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  • les agressions indolores

    j'ai voulu prendre l'air et j'ai pris peur

    en sortant, j'ai pris des affiches plein les yeux, impossible de leur échapper, dans ce couloir, pour des films à la con, au coeur desquelles des gens braquent des armes de poing, bras tendu, regard étudié, noir, sur rien, enfin sur celui qui regarde l'affiche, puis j'ai pris le métro : des affichettes pendouillaient qui disaient : revendez vos cadeaux de Noël, signé Price Minister. Ca m'a fait froid. Alors, après mon achat, je suis rentré, vite, penaud, et j'ai fait du feu dans ma petite cheminée.
    Ca va mieux, là.

  • Pour l'amour d'un platane

    L'air fameux qui ouvre le Serse, de Haendel, Ombra mai fu, évoque l'amour d'un empereur pour un arbre :  Nous sommes en 480 av. JC. Xerxès, traversant la Lydie, s'éprit d'un platane et le fit orner de colliers et de bracelets en or (selon Hérodote). Cela donne, avec Haendel, l'un des plus émouvants arias de la musique baroque.

     

    Frondi tenere e belle
    del mio platano amato,
    per voi risplenda il fato.
    Tuoni, lampi, e procelle
    non v’oltraggino mai la cara pace,
    né giunga a profanarvi
    austro rapace.

    Ombra mai fu
    di vegetabile
    cara ed amabile,

    soave più.

     

    Douces et charmantes branches
    de mon cher platane,
    le destin vous sourit!
    Que le tonnerre, l’éclair et la tempête
    ne troublent jamais votre précieuse paix,
    et le rapace vent du sud
    ne vienne pas non plus vous violenter!

    Jamais l’ombre
    d’aucun arbre ne fut
    plus douce, plus précieuse,
    plus agréable!

    Ci-dessous, ce bijoujoyaudiamantcaillouchougenou, interprété par le génial Gérard Lesne :


    podcast

  • Ellroy, James Ellroy

    XtMrF7ZxRqgjzth5IUHSKiqxo1_500e.jpgJ'ai toujours eu un peu -non : j'ai toujours autant de mal avec le roman noir, la littérature policière, le polar, tout ça (idem pour la SF, voire le théâtre).

    Je n'en lis jamais -enfin si : un, m'a fait lire Fred Vargas un jour : Dans les bois éternels, qui venait de paraître, et j'ai adoré, j'en ai avalé plusieurs. Pareil pour les premiers Arturo Perez-Reverte qui sont à la frontière de l'enquête policière et du roman de facture classique :  je tiens Le maître d'escrime pour un chef d'oeuvre de ce genre hybride.

    Mais depuis que je sais tenir un bouquin en mains, je dois avoir au compteur un demi San-Antonio (Sucette boulevard -oui bon : je sais, mais c'était un cadeau d'ex), le tiers d'un Dashiell Hammett (Le Faucon maltais, à cause du film), un chapitre de Chester Himes (La Reine des pommes), un ou deux Agatha Christie presque entiers mais pas finis (Dix Petits nègres et Le Meurtre de Roger Ackroyd), et basta. Aucun Chandler, aucun Mankell, aucun rien. Je n'y arrive pas. Sans doute à cause de l'environnement urbain (j'aime Vargas parce qu'elle nous fout des Pyrénées et même des animaux sauvages : bouquetins, loups, plein la tronche, ainsi que des personnages très nature, et son Adamsberg marche souvent dans l'herbe, la boue... Bon, c'est pas Giono ni Genevoix, mais ça aide, en tout cas ça m'aide). Et puis le glauque, le crime, l'hémoglobine me révulsent (je manque m'évanouir lorsqu'il s'agit de tendre un bras pour une prise de sang). Alors bon, j'ai conscience de passer à côté d'un genre littéraire capital -mais pour l'instant : rien à faire. Je vis sans ça, et avec déjà beaucoup trop de livres à lire, que j'ai envie de lire donc. Banal. Mais j'envie ceux qui lisent aussi du roman noir.
    Cependant je sens que je vais lire Ellroy. L'enthousiasme, autour de moi, étant unanime -oui je sais : Ellroy, c'est beaucoup plus que du roman noir, c'est de la vraie littérature un poil noire... Je commencerai par le livre sur sa mère, Ma part d'ombre, non? Bon choix?..