Ne pas savoir
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« Elle est étrange cette soif de se confesser, de demander pardon à quelqu’un par l’intermédiaire d’un livre…
Je ne dis pas seulement cela pour m’excuser. Les indiscrétions criardes de certains écrivains dans leurs livres sont peut-être un hommage à la femme qu’ils ont aimée et que souvent sans le vouloir ils ont fait souffrir. Comment mieux demander pardon, comment rendre un plus bel hommage à l’objet de leur amour, comment le faire de manière plus éclatante et plus sincère qu’en écrivant ?...
Peut-être qu’à l’origine de mon livre, il y a le besoin de demander pardon à Ileana. Noces au paradis : il me semble que ce titre en dit assez… J’espérais qu’au moins ce livre racontant notre histoire, s’il tombait un jour sous ses yeux, la persuaderait de revenir…
Je l’attends. Parfois je m’imagine, vieux, seul au milieu de mes livres, penché sur la même table, tel qu’Ileana m’a vu tant de fois, des nuits d’affilée. Et j’imagine alors que quelqu’un frappe à la porte, que je vais ouvrir distraitement et que je la trouve sur le seuil. J’y pense constamment… »
Mircea Eliade, Noces au paradis, (L'Imaginaire/Gallimard)
(de rien...)
Même lorsqu'il reprend un inoxydable de Cohen (Suzanne, ci-jointe), ou bien un Manset inaltérable (Il voyage en solitaire), le dernier cd de Bashung, Bleu pétrole, est splendide.
Marc-Aurèle, Pensées, Livres VII et IX (folio) : "Comprends-le bien, sois sensé; tu peux revivre. Vois à nouveau les choses comme tu les voyais; car c'est cela revivre".
"Ne pas penser aux choses absentes comme si elles étaient déjà là; mais parmi les choses présentes, tenir compte des plus favorables et songer à quel point tu les rechercherais, si elles n'étaient pas là. Prends garde aussi de ne pas t'habituer à les estimer au point d'y prendre un tel plaisir que tu sois troublé si elles disparaissaient".
"Fais toi une parure de la simplicité, de la conscience, de l'indifférence envers tout ce qui est entre la vertu et les vices. Aime le genre humain..."
"Le corps lui aussi doit être ferme et ne doit pas se laisser aller ni dans son mouvement ni dans son attitude. Comme la pensée donne à la physionomie et lui conserve un aspect intelligent et distingué, il faut l'exiger aussi du corps tout entier. Il faut en cela se garder de toute négligence".
"...Ne te suffit-il pas d'avoir agi selon ta nature propre? Demandes-tu encore un salaire? C'est comme si l'oeil demandait un don en retour parce qu'il voit, ou les pieds, parce qu'ils marchent. De même que ces organes, faits pour un but déterminé, reçoivent ce qui leur est dû dès qu'ils agissent selon leur nature propre, de même l'homme, qui par nature est bienfaisant, dès qu'il accomplit un acte de bienfaisance ou qu'il apporte autrement son aide en des choses indifférentes, agit pour la fin pour laquelle il est fait, et il a son dû".
Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits (Gallimard) : "D'avoir marché sous ses arbres, on aurait ses manches trempées; mais nullement de ces larmes des poètes d'Extrême-Orient qui pleurent une absence ou une trahison".
"Un peu avant huit heures, la couleur orange, enflammée juste au-dessus de l'horizon, du ciel qui s'éclaircit et où, plus haut, luit le mince éperon de la lune. Il ne fait pas très froid.
Cela aide le corps à se démêler du sommeil, et l'esprit à se déplier".
"La pluie froide comme du fer".
"A cinq heures et demie du matin, sorti dans la brume d'avant le jour, j'entends le rossignol, le ruy-señor espagnol, l'oiseau dont le chant est un ruisseau".
Ramuz, Aline (Le livre de poche): "Ses yeux étaient redevenus clairs comme les lacs de la montagne quand le soleil se lève".
Il ne s'agissait pas d'un acouphène. A l'intérieur de mon coeur, ce matin à l'aube, à Paris, j'ai entendu le coucou annoncer le printemps. Il m'a chuchoté : "va, sors, le froid est une vue de leur esprit. Il est arrivé, te dis-je, te coucoutes. J'ai dormi sur une branche de ton arbre intérieur. Il craquait de mille bourgeons, serti dans les cerceaux de ton accueillante cage thoracique, tandis que tu rêvais de marais brumeux et de volées de sarcelles rasant le fleuve proche".
Aussi me suis-je levé d'un bond. A la petite glace ronde de la salle de bain, mon sourire imposait sa maîtrise. Douche. Cafés serrés. Je suis sorti doucement afin de ne pas réveiller mon fils et sa petite amie. Le soleil envahissait la rue. Le marché était gai. Paris me plût. J'ai fait des courses pour un déjeuner canard et pour un dîner agneau. Cèpes, pâtes fraîches, fruits de toutes sortes pour une grande salade. Tout semblait participer de ce renouveau, en dépit des giboulées et de ce grand vent qui chasse les nuages comme Orion les fauves et le Hollandais Volant les idées noires. L'éternité pesait moins qu'un jour...
De Capote, c'est le titre de ce morceau extrait de Tauromagia, de Manolo Sanlucar. Demain j'aimerais bien être à Arles. A propos, dans Le Monde daté d'aujourd'hui, évitez le portrait insipide de Juan Bautista par ... Francis Marmande. Première fois, pour moi, qu'il trempe sa plume dans du jus de navet. ¡Que pasa, Francis! T'as la grippe ou quoi?
... "tandis que derrière la fenêtre de la voiture-salon le paysage défilait et leur procurait cette inoubliable excitation des premiers voyages, cet amenuisement du moi, ce sentiment d'isolement et de séparation que nous éprouvons lorsque pour la première fois, nous admettons l'évidence irréfutable de la nature sphérique de la Terre alors même que mentalement nous retombons à quatre pattes pour mieux nous cramponner, décontenancés que nous sommes par la rupture de l'armistice conclu avec l'horreur de l'espace."
William Faulkner, "Le Caïd" (in "Idylle au désert et autres nouvelles", folio)
www.lechoixdeslibraires.com/livre-37349-journal-des-lointains-n-5.htm
www.artetchasse.com/spiaczka/index.html
Sandro (Gabriele Ferzeti) : Rejoins-moi sur la place.
Claudia (Monica Vitti, sublime de beauté, d'amour, de remords et de mélancolie) : D'accord.
Quand tu sors sans moi, il te manque une jambe.
Visite la ville seul!
Tu boiteras!
Dis que tu veux enlacer mon ombre sur les murs!
QUELLE COULEUR
A LE PARFUM
DU SANGLOT BLEU
DES VIOLETTES?
Pablo Neruda
les bachianas brasileras, de villa-lobos, reloaded par wayne shorter : ça change de la voix sublimement tremblée de victoria de los angeles
Papier qui paraît cette semaine dans le magazine "Maisons Sud-Ouest" :
« Ma maison, c’est la Beauté »
Le méridien de Greenwich de Macha Méril, comédienne, écrivain*, n’est ni en Italie, où elle chercha un temps la maison de ses rêves, ni à Paris où elle vit. C’est dans la campagne de Montréal du Gers qu’il fixe. Le hasard l’y a conduit une journée d’août 1999. Macha accompagnait un ami qui cherchait une maison à acheter pour lui. Le coup de foudre la saisit à la vue de cette imposante ferme du XVII ème siècle, modeste, généreuse, en pierre noble. Avec dépendances diverses : chai, bergerie. Arbres centenaires. Voisinage discret. Vue à 360° sur une campagne de douceur. Achat immédiat ! Neuf ans après, la propriété vit et remplit pleinement son office de maison de famille et d’amis. Le chai a été transformé en immense salle de fêtes et de réceptions. Macha adore faire la cuisine et recevoir. Il y a de nombreuses chaises, un piano à queue, une immense table, une baie vitrée qui ouvre sur un vrai pré. Les arbres veillent. Ce sont de vieux chênes noirs bien enracinés, épargnés par la tempête de décembre 1999. Les arbres du bonheur et de la sagesse. Macha les caresse, les embrasse. Une tradition russe. « Ils gardent ainsi leur pouvoir de vous aider à vivre ». Rappellent à Macha Méril les récits ukrainiens de sa mère. Le paysage environnant lui évoque ceux que Vinci, Giotto et Della Francesca ont peints. Rien de moins. Le Gers est sa terre élue. Macha Méril devait trouver sa maison en France, car c’est le pays qui a sauvé sa famille. Le Sud-Ouest la fascine : « c’est la dernière poche du pays qui a gardé son caractère rural et austère. La pauvreté l’a sauvé en lui épargnant les ors dont le Sud-Est a été chargé. Le développement industriel l’ayant effleuré, le Gers est resté modeste. Le boom des années cinquante lui a fait éviter la lèpre du béton. Ses routes sont sinueuses. Un fait exprès pour perdre le visiteur, lui signifier qu’arriver ici se mérite ». La paix, c’est ici qu’elle la trouve lorsque le théâtre lui laisse du répit. Le calme nécessaire à l’inspiration, à l’écriture, c’est ici qu’ils s’épanouissent ; à l’intérieur d’elle. Sa patte marque sobrement chaque pièce, chaque objet. Si elle l’a ouverte davantage à la lumière, elle a su respecter l’esprit d’une maison qui semblait l’attendre. « J’ai senti qu’elle me priait de la prendre en charge. Je l’ai transformée pour moi et pour ceux qui y vivront bien après. J’ai un discours d’immigré : j’éprouve le besoin de filiation générale, pas seulement familiale. Je transmettrai, mais à l’inconnu, au monde, une maison choisie librement, pas subie par un héritage ». Macha n’a pas cherché à tordre la maison vers elle. Elle s’est adaptée à l’esprit du Sud-Ouest qui se dégage de la région de Montréal et de cette propriété. « Ma chance est d’avoir pu rester longtemps pour les travaux de rénovation, avec les artisans du secteur. Il s’est établi un vrai dialogue avec ma maison. J’ai attendu qu’elle me dise ce qu’elle voulait, ne voulait pas . C’est la maison laïque du coin. Je ressens ses ondes positives. Elle a sans doute appartenu à un alchimiste, lorsque les caravanes de religieux italiens comprenaient savants, artistes et un être du Bizarre. Ce lieu a d’ailleurs correspondu avec ma soudaine fécondité littéraire et ma sérénité accrue ». Vous avez dit bizarre…
L.M.
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*Elle triomphe actuellement au Théâtre Antoine, à Paris, dans « L’importance d’être constant », d’après Oscar Wilde. En tournée dans le Sud-Ouest, elle se produira à Toulouse Blagnac (Odyssud) les 3 et 3 avril, à Mont-de-Marsan (salle François Mitterrand) le 7, à Biarritz (Atalaya) le 8 et à Bordeaux Mérignac (au Pin-Galant) les 26 et 27 mai.
Elle vient de publier un récit émouvant et fort, « Un jour, je suis morte » aux éditions Albin Michel, et récemment un album délicat, « Sur les pas de Colette », aux Presses de la Renaissance.
Vous coupez des courgettes en dés et les faites poêler (croquantes!), tranchez du jambon de Parme en fines lamelles, grillez des pignons, plongez des pâtes (al dente!), le tout a cuit, les courgettes et les pignons sont dans les pâtes, ajoutez de la ricotta, des herbes (ciboulette, coriandre), huile d'olive vierge, fleur de sel, poivre du moulin, parmesan râpé à la minute... et les enfants sont contents. Vous aussi.
Sinon, de l'agneau (collier, selle, gigot) à revenir avec du curry en poudre dans "de l'huile sans goût" comme disait ma mère pour désigner toute huile qui n'est pas issue d'olives. Réservez. Tomate, oignon, ail, à fondre dans la même poêle (sans la viande). Ajoutez un yaourt, un verre d'eau, du curry encore. Le tout (la viande est revenue dans la poêle) mijote 1h15 à feu doux (bloup-bloup). Faites sauter (beurre) banane, pomme, oignon et incorporez. A part : du riz au rice-cooker. Et zou! Tout le monde est content. The Plus : un piment oiseau à piquer à la fouchertte pour caresser un peu tout, la viande, le riz, pas trop ça brûle! Et voilà.
Je revois le rose sur les pommettes de l’écolière au cartable lourd dans le dos qui attendait le bus, retrouvé aux joues de l’écolière devenue femme.
(croisée dans les rues de Bayonne)
"Je suis heureux. Et j'essaye de prolonger cet instant" (attrapé au vol dans le film "Tess", de Polanski, avec une sublime Natassja Kinski).
nota : l'étrange ressemblance de N.Kinski qui a je crois 19 ans lors de ce tournage (pas avec son tellurique père, Klaus) avec Ingrid Bergmann et Isabella Rossellini