Bodega Potxolo
Et pouf ! En y entrant, on se sent aussitôt comme chez soi, c’est-à-dire dans un de ces bars-à-tapas-restos qui longent la Nive à Bayonne (quais Jaureguiberry, Chaho, des Corsaires). Nous sommes pourtant dans le 11ème à Paris, entre Bastille et Nation, rue de la Forge Royale, étroite et calme. Au n°7, la petite Bodega Potxolo est dans ce jus là : affiches de corridas et des Fêtes de Bayonne, un paso doble (Paquito, etc) en fond musical, des ardoises qui proposent toutes sortes de tapas, et Patrice Lepage en cuisine (associé à Thierry Duval). Ce Solognot qui a appris la gastronomie ibérique à La Plancha, rue Keller à Paris, est tombé amoureux de la cuisine basque dans son ensemble : celle du Nord et celle « de l’autre côté ». Sa sélection est classique et emblématique, un mélange de mer et de terre, avec une sélection de produits ayant de bonnes origines, comme la charcuterie Montanera (le jambon de truie est impeccablement moelleux). Les chipirons (d'une grande fraîcheur) sont proposés de trois façons : à l’encre, frits et à la plancha (préférence pour la troisième). Les fèves au (très bon) chorizo sont correctement croquantes. L’huile d’olive des artichauts est délicieuse (c'est le détail qui fait la différence). Les albondigas (boulettes de bœuf et de veau) sont authentiquement savoureuses. L’ardi gasna (formage de brebis) est très honnête. Le gâteau basque est maison - ce qui est rare et donc méritoire. Les vins de la Rioja, comme ce Coto vintage 2009, sont aussi intéressants que le sagardo (cidre) de Gurutzeta, la sangria (maison, bien sûr). Le Txakoli (vin blanc perlant et canaille), lorsqu'il y en a, est de chez Txomin Etxaniz, soit le meilleur. Enfin, le petit coup de Patxaran pour la route est quant à lui salutaire, à condition de rentrer en Vélib'. Le gros avantage de ce lieu pitchoun et sans chichis, généreux et pas cher, c’est que l’on peut s’y pointer pour dîner jusqu’à minuit et demie. Peu courant.






Une brassée de recueils de poésie de grande qualité s'est posée au printemps dernier comme une volée de sarcelles à la surface d'un étang landais, par une nuit lumineuse de mai comme celle que nous venons de vivre. C'est à la collection Poésie/Gallimard que nous devons ce bouquet. Tout d'abord, il y a ce coffret, le second du genre, qui constitue pas à pas la
Michaux (Comme un fou qui pèle une huître), Raymond Queneau (Cette brume insensée où s'agitent des ombres), Saint-John Perse (S'en aller! S'en aller! Parole de vivant!), et enfin Jacques Prévert (De deux choses lune l'autre c'est le soleil). Douze petits bijoux extraits des nombreux recueils de ces douze bandits des mots, déjà parus dans la même collection (30€ le coffret). L'emblématique collection publie coup sur coup trois titres, à commencer par Un manteau de fortune, suivi du très émouvant recueil intitulé L'adieu aux lisières et de Tombeau du Capricorne, de Guy Goffette (7€), qui s'affirme toujours davantage comme un poète majeur du songe éveillé, de la nostalgie façon saudade, dans notre paysage contemporain. Le second s'appelle Entrevoir, suivi du splendide Le front contre la vitre et de La halte obscure (9,50€), et c'est signé de Paul de Roux (
enfin un petit classique formidable : Glossaire, J'y serre mes gloses, illustré par André Masson, suivi de Bagatelles végétales, illustré par Joan Miro,
Le romancier new-yorkais, auteur à succès de Trente ans et des poussières
