Spleen parisien

Alors, heureusement que je sais des gens intelligents parmi mes lecteurs, qui ne diront pas, hâtivement, ce mec est blasé, c’est un con, c’est un enfant gavé, un gâté pourri, et gnagnagna... Car, cela n’a rien à voir avec le fait de devenir blasé. Ce que je ne suis pas encore, au bout de tant d’années passées à « tester » les étoilés, les spas, les choses, moi qui n’aime rien comme dormir sous la yourte et partager un steak de cheval cru (épargné par les ours, la nuit dernière), avec des aigliers Kazakhs, ou un filet de buffle à la braise, en compagnie d’un pisteur Burkinabé, adossé à une roue du Land-Rover, tout en écoutant rugir les lions dans le lointain... Non, fuir les mondanités, les convenances, les précautions d’usage, les sourires forcés qui finissent par te refiler une crampe singulière aux zygomatiques, ce blazer encore neuf depuis dix ans qui te serre le dos et les épaules, les moc’ qui étranglent ton cou de pied, lors que tu portes jean-t-shirt-sneakers chaque jour, et n’aime rien comme enfiler tes bottes en caoutchouc – tes vraies pantoufles -, pour aller patauger dans les marais, non, cela n’a rien à voir avec la suffisance de certains qui s’indignent de ce que le red carpet soit plissé – soit pas assez tendu -, devant leurs augustes pas. Cela pour dire que là, au lieu d’un proutproutpincefessedemesdeux, j’ai, one more time, réellement joui (avec fierté, oui), de quatre raviolis vietnamiens « à emporter », dégustés dans leur barquette en plastoc (en me cramant les doigts : j'ai jeté trop vite la poche avec les instruments), au cœur de la ménagerie du Jardin des Plantes, au soleil, entre une chouette harfang des neiges, des oryx d’Arabie et un caracal du désert, qui partageaient une profonde mélancolie proche de la dépression animale, celle que nous ne voulons pas analyser, ni amoindrir, nous les inhumains. Empathie. L.M.
Commentaires
Léon, de tout coeur (choeur) avec toi, à l'unisson, quoi... Je te comprends car ça m'est arrivé quand je travaillais pour une radio d'en-bas. Invité partout, tout le temps. Bon j'étais jeune, très jeune même, et ça m'allait. Mais pas trop. Aujourd'hui, j'ai choisi, je ne vais nulle part. Sauf bien accompagné par quelques copains, parfois un seul suffit et ça change tout. Mais seul c'est naze, chiant, et on se sent comme un rat en cage.
Un conseil : profite quand même. Chronique tes sorties avec un peu de piment et de poivre, de rictus et de recul. Tu sais faire. Et ça peut être bandant à lire comme à écrire.
Amitiés et santé
Et à bientôt à la Comme Fou
Mais non, cher Léon, tu n'es ni blasé ni...Mais non. Ce soir et oui c'est un soir où flotte un air mélancolique ( je n'ose écrire: anonyme), un soir comme, parfois, il y en a. Et je lève aussi sec mon demi ( si, si , en vrai) bien crémant ( j'aime que ce soit coiffé d'écume sinon c'est tout menti, la bière, le soir.) dans ta direction ( droit au coeur, là où ça réchauffe l'âme ) et te dit à un de ces jours. Amitiés bien vives.
=> Ca fait un bail que je les chronique, mes sorties, Richard! "Avé" les épices dans le stylo...
=> Côté blasé, je me sens à l'abri, Benoît. Je crois que je ne le serai jamais.
Merci pour vos messages, amigos.