Capharnaüm
Voilà un beau cadeau de derrière les fagots, ou les tiroirs, c'est comme on voudra. Les éditions Finitude (magnifique catalogue comme on les aime, façon Le temps qu'il fait ou le dilettante des débuts, http://www.finitude.fr), ont râtissé quelques belles feuilles éparses, pas mortes non, mais veinées et vives comme la chaux de la prose de Robert-Louis Stevenson, dont la réflexion sur la description littéraire du génie d'un lieu est splendide, la poésie pavesienne, aux échos camusiens, ensoleillés, de Raymond Guérin, la mélancolie -et l'humour aussi, de Marc Bernard, le désespoir de Jean-Pierre Martinet, l'habituelle folie verbale de Michel Ohl... Sont autant de pâtisseries que l'on déguste à la fraîche. Le sommaire du numéro 1 de cette précieuse revue, Capharnaüm, me rappelle la longue série d'articles que j'ai co-écrit avec Pierre Veilletet dans les colonnes de Sud-Ouest Dimanche, de 1984 à 1987, et que nous avions intitulée Les inconnus célèbres. Nous redonnions ainsi un peu de vie à ces auteurs, ainsi qu'à une pelletée d'autres : Calet, Gadenne, Perros, Augiéras, Blanchard, de Richaud, Luccin, Delteil, Forton, Cailleux... Je me souviens de mon bonheur de replonger dans ces oeuvres subtiles, oubliées, négligées surtout, et d'en faire écho. Comme on revient de mission. Voir les éditions Finitude (*) exhumer, non pas des fonds de malles propres à faire la Une du Monde des Livres, comme le texte liminaire prévient avec humour, mais des fonds de tiroirs, est un ravissement. Simplement.
Alors bravo !
(*) J'avais quand même été alerté par un papier de Jérôme Garcin (L'Obs) et par un autre de l'ami Didier Pourquery (Le Monde Magazine) : deux secousses, quand même!
Commentaires
oui Léon, du même avis...Le masque et la plume ( Garcin toujours lui) a aussi témoigné un bel enthousiasme pour cette revue...Gadenne et Martinet ah ça pour sur!
Garcin a donc fait coup double : bien! A propos, as-tu lu "L'Ombre des forêts" de J.-P. Martinet (LTR) ?
œuf corse cher Léon et je viens de relire "Jérôme" cet été, toujours la même claque!!
A vrai dire "la grande vie" que l'arbre vengeur avait eu l'idée de re publier, Martinet m'a marqué, c'est un ami qui me l'avait signalé, et marqué c'est peu dire...Mais certains trouvent ça trop...je ne sais pas...Martinet méritait mieux je trouve...De toute façon ce qu'il s'en foutait...
"Jérôme" est, je crois, le best-seller (un terme mal approprié, ici) des éditions Finitude, lesquelles annoncent ceci sur leur site :
" Le 28 août, sur France Culture, séance de rattrapage: rediffusion d'un «Surpris par la nuit» consacrée à Jean-Pierre Martinet. «Reconnaissance à Jean-Pierre Martinet», de 22 à 23 h. "
oui Léon, étrange destin que celui de ce type au fond tellement éperdu d'absolu-et par contraste ses livres c'est l'outre noir du monde- bref, études brillantes, travaux critiques assez imposants ( il adorait entre autres Calet), désir de réaliser un film au lieu de ne faire que du cinéma, à propos duquel cinéma il a eu cette phrase qui m'interroge souvent je te l'avoue, cette phrase rude et désespérée de l'amoureux éconduit " C'est pour les débiles, le cinéma, on y apprend juste à ne pas vivre". Sur la fin il était kiosquier, mais déjà longtemps que l'alcool... retour chez sa mère à Libourne et à 49 ans à peine, pffuit en avant...