens pour remourir dans tes embrassements. »
Alors, quand cette idole eut abusé ma flamme,
Elle me dit : « Adieu, je m’en vais chez les morts,
Comme tu t’es vanté d’avoir foutu mon corps,
Tu te pourras vanter d’avoir foutu mon âme ! »
Commentaires
Justement pensé à vous à la lecture de "Montagnes et rivières sans fin" de Gary Snyder (Ed. Du Rocher, 2002)... Immense.
Bon, bé, je vais aller voir cela de près. Merci du tuyau, Sylvain.