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  • ajetez-le!

    Une merde !..
    Je n’imaginais pas que l’on puisse laisser sortir un tel ramassis de lieux communs sirupeux, un discours de la bêtise qui se croit novateur en plus, sur
    la tauromachie ! : Une sous-espèce de présentation et d'éloge mou, sans relief, sans aucune âme, avec un vernis de connaissance pompé sur wikipedia et vu, vite, depuis des gradins...  Outre le fait que le livre soit rempli jusqu’à ras-bord d’inexactitudes, de platitudes et de fautes (même d’orthographe un peu partout !), qu'il soit à peine écrit en Français, ce parallélipipède de papier se veut avisé, fait l’intelligent. Or, c'est une aberration indépassable sur le sujet. J’ose à peine vous donner ses références –mais comme ce sont les seules qu’on puisse lui attribuer, les voici : Marine de Tilly, Corridas, De sang et d’or, Ed. du Rocher, 19,90€ Oubliez !


  • Wanderer


    Les commentaires laissés par Aude, hier, m’ont donné envie de revenir à un livre de Sylvain Tesson ce matin. Mes annotations nombreuses me rappellent que j’avais consacré une bonne demi-heure à son Petit traité sur l'immensité du monde, sur les ondes de Sud-Radio (ainsi qu'à Anatomie de l'errance de Chatwin). Il cite Saint-Augustin : « le bonheur, c’est de désirer ce que l’on possède déjà ». Ceci pour la note récente consacrée au désir, qui a généré tant de commentaires.
    Tesson pense à la figure du wanderer, qui n’a pas d’amarres à couper puisqu’il n’en a aucune. Il s'en sent proche. Errant libre de toute entrave, le wanderer se distingue du voyageur classique : vagabond romantique, loup des steppes misanthrope, cavalier seul, ermite des taïgas, moine-mendiant, troubadour, hobos, trappeur, coureur de bois, errant. C’est un être « perpétuellement en état de poésie » (Novalis). Il ne supporte pas que le soleil, à son lever, parte sans lui, dit Tesson. Le nomade  « change le sable du sablier en poudre d’escampette, brise le cadran de l’horloge et se sert des aiguilles pour piquer sa propre croupe. (… ) Au tic-tac de l’horloge, le voyageur répond par le martèlement de sa semelle… » Lisez Tesson et partez (ou l’inverse : partez et lisez-le au bivouac).

  • Tesson

    Rencontré ce matin Sylvain Tesson chez mon nouvel éditeur (le même que lui : Les Equateurs). L’auteur du « Petit traité sur l’immensité du monde » (évoqué sur ce blog, comme deux autres de ses précieux livres), est un petit homme sec et tout en muscles, le cheveu ras, l’humour à fleur de lèvres. De ces hommes rares qui écoutent l’autre, s’intéressent, font montre d’une gentillesse naturelle. Aucun calcul semble n’avoir jamais traversé sa vie. Homme des grands espaces, solitaire amoureux fou de  nature sauvage, marcheur impénitent (comme Montaigne et Olivier Germain-Thomas, il pense par les pieds, puis laisse infuser), celui que je persiste à comparer à Bruce Chatwin, Paul Théroux, Nicolas Bouvier et quelques autres travel-writers, n’est pas comme Nicolas Vanier, faux Jack London (que je voyais de temps à autre, avant qu’il ne devienne la star des traîneaux sponsorisés que l’on sait). Humble, vrai, Sylvain Tesson repart toujours (il m'a d'ailleurs semblé étrange de faire sa connaissance à Paris) –dans quelques jours passer son examen de saut en parachute, puis en Bretagne. Après ? –Quelque part dans le vaste monde, loin de la civilisation qui nous bouffe tout cru. Une rencontre.

  • Le sommeil

    Un bienfait principal du voyage en train est de nous permettre d'avaler des livres tandis que la micheline avale les kilomètres. Le TGV tend à devenir mon salon de lecture favori. Avant-hier, à la faveur d'un retard de deux heures entre Bordeaux et Paris, j'ai pu engouffrer la totale de Jean de La Ville de Mirmont, qui reparaît donc en semi-poche (Les Cahiers Rouges). J'ai déjà dit ici le bien que je pensais des poèmes de L’Horizon chimérique, de l’absurde troublant des Contes, de l’énigmatique roman Les Dimanches de Jean Dézert.

    Puis, j’ai pris Je vivais seul, dans les bois, de Henry David Thoreau, en folio à 2€ (premier et long chapitre de son fameux Walden) : écolo, roots, authentique -nous sommes en 1845 ; « into the wild » , genre…

    Enfin, j’ai lu Les grandes blondes, de jean Echenoz (minuit/double). Là, les étincelles stylistiques qui font sens et qui définissent à mes yeux une certaine littérature contemporaine, française, vraiment jouissive, que le catalogue des éditions de Minuit reflète bien depuis une vingtaine d’années, a repoussé les limites de ma fatigue et une légitime propension à m’endormir, bercé par les vibrations et le ronronnement du wagon.

    Trois exemples : un court, un plus long et un autre en guise de sujet de réflexion :

    « Donatienne (s’exprime) d’une voix rapide, acérée mais fragile comme une arête de craie."

    « … il retire un quarante-cinq tours de sa pochette, il dépose Excessif sur la platine. Debout près de la fenêtre il aperçoit, sur le boulevard, une femme en cuir en train de s’extraire d’un véhicule diesel. La chanson passe, il écoute les paroles, il fait éclater entre ses doigts les petites bulles en plastique de l’enveloppe, l’une après l’autre, comme il traitait déjà, trente ans plus tôt, en famille en vacances, les petites bulles de varech sur les roches submergées de la presqu’île de Giens (Var). »


    Enfin, il y a ce début de chapitre (le sixième) :
    « On peut se représenter le sommeil sous plusieurs formes. Echarpe grise, écran de fumée, sonate. Vol plané d’un grand oiseau pâle, portail vert entrouvert. Plaines. Mais aussi nœud coulant, gaz asphyxiant, clarinette basse. Insecte rétracté sur sa vie brève, dernier avis avant saisie. Rempart. C’est une question de style, c’est selon la manière dont chacun dort ou pas, selon les rêves qui l’éborgnent ou l’épargnent . »

    Et pour vous, le sommeil revêt quelle forme, a quelle image ? C’est la question du jour. A vous !

  • Salgado


    244957237.jpg«La vraie intelligence de l'être humain, c'est sa capacité d'adaptation.
    Les hommes se font à tout, y compris au pire.»
    Sebastião SALGADO
     
    Photo : Gare de Church Gate, 1995. © S. Salgado.
    Photo visible, avec d'autres de l'immense photographe, sur www.polkagalerie.com, pendant du nouveau magazine Polka, consacré au photojournalisme.
     
    C'est la réflexion du jour, chers blogueurs. A vous! 

  • A propos du duende

    "Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise, qu'il brise les styles, qu'il appuie sur la douleur humaine qui n'a pas de consolation."

    Federico Garcia Lorca, Jeu et théorie du duende, (conférence prononcée en 1933 à Buenos-Aires et à Montevideo). Texte bilingue chez Allia. 

  • un record

     Arrêt sur blog : à la suite de la note Passage du désir, je compte déjà 67 commentaires ce matin.

    Un record sur KallyVasco, je crois.

    Continuez!

    Merci de vous inviter ainsi à cette auberge.

    Et bienvenue aux inconnus de passage.

  • Avé G.!..

    1989367233.jpgUn buste de Jules César a été découvert en Arles en 2007. La nouvelle, secrètement gardée, est "tombée" il y a quelques jours seulement (Une du Monde, jeudi ou vendredi dernier). Il pourrait s'agir du seul buste réalisé du vivant du dictateur romain.

    Il est émouvant, étonnament moderne, si loin, si proche. Touchant, même. Contemporain, en somme.

    Il y a juste un truc qui cloche et qu'il me coûte de dire : je n'ai pas pu m'empêcher de trouver à cette sculpture une étrange ressemblance avec George W. Bush*. Et -cela va sans dire, mais-, je trouve infiniment plus de classe et de talent à l'auteur de La Guerre des Gaules, qu'à l'hôte pitoyable de la Maison-Blanche...

    Et vous? 

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    * Pas sur cette photo, mais sur une video qu'il m'a été donné de regarder sur le fil audiovisuel de l'AFP (disponible notamment en se rendant sur la page d'accueil de Yahoo).

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    A propos, je vous donne une autre info, assez méconnue : on a coutume de penser que les gladiateurs, en entrant dans l'arène, s'adressaient à celui qui la présidait (l'empereur ou un autre personnage d'importance), en lui adressant le fameux brindis suivant : "Ave César, morituri te salutant" (ceux qui vont mourir te saluent). Et bien c'est faux! J'en crois Paul Veyne, éminent spécialiste de la Rome antique. Il l'affirme dans l'un de ses ouvrages, Sexe et pouvoir à Rome, recueil d'articles donnés à la revue L'Histoire, au chapître intitulé Les gladiateurs, artistes maudits (Points). 

     

  • Passage du désir

    Ce pourrait être l'une des définitions de l'existence, l'un de ses axiomes, son antienne la plus rejouée. Arioste (dans Orlando furioso, le Roland furieux) et bien d'autres, disent ceci (là, c'est Lucrèce, dans La Nature des choses, cité par Montaigne dans le chapitre LIII, intitulé D'un mot de César, du Livre I de ses indépassables Essais) :

    "Tant qu'il nous fuit, l'objet de notre désir

    Nous paraît plus désirable que tout le reste.

    S'offre-t-il à notre prise, notre désir se porte ailleurs

    Et la même soif nous tient en suspens, bouche ouverte." 

    Et c'est la réflexion du jour...

  • bon, allez, j'ose...

    http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/blogapart/index.php?id=56652

    Je le savais depuis le début (juin 2007), mais je ne voulais pas en faire état. Cela fait (à ma connaissance) deux fois que ce blog est cité par France Inter (lien ci-dessus), comme un blog du plaisir, bla-bla, un blog intéressant et dédié aux bonnes choses et bla-bla et recommandablablabla... (une fois par Alexandre Boussageon, une autre par David Abiker). Et puis ce matin, je me suis dit : on est une petite poignée à échaffauder ce blog, il faut que j'informe les doigts de la main.

    Merci à vous d'enrichir KallyVasco chaque jour et chaque nuit! Il n'est qu'à citer le 24ème commentaire, qui vient juste de tomber sous  la note "Oblatif, oblada...", d'un certain Blond d'Aquitaine, pour se convaincre de la qualité des intervenants!.. Un blog est un produit en commun. 

  • Oblatif, oblada, life goes on...

    Doit-on opposer le fameux Carpe diem d'Horace (et sa suite chrétienne : e memento mori) : cueille le jour et souviens-toi que tu es mortel, à la pensée de Spinoza : L'homme libre ne pense pas à la mort, sa sagesse n'est pas méditation de la mort, mais méditation de la vie. Qu'il faille constamment chercher l'ataraxie, la paix de l'âme, en considérant  que cette quête est recevable uniquement dans la vie, me semble certain (à condition de ne pas croire en un au-delà). Et qu'il faille avoir le souci (socratique) des autres, jusqu'au presqu'oubli de soi, aussi. Sénèque : Vis pour autrui, si tu veux vivre pour toi. L'Evangile -que je ne fréquente guère- dit pourtant, en substance, que la bonté suppose le désintéressement total. Elle doit être en quelque sorte spontanée et irréfléchie, sans le moindre calcul, sans la moindre complaisance en soi-même. Pure théorie, c'est vrai... Selon le philosophe Pierre Hadot, seul Marc-Aurèle a atteint ce sommet. Relisons Marc-Aurèle...

  • Eloge de la crème de marrons

    La gourmandise est faite de connivences inattendues et de correspondances inédites. Les amateurs de crème de marrons sont des passionnés : qu’un étranger évoque leur penchant dans un compartiment de train ou sur le zinc d’un bistrot et leur œil s’allume, leur sourire apparaît, leur regard devient lumineux, curieux ; ami. La conversation s’engagera inévitablement et quelque chose naîtra entre deux inconnus que rien ne liait jusque là. La crème de marrons possède cette magie de créer des liens entre aficionados silencieux, car un peu seuls avec leur gourmandise. Avouez que beaucoup n’aiment pas la crème de marrons et je me demande toujours pourquoi ils n’apprécient pas cette ineffable onctuosité, cette sensation infiniment sensuelle procurée par une incomparable consistance, ces saveurs d’automne, ce goût de nature (ardéchoise) brute, adouci par un sucré subtil et un vanillé indispensable…
    J’aime la crème de marrons. À même le pot avec une cuiller, le matin  et le soir, ou bien avec du fromage frais. Mais elle est meilleure toute seule. La crème de marrons est la madeleine de ses aficionados : leur plaisir remonte à l’enfance. Souvent j’ai été tenté de lancer un appel aux gourmands de mon espèce pour créer un club d’amateurs (qui existe sans doute déjà) et je confesse un plaisir formidable à en déguster en compagnie d’un ou d’une qui l’aime autant que moi. Par goût du partage simultané. Comme avec un grand sauternes. Mais cela est étrangement rare.
    Les bonnes crèmes de marrons ne sont pas légion et celle de Clément Faugier –qui inventa la sienne en 1885 en utilisant astucieusement des bris de marrons glacés mêlés à la farine de châtaignes, du sirop de confisage, du sucre et de la vanille -, excellente, présente l’avantage d’être disponible à peu près partout, en boîtes de plusieurs tailles et même en tube ! Ah le tube de crème de marrons… Je ne connais pas de meilleur dentifrice. En montagne, c’est mon trompe-creux de huit ou neuf heures.
    J’ai noté un jour dans un carnet, pour définir le poids de l’ennui, que certains dimanches après-midi étaient aussi épais que de la crème de marrons. Mais avec elle, l’ennui désépaissit. Lorsque je prends une copieuse cuillerée de crème de marrons, j’ai l’impression de rouler une pelle à Clément Faugier. Bizarre. L.M.

  • Lettre à D.

    Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien.

    J'ai compris avec toi que le plaisir n'est pas quelque chose qu'on prend ou qu'on donne. Il est manière de donner et d'appeler le don de soi de l'autre. Nous nous sommes donnés l'un à l'autre entièrement.

    Nous serons ce que nous ferons ensemble.

    Tu m'avais fourni la possibilité de m'évader de moi-même et de m'installer dans un ailleurs dont tu étais la messagère. Avec toi je pouvais mettre ma réalité en vacances. Tu étais le complément de l'irréalisation du réel, moi-même y compris, auquel je procédais depuis sept ou huit ans par l'activité d'écrire. Tu étais porteuse pour moi de la mise entre parenthèses du monde menaçant dans lequel j'étais un réfugié à l'existence illégitime, dont l'avenir ne dépassait jamais trois mois. Je n'avais pas envie de revenir sur terre. Je trouvais refuge dans une expérience merveilleuse et refusais qu'elle soit rattrapée par le réel.

    J'aimais que tu me réclames tout en me laissant tout le temps dont j'avais besoin.

    Tu étais unie, disais-tu, avec quelqu'un qui ne pouvait vivre sans écrire et tu savais que celui qui veut être écrivain a besoin de pouvoir s'isoler, de prendre des notes à toute heure du jour ou de la nuit; que son travail sur le langage se poursuit bien après qu'il a posé le crayon, et peut prendre totalement possession de lui à l'improviste, au beau milieu d'un repas ou d'une conversation.

    Aimer un écrivain, c'est aimer qu'il écrive, disais-tu. "Alors écris!"

    En été nous admirions les acrobaties aériennes des hirondelles dans la cour de l'immeuble et tu as dit : "Que de liberté pour si peu de responsabilité!". 

    La découverte avec toi de l'amour, allait enfin m'amener à vouloir exister; et mon engagement avec toi allait devenir le ressort d'une conversion existentielle.

    Une annotation de Kafka dans son Journal peut résumer mon état d'esprit d'alors : "Mon amour de toi ne s'aime pas." Je ne m'aimais pas de t'aimer.

    "Je ne veux plus remettre l'existence à plus tard." (Georges Bataille). 

     

     ©André Gorz, Lettre à D. Histoire d'un amour, récit, éditions Galilée. Extraits.

     

  • Montaigne par Onfray


    Une main amie m'a fait un cadeau gigantesque, hier : le coffret de 13 CD de Michel Onfray sur Montaigne. C'est son cours de philosophie donné à l'Université populaire de Caen en 2004. J'en avais entendu quelques extraits, subjugants, sur France Culture. J'en avais rêvé, ... l'a fait.

    Pour les écouter tranquillou, je sens que je vais monter dans Pépètte (ma wouature) et rouler -au hasard- jusqu'à Séville... Avec une halte-hommage(s) à Bordeaux...

    Si vous connaissez déjà ces CD, n'hésitez pas à partager ici vos impressions. 

    Je le répète, le but premier et principal de ce blog est de "faire passer". Aussi tout est bon : une recette, un cadeau, un cd, une lecture, une rencontre, une lumière, un lever de lune, un coucher de brune, un cours de philo sur Montaigne itou, donc. Allez, Zou! Et si vous ignoriez ces cours de "Contre-histoire de la philosophie" (concentrés également en volumes qui paraissent régulièrement chez Grasset -ce blog s'est fait l'écho des premiers : fouillez), cela ne fait rien! Parlons de Montaigne, d'Onfray, de n'importe quel passage des Essais... Re-Zou (allez)!

     

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  • Vite frais

    Tu coupes en petits morceaux une mangue et une pêche, effeuilles de la coriandre, presses un citron, t'attrapes un dos de cabillaud, le poêles un chouia, et tu mets tout ça dans du papier sulfurisé que tu fermes, façon papillote. T'as salé et poivré, avant. Et au four ! C’est bientôt prêt. Du riz, et zou. Autant de papillotes que de bouches à nourrir.
    Tant que ça cuit, tu prépares une salade avec oranges pelées, feuilles de chêne, jeunes carottes marinées (un peu avant) avec huile d’olive et cumin, de l’eau de fleur d’oranger, une pincée de cannelle, des olives noires, et zouzou.
    Dessert ? Bé... une salade de gariguettes (elles sont belles et leur goût est enfin arrivé) avec des feuilles de menthe et du jus de fruits frais en pack, genre multivitamines. Pas de sucre, malheureux ! Bon, allez, à table…

  • Trois fois je me demande si...

    (variétés, suite)

    Mardi. Muriel et Pascale toujours aussi belles. Surtout devant une assiette d’antipasti del nonno. À côté d’elles, les brunes qui passent devant la terrasse paraissent fades. Ce sont mes sœurs, pourquoi ? La voiture sent le renfermé après quatre mois de jachère. Putain de garde à vue (penser à créer ce Prix littéraire que je nommerai Le GAVé. Il récompensera le plus beau récit de Garde A Vue. Avis…). Bosser avec Gérard et les filles me fait aimer le travail autant que la plage. Gérard conduit trop. Ses aller-retour hebdomadaires à Izotges, Gers, le crèvent. Nous n’irons pas au bal, ce soir. En revanche, l’œil malicieux de Sophie invite à décompresser autour de deux Perrier-tranche. Notre amitié cristallise comme un pot de miel au fond d’un placard de résidence secondaire. Elle a un dîner. Sur son visage, je lis une sérénité qui me fait plaisir. J’aime Saint-Germain-des-Près en cette saison, encore basse. Rien ne presse. Personne ne m’attend, excepté le chat de ma fille, à l’appétit vagabond. Havanes, librairie. Enfin échoué, je dépose ma carcasse, sac de marin, savoure mon être-au-monde en regardant le ciel noir que je sais étoilé. Le quotidien oblige à négliger notre conscience du pur bonheur d’exister. Léonard Cohen, un thé vert, mon chien (ce blog). « Et si la littérature était un animal qu’on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu’il faut aimer, nourrir, sortir ? » (Roger Grenier). Pour un peu, je me sentirais à la campagne. Manquent les parfums de la nuit : menthe glacée, ronce, terre tiède.  

  • Deux fois je me demande si...

    (otra version sur "l'art" de ne rien dire)  

    Le mardi, je déjeune en compagnie de mes deux sœurs. Nous sommes allés chez La Nonna Inès aujourd’hui, rue de l'Arbalète. L’évocation de nos parents disparus a encore besoin de drôlerie pour habiller la tendresse. Elles sont belles, mes sœurs. J’observe notre trio, désormais serré comme un bouton de rose. Il ne saurait faillir. J'ai démarré la voiture avec une impression inédite. Je ne l’avais pas utilisée depuis quatre mois. Suspension de permis. J’ai rejoint Gérard, Marie et Sophie à Montrouge. Nous avons travaillé –dans la joie comme toujours, à plusieurs dossiers. En fin de journée, Marie est partie et Gérard opposa une réelle fatigue à ma proposition d’aller dîner. Nous avons pris un apéritif amical et complice, Sophie et moi, au Café Cassette. Avec Le Vieux-Colombier, ce furent mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Sophie avait un dîner. Je lus la sérénité sur son visage. Elle manifesta un bien-être raffermi. J’ai flâné à St-Germain avant de rentrer. L’air était doux, la lumière tendre. Je me sentais bien. J’ai échoué à trouver "Diego et Frida", de Le Clézio, à la librairie L'Ecume des pages, puis j’ai acheté un havane orné d'une bague étrange, mentionnant "Exclusivo Francia". Je viens d'arriver, il est vingt-deux heures, je n’ai pas faim. Je nourris le chat de ma fille, pensionnaire depuis hier soir pour cause de déménagement. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. J’affale ma voilure, relâche la carcasse, me sers un thé vert à la menthe, allume le havane, lance Ten New Songs de Léonard Cohen, flâne sur mon blog. Note ceci...
    La lune monte. Le ciel paraît noir. Je le sais étoilé. Je prends conscience de mon être-au-monde. Le quotidien empêche de savourer le pur bonheur d’exister. Demain, je me lèverai tôt, prendrai le petit-déjeuner dans le salon baigné de soleil et retournerai aux écritures.
     

  • Des fois je me demande si...

    ... Je ne devrais pas écrire, chaque jour, ici, sur ce chien que je nourris (KallyVasco ne portera jamais de collier), des choses comme... les notes qui noircissent mes carnets Moleskine successifs, lesquels s'accumulent sur une table et font la poussière (au moins comme çà, quelqu'un la fait...). Cela donnerait, pour cette fin de journée : Après le désormais traditionnel (et merveilleux) déjeuner du mardi en compagnie de mes deux soeurs, chez La Nonna Inès cette fois, rue de l'Arbalète (ah! le lard de Colonatta!), j'ai repris ma voiture après quatre mois de suspension de permis. Bizarre... Travaillé -comme d'habitude- dans la joie avec Gérard, Marie et Sophie à plusieurs dossiers simultanément. VSD J.O., Rome, 7 erreurs... Puis, à la fraîche, Gérard, trop fatigué, est rentré se coucher. Long apéro vraiment bien, amical et complice à fond, au Café Cassette avec Sophie (préféré, ce soir, au Vieux-Colombier). Ce rade fut l'une de mes annexes lorsque je vivais rue de Rennes. Moments simples et bavards, jusqu'à l'heure de son dîner prévu avec une de ses anciennes collègues. Flâné à St-Germain, l'air était doux, la lumière baissait gentiment, je me sentais bien, si bien. Echoué volontairement parmi les livres de ma pharmacie préférée, du quartier, "L'Ecume des pages", à la recherche de "Diego et Frida" pour l'offrir comme promis à Angélique. "Livre manquant"! Pris (pour ne pas sortir bredouille -je déteste cela), "La Philosophie comme manière de vivre", de Pierre Hadot, immense socratique, et "Rome et l'amour" de Pierre Grimal. Passé à la banque consulter mon solde, puis acheté deux havanes, nouveaux sur le marché et dont j'ai entendu du bien : l'Obus de Juan Lopez. le module est orné d'une bague sur laquelle j'ai lu, pour la première fois, "Exclusivo Francia". Rentré à 22 heures. Nourri le chat de ma fille (en pension depuis hier soir pour cause de déménagement et de concours divers ici et là). Penser à dîner, mais je n'ai pas faim. Rien ne presse. Plus rien ne presse. Rien, au fond, n'a jamais pressé, ne doit jamais presser. Thé vert à la menthe. Ayo, Léonard Cohen, Catpower. Blog (J'y suis!). Ne pas oublier le réveil : re-boulot dès 8h30 à Montrouge!.. Et voilà.

    Mais cela, à la vérité, ne présenterait, franchement, aucun intérêt. Nous sommes bien d'accord...

  • Poésie de rappel

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    SOLDES!
    Il restait des exemplaires de deux de mes livres de poésie : La Corrida du 19 avril (Atlantica) et Femmes de soie (Séguier) chez leur éditeur, qui décida de cesser leur exploitation. Je les ai rachetés. Je peux donc les proposer, ici, à un prix plancher : 7€ le premier, 10€ le second (au lieu de 11€ et 14€). Acheter La Corrida... c'est (aussi) faire un geste en faveur de "Vaincre le cancer", puisque je reverse les droits à cette association. Acheter Femmes de soie, c'est s'offrir le best of my poésie, 210 pages consacrées à la femme. Si vous cliquez, colonne de gauche, sur les bouquins, vous lirez un petit mot qui les résume. Commandes par mail (ci-contre à gauche). J'offre les frais de port! Et allez!.. (de toute façon, c'est pas maintenant que je deviendrai riche ou que je saurai comment faire pour le devenir, té!). Pensez à la fête des mères, à la Saint-Glinglin, à l'anniversaire du copain, au tête-tête amoureux, au dîner d'après-demain que je sais jamais quoi leur apporter aux Machin; à vous. Aussi...

  • Kahlo


    En me baladant dans les archives de ce blog pour y faire un peu de nettoyage, je suis tombé sur ce "post" d'un biographe de Frida Kahlo, posé à la suite de ma note intitulée "Deux mains" (archives, colonne de gauche, catégorie "tu es plus belle...", samedi 22 avril 2006).

    http://pagesperso-orange.fr/editions-du-jasmin/liv533.htm

    J'ignore si son livre est bon, mais j'aime la peinture et le destin de cette femme. Vous aussi peut-être. Je vous le signale donc.

    Le premier qui va voir cela de près en fait part !.. 

     

  • ECRIVEZ!


    Vous étiez environ 400 visiteurs uniques, hier. Deux ou trois (les fidèles) ont de nouveau participé. Ecrivez! Un blog est un outil interactif, pas seulement une offrande. Je ne souhaite pas que KallyVasco devienne une BD qu'on lit, assis peinard dans un coin à la Fnac, et que l'on range avant d'en prendre une autre, puis de sortir du magasin. Ecrivez!

  • Passage à St-Jean-de-Luz

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    Les Luziens d’adoption possèdent la distance nécessaire au regard juste et à l’amour choisi –comme on le dit de l’immigration, qu’aucun natif ni aucun touriste ne porteront jamais. Ils partagent avec les voyageurs, ces passagers clandestins de l’émotion, la faculté d’immersion en délicatesse. Par mimétisme animal, l’étranger aborde la baie de Saint-Jean-de-Luz ou celle d’Along, muni d’un savoir se confondre. Il n’impose ni ne prélève, cueille selon ses besoins. (Ainsi les Blondes d’Aquitaine sont bien gardées). Le nouveau Luzien épouse sans dot. L’air de ne pas y toucher. D’ailleurs s’il touche l’autre, c’est avec le viatique de sa liberté. Sa carte de visite n’est pas un bristol. C’est une poignée de main en arrivant, l’offrande du récit d’un parcours, le brouillon de sa carte du Tendre en partant. LM (extrait d'un papier rédigé au Grand-Hôtel de St-Jean, en avril. Reportage à paraître dans quelques jours dans Pays Basque Magazine / Maisons Océan). Il en va des Luziens comme des Latignaciens, des Nambikwaras ou des Persans.

    Photos ©LM : En haut : la baie depuis ma chambre d'hôtel - En bas : tapas et fragments ont partie liée. Brefs, parfois piquants (banderilles, dit-on à San Seba), on les picore, on les note, les oublie...

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  • Zique

    Ma fille m'a fait découvrir récemment deezer.com Vous connaissez sans doute. Sinon, découvrez : c'est le site idéal, gratuit, pour bosser (devant son ordi) en écoutant tout ce que l'on veut et que l'on n'a pas, ni dans son itunes, ni dans sa cdiscothèque.

    This sunday morning, I've got the pêche with the big noyau. Yeeeeep! 

  • La Petite Vermillon


     
    C'est une belle idée, que l'on doit à Alice Déon (elle préside La Table ronde) : thématiser les sorties de La Petite Vermillon (la collection de poche de LTR), en faisant des tirs groupés. Après la vague Anouilh (neuf volumes d’un coup !), voici, sur le thème du voyage, que reparaissent simultanément : Souviens-toi de Lisbonne, d’Olivier Frébourg, Suite indochinoise, de Jean-Luc Coatalem sur le Vietnam, Court voyage équinoxial, carnets brésiliens de Sébastien Lapaque et La Montagne morte de la vie, de Michel Bernanos (fils de Georges) sur le Brésil aussi. Françoise de Maulde, qui épaule Alice, m'a annoncé le thème du sport pour bientôt. Avec le travail du prédécesseur d'Alice, Denis Tillinac, le fond est riche et bon...
    Loués soient les grands petits livres !
     

  • Monumenta

    En visitant la performance de Richard Serra dans la nef du Grand-Palais (lieu magique entre tous) avant-hier soir, et en me plaçant à un certain angle qui permet de voir en perspective ses cinq panneaux de 16 mètres de haut et de 75 tonnes chacun -de manière à envisager leur penchant (chaque plaque gigantesque d'acier est inclinée), comme bon me semblait-, j'ai vu ceci : les Twin towers s'écartant au dernier moment pour esquiver les deux Airbus. Des tours toreros, écarteurs landais. Une victoire énorme. J'ai même éprouvé -physiquement- le vertige des avions manquant leur cible et poursuivant leur vol dans la nuit des Temps. Une expérience. L'art, monumental, en un lieu exceptionnel, procure ce genre d'émotions, dont le charme premier est leur surgissement, tandis que nous marchons à la recherche du sens commun.
     
    Allez y si vous êtes à Paris, car au-delà de la "promenade" à laquelle Serra nous invite, il y a le bonheur de rester là, de s'asseoir, lire, prendre du temps en compagnie

  • DIS,.. MAIS!..

    Le dimanche 10 mai 1981, après les résultats, nous nous étions engouffrés dans ma 4L pour aller faire la fête une partie de la nuit, place de la Victoire, à Bordeaux. Nuit de liesse absolue. Les Années-Tonton, qui seraient les notres*, allaient commencer. Le lendemain à 8h00, je passais l'écrit de culture générale du diplôme de Sciences-Po. Epreuve majeure. Nous pensions tomber sur un sujet en rapport avec la gauche française depuis ses origines, ou sur le Socialisme. Etions incollables sur Marx et ses arrières-petits-enfants... Paf! Le sujet fut "Les nouveaux pauvres", lesquels étaient bien plus riches qu'aujourd'hui, d'ailleurs. Reste cette grande fête sincère, ce souvenir d'une joie incroyable à la vue du visage de Tonton sur la vieille télé n&b de ma turne d'étudiant. Depuis, chaque 10 mai, je fête intérieurement ce bonheur-là. Nous avions vingt ans et des poussières, l'espoir gonflait nos poitrines comme le vent la grand'voile. Une expression de soulagement, de sérénité retrouvée, une détente certaine se lisaient sur les visages, le 11 mai. Avec le recul, je sais que ces années-là -les années Mitterrand, de 1981 à 1995, puis le point d'orgue que fut le beau rassemblement Place de la Bastille en janvier 1996, celui enfin de janvier 2006, qui sonna comme un glas, tomba comme un rideau de théâtre, ont été nos années essentielles.

    (* avec mes amis) 

  • Se sentir eluardisé, l'après-midi

    La courbe de tes yeux

    La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

    Un rond de danse et de douceur,

    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

    Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

    C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

    Feuilles de jour et mousse de rosée,

    Roseaux du vent, sourires parfumés,

    Ailes couvrant le monde de lumière,

    Bateaux chargés du ciel et de la mer,

    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

    Parfums éclos d'une couvée d'aurores

    Qui gît toujours sur la paille des astres,

    Comme le jour dépend de l'innocence

    Le monde entier dépend de tes yeux purs

    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

     

    Paul Eluard, Capitale de la douleur, Poésie/Gallimard

     

     

     

     

  • le petit naze sous le Portique

    Les philosophes se réunissaient à Athènes au lieu dit  le "Portail peint" (Stoa Poikilè, d'où leur surnom de stoïciens, "philosophes du Portique").

    Photo : "le petit philosophe du sud-ouest sous le Portique -ou ce qu'il en reste, pense à Socrate et ignore que Cécile le photographie" ©C.L. 181464407.JPG

    Merci au "Monde de la Philosophie" de nous offrir cette semaine Sénèque (La Vie heureuse, La Brièveté de la vie, Lettres 1 à 29 à Lucilius) le Manuel d'Epictète et les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle. Jubilatoires lectures! 

  • Nous tairons jusqu'au silence

    Pour que demeure le secret

    Nous tairons jusqu'au silence

     

    Nul oiseau n'est coupable

    Du tumulte de nos coeurs

     

    La nuit n'est responsable

    De nos jours au fil de mort

     

    Il n'est que grande innocence

    Et des colonnes en marche 

     

    Mais les plaines soulignent

    Notre solitude de leur blé.

     

    Max-Pol Fouchet, Demeure le silence, Actes Sud 

  • Simple!

    Tu prends une courgette que tu tailles avec l'économe, en languettes longues et souples, bien croquantes, tu prends un très bon couteau pour tailler fin comme du papier gommé Rizla+, du lard de Colonnatta (tu l'as trouvé, parce que tu es débrouillard), tu mets des mini-tomates cerises, des pignons saisis à la poêle sèche ou bien avec un bébé-noisette de beurre salé (encore des pignons! bé oui, en ce moment, j'aime çà), tu tranches des cogollos (sucrines, ou coeurs de laitue), dénoyautes quelques olives noires (les Crespo en boîte métal sont bien pour ce genre de salade), tu écosses des petits pois frais (ils sont arrivés!), des fèves itou (elles aussi!) et taille des pois gourmands en petits rectangles (3 minutes à l'eau bouillante pour tous ces machins verts, puis rince à l'eau froide, ça refroidit aussitôt). Tu cisailles de la ciboulette, du cerfeuil, de la coriandre, de l'estragon, émiettes du thym -non, laisse tomber le thym. Vinaigre balsamique, huile d'olive, fleur de sel, piment d'Espelette en poudre; hop! Et t'as déjà ton entrée...

  • Les Aventuriers

    Ce poème nous est offert par aliscan (allez voir son blog http://quialaviealetemps.hautetfort.com/consacré à la poésie, notamment au haïku). Merci à lui. 

    Comme j'ignorais jusqu'à l'existence de ce poète il y a quelques minutes encore, je viens de surfer sur Google et sur fnac.com L'oeuvre du bonhomme a l'air difficile à trouver. Nous chercherons quand même. Dans l'attente, voici le site qui lui est consacré : http://www.leon-verane.fr/verane2_1.htm

    (J'aime lorsque ce blog s'enrichit de la sorte, devient interactif, comme là...).

     

    Nous eûmes tous les deux des âmes sans courage.
    Lorsque le vent gonflait la toile des vaisseaux,
    Les pieds comme rivés au sable de la plage,
    Nous avons vu la proue ouvrir de vastes eaux.

    Nous avons écouté l'adieu de l'équipage,
    De ceux que L'Aventure a pris dans ses réseaux,
    De ceux qui sans émoi, savent, des noirs orages,
    Accoudés à la lice, endurer les assauts,

    Quand d'autres s'inscrivaient sur les pages du rôle ;
    Nous avons agité nos mouchoirs sur le môle.
    Que nos jours maintenant soient en proie aux regrets !

    Ceux-là trouveront seuls les îles chimériques
    Qui, libres de tous liens, sifflent dans les agrès
    Et portent dans leur coeur l'espoir des Amériques.

    Léon Vérane, Les aventuriers

  • Paquito revient

    Paquito chocolatero, ©Agorila, l'excellente maison de production de cd de Manex Meyzenc (Bayonne).

    podcast
     

    A tous ceux qui sont en manque de toros, voici notre hymne-à-frissons, Paquito chocolatero, en attendant Vic, Nîmes et surtout Bayonne, Dax, San Seba, Pamplona, via Mont-de-Marsan et toutes les petites arènes où les novilleros se joueront leur vie à onze heures a punto.
    ¡ Suerte para todos ! Y que Dios reparta bien las cornadas. Si lo quiere... 

    Hey!.. Hey!..

  • Fajardie


    fajardie.free.fr/

    L'un des pères du néo-polar vient de nous quitter. 60 ans. Cancer. Sale affaire pour ce compagnon de route de Daeninckx et Manchette. Auteur de nombreux polars à la française avec des héros à la manière de l'Inspecteur Harry, nobles et franchouillards, auteur d'un paquet de romans, parfois historiques, de quelques pamphlets, Frédéric H. Fajardie a aussi écrit presque autant de nouvelles que Maupassant.

    Je me souviens de l'avoir rencontré chez lui, dans sa ferme normande, une nuit d'ivresse, au cours des années 92 ou 93. J'avais commencé la soirée en compagnie de Denis Tillinac et de Françoise Blondin, de bar en bar (tous ceux qu'Antoine avait fréquentés). Pélerinage rude. Nous fûmes battus à plate couture par une veuve droite comme un I, après pas mal de canons descendus. Elle rentra néanmoins se coucher. Nous la raccompagnâmes. Là, Denis dit : on va voir Fajardie, t'as une bagnole? Mais c'est loin, sa Normandie! Qu'à cela ne tienne. Saint-Christophe fut du voyage, c'est indubitable, car nous arrivâmes sans tonneau à destination vers 3 heures du matin. Pleins phares, klaxon bloqué devant les grilles. Frédéric se réveilla, saisit son fusil de chasse et le pointa sur les hurluberlus depuis la fenêtre la plus haute de la ferme. C'est lorsqu'il reconnut Tillinac qu'il baissa son arme. Suivirent agapes. Trois jours d'amitié, de liesse et de littérature pourfendue. Souvenirs... Ciao, Bello! Je bois un thé vert à ton talent. Car c'est ainsi, désormais. Je te relirai souvent.

    Son oeuvre, partiellement reprise dans Le Livre de poche, Folio, La Petite Vermillon (LTR) et Babel (Actes Sud), est parue -essentiellement- chez Mazarine, Lattès, Fayard, Les Mille et une nuits, La Table ronde, Actes Sud et, pour les derniers ouvrages, aux éditions des Equateurs. 

     

     

  • La Ville

    Grasset (Les Cahiers rouges) s'apprête à reprendre l'oeuvre complète du jeune poète Bordelais mort en 1914. Trois livres : les poèmes de L'Horizon chimérique (nouvel extrait ci-dessous), un roman, Les Dimanches de Jean Dézert et les Contes, dont les splendides Pétrels, et ce petit bijou absolu (à mes yeux) qu'est Le City of Benares...

    "Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte;
    Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
    Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
    Que ce port et mon coeur sont à jamais déserts.

    La mer vous a rendus à votre destinée,
    Au delà du rivage où s'arrêtent nos pas.
    Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées;
    Il vous faut des lointains que je ne connais pas.

    Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
    Le souffle qui vous grise emplit mon coeur d'effroi,
    Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
    Car j'ai de grands départs inassouvis en moi."

  • L'Horizon chimérique

    "Un instant, j'ai pensé que la plus fière joie

    Eût été de m'enfuir, comme un aigle s'éploie,

    Au lointain rouge encor des soleils révolus. 

     

    Et j'enviais le sort des oiseaux de passage.

    Mais mon âme s'apaise et redevient plus sage,

    Songeant que votre amour ne me quittera plus."

     

    Jean de La Ville de Mirmont. 

  • Pestacle

    "Nargis s'est abattu sur la Birmanie. Découvrez en avant-première les photos de cette tragédie prises sur place par un internaute."

     

    Voici ce que je viens de lire, en frémissant - effroi et honte le disputent - sur la page d'accueil de Yahoo. De funeste mémoire, cela m'évoque le feu d'artifice quotidien que CNN offrait au monde en direct de Bagdad, au début de cette -très- sale guerre (sale guerre serait un pléonasme).

    Le spectacle de l'horreur... en avant-première. Bienvenue chez les chtis birmans...

    Cette sémantique est à vomir et le pire, c'est qu'elle ne cache plus son intention. 

    La Terre se réchauffe, la banquise fond mais l'âme humaine se glace. A grande vitesse.  

  • Je hais les voyages...

    Interrogé il y a quelques années par Jean Daniel sur le seuil de tolérance (à propos des questions d'immigration), Claude Lévi-Strauss eut cette remarque lumineuse (c'est moi qui souligne, en gras) :
    "Le seuil de tolérance existe bel et bien. C'est un fait, un jugement de réalité, non un jugement de valeur. Il faut l'apprivoiser et le dépasser, mais non l'ignorer. Or, toute notre époque est là : on ignore les faits sous prétexte de défendre des valeurs." (...) "L'irruption trop massive d'une minorité dans un société peut en ébranler la structure et provoquer une allergie de protection."
     
    Le concert d'éloges à propos du futur centenaire du grand ethnologue tourne parfois à la cacophonie. Vous ne trouvez pas? L'Express publie l'autosatisfecit d'un Fumaroli illisible, Le Point fait aimablement le tour du sujet en ... 6 pages et nous sur-vend une Une sur le motif. Le dossier du Magazine Littéraire est en revanche très bien réalisé. Le petit dossier de L'Obs n'est pas mal non plus, car il laisse la parole aux artisans de l'édition en Pléiade des oeuvres choisies par l'auteur (il manque quand même le témoignage -capital, je pense-, de Marie Mauze !..). Ce qui est bien, c'est que, comme d'habitude, cela donne envie de relire l'oeuvre. Et reprendre Tristes tropiques (je viens de le faire dans le TGV Bayonne-Paris) est un bonheur renouvelé pour l'esprit, doublé, comme on sait, d'un bonheur littéraire. Juste, pour le plaisir, la célébrissime première phrase (et sa suite, merci emma) : "Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions. Mais que de temps pour m'y résoudre! Quinze ans ont passé depuis que j'ai quitté pour la dernière fois le Brésil et, pendant toutes ces années, j'ai souvent projeté d'entreprendre ce livre; chaque fois, une sorte de honte et de dégoût m'en ont empêché." ... (la suite en Plon/Terre Humaine, ou bien en Pocket, ou encore en Pléiade).
    Demain, j'achèterai cette Pléiade de Lévi-Strauss. Pour les enfants, mas tarde...

  • Aphorismes sous la lune



     

    Nous avons évoqué ici même les deux précédents ouvrages de Sylvain Tesson, infatigable marcheur, travel-writer, loup solitaire constamment into the wild, sorte de Walden (de Thoreau), d'homme ayant recours aux forêts (selon Jünger), de Jack London de tous les horizons possibles, un écrivain du grand dehors, héritier de Chatwin, Théroux et Bouvier. Nous avions loué les qualités de son "Petit Traité sur l'immensité du monde" et de son "Eloge de l'énergie vagabonde". Paraissent ses "Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages" avec de délicates illustrations bleu nuit, noir et blanc de Bertrand de Miollis (les trois aux éditions des Equateurs). Ce sont des pensées ultra-courtes, entre le haïku et le mot d'humour, le calembour et le fragment à la Jules Renard (dans son Journal). Toutes ont trait à la vie sauvage, loin des hommes et de ce qu'ils (dé)font de la planète en jouant dangereusement avec elle.

    Le livre ouvre avec celle-ci : La mer : un coeur qui bat entre deux côtes. A chaque page, une trouvaille tendre, séduisante : Un paysan ignorant dans un champ cultivé... A quoi rêve un sage endormi dans un champ d'herbes folles?.. Idiot du bocage : sot de haies... Boire du thé fait pisser le temps... (c'est bien vrai!). Ce n'est pas en les coupant qu'on rendra meilleures les mauvaises herbes... Un fruit de la Passion rêvait de rencontrer un buisson ardent... La mer est la descente de lit des fleuves... Le courage n'existe pas : même le soleil se couche... Une régate de femmes voilées sur le trottoir d'une ville d'Islam... La ville : gueule de bois des hommes ivres de nature... Le Marais est un quartier chic où vivent les vanneaux huppés... On  ne rempote pas une jeune fille en fleur... Voyage organisé : oxymore... J'aimais flâner avec elle. Sans "L", je fâne...

    Et beaucoup d'autres comme celles-là, glânées au hasard. Lisez Tesson, et faites passer.

  • -8

    J'ai bu de l'alcool pour la dernière fois -du champagne ordinaire, tiède, dans une flûte en plastique, au stand des Presses de la Cité du Salon du Livre de Paris, le 18 mars dernier vers 22 heures. En la voyant disparaître à l'angle d'un stand voisin, j'ai reposé ma flûte en me disant. Plus jamais. Depuis, je n'ai même pas mangé de boeuf bourguignon, ni croqué un chocolat à la liqueur! Résultat annexe mais appréciable : -8 kilos. Une pêche d'enfer. A l'aube, chaque jour, ginseng, gingembre, guarana, vitamine C, café. Puis thé vert à la menthe toute la journée. Thé au jasmin ou gingembre chaud au cours des repas. La faim d'écrire est revenue. Il paraît que mes mots ont gagné en qualité. La tension artérielle est redevenue zen, lorsqu'un con m'agresse dans la rue ou en vélo, je lui souris. Incapable de m'énerver, je siffle en travaillant en musique, chante sous la douche, ai retrouvé une peau de pêche, gagné déjà deux crans à ma ceinture. Pire : s'il pleut, ce sont les  rayons du soleil que je vois tomber. C'était simple, au fond. Si simple.

  • L'été sera velu

     

    1642321011.jpgSon possible retour parmi les Bleus, à l'occasion de la tournée en Australie, en juin prochain, se dessine au silex et au charbon sur les parois de Marcoussis, caverne arverne.

    Lièvremont l'a laissé entendre.

    Chabal revient, Ileana.

    C'est mieux que Jésus!