Langue de soie
A la question : « Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?», posée par le magazine Les Inrocks d'août dernier (à lire sur lesinrocks.com), Marie NDiaye, Prix Goncourt 2009 (lire plus bas : A quel Prix, 4 novembre, et Rempart, 13 octobre), répond ceci : « Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey et leurs trois enfants -ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort". Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »
J'a-do-re! -Et vous?
Commentaires
je l'avais lu en temps réel et moi aussi j'adore...cette éloge de la fuite, fuir là-bas fuir, faute de...De toute façon j'aimais déjà la romancière avant alors...
Entre les doigts d'honneur et les "auvergnats" stigmatisés...Comme une odeur de rance, de renfermé. Comme une envie d'ouvrir la fenêtre et de s'envoler...Encore faut-il avoir les ailes assez larges...
Plus qu'un grand prix littéraire, je retiens de l'auteur une belle leçon de courage, en effet. Elle en a, des ailes, cette femme!
Encore un sourire en découvrant la réclame au dessus de ta note...
"Redécouvrons l'énergie!"
Tu le fais exprès Léon?
Oui, Pierrot, ces pubs sont parfois confondantes, elles peuvent aussi avoir de l'humour à leur contrat défendant, et des fois aussi elles me font froid dans le dos (les pfg, par exemple). Comme me fait froid dans le dos la réaction d'un député qui n'est pas réputé d'extrême gauche, auprès du Pouvoir central, sur un prétendu devoir de réserve (on croit rêver!) que devraient tenir les écrivains primés par le Goncourt (et les autres?..). Cela sent l'Europe de l'Est des années noires... Ce qui est salutaire, c'est que NDiaye tienne bon et c'est là l'essentiel.
LIRE : http://www.liberation.fr/politiques/0101602506-marie-ndiaye-persiste-et-signe?y=1
oui, oui, j'adore aussi. (comme badinter ce matin sur france inter : exquis et d'une intelligence parfaite pour dire la même chose avec une grande classe)
(et bon anniversaire avec quelques jours de retard ;-)
Je n'ai pas entendu Badinter, tant pis. Mais merci pour le clin d'oeil : bon anniversaire à toi aussi, qui naquit le même 7 que moi... (Vieux motard que j'aimais!).
J'ai mis sur mon blog le lien vers la video de son intervention sur france inter (vraiment ça fait du bien) : donc tu peux aller voir sur internet une video d'une intervention diffusée à la radio ! (nous vivons dans un monde étrange, n'est-ce-pas ?)
belle intervention en effet, au sujet de la castration et des trois principes de l'identité nationale... Merci
Bon, je vais faire le rabat joie mais faut-il se barrer ou lutter, s'éloigner ou s'engager, allez voir ailleurs ou le sentir passer ici ? Si tout ceux qui n'aiment pas Sarkozy devaient partir à l'étranger, que resterait-il ? De quoi faire le lit d'un monstre. Alors, non, je n'aime pas, mais alors pas du tout ceux qui partent et parlent d'un pays qu'ils n'habitent plus. Par la pensée aussi.
La France, je ne l'a laisse pas à Sarkozy. Et même si ça me fait chier qu'il soit président, il y a bien des gens qui n'ont pas voté pour son adversaire en assez grand nombre. la France est un pays de droite. Jaurès, Blum et Mitterrand sont des exceptions dands l'histoire. Une respiration.
il y a peu, nous étions dirigé par un militaire, un général.
C'est l'éternel dilemme : fuir ou résister. Fuir nous inspire un sentiment de lâcheté. Résister est à l'opposé. Mais doit-on s'user la santé à lutter contre un système moisi et dirigé par un narcisse assoiffé de pouvoir, lorsqu'il est possible de s'établir en un lieu de paix avec soi-même et la société qui nous entoure.
Nous pourrions multiplier ici à l'envi cette dialectique de l'essuie-glace (appelons-la ainsi), et l'idée elle-même est vaine.
A la fin, je dirais que la vie est trop courte pour la laisser gâcher par des pesanteurs extérieures.
Et que c'est selon sa conscience d'être quelque part : nous nous sentons tous plus ou moins enracinés ou nomades.
Par ailleurs, dois-je appliquer, à la vie en société, mon instinct de préservation face à un danger personnel, en évitant celui-ci?
En attendant, j'ai milité contre le candidat aujourd'hui élu, j'ai été profondément atteint par sa victoire, mais je continue de vivre sous son régime.
Et je résiste, mais si mollement, que cela m'inspire un certain dégoût. Face à une France moisie, je manque d'activité. Cela m'écoeure.
Et vous, vous en êtes où par rapport à cela?
En résumé : "Que faire?", disait Lénine...
PS : juste un mot, Ritchie (comme fou) : nous ne pouvons nous abriter derrière un prétendu déterminisme (oui, la pesanteur sociologique est bien là : la France est historiquement de droite). Mais gardons-nous, justement, de laisser une pesanteur s'établir, car le meilleur argument pour l'inaction serait alors celui-ci : tout cela (résister comme fuir) ne sert à rien, puisque ça a toujours été ainsi...
Et la résignation n'est-elle pas, avec "la banalité du mal" (concept inventé en d'autres circonstances, par Hannah Arendt), le risque majeur?..
Lecture salutaire du matin : http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/11/13/ecrivains-en-colere-sans-reserve_1266662_823448.html
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Pourriez-vous nous aider à comprendre, Vika, puisque -a priori- vous comprenez le français. Merci.
un spam sur le site ? ou une invitation pour une soirée russe ?
Un spam, car il s'agit d'une annonce pour céder un vieux notebook... RIen à voir avec Marie NDiaye.