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  • L’exotique du quotidien

    Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit là d’un plaisir de physionomiste, pas de fan. D’un plaisir d’ornithologue, aussi. Reconnaître un oiseau en vol par grand vent debout, ou un écrivain qui s’engouffre dans une voiture, est un plaisir égal, qui trouve sa source dans la re-connaissance. Le salaire de la mémoire est un juste plaisir.

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    Musarder à Paris présente l’avantage d’y croiser « des gens ». Il y a quelques mois, par exemple, j’ai vu Anouk Aimée boulevard Raspail, et je fus frappé par la classe intacte d’une femme splendide. Je garderai toujours l’image de son regard qui croisa le mien, devant la librairie Gallimard, où j’espérais qu’elle fasse une halte. J’aurais alors poussé la porte sans effort afin de prolonger l’observation. Un après-midi, tandis que je trafiquais parmi les « collection Blanche » dans cette belle librairie, c’est François Mitterrand, alors locataire de l’Élysée, qui s’y arrêta, et y acheta quelques ouvrages. Sa présence envahît absolument le lieu comme un chant de silence. Aujourd’hui –cet après-midi, lundi 19 décembre, c’est Emmanuelle Béart que j’ai vue rue Gracieuse, mais comme elle était emmitouflée à la manière d’un bébé Inuit calé dans sa poussette, il a fallu qu’elle me frôle pour que je la reconnaisse. Je ne sais qui, du succès ou des frimas, l’oblige à se dissimuler sous la silhouette de Bibendum. Il m’arrivait, il y a quelques années, de prendre le bus n°83 en même temps que Laetitia Casta, et mon cœur cognait tellement que je regardais ma chemise, car je pensais naïvement qu’elle pouvait la voir trembler. Un peu comme lorsque, dans une autre vie, j’approchais à plat ventre un cerf ou un vol de vanneaux. Quand François Cheng monte dans le n°27 en même temps que moi, cela me procure une émotion poétique, davantage empreinte de sagesse. Mon cœur demeure au ralenti. Croiser régulièrement « ceux du quartier », les familiers, ou ceux qui y frayent fréquemment : Jean-Pierre Léaud, Daniel Pennac, Jacques-Pierre Amette, Monica Bellucci et ses filles, Tahar Ben Jelloun, Nancy Huston, les époux Tiberi, Hervé Vilard, Mathilde Saignier, n’émeut guère plus. C’est s’ils viennent à manquer au paysage que l’on s’interroge, puisqu’ils en dessinent pour partie les contours. Et je cite ces noms comme j’énumèrerais chevalier gambette, courlis corlieu, pluvier doré, bécassine sourde, sarcelle d’hiver et râle des genêts – pour me limiter à un biotope de zones humides, lequel a ma préférence… Tu as pris quoi aujourd’hui ? (tu as vu qui, tantôt). Je plumerai plus tard (je te raconterai les rues) – envie d’un hot whiskey et d’un disque de Savall, avant, je déchausse, décompresse, puis je m’occupe de tout, chérie… En revanche, ce qui émoustille, c’est de voir une espèce égarée, comme on le dit d’un oiseau migrateur repéré hors de ses couloirs et territoires habituels. Soit, un germanopratin à Belleville, ou un people du 7ème en plein 13ème. Pour un peu, nous serions tenté de lui demander visa et carnet de vaccination. Car, rien n’est plus simple que de vouloir observer une concentration d’écrivains du côté de l’Odéon, puisque c’est leur réserve, leur lieu de gagnage. La trophéite y est fastoche. Il n’y a qu’à zyeuter dans le tas… Non, plus excitants sont la billebaude et l’approche, surtout. Lorsque je vivais encore à Bordeaux, et que je correspondais seulement par lettres avec Julien Gracq, il m’arriva de venir à Paris (juste) pour y jouer le paparazzi-ornitho rue de Grenelle, afin de guetter sa sortie de chez lui; il vivait au n°61. J’eus un foudroiement incandescent dans le ventre lorsqu’il apparut, vêtu d’un manteau gris à chevrons et la tête recouverte d’une toque en Astrakan. Lorsqu’il disparut, happé par l’escalier, à l’entrée du métro Bac, je fus saisi d’un vertige douloureux, comme si je m’étais trouvé au bord d’une falaise de la côte normande, par vent arrière… Aujourd’hui, je me souviens aussi de grands disparus, croisés au hasard des rues : Emil Cioran, Albert Cossery, Antoine Blondin… Et aussi de moments : Patrick Modiano, le bien vivant, photocopiant Un pedigree, rue de Vaugirard, tandis que je photocopiais aussi un truc à côté de lui. Là, j’étais sans planque, sans jumelles, et l’oiseau (pas) rare – il habite à un jet de galet de là -, s’était posé devant mes bottes, bécassine se laissant tomber comme une pierre, au mépris de toute méfiance, entre chienne et louve, dans un marais accorte et avec force « ffrrrrrt » produit par les plumes de sa queue. Ce qui pour moi, encore aujourd'hui, symbolise la confiance aveugle absolue… Mais la faune que je préfère, c’est celle à laquelle je rends fréquemment visite, quand je le souhaite : les animaux du zoo du Jardin des Plantes sont mes potes. Une faune emprisonnée. Je leur fais donc des coucous de courtoisie, non sans une certaine tristesse, que je tache de dissimuler de mon mieux. Il m’arrive de parler à un oryx, à une chouette harfang, à un orang-outan, à un ara, une panthère des neiges. J’agis discrètement, afin de ne pas éveiller le regard de mes congénères, qui serait torve. J’ai de l’amitié pour les nombreuses corneilles qui prospèrent là - pourtant, elles sont invasives et de plus en plus arrogantes -, pour les palombes si grasses qu’elles répugnent à voleter jusqu’aux jardins du Luxembourg voisins, et pour les faucons crécerelle au vol furtif et rasant, qui ne cessent de chasser au-dessus de nos têtes. Et c’est ainsi que Paris est grand. L.M.

    Photo de bécassine des marais : © J.-P. Siblet

  • Exaspération (le billet dominical)

    Capture d’écran 2016-12-17 à 13.59.06.png« La pub tuera Internet, si cela ne change pas », me disait Solene, une de mes anciennes – et brillantes - étudiantes en journalisme, lors d’un déjeuner. L’agressivité, la façon brutale que la publicité adopte pour s’imposer sur nos écrans dès que nous effectuons la moindre recherche, non seulement empêche, retarde, mais exaspère. La pub sur l’Internet, c'est comme ces gens qui montent dans les transports en commun sans attendre que vous en descendiez, en vous bousculant. Bien sûr, il existe des pare-feu plus ou moins efficaces. Bien sûr, nous avons acquis des réflexes, par soumission : lire le temps restant de la pub, couper le son, détourner le regard, soupirer et faire autre chose, ou bien, s’il ne s’agit pas de vidéo, attendre que le visuel disparaisse. Subir. Sans capituler… Au résultat, nul n’a envie d’être sympa avec ces buffles numérisés, quoi qu’ils veuillent nous vendre. La pub, tyrannique, ne semble pas le comprendre. Cela ressemble étrangement à l’atmosphère ambiante : terrorisante, sans altérité ni écoute, ni bienveillance - en un mot, dictatoriale : je n’aime pas la viande, alors je stigmatise le carnivore en affichant un véganisme hystérique. Je n’aime pas la chasse, alors je réclame la mort d’un dentiste chasseur de gros. Je n’aime pas la bagnole, alors je raye toutes les carrosseries, depuis mon vélo. Je n’aime pas ta religion, alors je vais t'en ôter le goût. L’époque, délinquante et déliquescente, liberticide et intolérante, semble sous tension maximale : si tu me frôles encore, j'explose, et ça explose. Take care, Solene… L.M.

    Photo : Extrait d'un visuel de campagne de la RATP. 

  • Fifi Arrambide

    Capture d’écran 2016-12-12 à 19.26.01.pngDes dizaines de dîners, et autant de déjeuners ensoleillés, surtout au moment de la palombe. Combien de fois nous sommes-nous assis aux Pyrénées ? - Dieu seul le sait. Avec Firmin (Fifi) Arrambide, nous avons même espéré l'oiseau bleu ensemble sur son petit col, à Saint-Sauveur, où je me rendais parfois dès avant l’aube, sans lui. Puis, je venais m’attabler. On grignotait, on rigolait. C’était devenu un ami. Au début, le critique gastronomique que j’étais pour GaultMillau m’interdisait toute familiarité, et puis nous avons vite su que chacun resterait intègre, honnête, et nous sommes devenus des potes, même si, avec le temps, je « montais » plus rarement à Garazi. Firmin possédait la discrétion des grands, la pudeur des talentueux qui ne la ramènent jamais. D’aucuns le disaient même trop effacé, lors qu’il était juste lui-même : simple et franc comme sa cuisine. Droite, pure, par amour du produit, et délicatement subtile. La meilleure du Pays basque nord durant tant et tant d’années. Ton saumon de l'Adour, Fifi, ton tronçon généreux de turbot, ton salmis de palombe reloaded, si allégé, ta salade d'ailes du même oiseau grand migrateur, avé son magret juste-aller-retourrr comme tu disais (à Paris, ils disent snacké), au cèpe cru croquant et à l'huile de noisette, tes ris d'agneau de lait chouria croustillants dehors et fondants dedans - purée ceux-là, et ton lièvre à la royale, ah celui-là... Je les ai tous convoqués, ce soir, au Quartier Général de ma mémoire gourmande, même tes huîtres chaudes, là, que bof, hein, oui, bon... Et je lève un verre d’Irouléguy de notre ami Jean Brana, ton voisin, à ta belle santé là-haut, Fifi. J’embrasse ta famille. Immense pensée pour Anne-Marie. Et gloire à Philippe! Léon

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    Firmin Arrambide, chef talentueux - quarante années durant - du fameux restaurant Les Pyrénées, à Saint-Jean-Pied-de-Port (64), est décédé dimanche d'un accident vasculaire, à l'âge de 70 ans. Son fils Philippe est aux commandes du piano depuis bientôt dix ans.

     

  • Le billet dominical

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    Avec toutes ces mauvaises nouvelles environnementales qui à la fois nous glacent les sangs et nous donnent des coups de chaleur au ventre, je me demande si nous pouvons encore oser dire qu’entre nous, il faut briser la glace – sous peine d’agir contre la planète en faisant monter le niveau des océans en même temps que celui de nos sentiments -, et si, en colère, nous devons nous abstenir de menacer de montrer de quel bois nous nous chauffons – au risque de générer un surcroît mental de particules fines… Ah, nos amis les mots. Pollueraient-ils ? Qu’ils puissent tuer, oui. Néanmoins, ils donnent avant tout à penser, et pansent un peu tout. Mais si… L.M.

  • Caïn caha

    téléchargement.jpeg« L’Aigle et l’enfant », film de Gerardo Olivares et Otmar Penker, avec Jean Reno, Manuel Camacho et Tobias Moretti (sorti en juillet 2016). 

    Abel et Caïn. Le parent défunt, l’autre devenu impuissant, et ici il est violent. Lukas, l’enfant, Keller le père. Le chasseur impitoyable. La mère a péri dans l’incendie de la maison. Le fils unique et inconsolable est devenu sauvage. Il parcourt la montagne. Trouve un aiglon tombé du nid, poussé par son frère aîné, le plus fort de l’aire, qui voulut le tuer. Il le nomme donc Abel. L’affaite clandestinement, dans la ruine de la maison brûlée, à l’insu de son père, qui traque aussi les aigles avec son fusil. Lukas rencontre Danzer, le garde forestier, qui comprend tout, et prend peu à peu l’enfant sous son aile. Il lui apprend à dresser Abel, et le protège du père, des loups, et des pièges à mâchoires… C’est un film un peu too much, mal fagoté certes, avec un discours off récité par Jean Reno/Danzer, mièvre comme peut l'être une page de Paolo Coelho. Cependant, les paysages et les scènes de vol, de chasse de l’aigle surtout, sont inouïs.

    J’ai vu ce film ce samedi soir, et je l'ai aimé, car - c'est personnel -, je me suis retrouvé enfant, adolescent,téléchargement (4).jpeg jeune adulte, dans la peau et dans l’esprit de ce gamin. Autant dire que je me suis vautré dans la pellicule comme un sanglier dans sa souille. Ma passion de la fauconnerie, ma rencontre capitale avec un aiglier exceptionnel (Jean-Jacques Planas), ma volonté profonde d’atteindre coûte que coûte une communion maximale avec la nature, m’y fondre afin de tenter de me faire accepter par le monde sauvage, en (re)devenant moi-même animal, débarrassé de ma (peau de) nature humaine…

    Pour tout cela, chacun peut s'approprier des pans du film à sa mesure, et s'identifier comme on dit. Il s'agit d'une oeuvre qui « parlera » davantage à certains qu'à d'autres, car il s'agit d'un film empathique. C'est une vraie grande émotion, malgré sa friche, et son chablis d’imperfections. L'indulgence gouverne par conséquent, et s'incline devant un film animalier de haut-vol (avec jeu de mots), puis face à un film sensible sur l'enfance fragile, poétique, et avec une histoire d'hommes, de transmission, et de blessure maladroitement perçue, mal pansée, sinon par l'étranger à l'affaire... Grosses ficelles, diront les esprits chagrins et citadins. Et même si la faille de l'histoire est un grand sujet maltraité, ici, il faut le voir, au moins si l'on aime la montagne et les oiseaux de proie.


    téléchargement (2).jpeg« L’Aigle et l’enfant » est par ailleurs à rapprocher du splendide « Kes », de Ken Loach (1969), d’après le livre (captivant) de Barry Hines, dans lequel un enfant, Billy, issu d’une ville minière du nord de l’Angleterre, déniche et dresse, à l’insu de sa famille, un niais – un jeune faucon (crécerelle) -, qui illumine sa vie...

    Et, dans un genre voisin, le film d'Olivares est à rapprochertéléchargement (1).jpeg également du sublime « Les Saints innocents », de Mario Camus (1984), d’après « Los Santos innocentes », roman fort, essentiel, de l’immense Miguel Delibes, et où le personnage infiniment touchant d’Azarias, vieux paysan ingénu, parle aux oiseaux, notamment à une corneille nommée Milan. Et c'est bouleversant… L.M.

  • L'Alsacien réconciliant



    Capture d’écran 2016-11-25 à 13.40.50.pngIl se nomme Riquewihr, comme la ville. Le château éponyme, donc, de la maison Dopff & Irion, à Pfaffenheim, où crèche la Cave éponyme elle aussi, produit des vins d'une grande franchise intérieure, et d'une sècheresse qui flirte avec le chic sans l'austérité, la pureté sans artifice aucun, fut-il (sans jeu de mot reposant sur une allitération) juste défini en termes de sucrosité. Le Riesling Les Murailles 2010 est une bombe d'essence originelle d'un cépage trop souvent noyé dans un sirupeux modeux qui le travestit. Et, comme le vin, surtout lorsqu'il est issu d'un seul cépage, ne dit mot (mais ne consent pas pour autant), à l'instar du poisson pris à la ligne, sonCapture d’écran 2016-11-25 à 13.41.22.png silence couvre tous les excès réitérés ad nauseam. (Si les poissons hurlaient au bout de l'hameçon, et si le riesling sucré à souhait gueulait lorsqu'on le verse, il en irait autrement dans les cours d'eau, les océans, les mers, et les coteaux pentus d'Alsace, et d'ailleurs...). Soit, ce riesling : une pure merveille, droite, minérale un peu, acide - non, douce : le strict nécessaire, ce minimum syndical sans lequel nous serions dans un manque culturel, voisin de l'habitus bourdélien (et ça, ça en jette gratos, je le sais). Soit un truc incontrôlable, ne cherchez pas. Et puis alors, je vais vous dire, je ne me suis pas renseigné sur le millésime, ni sur l'élaboration du résultat offert dans ce flacon. Parfois, il est juste et bon de se limiter stricto sensu au verre, là, devant. Face à nos yeux, puis à nos narines, et enfin un peu à nos papilles de la nation. Il convient d'agir ainsi, en essayant de nous débarrasser de toute culture, de tout référent. Bien sûr, c'est difficile. L'effet de surprise joue en faveur. Ce riesling-là, mes amis, en escorte d'une épaisse sole meunière maison, juste beurrée et citronnée (avec du poivre blanc et sans sel), est aussi singulier que le gewurztraminer, Les Sorcières (2011) de la même maison avec une grappe de muscat, oui, et puis un Nuts. Na. Pureté et sincérité sont encore au garde à vous décontracté, l'air de ne pas y toucher. Comme si c'était comme ça et pas autrement qu'il fallait toujours faire. Et c'est précisément ce dont on rêve, s'agissant de vins alsaciens : notez que D&I est une maison d'envergure, que la cave de Pfaffenheim dépasse insolemment les dimensions de la votre, qu'il ne s'agit pas d'un vigneron indépendant et paysan qui répugne à décrocher lorsque le Crédit Agricole lui téléphone. Et que, malgré tout, ça fonctionne plutôt bien. Le riesling possède ce fruité idéal, délicat, qui n'inonde pas le palais mais vous laisse à l'aise avec votre propre liberté. Et le gewurztraminer a le tact, l'intelligence de ne pas vous la jouer tsunami de flaveurs convenues et reconnaissables à cent kilomètres. Les Sorcières est en référence à l'emplacement, planté en vignes aujourd'hui, où l'on brûlait ces innocentes, au Moyen-Âge. De là à prétendre que faire un bon vin n'est pas sorcier... L.M.

    Alliances :

    Capture d’écran 2016-12-09 à 09.46.48.pngLire, cela s'impose, la version illustrée du Dictionnaire amoureux de l'Alsace, de Gilles Pudlowski, qui parait chez Gründ (en coédition avec Plon, éditeur originel). L'auteur, Lorrain de naissance et Alsacien de coeur, est un spécialiste réputé, chantre dévot de la Pudloland. Aussi gourmand que littéraire (les deux mamelles de Pudlo), abondamment illustré, c'est un livre intime, intimiste, délicat, cultivé, subtil, et riche d'anecdotes. 

  • MoiChef

    Capture d’écran 2016-12-07 à 19.39.45.pnghttp://moichef.fr/

    MoiChef, ça vous parle davantage que Moi, Président. Et, surtout, c'est meilleur, plus sûr, ça tient ses promesses. Côté saveurs, y'a pas photo. Alors, vous déroulez le site, vous vous baladez, vous faites votre choix, et puis vous appuyez sur Offrir MoiChef, et là, hop! zou! c'est parti. Il ne reste plus qu'à nouer une grande serviette blanche un peu rêche autour du cou, comme avant. BonAppétit.

     
     
  • apapachar

    Capture d’écran 2016-12-07 à 15.18.25.png

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les mots, parfois, sont encore plus merveilleux qu'à l'habitude. Prenons celui-ci : apapachar, mot espagnol signifiant ordinairement cajoler, câliner.

    soit apapachar...

     

    a papa char

    (rené) char père (de la poésie contemporaine)

     

    a

    papa

           sans accent grave sur le a

     

    achar : "condiment à base de légumes macérés dans du vinaigre"

     

    apapachar : caresser l’âme, me souffle une amie un brin2rien poète

                                           un papa caresse l’âme avec un condiment épicé d’origine indienne, mouais...

     

    l’origine latine d'achar signifie en outre trouver, rencontrer, penser; constater aussi.

    ce que nous faisons.

    soit : apapachar, c'est bien de cela qu'île s'agite, hein...

  • Un brut vraiment extra

    Capture d’écran 2016-12-06 à 12.02.53.pngFruité, frais, charpenté, dit la maison Ponsart-Brochet, qui élabore par tiers avec les cépages champenois (pinot noir pour la structure, pinot meunier pour le fruité, chardonnay pour la finesse), ce Brut Extra qui est en outre, pour 13,60€, une prouesse à tout point de vue. La maison, classée Premier Cru, crèche à Sacy, dans la Montagne de Reims, où elle élabore depuis quatre générations une gamme de vins réduite : sept cuvées en comptant le Ratafia (apéritif à base de moûts et d'eaux de vie), toutes à moins de 20€, sauf Coeur de Foudre : 20,40€ !..

    Le Brut Extra figure une sorte de champagne de toutes les envies, une entrée de gamme comme on dit, idéale : la robe est dorée et lumineuse, la bulle est délicate, le cordon est fin, il y a un nez de coing, de nèfle surie, un léger boisé rappelant l'acajou, c'est beurré, brioché en bouche, avec des flaveurs florales et de pêche blanche, une jolie longueur aussi, avec une acidité juste, un citronné idoine recouvert d'une douceur sans confit, et enfin une arrière-bouche d'ananas rôti. Un régal, vous dis-je.  

    Alliances : bu avec des huîtres, puis avec des soles juste grillées, ce champagne convient a priori aussi à l'apéritif, ou avec un dessert fruité.

    Que lire avec ? L'Humour de Marcel Proust, anthologie deCapture d’écran 2016-12-06 à 14.42.50.png Bertrand Leclair (folio). C'était une gageure, et c'est plutôt réussi : en cherchant bien, on arrive à sourire, voire à rire au fil des pages. Le comble de la distraction, écrit par exemple Marcel, c'est de prendre l'édit de Nantes pour une Anglaise...

    Qu'écouter ? L'Offrande musicale, de J.-S. Bach, interprétée au clavecin par Gustav Leonhardt : Cliquez là => L'Offrande musicale

    L.M.

  • Ce qu’est l’esprit hussard

    2016-12-05 11.58.20.jpg« C’est le désespoir avec l’allégresse. C’est le pessimisme avec la gaité. C’est la piété avec l’ironie. C’est un refus avec un appel. C’est une enfance avec son secret. C’est l’honneur avec le courage et le courage avec la désinvolture. C’est une fierté avec un charme. C’est ce charme-là hérissé de pointes. C’est une force avec son abandon. C’est une fidélité. C’est une élégance. C’est ce qui ne sert aucune carrière sous aucun régime. C’est une allure. C’est le conte d’Andersen quand on montre du doigt le roi nu. C’est la chouannerie sous la Convention. C’est le christianisme des catacombes. C’est le passé sous le regard de l’avenir et la mort sous celui de la vie. C’est la solitude. C’est le danger. C’est le dandysme. C’est le capitaine de Boieldieu avec ses gants blancs. » Marcel Aymé

  • Rieslings de terroirs

    L'Alsace est une telle mosaïque de terroirs, de sols, de pentes aux expositions diverses, que chaque cépage s'y exprime de multiples façons. Dégustation de Rieslings de l'aire d'appellation Alsace Grands Crus :

    Le Clos des Frères 2014 du domaine Loew, au nez mentholé et poivré, affiche une franche minéralité avec une pointe d'acidité bienvenue. La bouche est généreusement fruitée, et d'une belle longueur.

    La cuvée Henriette 2011 du domaine Frédéric Mochel (Grand Cru Altenberg) possède une complexité charmante et une belle rondeur enveloppe son acidité tendre comme un bonbon fourré.

    Le Grand Cru Kastelberg 2013 du domaine Gresser (en biodynamie), pur et droit, exprime fidèlement son sol de schistes : l'expression du terroir est dans le verre.

    Le Grand Cru Engelberg (le Mont des Anges) 2012 du domaine Pfister, proche de Strasbourg, possède une trame calcaire qui ralentit son expression, nous confie Mélanie Pfister. Il s'agit donc de l'attendre. Notes d'agrumes, bouche cristalline, jolie structure acide, et cette minéralité juste, équilibrée, jamais agressive.

    La cuvée Bonheur Exceptionnel 2013 du domaine Rieflé, Grand Cru Steinert, naît sur un sol de calcaire très dur, avec des oolithes, soit des petits grains en forme d'oeufs de poisson, formés à la surface des roches par des microfossiles marins. Nez de fruits exotiques, bouche élégante.

    Le Grand Cru Kessler 2012 du domaine Schlumberger voit le jour, quant à lui, sur un sol gréseux (les fameux grès roses vosgiens). Nez fruité à la fois frais et confit, dominé par les agrumes. Bouche vive, verticale, avec un certain claquant.

    Le Letzenberg 2013 de la maison Jean-Baptiste Adam (en biodynamie), est issu d'un terroir marno-argilo-calcaire, lourd, gras, riche en oligo-éléments, proche de Colmar. Le riesling y prospère comme un notaire balzacien. Millésime cristallin (5 g de sucres résiduels). C'est vif, tendu, nez de fleurs blanches, léger gras bienvenu en bouche.

    Enfin, le coteau granitique de Rittersberg 2014, du domaine Gilbert Ruhlmann, situé près de Sélestat, n'empêche nullement une souplesse en bouche, et un croquant fruité, qui suivent un nez de fleurs blanches, exprimant là encore une salutaire minéralité qui figure une signature commune, pour la plupart des Rieslings de terroirs issus de Grands Crus. L.M.

    Alliances : 

    images.jpegQu'est-ce qu'on va lire avec cela? - Le Petit matin, de Christine de Rivoyre, où l'on voit Nina, une jeune Landaise, chevaucher sa jument nommée Querelle, dans la pinède infinie, en 1941. L'occupant allemand rôde. Il y a du Colette là-dedans, mais avant tout du Rivoyre : l'amour de la nature, et aussi celui de la nature humaine. C'est frais et donc vivifiant comme un riesling à la minéralité exacte (Grasset/Les Cahiers Rouges).

    Et on écoute quoi, alors? - Back to Black, d'Amy Winehouse (la bientéléchargement.jpeg nommée, et trop tôt disparue), parce que ça jazz et ça blues, ça ondule sensuellement comme un riesling opulent que l'on agite dans le verre ad hoc, mon capitaine.

     

  • Vin jaune et pata negra

    Capture d’écran 2016-12-03 à 21.27.33.pngL’initiative revient à Septième Goût, le site gourmand que Jean Dusaussoy copilote avec Sébastien Ripari. L’idée d’associer des jambons ibériques de cochons de grande qualité, car nourris aux glands (bellotas), comme la palombe en migration s'abattant sur les chênaies du Sud-Ouest, avec des vins du Jura pourvu de cet accent andalou qui rappelle le fino, n’est somme toute pas si insolite. Cela se passait à la boucherie La Belle Epoque, dans le 17ème arrondissement parisien, tenue par un Patrick à la forte personnalité, et avec Vincent Grenelé (photo), un spécialiste, directeur de la maison Roble (le chêne), qui proposait à la dégustation quatre appellations d’origine qu'il importe : Extremadura, Huelva, Salamanca (Guijuelo) et Cordoba (Valle de Los Pedroches). Complice fournisseur des flacons de belle extraction et provenant du Comité interprofessionnel des Vins du Jura, puisqu’il s’agissait d’Arbois, de Château-Capture d’écran 2016-12-04 à 10.16.54.pngChalon, de Côtes du Jura et de L’Etoile : l’agence lyonnaise Rouge Granit. Une poignée d’invités aux papilles exercées, et zou ! Rappelons que seulement 10% des cochons ibériques sont nourris en plein air aux glands qui tombent des chênes de leur environnement, et d’herbe. 90% ne peuvent donc prétendre au complément sésame « de bellota », puisque ceux-là sont nourris en plein air « de cebo campo» (glands et fourrage), ou bien « de cebo » (fourrage, cochons parqués). Roble pratique un affinage long, de 18 à 40 mois et plus. L’Iberico Pata Negra jouit d’une DOP (dénomination d’origine contrôlée), mais il faut savoir que ce n’est pas forcément la couleur noire de la patte qui fait l’excellent jambon. J’en ai connu qui montraient patte blanche et qui vous envoyaient des saveurs de compétition, avec le gras idéal, l’onctuosité parfaite, le persillé de rêve, la subtilité extrême. Les vins jaunes, élevés sous voile (les levures en suspension) comme il se doit, issus exclusivement de cépage savagnin, passent du temps dans les fûts, et Capture d’écran 2016-12-04 à 10.17.16.pngoffrent ce goût particulier de fruits secs, surtout la noix, et la noisette aussi, et des flaveurs de sous-bois à l’automne, qui appellent d’ordinaire à la rescousse le comté de 30 mois, le mont-d’or a gusto, la noix fraîche et la poularde à laCapture d’écran 2016-12-03 à 21.28.06.png crème avec force morilles... Mais là, avec la bande des quatre ibericos de bellota, ce fut stupéfiant en termes d’accords idoines. La sécheresse qui flirte avec une austérité souriante, fut en partage, du côté du jamon de Salamanque et du vin des Côtes du Jura (domaine Pécheur 2008). Arbois (Henri Maire 2008) et Cordoue firent également la paire. La finesse, l’aromatique explosif, le gras distingué de l’un et de l’autre, une expression dédoublée en bouche fut révélatrice des alliances possibles entre un vin « oxydatif » et un jambon raffiné et « viandé », délicat et pourvu d’un fondant inouï. Le summum fut atteint avec le Huelva, fiancé à L’Etoile (domaine Philippe Vandelle 2007). De quoi vous propulser là-haut, afin de mieux contempler la Péninsule et la Franche-Comté. Et c’est ainsi que les jaunes sont de garde et les noirs bien gardés. L.M.

    Notez qu’une boucherie 100% bio, une première à Paris, niche au creux du marché couvert de Batignolles (17ème arrondissement). Elle se nomme Dandelion, et elle a été créé par le même Vincent Gergelé, associé à Michel Vidalie.