Camus
La France moisie, c'est encore la récupération d'Albert Camus par l'instigateur d'une politique on ne peut plus anticamusienne, et qui siège actuellement à l'Elysée. Il serait temps de relancer Combat, le journal de l'auteur de L'Etranger. La France moisie, c'est celle qui affecta une moue dégoûtée de grand bourgeois à la vue d'un pauvre dans son parc, lorsqu'un type du peuple, fils d'une mère analphabète et d'un père mort en 14, né en Algérie, lorsqu'un "petit pied-noir" devient Nobel de littérature à 44 ans. Aussitôt, la bien-pensance lui tourna le dos, ne souhaita pas l'admettre parmi les siens. Elle le déclara faible romancier à la prose facile (le Nouveau roman était alors dictatorial) et, plus douloureux encore, "philosophe pour classes terminales" -l'expression est de feu mon ami Jean-Jacques Brochier. (Sartre régnait alors sur la pensée hexagonale). Jean-Yves Guérin, qui signe un Dictionnaire Camus chez Laffont, a ce mot juste et assassin à propos de l'essayiste : "Camus est à BHL ce qu'Edith Piaf est à Vanessa Paradis" (piqué dans l'Obs paru hier). La belle revanche du fou de foot et de théâtre, c'est d'être plus connu et davantage lu dans le monde entier, que n'importe quel écrivain français depuis l'invention de la plume, ou presque (il faudrait vérifier pour Dumas et Hugo). Et, au risque de me contredire, si ce paramètre ne vaut rien à mes yeux lorsqu'il s'agit d'un Paolo Coelho, d'un Dan Brown, ou d'un Marc Lévy, il me semble posséder une teneur autre, pour Camus.
Commentaires
Camus à la libération, quand les instances voulurent le décorer:
"Déjà que nous sommes des vieux cons, il ne manquerait plus que je sois décoré..." Ou quelque chose d'approchant...tu imagines son envie d'entrer au Panthéon...
je t'envoie un cadeau (et tu comprendras qu'il est mieux là…)