Mare Nostrum / Hesperion XXI
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Citrons archi bios rapportés cette semaine du Giardino di Elsa (Morante) Procida, afin d'élaborer le traditionnel limoncello.
Au courrier, ce matin, une BD pédagogique sur les châteaux de la Loire signée Bamboo éditions, la très respectable revue Le Rouge & le Blanc, consacrée aux vins vivants. Et quelques livres de poche, dont ce folio infiniment salutaire, car il va permettre à encore plus de lecteurs de découvrir la lumineuse correspondance entretenue de 1946 à 1959, par de deux amis à la Montaigne et La Boétie : René Char et Albert Camus. Soit deux géants de la poésie et de la prose. Deux figures emblématiques de la Résistance : Camus avec les années Combat, Char avec Les Feuillets d'Hypnos, lorsqu'il s'appelait capitaine Alexandre. Ce livre, qui rassemble plus de 200 lettres (dont 8 inédites), est devenu un classique de la littérature épistolaire de haut-vol.
Il s'agit de la conversation bienveillante, précieuse, de deux immenses plumes qui portent un regard sur l'homme, sur un siècle qui expose sa monstruosité, sur leur oeuvre en cours, la poésie simple du matin, les lectures, les amours sûres... Cet échange entre deux authentiques compagnons exprime aussi l'appui sur l'ami, quand il sait et comprend, et qu'il marche lui-même, du même pas (Camus à Char). C'est à lire piano, piano. C'est un recueil de pépites à déguster comme un grand bas armagnac. Mieux : un mouchoir dont on dénoue les quatre oreilles avant de plonger une main avide et gourmande dans un grouillement de binagates enfouies (billes d'agathe, en pataouète pied-noir)... Où l'on découvre que Char ne cessa jamais d'être poète, où l'amitié, leur rivière souterraine, se construit lettre après lettre et mûrit comme le miel durcit, où Camus s'expose comme il fut : d'une désarmante sincérité et d'une émouvante générosité d'âme. Un livre essentiel, en marge de nos relectures régulières, soit du commerce comme disait Montaigne, avec l'oeuvre de ces deux grands bonhommes qui vécurent aussi (peu de temps), en voisins dans le Luberon, jusqu'à ce qu'un matin, Camus quitte Lourmarin et prenne la route à bord d'une funeste Facel-Véga FV3B ... L.M.
Lire aussi cette note publiée ici même le 29 novembre 2009 à propos de : La postérité du soleil
Dimanche dernier au Mans, je signais les trois dicos que j'ai commis, puisque ce salon, Dico-Plaisir, est dédié aux dictionnaires en tout genre. J'ai surtout signé des Parler pied-noir à des nostalgériques (il en reste, et puis il y a désormais ceux qui ont envie de lire et donc de réentendre les mots de leurs parents disparus, avec l'accent que j'y ai mis, volontairement, phonétiquement), pas mal de Dictionnaire chic du vin, aussi, mais parce que j'y cause de Jasnières, et des coteaux du Loir!... Mais aucun Sud-Ouest vu par ma pomme. Les rillettes ne frayent guère avec le foie gras.
la tempête da tempeste
La seconde édition du salon des amateurs et des auteurs de dictionnaires se tient demain au Mans.
J'y signerai Le parler pied-noir (Payot), le Dictionnaire chic du vin (Ecriture) et Le Sud-Ouest vu par Léon Mazzella (Hugo & Cie).
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https://www.dicoplaisir.fr/auteurs
Voici le poème dont Jean-Louis Trintignant a lu un extrait (les derniers vers, en prenant la liberté de les prolonger un peu..) hier soir à la salle Pleyel - voir la note précédente, plus bas donc. Il s'intitule La marche à l'amour, et nous le devons au poète québécois Gaston Miron (1928-1996). Extrait du livre L'homme rapaillé © Poésie/Gallimard :
J'ai écouté la voix de Jean-Louis Trintignant ce mardi soir, à la salle Pleyel (Paris). Il a lu de nombreux poèmes de Desnos, de Prévert, de Vian... Le plus émouvant, de loin, car il invoquait le souvenir de Marie sa fille, est de Gaston Miron, et ce sont les derniers vers du long poème intitulé La marche à l'amour, extrait du recueil L'homme rapaillé). J'ajoute que, sans les violoncelles, la contrebasse et l'accordéon (Daniel Mille) superbement mis au service de la musique d'Astor Piazzolla, ce spectacle formidable n'aurait rien donné ; ou si peu. Voici le poème majeur - arrangé, allongé par Trintignant :
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je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
je t’attends…
J'ai récemment participé à une opération voisine, organisée par la même agence de comm° lyonnaise spécialisée dans le vin (mais pas que) Clair de Lune, et cela s'appelait Un sommelier dans mon canap'. Je fus ainsi, avec d'autres (cavistes, sommeliers, journalistes vins), le sommelier de quelques soirs en m'invitant chez des gens, et l'expérience fut formidable.
Là, ce sont des cavistes (parisiens), des vrais, et des bons, qui reçoivent dans leur boutique, et qui animent (du 27 mars au 24 avril) des ateliers Premier flirt (débutants) ou A la folie (initiés) au sujet de la grande palette des vins en AOC Languedoc de la grande région Occitanie. Tous les détails sont dans le lien ci-après. Parmi les cavistes participant à l'opération, je ne saurais trop recommander ma chouchou Elodie Cadiou, Et si Bacchus était une femme (rue Monge dans le 5è).
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