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Le dernier ours

227189_14699069_460x306.jpgJe publie, ce 12 novembre, une tribune dans

Le Monde

uniquement lisible sur le site du journal,  à propos du dernier ours de souche pyrénéenne...  (cliquez sur le lien ci-dessus pour la lire directement sur le site. Son titre :  Le dernier ours, dans la rubrique Débats, pages Idées. Je le reproduis également en annexe de cette note, ce 16 novembre, car il disparaîtra du site en lecture gratuite à la fin du mois).

J'attends vos réactions sur la disparition de ce Grand cru classé, laquelle semble laisser indifférents la majorité d'entre nous...

J'ajoute -je ne l'ai pas précisé dans l'article, que la maladie de peau dont l'ours Camille était atteint, trouverait sa cause dans le stress, lequel était dû à son manque de femelle. Célibataire obligé, eu égard à l'extrême rareté de ses congénères, "veuf" depuis des années, cet ours rongeait son frein.

Sans anthropomorphisme aucun -je me défends à chaque instant contre ce chamallow-virus et je le combats chez l'autre, je suis sensible à l'image donnée par ce passage, ultime, d'un pan de notre patrimoine, devant une espèce de radar dissimulé... Et cela, tout cela, la cause de sa maladie de peau, son inéluctable disparition surtout, me laissent très songeur.

Voyez-vous comme, sur cette ultime photo (un document!) de lui, prise le 5 février par un appareil à déclenchement automatique planqué dans la montagne aragonaise, sur une voie de passage habituelle du plantigrade, celui-ci semble s'éclipser, quitter ce monde de dingues, parce qu'il n'y a plus sa place? Sa démarche est celle d'un géant, d'un monument, d'un résigné aussi, et cela ne manque ni de classe ni de mélancolie. J'en suis bouleversé. C'est ainsi : les choses de la Nature parviendront toujours à m'émouvoir davantage que les choses d'un rapport plus direct au commerce humain, si couard, si décevant en somme.

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POINT DE VUE

Le dernier ours

Camille, le dernier ours autochtone de souche pyrénéenne, serait mort. Avec lui disparaît une espèce présente dans nos montagnes depuis 250 000 ans. Et donc une part de notre patrimoine.

Point de vue

 

Le dernier ours

LEMONDE.FR | 12.11.10 | 08h21  •  Mis à jour le 12.11.10 | 11h23

Âgé d'une trentaine d'années, atteint d'une maladie de peau, la sarna, la dernière photo de l'ours Camille, prise le 5 février dans la vallée d'Anso en Aragon, où le plantigrade avait établi ses quartiers depuis quelques années, avec la vallée voisine de Roncal en Navarre (il évoluait auparavant en vallée d'Aspe), le montre l'échine pelée. Les appareils à déclenchement automatique éparpillés dans la montagne prenaient jusqu'à plusieurs dizaines de clichés de lui chaque année. Eu égard à la faiblesse de Camille, il est peu probable qu'il se soit déplacé. D'où la funeste conclusion qui s'impose peu à peu. S'il en est ainsi, avec lui c'est le dernier vrai ours des Pyrénées qui s'efface.

C'est bien de l'extinction d'une espèce, présente de façon permanente depuis plus de 250 000 ans qu'il s'agit. La vingtaine d'autres ours qui ont été lâchés dans les Pyrénées depuis une dizaine d'années provient de Slovénie. La souche slovène est identique à la souche pyrénéenne. D'un point de vue biologique, c'est le même ours. Mais le symbole, lui, s'éteint comme un pan de culture se trouve pulvérisé.

Les associations françaises et espagnoles à l'unisson, le Fonds d'intervention éco pastoral (FIEP), le Fonds pour la protection des animaux sauvages (FAPAS), ou encore Ecologistas en Accion, déplorent l'inertie des pouvoirs publics des deux côtés des Pyrénées.

Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie annonçait en juillet dernier à Toulouse que le plan de réintroduction systématique avait vécu et qu'il y aurait désormais des lâchers ciblés visant à remplacer les ours tués accidentellement. Une nouvelle ourse slovène devrait ainsi être relâchée dans une vallée du Béarn au printemps prochain. Trop tard pour sauver l'identité pyrénéenne de l'ours brun. Cannelle, morte le 1er novembre 2004, était la dernière ourse de souche autochtone.

Avec Camille, c'est un peu comme si l'on arrachait les dernières vignes d'un Grand cru classé ou si l'on brûlait la dernière toile d'un maître. Nous avions pourtant fini par nous habituer à une forme d'interventionnisme que d'aucuns peuvent encore condamner, au nom d'un respect absolu de la vie sauvage. Ainsi qu'à une forme d'anthropomorphisme, voire d'une certaine zoolâtrie dans de rares propos ultra.

Il est question d'un animal mythique dont la charge affective est immense. Nommer les ours avec des prénoms portés par nos enfants peut surprendre. Mais force est de reconnaître qu'il fallait bien agir et ranger certains états d'âme. Le risque de transformer le massif pyrénéen en parc d'attractions est encore loin. Les ours de souche comme les ours slovènes ont su garder leur sauvagerie intacte, malgré les colliers émetteurs et les équipes de surveillance. Cependant rien n'y fit. Voilà l'ours des Pyrénées au musée. Bientôt classé.

Deux nouvelles naissances, suite au dernier lâcher de cinq ours slovènes en 2006 (deux ont péri depuis), ont été authentifiées au printemps dernier. "L'ours semblable" parvient à se reproduire correctement, par ici. C'est un immense espoir. Il n'aura pas sauvé notre ours local, mais gageons que dans vingt, trente ans, il prospèrera sur les deux versants, de l'Atlantique à la Méditerranée. Et qu'un solidemodus vivendi aura été trouvé avec les bergers, dont les brebis subissent de fortes déprédations. Slovènes ou Pyrénéennes, les griffes d'ours ont la même force : européenne.

Léon Mazzella tient un blog.

Léon Mazzella, journaliste et écrivain

 

 

Commentaires

  • Pour plaire à une minorité d'agriculteur chasseur de primes ou de "viandar" respectueux de la nature quand ça les arranges, nos girouettes politiques ont traité le sujet de l'Ours comme d'habitude en naviguant à vue et avec pour seul objectif se faire réélire.

    Aujourd'hui, c'est notre Ours qui disparait, demain, les Vautours; après demain, les Chiens de touriste seront interdits de montage, et enfin pourquoi pas les Marmottes car elle mangent l'herbe des moutons, ou les non paysans car ils polluent par leur présence.

    j'ai toujours vécu dans le massif pyrénéen et notre souche est implanté dans le Lavedan depuis 1640.et je ne suis pas un Écolo du dimanche mais je pense notre région doit garder avec cohérence sont identité.

    Pyrénées Frontières Sauvage mais pas Pyrénées Frontière DE SAUVAGES.

  • Incroyable ! Une cathédrale disparaît, et c'est à peine si les gens se retournent sur les ruines, tels des croisés hagards, ne sachant pas où ils vont, parce qu' oublieux d'où ils viennent. Merci pour votre superbe papier Monsieur Mazzella.

  • Jolie nécro, propre à arracher des larmes, mais qui repose sur une affirmation au mieux ignorante, au pire mensongère.

    Car aucune espèce d'ours n'a disparu dans les Pyrénées.
    L'individu mentionné appartenait à l'espèce Ursus arctos ("ours brun"), classée "Least Concern" (autrement dit non-menacée) dans la classification IUCN des espèces menacées.
    Sa sous-espèce était "arctos", autrement dit la sous-espèce européenne de cette espèce.
    La sous-espèce "Ursus arctos arctos" n'est elle-même nullement menacée, elle est représentée notamment par les ours slovènes et sibériens.

    La seule formulation scientifiquement acceptable de l'information aurait été: "Le dernier représentant de la sous-population pyrénéenne de l'ours brun européen a disparu".

    Votre formulation revient à dire "l'espèce humaine a disparu" (Homo sapiens, sous-espèce sapiens) parce qu'une tribu amazonienne a été décimée. Ce qui est par évidence ridicule.

  • Merci pour ce très bel article dans "le monde" et pour votre sensibilité que je partage bien que n'étant pas du tout originaire de votre région.

  • Merci à Parrou, JMB et mirabelle.
    ==> quintescent : une tribune ne permet pas des développements encyclopédiques et exige de la concision, pas une technicité excessive. Bien sûr que la problématique Ursus arctos est à l'abri d'une disparition planétaire, et c'est pourquoi j'avais bien pris soin de préciser qu'il s'agissait, en l'occurrence, de la souche pyrénéenne de cette espèce. Vous m'avez peut-être lu trop vite, mais nous disons vous et moi la même chose, sauf que vous êtes plus précis, avec : "sous-population" et "européen". Ce qui, pour un lecteur du "Monde", m'apparaissait superflu. Merci de votre message et de vos précisions constructives.

  • merci l'IPHB, merci Jean LASSALLE!

  • La distinction entre les notions d'espèce et de population ne serait qu'une argutie technique si elle ne constituait pas justement la base de l'argumentaire pseudo-scientifique qui sous-tend la politique "écologique" menée par les autorités.

    Parce qu'une "espèce est sur le point de disparaître", il faut coûte que coûte réintroduire de façon artificielle des animaux (en réalité forcément issus d'une population génétiquement différente), en ignorant délibérément les raisons écologiques, sociologiques, économiques, etc. qui ont conduit à l'élimination de la population précédente.

    Evidemment, les habitants des régions concernés, qui ne sont pas plus idiots que d'autres, perçoivent parfaitement que ces arguments fallacieux ne servent qu'à justifier l'application d'une basse vengeance: Si vous m'en supprimez un, j'en achète deux ailleurs, et je vous les impose.

    Faute de convaincre les sauvages locaux arriérés, la loi parisienne d'inspiration kawaï va s'abattre et vous soumettre.

  • Monsieur Mazzella, bonjour .
    Merci pour votre article paru dans le monde . En tant que pyrénéen et défenseur de la cause de l'ours et de sa cohabitation avec la pastoralisme j'aimerais apporter quelques précision essentielles à votre texte .
    Suite à une confusion de nom d'ours entre Espagnols et Français il y a eu une grossière erreur sur la fin du dernier plantigrade de souche Pyrénéenne. L'ours Camille , agé de vingt cinq à trente ans est considéré comme mort depuis deux ou trois saisons déja . Aujourd'hui l'ours dont nous parlons s'appelle ASPE-OUEST , il était né en 1998 et donc bien jeune pour disparaitre . Il ne faut pas laisser croire que le dernier ours de souche est mort de sa " belle mort " car cela exonère de toute responsabilité les politiques locaux qui maintiennent , en béarn , les derniers plantigrades en état de stérilité totale . Les techniciens espagnols ont dit que la pelade de cet ours , Aspe-Ouest , était dûe à un dérèglement hormonal conséquent à un manque de femelle depuis trop longtemps . Ce dérèglement hormonal , ( dont cette maladie de peau serait le reflet ) , a t-il engendré une déficience immunitaire ? Nul ne pourra le dire faute d'avoir retrouvé le cadavre de cet ours ! Quoi qu'il en soit , l' état général de ce plantigrade agé d'une douzaine d'années seulement était suffisamment altéré pour entraîner sa mort ...
    Par ailleurs , vous laissez entendre dans votre article qu'il y a eu une réintroduction d'une vingtaine d'ours de Slovénie . Ce n'est pas le cas . Il n' n'y a eu dans ces montagnes pyrénéennes que huit ours réintroduits : trois au milieu des années 90 , et 5 en 2006 à à l'initiative de Me Ollin Nelly . Sur ces huit ours trois sont rapidement morts accidentellement ... La différence ente le nombre d'animaux réintroduits et la totalité de la population ursine actuelle prouve la qualité du biotope pyrénéen pour le plantigrade slovène , son excellente adaptation et son excellente capacité à se reproduire dans cet environnement favorable . L'ours slovène n'a fait que réinvestir les lieux laissés vacants par l'ours pyrénéen . A noter qu'en cette année 2010 , ce ne sont pas deux nouveaux ousons , mais quatre , et en bonne santé qui ont été recensés en Pyrénées Centrales ... Le plan de Me Jouanno de Juillet 2010 reste cependant bien insuffisant pour accorder au noyau pyrénéen un brassage génétique optimal pour l'avenir . ... En cette année 2010 de la biodiversité et de Nagoya on aurait pu s'attendre à beaucoup mieux ! Sans doute sommes-nous trop naïfs ! ...
    Le combat pour la sauvegarde de la présence de l'ours dans les Pyrénées , patrimoine naturel millénaire et label vivant de qualité garantissant des équilibres essentiels à notre humanité continue et je vous remercie d'y participer ... La solution est dans la cohabitation et la valorisation par l'ours des produits de la montagne et du pastoralisme .
    Si le sujet vous tient à coeur je vous suggère de visiter le site de l' ADET :
    http://www.paysdelours.com/
    Ou celui de Férus
    http://www.ferus.fr/
    Je vous conseille aussi de consulter cet excellent ouvrage d'un collectif d'auteurs qui reprend la chronologie de l'histoire de la sauvegarde de l'ours et documents à l'appui les responsabilités avérées des uns et des autres ...
    " Plainte contre la France " ( pour défaut de protection de l'ours des Pyrénées ) ...
    Pour finir , je voudrais rappeler cette phrase d'Aldo Leopold dans son fameux " Almanach d'un comté des sables " :... " Accepter le voisinage des prédateurs eût été ne plus penser comme un homme , mais apprendre à penser comme une montagne " .
    Nous sommes tous aujourd'hui en attente de la réintroduction d'une femelle en Béarn et souhaitons que la montagne y accouche enfin, demain, d'autre chose que d'une souris !
    Merci pour votre aide !
    Longue vie à l'ours et au pastoralisme !
    christb64

  • ==> jfheintz : Lassalle (alias "mon père était berger!") comme l'institution patrimoniale du Haut-Béarn ont toujours eu bon dos dans cette histoire. Avouez que carrières politiques et préoccupations naturalistes n'ont jamais joué à partir de paramètres identiques.

    ==> quintescent : vous avez raison, préciser ne nuit jamais. Chacun devrait pourtant connaître le sens des mots espèce et sous-espèce!.. Mais bon. Je me demande, au fond, s'il convient -de manière systématique- de voler au secours de l'inéluctable. Laisser disparaître ceci ou cela, regarder Venise s'enfoncer de quelques millimètres par an dans les eaux de la Lagune, n'est-ce pas aussi sage, aussi fou, aussi émouvant, aussi esthétique que de s'agiter contre ?.. (j'avoue être soudain saisi par une envie un peu gratuite de provocation).

    ==> christb64 : je connais les sites de l'ADET et de Ferus, ainsi que votre signature d'ailleurs, mais il m'est apparu -dès avant l'envoi de cette tribune-, que votre version sur l'identité de cet ours ne faisait pas l'unanimité. Il s'agissait du même ours, semble-t-il, lorsqu'on évoquait Camille et/ou Aspe-Ouest. Mais bon, je ne puis rien affirmer sur le confondant ou la distinction. Et qu'importe, après tout! Le résultat est, ou fut identique.
    Je ne souhaite pas par ailleurs entrer dans une querelle chiffrée, à propos de lâchers ou, pis, de disparitions...
    Je préfère aller voir du côté du livre que vous indiquez.
    J'apprécie enfin la citation d'Aldo Leopold, laquelle a le mérite de couper court à toute parole zoolâtre larmoyante et sirupeuse. Penser comme une montagne m'apparaît en effet préférable à penser comme un homme, face à des super-prédateurs comme l'ours, le loup et le lynx.

  • Bonsoir et merci pour votre réponse .
    Je voudrais rajouter une précision d'importance . L'idendité d'Aspe-Ouest , né en 1998 , comme étant le dernier ours de souche pyrénéenne disparu cette année , n'est pas ma version qui a à faire ou à ne pas faire l'unanimité . Ce n'est ni une thèse ni une hypothèse personnelle mais un fait établi et énoncé par l'Adet et par Férus ( voir les sites respectifs ) . La mort de l'ours Camille agé d'environ 25 ans est connue depuis environ deux saisons et a été en son temps sujet de discussions . Il n'y a pas à revenir là-dessus !... La confusion vient que les Espagnols ont appelé du nom du vieil ours Camille, le jeune Aspe-Ouest . Vous pensez bien que si c'était Camille le vieil ours qui avait aujourd'hui disparu , la question pour les associations de sauvegarde aurait été , il y a deux ans , de savoir où et pourquoi avait disparu Aspe-Ouest et sa disparition aurait alors provoqué une levée de bouclier car il aurait été anormal que disparaisse un plantigrade jeune et dans la force de l'age ! ... Alors qui a fait la bourde à l'origine de l'annonce de la mort d'un vieil ours ,( quel que soit son nom ), je n'en sais rien et je ne vais pas faire l'enquête . Mais le fait est que cette erreur a été reprise en choeur par toute la presse Française , que c'est désagréable et qu'il n'y a aucune raison pour ne pas rétablir la vérité même si ça ne change pas le destin fatal des choses . Il n'est jamais trop tôt pour la vérité ou alors c'est qu'il est trop tard pour la justice . C'est quand même de l'histoire de l'ours dans les Pyrénées dont il s'agit , les générations futures en seront juges et rétablir la vérité n'est pas anodin . Mon seul souci est donc , sans animosité , de rétablir cette vérité malmenée par la presse , et non pas d'établir ma vérité personnelle . Ce dernier ours de souche pyrénéenne aurait dû être un ours en pleine force de l'age , il est mort pour on ne sait quelle raison exactement , mais sûrement pas de vieillesse , l'homme a dans cette mort sa part de responsabilité en ayant maintenu ce jeune plantigrade en état de stérilité pendant de trop nombreuses années et donc en état de maltraitance caractérisée . Il faut que ça se sache !

  • Cher christb64,
    Votre dernière intervention a retenu toute ma réflexion, à tel point que je me dis : il semble avoir raison, il est humble et convaincant, désintéressé et passionné. Et qu'un confrère, derrière lequel j'ai plongé -à l'instar d'une brebis à carte de presse-, aveuglément dans le ravin comme des salariés de Panurge magazine, aura soufflé une erreur que ni les autres ni moi n'avons pris la peine de vérifier scrupuleusement, comme cela est a priori la règle dans notre métier... Nous devrions nous en méfier comme de la sarna, cette sale gâle, depuis Timisoara! Mea culpa. Mais passons.
    L'essentiel est, dites-vous, la mémoire, la trace. La vérité, donc.
    Je voudrais juste vous exprimer mon désaccord (philosophique) sur "l'état de maltraitance" auquel vous faites allusion. Je ne crois pas que l'homme doive intervenir à ce point, que la Nature doit faire un peu son boulot, que l'homme a eu l'obligation d'aider (en réintroduisant, certes trop timidement), d'accompagner une sous-espèce (comme on accompagne un être en "fin de vie"), mais gardons-nous de penser que nous avons failli parce que nous ne sommes pas assez intervenus dans le processus du Sauvage...
    Face à l'inéluctable, nous ne pouvons, aujourd'hui, que poétiser cette disparition.

  • A propos de la disparition du dernier ours d’origine pyrénéenne, L. Mazzella écrit le 12-11-2010 : « C'est bien de l'extinction d'une espèce, présente de façon permanente depuis plus de 250 000 ans qu'il s'agit. »
    Absolument pas, il s’agit d’une sous population locale que son très faible effectif et sa dispersion ont condamnée depuis longtemps, cf entre autres la « Stratégie de récupération de l’ours brun cantabrique » adoptée en 2000 par l’Etat espagnol: « on associe la viabilité d’une population d’ours à des chiffres de plusieurs centaines d’exemplaires et à des superficies de plusieurs milliers de kilomètres carrés. »
    L’espèce par contre n’est menacée ni au niveau mondial ni à celui du paléarctique occidental qui comprend l’Europe : ce sont les seuls critères biogéographiques pertinents pour parler d’espèce.

    L’inscription de l’ours dans la liste rouge nationale des espèces menacées repose sur une déformation des critères mondiaux de l’UICN qui pilote ce classement (Union Internationale de Conservation de la Nature). Ces critères précisent logiquement que chaque pays doit fournir, pour son territoire, non pas l’état de toutes les espèces, mais celui des espèces mondialement menacées. Pour chacune, l’UICN demande que soit précisé son % par rapport à la population mondiale; il est même possible de ne pas prendre en compte « une espèce présente ou qui a été présente au siècle précédent et dont l’effectif représente moins de 1% des effectifs de la population mondiale ».
    Or, avec l’ours, non seulement la liste rouge française prend en compte une espèce qui ne rentre pas dans le cadre puisqu’elle n’est nullement menacée, mais elle « oublie » d’indiquer ce pourcentage, par ailleurs ridicule : moins de 0,0001%. Ce n’est qu’un des multiples tours de passe-passe que suscite non pas la nécessité, de préserver la biodiversité, mais son exhibition politicienne : on oriente ainsi les intérêts et les actions vers des programmes spectaculaires et des espèces emblématiques, aux dépens des problèmes globaux bien plus complexes et qui, surtout, se heurtent à des intérêts économiques d’une envergure … certaine.
    L’ours alibi est une espèce qui se porte très bien, parfait acteur de l’ écoblanchiment (greenwashing) !

  • En effet, cher M. lacourt, je me suis déjà expliqué (lire les commentaires, notamment celui qui est identique au votre, ci-dessus et voir également ceux qui figurent sur le site lemonde.fr), au sujet d'une imprécision regrettable de ma part : j'ai bien conscience de la confusion possible, voire de l'interprétation hâtive qui peut être faite, à partir des mots espèce, sous-espèce, etc. Chacun sait pourtant (enfin, j'espère!) que l'ours brun (ursus arctos) est bien loin d'être en danger sur cette planète, sinon, nous n'irions pas en capturer là où ses populations sont encore prospères -et ces endroits ne manquent pas en Europe, et pas si loin des Pyrénées, en somme! Mais je vous remercie de ces précisions utiles, ainsi que de votre intérêt pour un sujet qui continuera de "faire débat".

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