Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Un'anno già


    Si la mort est une prairie émue par le silence ou un jardin peuplé de fées, la vie depuis, chemine avec ce-je-ne-sais-quoi qui la fait parfois claudiquer. Un manque certain évolue cependant dans la joie et le partage du souvenir. Et si ce bonheur-là possède un regard, c'est celui qu'il avait en partant : clair, digne; admirable...

    Journal Sud-Ouest de ce jour, page carnet (auquel j'ai communiqué cette annonce...).

     

  • Retour sur l'ours

    D’un côté, nous avons des écologistes purs et durs qui prônent une réintroduction massive, au mépris des usagers de la nature, comme les bergers qui se voient croquer pas mal de brebis, ou les simples promeneurs. Leur vision angélique et muséifiée de l’ours, icône intouchable sous aucun prétexte, fut-ce la survie d’une activité rurale en voie d’extinction, est celle d’un nounours emblématique. Leur thèse frôle la zoolâtrie, elle s’arc-boute sur une protection intégrale et sans concession. Ce discours, aux relents intégristes, fait peu cas d’une culture moribonde. Il la méprise, au nom d’une vision strictement esthétique d’une nature idéalisée, rousseauiste.  De l’autre, il y a les opposants de tous poils, qui entretiennent une peur ancestrale infondée : la cohabitation des hommes avec des centaines d’ours se passe  tranquillement dans d’autres pays Européens. Il y a aussi des scientifiques qui se frottent les mains à l’idée de pouvoir faire joujou avec les émetteurs dont on équiperait de nouveaux ours Slovènes ou autres : de réintroduction, nous assisterions à un désensauvagement grotesque du dernier grand fauve européen (et plus pyrénéen, au passage). Il y a encore des élus prédateurs. Et des entrepreneurs qui songent à tirer profit de la marque : les parcs d’attractions ne sont pas loin dans leur tête. Et il y a des chasseurs coléreux. Et assez peu de valléens qui perçoivent l’ours comme un fléau, au même titre que la grêle sur un vignoble une veille de vendange. Au milieu, il y a  la montagne, encore capable d’accueillir beaucoup d’animaux. Mais il est à craindre que les théoriciens d’une nature vierge et pure, où l’homme n’a plus droit de cité, n’aiment guère celui-ci pour lui contester en cas de danger, un droit de préemption sur leur vache sacrée. Ils n’aiment pas l’ours non plus, car refuser les frictions de terrain causées par sa réintroduction, c’est lui contester un droit de coexistence. Or, la réintroduction de l’ours passera forcément par la gestion d’une nature dénaturée.  C’est à la télé seulement, au zoo parfois, que l’écolo ultra appréhende les ours, et peu lui importe à la fin qu’ils bouffent du mouton ou du chevreuil, ou même qu’ils crèvent de n’avoir plus rien à se mettre sous les crocs, si d’aventure ils prospéraient trop. L.M.

  • Procida fait son cinoche

    513c5fff840e26f8ff3a84dad1d79a86.jpge80917066e671ff09fa1ae34427839c2.jpg

    1c33d636f8ce80f97ab51233b5af96b5.jpeg 0a795fcb264e4e0f8cd7645fbaa95003.jpg450df5594db2ef5d7ea2e634fd8396c1.jpg

    3c8903e16af08e79083e39179bc070e8.jpgFILMS TOURNÉS A PROCIDA : L'Île d'Arturo, d'après le splendide roman d'Elsa Morante (folio), Plein soleil et son remake, Le talentueux M.Ripley, le très présent (sur l'île, depuis le tournage) Il Postino, bien sûr et, à la marge (il s'agit de pêcheurs napolitains, pas procidiens), Tornando a casa. J'ajoute Respiro qui, bien que tourné à Lampedusa (l'île!) est très procidien d'esprit. Au point que d'aucuns ont comparé mon roman Flamenca (dont l'action se déroule en grande partie à Procida et aussi en Andalousie, en Algérie et sur la Côte basque) à ce film. A quand une édition en Italien de ce foutu bouquin et son adaptation au cinoche par un rital de grand talent avec, dans le rôle d'Orabuena, une Monica Bellucci, une Pénélope Cruz, une Ines Sastre ou une Laetitia Casta!..

  • Nouvel avis de recherche

    6b8ac5cb36345fc79c58ba95f8bd2839.jpgLes Procidiens d'Oran    

    Essai de Jean-Pierre Badia

    (éditeur inconnu)

    L'histoire de l'immigration des habitants de Procida vers Oran et Mers-el-Kébir, au travers d'anecdotes et de faits historiques.

    Cet ouvrage, paru en 1956, n'est plus disponible.

    Si vous en (s)avez un quelque part, je prends! LM

  • Armagnac Noir

    Dans lédition gersoise de Sud-Ouest de ce matin, lien : http://www.sudouest.com/221107/reg_gers.asp, ce papier fondamental :

    ARMAGNAC. --Demain, à Eauze, 115 échantillons d'armagnac seront dégustés à l'occasion du 56e concours des grandes eaux-de-vie. Avec un prix spécial pour le meilleur, toutes catégories confondues

    À qui la palme d'or de la meilleure eau-de-vie ?



     
    Demain vendredi, à partir de 9 heures dans la salle polyvalente d'Eauze, 115 armagnacs seront au départ du 56e concours des grandes eaux-de-vie d'armagnac. Rendez-vous attendu par les producteurs et négociants du terroir, en quête de distinctions synonymes de coup de pouce à la commercialisation.
    Onze jurys, composés de techniciens, ?nologues, producteurs et négociants sont invités à déguster les échantillons en six catégories différentes : blanche, VSOP, hors d'âge de 10 à 15 ans, hors d'âge de 16 ans et plus, millésimes de 1977 à 1986 et de 1987 à 1996. À l'issue de cette dégustation, les médailles d'or de chaque catégorie (pour les 10 ans et plus) seront regroupées pour une dégustation finale qui permettra de décerner le prix spécial Armagnac et encre noire.
    Ce grand prix, décerné tous les deux ans, a été créé en 2001 et récompense le plus bel armagnac, toutes catégories confondues. Le jury est composé d'auteurs de littérature « noire ». Il sera présidé cette année par Philippe Cougrand qui vient de recevoir le prix littéraire d'Aquitaine 2007. Sept autres personnes composeront ce jury, notamment les auteurs Mouloud Akkouche, Frédéric Malenfer et Annelise Roux.
    Après le rendez-vous national organisé tous les ans dans le cadre du Salon de l'agriculture, le concours élusate reste un moment important pour les producteurs armagnacais. Il est l'occasion, évidemment, de mettre en évidence le travail des vignerons et ?nologues gascons et offre très souvent une notoriété toujours appréciée sur une carte de visite. De nouvelles lignes s'écriront demain.

     

  • Citati sur Tomasi

    Note du grand écrivain, critique, biographe Pietro Citati sur l’auteur du Guépard, trouvée sur le site formidable de www.litalieaparis.net

    Giuseppe Tomasi di Lampedusa

    Giuseppe Tomasi, duc de Palma de Montechiaro, prince de Lampedusa, est un écrivain sicilien né le 23 décembre 1896 à Palerme en Sicile et mort le 23 juillet 1957 à Rome. Il est le fils de Giulio Maria Tomasi et de Beatrice Mastrogiovanni Tasca di Cutò.

    Enfant, Giuseppe Tomasi di Lampedusa vécut dans une sorte de Paradis terrestre : personne ne refusait rien au roi de la maison ; et, pendant toute sa vie, il chercha involontairement et de toutes ses forces à régresser vers cet état bienheureux où n'existaient ni le travail ni la responsabilité adulte. Il a vite été un enfant solitaire et taciturne, qui vivait plus volontiers parmi les choses qu'avec les êtres humains, et se perdait dans les salles des immenses demeures familiales. Cette expérience de la solitude - tantôt angoissée, tantôt heureuse - ne le quitta jamais. Mais sa solitude ne fut pas entière : car sur tous les êtres, toutes les choses planait l'ombre de sa mère, qui l'empêcha de grandir, de mener sa propre vie, et le traita jusqu'à sa mort comme un petit garçon - ou plutôt une petite fille très aimée.

    Puis vinrent les années des voyages et des grandes lectures. Il se rendit en France, en Angleterre, en Allemagne et dans les pays baltes. Il avait un cousin, Lucio Piccolo, excellent poète, auteur des Chants baroques : entre 1925 et 1930, Lampedusa écrivit, de Paris et de Londres, de nombreuses lettres à Piccolo et à ses frères, aujourd'hui publiées au Seuil. Lucio Piccolo racontait que, dès qu'il quittait l'Italie, Lampedusa semblait un autre. Il n'était plus le prince sicilien fin de race, gras, timide, fils trop aimé de sa mère, mais un jeune homme vif, qui attrapait au vol les autobus de Londres, son pardessus flottant autour de lui.

    Il aimait en Angleterre la discrétion, l'excentricité, le commerce avec les esprits de l'air, la folie - et en France, la richesse des sensations, la lucidité, le suprême courage intellectuel. Il commença à lire passionnément des livres d'histoire et de littérature, anglaise et française surtout ; et sa Littérature anglaise, ses essais de littérature française, révèlent dans quels labyrinthes, souvent inconnus des spécialistes, il s'aventura, et quelle multitude de textes, y compris mineurs et minimes, il avait en mémoire. Il lisait par plaisir, par curiosité et divertissement ; avec une grande candeur, cherchant dans les livres cette richesse d'expériences et d'aventures que la vie ne lui avait pas donnée.

    Si nous feuilletons les lettres de ces années-là, nous avons l'impression que Giuseppe Tomasi de Lampedusa n'existait pas : peut-être était-il lui aussi l'un de ces spectres mélancoliques que ses Anglais aimaient tant. La vie, pour lui, était un vide ; ou, comme il le disait, citant Shakespeare, "une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et dénuée de sens" ; et lui, plongé dans ce bruit et cette fureur, n'avait pas la force de vivre.

    Il rencontra Alexandra Wolff Stomersee : nous conservons quelques lettres qu'il lui adressa au printemps 1932 ; il n'y a jamais une seule ligne, dans ces lettres, qui suscite l'écho d'un sentiment. Les termes n'en sont qu'une pâle imitation des termes que Tomasi imaginait que l'on devait trouver dans une correspondance amoureuse. Au cours de l'été de la même année, il épousa Alexandra : peut-être craignait-il sa femme comme il avait craint, et craignait toujours, sa mère.

    Quand cette même mère imposa aux deux jeunes gens de vivre avec elle, Lampedusa laissa sa femme retourner dans le magnifique château balte de Stomersee, où elle s'occupait de psychanalyse, et demeura dans le moelleux giron palermitain. Ainsi, treize années durant, son mariage fut fait de très longues absences et de visites l'été à Stomersee, pour Noël à Rome et à Palerme. Après quelques années, il affirma que son amour "augmentait avec la distance et s'affirmait avec l'absence". Il aurait pu construire de sa plume un amour fait d'absence et d'imagination amoureuse, comme celui qui, vingt ans auparavant, avait uni et séparé Kafka et Félice.

    Mais ses lettres parlent uniquement de chiens, de repas, de locataires, de la chaleur et du froid. Rien, jamais, n'est rêverie ou obsession amoureuse - même si ce singulier mariage donna naissance avec le temps, sinon à un amour, du moins à une profonde complicité psychologique entre lui et sa femme.

    Il commença à vivre en tant que personne quand il vendit la maison de Santa Margherita Belice et que, en avril 1943, les bombardements détruisirent le Palazzo Lampedusa à Palerme : les deux demeures de son coeur et de son imagination. La blessure fut terrible : après la destruction, il ne parla pas pendant trois jours ; mais ce désastre libéra en lui les sentiments qui étaient restés objectivés dans les choses.

    Dès lors, il commença à exister dans les souvenirs. Comme il aimait son enfance, où il n'avait pas encore été chassé du Paradis : les voix, les bruits, les ombres, les lumières, tantôt filtrées par les rideaux de soie, tantôt exaltées par les dorures, ou peuplées de myriades de grains de poussière ! Il n'avait pas pu prolonger l'enfance autour de lui : il n'avait pas pu continuer à dormir dans la chambre où il était né ; et si la lumière du souvenir l'agressait, il était bouleversé par sa violente beauté.

    Il parcourait par l'imagination l'immense demeure de Santa Margherita Belice, avec ses trois cents pièces, ses trois cours, ses quatre terrasses, son jardin, ses escaliers grandioses, son théâtre et son église, ses vestibules et ses couloirs : il les avait traversés, enfant, comme une forêt enchantée ; et il en revisitait maintenant les lieux et les objets. Il n'avait pas besoin de les envelopper de sentiment : il suffisait de les nommer ; car l'âme demeurait tapie dans tous les objets conservés par sa mémoire.

    Grâce aux souvenirs de Francesco Orlando et de Gioacchino Lanza, nous disposons d'un portrait vivant du vieux Lampedusa. Il n'était d'ailleurs pas si vieux. Quand ces amis le connurent, il avait 56 ans ; mais il était précocement rongé et appesanti par la vie qu'il n'avait pas vécue. Il habitait désormais au 28, via Butera, parmi les sédiments et les reliques du passé ; avec sa femme, enfin.

    Il sortait de chez lui tôt le matin, comme s'il voulait se libérer de toute claustration. Gros, gras, pâle, pareil à un général au repos ou à un énorme félin, il traversait le centre de Palerme, avec un sac chargé de livres. Il emportait toujours avec lui un volume de Shakespeare et des Papiers posthumes du Pickwick Club. Il dépensait dans les livres beaucoup de ses maigres ressources, et mentait à sa femme en prétendant avoir acheté ces ouvrages d'occasion. Il cultivait la discrétion, l'ironie et les bonnes manières. Il était heureux quand sa femme lui disait : "Je t'aime comme Stomersee."

    Si nous devions le décrire, nous pourrions évoquer l'une de ses pages sur Montaigne et Shakespeare : "Nous trouvons chez tous deux la même a-religiosité mêlée à la même émotion devant les sensations religieuses des autres, la même compassion universelle non dépourvue d'une légère teinte de mépris, le même acharnement à démonter le mécanisme de la psyché humaine, le même scepticisme serein, qui accueille toutes les opinions avec un "si" ironiquement condescendant."

    Par moments, on eût dit un moraliste français du Grand Siècle ; ou un romantique désenchanté ; ou un adorateur des passions frénétiques et révolutionnaires ; ou un grand historien dilettante. Très vite, ses jeunes amis comprirent que, derrière son visage souriant, le vieux prince cachait des angoisses intenses. En 1957, il écrivit dans son journal : "A la maison dans la soirée, nette sensation d'être à bout de forces. Cela passera cette fois encore peut-être. Mais un jour ou l'autre, cela ne passera plus."

    Courtisait-il la mort, comme le dit Tancrède à Fabrizio Salina dans Le Guépard ? Ou la mort était-elle pour lui une expérience qui lui avait "percé la moelle des os" : un deuil qui grandissait chaque jour dans son corps, et qu'il ne parvenait pas à tenir à distance ?

    Pietro Citati
    (Traduit de l'italien par Brigitte Pérol)

  • Traduire, suite

    Il en va des traducteurs comme des chefs cuisiniers. Je prends mon tartare ici et mon axoa là, mes desserts chez Untel et mon gibier uniquement chez Elle. Sans parler de mes étrangers (Italien, Thaï, Libanais, Chinois, Espagnol) préférés.

    Aussi, je déguste le Quichotte chez Schulman, comme mon Montaigne chez Pinganaud (*) : exclusivement!

    J’aime que Bélamich me serve mon Lorca et j’apprécie particulièrement le Lawrence des Guillaume.

    Quant à la maison Jaccottet, j’y choisis le grand menu ! Hölderlin, Rilke et Ungaretti pour finir.

    Je prends toujours mon Kafka chez Vialatte et je me délecte donc désormais du Zarathoustra de Renouard.

    Et vous ?..

    ----
    (*) Il s’agit d’une modernisation si révolutionnaire d’un texte en ancien Français, qu’on a envie de parler de traduction. Il me semble en effet impossible pour un étudiant (par exemple) d’entrer avec plaisir, parce que avec aisance dans les Essais, dans une toute autre "traduction" que celle que nous offre les éditions Arléa.

    Et s'agissant de cet immense, indépassable texte fondateur, il ne s'agit pas de se tromper, voire de se dire, une fois le livre refermé prématurément : c'est mal préparé, ça n'a pas de goût. On en fait tout un plat et finalement, c'est de la daube! Ou bien : la cuisson est excessive, ou encore : c'est chantourné, on dirait un ersatz d'ex-nouvelle cuisine reloaded par les petits cons prétentieux du Fooding®... Et toque! (au passage...).

  • locus, le lieu

    " Si l’on s’en réfère à Michel Serres, le logement c’est le « locus »,
    Le lieu. Et le lieu a plusieurs significations étymologiques.

        * la première, c’est le sexe féminin, la matrice, l’endroit où tout commence, l’endroit de la naissance.
        * la seconde est le sanctuaire, le cimetière. Est-ce un simple concours de circonstance si aujourd’hui au Caire, de nombreux sans abri ont investi le cimetière pour en faire leur logis ?
        * la troisième, c’est la chambre ou, plus exactement, le lit. L’auge, le nid, la tanière… n’importe quel animal à son lit, son endroit où il peut se réfugier, où il peut se ressourcer, ou il peut se soigner.
        * celui qui n’a pas de lit est interdit de rêve, le lit c’est la vie !
        * par conséquent le droit au logement au sens propre du terme est un droit fondamental. Le refuser à certains est alors un acte plus vicieux que la peine de mort. il est essentiel qu’une société dite civilisée légifère de toute urgence là-dessus. Ne pas le faire exprime que le monde dans lequel nous sommes n’est pas encore sorti de la barbarie. "

    Morceau choisi sur le site d'un cabinet d'architectes Marseillais de grand talent : www.corso70.com Allez-y voir pour le plaisir de découvrir une architecture animale, instinctive, maternelle et qui surgit de la terre en mêlant les éléments, parce que passer de la Nature à la Culture, pour un architecte, est toujours un déchirement comme on dit; un enfantement douloureux.

    La clé d’ARM (c'est le nom de ce cabinet d'archi.) se trouve dans le propos de Paul Virilio, in Collèges Renoir et Rostand -l'une de leurs réalisations :


    « C’est de l’architecture archaïque, c’est-à-dire quelque chose de naissant. Qu’est-ce que le primitivisme ? C’est ce qui naît. Les douleurs de l’accouchement, ce n’est pas poli, lavé avec une brosse à reluire, c’est vivant !.."

  • La face cachée...

    ... d'un blog, ce sont les commentaires qui sont déposés par vous, dear bloggers. Témoins ceux de Benoît et TiBo sur la dernière note (Il Gattopardo) : l'iceberg est à l'endroit. Les commentaires dépassent largement le texte qui les a initiés. Ceci pour vous dire, et pour vous inciter, surtout, à écrire, à réagir, à commenter, à dire, haut et fort, ce que, vous tous qui passez par là, ressentez et pensez. Merci de votre participation. LM

  • Il Gattopardo


    « Nunc et in hora mortis nostrae. Amen. »
    La récitation quotidienne du Rosaire était finie. Pendant une demi-heure la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères Douloureux ; pendant une demi-heure d’autres voix, entremêlées, avaient tissé un bruissement ondoyant d’où s’étaient détachées les fleurs d’or de mots inaccoutumés : amour, virginité, mort ; et pendant que durait ce bruissement le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; même les perroquets qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie de la tenture avaient paru intimidés ; même la Marie Madeleine, entre les deux fenêtres, ressemblait davantage à une pénitente qu’à une belle grande blonde, perdue dans on ne sait quels rêves, comme on la voyait toujours.

    « Nunc et in hora mortis nostrae. Amen » Le rosaire quotidien s’achevait. Pendant une demi-heure, la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères glorieux et douloureux, pendant une demi-heure, d’autres voix mêlées avaient tissé un bruissement ondoyant où s’épanouissaient les fleurs d’or de mots insolites : amour, virginité, mort. Le salon rococo semblait avoir changé d’aspect ; les perroquets eux-mêmes, qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie des tentures, paraissaient intimidés ; quant à Madeleine, entre les deux fenêtres, elle prenait des airs de pénitente ; ce n’était plus la belle blonde opulente qu’on voyait d’habitude, perdue dans Dieu sait quelles rêveries.

     

    Voici le début du Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Deux traductions. Je ne les ai pas signées ci-dessus, volontairement. Afin de jouer un peu. Il y a celle en vigueur depuis 1959 de Fanette Pézard et celle de mai 2007 de Jean-Paul Manganaro, qui a donc chassé la première. Les deux au Seuil. Je vous mets au défi de les identifier et de m'écrire, surtout, ce qu'apporte réellement la nouvelle. En n'importe quel point, d'ailleurs. Il n'y a pas que la "modernité", il y a la langue, l'esprit, la littérature, le ressenti, tout quoi.

    Car lorsqu'il s'agit de la nouvelle traduction de La Ferme africaine de Karen Blixen (Gallimard, déjà en folio), de celle de tout Conrad (*) par Odette Lamolle chez Autrement, je m'incline. Lorsque Jacques Tournier "donne" un nouveau Fitzgerald essentiel (Gatsby, Tender...) à Belfond, je m'interroge sur le ramdam autour d'une trad. qualifiée de révolutionnaire. Idem pour Dostoïevsky chez Actes Sud. Quant à celle de Juan Rulfo (Pedro Paramo, le Llano en flammes) chez Gallimard, désolé, mais je préfère le Llano paru chez Maurice Nadeau, plus opulent, plus sud-américain. (Je n'ai lu aucun Ulysse, de Joyce, ni l'ancien, ni le nouveau -présenté lui aussi comme un "nouveau" texte...).

    Traduire est un acte capital. Et je ne parle même pas de ceux qui disent que tel livre est très bien traduit. La plupart du temps, ces snobs n'ont pas jeté un oeil sur le texte original. Mais force est de constater, en revanche, que tout l'oeuvre de Miguel Torga, traduite par Claire Cayron et elle seule (chez José Corti surtout), est un ravissement... dû à Torga avant tout. Mais pourquoi alors parler de sa traductrice?.. Je m'interroge. Et je ne parle malheureusement pas un mot de Portugais.

    Voilà. A vos claviers. J'attends votre avis sur la nécessité de retraduire Le Guépard (à partir de ces premières lignes seulement, je m'en excuse, mais je ne me sentais pas de saisir davantage de texte ce matin. Et ne trichez pas, c'est pas jeu!) ou tel autre grand roman, si l'on n'est pas éditeur en mal de communication.

    ---

    (*) Un mot sur le petit livre délicieux et précieux de Jospeh Conrad qui paraît aux EquateursDu goût des voyages, suivi de Carnets du Congo. Traduits et commentés par Claudine Lesage, ces courts textes nous éclairent sur le maître-livre de Conrad, pour la plupart d'entre nous : Au coeur des ténèbres. 

  • Avis de recherche (de taf)

    J'ai créé au cours de l'été dernier imazz communication, structure légère capable de fournir clés en mains (prêts à imprimer) hors-série, numéros spéciaux, livres, à un groupe de presse, un éditeur (toutes thématiques).
    Première réalisation : le hors-série rugby de VSD, vrai succès en kiosque.
    4d8ac712b71a6a079de263418ae32c14.jpg

    A bon entendeur...

    ou : faites passer!

    i.mazz@yahoo.fr 

  • Le limoncello des concernés

    Nous avions acheté, en novembre de l'année dernière, un beau citronnier, qui portait seize citrons dodus. Il trônait dans une belle jarre en terre cuite, à l'entrée de la maison de Bayonne. "Un jour, je ferai du limoncello avec ces citrons et ce sera la liqueur des concernés", avais-je déclaré en désignant par ce mot la poignée d'êtres, le commando qui a accompagné mon père jusqu'à la fin... Je l'ai faite, cette liqueur précieuse, à la Toussaint. 7 mois de macération. 2 litres pile. Les premiers concernés l'ont goûtée. Mes enfants aussi, hier soir (après un boeuf bourguignon assez réussi : 5 heures de cuisson à feu très très doux). Le poids de la peine devint l'aile du papillon que porte la fourmi. Nous tutoyions la magnanimité -une concernée.

     

  • Il regardait la mer

    Qui se souvient de Il regardait la mer, de Bernard Clesca, paru chez Régine Deforges en 1986 ? Un bijou de 80 pages (remarquez une chose : lorsque la littérature devient capitale, elle excède rarement les 80 pages. C’est un Cap). J’en écrivais ce qui suit dans Sud-Ouest Dimanche, le 25 mai 86 (papier retrouvé plié en marque-page du Clesca, avec la copie d’une pub parue dans Le Monde, qui reprenait un extrait de mon papier, façon « Un écrivain est né!», Adrien Machprot, EscarteFigue-Mag.)...

    Titre : Comme un détail sur une porcelaine.
    Chapô : Cinq (*) petits livres intimes où le parti pris du détail sur la fresque.
    Bernard Clesca vous cloue de plaisir avec « Il regardait la mer ». Son troisième livre. Un texte pur et sensible comme une antenne d’escargot. Clesca écrit au creux de la vague, avec des mots forts qui restent, comme le sel signe sa trace sur une épaule… Un frère meurt, la neige s’accorde à l’absence. Reste la mer. Une île. Le regard. L’aube, seule capable d’apaiser le cœur. Et l’indifférence à tout ce qui n’est pas beauté furtive : « Avide de silence, comme on l’est d’eau légère au long d’un lent périple, il a tenté de renaître au monde en des noces singulières. Hors la mer, les nuages et la splendeur de l’aube, tout lui est devenu étranger. ». En lisant « Il regardait la mer », on est tenté de tout souligner et, le relisant, de tout dire, mais à voix basse. Ce livre mince est précieux. Comme une blessure, on a du mal à le refermer. L.M.
    (*) Les quatre autres que je traitais dans le même papier, étaient Faux journal, de Jude Stéfan (Le temps qu'il fait), Le sentiment de la langue, de Richard Millet (Champ vallon), Désobéir, de Martin Melkonian (Seuil), et Les écailles d'argile, d'Allain Glykos (Phalène). 
     
    De Richard Millet, déjà rassemblé dans cette note impressionnante, le touch of : Les infimes frissonnements du visage et du corps par quoi l'on devine qu'une femme est sur le point de nous céder : ainsi les modifications crépusculaires d'un paysage, en automne. 


  • L'héritier

    Qui se souvient de L’héritier, de Claude Fessaguet, paru en 1985 dans la si belle collection Le Chemin, de Gallimard, que dirigeait encore Georges Lambrichs ? Extrait (page 93) :
    « Ces vacances devaient être les plus heureuses de ma vie. J’aimais Julie. La douceur satinée de sa peau, la façon qu’elle avait de pencher légèrement la tête en me regardant, la fragilité de ses poignets, tout en elle me donnait un bonheur aigu voisin de la douleur. Je ne pouvais me détacher d’elle. Je la suivais d’une pièce à l’autre sans cesser de la toucher, de l’effleurer, si bien que nos mouvements même dans les gestes de la vie quotidienne étaient ralentis, rythmés par le désir. La nuit, dans l’obscurité du sommeil nous restions rivés l’un à l’autre et le seul battement de ses paupières lorsqu’elle s’éveillait, suffisait à me ramener à la conscience. Julie ne bougeait pas mais je sentais son corps s’adoucir, mollir soudain et glisser contre le mien. Nous étions sans poids, lents et libres comme en eau profonde. Son désir était le mien, elle prenait de ma bouche les mots et les gémissements et de nos violences confondues naissait une paix émerveillée ou subsistait, lointain et sourd, le recommencement du désir. L’instant et le présent étaient si pleins que nous étions uniquement occupés à les vivre. Nous ne faisions pas de projets. Nous n’avions pas d’avenir. Boy devait me dire, plus tard, que nous ne faisions pas de projets parce que nous n’avions pas d’avenir. Dans sa bouche, ces mots avaient la froideur d’une évidence. »


  • vu à la télé

    Vous prendrez bien un peu d'acide dans le café, ce matin?

    Jacques Duquesne, vieux Manitou, biographe de Dieu et juré Interallié, interrogé par une télé dans "le train du choléstérol" qui dépose à la Foire de Brive, déclarait sans ambages, il y a quelques jours donc, que  son jury, en passant en dernier, ne pouvait pas toujours primer une maison qu'ils  voulait  récompenser. (Pauvres auteurs...). Lapsus? Même pas! Pensez donc! Rien de nouveau sous le soleil (pour citer à nouveau Ileana), mais "désormais, on ne s'en cache pas : c'est rentré dans les moeurs", comme ne dirait pas la concierge de l'Elégance du hérisson. Du coup, le travelling dans le wagon, où l'on aperçevait un Sabatier repu et las (on entendait presque les gargouillis de son ventre et la remontée de ses prochains rots), l'ami Louis Gardel au sourire dévastateur sous sa moustache blanche, une Madame Edmonde qui faisait sa très sérieuse, une Chandernagor toujours aussi sexy qu'une théière... Bref! le wagon prenait des airs de business-class : on y parlait affaires, pas littérature. Et ces gens-là semblaient se rendre à une bâfrerie où, entre deux gavages, l'on discuterait transferts et gros sous, comme au foot et j'espère pas bientôt au rugby, con!

    La République littéraire a aussi ses "gros pardessus"...

    "Et c'est ainsi qu'Allah est grand!", écrivait Alexandre Vialatte à la fin de chacune de ses chroniques, dans La Montagne.

  • Prix littéraires, suite


    podcast

    Ah! Les Polnareff de notre enfance remixed par l'auteur!..

    La râfle  de Gallimard sur les prix littéraires d'automne continue et il ne s'agit pas d'un hod-up! Comme le précisait justement mon amie Ileana en aparté, il y a simplement que Gallimard continue d'être un excellent éditeur (sans parler des magouilles en tous genres du milieu), et que la maison de la rue Sébastien-Bottin est bien "la Banque de France de l'édition". L'expression est de Sollers.

    (En inaugurant la place René-Char, à quelques mètres, Antoine G. a réclamé à Delanöe qu'on re-baptise un jour la Séb.-Bottin rue Gaston-Gallimard, du nom du papy fondateur. La place Jacques-Lemoîne est bien devenue l'adresse du journal Sud-Ouest!),

    - Rappels avec annotations, sur la râfle Gallimard et sa périphérie :

    Goncourt (Mercure de France, filiale à 100%. Un "petit Goncourt", ainsi que le susurrent en prédicateurs si sûrs d'eux-mêmes, les aigres, les suffisants, les blasés et autres chieurs-spécialistes).

    Renaudot (une sorte de putsch de FOG sur socle d'un Le Clézio qui ne savait pas, depuis Macao je crois... pour un tout jeune auteur parfaitement inconnu du public, une vraie révélation donc. Son nom : Pennac, Daniel Pennac. Remarquez c'est bien, comme çà, le mecton pourra vendre un peu son livre! Il n'en avait déjà écoulé que 100 000! C'est un peu comme le prix de Flore remis à Nothomb, dont chacun sait qu'elle ne vend jamais un bouquin... Faut encourager les moussaillons!).

    Fémina (au très brillant directeur du Monde, et j'ignore -ne l'ayant pas lu- si ses Baisers de cinéma sont doux et durables).

    Décembre (l'actu sollersienne de la saison déborde à l'Infini. "On dit" pourtant que ce Cercle, de Haenel, est pâteux et assemblé, que ce collage racolleur -qui ne fait pas un roman-, aurait, de surcroît et selon Alina Reyes, puisé sa source dans la Forêt profonde d'icelle. "Affaire" à suivre...). En tout cas, ça fait 30 000 € pour son auteur. Déjà çà que la Sodis n'aura pas...

    - P.S. 1 :

    Stock prend le Grand Prix du Roman de l'Académie française (Alexakis) et le Goncourt des Lycéens (Claudel).

    Le Seuil prend le Médicis (poignant Hatzfeld qui ne se remet pas, de livre en livre, de ses chocs rwandais). A noter que ce petit grand prix revient, comme l'an dernier (Sorj Chalandon), à un (ex-) grand reporter de Libé...

    Un mot en forme de bravo amical à l'élégant, subtil et discret Olivier Germain-Thomas. Son succulent Bénarès-Kyoto (journal très "écrit" d'un authentique travel-writer qui pense joliment, avec Montaigne, que la philosophie, ça  rentre mieux par les pieds), a eu le Renaudot-Essais.

    Le Médicis étranger revient à un "très grand livre, mieux que le Littell", selon ma soeur Muriel et apparemment 30 000 autres fans déjà, soit à  l'épais opus de Daniel Mendelsohn, Les Disparus, que je lirai bientôt (tu me le prêteras, Mumu?..).

    - P.S. 2 :

    Il est d'usage perfide (ce sont mes us préférés) d'appeler le dernier prix d'automne (d'importance)  l'Intergrasset. Et de ne plus l'attribuer forcément à une carte de presse. En lice sous casaque jaune, Donner, le grand vexé du Renaudot, ayant supplié qu'on le retire des listes, plus de Grasset en finale, cette année! (Schneider et sa very successfull  Marilyn s'était consolé avec ce prix, l'année dernière, et aurait acheté une maison sur "mon" île -Grrrrr!, avec ses droits d'auteur, car le bouquin a été acheté par plus de 20 pays). Alors? Ono-dit-Biot (Birmane, Plon), le protégé de l'influent FOG, son employeur au Point?  Ou Libérati (Flammarion! Mais oui! le Flammarion reloaded de Teresa Crémisi!). Parce que Fotto. et Hatzfeld ayant été servis, il s'agit d'un duel. Sauf si un autre effet-Pennac sort du chapeau, chez Lasserre, à l'heure de l'apéro...

    Réponse à l'heure du déjeuner, les enfants...

    Après?.. Suivront des prix de plus en plus influents, à la suite du Wepler-Fondation de La Poste, dont le jury est tournant, à l'anglo-saxonne, et du Goncourt des Lycéens : le RTL-Lire, Le Livre Inter, celui des Lectrices de Elle...

    Il y a des jours où l'on a l'impression que ces prix sont remis au Stade de France...

    Sinon, 
    Angelina en a marre qu'on la confonde avec Jennifer ou avec Aniston, je ne sais plus, et d'ailleurs Brad s'en fout, mais moins que moi, car cette nuit j'ai lu El Verdugo, relu Une passion dans le désert et je me suis dit (attention, scoop!) que Balzac était... est?.. un extraordinaire novelliste, autrement dit un écrivain complet : brillantissime sur la longueur, l'ample, le large, le gigantesque, autant que sur le bref, le ténu, le dense et le percutant. Rares sont les auteurs capables, ainsi, de savoir-faire sur la fresque et sur le détail.

    Enfin, Anna K. va bien, merci d'avoir posé la question. Les Cosaques attendront, en jouant au mus avec les Karamazov brothers ... Je demanderai à Manech de leur apprendre  des coups (Imbido! Induki! Té!.. Yo!).

    (Vous aviez dit rentrée littéraire?.. Attention jeunes talents?...)

    b4fe393db4bd748413dc413851c51983.jpeg

  • Eaux

     
    Le départ du ferry du soir, île de Paros, Grèce,  juillet 2007. ac0622ada8b52494a4a55b7db24e8334.jpg
     
    Le verre de retsina du soir, à l'heure du ferry, île de Paros, juillet 20071b32ccae4463a8a7ab8587def355e58c.jpg
    Plage normande au tracteur, non loin de Sainte-Marguerite, printemps 2007 
     
    b7a5820112466fdc19dc7694fc6dc34e.jpg
    Le coin-coin du bigmac, Normandie, printemps 2007
    141d76ad712c29d8e38032bf2183f2bb.jpg

  • la mante

    ce61d13f9b1c260b08dc2f503854207a.jpg
    Que faisait cette mante religieuse sur le perron de la terrasse, à Bayonne, le 2 novembre dernier, à l'heure du café? Elle resta ainsi statufiée, s'eut voulu mimétique pour accentuer sa défense. Je pus donc la photographier comme on photographie une énigme. Un fantôme hiératique sorti d'une pièce de Shakespeare revu par Peter Brook. Un boxeur préhistorique ignorant qu'il personnifie l'élégance, aux yeux amis.

  • Mon goût de sud-ouest

    af2d5f5679aba57ae431f230ecb32a7d.jpg 

    C’est une question de nature. Et de culture. Une affaire viscérale, accrochée, comme le coquillage au rocher.
    Là où l’esprit souffle avec les vents, le souci de bien réussir ses jours et ses nuits fleurit et fait des petits. Le Grand Sud Ouest qui va de l’Atlantique à la Méditerranée en s’adossant aux Pyrénées et en ne remontant pas au-delà du raisonnable, souffle partout. Ca rentre dans chaque pore et ça sourit sur chaque lèvre. Et c’est communicatif, comme le fou-rire. Ici, on aime la vie et elle nous le rend bien. D’aucuns appellent cela « l’art de vivre ». Réducteur. Ici, chaque femme, chaque homme est un artiste de cette alchimie. Qui procède de ce que l’on reçoit. Cela vient de l’air, du temps, du paysage, de tout ce que les cinq sens prennent et gardent parce que c’est bon. C’est aussi une propension naturelle à se sentir en accord avec les couleurs, les produits, les sons, les saveurs, les lumières, la générosité, le sens de la fête, le rire, l’accueil. La beauté surtout. Le culte du bien-être ne demande aucun effort par ici. Ce n’est pas une gymnastique
    mais plutôt une respiration. Une marque de fabrique. Chaque matin qui se lève est une promesse de bonheur et de distance raisonnablement tenue avec les spectres empoisonnants de l’existence... Quand je suis sur place, ma légitime ambition est de prendre ces pays à bras le corps et la tronche. D’embrasser tout ce qui fait le sel de la vie, au sud de la Loire, laquelle coule de source. C’est quoi, ce sel de la vie? –C’est la nature, les paysages, les arts, l’histoire, l’architecture et les sports, la littérature comme les passions de chacun, de la star locale à l’inconnu célèbre. C’est autant la gastronomie que le surf et la palombe, les granges à retaper, la vigne à tailler et les quais à aménager, c’est un peintre taurin, la poésie d’une rue le dimanche, un festival, une foire, un marché, un portrait, une recette, une vue de l’esprit, un bouquet de talents… C’est le regard vrai surtout, car cette terre est faite des femmes et des hommes qui l’habitent. De l’intérieur. L.M.
    da901454883384587c2eff72a829981c.jpg
    Photos : ©Marine Mazzella. 

  • je t'aime

    Le lui dire

    b67aa65d37b8e95d2a2b1de8ad5ad479.jpeg Ne pas tout dire, mais suggérer. La littérature, dont c’est l’obsession originelle, n’a jamais fait autre chose pour exprimer l’amour. Dire et redire je t’aime de façon toujours différente est l’une de ses marottes. La déclaration d’amour en devient un genre. La poésie en témoigne, qui ne se trouve pas que dans le poème, mais occupe aussi le terrain de la prose. Il y a dans chaque déclaration d’amour un souci de fulgurance, de foudre, d’impact. « L’annonce faite à », doit frapper, car elle a l’ambition de ferrer, et de durer.
    Ambiguïté de l’amour : le mot latin « amor » décrit à la fois le désir charnel et l’aspiration spirituelle ; et révèle ainsi la source même de ce qui nous bouleverse.
    Omniprésence de l’amour :  même les textes sacrés en sont empreints. Le Coran infuse sa sensualité dans la poésie amoureuse, la Bible célèbre le désir érotique dans le Cantique des cantiques.
    Absolu de l’amour : le chant courtois des troubadours, le chant profond de la « copla » andalouse, cherchent obstinément l’amour pur.
    Plus généralement, la littérature internationale, intemporelle,  ne recréée qu’une seule et même chose : l’aveu qui cloue, qu’il exige une ou 800 pages d’approche !
    Parce qu’il y a mille et mille façons de le lui dire, l’imaginaire de l’écrivain trouve, depuis l’invention de l’écriture, un inépuisable sujet dont la beauté parfaite est toujours à venir.
    Toute déclaration, tout « dit d’amour », suggère l’éternité, sinon ce n’est pas un serment d’amour. L.M.

    Introduction à « Les100 plus belles déclarations d’amour », choisies par Florence Pustienne (fitway). J'ignore d'ailleurs si on peut encore trouver ce petit bouquin.

  • Ca me laisse rêveur

    L’avantage du tantrisme, c’est de cultiver la rétention pour sublimer le plaisir. Ce n’est pas seulement faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible (ce qui est déjà une fin en soi), mais de faire de la sexualité un aventure spirituelle. C’est d’une extase amoureuse qu’il s’agit, par d’une technique de performance. Le tantrisme vient de l’Inde ancienne, tantra signifie tissé ensemble : le couple ne connaît pas de dominant. Partie du Bouddhisme tibétain, le tantrisme est fondé sur la maîtrise de soi. L’homme y apprend notamment l’orgasme sans éjaculation. Le but est d’atteindre un nirvana sexuel, en poussant le désir jusqu’aux extrémités. Cet érotisme paroxystique procure aux initiés des plaisirs incroyables, à côté desquels nos orgasmes occidentaux paraissent bien instinctifs. Mais le tantrisme est une doctrine qui va bien au-delà de la sexualité : proche du yoga, il s’agit d’une philosophie complexe, avec ses dieux fondamentaux : Shiva et sa déesse Shakti (qui signifie énergie). Ombre et lumière, création et destruction. L’initiation au tantrisme polit l’ego, pacifie le mental, pour parvenir au maïthuna, le rituel de l’union sexuelle sacrée. Retiens-moi !.. LM



  • El Cid

    il y a des matins marshmallows où je me sens prêt à lire ou à entendre ce genre de choses... 

     

    Un lépreux : Merci Seigneur El Cid.
    Rodrigue : Tu sais donc comment on m’appelle?
    Le lépreux : Il n’y à qu’un seul homme en Espagne qui puisse humilier un Roi et faire boire un lépreux à son outre.

    (…)

    Chimène : Rodrigue, pardonne-moi. Veux-tu m’emmener avec toi ?
    Rodrigue : Mais je  suis un proscrit désormais, et je n’ai nulle part où te conduire.
    Chimène : Mais nous serons ensemble. Nous ne serons pas nulle part.  Je t’aime Rodrigue.  Je t’aime…

  • Haïku, le blog ami

    Nous y prélevons ceci (*) ce matin, comme on cueille une primevère à l'épaule d'un talus. La sensibilité de son auteur semble n'avoir aucune limite. L'enchantement qu'il nous procure, à nous lecteurs, nous rend soudain plus délicats, ralentit nos gestes et nous incite tout à trac à regarder ce que nous ne faisions que voir l'instant d'avant. J'aimerai toujours la littérature pour la magie qu'elle engendre instantanément, sans jamais nous prévenir. 

    (*)

    "Je réfléchis mieux
    La tête
    Entre tes seins"

     

     

     http://aliquante.hautetfort.com/

     

  • Anna Karénine

    d80fb100595a08c2f58489e2ddeb96dc.jpegVronsky et Anna ont désormais une liaison adultérine… Chapitre XX.
    « Anna s’étant donnée à lui par amour avait droit à tout son respect autant et plus que si elle eût été son épouse légitime ; l’estime la plus haute à laquelle une femme pût prétendre, il la professait pour elle et se serait fait couper la main plutôt que d’y attenter par un mot, voire par une simple allusion. Chacun pouvait soupçonner sa liaison, nul devait se permettre d'en parler : autrement il eût contraint les indiscrets à se taire, à respecter l'honneur de la femme qu'il avait déshonorée. Quant à la conduite à tenir  envers le mari, rien n’était plus clair :  du jour où Anna l’avait aimé, lui Vronski, ses droits sur elle lui semblaient imprescriptibles. Le mari n'était plus qu'un personnage inutile et gênant, position peu enviable sans doute mais à laquelle nul ne pouvait rien. Le seul droit qu'il lui restât était de réclamer une satisfaction par les armes, que Vronski était tout prêt à lui accorder,  »
    Ca a vraiment de la gueule…

  • Lire en train

    Reportage aller/retour à Cahors sur la truffe noire (Tuber melanosporum) selon Pébeyre, pour Maisons Sud-Ouest. L’occasion, à bord des Corail Teoz qui s’arrêtent partout en Corrèze, de lire, lire…
    Malgré ma ténacité, ma pugnacité, mon entêtement à vouloir savoir pourquoi des Michon placent Si je t’oublie Jérusalem - Les palmiers sauvages, et Absalon ! Absalon ! de Faulkner (les deux dans L’Imaginaire/Gallimard) au-dessus de tout, je me suis cogné les opus du zozo du Deep South. Alors il y a des débuts de chapitres à photocopier et à afficher dans ses chiottes, devant soi assis (tellement c'est beau : je me suis surpris à relire certaines pages à haute voix entre Vierzon et Limoges. C'est dire!). C’est net. Mais il y a aussi, surtout, je trouve, des passages longs comme un jour sans vin et qui relèvent de la littérature Dupont d’Isigny : ça colle aux dents. Voire de cette prose fétide qui renifle le tirage à la ligne, ce creux qui est là pour remplir, comme si le gonze était payé au signe près, par Life. J’ai baillé. Donc ça ne fait pas deux livres. Ni un. Ni nada.
    Jubilatoire est Une gourmandise (folio), de « la » Barbéry  (Muriel) dont le si élégant hérisson, qui flirte avec les 700 000 ex., cloue le bec à tous les jurés de tous les prix de l’hexagone, avec la toute puissance -et il vous emmerde tous- du bouche à oreille. Aux orties le marketing, l'astrologie littéraire et les pronos à la con. On rigole (*).  Ce subtil, audacieux, judicieux et superbe éloge du goût , de la Madeleine version sardine grillée (couillue, quoi), du style, volontiers grand mais toujours retenu, fin, racé, des sensations brutes que le vrai gourmand ressent, en font un grand petit livre. Là, voilà.
    Adieu, de Balzac (Le Livre de Poche à 1,50€), confirme mon pressentiment de découvreur du gonze Honoré : ce bonhomme fait ample comme personne et même quand il fait bref, il fait dense et renvoie les câbles d’Albert Londres,  les grands reportages de Kessel ou de Boudard dans leur 22. Indépassable Comédie humaine… Ce « réalisme » à l’état pur, sa force de description de la guerre sur la Bérésina (la déroute de la campagne napoléonienne contre des Russes affamés, tourne au tragique comique épique et cru), ces personnages : deux amis chasseurs qui errent à la manière des personnages hiératiques du Septième sceau -le film de Bergman-, une femme folle, sont immenses tant ils sont vrais, pathétiques, poignants, touchants. Et çà tient dans moins de 80 pages ! Du grand art.
    En revanche, cet Empereur d’occident (Verdier Poche) que Pierre Michon lui-même (son auteur) n’aime pas beaucoup (il le dit dans Le roi vient quand il veut) est faible, asthmatique, un rien ampoulé, limite amphigourique. Il est poussif et pas crédible un seul instant. Allez va ! Relisez tous sa Grande Beune ce soir et tout ira bien demain.

    Ciao bonsoir, happy bloggers!

    (*) Un mot sur la rafle-coup de cul Gallimard : quand on y pense ! : après Les Bienveillantes, Harry Potter 7 et L’élégance du Hérisson, vla qu’ils squattent les 2 grands prix : Pennac avec la Blanche et Leroy avec le Mercure de France, filiale à 100%… (j’excepte Alexakis/Stock de l’Académie)
    ¡A ver ahora lo que sigue y sale, joder !.. Porque mañana es otro dia, no?!..