

Les ultimes délibérations furent mouvementées hier à l'heure du déjeuner, dans les somptueux salons du 60, rue des Archives à Paris 3e, au sein de la Maison de la Chasse et de la Nature (l'hôtel de Guénégaud qui abrite la Fondation François Sommer), afin de débattre des ouvrages en lice pour le 46e Prix François Sommer que nous devions désigner au moment du café et du dernier verre de Baron de Brane, second vin d'un splendide margaux, le château Brane-Cantenac de la famille Lucien Lurton. Chacun des douze membres du jury - au complet - y alla de ses couplets de défense et illustration, ou bien d'accablement sans appel apparent. Plusieurs tours furent nécessaires. La terrine de chevreuil comme la blanquette d'agneau passèrent au second plan. Nous mangeâmes littéraire, non sans avoir au préalable, à l'heure de la coupe de champagne bue debout, chaleureusement félicité l'un des membres de notre jury (*), Éric Neuhoff, pour son entrée à l'Académie française. Et, à la fin, ce fut Valentine Goby et son Palmier qui l'emporta. Je pus regretter l'échec de mon chouchou Jean-Noel Rieffel et son si poignant Aimer comme un albatros, publié chez l'ami Olivier Frébourg à l'enseigne des exemplaires éditions des Equateurs, mais la solidarité de notre confrérie impose de défendre comme un seul homme le lauréat millésimé - en l'occurence la lauréate. Ainsi : Tous pour une !.. Et vive le palmier, tous les palmiers ! La remise du Prix eut lieu le soir même, hier à 19h30, avant un coquetaile (aurait écrit Nimier), du meilleur effet gastronomique - mention spéciale pour le délicat pinot noir des hautes-côtes-de-beaune et les saint-jacques lardées montées sur - double - pique, n'est-ce pas, Franck Maubert ?.. Alban de Loisy, directeur général de la Fondation, eut des mots d'une délicatesse de dentellière à l'égard des huit auteurs en finale, Xavier Patier, président de notre jury, eut au cours de son discours des mots métaphoriques du meilleur effet au sujet de la chasse... à la vérité. Et Quentin Ebrard, cheville artistique davantage qu'ouvrière du Prix, ses arcanes et son arrière-boutique, brilla dans l'ombre - c'est sa marque - par la perfection de l'organisation de tout ce bastringue jamais foutraque, mais au contraire tiré au cordeau et à quatre épingles invisibles. Le talent, quoi. Alors, longue vie à ce généreux prix si subtilement tourné vers la Nature, et à l'année prochaine. L.M.
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(*) J'ai le double honneur d'être membre du jury de ce prestigieux prix littéraire, et d'en avoir été le lauréat en 1993 pour mon premier roman, Chasses furtives.


