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Cabane

Il y a quelque chose d’amniotique, de régressif, d’obscur à être dans une cabane. Surtout une cabane de chasse aux canards. Ce sont des adultes qui les construisent, sur l’eau, et qui s’y rendent, seuls ou à plusieurs, les nuits d’hiver. Espace clos, chaud, entouré d’eau et de froid, poste d’observation d’où l’on voit sans être vu (et d’où l’on glisse les canons des fusils hors des meurtrières...). J’en connais qui en ont fait leur résidence secondaire, leur refuge absolu. Ils y vont aussi pour se retrouver, seuls, pour observer seulement la nature.
J’aime passer une nuit (avec des jumelles et un bon casse-croûte), seul ou à deux, dans un tel endroit, encerclé de magie; pourvoyeur de sensations fortes : bruits étranges : un ragondin qui plonge, un héron qui s’envole, un cygne qui passe (j’adore entendre leur vol), des grenouilles qui tchatchent. Lueurs : phares lointains d’une voiture qui balaient les marécages, clignotement d’avion dans le ciel, étoiles filantes. Visions : on y devient nyctalope, comme un chat, en moins d’une heure. On voit clair dans le noir, et cela produit des hallucinations : un arbre sec devient un danseur dégingandé, telle motte de terre devient un loup. Parfums : la tisane froide des odeurs fortes d’un marais vaut celle des cèpes en sous-bois.
Y veiller jusqu’à l’aube, c'est composer un bouquet de bonheurs qui ne fânent pas.

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