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écris chaque jour - Page 2

  • Sanlucar de Barrameda

    En ce moment, je cite, j'ouvre cette colonne aux autres, aux émotions textuelles de mes jours et de mes nuits. Ce matin, c'est à celui qui fut mon premier rédacteur en chef (à Sud-Ouest Dimanche, années 80), et qui est par ailleurs écrivain, Pierre Veilletet, que je donne la parole. C'est la fin d'un de ses papiers consacré à Sanlucar de Barrameda (l'une de mes querencias andalouses), dont il a fait son port d'attaches (après Bordeaux). Sa comparaison avec Naples et l'esprit napolitain est contestable; mais assez bien vue...

    "Si vous ne connaissez pas la Place du Cabildo ou le Bajo de Guia à l'heure où l'on partage les tortillas de camarones, quelque chose manque à votre culture du bonheur. Je n'ai rencontré pareil savoir-vivre, au plein sens du terme, que dans un autre port, celui de Naples. Toutefois l'enjouement m'y a paru un peu surligné; ici on n'est pas moins théâtral, mais la spontanéité l'emporte presque toujours sur le cabotinage. Mon port d'attache, mon havre de paix n'a qu'un inconvénient : plus j'y séjourne et plus je trouve au retour la France maussade et rogue." 

     

    Cette remarque est à rapprocher d'une autre, d'une justesse difficilement contestable. Nous la devons à Nicolas Fargues. Il écrit ceci, dans J'étais derrière toi (POL), à propos du regard, soit d'une opposition de caractère entre le Français fielleux et l'Italien bien dans ses baskets :

    "Ce que j'ai pu noter aussi, dans cette trattoria, c'est qu'en Italie, les gens se regardent vachement plus ouvertement que chez nous. Si tu ne présentes pas trop mal, si tu fais un peu gaffe à ta mise, on te mate, et c'est assez gratifiant. C'est agréable, ce côté fair-play de gens qui ne mettent aucun orgueil à faire semblant de ne pas t'avoir remarqué, à faire forcément la gueule. Eux, ils matent et ils assument."

    Relire ça me donne envie de me barrer à Procida, à Sanlucar, ailleurs, té!.. 

  • Envie d'en croquer un, ou deux...

    Eloge de l’ortolan
    medium_ort.jpeg Plus transgressif, tu meurs. Il est interdit de le capturer aux matoles, ces cagettes qui le prennent vivant, entre la mi-août et la fin septembre, sauf si l’on est agriculteur et que l’on respecte un cahier des charges kafkaïen. C’est la résultante d’une tolérance, autrement dit d’un presque vide juridique, et d’un savoir-faire ancestral auxquels les héritiers d’aujourd’hui tiennent davantage qu’à la prunelle de leurs yeux, qui leur permettent pourtant de scruter le ciel avec science, lorsque le temps de la migration bat son plein. Il est engraissé jour et nuit et, ce bruant particulier (emberiza hortulana), le seul de la famille qui soit capable de tripler son poids en deux à trois semaines, devenu gras comme un moine, achève sa vie dans un verre d’armagnac, qu’il aspire et dont il inonde ses chairs. Ce qui ne gâche rien, honore l’oiseau et son bourreau. Plumé, non vidé, placé dans une cassolette à sa taille –comme un cercueil de luxe-, il est servi aux convives tandis qu’il « chante » encore tant il grésille. La serviette sur la tête, afin de ne pas laisser échapper son fumet et de masquer la grimace du dégustateur qui se brûle et se huile les babines (comme çà les tenants des deux théories du port insolite de la grande serviette sur la tête seront contents), il est dévoré avec les doigts jusqu’au bec. Tout le reste se mange, possède le goût de la noisette, du foie gras… et de l’ortolan. Et surtout, surtout, de l’interdit. Un goût indéfinissable. Autrement, ça se saurait.

    (j'avais publié ce petit texte dans "Le Monde", il y a trois ans environ, dans le cadre d'un dossier de 8 ou 12 pages que j'avais piloté, sur le thème des Menus de fêtes. Et là, subitement, cet après-midi, je suis pris d'une envie d'en manger!.. De l'ortolan).

  • marilyn

    medium_mary.jpgElle est en face de moi, étendue sur un poster, la photo est en noir & blanc, signée Bert Stern, elle masque son visage avec sa main droite comme une gamine espiègle qui sait qu'elle vient de faire une bêtise, elle est plus touchante que nue. Ses jambes ont le poids des ans, déjà, elle est jeune pourtant, si 42 ans sont jeunes (je le crois), elle ne sait pas qu'elle va mourir dans deux mois, elle semble shootée, ou ivre de vin de bordeaux (imaginez seulement que vous dégustez un 1959 ou un 1961 aujourd'hui!), elle pose, elle dépose, elle rend les armes, elle les a peut-être déjà rendues, elle est belle, elle est même très belle, au faîte, elle est accomplie, mûre et peut-être trop mûre comme on le dit d'un fruit, d'une figue prête à tomber. Nous savons sa chute imminente et cela obère complètement notre regard sur elle. Elle est affichée dans ma chambre, face à moi, face à mon lit, je suis couché, là, je la regarde -que dis-je : je la contemple, seul, trop seul, et cette affiche m'accompagne (pour diverses raisons inavouables ici). Marilyn est devenue -moi qui ne m'en souciait guère-, une compagnie, une sorte de confidente. Un papier glacé peu anodin. Mais glacé.

  • l'île de Rien

    week-end à l'île de ré, dans la merveilleuse maison de fidèles amis depuis tant d'années...

    ce qui me désole davantage que l'absence d'âme de cette île colonisée par les parisiens du ouiquènde (allez à ars, et vous y trouverez un échantillonnage soizi du show-biz, de la politique, de la littérature et de la pub ou la mode du moment, versus rive gauche : beuarrk!), c'est que je parvienne à m'accomoder de mon enfermement délicieux derrière les murs de cette propriété, d'où je ne sors, furtivement, à pattes ou à vélo, que pour acheter la presse et de quoi becquetter (des huîtres à 2 balles la tonne, de préférence).

    Ma réclusion solitaire ou avec des potes ou des enfants, à La Flotte, m'est devenue une habitude. J'y vais aussi pour écrire. Car là, rien à faire tout seul : tu écris ou tu déprimes. Ou bien tu glandes. 

    Et puis il y a la lumière! Incomparable. Délicieuse et délicate, à toute heure du jour et de la nuit (lorsque la lune se montre). Comparable à l'ineffable lumière de Saint-Gaudens, qui vaut, oui, celle de Cadaquès.

    J'ajoute deux ou trois bûches dans le feu, même si la température est clémente dehors, just for fun and mood, j'augmente le son de la musique (Europe 2, ou Tiken Jah Fakoly, chopé dans la voiture), j'observe les palombes dans le parc, une huppe, un geai, je contemple très bêtement l'arrosage automatique, je songe à faire un bar en croûte de gros sel, e la nave va... Piano, piano...  

  • le blog de marie josée martin

    Septembre

    neuvième mois, septembre
    l'année accouche d'elle même
    dans une couette de brume

     

    Je viens d'y faire un tour (sur ce blog d'une écrivaine canadienne : http://mariejoseemartin.hautetfort.com/), et j'y ai prélevé ceci pour vous.

    C'est un haïku comme je les aime. Simplissime et donc percutant. 

  • rugby wine

    c'est paru dans VSD de cette semaine
    LE GAILLAC DE BERNARD LAPORTEmedium_DSCF1270.JPG
    Par Léon MAZZELLA
    L’entraîneur du XV de France n’est pas tombé dans le vin lorsqu’il était petit, mais dans le vignoble. S’il est né un 1er juillet 1964 à Rodez, il a en revanche grandi parmi les vignes de Gaillac, qui entourent toujours la maison familiale. Le velours côtelé des vignes, survolé de grives piqueuses de baies à l’automne,  fut son premier paysage. Ca marque. Bernard Laporte ne se rend plus aussi souvent qu’il le souhaiterait à Gaillac, car les stades du monde le happent, et que ses affaires personnelles le conduisent davantage sur le Bassin d’Arcachon- où nous l’avons rencontré-, que dans le Tarn. Après les campings, il a ouvert au printemps dernier un restaurant de qualité, « Chez Pierre » et un bar  attenant, « Le Café de la plage », sur le boulevard du front de mer à Arcachon, avec un ami rugbyman, du CABBG (le club de Bègles-Bordeaux), William Techoueyre. C’est pourtant à Gaillac que s’élabore en équipe « Le Gaillac de Bernard Laporte ». « Je ne suis pas vigneron, mais j’aime le vin, j’ai appris à le déguster, à le comprendre sur le tard, comme la tauromachie, mais ces deux univers me passionnent ». Ce sont les vignerons réunis de Gaillac qui sont venus proposer à Bernard Laporte, il y a sept ans, de signer les étiquettes. Ce sont des vins simples, déclinés en rouge, rosé et blanc. Trois vins de tous les jours à 3€ environ. Des vins de table, de soif, d’amitié et de grillades dans le jardin. Avec la cave de Labastide de Lévis, puis avec celle de Rabastens, et en cheville avec son vieux complice du CABBG, Jean-Baptiste Lafond, « Jean-Ba. », lui-même négociant en vins à Bordeaux, il fignolent le coup. « Ce qui m’a plu d’emblée, c’est qu’il s’agit d’un travail d’équipe : un vin de coopérative, c’est un vin doublement collectif, car c’est un vin d’assemblage, qui est élaboré par plusieurs vignerons. Tout pour me plaire ! Et puis le nom de Gaillac associé au mien ne pouvait que me séduire. Adolescent, je faisais les vendanges à Gaillac pour me faire de l’argent de poche. Et ce vin de pays, simple, que l’on trouve en grande surface –grâce à Jean-Ba et à sa société Producta-, c’est le vin de chez moi ». Bernard Laporte en est fier à d’autres titres : le vignoble de Gaillac est le plus vieux de France, et son emblème est un coq ! Ce premier essai dans le vin (qui est aussi un succès commercial), sera bientôt transformé, à l’occasion de la Coupe du monde de rugby, en 2007, avec le lancement du Bordeaux de Bernard Laporte. Un cran au-dessus ! Toujours en association avec Jean-Baptiste Lafond, Bernard Laporte concocte en effet le Bordeaux de la Coupe (un rouge 2005 et un rosé 2006), qui sera proposé en bouteilles en grandes surfaces, et en bib de 3 litres uniquement chez Leclerc. Des bordeaux pas compliqués et festifs, « qui jouent le collectif »…
    LM


  • EROS/ION

    Jacques Lacarrière, disparu il y a peu (et dont je viens de lire l'admirable Eté grec) écrivait ceci, dans le magazine Senso, à propos d'une colline familière, située derrière chez lui, en Bourgogne :

    "(Les collines) sont l'oeuvre du ciel et non celle de la terre, filles naturelles de l'érosion. Ce mot a mauvaise réputation, je sais, car il est synonyme d'effritement, délitement, délabrement, vieillissement, voire sénescence. Bien à tort. L'érosion n'est pas seulement un phénomène naturel mais un acte d'amour. Oui, un acte d'amour. N'a-t-on donc jamais remarqué que ce mot débute justement par la syllabe Eros qui signifie l'Amour? L'érosion est lotion d'amour que le ciel répand sur les hauteurs et les cimes excessives, un massage, une attention des eaux, une caresse répétée des vents, tout un savant, méticuleux, minutieux polissage des saillies inutiles, des élancements dévoyés, des entassements sauvages qu'il s'agit de domestiquer. L'érosion aplanit les aspérités, adoucit les oppositions, égalise les affrontements, en un mot apaise et abaisse en les polissant l'ardeur et l'âpreté des élans primitifs. Chaque colline eut ainsi son histoire et son aventure érosives, son long concubinage avec l'air et les eaux."

  • Eluard, toujours

    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin

    Je te cherche par delà l'attente

    Par-delà moi-même.

    Et je ne sais plus tant je t'aime

    Lequel de nous deux est absent.

    ----

    L'Amoureuse

    Elle est debout sur mes paupières

    Et ses cheveux sont dans les miens,

    Elle a la forme de mes mains,

    Elle a la couleur de mes yeux,

    Elle s'engloutit dans mon ombre

    Comme une pierre sur le ciel.

    Elle a toujours les yeux ouverts

    Et ne me laisse pas dormir,

    Ses rêves en pleine lumière

    Font s'évaporer les soleils,

    Me font rire, pleurer et rire,

    Pleurer sans avoir rien à dire.

    --------

    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Je te cherche par delà l'attente
    Par-delà moi-même.
    Et je ne sais plus tant je t'aime
    Lequel de nous deux est absent.


    --------

    On ne peut me connaître
    Mieux que tu me connais

    Tes yeux dans lesquels nous dormons
    Tous les deux
    Ont fait à mes lumières d'homme
    Un sort meilleur qu'aux nuits du monde

    Tes yeux dans lesquels je voyage
    Ont donné aux gestes des routes
    Un sens détaché de la terre

    Dans tes yeux ceux qui nous révèlent
    Notre solitude infinie
    Ne sont plus ce qu'ils croyaient être

    On ne peut te connaître
    Mieux que je te connais.

    --------

    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Je te cherche par delà l'attente
    Par-delà moi-même.
    Et je ne sais plus tant je t'aime
    Lequel de nous deux est absent.

    -------- 

    Corps Idéal
    Sous le ciel grand ouvert la mer ferme ses ailes
    Aux flancs de ton sourire un chemin part de moi

    Rêveuse toute en chair lumière toute en feu
    Aggrave mon plaisir annule l'étendue

    Hâte-toi de dissoudre et mon rêve et ma vue

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    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Je te cherche par delà l'attente
    Par-delà moi-même.
    Et je ne sais plus tant je t'aime
    Lequel de nous deux est absent.

    ---------

    Une bonne nouvelle

    Arrive ce matin

    Tu as rêvé de moi.

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    Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
    Je te cherche par delà l'attente
    Par-delà moi-même.
    Et je ne sais plus tant je t'aime
    Lequel de nous deux est absent.

    --------- 

    Je t'aime je t'adore toi
    Par-dessus la ligne des toits
    Aux confins des vallées fertiles
    Au seuil des rires et des îles
    Où nul ne se noie ni ne brûle
    Dans la foule future où nul
    Ne peut éteindre son plaisir
    La nuit protège le désir
    L'horizon s'offre à la sagesse
    Le coeur aux jeux de la jeunesse
    Tout monte rien ne se retire.


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    Le front aux vitres ...

  • L'apprentissage de la sagesse

    La sagesse c'est être attentif aux messages de son coeur, c'est être à l'écoute, à l'écoute de soi, à l'écoute de l'autre.--Faute de temps, faute de regard, faute d'écoute, nous perdons notre vraie richesse. Nous nous appauvrissons un peu plus chaque jour et notre vérité devient aridité.--
    La sagesse, c'est tenter de développer l'harmonie avec soi, bien sûr, mais aussi avec l'autre. Tenter d'intégrer les contraires, souvent faces opposées d'une même vérité, plus complémentaires que contradictoires.
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    La sagesse est ouverture, rigueur, courage, endurance, engagement, humilité. Elle est apprendre et comprendre, mais comprendre de tout son être.
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    "La sage craint le mal et se détourne. Le sot est insolent et sûr de lui" . La Bible (Livre des Proverbes)
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    "J'étais malheureux de n'avoir pas de souliers, alors j'ai rencontré un homme qui n'avait pas de pieds et je me suis trouvé content de mon sort". Mong-Tseu.
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    "C'est être bien riche que de n'avoir rien à perdre". Proverbe chinois.
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    "Ceux qui savent ne parlent pas. Ceux qui parlent ne savent pas. Le sage enseigne par ses actes, non par ses paroles". Tchouang-Tseu.
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    "Le mot que tu n'as pas dit est ton esclave. Le mot que tu as dit est ton maître". Proverbe oriental.
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    "Le sage ne calcule pas s'il réussira ou échouera, les chances pour ou contre. Il fixe le but, puis il tend". Lie-Tseu.
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    "La sagesse suprême, c'est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit". William Faulkner.
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    "Nous sommes tissés de l'étoffe dont sont faits nos rêves". William Shakespeare.
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    "Donner naissance aux événements, mais sans en avoir la fierté, sans accorder trop d'importance personnelle aux résultats.
    Agir sans interférer.
    Ne pas s'appesantir sur une réussite, ni se l'approprier.
    Ne pas s'agripper aux choses accomplies; ainsi elles ne seront jamais perdues". Lao-Tseu.
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    "Il vaut mieux avoir affaire aux corbeaux qu'aux flatteurs, car ceux-ci dévorent les morts et ceux-là les vivants". Antisthène.
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    "Cherche la vérité dans la méditation et non continuellement dans les livres moisis. Celui qui veut voir la lune regarde le ciel et non l'étang". Proverbe persan.
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    "Un doigt pointe vers la lune. Tant pis pour celui qui ne voit que le doigt". Adage zen.
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    "La seule chose que j'ai comprise est que je ne sais rien". Socrate.
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    "Pour se compléter, pour devenir sage et fort, c'est simple, il suffit de s'ouvrir, de laisser venir ce qui manque, l'autre moitié essentielle de soi-même.
    Cette recherche de la complétude demande de l'attention et de la persévérance, elle se situe hors de tout volontarisme bloquant parce qu'il n'est que mental.
    Apprendre à céder à notre problème, un problème d'attention, de décontraction et d'Amour". Gitta Mallaz.
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    "Etre vaincu parfois.
    Etre soumis jamais".
    Alfred de Vigny.
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    "Celui qui progresse ne blâme personne, ne loue personne, ne critique personne, n'incrimine personne.
    Il ne dit rien, ni de son importance, ni de son savoir.
    Embarrassé ou contrarié, il ne s'en prend qu'à lui-même.
    Célébré ou loué, il sourit de celui qui le loue.
    Si jamais on le blâme, il ne se justifie point.
    Enfin il se comporte comme un convalescent qui craint de perturber ce qui en lui se remet, avant de retrouver son affermissement".
    Epictète.
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    "Il est dur d'échouer; mais il est pire de n'avoir jamais tenté de réussir". Franklin D. Roosevelt.
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    "Les difficultés ne sont pas faites pour abattre, mais pour être abattues". Montalembert.
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    "On peut toujours plus que ce que l'on croit pouvoir". Jospeh Kessel.
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    "Un homme n'est grand que lorsqu'il ne tient sa grandeur ni de l'obéissance ni du commandement". Victor Hugo.
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    "Un homme sage ni ne se laisse gouverner, ni ne cherche à gouverner les autres : il veut que la raison gouverne seule, et toujours". Jean de La Bruyère.
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    "Un prince sage, avant d'exiger une chose des autres la pratique d'abord lui-même". Confucius.
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    "Le désarmement extérieur passe par le désarmement intérieur. Le seul vrai garant de la paix est en soi". Dalaï-Lama.
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    "Un geste d'humanité et de charité a parfois plus d'empire sur l'esprit de l'homme qu'une action marquée du sceau de la violence et de la cruauté". Nicolas Machiavel.
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    "les bons conseils pénètrent jusqu'au coeur du sage; ils ne font que traverser l'oreille des méchants". Proverbe chinois.
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    "Une âme délicate est gênée de savoir qu'on lui doit des remerciements, une âme grossière, de savoir qu'elle en doit". Friedrich Nietzsche.
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    "Ceux qui désirent le moins de choses sont le plus près des dieux". Socrate.
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  • Diogène

    medium_diogene.jpegUn mot sur ce personnage singulier de la philosophie grecque antique. C'est une anecdote ambulante. Exemples : Un jour, un homme le fit entrer dans une maison richement meublée, et lui dit : "surtout ne crache pas par terre." Diogène, qui avait envie de cracher, lui lança son crachat au visage, en lui criant que c'était le seul endroit sale qu'il eût trouvé et où il pût le faire. Diogène était sans ville,, sans maison, sans patrie, gueux, vagabond, vivant au jour le jour. Il faisait soleil, Alexandre le Grand le rencontrant lui dit : "Demande-moi ce que tu veux, tu l'auras." Il lui répondit : "Ôte-toi de  mon soleil!"

    Sa seule et impérieuse affaire est la pratique quotidienne du bonheur, lequel est une question d'actualité, c'est-à-dire d'action plutôt que de théorie.Diogène se lève et marche : le mouvement, pense-t-il, ne se prouve pas, il se constate---

    Platon disait de Diogène que c'était un Socrate devenu fou. 

  • Arme blanche

    medium_zen.3.jpegIl y a des jours où l'on se sent comme un couteau sans lame auquel manque le manche (Lichtenberg). Comment veux-tu couper court à quoi que ce soit, avec un tel outil! Eh bé à mains nues, té! Réfléchir, savoir compter sur ses propres forces. Aller les chercher, ces forces, et avancer, les yeux bien ouverts, en avant, calme et droit. Eventuellement relire Socrate, chercher un mouchoir d'éclaircie dans le ciel, mais ne pas faire comme si de rien n'était. Ton viatique, camarade, c'est toi. Crois. Et souris!
     
    Illustration : le cercle zen. 

  • Besoin de nature

    medium_36.jpg

    Dans sa "Philosophie légère de la mer" (Les Equateurs), Cécile Guérard (www.cecile-guerard.com), peintre et écrivaine subtile et trop rare (elle avait donné une "Petite philosophie pour temps variables" à La Table ronde, que l'on se prit à offrir, à offrir...),cite ceci, de Karl Gottlob Schelle ("L'Art de se promener") : " La bienveillance, la cordialité, la franchise, s'installent dans le coeur qui s'ouvre à la nature; le genre humain, qui cesse de s'agiter dans l'arène des grandes passions telles que l'envie, l'avidité, l'égoïsme, apparaît, dans le miroir de la nature, dans une lumière plus pure. Un homme qui n'est pas dégénéré se sentira oppressé dès qu'il sera resté quelque temps sans voir la nature".

    Et Cécile Guérard de poursuivre : "Aller se promener est une mesure de précaution à prendre avant d'envoyer tout promener. Un principe de sagesse en somme. "Ne pense pas à toi; regarde au loin", recommande Alain au mélancolique."...

     


     

  • La cicatrice de Marylin

    medium_images.14.jpegVu, ce soir, "La Dernière séance" (de photos de Marylin Monroe, deux mois avant sa disparition), au Musée Maillol, à Paris. 

    Ce qui frappe le regard et le coeur, au-delà de sa plastique presque parfaite (il y a les seins, quand même, qui...), c'est cette cicatrice énorme sur le côté droit de son ventre (dûe à une opération récente de la vésicule). Cette faille, cette fêlure -non dissimulée-, dit toute la tragédie de cette femme mutilée, entr'ouverte...

    L'émotion qui se dégage de ces clichés (de Bert Stern), d'un grain magnifique comme une poussière d'étoiles, se mesure à l'aune crépusculaire d'un paquebot qui sombre, et nommé, redevenu, Norma Jean Baker. Retour à l'original. End. Bouleversante icône étrangère à elle-même. Ce n'est même plus Marylin Monroe qui pose donc, mais un mythe mis à nu et déjà mis à mal.

    En cela, Bert Stern est dérangeant : voyeur, impudique parfois (quoique le choix serré qui nous est "donné à voir" soit clean), violent toujours, son regard, son boîtier, forment un peloton d'exécution. La chronique d'un naufrage annoncé.

     

  • quelquefois je me dis

    DSCF0615.JPG...que c 'est trop nombriliste,un blog : j'y fourgue mes papiers qui paraissent ici ou là, mes humeurs, mon travail d'écriture en cours, je parle des bouquins qui m'ont plu, tout çà. En échange, rien, presque rien : quelques visiteurs amis, deux ou trois passagers condescendants ou acides, nada mas. Il faut que ça change, mais comment? Alina a fermé le sien. Dois-je persévérer?

    photo prise à Paros (Grèce), d'une fenêtre colmatée à la va-comme-je-te-pousse, et qui donne ce résultat graphique inattendu et, à mes yeux, très intéressant. 

  • balade dans les Vosges

    LES VOSGES COTE LACS (PAPIER PARU DANS LE NOUVEL OBS JEUDI DERNIER) Ne cherchez pas la ligne bleue, elle se trouve dans le regard de cette jeune femme qui vous apporte un jambonneau au foin à se damner ; et nulle part ailleurs. A l’instar de cette Taverne alsacienne de Gérardmer, les bonnes auberges typiques ne manquent pas dans les Vosges. Et d’Est en Ouest, et de la plaine forestière à la montagne, la nature regorge de propositions de randonnées cool. A pied, ou en VTT, les sentiers bien balisés sont nombreux. La plupart partent du centre des villages. Nous avons choisi la thématique aquatique pour un week-end dans le berceau des sources thermales comme Vittel et Contrexéville. Après avoir visité ces stations au charme désuet : l’établissement thermal historique et le casino y deviennent des monuments, traverser la plaine verdoyante, parsemée de prairies piquées de troupeaux de vaches, de champs de blé et de colza à perte de vue parfois, laisse augurer des perspectives bucoliques. Franchir un col plat comme la main (celui du Poirier) et se savoir néanmoins à 433 mètres, renforce notre appétit de marche et notre envie d’en découdre avec les nombreux lacs alentour, en nous rappelant qu’en plaine, les Vosges vous donnent déjà de la hauteur. Au départ d’Epinal (où l’on arrive depuis Paris), le lac du Bouzey, situé à proximité, et que l’on préfèrera au lac d’Epinal, trop domestiqué, possède le charme des petits lacs scandinaves aux formes imprécises et aux queues noyées dans une végétation lacustre et des lisières de forêts sombres. Si la baignade est interdite car le site est « envasé », les promenades en barque, canoë, et en pédalo sont proposées tout autour. La pêche y est autorisée mais règlementée comme partout dans la région. De petits chalets cachés dans les sapins émergent çà et là. Un club hippique (balades en poney et à cheval), un labyrinthe dans un champ de maïs –pour les enfants- , et un snack (chez Cathy) font de Bouzey un havre où la nature semble miniaturisée. Au-delà du couvert forestier des environs d’Epinal, sur la route de Colmar et Gerardmer, nous passons le col du Haut-Jacques, 606 mètres, près de Rouges-Eaux. Il faut pousser jusqu’à Saint-Dié, puis vers Raon-l’Etape, pour accéder aux fameux lacs de Pierre-Percée, situés en bordure (administrative) des Vosges, en Meurthe-et-Moselle. C’est un haut lieu du tourisme aquatique. Avec sa base de loisirs et son Aventure Parc, l’immense lac en forme de feuille d’érable, et aux allures de lac canadien –bordé de sapins, il nous donne immédiatement l’impression qu’un hydravion va surgir et qu’un ours va pointer son museau au bord de l’eau… On y pêche paisiblement la truite, l’omble, le brochet ou le sandre. Tout autour, l’environnement, formé notamment de la grande forêt domaniale des Elieux, est classé zone de silence. Les circuits pédestres autour du lac, par étapes ou dans sa totalité (30 km, 6 à 8 heures, dénivelé 50 mètres à peine), sont balisés avec précision. En VTT, le circuit se réduit à 27 km et nécessite 4 heures (dénivelé 453 mètres). Choisissez la balade de la Roche des Corbeaux (6 km en 1h45), ou bien celle des Trois Sapins (5,8 km en 1h40), ou encore la Vierge de Para (balade de 4,6 km en 1h 20), pour vous donner une idée de la beauté du site. A la base de loisirs, tout ou presque est possible. Plage surveillée en été, pédalo, tir à l’arc, canoë, voile, catamaran, aviron, surf-bike, sans parler du mini-golf, des tennis, et du stade situés à proximité du camping et des chalets en location. Après une journée riche en adrénaline trempée en eaux vives, cap sur Gérardmer pour une seconde journée en montagne, à la découverte de lacs glaciaires d’altitude et des fameuses cascades vosgiennes qu’il faut dénicher en pleine forêt. Gérardmer est une station étonnamment vivante à longueur d’année, qui contraste avec les villes thermales visitées la veille, et même avec Epinal, pourtant beaucoup plus grande. La rue François-Mitterrand, à elle seule, et la place qui la prolonge, sont un concentré de jeunesse et de vie nocturne. La ville est d’ailleurs le siège de nombreux événements (festivals en tous genres, notamment de cinéma et de musique, manifestations sportives…). Oubliez pour le moment le lac de Gérardmer, prenez le chemin de Sapois jusqu’au Saut de la Bourrique, où se trouve une rando sympa avec une cascade pour but. A votre droite, une halte casse-croûte est possible à l’hôtel-restaurant L’Echo de Ramberchamp. Le paysage devient magnifique, fait de petits vallons très verts entourés de forêts de sapins. Au fond, une vallée est baignée par les rayons de soleil qui ne vont pas tarder à darder sur vous. La brume matinale monte. De longues mèches d’air condensé s’effilochent entre les ramures des sapins et disparaissent en partant à l’assaut du ciel. A la fourche (à 8 km de Gérardmer), filez à droite vers le Haut du Tôt, où les ânes se louent pour une balade ! Arrivés à ce village très mignon –le plus haut des Vosges : 832 mètres-, vous avez le choix des randos : De dix minutes à 7 heures (jusqu’au col de la Schlucht). A partir de l’église, suivez, par exemple, le circuit de la Cascade de la Pissoire. La balade n’excède pas une demi-heure à l’aller (la cascade se situe à 720 m d’altitude), et une heure au retour, par un large chemin, celui de La Croix des hêtres. L’aller se fait en lisière de forêt, le retour en plaine. Revenus au village, une halte nous paraît obligatoire au Charrut, temple du sous-bock, pour l’accueil légendaire de la patronne, fervente « cervalobalophile » (collectionneuse de sous-bocks) : elle en possédait 4902, tous exposés, lors de notre visite à la mi-mai. Excellentes crêpes et omelettes revigorantes, avec une pinte de Bête des Vosges, la bière locale qui décoiffe. Une autre cascade fameuse vaut le détour, car c’est la plus haute des Vosges : vous la réserverez pour clore votre week-end, car elle se trouve sur la route du retour, en allant vers Epinal via Le Tholy. C’est la Grande cascade (il y a aussi la Petite, à 2 km à pied de là), juste avant le village de Tendon. 32 mètres de chutes d’eau entre les sapins : magnifique. Une auberge à proximité permet de se sustenter d’une truite (la spécialité locale), avant de regagner le flot des voitures. Le lac de Gérardmer est, comme tous les lacs sages et paisibles de ville, flanqué d’une aire de loisirs à toute épreuve. On a beau l’appeler « La Perle des Vosges », il a beau être le plus grand (115,5 ha), il lui manque ce côté sauvage que ses petits frères ont su garder. Préférez par conséquent partir à l’assaut des lacs alentour : Xonrupt-Longemer (paradis des pêcheurs et des véliplanchistes aussi). Et Retournemer. Notre préférence va à ce dernier, car il est situé au bout de la vallée des lacs, qu’il est tout petit (5,5ha), qu’il est propriété privée et que donc il ne propose aucune activité organisée, car seule la promenade y est autorisée, qu’il ressemble à s’y méprendre au lac où Jean-Jacques Rousseau aimait tend se promener en solitaire pour laisser cours à ses Rêveries, et qu’il oblige à un demi-tour, car « le lac de la mer en retour » s’achève au pied du Massif du Hohneck. Il convient d’y accéder obligatoirement par la rive droite (en laissant Gérardmer dans son dos), de loin la plus belle. Le lac est encaissé, sauvage, cerclé de forêts, et non loin de ses rives, La Mère Clotilde sert une délicieuse omelette en terrasse. On ne saurait imaginer endroit plus reposant dans les Vosges, après deux jours de rando, à pied, en VTT, et quelques heures de barque sur un lac, passées à réveiller des biscoteaux endormis… LEON MAZZELLA

  • Le temps des ferias

    CE PAPIER EST PARU JEUDI DANS VSD. C'EST VRAIMENT CHIANT CETTE NEW VERSION DE HAUTETFORT : IMPOSSIBLE D'ENRICHIR AVEC DES IMAGES DÉSORMAIS!? OU BIEN -C'EST SANS DOUTE CA-, JE SUIS ENCORE PLUS MANCHOT QUE PINGOUIN (HELP!)... "Les distributeurs de billets sont à sec et la ville déborde. Les rues charrient un torrent de festayres. Tous ceux qui aiment faire la fête avec la plus grande simplicité sont là. Ils déambulent dans les rues d’une ville rendue aux piétons, en parlant, en riant, en buvant un verre –souvent offert par un inconnu-, se laissent aller à ce sentiment très hispanique de la feria, qui confine à celui de fiesta et qui mêle paseo (promenade) et bavardage, liesse et convivialité, allégresse et générosité. Avec le culte du taureau en fond d’écran. Le succès grandissant des ferias de villes et de villages, de Saint-Vincent de Tyrosse à Céret en passant par Bayonne, Dax, Nîmes et Alrles, ne se dément pas. Il obéit à des règles simples : la ville s’organise autour d’un ou plusieurs spectacles taurins, aménage ses terrasses, installe des casetas (barnums) pour accueillir des bodegas (restaurants, bars) qui ne désemplissent pas. L’on y mange souvent des menus connotés (paëlla, daube de queue de toro, chipirons, cœurs de canards, tapas). Sangria, vin et bière coulent à flots dans de petits verres en plastique (question de sécurité). Alors chacun marche, rigole, danse et chante avec les bandas (orchestres de rue). On boit un verre de plus en essayant de ne pas boire celui de trop. On s’assoit dans une peña (club), pour se remplumer l’estomac avec de la charcuterie. On achète une affiche de corrida, un petit foulard rouge. Et la nuit avance. La feria a ses méridiens de Greenwich. Ils sont au nombre de deux : la novillada du matin et la corrida de l’après-midi. Celle qui sent le café et celle qui sent le cigare. Chacun se rue à celle de l’après-midi parce que les figuras (les toreros célèbres) sont au cartel (à l’affiche). Celles du matin ont la préférence des connaisseurs. Des dégustateurs : il s’agit des corridas de novillos (taureaux de moins de quatre ans), qu’affrontent de futurs toreros (matadores de toros), les novilleros. Ces gamins fluets sentent encore le lait, leur voix n’a pas toujours achevé sa mue qu’ils se frottent déjà à des fauves plus haut qu’eux. Pour se faire un prénom. Alors, ils se jouent la vie, avec cette inconscience qui confine à la grâce, lorsqu’elle atteint l’art du temple (la lenteur contenue), du style et de la technique digérée. Ils luttent farouchement pour sortir du lot, être remarqués par un apoderado (impresario), chroniqués par la presse spécialisée. La gloire fulgurante est leur Graal. Cette quête vient du fond des âges sociologiques : malgré les écoles spécialisées et les « coachs » d’aujourd’hui, le mythe de la corrida qui tire de la misère tous les Cordobès, à l’instar de la boxe, est un Far-West de la propulsion sociale qui a la vie dure. La gamelle est enviable. Les jeunhes toreros à la carrière fulgurante, comme Sebastian Castella, le savent bien. Les novilleros qu’il faut absolument voir cette saison, sont l’Espagnol Cayetano Rivera Ordoñez, et l’arlésien Mehdi Savalli, désigné meilleur novillero 2005 par la Fédération royale taurine d’Espagne. Il prendra d’ailleurs l’alternative dans sa ville, pour la Feria du riz, en septembre. Toute feria gravite donc autour de ces rendez-vous quotidiens : 11h, 17h, qui imposent un silence de cathédrale aux rues de la ville soudain fantomatique. Les arènes absorbent. Puis rejettent la foule dans les rues, avec plus ou moins de joie et d’électricité. Selon que la course a été belle ou pas. L’aficionado, lui, sait que la plus belle des corridas de sa vie est toujours à venir. Il est devenu philosophe. Alors il ira discuter rituellement : cela s’appelle la tertulia, dans les bars de la ville. Depuis l’apparition, il y a trois ans, de la maladie dite de la langue bleue (due à un méchant moustique qui sévit en Andalousie), les grands élevages de toros ne passent plus la frontière pour des raisons sanitaires. Alors les ferias découvrent des élevages de Salamanque, de Madrid, du Portugal. Les ferias sont par conséquent davantage toreristas que toristas (plus toreros que toros, soit centrées sur l’homme et moins sur l’animal). Sauf dans les fiefs toro-toro comme Vic-Fezensac, où l’on déguste les fers des élevages comme des grands crus. Et à l’aveugle ou presque, désormais. Selon que l’on se trouve dans une feria du Sud-Ouest ou du Sud-Est, les à-côtés changent : à l’ouest, il y a des encierros de vaches landaises aux cornes emboulées (des lâchers dans les rues, comme à Pampelune avec les toros de l’après-midi). A l’est, ce sont les abrivados, avec toros camarguais, cornes en lyre, chevaux blancs des gardians galopant dans les rues. A l’ouest, l’uniforme est rouge et blanc. Une tradition navarraise. A l’est, l’habit ne fait pas le fêtard. Dans les rues, de Mont-de-Marsan à Béziers, les bars et les restaurants font venir des groupes de flamenco pour recréer l’atmosphère des tablaos andalous. On y danse la sévillane jusqu’au cœur de la nuit. Les pasos dobles passent en boucle, en particulier le fameux « Paquito chocolatero », devenu en quelques années l’hymne officiel de chaque feria. C’est un air de liesse qui clôt en général chaque corrida et qui a pour vertu de rassembler la foule avec la puissance de persuasion d’un hymne national avant un match. Lorsqu’une banda entame l’air de Paquito, la feria prend tous son sens : tout le monde chante, danse, la même langue ; celle de la joie, du bonheur simple. Et ¡mañana es otro dia ! (demain est un autre jour)." LEON MAZZELLA

  • la différence

    En amour, filial ou tout court (: entre deux amoureux), l'une des différences fondamentales entre l'égoïsme et l'amour vrai (oblatif), est celle qui distingue ceux qui répondent "je suis content(e)", de ceux qui répondent "je suis content(e) pour toi", à propos d'une même chose... Car l'emprise, la sujétion, l'esclavage sentimental commencent là. Ou bien l'épanouissement mutuel, le sourire vrai du bien-être. La confiance majuscule.

  • Tantration

    L’avantage du tantrisme, c’est de cultiver la rétention pour sublimer le plaisir. Ce n’est pas seulement faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible (ce qui est déjà une fin en soi), mais de faire de la sexualité un aventure spirituelle. C’est d’une extase amoureuse qu’il s’agit, par d’une technique de performance. Le tantrisme vient de l’Inde ancienne, tantra signifie tissé ensemble : le couple ne connaît pas de dominant. Partie du Bouddhisme tibétain, le tantrisme est fondé sur la maîtrise de soi. L’homme y apprend notamment l’orgasme sans éjaculation. Le but est d’atteindre un nirvana sexuel, en poussant le désir jusqu’aux extrémités. Cet érotisme paroxystique procure aux initiés des plaisirs incroyables, à côté desquels nos orgasmes occidentaux paraissent bien instinctifs. Mais le tantrisme est une doctrine qui va bien au-delà de la sexualité : proche du yoga, il s’agit d’une philosophie complexe, avec ses dieux fondamentaux : Shiva et sa déesse Shakti (qui signifie énergie). Ombre et lumière, création et destruction. L’initiation au tantrisme polit l’ego, pacifie le mental, pour parvenir au maïthuna, le rituel de l’union sexuelle sacrée.
    Retiens-moi !..

    Photo du bas : Maïthuna

  • Le regard ailleurs

    Bernard est un photographe de talent. De caractère. Il a donné dans la pub, pour bouffer. Il n'en tire aucune gloire, quand d'autres (faux) frères en ont fait leur fond de commerce. Normal, c'est un artiste de verdad. Un poète argentique. Il est ailleurs : surtout dans l'ouverture, enfin, de cet hôpital de Kaboul qu'il a vu pousser. Et dont il a retiré un émouvant album de pudeur en noir&blanc, plein d'humanité dans la douleur dite, dans la tendresse, dans l'évidence de l'amour en dépit du malheur. Dans ses reportages aussi, d'auteur, à Cuba (Mésaventures à Cuba, avec Erik Orsenna -Points/Seuil-, son acolyte de bourlingue), en Chine, au Japon, bientôt...

    Nous déjeunons au "Ribouldingue", clône du "Comptoir" d'Yves Camdeborde (avec moins d'attente et d'outing : top! Nous y découvrons avec une gourmande curiosité mâtinée d'une méfiance légitime, les tétines de vache en salade... ). Paris 5ème. Nous attendons Véronique, l'iconographe de nos aventures éditoriales. Bernard regarde ailleurs quand je lui parle. Comme toujours. Si je ne le connaissais pas, je pourrais m'en offusquer. Mais il est bien là. Présent. Ami. Il a l'oeil fuyant, car il photographie le monde, capte, recherche, interroge la lumière ou la supplie, guette le regard. C'est plus fort que lui...
    Pas comme ce rosbif qui, cet après-midi, à la belle journée ICEX des meilleurs produits espagnols, organisée chaque année avec maestria, par Jeannine Coureau, à l'hôtel Bristol (Paris 8ème). Il représente des vins espagnols puissants, comme je m'aventurerais à dire la messe dimanche prochain à Saint-Médard... Ce regard fuyant-là, est un non-regard. Un regard franc comme un âne qui recule. Je m'en méfie. Je n'irai pas lui adresser un mot. Mi-clos, ses yeux disent la couardise et l'arnaque mentale. Je l'observe de loin, depuis le stand si accueillant des vins Marqués de Riscal, en compagnie de Jean-François, de La Guildive (importateur, notamment, du meilleur jambon du monde : le 5J, "Cinco Jotas", de Sanchez Romero Carvajal, propriété d'Osborne, la marque du fameux toro noir).

    Deux regards. Deux façons d'être au monde. Au fond, il suffit de savoir décoder. Et après, c'est le bonheur : une complicité peut s'installer d'un côté, un surcroît de vie peut se poursuivre ailleurs, en évitant l'écueil. Et c'est ainsi qu'en observant d'un oeil (distrait) la fausseté du regard du rosbif sus-cité, je savoure davantage le verre de blanc sec de Rueda, en compagnie de mon pote Jeff. E la vida va...

    Photos : un nu, de Bernard Matussière, et le fameux toro de Osborne, qui balise les routes d'Espagne.


  • Le peintre au couteau

    en lisant le beau roman de ollivier pourriol, "le peintre au couteau" (le livre de poche), je me dis : jamais livre aussi mince n'aura contenu autant de citations en exergue de chacun de ses très courts chapitres.

    certaines sont claquantes :


    "son oeil, à l'horizon de lumière gorgé" (stéphane mallarmé)

    "...se lier, c'est passer la corde autour d'une lame" (edmond jabès)

    "par gros temps en mer je pense toujours à ce peintre dont je ne sais plus le nom, qui se faisait attacher au mât de misaine pendant la tempête pour voir et garder la vision de tous ces déchaînements d'écume" (nicolas de staël à rené char)

    lui-même (pourriol) a des moments touchants : "quel marchand de couleurs osera vendre un jour un tube de "Bleu des yeux de ma femme qui me trahit"? " . entre autres exemples.

    le peintre (c'est l'un des personnages), est gravement malade.

    il est entre les mains d'un chirurgien (le couteau, le narrateur), qui découvre la peinture.

    le peintre se confie : sa femme tant aimée a disparu. lui même n'en a plus pour longtemps.

    ollivier pourriol a visiblement une connaissance suraiguë de la peinture et des peintres, ses amis, son univers.

    son texte est magnifique. il m'évoque (je n'en suis qu'au début), le livre de tracy chevalier, "la jeune fille à la perle" (folio).

    (à suivre...)

    illustrations : trois peintures emblématiques de nicolas de staël 

  • Terrassé

    en bas

    le bruit des voitures m'étreint

    j'écris je bois du thé

    je pense à elle que j'aime

    si loin, si proche, à portée

    de ma main je fabrique

    un livre j'irai jusqu'au frein

    je le lui offrirai comme un bouquet

    du nom de la rose

    ça crissera le papier plastique

    sur ma prose

    je ne serai ni bien


    ni mal au fond

    je lui dirai tiens

    fébrile

    y a t-il plus profond

    qu'un amour sans île?


  • Paralysie

    Une semaine sans internet (déménagement) et tout est dépeuplé

    (pas l'impression d'avoir trop manqué quand même...)

    C'est fou le nombre de choses qui peuvent se passer en une semaine...

    Là, en retrouvant mon blog -comme on retrouve son chien, qui nous fait la fête-, j'ai le sentiment de rouvrir la lourde porte de la maison de campagne (toiles d'araignée, gravier coincé dessous, serrure rétive, odeur de renfermé).

    Je vais ouvrir tout en grand, car le soleil doit entrer et pénétrer, faire plisser les yeux des murs. Après je ferai un bon feu pour absorber l'humidité qui a eu le temps de se pacser avec l'absence. Puis un thé.

    Le ciel envahit mes nouvelles fenêtres.

    Je sais que je ne laisserai plus jamais fuir le bonheur.

    Lorsqu'il réapparaît, nous devons lui faire toute la place, et rester vigilant.

    Je le serai.

    Toujours.

    Et que l'Enfer m'accueille avec des cris de haine si j'échoue.

  • Francine Van Hove

    Elle a le regard noir mais doux et lumineux comme le charbon prêt à rougir. Son jeans aussi est noir. Comme son chemisier. Et ses cheveux, noir jais. L’escalier en colimaçon qui transperce son appartement conduit à un atelier de peintre. C’est le temple du paisible. De la clarté des jeunes filles en fleur, calmes, sereines. Lascives comme on le dirait des Vahinées de Gauguin. Francine Van Hove peint des jeunes filles et a une vie rêvée : le matin, ses modèles posent pour elle dans l’atelier, et l’après-midi, Francine peaufine, met de la couleur, rehausse les traits, cisèle les regards, et remet sur la toile des objets fétiches (ses madeleines) qui apparaissent sur la plupart de ses œuvres : la vieille robe rouge, le petit sac rond en cuir, la théière, le bol ébréché, la chaise à moustaches de sa belle-mère, les chaises et les bancs du Jardin du Luxembourg (à Paris) –sa nature-, le vieux jeans 501 complètement délavé et qui a habillé, à l’instar de la robe rouge, presque tous ses modèles. Francine a un professorat de dessin, mais enseigner l’a vite ennuyée : c’était dans un lycée (de jeunes filles de Strasbourg, dans les années 1963-64). Alors elle peint pour le plaisir, sous contrat exclusif avec la galerie Alain et Michèle Blondel à Paris, depuis vingt-six ans. Sa production est restreinte : une douzaine de toiles par an. Cela suffit...
    J’ai découvert son œuvre par les nombreuses cartes postales qui reproduisent ses dessins. L’une d’elles m'a servi à illustrer la couverture de mon livre Femmes de soie (Séguier). C'est la troisième du petit triptyque ci-dessus. Le modèle de cette couverture s’appelle Anne, toujours représentée de dos. L’œuvre s’intitule : « Ôte-toi de mon soleil ! ». Cela me fait penser à l’insolence magnifique de Diogène (voir la note intitulée « CrateSo, Yo ! »). Le style Van Hove ? Classique et résolument figuratif. Lorsque tous ses condisciples donnaient dans l’abstrait, elle peignait déjà ces jeunes filles d’une sensualité extrême, à demi nues, au corps de rêve et au regard tendre. Jamais nues, mais toujours infiniment désirables. Ne pas tout montrer mais suggérer pourrait être son credo. Son mari, artiste lui aussi, en supporter amoureux, l’a très tôt encouragée à peindre ce qu’elle voulait, sans se soucier de quoi que ce soit, fut-ce les tendances de l’art, et à n’écouter que son inspiration. Puis, l’expérience de la peinture sur tissu fut un détonateur. Un boulot de commande pour une styliste : Francine s’aperçut qu’elle pouvait peindre et en vivre. Son style propre, loin de l’école qui privilégie l’empâtement, l’épaisseur, est fait de légèreté, de fluidité, de silence et de douceur. Elle n’a jamais peint d’homme nu ou à peine dévêtu. Elle tourne avec cinq modèles, un par jour. Son premier, Marie-Odile, a posé en 1972. Elles se voient toujours, Marie-Odile, danseuse professionnelle, a 56 ans aujourd’hui. La doyenne peut avoir 40 ans, la plus jeune 18 ou 19 ans. Côté casting, la couleur de la peau est déterminante : « Je suis anti-bronzage. J’aime les peaux pâles ». Elle aime les corps architecturés, les filles pas trop minces, avec des formes pleines. Mais elles ont toutes un air de famille, à y regarder de près. Un modèle l’a marquée, il y a six ans : Alexandra, « une Tunisienne qui possède la beauté d’un Delacroix avec les couleurs de Rubens ! », me confia-t-elle. Ses peintures ne disent presque rien, et c’est ce qui les rend si attachantes. Ses personnages prennent le petit-déjeuner, lisent un livre, ou Le Monde, elles rêvent, dorment. Elles ne sont que relâchement. Elles sont imprégnées de cette lascivité qui ne ressemble à rien de pervers. Aucune invitation à la luxure. Aucune parenté avec Balthus, ni Bellmer bien sûr, ou tant d’autres. Les jeunes filles de Van Hove sont dans l’abandon progressif, le glissement, dans ce que Barthes nomme joliment le fading dans ses Fragments d’un discours amoureux (voir la note éponyme). C’est davantage du côté des photographes comme J.F. Jonvelle ou J.L. Sieff que Francine pourrait jeter des passerelles. La représentation pudique et sensible des jeunes filles se retrouve dans ses toiles, où le plaisir simple de l’après-midi, d’une sieste en été, sont là comme l'évidence du soleil…
    Il y a comme une sensualité prude, silencieuse, qui se dégage de ses peintures. Un je-ne-sais-quoi de possible et d’interdit à la fois. Un charme fort. Et je pense que c’est un sentiment de paix qui domine chacune d’entre elles. Je me sens en affection forte avec l’apaisement immédiat, tonique et durable, que les peintures de Francine Van Hove me procurent.
    Et vous ?..
    .


  • Les ados sont formidables

    "Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles semblent difficiles."

    (Sénèque)

    M., une amie, n'osait pas annoncer son chomage brutal à sa fille A, 16 ans. Lorsqu'elle le lui annonca finalement, avec prudence, A. lanca à sa mère une salve d'espoir, d'énergie positive et d'avenir. Loin d'être affectée, elle regonfla sa mère, qui fut stupéfaite.
    Lorsque L. a chuchoté à sa fille M., hier soir, que si ses deux belles pistes de boulot échouaient, il serait mal, M., 17 ans, lui rappela une troisième piste, mince, mais... Dans laquelle il ne lui resterait plus qu'à s'engouffrer en se défoncant. L. fut également stupéfait.

    Les ados sont formidables.

     

    Lorsque des politiques envisagent de briser leur énergie, je sors mon Sénèque.

  • Le livre peut sauter à la gueule

    Walt Whitman (Feuilles d'herbe) :

    "Camerado, Ceci n'est pas un livre

    Qui le touche touche un homme

    Fait-il nuit? sommes-nous seuls tous les deux?

    C'est moi que tu tiens, et moi qui te tiens

    Je saute de mes pages dans tes bras".

    Michael Cunningham (Les heures, Le Livre des jours), l'écrivain habité par Virginia Woolf, a pris ces vers en pleine poire lorsqu'il était étudiant. Et ne s'en est jamais remis. C'est ce que relate Sabine Audrerie dans le FigMag de samedi dernier.

    (©Peinture d'André François, Romanian)

  • Feuilleter Barthes le matin


    Vouloir écrire l’amour, c’est affronter le gâchis du langage : cette région d’affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif (par l’expansion illimitée du moi, par la submersion émotive) et pauvre (par les codes sur quoi l’amour le rabat et l’aplatit).


  • Deathday

    J'écoute, fort, le dernier cd de David Gilmour, On an island, et je repense à "La Corrida du 19 avril" (1998)

    C'est la recherche du si lent silence du geste.
    C'est une danse profonde et noire, c'est une écriture, une calligraphie d'ombres.
    A chaque passe, le torero gagne un surcroît de soleil.
    La mort le frôle en signant le sable, le froid monte en lui et ligote sa parole...
    Le torero conjure cinq cents kilos de vent noir.
    Chaque passe est esquive et la mort n'est jamais feinte.
    Elle est blanche comme le lait maternel...

    (l'ouvrage est paru chez atlantica, et ses droits sont reversés à l'association vaincre le cancer)

  • En relisant Pessoa au bistro

    "Sur toute chose la neige a posé une nappe de silence.
    On n'entend que ce qui se passe à l'intérieur de la maison.
    Je m'enveloppe dans une couverture et je ne pense même pas à penser.
    J'éprouve une jouissance animale et vaguement je pense,
    et je m'endors sans moins d'utilité que toutes les actions du monde."

    ***

    "je suis un gardeur de troupeaux.
    Le troupeau ce sont mes pensées
    et mes pensées sont toutes des sensations."

  • Respire à fond, ça roucoule tout autour

    Les jours rallongent et les jupes raccourcissent. Les mimosas fleurissent. En ville comme à la campagne, les palombes paradent vertigineusement : les mâles montent, planent et se laissent tomber. Les femelles ne regardent même pas.
    Ca vibre, le merle chante plus tôt, ça pousse. Les primeurs débarquent des cageots verts, rouges, blancs. Envie d’un œuf brouillé au beurre marin, avec le thé, ce matin. Et de respirer à fond en ouvrant les fenêtres sur le monde et en écoutant « In my secret life », de Léonard Cohen. Dans la rue, l’air est imprégné de parfums de viennoiserie. Bonheur de sortir. Je croise des odeurs de croissant comme je frôle une bourgeoise tracée au Samsara. Aspergée, plutôt. Les pas sont pressants. Le pays s’éveille. La vita e bella…


    Il en va du canif comme de la flasque. J’aime sentir, calée dans la poche intérieure gauche de ma veste, ma flasque d’alcool blanc ou ambré (poire ou prune, de Brana exclusivement). Il en va aussi de la flasque comme du canif : si, par mégarde, tu réalises que tu as oublié l’un ou l’autre, il ou elle te manque terriblement, alors même que tu n’en auras aucune utilité. Si tu n’as rien à couper au couteau –ennui, saucisson, brouillard-, le canif manque malgré tout au toucher, dans la poche. La main tâtonne désespérément l’absence. Tu te sens nu. Encore plus seul. C’est paradoxal, mais les affaires intimes ne sont pas à une incongruité près. Tout alcool plongé dans une flasque subit une pression subjective de base, qui te propulse aussitôt près des Dieux, loin d’un fauteuil profond, d’une cheminée pleine et d’une musique nocturne. Ferme les yeux, chhht, tu triches pas : respire à fond ta flasque…
    Pouf ! Tu peux ouvrir yeux, là : embrasse l’espace, et la montagne imaginaire. Pas celle de tes dossiers : au moins Sainte-Geneviève à Paris, la Rhune au Pays basque, le Mont-Blanc, le K2 au Népal. Imagines le plaisir de déboucher et de respirer les parfums complexes d’une poire sans accent, au moment délicieux où –dès demain matin-, le monde part bosser, et à faire une pause au-dessus de la mêlée qui fait la queue ou qui ahane, calé sur une motte d’illusions, un bouquet de paresses dans le dos, accoudé au comptoir du temps libre qui passe…
    Afin d’escorter asperges ou petits pois, il m’arrive d’aller chercher un poisson d’avril chez le poissonnier, et jadis, au bout de ma soie et d’une mouche artificielle, au bord d’un lac d’altitude connu de quelques isards complices. Et là, la flasque que je cherchais dans la poche intérieure gauche de ma seconde peau –j’ai nommé ma veste-, venait récompenser une belle prise.

    Le salaire de l’approche, c’était ma flasque qui me le remettait en mains propres et en liquide. Mais d’abord, par le nez, je m’octroyais licence de flairer le goulot comme on respire une fleur, un cou adoré. L’éducation du coût des choses vraies passe par là. (L’augmentation du goût de la vie aussi). Le bonheur est dans le près. Le très près. Comprenne qui sniffera.

  • Le chien

    J'aime cette photo, prise sur le bateau qui assure la liaison entre Naples et Procida : le chien, imprimé sur le tee-shirt de la jeune fille debout, semble regarder l'objectif. Et tous les humains ont le regard ailleurs.

  • Le livre à peine paru

    Je me précipite dans un bar wifi pour l’écrire. Dans une urgence déplacée ; voire inutile.
    (Preuve que ce blog devient un journal, au sens premier du terme).
    « Le jour à peine écrit » à peine arrivé sur les tables des librairies, Gallimard
    Claude Esteban (évoqué dans une note précédente : « Fulgur »), meurt. Subitement. 70 ans, il y a trois jours. C’est dans « Le Monde » de cet après-midi (daté 14).
    Il a évoqué ses amis peintres dans « Veilleurs aux confins ».
    Je pense au dernier livre de Kenneth White, qui emprunte à je ne sais plus qui la belle expression, voisine, de « Rôdeur des confins ». Esteban était les deux à la fois. Un poète de la frontière animale et de la sensualité féline. Lire Esteban comme on reprend Char, Jaccottet ou Dupin. Avec ferveur et appétit.

    (encre d'evelyne berdugo)

  • Rob l'a vu

    Café stretto dans un bar de L., tandis que C. prend son long bain rituel et sacré. Je repense à l’Ivoirienne qui a jeté par la fenêtre de son appartement en feu de la rue du Roi Doré, au 4ème étage, son enfant de six ans. Pour le sauver des flammes. Il est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l'hôpital Necker. Je pense au geste désespéré, à l’enfant jeté, à sa conscience avant de mourir -des mains de sa mère et du vent de la chute. Je pense au feu, à la nuit. Je pense au geste maternel. À cette brève existence dans un squatt honteux. En plein Marais (à Paris). La mère est morte aussi. C’est mieux ainsi. Je me risque à le penser.

  • Duende

    Au cours d’une conférence que Federico Garcia Lorca donna sur le sujet : « Jeu et théorie du duende », il cita un ami qui lui dit ceci en écoutant la musique de Manuel de Falla : « Tout ce qui a des sons noirs a du duende ».
    C’est un beau résumé.
    Lorca ajoute : « Ces sons noirs sont le mystère, les racines (…) le duende aime le bord de la blessure et s’approche des lieux où les formes se fondent dans un désir qui brûle…».
    Le duende a quelque chose à voir avec l’orgasme.

  • L'animal-totem

    Un jour, un lion, un regard, une éternité, une minute, un échange plus fort que la parole, un jour un lion, dans la brousse, entre les pailles, un lion dont j'ai croisé le regard, m'a dit.

    Il m'a dit ma vacuité, ma fatuité, mon insignifiance d'homme.

    J'ai été forcé de le croire, il disait vrai. Puis il s'est retourné et m'a planté là. Comme un con. Comme un homme. Le regard de ce lion me dure. Je suis hanté par lui.

    Je sais que ce lion est devenu mon animal-totem : je peux compter sur sa force en moi, en cas de danger. Je sais aussi que je dois me méfier de lui. Il reste un fauve imprévisible.

    As-tu cherché ton animal-totem? Le chamanisme apprend cela. C'est l'animal qui te choisit. Pas l'inverse. Le trouver est une démarche.

    L'animal-totem est un allié. Selon les chamans du Mexique ancien, rapporte Carlos Castaneda, il t'aide dans la voie du guerrier : "Un guerrier est un chasseur impeccable qui chasse le pouvoir; il est sobre et calme, et n'a ni le temps ni le désir de bluffer, de se mentir à lui-même ou de commettre une erreur. L'enjeu est trop important. L'enjeu c'est sa vie, qu'il a mis si longtemps à renforcer et à parfaire. Il n'a pas l'intention de gâcher tout ce soin et cette discipline à cause d'un mauvais calcul stupide, ou par manque de discernement".(Voyage à Ixtlan).

    "Le guerrier cherche l'impeccabilité à ses propres yeux et appelle cela humilité".(Histoires de pouvoir).

    "Le chamanisme est un voyage de retour. Le guerrier remonte victorieux vers l'esprit, après être descendu en enfer. Et de l'enfer il rapporte des trophées. La compréhension est l'un de ses trophées


  • Fading

    Retrouver avec une avidité animale l'odeur de l'autre : aisselles, sexe, cou, souffle. Garder un vêtement -qui enferme son odeur-, en cas d'absence. Nous le faisons depuis notre premier amour. C'est chien. Mon chien avait aussi besoin d'un de mes vêtements lorsque je partais en voyage. Il m'aimait.

    L'imagination tient une si grande place dans l'amour que quelquefois nous sommes pressés de voir partir l'aimée : elle nous gêne pour penser à elle...

    Sa voix au téléphone. La voix, c'est ce que nous avons de moins charnel. C'est presque l'âme.

    Le "ping" (un pet de couteau sur du cristal) qui m'annonce un nouveau mail. Et toujours l'espoir de lire son nom sur l'écran.

    Cela s'appelle le fading, l'étrange et irrésistible chute, lourde, lente, au sein de la mélancolie amoureuse, cette vénéneuse...

  • Sondage

     

    Pendant des années, la seule vue d’une trace blanche d’avion dans le ciel bleu de l’aube en montagne, au marais, suffisait à lui déchirer le cœur. Loin des hommes, près de la vie sauvage, il apprenait les saisons et le végétal. Chaque jour augmentait sa connaissance du monde animal. La psychologie des femmes lui était étrangère. Il savait ramper, grimper. Pas encore embrasser ni caresser. Il savait le mimétisme et l’approche. Mais il ignorait tout du tact et des préséances…

    Ceci fut vite griffonné dans mon carnet, posé sur le volant, un matin en rentrant de Lagny. Je me demande si ce n’est pas le début de mon prochain roman.

    Photo de DJ Simon

     

     

  • Cabane

    Il y a quelque chose d’amniotique, de régressif, d’obscur à être dans une cabane. Surtout une cabane de chasse aux canards. Ce sont des adultes qui les construisent, sur l’eau, et qui s’y rendent, seuls ou à plusieurs, les nuits d’hiver. Espace clos, chaud, entouré d’eau et de froid, poste d’observation d’où l’on voit sans être vu (et d’où l’on glisse les canons des fusils hors des meurtrières...). J’en connais qui en ont fait leur résidence secondaire, leur refuge absolu. Ils y vont aussi pour se retrouver, seuls, pour observer seulement la nature.
    J’aime passer une nuit (avec des jumelles et un bon casse-croûte), seul ou à deux, dans un tel endroit, encerclé de magie; pourvoyeur de sensations fortes : bruits étranges : un ragondin qui plonge, un héron qui s’envole, un cygne qui passe (j’adore entendre leur vol), des grenouilles qui tchatchent. Lueurs : phares lointains d’une voiture qui balaient les marécages, clignotement d’avion dans le ciel, étoiles filantes. Visions : on y devient nyctalope, comme un chat, en moins d’une heure. On voit clair dans le noir, et cela produit des hallucinations : un arbre sec devient un danseur dégingandé, telle motte de terre devient un loup. Parfums : la tisane froide des odeurs fortes d’un marais vaut celle des cèpes en sous-bois.
    Y veiller jusqu’à l’aube, c'est composer un bouquet de bonheurs qui ne fânent pas.

  • Des toreros qui sentent le lait

    Ce doit être le printemps. Je sens monter en moi une faim taurine. C'est aussi la saison des fiestas qui s'annonce...


    J’ai toujours eu un faible pour ces chiots fous qui rêvent de se faire un nom tandis que leurs copains d’école –celle qu’ils ont abandonnée pour l’autre, qui enseigne le toreo- les hèlent encore de leur prénom, et à côté desquels James Dean est un risque-tout pour papier glacé, comme Malraux fut paraît-il un Nicolas Hulot de l’aventure.
    Je n’aime rien comme ces corridas du matin « qui sentent le café », comme le dit le chroniqueur Jacques Durand et j’en arrive à les préférer aux corridas de l’après-midi, « qui sentent le cigare » . C’est le matin que les choses importantes de la vie se passent, si l’on excepte les siestes insolentes et le « baisser » de lumières, l’été, qui annonce l’apéro et les tertulias infinies.
    J’aime voir ces adolescents minces comme des stock-fishs, habillés de lumières et habités de peurs primitives. Ils récitent parfois les passes apprises la veille, comme leurs mères un chapelet de prières : les yeux fermés. Ils peuvent être gauches. Si c’est en tirant une naturelle, nous les applaudissons.
    Les regards aigus des aficionados les jaugent, les soupèsent comme ils sélectionneraient des vachettes pour les tientas ; cela n’a donc rien de déshonorant. La voix des novilleros est frêle, pas finie. C’est que ces machos prématurés sentent encore le lait et c’est pour ça que la mère rôde. Comme l’animal.

    Le novillero est un aventurier des temps modernes, qui engage sa vie plus pour son propre salut que pour la victoire, comme l’aventurier dont Roger Stéphane brossa le Portrait. Le jeune torero est un irréductible solitaire qui ne pense qu’à Dieu et à la vache qui a mis au monde ce novillo noir et dur contre lequel il se bat à présent, en suant, et en tâchant de ne pas perdre ses outils et ses moyens. C’est un être anachronique de pied en cape et jusqu’au bout de ses doigts qui ont encore caressé si peu de femmes, faute de temps et à cause de tout le tremblement. Ce sera pour plus tard, après les toros.
    ¡Si Dios quiere ! Dieu et ta mère…

    Tout se joue le matin, aux alentours de onze heures et dans le rond, même les passes de cape plus que parfaites : celles que la cuadrilla d’occasion effectue juste après le paseo, avec des toros imaginaires pourtant tenus derrière la porte, et qui jailliront un par un, là, maintenant (ça sonne).
    Le drame qui se joue sur le sable est peut-être plus sérieux que celui qui sera donné a las cinco de la tarde, car il possède l’ingénuité des premiers textes et la perfection de l’inachevé qui joue son propre rôle. La mère ne va en général pas voir ça. Elle s’y refuse, mais se résout à accepter la folie des hommes, même si elle a cessé de vivre depuis que la chair de sa chair, le fils de son homme, a décidé d’aller à l’inconnu comme d’autres vont au bureau, chaque jour qu’il peut. En face de bestias sur la tête desquelles il ne pourrait même pas manger la soupe qu’elle lui fait.

    Pour tous ces fils, le combat est un pain quotidien, et c’est un mysticisme naissant qui leur tient lieu de guide et de compagnon d’infortune ou de fortune ; c’est selon.

    J’aime encore ces rapports ambigus de la planète des toros, qui font d’Œdipe un torero de légende, un comédien pour tragédies exclusives.

    Le novillero est le spectacle des matins d’été, quand les martinets sifflent leur poursuite effrénée dans les ruelles et que les filles boivent, seules, une orange pressée aux terrasses ombragées des cafés.



    L’heure d’après, le novillero donne à voir le drame et la tendresse, la candeur et le courage fou, l’ivresse et le sens de la beauté, la suavité du regard et du geste, la folie sage de ce bonheur voisin de la douleur que ce futur matador de toros éprouve. Avec une économie de mots hiératiques, il murmure du bout de ses phalanges frêles, et avec la délicatesse d’une dentellière qui aurait suivi des cours de flamenco toute sa vie, la douleur voisine de la beauté noire.
    En retrait, parfois, l’esprit de la mère qui sait mais qui se tait ; veille. Et hurle au ciel et à toutes les Vierges –bouche fermée comme un toro bravo-, que la chair de sa chair se joue la vie par mysticisme davantage que par défi. Alors qu’elles lui pardonnent, si d’aventure il rencontrait la corne avant le grand amour. Pour que le fils ne soit jamais un ange et que les toros deviennent grands.
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    Une version abrégée de ce texte a servi d’introduction à l’ouvrage « Mon fils est torero ».
  • Flamme & co

    Le flamenco se découvre vers l’âge de trois ans, en disant, regard froncé, à ses géniteurs : "je serai torero, plus tard" ("ou chirurgien pour sauver des vies humaines"). Le gamin n'a alors de cesse de toréer les voitures du bout du chandail, du bout d’une voix frêle et du bout des rêves. Il n’a jamais cessé de le faire, depuis. C’est plus fort que lui, il faut qu'il fasse des passes aux voitures avec un journal, n’importe quoi. Il "flamenquise" sa vie avec une suite de "desplante" qui frisent le ridicule.

    Aujourd’hui, pour être cohérent avec ses désirs, il apprend à danser le flamenco. Avec une grande professionnelle : Eva Luna. C’est son professeur de flamme. Son bonheur du lundi matin : il approche alors la danse absolue, l’art total, l’épreuve de vérité.

    Avec elle, il apprendra aussi la « honra », le sens de la dignité et de l’honneur –intérieur- de soi.

    Et il tentera d’atteindre le fameux « nada », soit le détachement, la mélancolie heureuse ; la volupté de toucher le sentiment profond du renoncement. A tout…

    Le dépouillement extrême, le cri tu. La solitude sonore, le silence sonore aussi. Le hiératisme du mot seul, à côté duquel un haïku fait figure d'élégie grasse.

    Y parvenir. 

  • CrateSo (yo!)

    SO CRATE (ARE YOU?)

    suite de la note précédente, visible sous celle-ci, si si!

    T’en penses quoi, de ça, So Crate ? : Pour se compléter, pour devenir sage et fort, c’est simple, il suffit de s’ouvrir, de laisser venir ce qui manque, l’autre moitié essentielle de soi-même. Cette recherche de la complétude (comme dit Gitta Mattaz quelque part –mais où ?-, que je ne connais pas), demande de l’attention et de la persévérance. Apprendre à céder est un problème d’attention, et d’amour. (C’est un peu le fameux : être vaincu parfois, soumis jamais).
    Si elle savait qu’on peut toujours plus que ce que l’on croit pouvoir !.. Et toi, Socrate, qui me redit : « Ceux qui désirent le moins de choses sont le plus près des Dieux ». Yes, but…
    Et Diogène, ton pote par-delà les siècles, qui me tire par la manche en me rappelant que là, on lui dit qu’il était interdit de cracher par terre, et par conséquent il cracha au visage de celui qui venait de le lui interdire. Diogène ajouta : c’est le seul endroit sale que j’ai trouvé.».
    J’aime, j’aime. Comme l’anecdote célèbre : L’empereur, du haut de son cheval, flanqué d’une armée de gardes du corps, se penche sur Diogène, à moitié avachi dans son tonneau, et lui dit : « J’ai beaucoup entendu parlé de toi. En bien. Demande-moi ce que tu voudras et tu l’obtiendras : Palais, or, terres, femmes, ce que tu veux ! ».
    Et Diogène de répondre, après un long silence observateur : « Oui. Ôte-toi de mon soleil ! » (Ce que je veux, c’est que tu t’en ailles, car tu me caches du soleil… YEAH !).
    Le cynisme à l’état pur est une vitamine de bonheur. Et Diogène, un Socrate devenu fou (selon Platon). Mais comme dit Liebniz le coincé, « les lendemains de fête sont rarement des parties de plaisir ». Dommage pour lui : il n’a connu ni les Rolling Stones ; ni les boîtes de nuit. C’est con.

    Look at Socrate : c’est celui qui réagit. Donc le philosophe à l’état pur, du tungstène métaphysique trempé.

    Car il réagit sans se soucier du reste. De tout le reste. Il réagit. A corps et âme perdus. Son arrogance philosophique nous dure, comme l’éclair d’Héraclite, répercuté par Char, via (ce gravos d’Heidegger), et Hölderlin. C’est bon. Ca fait un bien fou, le matin, d’y penser. Socrate ne s’inclinera jamais devant aucun pouvoir, fut-ce celui de la douleur ou encore celui de la mort (seule la ciguë aura raison de lui, mais parce qu’il aura consenti a l’absorber lui-même, en portant –seul- le poison à sa bouche). Ce mec préférait mendier que demander la faveur de vivre. Une telle fierté n’est que flamenca, de nos jours. Nietzsche l’avait perçu, qui parlait du bout des moustaches, de philosophes fiers comme des toreros (là, tu déçois, Frédo ! Non, sans déc.’!).

    Moi j’y vois la fierté de la parole donnée, la fierté de l’absence de mensonge : tu ne te respectes pas si tu ne dis pas la vérité –ta vérité, d’abord-, et si tu acceptes d’agir autrement que tu ne penses. Si tu feins de respecter le pouvoir que ta compétence n’a pas légitimé, t’es qu’un gros naze et oublie la glace, brise le miroir, ça t’évitera la honte (encore que… bref…).

    Socrate ce héros, dit (tant de belles choses pour agir sur notre quotidien, qu’il devrait être mis en flacon avec vaporisateur et distribué gratuitement à la sortie des bus, des trams, des métros, des trains, des avions, des vélos et des pigeons voyageurs !) : il dit = ne manque jamais à ta parole, un homme vrai ne se dément pas, il ne renie jamais ce qu’il a affirmé. Il n’a peur de rien, pas même de la mort (Brel : « un homme qui n’a pas peur n’est pas un homme »). Il est affranchi de toute lâcheté, rien ne l’effraie comme l’injustice, mais il consentira même à s’y plier, pour prouver que la mort n’est rien. Son sacrifice me dure davantage que l’autre sur sa croix (et les deux autres qui sont même pas sur la photo, pffft !), lequel ne m’émeut pas, parce que le Gore me fait gerber et que … « Il se venge sur nous depuis deux mille ans de n’être pas mort sur un canapé » (Cioran). C’est clair !

    La seule chose que je reproche à la pilule quotidienne nommée Socrate, c’est de ne pas contenir dans sa formule (j ‘ai vérifié sur le papier), un anti douleur fondamental, réputé apaiser les frustrations d'enfants gâtés que nous ommetous un jour ou l'autre : Nicolas Grimaldi, (dont je buvais les paroles lorsqu’il enseignait « Le désir et le temps » à la Fac de Lettres de Bordeaux, il y a quelque temps déjà), le résume ainsi, dans « Socrate, le sorcier » PUF : « Cette mélancolie qui vient de ce que tout nous est échec. Comme par une sorte de malédiction, notre désir n’est jamais satisfait. Jamais nous n’obtenons ce que nous attendions. Il nous suffit même de parvenir à ce que nous désirions pour qu’il ne soit plus désirable. La déception est notre lot. Cela est sans exception. Puissance, amour, plaisirs, tout tourne à dérision ». (Plus on possède plus on désire ; de sorte qu’on se trouve comme dépossédé de tout ce qu’on a par le désir de ce qu’on n’a pas). Traînons-nous comme une casserole la mélancolie de l’inaccompli ?

    Personnellement, j’aimerais en finir avec l’aporétique, l’aporie, soit ce qui est sans issue. Les sans issue me gavent ! Je ne me sens pas l’âme du poseur qui s’interroge (avec un plaisir douteux) sur « le sans-issue, l’absence de conclusion positive », mais plutôt celle d'un (modeste) passeur -d'émotions, pas d'idées … Merde ! Socrate, c’est gai ! Socrate, c’est de la vitamine S ! C’est de l’agrume concentré. Croque ! Bon, d’accord, il est chiant parce qu’il dit toujours : « Non ! » avant de commencer. (J’en connais un autre, IMMENSE, Julien Gracq –j’y reviendrai souvent-, qui commence chacune de ses phrases, ou chacune des réponses à mes questions, lorsque je lui rends visite à Saint-Florent, par : « NON… ». C’est d’un chiant ! Mais je m’y suis fait, à force et par admiration : « vous êtes un lecteur militant », m’a-t-il dit une fois).

    Socrate : le réfutateur te pousse à t’interroger d’emblée, sur ce que tu viens de dire. Prends ça ! Tiens, réfléchis, no repos ! Moi j’aime ça, la mouche du coche, l’empêcheur de tourner en rond, en carré, en bourrique. Enfin, bon…

    Je reviendrai sur Socrate (parce qu’on revient toujours à lui, t’y peux rien, man…). Saluti, je va me faire un café et mettre therollingstonesbiggerbang. Zicmu !

    (je pense tout à coup à michel onfray... vite, voir ce qu'il pense de socrate : je crois qu'il le déteste)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     




  • Socrate toujours

    Socrate toujours. Comment se passer d'air? De sang? D'électricité dans les veines du cerveau et de l'âme/corps? Sans Socrate, tu meurs! Laisse Platon, son exégète, son scribe. Prends Socrate, et re-sache que tu ne sais rien. Sache que tu sais NADA. Et va nu. Sois. Deviens (si tu veux) celui que tu es, ou pense être. Deviens sage : sois ouverture, rigueur, courage, endurance, engagement, humilité. Ne déçois plus jamais. Apprends à comprendre ton être de tout ton être. Moi, un jour, je me suis dit "ptain, ces hogan elles sont trop!", et j'ai croisé un mec sans pompes, avec du journal ficelé autour des pieds. Je me suis satisfait de mes pompes. (Être riche, c'est n'avoir rien à perdre). Même si ce que j'ai dit est mon maître, et ce que je n'ai pas encore dit est mon esclave, je me sens avant tout tissé de l'étoffe dont sont faits les rêves dont je ne me souviens pas.
    C'est pourquoi je regarde la lune la nuit, et pas son reflet dans l'étang ou la flaque. Je crois au réel, de moins en moins au moisi des mots consignés dans les livres.
    Même les plus beaux, les plus séduisants d'entre eux, je m'en méfie à présent. Je regarde la lune, donc. Et je rigole en voyant ce con, à côté de moi, qui ne regarde que mon doigt pointé vers elle. La vie c'est ça un peu, non?
    Socrate, again & again : "La seule chose que j'ai comprise est que je ne sais rien". Ptain! Arme-toi pour dépasser ça!

  • Deux avril(s)

    "La révolution se lèvera avec le soleil, camarade!", m'a soufflé (dans les bronches, un peu), mon ami Olivier.
    L'amitié se mesure à l'aune de ces coups d'aiguillon-là.
    Lève-toi, garçon! Regarde le soleil (derrière la pluie, sta mattino) en face, souris au jour que tu as la chance de voir se lever, imite en sifflant le chant des oiseaux qui commencent à s'apparier -les parades nuptiales vont commencer-, fais-toi un café pas trop fort, repasse-toi (fort) ce cd de reggae de folie que ta fille t'a gravé hier soir, et saute dans un jeans.
    Le hammam t'attend, Mano aussi. Transpirer va t'exonérer un chouia. Ne néglige pas cela.
    Bois de l'eau en pensant au désert. Aux vingt mille lieues sous la mer. Au ventre de C.
    Va! Elle est, forcément, au bout de ton chemin. Dans ta voiture, toute à l'heure, chante à tue-tête, et crie : Buongiorno Bella!..