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  • Sauce chien

    Recette vite fait de mon ami Mano, Guadeloupéen.

    "Tu coupes 3-4 gousses d'ail, fin. Tu prends du piment Antillais, du "Bonda Mam'Jacques" (aux effets bangala sur Mam'...), de l'huile sans goût, du sel , du poivre, le jus d'un citron vert, tu remues et tu laisses macérer un peu".

    LES MOTS DISENT-ILS LES CHOSES?

     

  • Big Jim

    Jim HARRISON


    b5c970aa2f21ea4fdafdcea78afb8ac0.jpegRetour en terre

    Jamais peut-être Big Jim n'a été si profond, si grave. Est-ce l'âge? A l'instar des grands vins qu'il adore, et si je n'évoque que ses plus récents livres, il se bonifie sacrément depuis... La route du retour. En route vers l'Ouest fléchissait à peine ce nouveau cours dense et profond. En marge (ses mémoires) reprit la bride : un Harrison sûr de sa définitive et belle maturité revenait à nous. Puis il y eut le somptueux De Marquette à Veracruz. Voici Retour en terre. Beau à pleurer. A nous donner -presque- envie de laisser de côté l'inoubliable Dalva, Chien Brun et autres personnages des premiers grands opus (Légendes d'automne, La femme aux lucioles, Julip, etc) qu'il est bon de retrouver de temps à autre et d'un livre l'autre. Oui, Jim Harrison est un sacré auteur qui risque de nous devenir indispensable.

    Voici, très banalement (mais elle dit bien les choses) la 4 de couv du bouquin :

    Donald, métis Chippewa-Finnois de 45 ans, souffre d’une sclérose en plaques. Prenant conscience que personne ne sera capable de transmettre à ses enfants l’histoire de leur famille après sa mort, il commence à la dicter à sa femme Cynthia. Il dévoile ainsi, entre autres, sa relation à un héritage spirituel unique et l’installation de ses aïeuls dans le Michigan voilà trois générations. Pendant ce temps, autour de lui, ses proches luttent pour l’accompagner vers la mort avec la dignité qui l’a caractérisé toute sa vie.
    Jim Harrison écrit sur le cœur de ce pays comme personne, sur le pouvoir cicatrisant de la Nature, le lien profond entre la sensualité et le spirituel et les plaisirs qui élèvent la vie jusqu’au sublime.

    Lisez le dernier Harrison si vous ne voulez pas mal finir votre dimanche 24 juin

    Variante : Chauves! Lisez Harrison, vos cheveux repousseront... 

  • Parasite

    Il y a des coïncidences troublantes, trop confondantes pour être crédibles. Maxence Fermine par exemple. Lorsque j'ai lu Neige, son premier roman, j'ai immédiatement pensé que le garçon avait très bien lu et admirablement digéré Soie, d'Alessandro Barrico; mais peut-être de façon malicieuse. Lorsque j'ai pris Le Violon noir, son second roman, je me suis dit : là, le garçon a bien digéré Tous les matins du monde, de Pascal Quignard. Et aussi Noveccento, pianiste, de Barrico, encore... En réalité, avec le recul, je pense que Fermine est un plagiaire de génie. Après tout,  Rocambole et Rouletabille n'inspiraient ni vengeance ni geôle. Et il faudrait être bien mal luné pour en vouloir à Robin des Bois. Maxence vole les riches et redistribue aux pauvres lecteurs... Le talent est partout, y compris dans le parasitage, la pollution, l'imitation. Dans la pauvreté en somme. A l'indigence je ferai crédit, cette fois. Cette fois seulement.

  • La Danse, de Matisse

    6a4f1827d91159b17f13e34084627768.jpg94d889c9b78bedcbaba7eddbc22656ad.jpgPhotos volées (clic-clac!) en visitant l'Ermitage, à St-Pétersbourg. La Danse, d'Henri Matisse (à gauche). A droite, je ne me souviens plus très bien... J'aurais voulu photographier le Bateau à voile de Caspar David Friedrich pour ma fille, mais il y avait constamment quelqu'un à proximité. Pourquoi avons-nous irrésistiblement envie de "voler" des peintures avec nos appareils photo, en visitant musées et galeries?.. Question.

  • BlogBrillant

    J'invite à faire un tour sur ce blog recommandable : c'est brillant, claquant, iconoclaste, érudit et vertueux. Un brin grincheux et anti pas mal de choses, dont les idéologies idéalistes et verbales (qui croient à la magie de la formule et à son immédiateté, donc qui ne se gênent pas pour jeter de la poudre aux yeux du peuple, façon Sophistes), mais c'est avant tout un excellent blog littéraire. La note sur le magnifique livre de Philippe Muray, Le XIXème siècle à travers les âges, entre autres exemples, est salutaire à bien des égards.

    http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/

    Son auteur se dissimule derrière un pseudo voltairien (Arouet le Jeune). Après la NRF, voici la NLF...

    D'ailleurs, je l'ajoute à la colonne "blog amis".

  • Maisons Sud-Ouest

    A lire dans MAISONS SUD-OUEST, un superbe magazine de toutes les saveurs du sud, que pilote mon pote Fred Doncieux, depuis (Ô) Toulouse! Voici le début de deux reportages. La suite en kiosque (pour que vive la presse de bon goût). ¡Y suerte para todos!

     

    LE PAYS BASQUE DE JEAN BRANA

    " Si vous vouliez trouver son père Etienne, il fallait chercher son béret. Comme il ne le quittait jamais, même pour distiller sa poire d’anthologie et sa prune monumentale (que sa fille Martine distille avec une égale maestria), il était forcément dessous. Le problème avec Jean, c’est qu’il ne porte pas de béret. Comme c’est un Basque bondissant, il n’est jamais là où on l’attend, pressé de faire, bien, mille trucs à la fois. Et s’il y avait des isards sur les hauteurs de Saint-Jean-Pied-de-Port, Jean Brana serait leur chef d’espadrille. Jean a le feu aux sabots et s’il souffle, c’est pour laisser libre cours à ses plaisirs : sa famille (il a deux filles de 13 et 11 ans, Marie et Amélie), la chasse sa passion et bien sûr son travail de vigneron de haut vol qui a su, au fil des années, faire des irouléguy de la maison Brana l’une des premières locomotives de l’appellation. Adrienne, Madame mère, veille aux destinées de l’entreprise, Martine sa fille s’occupe des eaux de vie en conduisant les alambics avec autant de dextérité qu’un cocher de compétition un attelage de pur-sang et son fils Jean, donc, s’occupe des vins. Avec un professionnalisme qui force le respect et un savoir-faire qui force l’admiration de la profession et de la presse spécialisée depuis un bail. C’est en 1974 qu’Etienne crée la distillerie et en 1984 que, poussé par son fils, il crée le Domaine Brana. Aujourd’hui, ce sont 24 hectares parfois très pentus (65% !) autour de l’Arradoy, le mont qui domine la vallée, des hauteurs d’Ispoure à Bussunarits. C’est aussi un chai magnifique, bâti dans la plus pure tradition locale mâtinée du talent d’architectes en vue, domine la route. Sur le fronton d’une de ses portes, on peut y lire en basque : « Le chemin de nos ancêtres est un monument aux proportions grandioses d’espérance et de labeur...». LM (La suite en kiosque, avé les photos!)

    HEGIA, LE DAGUIN TOUCH

    " Il fut un temps où, à l’instar des crocodiles et du marigot, il y avait un Daguin de trop à Auch. Le célébrissime André officiait encore aux fourneaux de la maison familiale et le jeune Arnaud, fils de –au choix : D’Artagnan, « Alexandre » Daguin, le Commissaire « magret », comme on voudra, commençait à prendre une carrure de 3ème ligne des cuisines : ce gaillard-là ne déménagerait pas les pianos, il en jouerait. Surtout, il affirmait vite sa personnalité, mais restait pour beaucoup le petit Daguin. Le fils de. Donc Daguin hijo partit et posa son sac pas très loin, à Biarritz, sur les hauteurs de La Négresse ; aux « Platanes », en mai 1988. Après avoir accompli le tour de France réglementaire des grandes tables. Au fil des ans, Arnaud fit oublier son père tant son talent l’affranchit de toute tutelle. Une étoile au Guide Rouge consacra le travail d’un couple insécable : Véronique à l’accueil, son sourire désarmant et sa connaissance fine des vins du grand sud-ouest. Arnaud au piano, soliste virtuose ès terroir. Spécialité : Basque dans tous ses états avec réminiscences Gasconnes au sens large, mâtiné d’inventivité et d’un bon goût, au-delà des modes, qui s’apparente au tact. À la finesse. Gentleman-farmer, la cuisine d’Arnaud Daguin est à la fois généreuse et subtile. Son credo ? Obéir à la loi du marché –celui qu’il fait chaque matin- et aux saisons. Le macaron de la récompense tombe en 1993 et brillera toujours au-dessus des Platanes...". LM (La suite en kiosque!)

  • Histoire d'un titre (Houellebecq)

    Il est, aussi, bon poète.

     

    (…) « IL N’Y A PAS D’AMOUR
    (Pas vraiment, pas assez)
    Nous vivons sans secours,
    Nous mourons délaissés.

    L’appel à la pitié
    Résonne dans le vide,
    Nos corps sont estropiés
    Mais nos chairs sont avides.

    Disparues les promesses
    D’un corps adolescent,
    Nous entrons en vieillesse
    Où rien ne nous attend

    Que la mémoire vaine
    De nos jours disparus,
    Des soubresauts de haine
    Et le désespoir nu.

    Ma vie, ma vie, ma très ancienne
    Mon premier vœu mal refermé
    Mon premier amour infirmé
    Il a fallu que tu reviennes.

    Il a fallu que je connaisse.
    Ce que la vie a de meilleur,
    Quand deux corps jouent de leur bonheur
    Et sans cesse s’unissent et renaissent.

    Entré en dépendance entière,
    Je sais le tremblement de l’être
    L’hésitation à disparaître,
    Le soleil qui frappe en lisière :

    Et l’amour, où tout est facile,
    Où tout est donné dans l’instant
    Il existe au milieu du temps
    La possibilité d’une île. »

     

    ©Michel Houellebecq, Le Temps. Le Cherche-Midi.

  • Men In Black

    a3c1eba114e401c98d7865b8aa9b9b7d.jpgLa peur du noir... La peur des All Blacks. Cette saisissante photo de ©Michel Birot, que je publie dans un hors-série rugby pour VSD (à paraître vers le 10 juillet), en dit long sur la prochaine Coupe du monde. Bonjour les bleus (avé un petit "b", té!)...

  • Weyergraf

    5df38d6c875b77a1c9adba67d466e0cf.jpgJe viens de remonter le courrier. S'y trouvait un folio : Trois jours chez ma mère, de François Weyergans, avec un bref communiqué de presse de l'éditeur, plié à une page. La 21 :

    " Pendant la veillée funèbre, mon père reposait sur un lit que ma mère et moi avions fait le matin même avec des draps de lin blancs brodés. Je ne sais plus comment nous avions placé le drap du dessous, c'est encore moins facile avec un mort qu'avec un malade. Au moment de la mise en bière, je crus que ma mère allait s'effondrer quand les deux employés des pompes funèbres introduisirent sans ménagement le corps de son mari dans un grand sac-poubelle gris avant de déposer ce paquet dans le cercueil. "

    Si le hasard existait, cela se saurait, me dis-je pour la énième fois...

  • Gardel l'Etranger

    7e19f3abefd25a64e50db097d6729645.gifMon ami Louis Gardel (Fort Saganne etc) m'envoie son dernier roman, La baie d'Alger (Seuil). Ses accents camusiens y sont torrides, fréquents, justes. C'est du très bon Gardel. P.167, il emmène une fille à la plage, un Arabe passe devant eux exactement comme dans la scène du célèbre roman de Camus. Le garçon le désigne et dit à la fille : "C'est comme dans L'Etranger!". Mais l'effet tombe à plat car elle n'a pas lu le livre. C'est avec ce genre de déconvenues que l'on se retrouve seul, les pieds douloureux sur le sable brûlant. Je veux dire seul avec soi-même en dépit de la présence de l'autre et que (personnellement) je rêverais de sauter sur un étalon noir à la crinière vaporeuse et de fuir, oui tant pis : fuir!, au triple galop le long de la plage jusqu'à disparaître, baigné dans l'océan de mes cris. Plutôt que de rester faire la causette et dragouiller une fille à la peau de toute façon trop pâle...

  • La musica callada


    eb87602d6087757160130c0861e70483.jpegCeci est une note spécial-auto-promo. J'assume.

    Les robes à volants préférées d’Orabuena étaient la noire à pois rouges, la noire doublée de soie rose et la blanche à broderies ocres. Trois robes d’un mimétisme taurin qui évoquaient une tornade lorsque Orabuena lançait un zapateo avec ses semelles qui s’achevait lentement avec les talons seuls, jusqu’à ce silence sonore, cette musique tue qu’évoque Rafael Alberti à propos du toreo :

    Lointaine solitude sonore
    source sans fin d’insomnie d’où jaillit
    du toreo la musique tue.

    ©Léon Mazzella, Flamenca, roman, La Table ronde 2005. Pages 29-30.

  • Peau de laine

    « Au fond des retombées

    de pollen, de poussière

    odorante, marcher,

    tout l'homme persévère

    dans ce très vieil effort.

     

    Ni relâche ni terme,

    à l'endroit où la mort

    sur l'homme se referme. »

     

    Jean-Noël Chrisment, Pollen, Gallimard.

     

     

     

     

  • Guêpe

    Dimanche. Non : dimanche après-midi. Il n'y a pas de dimanche sans après-midi. Je veux dire : il n'y a aucun dimanche dépourvu –à un moment donné-, d'un ennui aussi épais que la crème de marrons Clément Faugier en boîte de 500g. Genre… Sauf exception bien sûr. D’où cette note en bas de jour comme il y en a en bas de page. Un renvoi, en quelque sorte... Ce dimanche-là était pourtant gris. Mais l'après-midi devint claire, tiède, tamisée et rayonnée d'une pluie qui battait la bâche du bar où j'avais un improbable rendez-vous professionnel avec une artiste dont j'avais remarqué le talent dans un magazine Italien. Du coup, j’avais apporté des munitions contre les lapins : Proust en Pléiade plutôt qu’un Folio à 2€, aussi mince qu'un After Eight. Cet après-midi dans son entier semblait sorti d'une scène remixée à Cinecitta par Godard, avec Antonioni comme assistant-réalisateur. Il y eut jusqu'à une sorte de Poulbot/Gavroche qui passa et repassa devant la terrasse, sans même essayer d'écarter le rideau de pluie qui semblait capable de le hacher, de le mixer, avec sa grande valise en cuir naturel et son imper ample (à la Bogart évidemment), pour me convaincre qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais d'une bande-annonce.
    Son arrivée en Vespa fut soudaine. Je me dis, alors qu'elle était casquée jusqu'aux yeux : c'est elle. C'est forcément elle. Puis tout s'enchaîna naturellement, sans le moindre effort et sans la moindre touche d'appréhension. Je crois que j'ai tout de suite aimé son tact, sa délicatesse, une certaine finesse, une retenue dans le regard (je n'oublie pas le sens inné de l'observation de la dessinatrice qui croque tout ce qui est bon à crayonner en faisant virevolter ses yeux capteurs, de table en table et d’arrière-plan en plan rapproché). Ses mots, aussi : la substance du bref échange que nous avons eu m'en dit long. Question de feeling. C'est toujours une question de pressenti(ment). Avec un regard droit et la franchise intérieure pour fidèles carburants (comme on est fidèle à un parfum pour sa trace sur notre peau et l'effet qu'il produit chaque jour sur l'autre), je sais avancer, armé d'une certitude intérieure. Nous conclûmes le contrat rapidement. Deux signatures à gauche et à droite. Elle illustrerait mon prochain livre. Je lui adresserais vite la dernière version du texte. Elle m'enverrait au fur et à mesure ses esquisses, culs de lampe et autres encres et sanguines. Elle est très sanguine. Une éclaircie supplémentaire vint s'ajouter à la luminosité ténue de cette fin de journée. Une lumière rasante, par en dessous, prît la ville en sandwich avec l'aide du ciel. La pluie pouvait aller se faire sécher ailleurs. Et la bande de pigeons posés là, applaudir en s'envolant lorsque la Vespa redémarra. Je pris mon carnet Moleskine, mon stylo, Proust et achevai mon havane en bravant un vent à décorner les ânes cocus, jusqu'au fond du Jardin des Plantes, par bonheur ouvert encore. Et désert.


    Pourquoi avoir titré Guêpe? Parce qu'en Anglais, ça se dit Wasp. Les Wasps sont le club (anglais) de rugby à nouveau Champion d'Europe dans lequel joue Raphael Ibañez, le capitaine du XV de France. Ibañez avec un tilde sur le n, j'y tiens. On dit pas Ibanez comme naze ou niaise, mais "ibagnaise", comme Bolognaise. Et c'est de l'Espagnol. Justement! Guêpe se dit Vespa en Italien. Voilà pourquoi ce titre.

  • C'est n'importe quoi, Daumal, parfois

    "Je suis mort parce que je n'ai pas le désir;

    je n'ai pas le désir parce que je crois posséder;

    je crois posséder parce que je n'essaie pas de donner;

    essayant de donner, je vois que je n'ai rien;

    voyant que je n'ai rien, j'essaie de me donner;

    essayant de me donner, je vois que je ne suis rien;

    voyant que je ne suis rien, j'essaie de devenir;

    essayant de devenir, je vis."

    René Daumal. 

  • Surprenant Guillevic

    Voilà un poète que je redécouvre, ou plutôt dont je découvre l'âme sensible, amoureuse. Je ne l'imaginais pas, en lisant jadis Terraqué, Exécutoire, Spère, Paroi... -Autant de livres qui ne m'ont jamais renversé, capable d'avoir écrit (il est mort il y a dix ans) des poèmes d'amour prodigieux. Je viens de les trouver dans Possibles futurs, un recueil qui paraît ces jours-ci en Poésie/Gallimard et qui rassemble notamment Elle et Le matin... Le premier est un bouquet de poèmes d'amour très courts et bouleversants comme les derniers d'Eluard. L'envie d'en citer une poignée me chatouille. On n'imagine pas ce Breton fonctionnaire toute sa vie (il fut un spécialiste du contentieux fiscal), avec sa bouille de moine ou de nain de jardin, écrivant :

    Elle peut aussi

    Etre colère 

    Comme le ruisseau

    Devient cascade.

    ---

    Elle est un besoin

    Qu'a le mystère

    De se manifester. 

    ---

    Quand elle est là

    L'ombre se fait pénombre.

    ---

    N'importe où elle marche

    C'est son sentier.

    ---

    C'est en elle

    Que les courbes

    Trouvent leur perfection.

    ---

    Quand elle coule sur elle

    L'eau retrouve son origine.

    ---

    Ses cils

    Sont le souvenir 

    Des forêts originelles

    ---

    Ses seins gardent le secret,

    En appellent

    Au silence.

    Ils ont ce qu'elle a

    De plus planétaire.

    ---

    Fréquemment

    Son regard

    plaide ton innocence.

    ---

    Etc...

    Ce ne sont pas des haïkus amoureux, mais des impressions. Des eaux-fortes. Quelque chose apparente ces poèmes fulgurants à l'esquisse, à la calligraphie, à l'estampe. A l'aube. Au silence. Au regard. Au matin des amants et à leur premier regard...

    Bouleversant, oui. 

  • Apesant'heure

    Char dit que vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir. Et encore qu'il aime qui l'éblouit puis accentue l'obscur à l'intérieur de lui. Et aussi qu'il faut aller vers son risque. Air connu : Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront. N'est-ce pas?.. Cela va de soie. Avec un petit "e" au bout, pour mieux leurrer la truite de l'existence. L'essentiel demeure dans la lucidité, cette éprouvante blessure la plus rapprochée du soleil, qu'un Napolitain éclairé (Erri de Luca) sait appréhender (L'Isle sur la Sorgue est plus au Nord, ou moins au Sud du méridien de Greenwich de l'âme poétique) : "Montedidio". L'été, la lumière avance toute fraîche à ras de terre et s'élève ensuite pour allumer un four au-dessus de la ville... On dirait L'Eté de Camus, quelque chose comme ça, du grillé. A la manière des insectes qui grésillent dans Giono ou dans Carrière son disciple. Les heures chaudes. Impossibles. Une visite à l'improviste dans leurs pages incandescentes. Rafraîchissantes, aussi. Bref, le Sud me gagne et cette fucking pioggia sur Paris me gave, cette nuit, car elle n'a rien à voir avec une gargoulette...