Passage

Splendeur de l'automne indienne, tout ce jour. Je féminise, car l'automne figure une femme dans mon imaginaire. Passage ininterrompu de passereaux le long de la côte, ce matin (je suis resté longtemps attablé à Kostaldea, soit au-dessus de la Petite Chambre d’Amour, à Anglet, ce dès 9h30, droit devant l'océan; café-tartine-beurre-confiture) : pinsons, pipits, chardonnerets, alouettes... Et moineaux devant moi que je pourvoyais en mie de pain. Un festival d'oiseaux minuscules virevoltant vers le grand Sud. Le ciel, d'un bleu intense (strié cependant de trop nombreux sillons blancs d'avions ; mais bon) vibrait je le jure. La douceur puissante de l'air. La lumière lumineuse, dirait Roland Barthes, comme la veille à Urrugne, plein centre au bar trinquet Léon Dongaitz où j'ai savouré le silence et raté les 200 000 palombes passées la veille… Le bonheur simple, en somme. La nature à portée d'oeil et de peau. Mon plaisir. Que souhaiter de plus, sinon espérer le revivre demain avec une complicité, une complice, une qui sait. Tout ça. Tout. Et, ce soir, la nuit tombée, je suis allé faire un tour rituel à la Petite Chambre d'Amour encore, avec ma moto retrouvée après un mois et demi de jachère, pour cause de claquage du mollet gauche (un accident con). Je fus ému par le faisceau du phare de Biarritz qui balaya le rivage comme s'il voulait me caresser le visage au passage. L.M.