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  • Vins de l'été... Qui vient - ou non?..

    Capture d’écran 2016-04-29 à 11.18.08.pngRoque Star, côtes de Provence du Moulin de la Roque, au Castellet (Var), est un rosé de caractère. Finesse, élégance, ce vin est pulpeux, authentique, sans aspérité. Grenache, cinsault, mourvèdre sont le trio gagnant : zéro risque. Robe « saumon de l’Adour » soutenue, donc. Nez de fraise mûre, mais encore croquante en son coeur, bouche d’une élégance rare, façon pub parfumée jouée par Charlize Theron – vous saisissez ?.. 5,50€ le flacon, c’est donné. Et ça ira bien sur une pizza della casa à la pancetta, augmentée de pecorino au poivre sicilien, histoire de mettre à l’épreuve le roc de cette star-là.

     

    Petit Bourgeois est un sauvignon blanc de Henri Bourgeois, àCapture d’écran 2016-04-29 à 19.57.18.png Chavignol, maison célèbre notamment pour sa gamme de vins de Sancerre. Ce blanc, classé en vin de pays du val de Loire (IGP), possède une grande fraîcheur et une vraie franchise. Le floral et le fruité, typiques du sauvignon, sont bien présents au nez comme en bouche – on sent notamment la fleur de vigne, et une jolie minéralité s’exprime avec tact, en finale. Idéal à l’apéritif pour lui même, puis sur des crustacés (10€ env.).

     

    Gris d’Ardèche. Ce premier « jus de goutte » de Capture d’écran 2016-04-29 à 20.11.21.pnggrenache noir du sud du département, classé en Ardèche IGP, et produit par les talentueux Vignerons Ardéchois – une cave de respect -, naît sur des sols rocailleux. Sa robe « melon », détonne tant elle est sombre, pour un gris. Joli nez équilibré d’agrumes et de pêche. C’est vif, et même tonique, en fin de bouche, et cela escorte élégamment une grillade d’agneau au thym, ou des boulettes de boeuf mêlées de coriandre. Chapeau pour l'habillage, très classe -Vous ne trouvez pas? (5,50€).

     

     

    Le château Tour de Mirambeau (famille Despagne), bordeauxCapture d’écran 2016-04-29 à 20.31.54.png rosé réserve, est aussi vif que floral, et son fruité léger en fait un vin idéal pour l’apéritif sous la tonnelle, en grignotant des olives huilées et aux herbes, et des grissini entourés d’une chiffonnade de jambon de Parme. « Vin produit dans le respect de l’environnement pour une viticulture durable », lit-on sur l'étiquette. C’est de bon augure, à Bordeaux… (9€).

     

    Capture d’écran 2016-04-29 à 21.04.31.pngAlliances : les livres de Simonetta Greggio, et prenez donc les derniers parus : Femmes de rêve, bananes et framboises (Flammarion), un recueil de nouvelles qui disent l'amour avec l'acuité redoutable du regard de Simo, doublée comme d'hab' d'un sens incroyablement profond pour dire les sentiments, soit avec une précision chirurgicale, toujours mâtinée de poésie - l'écriture féminine vous a un tact pour écraser d'un coup de talon ce qu'elle veut!.. Car, avec Simonetta, c'est toujours faussement léger, et finalement vertigineux.

    Et aussiCapture d’écran 2016-04-29 à 21.07.28.png  Black Messie, son dernier roman (Stock), qui paraît la semaine prochaine, car c'est une sorte de polar (elle ne nous avait pas encore habitué à cela), ou plutôt un vrai roman noir, qui nous invite à suivre un serial-killer, le Monstre de Florence, qui dézingua nombre de couples lorsqu'ils faisaient l'amour, entre 1968 et 1985, et ça n'est pas piqué des hannetons... Un flic de légende, façon Adamsberg (pour les lecteurs de Vargas), Jacopo d'Orto, mène l'enquête, et le lecteur est embarqué illico presto pour six (pieds sous) terre! J'en parlerai plus tard -ici- davantage, lorsque je l'aurai achevé (je n'en suis qu'au début).

    Et en écoutant quoi? Du light, histoire de faire contrepoint à cette trame romanesque, glaçante par endroits : Izzy Bizy, Elodie Frege, les Brigitte, Ariana Grande Feat & Lil Wayne (dans Let me love you, notamment)... Des voix fluettes de femmes dotées d'un sacré caractère. Et d'un sourire dévastateur. Et allez!

    Cliquez : 

    let me love you

  • Rosés 2015 de l'été prochain : le feuilleton continue

    Capture d’écran 2016-04-29 à 08.31.59.pngNOUS POURSUIVONS NOTRE SÉLECTION DE ROSÉS (ET DE BLANCS) PAS TROP CHERS, A DÉGUSTER ENTRE AMIS CES PROCHAINS MOIS (épisodes précédents : lire plus bas). L.M.

    La Grande Cuvée de Dourthe, Bordeaux rosé très mode, à dominante de cabernet franc (70%), exprime surtout le pamplemousse à peine mûr, puis la groseille. Trop formaté, trop éloigné de l'idée simple que l'on se fait d'un vin estival, ce rosé de pressée, une nouveauté dans la maison Dourthe, n'est pas obligé de plaire à chacun, avec sa finale plus acide que ronde (6,90€). 

    Capture d’écran 2016-04-29 à 08.33.21.pngLe château Lauduc Classic, Bordeaux Clairet des vignobles Grandeau,Capture d’écran 2016-04-29 à 08.28.19.png possède une belle vinosité. Avec sa robe groseille foncée, son nez de fraise mûre, une bouche ample et ronde, ce flacon, où le merlot domine agréablement, et qui titre tout de même 14°, peut s'inviter à table - il y aura sa place de l'entrée au dessert (5,80€).

    Montagne Blanche, un coteaux du Vendômois Gris (Touraine nord), choisit de mettre en valeur le pineau d'Aunis, cépage quelque peu oublié, qui s'exprime sur un sol caractéristique de tuffeau. Robe très pâle (forcément, c'est un gris), nez d'agrumes, où la fraise tente de se frayer une place, avec une pointe épicée (poivre blanc) délicate. Il tiendra correctement son rang aux côtés d'une grillade marine ou terrienne (5,20€).

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Vins de l'été qui vient, suite de notre sélection

    Capture d’écran 2016-04-28 à 19.59.12.pngExcellent rosé des coteaux du Languedoc : La Bergerie de l'Hortus, des fameux vignobles Orliac (syrah, grenache, mourvèdre par tiers). C'est rond, salivant, fruité, gourmand, vineux, pas d'agrumes cassants, un acidulé bien dosé au contraire, et une jolie longueur chouia citronnée. Robe saumonée, soutenue sans être sombre, nez fruité et franchement friand. Ananas, fraise, framboise en bouche, après un léger poivré à l'attaque. Une beauté à boire à l'apéro, et  - même -, une bouteille que l'on reprend pour la finir à table, au moins avec l'entrée. (11€).

    Le château Recougne, des vignobles Xavier Milhade,Capture d’écran 2016-04-28 à 20.14.53.png un bordeaux mixed sauvignon/sémillon, est un blanc qui exprime ce côté agrumes (trop courant, désormais, comme pour les rosés), éclatant, mais qui peut gêner, et qu'une acidité cousine - celle de la pomme verte - vient refroidir tendrement, comme par compassion. Mais, nous y cherchons en vain le plaisir simple de boire un blanc humble de Bordeaux. Qui serait gourmand et sans complexe. Certes, une touche de groseille, curieusement, pointe sa pulpe en arrière-bouche. Et convoque quelques huîtres du Bassin (7€)

    RS, Rosé Séduction, est une création Plaimont. Et Capture d’écran 2016-04-28 à 20.27.59.pngj'adore cette cave gersoise. Voici un rosé (en appellation Saint-Mont), issu de pinenc, de tannat et de cabernet-sauvignon. Robe pâle et élégante, nez vif et parlant : groseille et framboise palabrent, tchatchent, tandis que nous passons déjà à l'étage supérieur de la fusée : bouche ample, avec une vivacité qui insiste, la bougresse, en envoyant ses fruits rouges frais et bavards, tout en appelant les bulots et la mayo à la rescousse. Soit un rosé bien réglé (5€)

     

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Parle plus bas si c'est d'amour

    Capture d’écran 2016-04-28 à 09.42.44.pngIl y a des parfums shakespeariens dans l'atmosphère. Qui s'en plaindrait! Hier soir, Arte redonnait Beaucoup de bruit pour rien, du fougueux (et egocentrique) Kenneth Branagh - avec la superbe Emma Thompson, entre autres (le casting est de rêve) : la joie, la jeunesse, la beauté, l'audace, l'honneur, la frivolité et la turbulence des sentiments, la jalousie, la vengeance, l'amour, la délicatesse, la force... C'est d'ailleurs de cette pièce que la phrase reprise en titre de cette note est extraite. Et c'est le titre que Grasset (Les Cahiers Rouges) propose pour une petite anthologie délicieuse, en forme de dictionnaire d'à peine 130 pages, des citations du grand Will, dispersées dans ses quarante pièces et ses cent quarante-quatre sonnets. D'Ambition à Vieillesse, nous musardons et retrouvons avec un air satisfait Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves (Prospero, dans La Tempête), Un cheval! Un cheval! Mon royaume pour un cheval! (Richard III), et sans aller jusqu'à chercher To be..., nous tombons sur des perles, comme L'oiseau de l'aube chante toute la nuit (Hamlet), ou Les paroles qui les accompagnaient étaient faites d'un souffle si embaumé qu'ils en étaient plus riches. Puisqu'ils ont perdu leur parfum, reprenez-les; car, pour un noble coeur, le plus riche don devient pauvre, quand celui qui donne n'aime plus (Ophélie, dans Hamlet). Le même éditeur propose également un "vrai" Hamlet, présenté par Gérard Mordillat, qui en connaît un rayon. Il s'agirait là de la version antérieure à celle que le monde entier joue à l'envi sur toutes les scènes. Et qui aurait été écrite à quatre mains, avec le concours de Thomas Kyd donné à Shakespeare. C'est ce qu'affirmait un universitaire britannique, Gerald Mortimer-Smith, shakespearien éruditCapture d’écran 2016-04-28 à 09.43.16.png jusqu'au bout des ongles et des cheveux (disparu il y a tout juste sept ans), et avec lequel Mordillat a travaillé. Nous tenons donc là, en traduction, le fameux proto-Hamlet. Soit un petit événement dans le mundillo. Quoiqu'il en soit, c'est une belle occasion de relire une pièce qui nous offre d'emblée des bouquets de fleurs printanières. En voici deux. L.M.

    Horatio :

    Mais moi je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse

    C'est ma gloire, mon heur, mon trésor, ma richesse

    Car j'ai logé ma vie en ta bouche, mon coeur.

    Hamlet :

    Doute que les astres soient des flammes

    Soute que le soleil tourne

    Doute de la vérité même

    Mais ne doute pas que je t'aime.

    Capture d’écran 2016-04-28 à 10.07.51.pngAlliances :

    Le Beaujolais rosé de Dominique Piron, parce qu'il est à la fois délicat et profond. Nous tenons là un gamay (2015, bien sûr), floral et rafraîchissant comme on l'aime en cette saison.

    Pour 7€, c'est une affaire.

    Avec une pièce de luth de John Dowland, of corse! Le compositeur qui illustra les pièces de Shakespeare de son vivant.Capture d’écran 2016-04-28 à 10.26.38.png

    podcast

    Il s'agit en l'occurrence d'une Lachrimae, interprétée par mon ami talentueux Raymond Cousté.

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

    Mais l'abus de poésie, de verbe, de musique élizabethaine et de beauté, eux, ne le sont pas... 

  • Les réparties de Nina, Rimbaud

    Capture d’écran 2016-04-28 à 08.34.16.pngUn poème long comme une ivresse, une espèce de Sensation étiré : ouvrez vos narines, pensez au Printemps, laissez aller vos désirs, roulez dans l'herbe, faites l'amour, et la poésie...

    Les réparties de Nina

    LUI – Ta poitrine sur ma poitrine,
    Hein ? nous irions,
    Ayant de l’air plein la narine,
    Aux frais rayons

    Du bon matin bleu, qui vous baigne
    Du vin de jour ?…
    Quand tout le bois frissonnant saigne
    Muet d’amour

    De chaque branche, gouttes vertes,
    Des bourgeons clairs,
    On sent dans les choses ouvertes
    Frémir des chairs :

    Tu plongerais dans la luzerne
    Ton blanc peignoir,
    Rosant à l’air ce bleu qui cerne
    Ton grand oeil noir,

    Amoureuse de la campagne,
    Semant partout,
    Comme une mousse de champagne,
    Ton rire fou :

    Riant à moi, brutal d’ivresse,
    Qui te prendrais
    Comme cela, – la belle tresse,
    Oh ! – qui boirais

    Ton goût de framboise et de fraise,
    O chair de fleur !
    Riant au vent vif qui te baise
    Comme un voleur ;

    Au rose, églantier qui t’embête
    Aimablement :
    Riant surtout, ô folle tête,
    À ton amant !….

    ………………………………………………..

    – Ta poitrine sur ma poitrine,
    Mêlant nos voix,
    Lents, nous gagnerions la ravine,
    Puis les grands bois !…

    Puis, comme une petite morte,
    Le coeur pâmé,
    Tu me dirais que je te porte,
    L’oeil mi-fermé…

    Je te porterais, palpitante,
    Dans le sentier :
    L’oiseau filerait son andante
    Au Noisetier…

    Je te parlerais dans ta bouche..
    J’irais, pressant
    Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
    Ivre du sang

    Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
    Aux tons rosés :
    Et te parlant la langue franche – …..
    Tiens !… – que tu sais…

    Nos grands bois sentiraient la sève,
    Et le soleil
    Sablerait d’or fin leur grand rêve
    Vert et vermeil

    ………………………………………………..

    Le soir ?… Nous reprendrons la route
    Blanche qui court
    Flânant, comme un troupeau qui broute,
    Tout à l’entour

    Les bons vergers à l’herbe bleue,
    Aux pommiers tors !
    Comme on les sent tout une lieue
    Leurs parfums forts !

    Nous regagnerons le village
    Au ciel mi-noir ;
    Et ça sentira le laitage
    Dans l’air du soir ;

    Ca sentira l’étable, pleine
    De fumiers chauds,
    Pleine d’un lent rythme d’haleine,
    Et de grands dos

    Blanchissant sous quelque lumière ;
    Et, tout là-bas,
    Une vache fientera, fière,
    À chaque pas…

    – Les lunettes de la grand-mère
    Et son nez long
    Dans son missel ; le pot de bière
    Cerclé de plomb,

    Moussant entre les larges pipes
    Qui, crânement,
    Fument : les effroyables lippes
    Qui, tout fumant,

    Happent le jambon aux fourchettes
    Tant, tant et plus :
    Le feu qui claire les couchettes
    Et les bahuts :

    Les fesses luisantes et grasses
    Du gros enfant
    Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
    Son museau blanc

    Frôlé par un mufle qui gronde
    D’un ton gentil,
    Et pourlèche la face ronde
    Du cher petit…..

    Que de choses verrons-nous, chère,
    Dans ces taudis,
    Quand la flamme illumine, claire,
    Les carreaux gris !…

    – Puis, petite et toute nichée,
    Dans les lilas
    Noirs et frais : la vitre cachée,
    Qui rit là-bas….

    Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
    Ce sera beau.
    Tu viendras, n’est-ce pas, et même…

    Elle – Et mon bureau ?

    Arthur Rimbaud, Poésies

  • Un air de week-end sur le Bassin

    Pièce 1jointe.jpegLorsque une cave coop bosse bien, qu'elle garde une dimensionPièce jointe2.jpeg pas encore déraisonnable (4000 ha et 70 châteaux quand même, 500 vignerons adhérents et 30 millions de cols), qu'implantée dans l'immense vignoble du bordelais, elle s'entête à produire des flacons simples, sans chichis (que l'on trouve forcément en grande distrib', et alors?), de ces rosés et blancs frais de l'été qui pointe son nez, des vins qui semblent faits pour l'apéro avec les copains, que l'on dévisse et que l'on ne débouche pas d'ailleurs (et j'adore ce geste-là, de dévisser une bouteille de vin. Oui), un blanc aromatique en diable, un rosé léger et fruité comme il faut, qui appellent l'Opinel pour le chorizo, et le charbon pour le barbeuque, tout à l'heure, quand Pierrot commencera à nous raconter des histoires drôles, basques surtout - je l'écris. Tutiac est le nom de cette cave... Ils sont élégants, ces deux flacons de régalade-là, de surcroît, et leur nom, bien qu'il désigne le fleuve, le nord de la Gironde, du côté de Blaye et de Bourg (*), évoque des week-ends sur le Bassin ou bien au Ferret (en tout cas pour moi qui ai vécu quatorze ans à Bordeaux) : Carrelet d'Estuaire. Cela vous donne donc aussi envie de pique-niquer sur l'herbe, en bord de fleuve, entre deux de ces fameux carrelets typiques du paysage... Et vous m'en direz tant. Tant? - Et bé ça vaut 3,90€ en rosé comme en blanc. La ruine, mon drolle, la ruine... L.M.

    (*)Les Vignerons de Tutiac se trouvent à Marcillac, soit au niveau de Pauillac et de Saint-Estèphe, grosso-modo, bien au-delà de Blaye et Bourg. En plein coeur des terres. Rien à voir avec l'océan, le Bassin d'Arcachon, et le Cap-Ferret. Mais, c'est une évocation, l'idée des huîtres, du sable, d'une pinasse... Un désir transposable un peu partout.

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Narassa

    Capture d'écran 2016-04-18 13.19.11.pngIl s'agit d'une sélection parcellaire d'1,6 hectare sur laquelle de vieux cépages du Roussillon s'épanouissent : grenache noir surtout, et gris, carignan, et enfin mourvèdre. Cette parcelle est tournée vers le Pic de Narassa, d'où le nom de la cuvée. Un terroir complexe, lit-on sur l'étiquette, où roches anciennes et roches neuves se combinent : calcoschiste pur sur argile bleue, pour les férus de géologie. Un lieu frais, en somme. Et un rosé soigné, signé Mas Amiel (à Maury), très légèrement perlant à l'ouverture, avec une robe saumonée, un nez pourvu d'un joli acidulé, où percent les fruits du verger à chair blanche et les petits fruits rouges du sous-bois. Bouche citronnée couvrant l'acidulé. Un vin pour la table, qui appelle la caponate et les côtelettes d'agneau à la rescousse (17,60€) Alliances : Un chemin de tables, de Maylis de Kerangal (Seuil), en écoutant Porgy & Bess (Ella & Louis).

     

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • réso (2015)

    Capture d'écran 2016-04-18 13.19.28.pngLaurent B. est un formidable rosé du domaine Brusset, à Cairanne (grenache, mourvèdre, syrah) : la force tranquille, la suavité et la délicatesse se sont donné rendez-vous. Rose (nez), cerise, fraise, coing (en bouche), épicé (fin de bouche) : une puissance qui augmente à mesure, comme le moteur d'une Triumph Bonneville. C'est progressif, et empli d'une franche fraîcheur (7€) Alliances : En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut (lire plus bas), avec la chanson éponyme de Nina Simone : cliquez => Bojangles

    Belle buvabilité pour ce chinon rosé de Couly-Dutheil, baptisé René Couly,Capture d'écran 2016-04-18 13.19.43.png à la robe sombre, vineuse, hors-mode. Charnu, friand, gourmand, le cabernet-franc exprime ici sa capacité à se tenir bien à table, pour un repas de charcuterie et de grillades (6,90€). Alliances : Bonnes nouvelles de Chassignet, de Gérard Oberlé (Grasset), en écoutant Patti Smith (Uncle Ho).

    Tarente, réserve, rosé de Bandol du Moulin de la Roque Capture d'écran 2016-04-18 13.11.19.png(mourvèdre et un peu de cinsault) a un côté agrume (pamplemousse encore vert) trop agressif. On y cherche le raisin et les sortilèges qu'un rosé est capable d'exhaler, sous, également, un peu de fruits rouges et un soupçon de litchi (14€) Alliances : Lao-tseu : Tao-tö-king (folio), et n'importe quoi au violon, mais interprété par Sarasate. 

    Honnête syrah de la cave de Tain, à la production fiable, régulière. Un rosé vineux et ample, avec de jolies notes de fraise mûre et de cerise croquante. Idéal pour l'apéritifCapture d'écran 2016-04-18 13.23.14.png avec des tapas entre copains : un rosé sans chichis mais avec du corps (4,15€). Alliances : Le silence, du regretté Jean-Claude Pirotte (Stock), avec le bruit du vent à la cime des arbres (débrouillez-vous, allez en forêt!).

    (à suivre).

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • L'amour loufoque

    Capture d'écran 2016-04-18 11.22.09.pngEn attendant Bojangles, premier roman successfull d'Olivier Bourdeaut, publié par l'excellent (ex-)petit éditeur bordelais Finitude, mérite l'engouement qu'il suscite. Gai, tendre, foutraque, sans queue ni tête, cet ode à l'amour conjugal raconté par le fils unique (au fil des jours dont il prélève l'écume), la présence séduisante d'une grue de Numidie apprivoisée nommée Mademoiselle Superfétatoire, quelques personnages satellitaires figurant une équipe de cirque, possèdent la légèreté d'une bise matinale sur la côte normande, avec ce rien de perfide qui chatouille l'oreille. Bien sûr il y a une histoire, et même de tragiques événements, mais la langue de Bourdeaut a ceci de magique, qu'à l'instar de certains joggers plus marcheurs que coureurs, il semble pouvoir aller sans jamais faire de mouvement vertical : ça roule. Et donc ça marche. Cela prend les contours d'une certaine forme de réalisme magique. Oh, très éloigné de l'imaginaire baroque d'unCapture d'écran 2016-04-18 11.43.57.png Garcia Marquez, bien sûr, mais pourvu de ce petit côté plus loufoque que surréaliste, qui rend la folie amusante, la mort supportable, la peine gaie, et les larmes indistinctes. C'est un court roman fantasque, et de lin, oui, un livre comme le costume blanc que porte Marcello Mastroianni dans Les Yeux noirs (le film magnifique de Nikita Mikhalkof). Elégant, aérien, délicat. Un livre cousu de grâce. L.M.

     

  • C'est cochon, donc c'est bon!

    téléchargement.jpegIls aiment les cochonneries. En faire, en manger, en dire. Et en écrire. Pour notre bonheur, Blandine Vié & Patrick de Mari adorent raconter des histoires cochonnes et gourmandes. Ils en ont commis un paquet en prenant sans doute leur pied (et sans bêler pour autant), rassemblé sous le titre Cochonneries en tous genres (Les Itinéraires). Et on y fait son marché : au total, vingt-huit nouvelles charcutières, tantôt tendres, drôles, voire désopilantes, douce-amères, souvent cocasses, émouvantes, burlesques, ou coquines. Toujours littéraires, c'est-à-dire écrites dans le souci primordial de la langue : ce n'est jamais du mauvais gras qui est servi. Il y a du boudin ici, du jambon là, de l'andouillette ou encore des rillettes là-bas, un air de polar ici, un faux-air de bluette là, une idylle romantico-grassouillette par là-bas, des histoires de rugby, des anecdotes de mecs, des trucs deCapture d'écran 2016-04-11 14.29.29.png filles (prénommées Rosette ou Mariette), des fantasmes (ah, le boucher!..), des histoires d'ogres ne pouvant plus avaler le moindre gosse, à cause de la malbouffe dont il sont gavés! Ca devient dangereux, ces choses-là... Il y a de la poésie aussi, au détour d'un bouquet de paragraphes. Nous tombons même sur des rimes (voir la nouvelle intitulée Goret est un cochon!). Nous y croisons par ailleurs deux teckels baptisés Francfort et Strasbourg, et une baronne de Chambon-Parme. Et l'ensemble, loin de couper l'appétit, aiguise celui-ci. Assez peu Vegan, le livre des créateurs du site gourmand Greta Garbure résonne, de surcroît, comme une jolie provocation, en ces temps light et comme ourdis par une peur panique de s'avouer amateur de cochon... Alors, vive ces cochonneries en tous genres! Et leurs deux jolies plumes gourmandes à la commande. L.M.

  • L'usage d'un classique

    téléchargement.jpegRelu attentivement L'Usage du monde (La Découverte), de Nicolas Bouvier, dans sa nouvelle et splendide édition. C'est le bréviaire, que dis-je : le mot de passe des écrivains voyageurs, des voyageurs, des écrivains aimant davantage décrire que crier, mais doucement, en observant d'un oeil faussement distrait les petits faits, les grands horizons, les regards larges, les senteurs, les saveurs, les odeurs, les rires francs, les sentiments ourdis, les petites choses que peu savent prélever, capter, et puis noter à la fraîche, ou bien tard dans la nuit, à la lueur d'une lune accorte ou d'une lampe vacillante, sur un cahier ami. Nicolas Bouvier (déjà évoqué ici, notamment pour son superbe texte posthume, Il faudra repartir, Payot - cherchez l'archive dans le blog), est un maître. Disparu en 1998, il nous a laissé un chef-d'oeuvre, avec L'Usage du monde. Peu importe où il va, vagabonde, avec son acolyte peintre Thierry Vernet, entre juin 1953 et décembre 1954 (de Genève à là-bas, d'Anatolie et partout en zig-zag, jusqu'en Afghanistan), car il aiguise chaque jour son talent d'écrivain du réel, de l'humain, et c'est cela qui compte : il est celui qui dit, qui décrit, par touches d'une subtilité cristlalline, et la langue, le choix des mots, le goût de l'adjectif idoine, de la métaphore juste, semblent lui être un impératif vital, une quête obsessionnelle et charmante, une source de plaisir qu'il n'a de cesse de partager avec son lecteur. Son voyage devient ainsi celui de chacun d'entre nous. Bouvier passe la main à chaque page, et nous tutoyons aussitôt ceux qu'il côtoie, ainsi que les paysages, les sensations, les déboires, la douleur, la soif, la chaleur, la rage de se faire voler, comme le petit bonheur chipé au quotidien (voyager n'est pas toujours de tout repos), les rencontres minuscules, le don du nada, une esquisse de potlatch parfois, le repos réparateur du corps meurtri par la route, la jouissance du presque-rien : un thé, un sourire, une voix d'enfant, un chant d'oiseau. C'est la magie de l'écriture de Bouvier... Si je commencais à reproduire ici des extraits de ce livre exceptionnel, cette note deviendrait un fleuve anthologique. J'avais lu L'Usage du monde, distraitement, car trop jeune sans doute, il y a des lustres. Je l'ai repris, et d'un trait ou presque, j'ai bu ses 375 pages. C'est un long drink pimenté, aigu et très doux, percutant et lascif, intraitable, poétique toujours. Avec, en bandoulière, cette permanente leçon de vie : nous ne sommes que des passagers, des errants, des observateurs éphémères, des hôtes; tout ça... Le respect nous anime et doit gouverner chacun de nos gestes, chacun de nos mots, et puis nous devons l'enseigner, ce respect de toute chose; il le faut. Une leçon de vie. LM

  • Cyrano l'inoxydable

    téléchargement (1).jpegVu, hier soir au théâtre de la Porte Saint-Martin (*), à Paris, un Cyrano brillantissime interprété par un Philippe Torreton aussi émouvant que magistral, avec une mise en scène décapante et truffée d’excellentes trouvailles contemporaines (en particulier la scène du Balcon de Roxane, jouée avec Skype!.. Et la finale : Mon panache... Sur une chanson d'Alain Bashung : émotion maximale), signée Dominique Pitoiset. J’y ai amené mon fils, et j’en étais fier, car Cyrano est définitivement le personnage que je préfère, pour ses inflexibles vertus morales – c’est un modèle pour un jeune, à l’instar du rugby, qui peut en être un autre, et vous voyez ce que je veux dire. Je considère par ailleurs le texte d’Edmond Rostand (que j’apprends peu à peu par cœur, avec les années), comme l’un des plus beaux de la littérature française. Il y a quelques semaines, je voyais le Cyrano, réalisé par Denis Podalydès àtéléchargement.jpeg la Comédie-française, avec Michel Vuillermoz dans le rôle-nez. Magnifique, dans le registre classique, en costumes d’époque. Je pense que chacun a en mémoire l’interprétation époustouflante que Gérard Depardieu offrit au cinéma, parce qu’elle est propre à graver durablement les esprits. Aussi, celle-ci est-elle devenue, inconsciemment, notre référent. L’interprétation-étalon. Force est malgré tout de reconnaître que, tant Vuillermoz que Torreton renouvellent le genre avec leur talent respectif. Et surtout que téléchargement (2).jpegle texte, inaltérable, d’une facture splendide, avec ses rimes, ses traits, son humour, sa candeur, sa délicatesse, son infinie mélancolie, sa pudeur et sa grandeur, traverse chaque mise en scène, quelle qu’elle soit, comme une flèche. Et que cela durera encore longtemps, pour notre bonheur d’amateur et de lecteur. L.M.

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    (*) Emotion! C'est dans ce théâtre que Rostand donna la Première deCapture d'écran 2016-04-11 13.55.43.png son Cyrano, le 27 décembre 1897, craignant un bide : vingt minutes d'applaudissements, quarante rappels... La pièce fut jouée quatre cents fois de décembre 1897 à mars 1899. Elle fêtera sa millième représentation en 1913. Excusez du peu... Hier soir, ce furent cinq rappels et une standingue ovacheune, comme on dit en Gascon, qui firent faire un peu de gymnastique assouplissante à onze comédiens ravis.