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humeurs - Page 2

  • Les soeurs de Marie-Madeleine

    IMG_2019.JPGPlus ça va (zambrek, soit mal) dans ce monde et plus j'ai envie de montrer du doigt les dégâts incalculables de cette secte qui a prosperé, comme la nomme Michel Onfray dans Le souci des plaisirs. Construction d'une érotique solaire (J'ai Lu) : le Christianisme.

    Cette religion gore, sadomaso et fondamentalement inhumaine, fondée sur la haine de la vie, du plaisir, du désir, de la femme, de l'amour, des sentiments positifs, des passions gaies, grâce à une maîtrise qui force le respect de l'hypocrisie, de la perversité, du leurre, de la violence instillée à la manière d'un poison, et de la dénégation aussi, pour masquer inconsciemment ses affligeantes névroses, dont nous payons les effets chaque jour  -me donne toujours une nausée fulgurante, comparable à une intoxication alimentaire pendant un match Aviron-Montpellier (Bravo les Ciel et Blanc! 22-16, 3 essais).

    J'ai revu The Magdalene Sisters *  en dvd hier soir. Un film indispensable. Histoire de me faire une piqûre de rappel, comme si j'en avais besoin!..

    * Marie-Madeleine a la liberté d'une légende, l'audace de l'amour. Elle s'élance, elle pleure, elle espère. Elle aime la vie et les parfums, l'immense et l'inouï. Elle vit dans l'étonnement et suscite le miracle. Elle est la soif et la fontaine, l'extrême nudité où mène la passion. Accablée d'insultes, traitée de prostituée, elle a le silence et les larmes pour réponse, quelques mots brûlés d'amour, et le parfum de beauté, d'insolence, qui demeurent jusqu'à nous... (Jacqueline Kelen, Offrande à Marie Madeleine, La Table Ronde).

    Le dernier album de Massive attack, Heligoland :

    http://www.deezer.com/en/music/massive-attack/heligoland-486301#music/massive-attack/heligoland-486301

  • les agressions indolores

    j'ai voulu prendre l'air et j'ai pris peur

    en sortant, j'ai pris des affiches plein les yeux, impossible de leur échapper, dans ce couloir, pour des films à la con, au coeur desquelles des gens braquent des armes de poing, bras tendu, regard étudié, noir, sur rien, enfin sur celui qui regarde l'affiche, puis j'ai pris le métro : des affichettes pendouillaient qui disaient : revendez vos cadeaux de Noël, signé Price Minister. Ca m'a fait froid. Alors, après mon achat, je suis rentré, vite, penaud, et j'ai fait du feu dans ma petite cheminée.
    Ca va mieux, là.

  • La culture finit en volutes

     

    Doit-on laisser disparaître les ours des Pyrénées, Christian Lacroix et le seul cigare français ? Des ours slovènes ont volé au secours des derniers spécimens de souche pyrénéenne. Leur lent sauvetage est en marche. Lacroix a été lâché récemment, onze salariés sur cent vingt sont en sursis. Un repreneur aurait pu permettre au Comptoir des tabacs des Gaves et de l’Adour de continuer d’exister. La justice –si lente d’ordinaire, ne lui en a pas laissé le temps. Ce « comptoir » unique en Europe produit les cigares Navarre. En Béarn, à Navarrenx. Au cœur d’un bourg célèbre pour le saumon et l’artisanat mobilier, le bâtiment des Casernes –ancienne demeure du mousquetaire Porthos-, est devenu en 2004 le siège du Comptoir. C’est d’une singulière aventure, un peu folle, qu’il s’agit, et qui consiste à faire des cigares français aussi bons que des havanes. En y mettant le paquet : recherches longues du terroir le plus proche des conditions climatiques, géologiques cubaines. Personnel spécialisé venu de l’île du Che chez d’Artagnan. Le résultat, après dix ans de sueur, de phosphore et d’huile de coude : Navarre. Une marque, avec une gamme courte de cigares 100% français, reconnus pour leurs qualités dans le monde entier. À la tête, un entrepreneur connaisseur et audacieux : Noël Labourdette. La marque s’installe peu à peu, conquiert les esprits rétifs et acculturés au habanos. En trois ans, le Navarre se distingue dans les dégustations professionnelles. Seulement, la lutte, déjà serrée, découvre de nouveaux challengers : les lois anti-tabac et la crise mondiale. Noël Labourdette prend cela de plein fouet. Chute des ventes à un moment crucial, Noël, l’an passé. Premiers licenciements (seize en tout aujourd’hui), une année 2009 sur le fil. La société est placée en redressement judiciaire à la fin du mois d’avril dernier. Et en ce début du mois de décembre, le verdict tombe : le Tribunal de Commerce de Pau met fin à l’aventure, en prononçant la liquidation judiciaire du Comptoir, celui-ci n’ayant pas trouvé d’investisseur pour couvrir les 600 000 € nécessaires à la continuité de l’activité. Navarre produisait, sur quatre hectares situés à Moumour, soit à une encablure de Navarrenx, 200 000 robustos par an depuis 2005. Le robusto, de calibre moyen, est le cigare le plus demandé sur le marché français. Tous d’une qualité exceptionnelle, notamment pour leur fumage sans rupture, leur douceur raffinée et l’excellente texture de leur cape, enviée par La Havane. Dès lors, une question philosophique se pose : au-delà de considérations macroéconomiques, devons-nous laisser couler entre nos doigts, comme du sable ou de l’eau, un fleuron unique et représentatif de notre savoir-faire, au nom d’une glaciation des plaisirs, d’une politique européenne liberticide et devenue allergique à l’hédonisme ? Car c’est de cela qu’il s’agit. Fumer tue. Faire l’amour peut tuer aussi. À certaines conditions. Rire, aimer les fromages affinés, le gras, les odeurs corporelles et les poils sous les bras de l’aimé(e), deviendront-ils des actes répréhensibles, dans une société aseptisée où la pipe de M. Hulot et la gitane de M. Chirac sont des insultes à la nouvelle bienséance? Le cigare est un plaisir rare, un écho à l’adage peu mais bien. Un luxe aussi, comme la haute couture et les premiers grands crus classés. C’est aussi un produit en voie de disparition, à l’instar d’une espèce animale –condor de Californie, oryx de Libye, goéland d’Audouin. C’est encore l’expression de la beauté dans sa diversité. Une liberté jugée anachronique, enfin. Conscient de la nécessité irrationnelle de l’évanescent dans un monde matériel, j’invite les esprits tournés vers le plaisir à se mobiliser pour sauver le Navarre. Au moins pour la beauté du geste. J’ignore de quelle manière. Pétition, cotisation, manifestation. L’essentiel étant de s’élever contre, au lieu de se taire avec. LM

  • Laissons-le là!

    L'Eternité à Lourmarin

    Albert Camus

    tombecamus6.jpg"Il n'y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quittés. Où s'étourdit notre affection? Cerne après cerne, s'il approche c'est pour aussitôt s'enfouir. Son visage parfois vient s'appliquer contre le nôtre, ne produisant qu'un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n'est nulle part. Toutes les parties -presque excessives- d'une présence se sont d'un coup disloquées. Routine de notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d'essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l'épaisseur d'une paupière tirée...

    Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence. Qu'en est-il alors? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s'ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant. A l'heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d'énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l'archer, cette fois, ne transperce pas."

    René Char.

    in : La parole en archipel, Gallimard, 1962.

    Photo : la tombe d'Albert Camus à Lourmarin, © Sophie Poirier, avril 2008

  • Camus

    La France moisie, c'est encore la récupération d'Albert Camus par l'instigateur d'une politique on ne peut plus anticamusienne, et qui siège actuellement à l'Elysée. Il serait temps de relancer Combat, le journal de l'auteur de L'Etranger. La France moisie, c'est celle qui affecta une moue dégoûtée de grand bourgeois à la vue d'un pauvre dans son parc, lorsqu'un type du peuple, fils d'une mère analphabète et d'un père mort en 14, né en Algérie, lorsqu'un "petit pied-noir" devient Nobel de littérature à 44 ans. Aussitôt, la bien-pensance lui tourna le dos, ne souhaita pas l'admettre parmi les siens. Elle le déclara faible romancier à la prose facile (le Nouveau roman était alors dictatorial) et, plus douloureux encore, "philosophe pour classes terminales" -l'expression est de feu mon ami Jean-Jacques Brochier. (Sartre régnait alors sur la pensée hexagonale). Jean-Yves Guérin, qui signe un Dictionnaire Camus chez Laffont, a ce mot juste et assassin à propos de l'essayiste : "Camus est à BHL ce qu'Edith Piaf est à Vanessa Paradis" (piqué dans l'Obs paru hier). La belle revanche du fou de foot et de théâtre, c'est d'être plus connu et davantage lu dans le monde entier, que n'importe quel écrivain français depuis l'invention de la plume, ou presque (il faudrait vérifier pour Dumas et Hugo). Et, au risque de me contredire, si ce paramètre ne vaut rien à mes yeux lorsqu'il s'agit d'un Paolo Coelho, d'un Dan Brown, ou d'un Marc Lévy, il me semble posséder une teneur autre, pour Camus.

  • Langue de soie

    A la question : « Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?», posée par le magazine Les Inrocks d'août dernier (à lire sur lesinrocks.com), Marie NDiaye, Prix Goncourt 2009 (lire plus bas : A quel Prix, 4 novembre, et Rempart, 13 octobre), répond ceci : « Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey et leurs trois enfants -ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort". Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »

    J'a-do-re!  -Et vous?


     

  • A quel Prix?

    images2.jpgCi-contre, le logo du grand vainqueur du Goncourt. Jérôme Lindon, fondateur des éditions de Minuit (que sa fille Irène continue de diriger dans le droit fil d'une haute exigence littéraire), avait découvert Marie Ndiaye et publié son premier roman (ainsi que neuf autres livres, dont Rosie Carpe, roman couronné par le Femina il y a huit ans), et Jean-Philippe Toussaint (consolé le lendemain de l'attribution du Goncourt par le Prix Décembre et ses 30 000 €), comme Laurent Mauvignier (j'ai fini par arriver à bout de ses Hommes poussifs et lents à se dire), publient toujours à l'enseigne de la sobre étoile du mitan de la nuit. (Je ne connais pas les livres de Delphine de Vigan, quatrième auteur -Lattès-, finaliste chez Drouant). Or (détail?) c'est Gallimard, éditeur du roman couronné de Ndiaye, qui remporte la mise. Je n'ai pas le coeur à commenter le Renaudot. Je me réjouis pour Pierre Michon, car son Grand prix du roman de l'Académie française couronne un auteur majeur et, indirectement et de manière posthume, le travail éditorial (comparable à celui des Lindon père et fille) de Gérard Bobillier, patron emblématique des éditions Verdier, disparu le 5 octobre dernier. Le Médicis m'indiffère un peu, cette année, même si j'aime la plume abrupte et acide de Dany Laferrière (mais je n'ai pas lu son dernier). Je verrais bien Brigitte Giraud décrocher le Femina, et Jean-Michel Guenassia ou bien Simon Liberati, l'Interallié. Ainsi, ce dernier prix ne serait pas à nouveau surnommé l'intergrasset. Je pense enfin à Jean-Marc Parisis pour le prix de Flore (*). Et après, qu'on nous fiche un peu la paix avec ces coquetèles, comme l'écrivait Roger Nimier, où tout le monde littéraire se déteste en se souriant, tout en grignotant des canapés. Et nous retournerons à nos lectures -n'ayant pas de prix-, du moment : Jorge Amado, Joyce Carol Oates, Michel Foucault, Baruch Spinoza toujours, Virgile (L'Enéide monumentale que publie Diane de Selliers est un chef d'oeuvre de l'édition d'art!), et Marguerite Duras. Des petits jeunes... qui nous aident à écrire. Merci à eux.

    (*) Je note en passant que certains grands favoris, comme David Foenkinos, sont passés à l'intraitable trappe des jurys...

    Et je voudrais enfin rappeler que Tristes tropiques, de l'immense Claude Lévi-Strauss, premier grand traité d'ethnologie moderne, structuraliste, humaniste, et qui commençait par cette phrase célèbre : Je hais les voyages et les explorateurs, avait fait partie de la sélection du Goncourt en 1955. Preuve qu'à l'époque, l'ouverture  au talent était large, puisque les jurés durent voir une sorte de roman dans cet essai majeur au style impeccable, qu'il est toujours tonique de relire.


  • Du grille-pain

    Ce matin, il y a deux choses que je ne parviens pas à m’expliquer : pourquoi le grille-pain, et lui seul, fait tout disjoncter chez moi ? Et : comment peuvent bien se supporter ceux qui se savent antipathiques ? S’agissant du grille-pain, je devrais trouver rapidement une explication. Pour la seconde, vous avez sans doute remarqué comme moi, que les gens qui s'estiment supérieurs (mais nous sommes tous > à et < à) utilisaient les outils modernes pour se donner de l'importance à bon compte. Par exemple, en ne répondant plus aux mails que les gens qu'il jugent inférieurs leur adressent. Le phénomène est relativement nouveau dans la « culture d’entreprise ». Ce nouvel habitus (dirait Bourdieu) m’afflige. L’impolitesse du silence, si elle frise parfois l’élémentaire manque de rigueur professionnelle, ne vaut ni approbation ni contestation, mais seulement mépris. C’est humiliant, donc grave;  intolérable. Que se passe-t-il lorsque l’on vient légitimement « aux nouvelles » : d'aucuns –encore jeunots, voire humains, prétendent ne pas avoir reçu le message. D'autres (les faux-culs, qui sont légion) anguillent en disant qu'ils n'ont pas (eu) le temps de vous répondre. Les vrais pros de la suffisance restent murés dans l’inox de leur silence sovietsuprêmiste. Cette attitude, sans doute inspirée d’un manuel de management croquemortel rédigé par un robocop du serrage de vis avec harcèlement indécelable sous carbone 14 prud’hommal, me fait rire. Sauf que je frissonne pour mes enfants, à la réflexion. Lorsqu’ils entreront dans la vie active, l’attirail, le fourbis, le carquois de ces manifestations de jeux de pouvoir (qui ne sont pas en voie de disparition), leur sautera dessus en faisceau. Et à l’idée d'avoir à les blinder, j’oppose dès aujourd’hui un devoir de résistance, voire de renversement de la méthode. Leur proposer de lire Sun Tzu, tiens ! « L’Art de la guerre ». Ainsi que « Les 36 stratagèmes. Traité secret de stratégie chinoise ». Puisque je veux leur paix, je dois les aider à préparer leurs combats.

  • J'adore l'ortolan!

    Allain Bougrain-Dubourg, pitoyable militant vieillissant, délaissé par une star de premier choix, Brigitte Bardot, laquelle assurait sa promo perso comme personne, désoeuvré en Médoc faute de ramdam à rejouer chaque premier mai aux pieds des pylônes de chasse à la tourterelle des bois, IMG_0466.JPGs’en prend désormais aux matoles à ortolans de quelques irréductibles hédonistes Landais, au nom d’un légalisme radical. Le scénario est invariable : le président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, bardé de caméras de grandes chaînes de télévision, convoquées pour l’événement planétaire, précédé et encadré d’une confortable escorte policière, fait sa promo, héraut du prime time, en se livrant à un acte d’héroïsme des temps modernes. Et c’est affligeant.

    Par provocation bien sûr, je me définis comme dégustateur d’ortolans sur ma carte de visite. Et je n’aimais rien, un temps, comme aller relever les matoles avec certains amis Landais. J’adore en manger un, voire deux si cela est possible (de plus en plus rare) : le premier me fait la bouche et le second me monte au ciel. Je revendique mon appartenance à la Confrérie de l’Ortolan, qui m’intronisa un soir de novembre 1996 dans la salle des fêtes de Tartas, aux côtés d’autres impétrants : Me Jacques Vergès, Alain Juppé, Pierre Durand (le cavalier), et une ou deux autres personnes de gourmande compagnie.

    Et j’en ai parfois assez de cette hypocrisie : avez-vous « lu » toute la fausseté, l’absence de sincérité dans les yeux de Bougrain à la télé ? Il me faisait penser à la passion qu’un Dechavanne ou un Lepers mettent à exécuter leurs animations débiles… Par ailleurs, les derniers des Mohicans landais, de nobles braconniers (ils ne font que braver la loi), attendent depuis deux ans une étude qu’on leur promet (bizarrement, elle tarde à être pondue), sur l’état réel des populations de bruants ortolans. Car si l’espèce était en danger, il va de soi que les matoles seraient aussitôt rangées.

    Et le nom de cette rue, il faudra le changer, aussi, pour infâme incitation au délit de bon goût?..


    podcast(musique : vino griego)

  • no comment (coton-tige)

    Un chômeur vole pour pouvoir manger à nouveau en prison

    Taïwan - Un demandeur d'emploi relâché de prison a volé des Coton-Tige juste pour se faire arrêter à nouveau car il " ne pouvait oublier les plateaux repas du département de police ".

    A peine a-t-il été relâché de prison pour avoir volé une paire de chaussures, qu'il a volé une boîte de Coton-Tige pour être arrêté à nouveau. L'homme sans domicile fixe a pris l'habitude de commettre régulièrement des vols afin de pouvoir se nourrir gratuitement. "Si quelqu'un ne va pas bien et vient aux alentours de l'heure du déjeuner, nous allons lui préparer quelque chose" déclare pourtant un officier. Ce chômeur n'est pas le premier à agir de la sorte. Il y a quelques mois, un autre homme a volé une moto et l'a conduite directement au bureau de police pour être emprisonné.`

    source : la page d'accueil de Yahoo.fr, cet après-midi. Qui a dit que nous étions devenus trop nombreux sur cette Terre? -Qui?.. Malthus?..

  • zou

    Il y a tant d'humilité forte et revigorante dans "Les Disparus", de Daniel Mendelsohn (J'ai Lu) que j'y passerai bientôt une bonne grande journée, et -pareil!-, tellement de talent dans "Petites épiphanies" de Caio Fernando Abreu (José Corti), mais, mais... Si peu de matière dans le raccoleur "J'aime" de Nane Beauregard (POL), une insipidité si confondante dans "Mon voisin" de Milena Angus (Liana Levi) -qui nous a habitués à mieux (relire "Mal de pierre", Poche), de l'humour tordant, chez la même éditrice, dans "Comment lui dire adieu", de la désinvolte Cécile Slanka, enfin, bon oui, d'accord, encore des choses à tirer des "Contrerimes" de Paul-Jean Toulet (Poésie/Gallimard ou GF), dont Frédéric Beigbeder m'a lu des extraits, chez lui, la semaine dernière (ça fait bien de l'écrire, nan?), et aussi une envie de relire, à haute voix, pour sa musique étrange, le mince et précieux "Archipel et Nord", de Claude Simon (Minuit) que quand même, ce soir, ce sera malgré presque rien, plateau-dvd. Zou.

  • again, chet

    http://www.deezer.com/#music/result/track/almost%20blue

    bouleversant Chet

    de retour du Panama (j'en parlerai ici, je collerai quelques photos -j'y étais en reportage pour un grand quotidien), je me suis retrouvé dans la tempête de mon Sud-Ouest, et là, je m'apprêtais à écrire des trucs sur cette dévastation, et aussi sur les Embera, au Panama, ou sur Chucho Valdès, rencontré au Jazz festival de Panama city, mais le coeur n'y est pas. Je pense, ce soir, davantage au Vaisseau des morts, de B.Traven, à Dans la lumière froide, de Pierre Mac Orlan aussi -des histoires de mer, crues. Au chenin (le cépage), aux vingt ans de ma fille (bientôt), à mes prochains départs pour des îles lointaines et chaudes, au subtil cigare Navarre, au feu de cheminée devant le lit, la nuit dernière, à l'amour, au ciel glacé ce matin, au riz basmati, à ma bagnole que je ne retrouve plus car j'oublie toujours où je l'ai garée. Et à Chet, bien sûr. Almost blue...

  • Voeux à Volonté!

    Il y a La Ballade de la geôle de Reading, poème difficilement dépassable d'Oscar Wilde, il y a Almost blue de Chet Baker et sa voix à pleurer, il y a aussi des oursins, un aller-retour à Versailles pour ne pas voir Koons (trop de queue). Un Magnum 46, habano tiré à la fraîche, entre trois et quatre heures du matin devant ma ligne de partage des eaux, soit là où l'Adour et la Nive se séparent. Le souvenir des voeux de Julien Gracq, dans ma boîte aux lettres creuse, ce matin et demain. Une rentrée copieuse qui se profile : des romans à gober vite, pas comme on avale les Quiberon n°3 de Joël D., des lentilles partagées avec les enfants : Lentilles le premier, des pesetas toute l'année, disait ma mère. La neige qui résiste au bord des routes de campagne, La lointaine petite tente de bleu / Que  nous prisonniers nommons ciel (Wilde), un besoin de soleil et de mer chaude (bientôt, au Panama), la trace d'un côte-rôtie (La Mouline 1978), un vol de grues qui craque dans la nuit; des matins magiciens.

    http://www.deezer.com/#music/result/all/almost%20blue%20chet%20baker%20let%27s%20get%20lost

  • Le plaisir aristocratique de déplaire

    L’expression est de Dominique de Roux.

    Donc, à la fin de cette note, je me serai fait deux ennemis de plus… Me reviennent en effet une parole fraîche et un souvenir durable.

    La première : j’ai interviewé Ivan Levaï, cette semaine, qui ne s’est pas caché de son aversion pour Jean-Pierre Elkabbach, son tueur à Europe 1. « Il est né le dos courbé », me dit-il. Tour à tour giscardien, mitterrandien, chiraquien, sarkozyen (who’s next ?), toujours là tandis que Levaï s’est fait virer sans cesse : la gloire de Levaï, homme debout, sa fierté de grande gueule intègre. De Juif absolu et de libre penseur.

    Le souvenir, maintenant : je déjeunais avec Julien Gracq à « La Gabelle », en bas de chez lui à Saint-Florent, au bord de la Loire, à l’issue d’une matinée passée à parler littérature, dans son salon, et à feuilleter (quel cadeau ce fut!) les « grands papiers » somptueux des éditions originales et limitées de certains de ses livres, comme « Les Eaux étroites », « Un Balcon en forêt »... Soudain surgit François Bon avec sa famille. Il vit le Maître, se précipita stupéfait, interrompit notre conversation, notre repas. Sans un regard pour moi, il ploya son dos, fit une grotesque révérence, gestuelle et verbale. Gracq lui coupa net la parole, étendit un bras vers moi et dit, tranchant : « Je vous présente Léon Mazzella. » Soit personne, sauf son invité, ce jour-là de janvier. Le grand écrivain savait vivre (ô combien), il avait cette élégance dont beaucoup –que nous savons apprécier par ailleurs pour leur vérité (je lis Bon avec plaisir, lorsqu’il publie chez Minuit et chez Verdier)-, ne possèderont jamais…

  • Goncourt

    Le bref et aéré roman de l'Afghan Atiq Rahimi, Syngué sabour (Pierre de patience), P.O.L, écrit directement en Français, est superbe, poétique, violent et tendre, bouleversant. L'abandon, l'amour, les dégâts du Coran sur le couple, l'abnégation de la femme, la douleur, la guerre, les secrets, la délivrance... Tout cela est dit sèchement, comme un feu qui craque. Rahimi écrit sans gras. Avec un regard  peut-être trop cinématographique (il a adapté lui-même au grand écran Terre et cendres, son premier livre) et pas assez littéraire : on a l'impression de lire des plans, un scénario, à certainses pages, et pas d'être embarqué par le souffle d'une histoire... Bon, en même temps, ce n'est pas un livre inoubliable : je l'ai repris, feuilleté, et j'ai pensé qu'il était apparu comme le moins mauvais des quatre en lice. Les Goncourt ont donc été bien inspirés. C'est rare... Une phrase, une seule, du livre : "Ma tante n'a pas tort de dire que ceux qui ne savent pas faire l'amour, font la guerre." A la relecture, il lui manque de l'épaisseur, au sens romanesque du terme.

    Je n'ai pas lu le Renaudot, du Guinéen Monémembo. Et vous?

    (C'est amusant, en discutant de ces deux lauréats avec des amis, la réflexion sur "l'effet Obama" est revenue dans la discussion. Qu'en pensez-vous?).

  • Zweig, Obama et la perruche à collier


    podcast

    Lhasa, La marée haute (The living road)

    La nouvelle inédite de Zweig, Le voyage dans le passé, déjà évoquée ici (splendide de délicatesse et de pudeur, dans ces retrouvailles de deux amoureux qui, malgré une séparation de neuf années et en dépit de la vie -une famille fondée par résignation, une tentative d'oubli iréciproque-,  des thèmes chers à l'auteur de Lettre d'une inconnue, retrouvent leurs sentiments intacts), avait pour titre originel La résistance de la réalité. Grasset aurait été mieux inspiré de le garder.

    A propos d'Obama, cette phrase d'une étudiante française d'origine camerounaise, citée par "Le Monde", résume à mes yeux le souffle qui caresse les continents depuis le 4 : "Jusqu'à hier, je ne mettais pas ma photo sur mes CV. Maintenant, je pense que je vais le faire. Je suis super fière d'être métisse aujourd'hui." Gageons juste que ce souffle ne se transforme pas, ici ou là, en vent arrogant et vengeur. La fierté se mettrait à singer ce contre quoi elle a si longtemps combattu.

    Enfin, la perruche à collier envahit les capitales européennes, car elle est homophile, comme la tourterelle turque, qui partit elle aussi à la conquête de nos parcs et jardins il y a plusieurs décennies. Le réchauffement climatique en est la cause. C'est sympathique, mais inquiétant, cette tiédeur qui bouleverse la migration et l'ensemble des comportements du monde animal. (Quant aux ours blancs, ils ne savent plus où se planquer, car la banquise fond et "la" Palin revient).

    Le rapport entre tout cela? Lorsque la réalité résiste, elle s'adapte avec effort mais sans douleur. La perruche à collier chante, à la cime des arbres fruitiers d'Europe. Et la beauté du métis demeure, je crois, ce qu'il y a de plus formidable au monde.

    L'espèce humaine et notre planète cabossée ont encore de beaux jours devant eux, va!..

  • Hausse d'épris

    Nietzsche à propos des Essais de Montaigne : La joie de vivre sur terre en a été augmentée.

    C'est magnifique. Cela me rend heureux, ce soir, en rentrant, malgré la nuit qui tombe vraiment trop tôt, vous ne trouvez pas? Té! Alphonse Allais, pour l'escalier : La nuit tombait. Je la ramassai...

  • La lumière de leur nuit

    J'ai écrit ceci dans une nouvelle, Morbidezza (elle ouvre Les Bonheurs de l'aube, La Table ronde) : Un fils ne pense jamais qu'un jour il fermera les yeux de sa mère, qu'il donnera la nuit à celle qui lui a donné le jour... Je venais de le faire. Ce soir, je tombe sur cette phrase d'Edmond Rostand, extraite de C'est dans la nuit qu'on croit à la lumière, citée par Boris Cyrulnik (dans Parler d'amour au bord du gouffre, Odile Jacob) : Il a cru à la lumière parce qu'il était dans la nuit. Moi qui vivais en plein jour, je n'avais rien su voir. Soyons vigilants. Surtout avec nos amis, nos proches. Imitons la lionne, qui dort toujours d'un oeil. La générosité, le partage, sont à la portée de notre attention. Ils n'en demandent souvent pas davantage. Le soutien, l'aide, l'accompagnement, le fortifiant intérieur, le turbo mental, tout cet attirail précieux, nous le possédons tous, mais nous le gâchons par paresse, négligence. Je ne veux pas tenir l'égoïsme pour responsable de l'obsolescence de ce merveilleux outillage, bien que la vie m'ait parfois démontré le contraire. (Ces aveugles-là sont riches sur la forme, mais pauvres, au fond. Ils ne sauront jamais voir, qu'eux. J'ai fini par les mépriser). Alors quand un pote est dans la merde, stoppez tout et allez-y. C'est l'essentiel de votre vie. Et de la sienne, à ce moment-là. (Faites passer).

  • compliment d'objet

    L'air ambiant est à la flatterie.

    Jeu de mots :

    Le discours de la flagornerie : sujet, verbe, compliment...
    (Avec cela, nous voilà bien).

    Platon : l'éloge (par la voix de Diotime*, dans Le Banquet) ne vaut que s'il dit la vérité sur son sujet.
    Aujourd'hui, la vérité est une espèce rare, chassable, mais qui se terre.

    Et elle a raison, du fond de son trou.

    Bon, voilà. Ce soir : Platon, Zweig, Mamoulian (La Reine Christine) quand même... Et salade de pousses d'épinards au magret fumé, champignons, tomates cerises, puis riz aux coquilles St-Jacques, parce que quand même.

    Quand même.

     

    * La vérité pour elle est qu'Eros n'est pas un grand dieu, car tout désir est manque; mais, parce qu'Eros est plein de ressources pour se procurer ce dont il manque, Eros est un démon, un intermédiaire entre le divin et l'humain, comme la prêtresse Diotime l'est entre les dieux et les hommes. Elle fait office de passeur, allant du mythe au discours philosophique et poussant l'âme à dépasser son appétit de multiples choses belles pour accéder à une Beauté unique qui peut seule satisfaire le désir... (Monique Dixsaut, spécialiste de Platon).

  • Corps

    C'est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être d'un règne différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps.

    Proust, Le Côté de Guermantes

  • Vous avez dit "rentrée" littéraire?..

    "Tout en estimant qu'Anna devait rompre avec Vronsky, il était prêt, si tout le monde jugeait cette rupture impossible, à tolérer leur liaison, pourvu que les enfants demeurassent avec lui à l'abri des éclaboussures et qu'aucun bouleversement n'intervînt dans sa propre existence.
    Cette solution, pour vilaine qu'elle fût, valait pourtant mieux qu'une rupture, qui, tout en vouant Anna à une position honteuse et sans issue, l'eût privé, lui, de tout ce qu'il aimait. Mais il sentait son impuissance dans cette lutte, il savait d'avance qu'on l'empêcherait d'agir sagemment pour l'obliger à faire le mal que tout le monde jugeait nécessaire."
    (p.467, Pléiade)

    "Et cependant, dès qu'il fut hors de danger, Vronsky éprouva un esentiment de délivrance. Il s'était en quelque sorte lavé de sa honte et de son humiliation : désormais il pouvait penser avec calme à Alexis Alexandrovitch, reconnaître sa grandeur d'âme sans en être écrasé. Il pouvait en outre regarder les gens en face, et reprendre son existence habituelle, conformément aux principes qui la dirigeaient. Ce qu'il ne parvenait point, malgré tous ses efforts, à s'arracher du coeur, c'était le regret, voisin du désespoir, d'avoir perdu Anna pour toujours. Maintenant qu'il avait racheté sa faute envers Karénine, il était certes fermement résolu à ne pas se placer entre l'épouse repentante et son mari; mais pouvait-il échapper au souvenir d'instants de bonheur trop peu appréciés autrefois et dont le charme le poursuivait sans cesse?" (p.476, idem)

    Ces deux extraits ne sont pas dans le dernier Christine Angot, dont le célébrissime extrait : "Ne te trompes pas de trou", fait la joie de la presse... littéraire, ces jours-ci (il s'agirait, sur 320 pages, de ses coucheries avec Doc Gyneco...).

    Non, ces deux extraits, je viens de les piocher, en lisant, en écrivant,  dans Anna Karénine, de Léon Tolstoï.

    La classe...

    Mais je ne ferais pas le grincheux : certes, ne perdons pas de temps avec les histoires de cul des Millet, Angot et conso(eu)rts. Voyons les derniers Sylvie Germain, Marie Nimier, Jean-Paul Dubois (reçu ce matin, feuilleté : ça a l'air fort!), Régis Jauffret, Olivier Rolin, Richard Ford, Thomas Pynchon, Christian Oster... Car il ne faut pas désespérer nos contemporains.

     

  • ajetez-le!

    Une merde !..
    Je n’imaginais pas que l’on puisse laisser sortir un tel ramassis de lieux communs sirupeux, un discours de la bêtise qui se croit novateur en plus, sur
    la tauromachie ! : Une sous-espèce de présentation et d'éloge mou, sans relief, sans aucune âme, avec un vernis de connaissance pompé sur wikipedia et vu, vite, depuis des gradins...  Outre le fait que le livre soit rempli jusqu’à ras-bord d’inexactitudes, de platitudes et de fautes (même d’orthographe un peu partout !), qu'il soit à peine écrit en Français, ce parallélipipède de papier se veut avisé, fait l’intelligent. Or, c'est une aberration indépassable sur le sujet. J’ose à peine vous donner ses références –mais comme ce sont les seules qu’on puisse lui attribuer, les voici : Marine de Tilly, Corridas, De sang et d’or, Ed. du Rocher, 19,90€ Oubliez !


  • Fajardie


    fajardie.free.fr/

    L'un des pères du néo-polar vient de nous quitter. 60 ans. Cancer. Sale affaire pour ce compagnon de route de Daeninckx et Manchette. Auteur de nombreux polars à la française avec des héros à la manière de l'Inspecteur Harry, nobles et franchouillards, auteur d'un paquet de romans, parfois historiques, de quelques pamphlets, Frédéric H. Fajardie a aussi écrit presque autant de nouvelles que Maupassant.

    Je me souviens de l'avoir rencontré chez lui, dans sa ferme normande, une nuit d'ivresse, au cours des années 92 ou 93. J'avais commencé la soirée en compagnie de Denis Tillinac et de Françoise Blondin, de bar en bar (tous ceux qu'Antoine avait fréquentés). Pélerinage rude. Nous fûmes battus à plate couture par une veuve droite comme un I, après pas mal de canons descendus. Elle rentra néanmoins se coucher. Nous la raccompagnâmes. Là, Denis dit : on va voir Fajardie, t'as une bagnole? Mais c'est loin, sa Normandie! Qu'à cela ne tienne. Saint-Christophe fut du voyage, c'est indubitable, car nous arrivâmes sans tonneau à destination vers 3 heures du matin. Pleins phares, klaxon bloqué devant les grilles. Frédéric se réveilla, saisit son fusil de chasse et le pointa sur les hurluberlus depuis la fenêtre la plus haute de la ferme. C'est lorsqu'il reconnut Tillinac qu'il baissa son arme. Suivirent agapes. Trois jours d'amitié, de liesse et de littérature pourfendue. Souvenirs... Ciao, Bello! Je bois un thé vert à ton talent. Car c'est ainsi, désormais. Je te relirai souvent.

    Son oeuvre, partiellement reprise dans Le Livre de poche, Folio, La Petite Vermillon (LTR) et Babel (Actes Sud), est parue -essentiellement- chez Mazarine, Lattès, Fayard, Les Mille et une nuits, La Table ronde, Actes Sud et, pour les derniers ouvrages, aux éditions des Equateurs. 

     

     

  • Pestacle

    "Nargis s'est abattu sur la Birmanie. Découvrez en avant-première les photos de cette tragédie prises sur place par un internaute."

     

    Voici ce que je viens de lire, en frémissant - effroi et honte le disputent - sur la page d'accueil de Yahoo. De funeste mémoire, cela m'évoque le feu d'artifice quotidien que CNN offrait au monde en direct de Bagdad, au début de cette -très- sale guerre (sale guerre serait un pléonasme).

    Le spectacle de l'horreur... en avant-première. Bienvenue chez les chtis birmans...

    Cette sémantique est à vomir et le pire, c'est qu'elle ne cache plus son intention. 

    La Terre se réchauffe, la banquise fond mais l'âme humaine se glace. A grande vitesse.  

  • la voila

    1de867cb21a526bcb56beabef462ed65.jpeg

    Alain Robbe-Grillet, Robert Pinget, Claude Ollier, Claude Mauriac, Jérôme Lindon (M. Minuit, ça compte moins), Claude Simon, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute, (Dondero, des éd. de Minuit, ça compte pas non plus) ... La photo date de 1959. Qui peut me dire si Claude Ollier est encore de ce monde? C'est la question du soir/bonsoir. Manque aussi, parmi les pontes du Nouveau Roman, Michel Butor.

    (bon, Marguerite Duras n'est pas sur la photo, elle est à tous points de vue hors-cadre, mais il n'empêche que!).
    En tout cas, leurs livres sont pour la plupart très chiants. D'évidence subjective. Sauf ceux de Claude Simon (immenses Route des Flandes, Jardin des PLantes, Acacia et ultime Tramway!) et de Marguerite Duras, pour les plus beaux (Le Marin de Gibraltar, Un barrage contre le Pacifique, Le ravissement de Lol V. Stein, et une poignée d'autres, plus tardifs, minces et précieux...).  Et Beckett, forcément. Beckett!!!...

  • Retour sur l'ours

    D’un côté, nous avons des écologistes purs et durs qui prônent une réintroduction massive, au mépris des usagers de la nature, comme les bergers qui se voient croquer pas mal de brebis, ou les simples promeneurs. Leur vision angélique et muséifiée de l’ours, icône intouchable sous aucun prétexte, fut-ce la survie d’une activité rurale en voie d’extinction, est celle d’un nounours emblématique. Leur thèse frôle la zoolâtrie, elle s’arc-boute sur une protection intégrale et sans concession. Ce discours, aux relents intégristes, fait peu cas d’une culture moribonde. Il la méprise, au nom d’une vision strictement esthétique d’une nature idéalisée, rousseauiste.  De l’autre, il y a les opposants de tous poils, qui entretiennent une peur ancestrale infondée : la cohabitation des hommes avec des centaines d’ours se passe  tranquillement dans d’autres pays Européens. Il y a aussi des scientifiques qui se frottent les mains à l’idée de pouvoir faire joujou avec les émetteurs dont on équiperait de nouveaux ours Slovènes ou autres : de réintroduction, nous assisterions à un désensauvagement grotesque du dernier grand fauve européen (et plus pyrénéen, au passage). Il y a encore des élus prédateurs. Et des entrepreneurs qui songent à tirer profit de la marque : les parcs d’attractions ne sont pas loin dans leur tête. Et il y a des chasseurs coléreux. Et assez peu de valléens qui perçoivent l’ours comme un fléau, au même titre que la grêle sur un vignoble une veille de vendange. Au milieu, il y a  la montagne, encore capable d’accueillir beaucoup d’animaux. Mais il est à craindre que les théoriciens d’une nature vierge et pure, où l’homme n’a plus droit de cité, n’aiment guère celui-ci pour lui contester en cas de danger, un droit de préemption sur leur vache sacrée. Ils n’aiment pas l’ours non plus, car refuser les frictions de terrain causées par sa réintroduction, c’est lui contester un droit de coexistence. Or, la réintroduction de l’ours passera forcément par la gestion d’une nature dénaturée.  C’est à la télé seulement, au zoo parfois, que l’écolo ultra appréhende les ours, et peu lui importe à la fin qu’ils bouffent du mouton ou du chevreuil, ou même qu’ils crèvent de n’avoir plus rien à se mettre sous les crocs, si d’aventure ils prospéraient trop. L.M.

  • Dépêchez-vous...

    ... De lire la tribune signée par l'avocat Alain Weber et que publie Le Monde daté d'aujourd'hui (page 19) sous le titre : "Amis Anglais, merci d'avoir gagné!", car elle est brillante et salutaire.

    Le chapô du papier, seulement (à vous de voir la suite) : "L'échec français met fin au hold-up de Sarkozy sur la Coupe du monde de rugby".

    Je me marre...

     

  • tir, suite

    Lesbre (excellent livre) çà changerait à tous points de vue.

    La Bayonnaise Darrieussecq est un sérieux challenger pour Claudel, Assouline et peut-être Salvayre.

    Adam l'aurait dévantage mérité avec "Falaises".

    Haenel va-t-il créer la surprise? Sinon, c'est un Médicis idéal.

    Je ne parle pas du ridicule qui ne tue pas : le-Nothomb-de-septembre.

    Ni de l'obstination de Poivre Bros à sortir un truc chaque année juste pour avoir le Goncourt, dirait-on...

    J'ignore ce que valent les autres, mais je vais aller voir de plus près le Leroy et le Rosenthal.

    En attendant, je déjeune demain chez Drouant tout à fait par hasard.

    Cuisine et littérature? -Ail, ail, ail!.. 

  • Pétard!

    6dff6b5b7e1bfcb524ca1ebd82ba8575.jpg"Sur les 875 millions d'armes dans le monde, 650 millions sont détenues par des civils et 225 millions par les forces militaires ou de police."  Le rapport 2007 sur les armes légères, qui émane du Graduate Institute of International Studies de Genève, estime que les citoyens américains détiennent 270 millions d'armes à feu sur les 875 millions répertoriées dans le monde. Le Yémen est à la seconde place derrière les USA!

    L'avenir est au polar. Mais serai-je capable d'en écrire un? -Non.

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    Sinon, à propos de pétard, courez voir "La fille coupée en deux", le dernier Chabrol, notre Hitchcock balzacien. Il sent , comme les autres, toujours autant la naphtaline de nos provinces. On y ressent toujours autant de névroses petites ou grande-bourgeoise (en l'occurrence grande, et Lyonnaise en plus!). L'étude de moeurs et de caractères est franchement littéraire : du Mauriac sur le Rhône mis en pelloche, avec toute la modernité dont Chabrol sait si bien orner ses films. Glauque à souhait, pervers à la marge, le film est fidèle au fameux regard suraigü d'ethnographe que possède Chabrol. Et puis il y a la divine Sagnier, le très surprenant Berléand, le performant Magimel. Les autres acteurs sont exacts et précis dans leur rôle respectif. Soit menés, conduits de main de guide. Je le reverrai volontiers. Et çà, c'est un signe. (l'affiche est signée Miss-Tic, ma voisine. Et elle n'est pas bécassine).

  • Les cathos ultras sont toujours aussi tarés

    http://www.editions-verdier.fr/v3/lettre.php

    j'attends vos réactions, camarades...(*)

    moi je n'en peux plus d'écoeurement, ce samedi 25 août... 

    --- 

    (*) vous avez été 569 à visiter mon blog la nuit dernière -un record pour un 24 août?! Dans le lot, vous serez bien une poignée à lire cette lettre sereine et brillante des éditions Verdier, à Lagrasse, Aude et à réagir ici, si vous le voulez bien.  

  • Les Chants de Malodore...


    Plus nauséabond, tu meurs! Malodore est le nom d'un répulsif puant (dans tous les sens du terme!) qui va être utilisé par le Maire d'Argenteuil (Val d'Oise) pour éloigner les SDF, oui, les sans domicile fixe, pas les rats, non! Des êtres humains mais qui n'ont pas de maison!.. Du centre de sa commune.

    Je ne rêve pas en lisant cela ce matin (dépêche AFP d'hier soir reproduite sur la page d'accueil de Yahoo). Je me dis seulement, en enrageant en silence, que cette planète ne tourne vraiment pas rond.

    Le maire s'appelle Mothron (Ump) il a une gueule de vrai con, la société qui fabrique Malodore, "produits d'entretien"..., se nomme Firchim et les sdf qui vont s'en prendre plein la tronche sont bien sûrs anonymes, comme les chiens errants.

    Ce n'est pas scandaleux. C'est inqualifiable. Et à pleurer.

    Sinon, Barre est mort et il était temps, car ses neurones devenaient violemment racistes, sur le tard (souvenez-vous de ses déclarations odieuses, au printemps dernier).

    Et la rentrée "littéraire" est déjà dominée par une espèce de "roman" (Stendhal, Proust et Flaubert se sont bruyamment retournés dans leur tombe, en voyant les Une des magazines consacrés au sujet) signé Reza, dramaturge bien connue, sur la campagne de France du Nabot 1er qui nous gouverne presque seul.

    Rappel en forme de maxime apprise à Sciences-Po à l'époque du Plan Barre 2 et dont j'ai oublié la paternité : "Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument". 

    Second rappel (après je file me refaire du café. Je suis d'humeur passablement écoeurée, ce matin!) en forme de citation : "De moins en moins édition. De plus en plus poubellisation" (D. de Roux).

    Conclu : Relisez "Le Baron perché" du génial Calvino (Points/roman), dégustez le mince et si dense "Mal de pierres", de Milena Angus (Liana Levi), guettez le nouveau O.Adam (à L'Olivier) et le prochain P.Quignard (Flammarion, octobre) mais, de grâce! Ignorez l'opus-cule de Y.Reza, que d'aucuns et des plus bien-pensants (les pages Livres de grands quotidiens et news!) veulent nous faire passer pour de la littérature. 

    C'est Le Petit Robert qui n'en revient pas, à ses pages 1995/96... 

    Ciao, beurrk et à plus! 

  • photo-vie

    d8c4a57255907f052fe855862e19e1b3.jpega1785b751a6e327405d3cca9ecfd41ef.jpeg2867b1c73cadc8915ba156860802d824.jpeg
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Une photo en noir & blanc à côté de l'ordi :
    moi bébé dans les bras de mon père.
    Il est mort il y a quelques mois
    et j'ai aujourd'hui le double de son âge sur la photo.
    C'est quoi la vie?..

  • Les manies du débitant de cigares

    30707b1f96985b0e0a1afeb580d94c6b.jpegLe débitant de tabac a peur que le client lui abîme sa marchandise et il a raison. Le problème est que, par ses réflexes, il lui arrive de la détériorer, ou au moins de détériorer les termes de l’échange avec son client.
    Oublions d’emblée ceux qui n’autorisent pas que l’on choisisse nous même –fut-ce des yeux et en désignant du doigt le cigare désiré-, et avec lesquels la discussion est impossible. Ils tournent en général le dos au client en choisissant pour lui le ou les cigares demandés (le client ne peut rien voir), referment prestement l’armoire humidifiée et annoncent avec détermination le prix en caisse sans laisser le temps au client de respirer. Là, moi, je dis tout de suite « adieu et merci ».
    Il en va des havanes dans les civettes comme des Pléiades en librairie et des boîtes de crabe dans les supérettes : les secondes sont hors de portée, ou bien cachées derrière le caissier ; les premiers s’appellent « pas touche ! Lequel voulez-vous?». Normal, après tout. Mais notre ami, que nous souhaitons à chaque fois complice d’un certain amour du cigare, le débitant éclairé, avec lequel il est toujours agréable d’échanger quelques mots d’aficionados, tâte trop souvent lui-même le cigare en le pressant entre le pouce et l’index, ramollissant exagérément ses modules comme des camemberts ipso facto « bien faits », comme si je ne sais quel moelleux (ou craquant), suffisait à distinguer le bon cigare du moins bon. Parce que le choix, effectué à la place du client, se limite généralement à ce geste un rien brutal, réducteur et bien souvent inutile.
    Deuxième grief : l’impatience. Il est préférable de savoir ce que l’on veut avant d’entrer dans la civette ou dans l’humidificateur géant, puis d’acheter fissa, car l’impatience du débitant –surtout si personne ne le seconde en caisse pendant le temps que dure le choix des cigares-, grève quelque peu le plaisir de balader ses yeux sur les boîtes ouvertes, tout en stressant le client que nous sommes.
    Enfin, il y a le débitant qui s’offusque immédiatement lorsque nous refusons le cigare choisi par lui seul, ou bien celui que nous reposons (lorsque nous avons obtenu licence de toucher au module), pour des raisons de convenance personnelle.
    Le client est roi ? Il commence à le devenir lorsqu’il annonce qu’il entend acheter une boîte et pas quelques cigares à l’unité. Encore que : il arrive que nous nous heurtions à l’opposition ferme de se faire ouvrir une, voire plusieurs boîtes, comme cela se fait ordinairement dans les aéroports ou bien à l’étranger.
    Dommage.  L.M.


  • BlogBrillant

    J'invite à faire un tour sur ce blog recommandable : c'est brillant, claquant, iconoclaste, érudit et vertueux. Un brin grincheux et anti pas mal de choses, dont les idéologies idéalistes et verbales (qui croient à la magie de la formule et à son immédiateté, donc qui ne se gênent pas pour jeter de la poudre aux yeux du peuple, façon Sophistes), mais c'est avant tout un excellent blog littéraire. La note sur le magnifique livre de Philippe Muray, Le XIXème siècle à travers les âges, entre autres exemples, est salutaire à bien des égards.

    http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/

    Son auteur se dissimule derrière un pseudo voltairien (Arouet le Jeune). Après la NRF, voici la NLF...

    D'ailleurs, je l'ajoute à la colonne "blog amis".

  • C'est n'importe quoi, Daumal, parfois

    "Je suis mort parce que je n'ai pas le désir;

    je n'ai pas le désir parce que je crois posséder;

    je crois posséder parce que je n'essaie pas de donner;

    essayant de donner, je vois que je n'ai rien;

    voyant que je n'ai rien, j'essaie de me donner;

    essayant de me donner, je vois que je ne suis rien;

    voyant que je ne suis rien, j'essaie de devenir;

    essayant de devenir, je vis."

    René Daumal. 

  • Etonnants voyageurs

    Le site de l'écrivain et éditeur Michel le Bris et de son magnifique Festival des "travel-writers" "Etonnants voyageurs", lequel se tient chaque année (fin mai) à Saint-Malo, publie cette semaine mon texte "La littérature a de l'asthme", en réaction au désormais fameux "Manifeste pour une littérature-monde" (paru il y a peu en Une du "Monde des Livres")...

    Voir le site www.etonnants-voyageurs.net/spip.php?article1668

     

  • Le Politique et le Littéraire

    A la mémoire de Pierre Moinot.
     
    La tentation littéraire est une tendance récurrente chez nos hommes politiques. Rarement avec succès. Analyse du sujet
     
    N’est pas Malraux qui veut. Les hommes politiques  français ont toujours été tentés de faire une œuvre littéraire, en complément d’objet direct de leur destin politique. C’est plus fort qu’eux : laisser une si jolie trace de leur passage dans les Ministères ou dans les Chambres, semble être une habitude hexagonale, depuis Montaigne, tantôt maire de Bordeaux, tantôt auteur des « Essais ». Mais Dr Jekyll et Mr Hyde ne boxent pas toujours dans les mêmes catégories…Rarement avec talent, souvent avec peine, la plupart du temps, c’est en faisant seulement des livres que ces traces apparaissent. Et chacun sait que le livre ne fait pas la littérature, loin s’en faut. Les exemples fameux –contemporains seulement*-, se comptent sur les doigts de la main de Blaise Cendrars : André Malraux d’abord, Saint-John Perse, Paul Claudel, Léopold Sédar Senghor, Paul Morand. Et encore ! Parmi ceux-ci, les ambassadeurs sont-ils d’authentiques politiques ?Évidemment, nombreux sont ceux, parmi les ténors d’aujourd’hui, qui publient. Mais il est à noter que beaucoup s’adonnent à la biographie, d’un de leurs maîtres généralement. (Laissons de côté les ouvrages partisans, de programmes et d’entretiens).  Jack Lang, François Bayrou, Alain Juppé, Philippe  Séguin, Robert Badinter… Ils ont tous écrit « leur » Henri IV, leur François Ier, leur Montesquieu, leur Talleyrand. Des livres d’histoire. Certains excellents, d’autres hagiographiques, et d’autres encore tellement narcissiques que l’on se demande si ce ne sont pas des allégories du transfert. Des projections en forme de bio. D’où le fossé : Flaubert pouvait écrire : « Madame Bovary c’est moi ». Aucun homme politique, saisi par la tentation romanesque, n’a pu dire une chose pareille. Ils peuvent tout au plus laisser accroire que, François Ier, c’est (un peu) eux …Lorsque Valéry Giscard d’Estaing, amateur de Maupassant, s’essaye au roman, cela donne « Le Passage », et quand Alain Juppé se lance dans le Journal, façon « mes travaux et mes jours », cela produit « La Tentation de Venise » : deux ouvrages que la littérature n’a pas jugés bon de retenir.Autrement dressé, ce portrait de groupe revient à signifier que l’homme politique n’est pas littéraire, romancier, mais seulement essayiste ; si l’on excepte Malraux. Et il est rarement (grand) poète, comme Aimé Césaire.La tentation poétique fait de Dominique de Villepin un talentueux anthologiste. Pas un poète. (passer derrière l’incontestable Pompidou n’était pas aisé, sauf à moderniser le propos, ce qui fut fait), avec son « Eloge des voleurs de feu ». Citer René Char à tout bout de champ et de titre d’essai ne suffit pas pour être confondu avec un allié substantiel…L’exception vient peut-être de quelques esprits hors du commun, comme Jacques Attali, à la faveur du talent protéiforme et prodigieusement productif du sujet, lequel publie des essais remarquables et remarqués, et touche à presque tout, du traité d’économie au roman, de la biographie au théâtre… La tentation saint-simonienne a fait son succès avec les « Verbatim » élyséens. Depuis, chacun de ses livres se vend plutôt bien, y compris « La Vie éternelle, roman »...Autre cas à part et semblable au cas Attali  : celui de Régis Debray : brillant essayiste et romancier reconnu depuis « La Neige brûle », il est aussi un fin observateur critique de la sphère du pouvoir. Seulement, pouvons-nous considérer les conseillers du Prince comme des hommes politiques, au moins de l’ombre ? Si oui, nous observons alors certaines éminences grises effectuer un chemin à l’envers, qui va de la fiction à l’essai. Denis Tillinac, romancier employé à plein temps par la littérature dans tous ses états, est entré, sur le tard, dans le monde de la réflexion, en publiant des essais, parfois graves, « Elluliens »  –mais sans délaisser le roman pour autant! Cela se produisit peut-être à cause de (ou grâce à) son immersion en Chiraquie.Il y a le fantasme, aussi : le mythe Mitterrand est nourri par un amour immodéré des livres et de la littérature, qui en a fait un écrivain sans livres. Enfin : sans œuvre proprement littéraire. Un amateur. Un vrai grand homme politique à la française : cultivé et fin connaisseur de littérature classique. C’est la tentation colossale. Ainsi, chacun garde l’image de Tonton lisant « En lisant en écrivant », de Julien Gracq, dans l’avion présidentiel… Une image qui évacua l’auteur de « La Paille et le grain ». Normal ! Le patron de la politique française lisant « le patron des lettres françaises », comme l’a nommé un jour François Nourissier, ça en jette pour l’Histoire.Peut-on parler d’œuvres littéraires, enfin, à propos de certains ouvrages politiques ? Et en nous fondant sur quels critères ? Depuis Saint-Simon, que l’on peut prendre plaisir à lire en dehors du sujet qu’il traite, grâce à sa haute teneur littéraire, qui donc nous a émus ? Chacun possède sa « short list », selon sa famille politique et ses affinités.Les Mémoires valent généralement davantage pour leurs révélations, leurs secrets enfin dévoilés, que pour leur tenue littéraire. Font exception celles d’un De Gaulle (publiées dans la collection La Pléiade ! Mais l’Académie française, autre « collection » de luxe, a bien accueilli  l’un des successeurs du Général parmi les siens. Dans un cas comme dans l’autre, le soupçon de condescendance est de mise), ou celles d’un Pierre Mendès-France ou encore d’un Alain Peyrefitte. Chacun mes goûts !Et puis nous pouvons nous poser la question suivante : un homme politique s’étant retiré prématurément des affaires publiques, peut-il devenir un bon écrivain ? Il en a le droit. Mais le pouvoir ?.. Le cas de François Léotard, dont on commence à louer le talent, à l’occasion de la sortie de son troisième roman, « Le Silence », est relativement isolé. « La maîtrise du verbe s’acquiert », déclarait l’ancien ministre au « Monde des Livres », le 9 mars dernier. Huguette Bouchardeau, une fois ex-ministre, s’est essayée au roman. Elle est également devenue éditrice. Et elle nous permet ici, de parler, enfin, de femme politique, et plus seulement d’homme ! Les femmes de la trempe de Simone Veil sont rares. Encore plus rares celles qui font œuvre littéraire. Les Mémoires de Madame de Genlis sont là pour nous le rappeler, avec perfidie, tout en mettant en garde les femmes ayant des velléités d’écriture, « comme les hommes »…Le mundillo  littéraire demeure méfiant devant un produit comme le nouvel opus d’un François Léotard : l’auteur n’étant pas du sérail, il ne sera jamais « des nôtres »… L’attitude, corporatiste, exclusive et un brin hostile dans sa préciosité, est typiquement française. La méfiance du Littéraire est aussi  forte vis-à-vis de l’intrusion du Politique dans son pré carré, qu’envers celle du show-biz. Il a d’ailleurs une bonne raison de s’en méfier, le Littéraire : c’est lui, en principe, qui est sollicité pour faire office de « nègre » : le Littéraire tient la plume du Politique, comme il tient celle du chanteur ou de l’actrice. Alors, lorsque le premier tient tout seul sa plume, le Littéraire doute. Et hésite à l’accueillir  sur son terrain de jeu, où les règles d’appartenance et de maintien sont drastiques.On le voit bien, la tentation littéraire de nos hommes politiques est incontestablement plus fantasmatique dans le pays de Voltaire, que partout ailleurs, et c’est heureux. Nous vivons plutôt bien dans un pays qui parle de bouffe à table, se chamaille pour une sauce avec autant de virulence que pour un candidat à la Présidence, et adore débattre jusqu’à plus soif de la vénération de certains hommes politiques pour la chose littéraire. D’autant que cette bizarrerie, eu égard à la majorité écrasante de technocrates appelés à nous gouverner, aurait tendance à disparaître. À appartenir un jour au Musée, comme la cigarette de Pompidou, anthologiste de la poésie française, qui fut aussi Président de la République . Française elle aussi… L.M.
    ---- 
    *Laissons le Cardinal de Retz de côté pour nous attacher à la modernité, ainsi que les auteurs étrangers : les Mario Vargas Llosa, les Carlos Fuentes, les Octavio Paz (pour ne citer que des écrivains Sud-Américains-, ayant fait ou continuant de faire œuvre politique en marge de leur œuvre principale). Ces derniers sont des écrivains qui « donnent » dans le politique, et pas l’inverse. 
     
    Texte publié la semaine dernière dans Le Journal du Salon du Livre. 

  • Les bigoudis verts de Voltaire

    « Il faut cultiver son jardin »

    Candide n’avait pas raison : il a raison. La fameuse phrase de Voltaire résonne aujourd’hui comme une bouffée d’air frais chargé de chlorophylle. L’encre a toujours aimé la proximité de ce parfum-là. Le génie des Lumières est là. La riche idée de donner tant d’espace à l’allégorie du jardin ! De rappeler qu’il est un vrai sujet littéraire, une source d’inspiration, un lieu d’écriture, un puits de métaphores. L’art du jardin –une vraie science extrême-orientale-, enseigne, dans le Yuan Ye, qu’il faut borner les sentiers des Trois Bons Amis : le prunier, le bambou et le rocher, car il s’agit d’une œuvre qui doit durer mille automnes. Quid de la littérature aujourd’hui ? Son ambition n’est-elle pas, depuis l’invention de l’écriture, de durer, elle aussi, mille automnes ? Or, lorsqu’elle passe l’hiver, elle s’estime heureuse ; survivante… L’enseignement du jardin, celui de Voltaire, et de tout jardinier, sont bien là : planter pour durer, travailler pour laisser la trace. « La démarche créée le chemin », chuchote le poète Portugais Eugenio de Andrade. Suivre la leçon, ne pas succomber à la tentation des paillettes, rester sourd aux Sirènes de l’Ephémère. Air connu, c’est vrai. Mais qu’il faut malgré tout chantonner régulièrement. Oui, le jardin procède donc d’un authentique art de vivre. Le jardin ou le génie du lieu. Le jardin comme soupir. Comme pansement pour apaiser  l’asthme allégorique et chronique qui saisit tout amateur de littérature. Face à  l’anxiété récurrente du mundillo littéraire devant la mort encore annoncée du roman, il y aura toujours le recours salutaire au jardin. LM
    (Edito du Journal du Salon du Livre de Paris, 23 mars 2007).




  • L'ourse Mellba


    Un attentif m'indique ce site , "La Buvette des Alpages", http://www.loup-ours-berger.org/, à l'instant : j'en reviens.

    medium_ours.jpegIl y est question (c'est en première page, dite "d'accueil", en descendant un chouia), d'un article que j'ai publié dans Le Monde, en octobre 97!.. qui s'intitulait : "Un homme n'est pas un ours", et qui suscite encore des réactions. (A l'époque, j'avais même reçu une soixantaine de lettres, certaines de félicitations, mais beaucoup d'insultes, et de menaces, dont trois de mort, toutes anonymes bien entendu, émanant de ceux que je nomme les "khmers verts"...). Celle-ci date d'avant-hier. Elle est gentiment fielleuse, et avant tout caricaturale jusqu'au sourire (merci à l'auteur de ces "commentaires" sur mon papier, haché façon steak tartare, de me l'avoir procuré -ce sourire). 

  • Le goût de la baie

    Lorsque nous faisons l’amour, nous ne pensons pas gynécologie. Lorsque nous lisons des poèmes, nous ne supportons ni les notes en bas de page ni les annexes universitaires moins décortiqueuses qu’urticantes. Lorsque nous assistons à une corrida, nous avons envie de silence, pas de commentaires. La politique dans un roman, c’est comme un coup de feu dans un concert, disait Stendhal. C’est pareil pour le vin. Œuvre de l’homme dédiée au plaisir, le vin ne supporte pas le discours analytique que d’aucuns tiennent pour paraître savants. Le vin doit d’abord nous toucher, nous plaire ou nous déplaire, et sa dégustation ne devrait pas sacrifier à la recherche obstinée de tout, sauf du raisin ! Le sujet excite les papilles autant que les neurones, mais le discours, loin de se lover dans le sensible, se vautre ailleurs : il fait l’intéressant pour montrer qu’il en sait plus que toi, nananère ! C’est d’un ennuyeux. Au cours de dégustations chics, certains évoquent des vins « couillus » ou « qui ont du poil aux pattes ». Curieusement, les adjectifs féminins disparaissent, sauf à propos des « vins putes ». Avec de tels attributs, nous nous éloignons un peu de l’exposé abscons des chirurgiens du vin qui nous les cassent (les oreilles), et qui sont à des années lumières du principe de plaisir. Dans d’austères salons, on entend (avant de fuir) untel prétendre avec certitude, of course, que c’est la marque du verre qui assèche tel vin. Et l’autoproclamé connaisseur d’exiger tel autre verre dont nous tairons la marque… Laissons les prétentieux à leurs jeux tristes, et buvons un coup.  Je préfère le discours sensuel d’un vigneron un peu fêlé, charnellement épris de sa vigne, le parler fleuri d’un poète du vin, à un laïus de poseur en stage de compta. analytique. Beauté, mon beau souci, titrait Valery Larbaud sur un de ses livres. Plaisir, mon beau souci, mon unique souci, devrait être le credo de l’amateur. Et : j’aime ou j’aime pas, l’expression de la liberté la plus nue. Buvez si vous aimez, puisque la vie est courte. Tour le reste est mauvaise littérature.

  • Je suis mort?

    Comme je porte le même prénom que mon père, décédé samedi dernier, certains de mes proches ayant lu un faire-part dans la presse, m'ont cru -ou me pensent- mort. C'est lourd. Cela m'est rapporté, au fur et à mesure. Comme si j'avais besoin de cela, en plus! La vie ne nous épargne pas, ni son au-delà-de-lui-même...

    Et je résisterai à l'envie de réfléchir à ce phénomène. 

  • L'aventurier

    J'aime particulièrement cette définition que Roger Stéphane donne dans son Portrait de l'aventurier (Grasset/Cahiers rouges).

    Elle revient de façon récurrente frapper à mon esprit.

    La voici, ramassée (débarassée de ses digressions historiques sur Ernest Von Salomon, T.E.Lawrence et André Malraux) :

     

    "J'appelle aventurier celui qui s'engage au service d'une cause sans y adhérer : qui engage sa vie plus pour son propre salut que pour la victoire. (...) 

    L'aventurier : le contraire du militant; étranger par essence au fanatisme et même au manichéisme. L'aventurier : un irréductible solitaire".
  • Dans "Le Monde des Livres" de ce soir (p.11)

    "Editis, via sa filiale Place des éditeurs, a vendu Fitway Publishing, une maison créée en 2004 par Léon Mazzella, à Silverback Books, un éditeur américain. Fitway a publié une quarantaine de livres destinés aux hommes qui ne lisent plus. Le but : offrir "une ligne de livres masculins comme il y a des produits de beauté" expliquait M. Mazzella. Le concept n'a pas rencontré son public et M. Mazzella a quitté le groupe."

    medium_DSC_0008.JPGFitway fut créée en 2003. Le catalogue, fort de six collections de "beaux-livres" traduits en 4 (voire 5) langues, et distribués dans une trentaine de pays, commençait à rencontrer son public. Et ce en un temps record pour le secteur. Seulement voilà, il existe des hommes pressés, de talent et de panache, seulement dans un roman de Morand et dans une chanson de Noir Dés'. Rarement dans les services dédiés au commerce de l'édition industrielle. Notre époque manque décidément de poésie, et de ce qui va nous manquer autant que l'air, bientôt : le temps. Qui, aujourd'hui, est encore capable de dire : je donnerai le temps au temps -et de le faire?..

    Détail : je n'ai jamais déclaré cette phrase cuculapraline sur les produits de beauté. J'ai une trèsmedium_DSC_0018.JPG haute idée du livre. Une autre des savonettes. En revanche, oui, j'ai quitté le groupe (qui ne m'a rien proposé d'autre), non sans avoir mis un pundonor à aider à "recaser", ma formidable, talentueuse, merveilleuse, dévouée et fantastique petite équipe féminine (je n'oublie pas notre Gégé national, le "d.a.", qui a sa propre boîte, Graph'm), et qui -je le sais-, regrette aujourd'hui encore que cette aventure éditoriale ait tourné court, pour de sombres raisons managériales que je ne dévoilerai jamais. En tout cas publiquement.

    Je m'autorise seulement -à la faveur de cette brève, parue dans le supplément fétiche de mon journal, et sortie de je ne sais où (la "dir-com" d'éditis, me chuchote-t-on à l'instant par texto)-, à medium_DSC_0212_1_1.JPGexprimer mon amertume. Car, après plus de vingt ans de journalisme, cette expérience, trop brève, manches retroussées et les mains dans le bouquin jusqu'aux coudes, avec une alegria et un plaisir aussi dévoués que jouissifs, me laisse un goût de fiel dans la bouche, après m'avoir procuré d'immenses joies créatives, ludiques, professionnelles. Et m'avoir permis de faire des rencontres... humaines inaltérables. Riches. Indéfectibles. Eternelles, j'espère.

    CQFD 

    pour mémoire : 

    www.fitwaypublishing.com


  • oups!

    hautetfort se modernise, c'est bien, mais nous ne pouvons plus insérer d'images pour illustrer nos textes, me semble-t-il. Comment faites-vous, vous? Au secours Alina!.. (Tu sais bien que je suis un manchot de l'informatique).

  • Dans "metro" d'aujourd'hui

    L’HOMME DESCEND DU METRO


    Et parfois du songe. Pas toujours rêveur, le songe. Plutôt simiesque justement : lorsque la pub et le marketing se mettent à singer la réalité masculine en la caricaturant, cela donne des créations qui ressemblent davantage à des vues de l’esprit qu’à des reflets du réel.
    Exemples : de l’homme, « Y » donc, on a décidé qu’en ville, il était devenu « métrosexuel », il y a environ trois ans : soit un hétéro affirmé, mais assumant clairement sa part de féminité, à la faveur de l’acceptation générale du phénomène gay. Rien à voir avec les obsédés de ce beau journal qui m’accueille ! Son icône était David Beckham, pour faire court. Il pouvait donc se maquiller, faire du shopping, et rester un vrai mec.
    Puis, l’ « ubersexuel » a surgi. Icône : George Clooney. Très mâle. Cela a rassuré les hemingwayens. La virilité de chacun s’en trouva réconfortée.
    Entre temps, j’ai personnellement créé le néologisme de « métrosensuel» (pour titrer l’essai éponyme d’une auteure), histoire de rappeler que l’homme pense d’abord avec sa tête.
    Un nouveau concept, préfabriqué –à l ‘intention de l’industrie, ne nous leurrons pas (des produits de beauté et du prêt-à-porter notamment), détrônera vite Clooney.
    Notre époque en perte de foi, néanmoins explosée par des guerres de religions planétaires, a besoin de démiurges, d’icônes générationnelles palpables.
    Savez-vous par exemple que, lorsque le mythe vivant Beckham dort avec sa femme dans un hôtel au Japon, l’hôtel vend ensuite aux enchères et par petits bouts, les draps –non lavés, bien sûr !..
    Et l’homme dans tout çà ? Muséifié, en plein déclin, comme le souligne un essai sur le sujet. La presse qui lui est dédié, après une embellie, commence à battre de l’aile. L’homme traverse une crise d’identité certaine. Objet, convoité, vampirisé, dévirilisé, il devient « une femme comme les autres ».
    Mais il demeure, qu’il soit homosexuel, hot célibataire, jeune père, papy, quadra en rupture de ban, un mec qui n’aime pas être étiquetté. Alors contre tout cela, une seule valeur-refuge. Aragon. Louis Aragon. Lequel disait : « La femme est l’avenir de l’homme ». Yeah ! L.M.

    Retrouvez ce "point de vue" dans la page "Paroles" de Metro de ce 13 avril.

  • Philosophie magazine...

    Le sommaire est ambitieux, les signatures prestigieuses (ph claudel, j semprun, n grimaldi, f marmande), mais la "promesse au lecteur" (la couv) affligeante.

    et je ne parlerai que d'elle.

    le visuel d'abord : un mec, genre top model dans la haute finance, en costume smalto, impeccablement bien sûr lui, un tiroir façon magritte en plein dans la gueule, les mains posées bien à plat (j'assure!), sur la pierre (philosophale).

    conceptuel, coco... il soutient le titre du dossier : "un autre monde est-il possible?" (là, je dis bravo! un tel titre, c'est sûr, personne ne la fait ce mois-ci, même pas "jésuite hebdo", qui n'existe pas).

    le cadeau, ensuite : à l'instar de fiches horoscope ou des recettes minceur, on a un morceau de l'ethique de spinoza, avec un dessin le montrant, en colette glamour,regard ingénu un chouia lolita, revue par un infographiste de la presse féminine djeune...

    Puis, la titraille : "rencontre : nicole garcia et michel onfray, dialogue inattendu" -c'est , oui, le titre!...
    (moi, là, je lis : même les femmes peuvent piger quelque chose à la philo, en tout cas celle d'un mec brillant/branché comme onfray, et en plus elle est actrice! c'est-à-dire limite miss france... allez-y, gueulez les filles!).

    et puis, au fond, pourquoi pas, "rencontre : loana-michel serres, à botox rompu". ou bien "bhl-darty, le contrat de confiance est-il un mythe américain?" au moins, ça poserait question, con!..

    puis, pêle-mêle : "débat, sylviane agacinski-marcela iacub, la fin de la domination masculine" (ça sent le scoop, moi je vous dit que ça sent le scoop).

    puis : "entretien : la leçon de sagesse de marcel conche" (sans véronique et davina, non! on y a échappé quand même. et c'est même pô du bodybuilding).

    enfin, "cinéma" (ah bon, ça philosophe au 7ème?) ":être sans destin", vu par jorge semprun. dak...

    (rideau)

  • Sharonanar

    décorez-moi : j'ai vu basic instinct, deux (comme d'autres lisent deception point, ou d'autres encore vont à lourdes -pfff! les deux, à côté du grand cloué, ils sont même pas sur la photo!). sharon est toujours la plus belle blonde du monde, celle qui, par surcroît, préfère relire tout garcia marquez que se rebronzer le coeur ("car à la fin il faut que le coeur se brise ou se bronze", n'est-ce pas?), celle qui a oublié d'être tarte (et rien dans ma cuisine, hélas... mais "la chair est triste et j'ai lu tous les livres"). elle a du botox plein les nibards, une garde-robe de tarée, une coupe de cheveux qui va faire jurisprudence, un regard dévastateur ayayaye, elle fume comme un gainsbarre, conduit comme un fangio, séduit comme un don juan, mectonne les hommes, et elle possède une nonchalance attractive (genre : bon, c'est fini, ce tournage, je n'ai vraiment pas que ça à faire, moi), des plus délicieuses, au fond = elle se fout carrément du film, sharon, j'en suis convaincu. et ça, c'est vraiment fort! non, pas de décoration, finalement...

  • Lettre ouverte au canard sauvage

    Mon canard,
    Voilà des années que je n’aime rien comme aller t’observer, toi et tes nombreux congénères, sur les étangs et dans les marais du monde. Aujourd’hui, le regard que l’on te porte change. Tu n’es plus un enfant du Bon Dieu, ni un oiseau de bon augure. Ta liberté de traverser les ciels d’Europe a du plomb dans l’aile. Toi le migrateur, l’oiseau qui court après le soleil et devance le froid, traverse les pays sages et les pays en guerre, à la recherche de zones humides accueillantes, te voilà pestiféré. Si nous le pouvions, nous t’assignerions à résidence. Et nous déciderions de ton éradication. Tes migrations nocturnes colportent le mal. Pire : avec toi, c’est le sauvage qui contamine le domestique, et le nomade qui frappe le sédentaire. Au-delà du virus de la grippe aviaire que tu transportes à ton corps défendant, c’est le tort suprême qui est dans tes plumes : le virus de la liberté. Celle de ne te fixer nulle part et d’aller où bon te semble, en te méfiant constamment des prédateurs. On te regarde d’un œil torve et jaloux. Mon canard, tu es un paria, un déviant. Ta liberté dérange. L’errant a toujours mis mal à l’aise le claquemuré. Aujourd’hui, au lieu de continuer d’être représenté par les peintres animaliers et d’être préparé à l’orange, on se méfie de toi comme du Malin. Une nouvelle chasse a commencé dans l’esprit des humains, qui s’enfoncent plus profondément dans l’ère du soupçon. Ton faciès, d’admirable, est désormais redoutable. Alors réjouis-toi, mon canard ! Saisis cette chance d’inspirer la crainte, de faire renaître des peurs anciennes. T’approcher effraie ! Avant qu’il ne t’emporte un jour, ce virus te protège, puisqu’il te maintient à distance des grands prédateurs qui vivent debout. Et je vais te donner un conseil, mon canard : passe plus haut. Vole au-dessus des nuages. Evite les mares domestiques, même si tu as envie de fricoter avec le canard gras. Ne pense plus aux marécages périurbains. Préfère leur les marais immenses et inhospitaliers, où le danger s’annonce de loin. Ainsi chacun retrouvera la paix. Tu as été conçu pour rester libre. Sauvage et libre. Je respecterai toujours en toi le modèle de nomadisme qui te définit. Et quand ce satané virus t’emportera, j’irai raconter aux oies et aux cygnes des jardins publics, ainsi qu’aux canards à foie gras d’ici et là, le poète du ciel et des marais que tu fus. A présent échappe-toi, mon canard, le jour va se lever. Va, va !

    Léon Mazzella.
    Journaliste et écrivain (dernier livre paru : « Flamenca », roman, La table ronde).
    Tribune parue dans Metro du 17 mars dernier.