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  • Les années Vadim

    téléchargement.jpegUne autre époque. L'insouciance, les fiestas chaque soir, les épaules bronzées et salées - ce liseré blanc qu'on aime baiser, une main empaumant un sein, l'autre tenant un verre. Les - très - jolies filles, le cinéma perpétuel, un cinoche à trente-six dimensions, king size comme les lits de bonne fortune où tombaient les nombreuses maîtresses, toutes plus sexy les unes que les autres, et qu'occupait un playboy nommé Vadim. Roger Vadim. Arnaud Le Guern, qui signa un Paul Gégauff mémorable, a l'âme damnée par ces années de plume et d'alcools, qui précédèrent d'autres, de plomb et de vinaigre. On le comprend. Et nous partageons son amour hussard des plages, des films, des chemises de lin blanc, de la délicieuse superficialité de certaines poupées en bikini. Nous suivons l'auteur page à page - il n'a pas besoin de nous prendre par la manche, et nous plongeons dans une sacrée époque, imbibée de plaisir comme un baba de rhum. Une époque où la désinvolture le disputait à la nonchalance, mais au sein de laquelle des talents légers et délicats comme des papillons, et doués pour le culte de la beauté et rien qu'elle, surnageaient, à l'instar d'un glaçon pris par le Spritz. Vadim en fut. Un tombeur, ce doué-là. Un mec à rendre jaloux la moitié de la planète. Ce qu'il parvint à faire sans lever le petit doigt. Et un sacré oeil qui savait déceler l'actrice sous la peau de la femme, ou bien la fabriquait le temps d'un film. Qu'est-ce alors que le temps, le succès, sinon des sorbets au soleil. L'évanescence est une danse, la vie de la soie, l'émotion une fumée. La biographie buissonnière d'Arnaud Le Guern zigzague, pétille. Plop! le champagne glougloute ici et là, elle bifurque aussi, car elle s'est nourrie d'anecdotes et de citations. Un vrai bonheur est celui de tourner les pages de Vadim, untéléchargement (1).jpeg payboy français (Séguier), de suivre cet ange affamé (titre de son autobiographie), de film en film, et de femme en femme (B.B., Jane Fonda, Catherine Deneuve, Maria et Catherine Schneider, Sylvia Kristel, Marie-Christine Barrault in fine, parmi tant d'autres créatures de Dieu. Mille e tre!). Les seventies furent placées sous le signe de la séduction comme les quatre-vingt dix le furent sous celui de la réussite aux dents longues. Elles avaient une autre classe. La bande à Vadim comptait de sacrés fêtards au génie singulier : Maurice Ronet, Paul Gégauff, les frères Marquand, Daniel Gélin, entre autres artistes. Et qu'importe si Vadim a signé des films que le 7ème art ne retiendra sans doute pas, même si Tarantino et d'autres s'en sont inspirés. L'homme couvert de femmes aura vécu comme un prince de la légèreté dense. Cela s'appelle le style. Ce n'est pas rien, par les temps mornes qui courent. L.M.

  • La littérature sans idéal

    Unknown.jpgPhilippe Vilain, romancier (ses livres sont évoqués sur ce blog), et essayiste qui réfléchit à la littérature contemporaine, publie une étude appelée à faire date : La littérature sans idéal (Grasset). L'auteur dresse un constat pessimiste sur la littérature - qu'il a à l'estomac -, la vraie, celle qui a le souci du style (et Vilain est un vrai styliste), qui se moque des désirs mercantiles des éditeurs, lesquels se fondent sur les supposés désirs des lecteurs, ces nouveaux tyrans dénués de réelle culture (littéraire). L’auteur est désenchanté, mais son désenchantement n’est pas le reflet de l’esprit chagrin, ni celui du pessimisme antimoderne, c’est celui qui constate avec amertume une indéniable paupérisation de la production littéraire, la marée montante d’une inculture à l’aise avec son ignorance, l’incapacité à admirer des modèles comme à concevoir un idéal poétique, sinon un idéal d’écriture. Vilain déplore la déliquescence du style, et celle du culte de la beauté de la phrase. Ainsi la littérature déchante-t-elle aussi, et laisse-t-elle place à une production « oralisante », bavarde, sans nécessité, pas écrite du tout, voire « désécrite », précise l’auteur, castrée à force de se conformer à une production commerciale convenue et assimilable par le plus grand nombre, par-delà les continents, mais sans réelle saveur, sans teneur, inconsistante, sans avenir historique. Vilain parle de « soumission » (un terme très utilisé, depuis la parution du roman éponyme de Houellebecq), de cet écrivain-là à la marchandisation de son travail. Nous sommes loin d’une exigence à la Julien Gracq et de la nécessité viscérale d’écrire. Loin, également, de la peinture sociale, de l’étude magistrale des comportements humains par un Balzac, via son œuvre immense. Cette littérature décomplexée, mais somme toute sans qualités, souhaite de surcroît se débarrasser des pères fondateurs : « brûler » Voltaire, « en finir avec » Proust. Pourquoi ? –On se le demande. Seul Céline trouve encore grâce, avec sa novlangue (il n’écrit pas, il « déparle », précise Vilain), aux yeux de ceux qui savent à peine lire. En effet, pourquoi vouloir dissoudre l’exemplarité, l’excellence?.. Serait-ce pour mieux cacher l’indigence ? Ou bien l’excellence fait-elle peur au point que son ombre de mancenillier encombre constamment. « Il n’est pas impossible que la récusation des modèles classiques trahisse une inhibition certaine de l’écrivain contemporain envers son monumental héritage, un sentiment d’écrasement face à ses figures tutélaires, un complexe d’infériorité… », souligne Philippe Vilain (*). Le capital littéraire, la connaissance ne semblent plus indispensables à la fabrique des produits de ce temps maigre, en rupture par ignorance : c'est là le côté révolutionnaire, tendance anarchique, mais teinté d'un nihilisme asthmatique et par défaut, d'une forme de « présentisme ». Le tout assorti du syndrome du « pourquoi pas moi », qui oublie qu’écrire est un métier, comme hôtelier, taxi, ou journaliste (l'uberisation de la société gagne de nouveaux terrains). Spécialiste de l’autofiction, l’auteur décrit en outre, et par le menu, cet investissement subjectif du réel qui réécrit sa mythologie personnelle (l’autofiction) et ses cousines : la biofiction, le docufiction – et leurs travers : l’épuisement sémantique, la défaite du langage, l’éprouvante simplification qui confine au simplisme, le triomphe de l’image, de la scénarisation du roman (la cinécriture), la « selfication des esprits », lance l’auteur, « les dérives d’une époque narcissique, egocentrée, et soucieuse de reconnaissance », ajoute-t-il, avec juste une « ambition récréative », et non plus littéraire, à haute valeur ajoutée. Sans idéal, donc. Ce nivellement par le bas d’un art pris dans le tourbillon d’un marketing planétarisé, a engendré une espèce de « fast writing » sans rigueur, sans substrat, et - pire -, sans fondations. Consolation (restons optimiste et continuons de parier sur la qualité, à l'instar d'une réflexion que nous pouvons mener en parallèle sur la presse écrite imprimée, face à sa jeune dauphine, la presse Web) : il s'agit bien là d'une sous littérature condamnée à la noyade. L.M.

    (*) Et l'on pense alors au fameux vers de Patrice de La Tour du Pin : Tous les pays qui n'ont plus de légendes sont condamnés à mourir de froid. 

                                                                                                         

     

  • Un chemin de tables

    téléchargement.jpegVoici un petit livre dont nous suggérons la lecture à tous ceux qui aiment la gastronomie au-delà de l’assiette, qui aiment faire la cuisine, qui font profession de cuisinier, qui affectionnent le discours littéraire sur cette grande passion française, et à tous ceux qui auraient envie de suivre, en tournant les pages, l’itinéraire d’un jeune gourmand passionné. Ca commence à faire du monde... C’est un peu « L’enfance d’un chef cuisinier », ce court texte (une centaine de pages), signé Maylis de Kerangal, à qui nous devons le très émouvant, très beau, très fort « Réparer les vivants » (folio). Un chemin de tables (Seuil, collection « raconter sa vie », ou le roman vrai de la société française), nous conte l’histoire du jeune Mauro, qui n’aimait rien comme cuisiner pour ses potes de collège, puis chez lui. Il se lance très vite dans le métier, connaît mille misères, ne renâcle jamais. Animé d'une réelle passion, tendrement convaincu de posséder un brin de talent, il poursuit son apprentissage dans des brasseries parisiennes, et à Montreuil, puis chez des chefs, et des plus grands, passant des pizzas au fooding, via le classicisme façon tournedos Rossini. Il devient l’icône d’une cuisine fondée sur les deux piliers de l’inventivité et du partage. Ce que nous aimons, c’est d’abord l’écriture juste, précise, imagée et forte de l’auteur. Nous sentons tellement bien le personnage de Mauro, que son portrait, (page 59 et suivantes), devrait être lu, et cité en exemple dans les écoles de journalisme – c’est d’ailleurs ce que je ferai à la rentrée… Il y a aussi un personnage attachant qui grandit au fil des pages : il y a du reportage en immersion dans ce texte, et à travers ce récit, la photographie de notre gastronomie contemporaine se révèle avec, en prime, la description pointue des arcanes d’un milieu. L.M.

  • Les comics retournés de Gabriela Manzoni

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    2016-06-21 16.08.16.jpg2016-06-21 16.09.11.jpg2016-06-21 16.09.30.jpgGabriela Manzoni
    est habillée d’espièglerie aux tons pastels, ce qui warholise quelque peu les pensées caustiques d’un Cioran, comme : « Le réel me donne de l’asthme », ou celles d’un moraliste à la La Rochefoucauld, qu’elle adjoint à des dessins d’un humour redoutable. Ses Comics retournés, 200 pages de mauvais esprit, et du bon !, qui paraissent chez Séguier, sont un régal d’ironie, de subtilité et de cet esprit français parfois dévastateur. La bien-pensance bobo, le couple et ses méandres marécageux, le mâle et ses certitudes, la femme et son claquant ou ses fadaises, l’air du temps et les lieux communs… Tout est prétexte à l’auteur pour ciseler une formule lapidaire qui donne dans « la radicalité de la nuance », comme on prend de la crème de marrons : à deux doigts sans se retenir. Certaines icônes d’une culture sûre d’elle sont lapidées gentiment, d’autres sont griffées à ongle droit.2016-06-21 16.10.19.jpg

    2016-06-21 16.10.40.jpg Désinvolte, nonchalante, mutine, libertine, « la » Manzoni y va franco sous le velours – façon panthère noire du trait bien tempéré. Sa lecture du monde contemporain ne manque ni de classe, ni de mélancolie. Au détour d’une page, nous laissons l’idée d’un philosophe désenchanté pour chevaucher en pensée l’esprit d’une sorte de 
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    2016-06-21 16.12.45.jpg2016-06-21 16.13.04.jpgMontherlant ou celui d’un Drieu. Et ce petit livre de bon goût, à offrir sans modération, est de surcroît très drôle. Gabriela, s’il vous plaît ... Remettez-nous ça... L.M.

  • Drôle d'oiseau

    Capture d’écran 2016-06-13 à 09.11.27.pngUne cage allait à la recherche d'un oiseau. Kafka (Journal).

    Cette phrase me hante depuis sa découverte il y a quarante ans.

    De même, la métaphore du fruit appelé physalis (d'un mot grec signifiant vessie), surnommé amour en cage (photo), laisse rêveur.

    De là à prendre ce qui fait battre mon coeur pour une lanterne...

    Kafka, ce drôle d'oiseau, craignait peut-être la liberté. L.M.

  • Zouave d'aujourd'hui

    On parle beaucoup de la statue du zouave (le zwawi) du pont de l'Alma, à Paris, parce que l'eau la "gagne"... Et il est étrange que ce représentant des unités françaises d'infanterie légère appartenant à l'armée d'Afrique - souvent d'origine kabyle, d'ailleurs (le corps des zouaves a été créé lors de la conquête de l'Algérie, en 1830, et c'est à la guerre de Crimée, leur première campagne hors du sol algérien, que les zouaves s'illustrèrent en prenant les Russes par surprise, au cours de la bataille de l'Alma), devienne une espèce de symbole du (mauvais) temps qu'il fait, sa jauge...

    Je me souviens de mon père me répétant souvent, lorsque j'étais môme : "Arrête de faire le zouave!", pour : arrête de faire n'importe quoi, ou des bêtises, voire rien : arrête de ne rien faire... Cela pouvait également signifier : cesse de faire "l'intéressant", le "matto" (en napolitain), le fanfaron... Il y a encore la chanson de Ray Ventura, "ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine", dans laquelle le chanteur dit : "ça vaut mieux que d'faire le zouave au pont d'l'Alma!"

    Au Lycée, à Bayonne, l'année du bac (qui fut aussi celle de l'impôt sécheresse), une blague inspirée d'une pub qui circulait alors, une sorte de clip d'avant l'inondation des ondes par les clips, disait ceci : "Tu sais pas?.. Ils ont remplacé la statue du zouave du pont de l'Alma, dis-donc!.. - Ah, bon! Et par quoi a-t-elle été remplacée?.. Par une énorme bouteille de Coca-Cola!.. - Ah, bon, et pourquoi?!.. Eh bé... Parce que "Zouave d'aujourd'hui!..." "coooca-colaaaa"...(mouais). L.M.

    :https://www.youtube.com/watch?v=N0rZfJDgQTo

     http://www.culturepub.fr/…/coca-cola-soif-d-aujourd-hui-a-…/

  • Poésie de la douleur

    Définitions de la douleur : "La douleur lancinante est une douleur proche de la douleur exquise, c'est-à-dire comportant des épisodes de lancement survenant par paroxysmes. La douleur fulgurante est une douleur dont l'intensité est particulièrement vive et qui survient de manière spontanée. Les patients la comparent d'ailleurs à des coups de poignard ou à des éclairs. Ce genre de douleur survient au cours de la dégénérescence nerveuse (neuropathie) comme celle apparaissant pendant les complications neurologiques du diabète entre autres. La douleur exquise est une douleur localisée dans des zones bien limitées et qui survient par acmé c'est-à-dire par épisodes pendant lesquelles elle est plus intense. Cette douleur est caractéristique entre autres de l'appendicite ou encore de l'hyperuricémie (goutte). La douleur térébrante est une douleur profonde semblant correspondre à la pénétration d'un corps susceptible de causer une infraction dans l'organisme (vulnérant). La douleur pulsative se caractérise par des élancements sous forme de battements douloureux qui sont perçus dans les zones présentant une inflammation entre autres. La douleur pongitive est une douleur comparable à celle obtenue après pénétration profonde d'un objet contondant . Ce type de douleur est celle de la pleurésie entre autres. La douleur tensive est une douleur s'accompagnant d'une sensation de distension. Cette douleur est celle de l'abcès, de l'inflammation d'une muqueuse digestive ou respiratoire entre autres. La douleur erratique est une douleur labile, qui n'est pas fixe, changeant souvent de place. Cette douleur est caractéristique des rhumatismes. La douleur tormineuse correspond à une atteinte du gros intestin, ou plus généralement d'un viscère abdominal quel qu'il soit (voie digestive, voies urinaires, ...) et correspondant à la colique. Ce type de douleur survient sous forme d'accès. La douleur ostéocope appelée également ostéodynie est une douleur profonde de type aiguë. La caractéristique majeure de ce type de douleur est l'absence de coïncidence avec un symptôme extérieur. La douleur gravative est une douleur qui s'accompagne d'une impression de pesanteur."

    Ces lignes sont extraites de : vulgaris-medical.com , où je me suis rendu par hasard, en googlelisant pour voir, savoir, lorsque j'appris que je souffrais d'une douleur exquise qui me conduisit aux urgences hospitalières... L'expression m'apparut si splendide, sur le compte-rendu rédigé par l'interne, qu'elle eut presque un effet soulageant -enfin, dans l'idée que je m'en fis seulement. Tout à coup la médecine me sembla plus douce, plus sensible. En un mot, poétique oui. Ecoutez : Palpation des épineuses cervicales indolore... Pas de signe de la sonnette... Pas de systématisation radiculaire de la douleur... Douleur exquise à la palpation de l'insertion des tendons de la coiffe au niveau de l'humérus. C'est simplement beau (pour désigner une jolie tendinite calcifiée du sus-épineux). J'entends Laurent Terzieff prononcer ces mots, voire Jean Vilar les déclamer. Je ne sais pas si je soumettrais le diagnostic à la lecture par un Fabrice Luchini… N'était l’emploi, toujours malvenu, de ce au niveau de, l'extrait de cet « examen clinique initial » pourrait s'être échappé d'une page de Ponge. Magie des mots qui surgissent, comme enluminés, là où on ne les attend jamais. L.M.

  • Magnanimité

    téléchargement.jpegMichel Onfray : « On devient vraiment majeur en donnant à ceux qui ont lâché les chiens contre nous sans savoir ce qu'ils faisaient le geste de paix nécessaire à une vie par-delà le ressentiment - trop coûteux en énergie gaspillée. La magnanimité est une vertu d'adulte. (...) Serein, sans haine, ignorant le mépris, loin de tout désir de vengeance, indemne de toute rancune, informé sur la formidable puissance des passions tristes, je ne veux que la culture et l'expansion de cette puissance d'exister -selon l'heureuse formule de Spinoza enchâssée comme un diamant dans son Ethique. Seul l'art codifié de cette puissance d'exister guérit des douleurs passées, présentes et à venir. » (La puissance d'exister, Grasset et Livre de Poche).

     

  • matinalement

    L'aube. Au Moyen-Âge, cela désigne aussi un genre, ou plutôt une forme littéraire assez singulière : c'est une poésie lyrique qui a pour thème la séparation de deux êtres qui s'aiment au point du jour . Accompagnée d'une mélodie savante, elle comporte trois grands thèmes : séparation des amants à l'aube; chant des oiseaux et lever du soleil, intervention du guetteur qui interdit à tout importun de s'approcher et prévient les amants qu'avec l'aube vient la séparation.

    Karl Gottlob Schelle : La bienveillance, la cordialité, la franchise, s'installent dans le coeur qui s'ouvre à la nature; le genre humain, qui cesse de s'agiter dans l'arène des grandes passions telles que l'envie, l'avidité, l'égoïsme, apparaît, dans le miroir de la nature, dans une lumière plus pure. Un homme qui n'est pas dégénéré se sentira oppressé dès qu'il sera resté quelque temps sans voir la nature. (L'Art de se promener).

    Proust : Quand on aime, l'amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle une surface qui l'arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c'est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l'autre et qui nous charme plus qu'à l'aller, parce que nous ne reconnaissons pas qu'elle vient de nous. (A l'ombre des jeunes filles en fleur).

    Gracq : Tant de mains pour transformer le monde et si peu de regards pour le contempler. 

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    Photo : Maurice Ronet, dans Le Feu follet, de Louis Malle, d'après l'oeuvre de Drieu La Rochelle.