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le bruit des pages

http://www.dailymotion.com/video/xfhj3_philippe-decoufle-le-p-tit-bal-perd_music

Certains écrivains, pourtant remarqués, partent sur la pointe des pieds et le bruit qui est fait autour de leur éclipse furtive (leur oeuvre les sort, un jour, peut-être, de l'obscurité) est semblable à celui des pages de leurs livres que l'on feuillette avec respect. Roger Munier a traduit (entre autres) Octavio Paz, il fut l'ami de René Char et de Martin Heidegger, il a analysé Rimbaud, écrit sur quelques peintres. Cet allié substantiel s'en est allé. Un entrefilet du carnet du Monde le prouve. Quelle importance, au fond. J'aimerais cependant -c'est un réflexe, reprendre un de ses livres comme Le moins du monde (Gallimard), mais je suis loin, si loin d'eux...

En images, ce que Philippe Découflé a fait du P'tit bal perdu (Bourvil). Une pure poésie muette...

Commentaires

  • Vous êtes revenu...
    Munier, un autre livre "La dimension d'inconnu"... mais vous savez...
    Une page me renvoie à mes rêveries de ce jour. Comme une grosse fatigue qui a besoin d'être lavée par du silence...
    (Après, enfin, demain, je pars au vert pour trois jours. Nous jouons à cache-cache !)

    Chapitre 6 : L'exempté

    "Je guettais le passage d'un autobus à la station "Concorde", quand l'évènement se produisit. Une pluie légère, impalpable, tombait en silence. Sans trêve, les voitures impatientes glissaient dans un rapide bruit mouillé, devant le trottoir où j'attendais. La chaussée brillante, inlassablement, charriait l'intense agitation de la ville. Tout n'était que glissement, passage, hâte fébrile... Mais le silence, curieusement, dominait. Le silence de cette pluie fine qui tombait lentement, continûment, comme une chappe. Il tombait du silence sur la ville trépidante et factice, autour de moi. Je pensais : la ville est là et l'on n'échappe pas à la ville. Mais ce silence existe. Dans cette hâte et cette dispersion, il ouvre une autre dimension, comme perpétuelle. On n'échappe pas à la ville, sinon dans le refus simple de la ville. Mais à quoi mène ce refus ? A rien d'autre que je ne puisse atteindre déjà au sein bruyant et palpitant de la ville et que le silence atteste : le silence est au sein du bruit, plus profond que le bruit. Peu importe le bruit, si l'on sait retrouver ce plus profond du bruit. Peu importe. Seul importe ce peu qui est toujours et partout déjà là...."
    et ça continue, lentement, doucement comme la pluie jusqu'à "cet avant soudain, transparent, impalpable...
    Heureuse de votre retour.

  • Ce plus profond du bruit... Quelle belle image. Au sein du bruit, le silence, oui... Munier cultivait l'art du peu je crois, celui du haïku "vécu".
    Vous êtes ma guetteuse, Christiane. Et eu égard à la qualité de votre prose, cela m'honore. Bonne virée avec lavage au silence à la clé. S'agissant de silence encore, le maquis corse me fut bénéfique. Le brouhaha parisien retrouvé, en dépit d'août, m'agresse au point d'ajouter des acouphènes à ma collection intérieure. Et, pour l'heure, lisant Alain Badiou à propos de l'amour (c'est splendide), cela devient troublant au sens profond du terme, comme un galet jeté par une personne irrespectueuse, dans le lac dont j'étais (car je ne puis plus l'être) en train de contempler la perfection lisse. Et silencieuse, par surcroît.

  • J'ai lu cet article de Badiou : superbe !
    Je connais l'enchantement du maquis corse...
    acouphènes : terrible sensation d'envahissement du bruit...

  • Pensez-vous à l'entretien avec Badiou sur "la rencontre" paru dans Télérama? J'évoquais son livre (un autre dialogue) "Eloge de l'amour" (Flammarion).
    Je viens de relire, entre temps, l'introduction de Munier (suivie d'une préface de Bonnefoy) à "Haïku" (Fayard) : il exprime le silence (que suggère la poésie japonaise) avec une grande subtilité.

  • J'avais ce livre depuis quelques mois. Ai découvert que l'introduction était de Mounier. Pour Badiou, donc un livre à lire...

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