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  • Velter et Pignon-Ernest

    IMG_20190221_192910_resized_20190221_074123089.jpgCes deux-là n'en finissent pas -pour notre bonheur- de produire ensemble. On se souvient de Zingaro, suite équestre, plus récemment de Ceux de la poésie vécue évoqué ici même, et voici Annoncer la couleurIMG_20190221_194025_resized_20190221_074122543.jpg (Actes Sud, 29€) le nouvel album à deux mains ou plutôt à deux peaux car, lorsque nous évoquons la poésie, qu'elle soit écrite ou dessinée, il s'agit de sensibilité pure, donc de ce qui fait agir, soit du premier livre de l'homme (la peau, selon Valéry). André Velter, poète, et Ernest Pignon-Ernest, artiste, unissent leur talent respectif pour nous donner régulièrement des albums précieux parcourus d'hybridations évolutives. Car, comme l'écrit d'emblée Velter, la main pense,IMG_20190221_193304_resized_20190221_074121175.jpg
    l'oeil écoute, les lèvres divaguent, les tempes s'évadent, l'imaginaire passe à l'acte
    . Et cela produit un dialogue complice en noir & blanc nourri de résonances, d'enchantements, d'incertitudes tracées, marquées, sûres de leur tâtonnement. Lignes. Signes de piste. Qui ne manquent ni de profondeur ni de légèreté, ni d'exactitude approchée ni d'humour largement déployé. Car, pour annoncer la couleur, rien ne vaut le noir et blanc, est-il précisé page 55. Puis, au détour d'une grande page surgissent des fulgurances (photos ci-dessous),

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    qui se passent de tout commentaire...

    IMG_20190221_194947_resized_20190221_075817125.jpgJe signale également René Char allié substantiel, d'André Velter - qui connut bien l'immense poète universel de l'Isle-sur-la-Sorgue (éd. Le Passeur, 16,90€) -, car il s'agit d'un échange épistolaire précieux pour l'auteur avec le maître, assorti de poèmes épars mais crus et denses, moelleux et corsés, et de photos certes redondantes, mais donnant à voir les regards, l'émotion peut-être, des mots que l'on devine, et que nous retrouvons dans les messages qu'André Velter retranscrit avec pudeur, en se gardant bien de voler la vedette dans cet échange jamais impudique. L.M.

    AlliancesJacob Obrecht, Missa fortuna desperata (oreilles, âme), et le Cairanne de Marcel Richaud (oeil, nez, bouche, esprit). 

     

  • Série

    Lorsqu'on est (naît) surfeur dans l'âme et le corps, ou pêcheur à la mouche, ou bien les deux, et à la fois guetteur d'ombre, observateur obstiné du silence et du regard qui touche davantage que les mots quand bien même on est habité par eux - et pour cause? -, nous n'aimons rien comme lire l'océan (et la rivière). Dès lors, nous ne pouvons nous empêcher de voir sur cette image une série de montagnes comme on le dit des vagues. Et l'immobile devient liquide, fluide comme le roc si l'on ferme les yeux comme il faut... L.M.

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    En prime, ce cliché d'un Hossegor que nous aurions aimé connaître, issu d'une époque où La Chambre d'Amour à Anglet n'avait pas cela, mais ne s'en portait que sauvagement mieux...

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  • Quatrains

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    Juste un aperçu en photos de la poésie simple et pure de François Cheng (évoqué régulièrement ici). Ce recueil (Poésie/Gallimard, 7,30€, en librairie aujourd'hui même), reprend Enfin le royaume paru en 2017 dans la collection Blanche de Gallimard, et qui fut un succès (inattendu pour un recueil de poèmes, en France) augmenté de soixante quatrains inédits. 224 pages de sérénité et de beauté. Cela tombe bien : le thème du 21ème Printemps de Poètes qui aura lieu du 9 au 25 mars prochains a La Beauté pour thème.

    Lisez Cheng, ça fait du bien, dirait une réclame pour aspirateurs ou pour une crème à raser. L.M.

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  • Mon coup de gueule dominical...

    ...à l'encontre des antisémites et autres racistes haineux, c'est à lire ici => 

    Finkielkraut agressé : https://bit.ly/2S8ow0P

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    Nous pouvons douter que la plupart des gilets jaunes (GJ) aient lu le salutaire entretien qu’Alain Finkielkraut venait de donner au Figaro daté de ce funeste samedi 16 février, et dans lequel le philosophe soulignait que l’arrogance avait changé de camp lorsque l’omniprésence des porte-paroles du mouvement sur les plateaux de télévision leur était montée à la tête, et que sa sympathie initiale pour les GJ avait pris une décharge de plomb dans l’aile. Hier après-midi, « Finki » dut résister aux cris de « sioniste de merde », « la France elle est à nous », « dégage », « tu vas mourir », « Dieu te reconnaîtra », de « Palestine » et de « nique ta mère », vociférés par certains GJ au profil a priori davantage soralien, dieudonniste, indigéniste, islamo-gauchiste, voire décolonialiste (la nouvelle mode) que de laissés pour compte à la périphérie profonde d’une France coupée en deux (*). Ce que l’académicien a subi confortera l’idée selon laquelle « le mot vivre-ensemble aurait été inventé pour masquer la disparition de la chose », déclarait-il au Figaro. En avril 2015, Alain Finkielkraut m’avait accordé une interview (**) pour L’Express (hors-série Juifs de France). Interrogé déjà sur ce vieux rêve, il répondit : « Il n’y a pas de vivre-ensemble en France. (...) J’aimerais y croire, mais le métissage est un mensonge. La réalité est celle de la séparation ». De glaçantes statistiques viennent corroborer l’impossibilité d’une équation. Hausse fulgurante (74% en 2018) des actes antisémites sur le sol français (souvenons-nous du proverbe yiddish « heureux comme Dieu en France »). La « banalité du mal », concept cher à Hannah Arendt, trouve ses nouveaux ressorts dans la crise profonde de l’autorité qui étreint un pays devenu pleutre après avoir lâché prise. Le professeur, le policier, le député ne sont plus craints ou respectés, mais lynchés verbalement sur les réseaux (des cas) sociaux, en classe, et si possible physiquement dans la rue le samedi. Ne pas sanctionner de façon exemplaire les quenelles devant le Sacré-Cœur, le portrait de Simone Veil souillé d’une croix gammée... laisse toute latitude à des caricatures de barbares ignares pour vomir leur haine en apercevant l’auteur de « La défaite de la pensée » rue Campagne-Première. Que faire, lorsque la peur est au ventre ? – « Fuir ! là-bas fuir ! » (Mallarmé). Rester, puisque « exister c’est résister » (Ellul), accomplir son « alya intérieure » (Édouard Philippe), la montée vers Israël se soldant souvent par un « alya-retour » ? La communauté juive a de tangibles raisons d’éprouver l’accablement de l’impasse, ce matin. Cette haine « bien de chez nous », lors que la droite maurrassienne semble moribonde, que le Rassemblement national tente de contenir les débordements de sa rancœur historique, et que l’antisémitisme ambiant semblait être devenu l’apanage exclusif des islamistes ainsi que des antiracistes idéologiques de tout poil, voici que le spectre resurgit dans la bouche de certains GJ face auxquels nous avons du mal à nous dire, cette fois : pardonnons-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils disent. Pas plus que nous ne pouvons avoir d’égard pour certains de leurs acolytes pratiquant le degré zéro de la politique pour les nuls sur les chaînes d’info en continu, proférant que la France est une dictature (si c’en était une, ils ne pourraient même pas le murmurer). Face à cela, « le parti du déni » dont les rangs enflent semble associé à celui du silence dont l’écho terrifie : quel GJ représentatif s’est-il empressé de condamner les insoutenables propos essuyés avec dignité par Alain Finkielkraut hier ? Un tsunami de tweets outrés sortis des smartphones immédiatement dégainés de l’Élysée, d’anciens ministres, de penseurs, de stars du show-biz, de vous et moi ne doit plus suffire à contenter notre fausse bonne conscience. L’onguent numérique, cette bougie Ikéa de la compassion low cost, ne signifie aucun passage à l’acte, n’indique aucun signal ferme et fort. Léon Mazzella

     (*) Ajoutons de mouvance salafiste, à regarder de près certain personnage principal parmi les insultants sur la vidéo des faits. Enquête policière en cours. 

    (**) Entretien avec Alain Finkielkraut paru dans L'Express

  • Un havane n'est pas coutume

    Capture d’écran 2019-02-16 à 09.09.08.pngLe décapiter et retrouver aussitôt le fruité fort, le Sauvage, ce sous-bois des sensations comme on le dit d’un scent de bécasse sous le flair d’un setter bien créancé et statufié tout à trac. Un côté fumier aussi, mais point entêtant ni désagréable : on ne hâte pas le pas, on le ralentirait plutôt afin d’en savourer les flaveurs mâles et primitives, et de fourrure aussi mais qui possède un certain vécu, un usé rassis pelé patiné soyeux. Montecristo Open Master. Robusto robuste. Sa dégustation à cru. La meilleure. Les narines absorbantes collées contre sa tête qui exhale, enfin libérée, tant de cèpe d'octobre, de mûre de septembre écrasée par inadvertance, de primevère de décembre foulée sous la botte et dont la semelle se souviendra tout le jour, de blouson de cuir pour la moto, de cheval en sueur, de chien dans la voiture, de sauvagine, de draps dans la cabane au bout d’une semaine de bivouac. Que voulez-vous, les habanos sont ainsi lorsqu’ils sont bien... nez. Minute, je l’allume. La suite appartient aux murmures, aux yeux fermés, aux pensées, au baroque - Jordi Savall et ses fougueuses Follias de España, à une aube ici - dans les barthes de l'Adour sans doute, un crépuscule là - à La Barbade peut-être, aux sensations furtives un peu partout, un éclair dû à un subtil trait d'esprit lancé par un ami comme une ligne pour le bar, disséminées par notre oublieuse mémoire tout à coup rassemblée, au rapport comme pour prendre son quart. Passerelle. L.M.

    Capture d’écran 2019-02-16 à 19.05.28.pngAlliances : Rhum Mount Gay XO pour boire, Le fusil de chasse, de Yasushi Inoué pour lire (à voix haute, façon gueuloir de Flaubert). Le reste pour voir. Plus clair, à n'en pas douter, sur la carte brouillée de nos sentiments dans la salle dédiée. Compas. Sextant. Étoile Polaire. E la nave va.

  • La page de Rita

    Capture d’écran 2019-02-15 à 12.42.31.pngJe pensais l'avoir signalé ici, mais non. J'eus la surprise au coeur de l'été dernier de découvrir un papier élogieux et délicieusement tardif sur l'un de mes livres paru fin 2001 et qui, finaliste du Prix Goncourt de la Nouvelle, manqua cette distinction d'un cheveu. Le voici - il est signé Rita, blogueuse littéraire - et si cela vous incite, hâtez-vous, car le bouquin est en voie d'épuisement chez l'éditeur, lequel n'envisage pas de le réimprimer ou de le reprendre en format de poche dans La Petite Vermillon =>  Les Bonheurs de l'aube