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  • La révolution sera poétique ou ne sera pas

    Capture d’écran 2016-05-28 à 11.32.10.pngJe fais souvent ce rêve étrange et pénétrant... D'un monde gouverné par la poésie, d'un système dans lequel le mot politique serait toujours remplacé par le mot poétique, où la poésie serait la règle douce et désirée. Je me répète souvent (ici encore, il y a quelques semaines, et ce depuis qu'un jour de juillet 1977, je découvris sa parole), le mot de Hölderlin (photo) : A quoi bon des poètes en un temps de manque? (Wozu dichter in dürftiger zeit?), persuadé qu'ils ne sont jamais aussi nécessaires qu'en temps de crise, de guerre, de marasme social, de doute sociétal. Quand les mythologies s'effondrent, c'est dans la poésie que trouve refuge le divin, écrivait Saint-John Perse. Baudelaire : Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète. Hölderlin, encore, répétait que c'est poétiquement que l'homme habite - ou doit habiter -, le monde. Voilà la parole vraie. S'efforcer naturellement (osons l'oxymore) de voir la beauté sous la peau des choses, de même que nous dev(ri)ons toujours frotter et limer notre cervelle à celle d'autrui, disait Montaigne à propos des voyages (en précurseur de l'ethnologie débarrassée de tout ethnocentrisme). Faire de la poésie un mode de vie, un état d'être au monde de chaque instant. Regarder, ressentir, penser, respirer, aimer, rire, parler poésie. Perse, à nouveau (*) : La poésie est action, elle est passion, elle est puissance (...) L'amour est son foyer, l'insoumission sa loi, et son lieu est partout, dans l'anticipation. A chacun sa foi. Croire en cela ne procure aucune espérance en un quelconque au-delà, mais forge et renforce notre pas sur la terre ferme, pensant, avec Eugenio de Andrade, que la démarche crée le chemin. L.M.

    (*) cité dans Habiter poétiquement le monde, anthologie manifeste présentée par Frédéric Brun, éd. Poesis - un livre pas encore vu/lu, évoqué par Le Figaro littéraire d'hier, et d'où je tire ces deux citations de Perse.

    ALLIANCES : 

    Capture d’écran 2016-05-28 à 15.16.34.pngEcouter :  Cigarettes after sex / Affection (cliquez).

     


    Capture d’écran 2016-05-28 à 15.15.42.pngBoire
    :
    le champagne de Barfontarc, un brut blanc de noirs de la Côte des Bar 100% pinot noir, donc. C'est miellé, abricoté, framboisé, crémeux, pulpeux, délicatement vivifié par une acidité gentiment surprenante en bouche. Finale exotique (15€ le prix du plaisir, à fiancer -manger!- avec un dos de cabillaud très épais, juteux, à peine pris au four par le haut).

     

  • Je suis Claude Sautet

    Capture d’écran 2016-05-24 à 11.15.52.pngJ'ai revu, une fois de plus, César et Rosalie, à la télé, avec ce plaisir étrange de l'identification totale, aussi forte qu'entre les pages d'un roman d'amour pourvu d'une épaisseur certaine (Zweig, Marai, Eliade). L'empathie est terriblement sensible, avec les films de Claude Sautet. Alors, j'ai repensé aux Choses de la vie, encore la sublime Romy, et l'immense Piccoli. Et la petite musique Sautet. Années soixante-dix. Mes parents. Leur amour fou. Un spectacle permanent et lumineux, incandescent, idéal, pour leur fils -et filles. Un côté En attendant Bojangles, le roman de Bourdeaut (lire ici, plus bas, au 18 avril), soit une mélancolie gaie, les larmes avec les rires. Les années bonheur, l'insouciance, la mer, le soleil, la terrasse toujours remplie d'amis... Une atmosphère que j'ai - très modestement - décrite dans mon roman Flamenca. Et donc Sautet, sa façon de dire avec tant de tact et de justesse les sentiments, une époque... Comme Aznavour sait chanter l'amour mûr, devenu adulte. Alors je pense à Capture d’écran 2016-05-24 à 11.14.15.pngla chanson d'Hélène, comme on pense au thème de Camille, de Georges Delerue, dans Le Mépris, de Godard, (évoqué sur ce blog de façon récurrente)... La chanson d'Hélène est la plus bouleversante qui soit, la plus douce. Aussi douce et forte que les regards de Sami Frey et d'Yves Montand, à la fin de César et Rosalie, par la fenêtre, lorsque Rosalie/Romy revient... Aussi douce et irrémédiable que l'eau (ou parfois le sable), qui coule, s'échappe d'entre nos doigts. La vie qui fuit, l'amour qui ne se retournera pas, une plage soudain déserte, une page à nouveau blanche, une saison sèche qui tremble à l'horizon comme un mirage. Un côté comme ça... Alors, oui, il y a des jours comme ça. Et, aujourd'hui, comme si souvent, comme ce soir nous sommes septembre (davantage que Charlie), Je suis Sautet. L.M.

    Cliquez là => La chanson d'Hélène 

    Capture d’écran 2016-05-24 à 10.53.04.pngCapture d’écran 2016-05-24 à 11.17.24.png

     

     

  • Spleen parisien

    téléchargement.jpegAlors les copains te disent, te répètent depuis des lustres « trop la chance », « arrête, je vais pleurer », « et moi tu sais où j’ai bouffé », et « plains toi », et j’en passe. Trente ans que ça dure. Que j’accepte de me faire rincer dans les plus beaux endroits, en vertu d’un système huilé, admis, et qui ne se pose plus de question (s’en est-il jamais posé ?), selon lequel il faut engraisser le journaliste comme une oie pour qu’il chie un papier, même pas son foie. Dans le domaine du journalisme gastro/oeno/art de vivre/chose, comme ailleurs (j’en ai connu d’autres, très différents, et c’était la même chose : le voyage en first, le petit cadeau à l’arrivée dans la chambre, le gros juste avant de repartir, qui te fait tellement rougir que tu es obligé de le refuser -question d'éthique, mec, et tout le toutim qui ne frise plus le ridicule). Alors, oui, la semaine dernière, j’ai déjeuné chez Pierre Gagnaire, invité par les grands vins bourguignons de Bouchard, et le lendemain aux Crayères, à Reims, pour une jolie histoire champenoise – et je rendrai compte bientôt des deux, l’ingratitude étant, dans mon top-ten des déconvenues rédhibitoires, un spectre voisin de la déception : si tu acceptes, tu joues le jeu, mais tu n'entres pas dans Troie!.. Deux gargotes de très haute volée ! (meilleur déj’ à la seconde, d’ailleurs). Et j’ai séché plusieurs choses : Dutournier, Apicius… Mais je sais aussi que je me suis régalé d’un jambon-beurre avec un demi, au comptoir d’un rade improbable du 18ème arrondissement de Paris, en filant à l’Anglaise d’un énième machin. Et qu’un jour, au moment de passer à table, au George V, invité par Bernard Magrez et son château Pape-Clément à partager un somptueux repas, en compagnie de « people » éparpillés ici et là, comme Depardieu, Weber, et je ne sais plus qui encore (mazette !), saisi d’un stress des grands jours –celui qui mouille la chemise plus rapidement qu’une douche, j’ai fissa fui (prétextant un bouclage anticipé plutôt hard), puis j’ai respiré un très grand coup une fois dehors, et je me suis alors précipité dans une pizzeria de rien du tout pour manger une Margherita avec les doigts, en repliant sa pâte hélas trop molle (et en pensant fort à celle –formidable-, de Vesi, à Naples)…
    Alors, heureusement que je sais des gens intelligents parmi mes lecteurs, qui ne diront pas, hâtivement, ce mec est blasé, c’est un con, c’est un enfant gavé, un gâté pourri, et gnagnagna... Car, cela n’a rien à voir avec le fait de devenir blasé. Ce que je ne suis pas encore, au bout de tant d’années passées à « tester » les étoilés, les spas, les choses, moi qui n’aime rien comme dormir sous la yourte et partager un steak de cheval cru (épargné par les ours, la nuit dernière), avec des aigliers Kazakhs, ou un filet de buffle à la braise, en compagnie d’un pisteur Burkinabé, adossé à une roue du Land-Rover, tout en écoutant rugir les lions dans le lointain... Non, fuir les mondanités, les convenances, les précautions d’usage, les sourires forcés qui finissent par te refiler une crampe singulière aux zygomatiques, ce blazer encore neuf depuis dix ans qui te serre le dos et les épaules, les moc’ qui étranglent ton cou de pied, lors que tu portes jean-t-shirt-sneakers chaque jour, et n’aime rien comme enfiler tes bottes en caoutchouc – tes vraies pantoufles -, pour aller patauger dans les marais, non, cela n’a rien à voir avec la suffisance de certains qui s’indignent de ce que le red carpet soit plissé – soit pas assez tendu -, devant leurs augustes pas. Cela pour dire que là, au lieu d’un proutproutpincefessedemesdeux, j’ai, one more time, réellement joui (avec fierté, oui), de quatre raviolis vietnamiens « à emporter », dégustés dans leur barquette en plastoc (en me cramant les doigts : j'ai jeté trop vite la poche avec les instruments), au cœur de la ménagerie du Jardin des Plantes, au soleil, entre une chouette harfang des neiges, des oryx d’Arabie et un caracal du désert, qui partageaient une profonde mélancolie proche de la dépression animale, celle que nous ne voulons pas analyser, ni amoindrir, nous les inhumains. Empathie. L.M.

  • Les vins d'Ardèche au Pinxo

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    Splendide dégustation orchestrée par Michèle Piron-Soulat et son équipe féminine, au restaurant Pinxo, spécialiste de la « tapa » de très haut-vol : extraordinaires bouchées de pieds de cochon, délicieuses saint-jacques bardées sur une purée de petit pois, formidable boudin noir landais, et jambon chipsé (de chez Aimé à Dax, ou de chez Montauzer à Guiche, c'est selon), entre autres merveilleuses tapas savoureuses comme à San Seba, ou à Bilbao (bravo, par conséquent, à Fabrice Dubos et à l’équipe très pro de ce restaurant de l'armada de l'ami Alain Dutournier, d’une qualité extrême, sis rue d’Alger). Cela escortait les nombreuses cuvées de vignerons indépendants, et de caves coop’ de respect. L’Abbé Dubois de Cécile et Claude Dumarcher, à St Remèze, propose un viognier 2015 en IGP Ardèche au nez de pêche et d’agrumes délicat, bouche friande et vive, au sein de laquelle acidité et douceur font bon ménage (6€ à peine). La cuvée Originel, nouvelle, vaut franchement le détour, car il s’agit d’un IGP Ardèche rouge issu de Plant de Brunel à 100% Kezaco ? Un cépage quasi inédit, reconnu par l’INRA depuis 2010, planté au domaine des Dumarcher, en 2011 : les vignes ont donc à peine 4 ans, et donnent leur premier vin : c’est très original : robe sombre, nez de fruits rouges vifs (cerise croquante, légère acidité), c’est franchement tannique en bouche, puissant et sans détour possible, cojonudo. 3000 bouteilles à peine pour cette curiosité totale (15€). Le domaine des Accoles, de Florence et Olivier Leriche, à Coux, en certif' Demeter depuis 2015, propose un blanc très grenaché (additionné de clairette blanche et rose), Recto Capture d’écran 2016-05-20 à 19.06.33.pngVerso 2015 (9€) aux notes d’agrumes affirmées. Rendez-vous des Accolytes 2014 bio, rouge, issu de grenache à 100%, très mûres (7€), une cuvée Miocène 2013 bio (13€), où grenache (70%) et carignan expriment une vivacité sans ambages, derrière un mentholé du meilleur effet. Le château Les Amoureuses, de Jean-Pierre Bedel, à Bourg St Andéol (07), donne un rouge assez rond, Black Sublim 2012, avec une jolie acidité délicate en bouche, et doté d’une belle présence en bouche, dans le millésime 2011 (25€, ça rigole pas). Et un Absolu Black 2012 Capture d’écran 2016-05-20 à 19.07.25.png(grenache, syrah, mourvèdre, carignan) 41€, et oui. Très grenaché, sur le Capture d’écran 2016-05-20 à 19.08.53.pngmillésime 2011. Le domaine Arsac, de Sébastien Arsac (photo), en culture bio certifiée, est un domaine solide au discours construit, et aux cuvées ad hoc. Argence 2014, un chardonnay bichonné de la vigne au chai, est floral, beurré en bouche, et pourvu d’une impeccable fraîcheur (13,25€). La Chaumette 2015, un rosé de grenache à 95%, résolument gastronomique du début à la fin d’un repas, se fiche de sa couleur peu « modeuse », plutôt soutenue (comme on aime), et affirme sa clarté, sa délicatesse, et sa force en bouche (10,75€) : Respect, Sébastien!.. Mais Terra Occidens 2014, à fond merlot (85%), ne convainc pas, malgré son étonnante vivacité de cerise croquante (13,25€). Le domaine de Cassagnole, d’Audrey et Alex Biscarat, à Casteljau, propose un blanc (viognier 100%), Esprit de Cassagnole, vif, épicé et rond en bouche : réconciliateur, en somme (8€). Esprit de Cassagnole rosé 2015, issu de syrah corpulentes, de grenache et d’un chouia de viognier, possède une délicatesse et une suavité d’une jolie franchise (8€). Esprit de Capture d’écran 2016-05-20 à 19.11.29.pngCassagnole rouge 2014, ose le marselan, cépage réputé difficile à réussir. Et c’est bien travaillé, bravo. Accompagné de syrah et de carignan, ce rouge élégant, cru, fruité, sauvage, est néanmoins souple et fin en bouche (8,50€). Le domaine du Chapître, de Frédéric Dorthe, à St Marcel d’Ardèche, propose une syrah 100% avec la cuvée Aria 2012, puissante, avec de la matière (8€). Et un blanc, Exsultate 2015, issu de roussanne et de muscat à petits grains, peut-être trop muscaté, vif certes, épicé aussi (10€). Le domaine Coulange, de Christelle Coulange, à Bourg St Andéol, offre un côtes du Rhône blanc (grenache blanc, viognier, roussanne, marsanne) d’une grande rondeur, avec du gras et une belle acidité en bouche qui réveille l’ensemble (6,50€). Mistral 2015 est un côtes du Rhône rouge très grenache (80%, et syrah), mis en bouteille il y a moins d’un mois (nous sommes le 20 mai), et déjà prometteur, sans défaut majeur apparent. Fruits rouges, épicé délicat, réglissé fugitif (6€). Rochelette 2014, du même domaine, est très marqué par la syrah, c’est complexe et élégant, ça appelle l’entrecôte ou le carré d’agneau (7€). Le domaine du Grangeon, Capture d’écran 2016-05-20 à 19.13.07.pngde Christophe Reynouard, à Rosières, est une référence absolue, selon nous : son viognier 2015, travaillé à l’ancienne, soit comme dans les années 1990 (à peine!), possède une sucrosité (3,8g/l) donc une douceur avenante, qui n’apparaît qu’après une fraîcheur superbe au nez (poire, pêche), et une vivacité en première bouche (pêche blanche, chèvrefeuille), et le tout explosa littéralement sur la coquille St-Jacques lardée du Pinxo ! (10,50€ : avec tant de soins apportés, c’est cadeau). Le Chatus 2013, un cépage adoré et minutieusement travaillé par Reynouard : nous avons là l’expression délicate du fruit, avec cette acidité nécessaire, ses tanins discrets, fondus, et qui nous font juste un clin d’œil amical; c’est joliment épicé, doucement alcooleux, fruité profondément (et sur certains millésimes, la nèfle s’invite pour adoucir la fin de bouche, mais pas là). 13€, re-cadeau. Et bravo. Bravo aussi à Benoît Chazallon, vigneron absolu, adepte instinctif de la bio culture biologique et biodynamique (label Ecocert AB) de son déjà célébrissime domaine de La Selve. Madame de 2014, que l’on ne présente plus à aucun aficionado, est un blanc en IGP Ardèche, « mention coteaux de l’Ardèche blanc », viognier 100%, d’une pureté droite, très floral, avec des notes Capture d’écran 2016-05-20 à 19.13.57.pngaffirmées de pêche et d’abricot du meilleur effet (24,50€ le prix du voyage dans un verger rarissime). Serre de Berty 2013 est le vin étonnant de cette grande dégustation. Ce rouge issu de syrah (50%), grenache et cinsault à part égale, en culture bio et biodynamique sans aucun insecticide, intrant chimique et tout le bazar bordelais (oops !), jouit d’une cuvaison très longue (6-8 semaines). Levures indigènes, of course, ce n’est ni collé, ni filtré, ça donne un nez incroyable où domine la poire (!), il n’y a aucune extraction, ni aucun pigeage, c’est à peine-à peine soufré à la mise, et cela donne… « le toucher du vin ». Un concept aussi poétique qu’essentiel, retenez-le, c'est un peu comme le toucher de la hanche pour un danseur de tango, et pour un vin aussi puissant que délicat, cela figure une sorte de synthèse, une bouqet ramassé. Très longue fin de bouche... Et c'est armé d’une délicatesse infinie, d’un soyeux presque irréel : le coup de cœur absolu (15,40€). Solera tirage 2015, viognier 100% de Chazallon aussi, muté à mi fermentation, ouillé (pas comme à Jerez : pas de « flor »), est très liquoreux mais nerveux, et capable de se battre en duel avec un fromage bleu, un foie gras poêlé, et un chocolat amer (20€ le flacon de 50 cl). Le Mas de Libian, d’Hélène Thibon, à St Marcel d’Ardèche, en biodynamie certifié Demeter, c’est la classe et la pureté mêmeCave Vinum 2015, un blanc issu de roussanne, viognier et clairette, exprime la fluidité, laCapture d’écran 2016-05-20 à 19.15.34.png suavité, oui... Cette limpidité que l’on est désormais forcé de « retrouver » devant un vin en biodynamie – c’est comme ça, cela commence à se reconnaître, et nous le savons, lorsque nous dégustons entre nosotros... Et cette nouvelle « distinction » passera désormais par là. Un blanc exotique, après les fleurs et les fruits à chair blanche, d’une élégance et d’une noblesse qui évoque la démarche droite et inflexible des Africaines traversant la brousse avec un énorme bac rempli d'eau, en plastique de couleur vive, posé sur leur tête (13€). Bout’zan 2015, très grenaché, est un rouge envoyant une jolie mâche virile (10€). Le domaine Notre Dame de Cousignac, de Raphaël Pommier, à Bourg St Andéol, propose un blanc marqué par la clairette, floral en diable, avec un léger gras (8€). Le domaine de Vigier, de Marjorie Dupré, à Lagorce, offre un viognier 100%, Inès 2014, au nez exotique (ananas) et « viennois » (beurre frais) bienvenu, le rapport qualité prix nous apparaît probant : 7,65€. Les méritants Vignerons Ardéchois, présidés par André Mercier, sis à Ruoms,Capture d’écran 2016-05-20 à 19.16.26.png proposent une grande gamme séduisante : le viognier Tradition (6,40€), possède une douceur de bon aloi. Son frère (100% viognier, aussi), élevé en barriques, Terre d’Eglantier, est naturellement charnu, boisé donc, mais avec raison (8,50€). Terre d’Amandier 2015, chardonnay 100%, rond, équilibré, sur la pêche et l’aubépine, l’épicé doux aussi, voire le fruit sec torréfié, est une réussite recommandable (7€ à peine). Grotte Chauvet, une toute nouvelle gamme, existe déjà en rosé 2015, AOP Côtes du Vivarais : c’est friand à souhait, gourmand, et ça appelle les copains et le barbecue (6,30€). En rouge 2014, avec 70% de syrah et un complément de grenache, Grotte Chauvet est marqué, affirmé, c’est cohérent avec le visuel préhistorique : voici un vin offrant une belle matière (6,30€). Enfin, la cave La Cévenole, à Rosières, donne un Chatus Monnaie d’Or 2013 (100% chatus) d’une puissance contenue, avec une bouche généreusement épicée (7,65€).

    Léon Mazzella

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Le Blanc de Noirs de Dauby

    Capture d’écran 2016-05-17 à 20.48.54.pngC'est une petite merveille, ce Brut Premier Cru-là...

    Champagne Dauby (« Mère & Fille »), Blanc de noirs (issu des plus beaux pinot noirs du terroir magnifique de Mutigny, classé Premier Cru) :

    Bulle fine, cordon régulier et enjoué, sous une robe jaune, vive, sans reflets clinquants : franche.

    Joli nez d’une grande fraîcheur, et « viennois », de pain brioché, quasi « cremoso », avec une touche de pêche blanche, une pointe de myrtille, et puis de mûre, et enfin un zeste caressant de pomelo rose.

    Bouche ronde et ample, pleine, avec un léger crayeux (le sol parle !), et juste ce qu’il faut d’agrumes mûrs, soit un citronné presque confit. On y retrouve la viennoiserie délicate, et une finale de framboise encore croquante.

    Un champagne gourmand, d’apéritif attentif, et surtout pour accompagner dignement un poisson de rivière en sauce (beurre blanc, crème), ou une volaille justement cuite, encore juteuse.

    La famille Dauby, sise à Aÿ, jouit de terroirs exceptionnels et élabore une gamme de champagnes de respect depuis soixante ans. La marque au coquelicot – emblème qui souligne le respect absolu de la nature et de la biodiversité, possède le sens de la recherche d’une certaine authenticité qui laisse parler la terre. C’est « juste » bien fait... (18€!). L.M.

    Alliances :

    téléchargement.jpegLa table de Montaigne, de Christian Coulon (Arléa), car l'auteur (prof émérite à Sciences-Po Bordeaux - nos universités!), révèle un auteur des Essais qui se fiche de la gastronomie comme d'une guigne ou de sa première culotte pour aller chevaucher bride abattue, et plutôt un philosophe gourmand, voire bafreur. Et ce bouquin passionnant se double d'une vraie histoire des moeurs gastronomiques du Sud-Ouest de l'époque... Un régal, pour qui aime la région, Montaigne, et manger généreusement. 

    Ecouter, avec ce duo :

    Une compil de bons vieux standards des Pink Floyd.

    Comfortably numb

    Et aussi des succès de Peter Gabriel (post Genesis)

    http://bit.ly/1cGBpHz.

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  • Le Moulin de La Roque, à Bandol, et ses 5 terroirs à rouges

    Capture d’écran 2016-05-16 à 18.49.38.pngLe vignoble du Moulin de la Roque, au Castellet (Var), en appellation Bandol, jouit de cinq terroirs distincts qui donnent cinq vins rouges aux propriétés singulières : les Sables Rouges, les Marnes Noires, les Marnes Sableuses, les Calcaires à Rudistes et les Galets du Trias (18,50€ chaque bouteille, ou bien – mieux ! : en coffret de 5 bouteilles de 50 cl : 55€). Nous les avons dégustés pour vous ce 16 mai (un jury de 3 pros), dans le millésime 2011.

    Les Sables Rouges (présence d’oxyde de fer Capture d’écran 2016-05-16 à 18.44.38.pngdans le sol, la mourvèdre adore ça), offrent un vin à la robe si foncée qu’elle paraît noire. Un nez vif de cerise et de fruits noirs mûrs, presque confiturés saute aux narines. La bouche est ample, puissante, et riche, avec une pointe réglissée surfant sur une longueur respectable – on sent le vin sérieux de bonne garde.

    Les Marnes Noires – un terroirCapture d’écran 2016-05-16 à 18.47.07.png magnifique et envié -, présente une robe profonde, grenat dense. Nez épicé, avec des notes affirmées de petits fruits rouges croquants. Bouche très présente, soit structurée, avec de beaux tanins, et une longueur acidulée très fruitée, du meilleur effet.

    Capture d’écran 2016-05-16 à 18.53.51.pngLes Marnes Sableuses, assez empierrées, obligent les racines de mourvèdre à se frayer un chemin tortueux. Œil élégant, grenat à reflets mauves. Un nez de cassis et de mûre, ex-aequo, s’impose. La bouche est souple, riche, comme crémeuse, les tanins, d’une souplesse de gymnaste olympique, marchent sur la pointe des ballerines. Longueur généreusement fruitée.

    Les Calcaires à Rudistes désignent un sol compact qui refuse l’eau à l’entrée comme un videur obtus devant une boîte de nuit refoule le frimeur suffisant. Compliqué, pourCapture d’écran 2016-05-16 à 19.03.18.png abreuver les racines. Braconnières, celles-ci parviennent à s’insinuer, à s’inviter, en bonne Résistantes… Œil foncé, grenat dense. Nez explosif de cerise, de framboise mûre, et de pruneau sec mais charnu, encore chouia juteux. La bouche est d’une grande douceur bordée de puissance. Là aussi, ça sent la garde, la bonne garde !

    Capture d’écran 2016-05-16 à 19.03.45.pngLes Galets du Trias, vieux sol (une poignée de millions d’années et des poussières) très calcaire, qui accueille l’eau comme l’Allemagne le réfugié syrien au début. Au début seulement… Mais qui sait garder la chaleur, avec une minéralité très réceptive. La robe est noire comme la petite robe noire que les filles aiment tant porter. Le nez est résolument braqué sur les petits fruits (noirs) de sous-bois. La bouche est souple, sans agressivité, et franchement longue (il faudrait compter les caudalies, pour s’amuser).

     

    Cerise sur le plateau :


    Capture d’écran 2016-05-16 à 18.48.25.pngLe rosé Tarente, bandol 2015, du même Moulin de La Roque, est quant à lui un rosé sérieux, vineux, riche, corpulent même, qui ne s’en laisse pas compter. La mourvèdre dans toute sa splendeur. Nez volontiers exotique, bouche délicatement persistante. C’est aromatique en diable, structuré et tout en finesse. Tarente peut soutenir un repas entier. Ou bien un apéro de trois rugbymen ayant envie de rigoler, voire de chanter avant de passer à table (14€).

    L.M.

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  • flacons divers pour temps incertain

    Ma Simonetta me le disait, tôt ce matin, en terrasse, au café voisin : ce temps, c'est vraiment n'importe quoi! Donc, ne voici pas des rosés tranquilles pour les canicules à venir, mais trois flacons inégaux pour des temps incertains, comme nous tous. Qui réclament un feu ardent de cheminée assoupie, et à réveiller, à enflammer -pas d'urgence, surtout-, petaloso, à mesure, en se déshabillant doucement de ses pétales, (comme Peter Pan de son vêtement végétal - d'autres l'ont de lumière). A la manière de l'empereur Auguste, qui se hâtait lentement. Ah, les nuages, les merveilleux nuages, striés de martinets au chant strident qui pince les coeurs en morceaux, tout en zébrant l'indigente portion rectangulaire de ciel qui nous est allouée, ici, soit loin de l'essentiel, à des années lumineuses d'une certaine vérité naturelle (mais forcément apprivoisée par d'autres que nous mêmes), pétrie de silence sauvage, et solidement bâtie, en revanche, sur des regards entendus...

    Capture d’écran 2016-05-15 à 14.38.45.pngLa Tour du Bief, Moulin-à-Vent 2011

    Belle corpulence pour ce domaine sis à Chenas. Un rouge fruité, profond, à la robe grenat soutenu, avec une touche de violette, au nez, ainsi que des fruits rouges (cerise) et noirs (mûre) que l’on retrouve à l’identique en bouche. Un vin gourmand, charnu et velouté, très équilibré et d’une belle fraîcheur, qui convient à un poulet à la broche accompagné de papardelle fraîches avec un pesto rosso légèrement pimenté. Un beaujolais qui n’a rien à envier à certains voisins bourguignons (13,50€).

     

    Montus Pacherenc du Vic Bilh blanc 2011Capture d’écran 2016-05-15 à 14.47.05.png

    L’excellence de la patte Alain Brumont (vigneron – inspiré depuis belle lurette -, à Maumusson, dans le Gers) s’exprime aussi en blanc, avec ce pacherenc sec (petit courbu (80%), petit manseng), élevé en demi-muids (600 litres) sur lies fines, 15 mois durant. La robe est dorée, brillante et dense. Le nez, de fleurs et de pêche blanches, et légèrement truffé, est d’une grande fraîcheur - limite saline - , du meilleur effet. La bouche est soyeuse, chouia grasse comme il faut, ample et longue, très longue. La minéralité, droite, le dispute à une certaine douceur convaincante (et à peine boisée), voire immédiatement séduisante. Un beau flacon pour escorter un bar grillé, des joues de lotte poêlées, et pourquoi pas un foie gras au torchon (30€).

     

    Capture d’écran 2016-05-15 à 15.06.51.pngGrémillet, champagne « rosé vrai »

    Il ne convainc pas, malgré sa robe à la tonalité intense (100% pinot noir), avec sa bulle grossière façon Perrier, ce champagne rosé « vrai » (de saignée, ou de macération : soit pas un rosé d’assemblage) extra-brut (de 0 à 6 g de sucre par litre maximum). C’est le genre de produit qui semble fait pour la Fête des mères, e basta. Or, la vinosité, d’une faiblesse indigente, le nez fuyard, de fraise surtout, puis de groseille, la touche bonbon anglais en bouche, laissent coi. Ou sur notre soif de découverte, et de goût. En montant en température, le vin s’assouplit cependant, et un fruité plus complexe s’affirme à mesure. Attendez-le, donc, et sifflez le à l’apéro, même si votre mère n’est pas encore arrivée. Et puis, bon, faites sauter un autre bouchon pour la fêter… (24€).

     

     

  • Dictionnaire chic du vin, deuxième

    Capture d'écran 2016-04-06 16.25.34.pngLe Dictionnaire chic du vin (éd. Ecriture), paru vers la fin du mois de septembre dernier, est en rupture de stock depuis une belle poignée de semaines (ce qui ne m'a pas empêché de signer un reliquat d'exemplaires glanés ici et là, aux salons du livre de Saumur, du Mans, et de Rue89). Sa réimpression prend du temps, mais elle devient imminente. J'en profite pour remercier ses 3 000 premiers acquéreurs, ainsi que les auteurs des nombreux articles et autres émissions de radio qui en ont fait écho dans leurs colonnes et sur les ondes. Le livre sera donc à nouveau disponible sous peu en librairie, sur simple demande/commande.  

  • Rosés, la suite

    Capture d’écran 2016-05-06 à 14.46.53.pngPrestige du Président est un rosé corse de coopérative (l'Union des vignerons de l’île de Beauté, à Aléria), issu de sciaccarellu et d’un peu de syrah. Sa robe est claire, mais dense et brillante. Son nez exprime les fruits rouges vifs et croquants : framboise, fraise des bois, et un léger citronné dépourvu de cette agressivité qui semble être à la mode (et la mode semble être, tous secteurs confondus, à l'agressivité, à l'arrogance, à l'irrespect de... Je m'égare, là). Jolie bouche ample, pleine, fruitée et tendrement épicée, en finale. Très agréable sur un poulpe a la Gallega, servi tiède, avec du pimenton (ou du paprika), et des légumes verts croquants cuits brièvement à la vapeur (pois gourmands, petits pois, brocolis), finis à froid d’un filet d’huile d’olive vierge généreux. C’est, de surcroît, une bouteille belle, lourde, dont la teinte du verre cache la couleur du vin (7,50€). Très Corse, cette façon de dissimuler, d'ourdir, de comploter jusqu'à la couleur du... contenant. J'aime.

    Lire, avec : Le vin & le sacré, d'Evelyne MalnicCapture d’écran 2016-05-06 à 15.47.41.png (Féret), un superbe album richement illustré, à l'usage des hédonistes, croyants et libres-penseurs : c'est le sous-titre. Une ferveur commune a toujours associé vin et divin, depuis plus de six mille ans. Le vin est en effet au coeur de la civilisation méditerranéenne. Il est dans la Bible, il imprègne, voire imbibe les textes fondateurs en Mésopotamie, en Egypte, en Grèce bien sûr. La Pâque juive, le paradis d'Allah... Nul n'est épargné, du moins du côté des monothéismes. La trop fameuse métaphore du sang versé (le Graal), l'image classique du sang de la vigne du poète persan (païen et jouisseur, pour le coup, donc hors-sujet!) Omar Khayyâm, le vin est aussi et surtout redevable du cep de vigne que Noé garda serré dans sa main, en montant dans l'Arche. C'est là le cep fondateur! Celui dont les Légions romaines ont semé les fils, partout où elles passaient. Mon Dictionnaire chic du vin (éd. Ecriture) évoque abondamment ces sources fondamentales, ainsi que les figures de Dionysos et de Bacchus, ainsi que le passage du divin au païen. Alors, lisez ce très bel album, dans lequel Evelyne Malnic a tout donné, et sur lequel nous reviendrons ici, prochainement. Rappel : religion signifie ce qui relie (les hommes entre eux). Et quoi de plus reliant que le vin?

     

    Capture d’écran 2016-05-06 à 15.25.24.pngEt si Bacchus était une femme. Parenthèse dans ce feuilleton des vins frais de l’été, amorcé ici le 18 avril (lire en faisant défiler les notes), une fois n'est pas coutume, car le vin que j'évoque ci-dessous s'adresse à ceux qui passent à Paris ou bien y vivent, en raison de l'unique adresse où nous pouvons le trouver. Collector, mes amis, collector! Et vintage, tant qu'on y est! Ce vin rare est incontestablement le rosé de l’été parisien. Gourmand, fruité, délicat, ce Provençal étiqueté spécialement par le célèbre domaine Gavoty, dans le Var, pour la cave parisienne « Et si Bacchus était une femme », est un rosé qui ne manque ni de claquant, ni de classe. Issu de cinsault et de grenache, il est idéal pour un déjeuner sur l’herbe dans un jardin parisien, qu’il soit des Plantes, de Vincennes, ou d’Acclimatation, avec des fromages de chèvre, du jambon de Parme, des grissini et une tapenade maison.

    Robe pâle et élégante. Nez fruité deCapture d’écran 2016-05-06 à 16.04.40.png groseille, de fraise mûre et de framboise croquante. Bouche ample, généreuse, avec des hanches, et pourvue d’une jolie longueur, à la fois tendre et fraîche. Le vin idoine pour un apéro sur les bords de Seine ou de Marne, depuis les quais se trouvant à l’aplomb de la Très grande bibliothèque, jusqu’à Joinville-le-Pont et au-delà. Ou bien pour un dîner amoureux sur le petit balcon, collés-serrés par la force des choses foncières... Et encore pour une soirée entre copains et copines, à l’appart’, en écoutant le dernier album collectif Autour de Chet (Baker). Le rosé « Et si Bacchus était une femme », c’est la griffe discrète d’un grand de Provence dans un gant de velours. L’alliance de la fête et de la finesse (10€). Et vendu, donc, uniquement à la boutique (coordonnées ci-dessus). Cette cave cosy est à la gloire du vin de vigneronne, et volontiers bio. A noter que la gamme Et si Bacchus était une femme se décline en blanc, en rouge, ainsi qu'en champagne (de vigneronnes, évidemment). L.M.

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Folio entre guillemets

    Capture d’écran 2016-05-06 à 10.08.41.pngJubilatoire, cette petite collection folio : "entre guillemets", dont chaque volume est enrichi de dessins d'illustrateurs, et qui reprend par exemple le formidable Les mots de l'époque, de notre ami Didier Pourquery (Autrement, 2014, évoqué ici même à sa parution), sous le titre Les mots passants de tous les jours (une sélection de ses meilleures chroniques Juste un mot, parues dans M/Le Monde). Pourquery analyse avec un talent d'observateur tendre et subtil, tant de mots attrapés au vol, dans la rue, le métro, n'importe où, entre citoyens jeunes et moins jeunes : ce sont les termes de l'époque, de genre, à deadline, en passant par clivant, dans la boucle, impacter, ou encore j'allais dire, et tongs... Désopilant, le livre de Lionel Besnier, L'argot du polar, qui est une anthologie des meilleures citations et répliques piquées dans les polars (500 en tout), soit les perles d'une langue verte qui, lorsqu'elle vire au noir, ne manque pas de claquant. Drôle,Capture d’écran 2016-05-06 à 10.08.13.png évidemment, et tellement auto-dérisoire, L'humour juif, de Judith Stora-Sandor, truffé d'histoires de rabbins que l'on est tenté de lire à voix haute, afin de faire rire les copains. Une quinzaine de titres sont déjà parus, de Comment dit-on humour en Arabe, de Mohammed Aïssaoui, aux Meilleurs zeugmas du Masque et la plume (collectif). Notons par ailleurs le soin apporté au graphisme, à la qualité du papier, au thermoformage de la couverture, soit à l'originalité supplémentaire de cette collection qui hisse le livre en  format de poche au rang d'objet en tous points agréable. A suivre. L.M.

  • "Alliances décoiffantes" (Yul Brynner dixit)

    téléchargement.jpegLà, avec deux potes, on s'est dit on y va, on verra. D'ailleurs, on se le dit souvent, ça. C'est (un peu) vivre, d'une certaine façon. Château Minuty 281, avec sa longue larme bleue intense, est une cuvée tropézienne très particulière (grenache et tibouren, vignes de 25 ans minimum, sélection parcellaire). François Matton, son co-propriétaire (avec son frère Jean-Etienne), souligne avec justesse sa belle longueur en bouche, et ajoute que ce 2015 est moins marqué par l'acidité que le 2014. Oh, combien! Nous n'avions franchement pas aimé le 2014, vraiment trop marqué agrumes verts. Celui-ci est davantage en rondeur,Phared'Eckmühl_SardinesPimentEspelette.jpg très floral, délicat, avec une bouche légère de pomelo, et de pêche blanche résolument gourmande et, néanmoins (ou plutôt nez en plus), une force en retrait, comme un coup de reins salutaire. Un truc capable de soutenir des sardines du Phare d'Eckmühl au piment d'Espelette bio, lequel ne fait pas semblant d'être dans la boîte. Et oui, l'accord se fit. Minuty (45€ env. quand même), surnagea, et ces splendides petits poissons, d'une fermeté ad hoc, mon capitaine, expriment l'excellence de la conserve, avec un paquadjingue sobre et du meilleur effet, comme très souvent avec les sardines à l'huile (davantage qu'avec les Pataugas). A noter que Minuty, fondé par Ganriel Farnet, fête ses 80 ans, cette année (à suivre).

    Capture d’écran 2016-05-04 à 13.27.55.pngQui l'eut cru? Le porto blanc extra sec, Extra Dry White Reserve, de la Quinta das Lamelas, soit un pur joyau (19€ le flacon de 50cl), qui naît dans Le Cima Corgo, un terroir exceptionnel du Douro, exprimant certes aussitôt la noix, l'amande torréfiée, l'abricot sec mais moelleux, avec une tension idéale qui l'empêche de flirter avec la douceur encombrante, le gras lourdingue, va à merveille -tenez vous bien-, avec des filets de hareng fumés, doux toutefois, augmentés (maison) d'oignon blanc, de poivre noir et d'huile neutre avec un chouia d'huile d'olive toscane, dûment marinés deux bonnes heures. L'accord est étonnamment symbiotique. L'iode, le gras, le salin, le fruité sec, la raideur douce, le croquant du vin et la douceur molle du poisson, tout cela dansait un tango sauvage dans la bouche. Et mes potes murmuraient, les yeux mi-clos. Nota : Si vous passez par la capitale (Paris), sachez qu'a ouvert une boutique unique en son genre : Portologia, rue Chapon, dans le 3ème arrondissement. C'est le temple du Porto, des portos, vins tranquilles blancs et rouges compris, et des produits dérivés : charcuterie, fromages, huiles... Plus de 200 références, une majorité de petits producteurs, même si nous trouvons un négociant comme Dalva (lequel nous évoque davantage le regretté Jim Harrison que les vins de la vallée du Douro...), des vins tranquilles, bien sûr, et qui sont si bons (Esencia, essayez donc ça!) et puis la gamme de Bulas, ou bien celle de la Quinta do Murao), et la grande palette, des tawnys au Late Bottled Vintage, en passant par les Colheitas... Julien Dos Santos, maître des lieux, est un specialista disert. Il vous en dira tant... Rappel : la France est le premier pays consommateur de Porto (et de whisky aussi. Nous cumulons!). Dernier détail, de taille : on peut déguster sur place, entre amis, en grignotant des choses superbes tout en débouchant des flacons. Convivial, cette cave, bar à vins, maison de dégustation (comme on parle de maison de thé), est un lieu qui devrait logiquement devenir fissa pronto une adresse sympa pour les apéros que l'on aime tant prolonger...

    Château Larroque, un bordeaux blanc - propriété de la familleCapture d’écran 2016-05-04 à 13.25.08.png Ducourt (dans le millésime 2015 bien sûr), est très équilibré, tonique, fruité (exotique) à souhait, avec une acidité de bon aloi, un nez complexe que l'on retrouve en bouche. Ce vin-là fait d'ailleurs partie, avec 17 autres domaines, des Oscars des Bordeaux de l'été 2016. Et il est capable de soutenir une salade de cogollos (coeurs de laitue), avec force vinaigre balsamique et fleur de sel, ce qui n'est jamais évident, ainsi que des boulettes de ventre de veau (celui que l'on hache pour préparer l'axoa basque, avec du piment d'Espelette - encore lui!), roulées au plat de la main maison, puis poêlées (6,30€).

     

     

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération.

  • Rosés, ça suit, ça suit...

    Suite du feuilleton des vins de l'été prochain, commencé le 18 avril (lire en déroulant sous cette note).

    Capture d’écran 2016-05-01 à 10.35.43.pngLa famille Bougrier, négociant implanté dans la Loire depuis 1885, innove « carrément » en mettant sur le marché une gamme de trois bouteilles aux bords carrés et à capsules à vis, appelée Pure Loire. Nous sentons le vent de la jeunesse, voire de la relève, avec l’arrivée de Nicolas Bougrier aux côtés de Noël, son père. Il s’agit d’un Rosé de Loire (gamay et cabernet franc), d’un Rosé d’Anjou (gamay, grolleau, cabernet franc), et d’un Touraine blanc (sauvignon). Distribuée aux USA et chez Auchan, cette toute nouvelle gamme de la Famille Bougrier joue la carte de la modernité, du packaging innovant et du bon rapport qualité/prix (env. 6€). Le Rosé de Loire a notre préférence. Belle robe lumineuse et coraillée. Joli nez de fraise mûre et de petite cerise croquante, délicat citronné au second nez. Bouche fruitée, léger épicé (poivre), en finale. Il fit ses preuves sur un tartare de saumon au soja, puis –plus surprenant -, sur un plat maison classé fétiche : dos de cabillaud, chorizo chipsé, tomates cerise aillées.

    Capture d’écran 2016-05-01 à 10.31.13.pngLe Tavel de Vidal-Fleury (grenache, syrah, cinsault), à la robe dense, rouge profond, au nez intense où se bousculent la cerise, le cassis, le poivre, offre de surcroît une bouche complexe et longue, où les petits fruits rouges se mêlent puissamment. Un vrai rosé « gastronomique » pour tout un repas volontiers épicé, exotique. Une réussite qui nous ferait oublier tous les rosés frêles, modeux, light, voire insipides (ils sont nombreux, mais vous ne lirez pas leur nom, ici, par pudeur). C'est d'un vin qu'il s'agit. Un vrai, bon, vin rosé avec du caractère (14,80€).

    Yves Leccia, une star en Patrimonio (Corse) propose « E Croce », unCapture d’écran 2016-05-02 à 19.43.15.png rosé (80% niellucciu et 20% grenache), qui croît sur un sol argilo-calcaire, sur socle schisteux, à Poggio d’Oletta, soit là où se trouvent les plus belles parcelles des vignes de son père, doucement ventées, salinisées, par le golfe de Saint-Florent, si proche. C’est séveux, puissant, corpulent même, c’est un vin qui possède un regard – comprenne qui pourra. A l’œil, c’est relativement pâle, et donc ça cache quelque chose. Le nez, floral, exprime une vinosité assumée. La bouche est d’une grande fraîcheur, et d’une douce minéralité, avec une pointe épicée comme le coup de talon d’une danseuse de flamenco : ni trop, ni pas assez. C’est, de surcroît, le rosé désaltérant par excellence, pour les retours du boulot, lorsqu’on a envie que d’une chose : un verre d’un truc comme ça… (14€ env.). Et voilà, maintenant, il va quand même falloir lancer le barbecue…

    L.M.

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération.