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J’en ai assez de croiser des gens satisfaits d’eux-mêmes, qui s’autoproclament exceptionnels, se félicitent tous seuls, s’envoient constamment des fleurs, s’écoutent parler, et ne sont jamais à l’écoute de l’Autre. Ils passent le plus clair de leur temps à cirer leur ego et à gérer leur misérable carrière personnelle. Ceux-là sont tellement sûrs de leur (maigre) savoir, de leur opinion (hâtive) sur tout et de leurs certitudes, qu’ils ne s’aperçoivent jamais combien ils sont pitoyables et agaçants. Ils effectuent un voyage immobile dans le paraître, qui va du miroir de leur salle de bains au déballage de leur absence de doute, à qui veut bien les entendre. Les écouter est au-dessus de mes forces. Ce ne sont même pas des sophistes, car pour l’être, il faut un certain talent –condamnable certes-, mais un talent quand même. Untel me sert une psychologie à deux anciens francs, en poseur, avec le ton emprunté d’un consultant, déclarant ce qui est bon pour moi. Un autre affirme à longueur de phrases, ignore la confrontation et la remise en cause, et s’imagine toucher au sublime en reproduisant du ringard. Celle-ci veut m’attirer dans le champ de ses convictions, au mépris de ma liberté de jugement. Celui-là prétend connaître tout de moi et s’invente une mission réparatrice à mes côtés, quand je ne souhaite que solitude et recueillement au bord de la mer. Ce manque de tact m’effare. L’autosuffisance et son cortège de négligence, d’irrévérence, m’afflige. J’ai le sentiment de ne croiser que des êtres boursouflés de narcissisme, des bouffeurs de ma liberté. Au secours Socrate, qui savait seulement qu’il ne savait rien ! Devenu avare du temps que je souhaite consacrer aux autres, je décide de ne plus prêter attention à ceux qui m’enquiquinent avec leur jargon, leurs leçons, leur être bouffi d’égoïsme et leur vide ; en somme. Je préfère la compagnie d’un mauvais livre à une rencontre qui sonne creux, et préfère aux deux, un paysage que j'observe tranquillement. Fuir, esquiver, me cacher des raseurs, ces parasites qui ne vivent qu’aux dépens de ceux qui leur servent de chambre de résonance. Je n’ai pas cette vocation, ni celle de perdre mon temps. La vie enseigne chaque matin qui se lève, qu’elle sera de toute façon trop courte pour pouvoir croiser tous ceux qui valent la peine parce qu’ils nous correspondent. Alors la paix ! Que ces gens, vilipendés ici, passent à côté de ce qui me paraît être une vie plus vraie –ou moins futile-, ne me gêne guère. Mais quand ils se transforment en pompes aspirantes posées en travers de mon chemin, ils constituent un délit d’entrave à ma liberté. Et je vois rouge, n’étant pas toujours à l’aise pour contourner l’obstacle quand il m’impose son indélicatesse, ni suffisamment leste pour sauter d’un seul bond par-dessus...Ces rencontres involontaires me font penser à Henri Calet, le délicat auteur des Grandes Largeurs et de Peau d’ours, ce journal intime qui s’achève, la veille de la mort de son auteur, par ces mots : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ». Calet écrivit, en observant des célébrités à son corps défendant : « En quelle école enseigne-t-on ces manières de dédain ? Comment acquiert-on cet inimitable regard vide ? »…Voilà. Ce trente novembre bleu et (enfin) froid, comme j’aime les journées de novembre sur la Côte basque, m’a fait buter sur deux raseurs, en ville. Par bonheur, je suis parvenu à m’en défaire et à rejoindre la plage de la Chambre d’amour, ma querencia entre toutes les querencias, où je parviens toujours à me laver du gris de la vie, sans le recours à un crawl dans les vagues, mais en contemplant ces filles de l’horizon qui meurent si bellement, le ventre creusé par un modeste vent d’Est.
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Limoncello
Achat d'un beau citronnier, hier soir, qui porte seize citrons dodus.
Il trône dans une belle jarre en terre cuite, à l'entrée de la maison.
Commande de deux clémentiniers, ce matin, pour encadrer, plus tard. Autre chose.
Un jour, je ferai du limoncello avec ce citronnier (j'ai appris, hier, c'est très simple).
Ce sera la liqueur des Concernés.
Mais je mettrai un verre de côté pour La douceur.
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Les concernés
Je repense à un court poème de Giuseppe Ungaretti*, qui compare le poids de la peine à l'aile de papillon que porte la fourmi.
De même, Mille ans pèsent moins qu'un jour... (Baudelaire? Nerval? Je ne sais plus et je n'ai pas le courage de fouiller ma mémoire).
L'ultime brille autant que la pleine lune.
Nous devenons nyctalopes, et allons, légers comme le plomb.
Lestés d'amour, devant qui nous regarde avec ses yeux voilés.
Nous tutoyons la magnanimité -une concernée.
(N'avoir d'égard que pour les concernés).
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* Dans Vie d'un homme. J'adore ce livre.
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dans L'Expansion/Tendances de décembre...
...je publie ce papier sur le patron des "guides rouges" (en tant qu'ancien directeur des rédactions du magazine et des guides GaultMillau, ce fut amusant de réaliser cette interview).
Jean-Luc Naret
JE SUIS UN REVELATEUR DE TALENTS
Le patron des fameux Guides Michelin était marchand de rêves dans une première vie. Il s’emploie aujourd’hui à développer la marque du « bib » à l’international. Analyse d’un succès.
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Il est élégant, souriant, fringant, mince, sa voix a le juste timbre –clair et assez grave-, il a le sens de l’accueil et il porte ses 45 ans comme on soulève une plume. Jean-Luc Naret est un homme de tact. Passé par la direction de quelques-uns des plus beaux palaces du monde, il est depuis trois ans à la tête des guides Michelin : le fameux « Rouge » hexagonal et quinze autres éditions, c’est lui. Une première dans le système de l’institution séculaire, car le sixième directeur du guide est le premier à avoir été recruté à l’extérieur et à ne pas faire partie du sérail interne. Il rejoint le groupe du « Bib » en septembre 2003, et après avoir travaillé, six mois durant, en étroite collaboration avec son prédécesseur Derek Brown, il prend ses fonctions le premier juin 2004. Diplômé de l’Ecole hôtelière de Paris, Jean-Luc Naret a commencé fort, à 21 ans : En 1982, lui est proposée –comme premier job-, la direction du Venice-Simplon-Orient-Express, le fameux train de luxe. La suite est un enchaînement de rêves, et un enchantement : il fera son armée comme steward en Polynésie, et prendra la direction adjointe de l’hôtel Bora-Bora, composé de bungalows sur pilotis, en descendant de l’avion militaire. « C’est à partir de ce moment-là que je suis devenu marchand de rêves », dit-il. Retour à Paris, où il est sous-directeur du Bristol. « Mon directeur ma tout appris des subtilités du métier, en particulier le sens du détail, et l’art et la manière de parer à cet imprévu permanent qui rend le métier fascinant ». Il y restera quatre ans. Il a 29 ans, et se dit : « Dans la vie, on fait son éducation de 20 à 30 ans, sa réputation de 30 à 40, et ensuite on transmet de 40 à 50 ». Ambitieux, il se donne une mission : décrocher un poste de direction générale avant son trentième anniversaire. La timbale s’appellera One & Only Saint-Géran, à l’île Maurice. Là, l’expérience s’enrichit : « Au Bristol, je recevais des stars, la jet-set, à Maurice, il m’arrivait de recevoir les mêmes personnes, mais en vacances. À Paris, je leur créais du rêve. Sur les îles, je m’employais à ancrer ce rêve dans leur mémoire ». Pour le même groupe, il ouvrira le Palace de Lost City en Afrique du Sud, et l’Ocean Club aux Bahamas. La suite est édifiante : il ouvre Atlantis hôtel aux Bahamas, il rejoint une année Versailles et son Trianon Palace, repart à Maurice où il crée The Residence. Il refuse d’ouvrir le Burj Al Arab à Dubaï -il est chassé régulièrement par des cabinets de recrutement. A 40 ans, il ré ouvre le Sandy Lane, à La Barbade, qui sera sacré « Meilleur Resort » du monde. La consécration ! Autant dire que pour Jean-Luc Naret, les Tropiques ne sont pas Tristes… C’est alors que Son Altesse l’Aga Khan lui propose de diriger les opérations de son groupe hôtelier, en Afrique et au Pakistan.
Il serait aujourd’hui à un haut poste de direction pour le compte de l’Aga Khan, si un chasseur de tête, encore, ne l’avait dérouté vers Michelin. « Ma rencontre avec Edouard Michelin fut certes décisive, mais je pense que mon discours sur la nécessité d’une ouverture sur le monde, d’une marque majeure et leader en Europe, mon parcours dans l’hôtellerie de luxe bien sûr, et ma personnalité, ont plu ». Jean-Luc Naret n’a alors de cesse de faire évoluer la marque tout en consolidant son assise extraordinaire en France (375 000 exemplaires vendus de l’édition 2006 classent « le Rouge » très loin au-dessus de ses concurrents), et en Europe, où se situe 80% du chiffre d’affaires d’une marque déjà présente dans 11 pays. La volonté du nouveau boss : partir à la conquête des USA. Puis de l’Asie, en faisant des guides d’un nouveau genre. Ce sera le guide de New York : véritable succès de librairie (110.000 ex vendus en moins d’un an), c’est une sélection des meilleures adresses d’hôtels et restaurants selon Michelin, soit l’équipe locale de dix inspecteurs « full time » comme le sont tous les inspecteurs des guides rouges. Illustré, assorti de commentaires parfois longs (une à deux pages pour les étoilés), ce qui est nouveau dans la maison, où l’espéranto du pictogramme (permettant depuis toujours aux étrangers de « lire » le guide français), et la réputation de sécheresse, a effectué sa révolution culturelle en introduisant, en 2000, les fameuses deux phrases de commentaires ! Là, les guides de New York et de San Francisco (ce dernier, sorti ces jours-ci, est déjà en tête des ventes sur amazon.com), sont plutôt littéraires, vivants, hauts en couleurs. La notoriété de la marque, la rigueur de la sélection, la compréhension par l’Américain qu’il s’agit de guides pour les lecteurs et pas pour les chefs, ont conquis d’emblée le marché, pourtant occupé par « Zagat », et les pages du « New York Times » ou du « San Francisco Chronicle ». Le miracle est là : le capital confiance, l’image de Michelin, le fait qu’un étoilé de San Francisco ou de France, soit choisi sur des critères identiques, rend les « rouges » universels, même si, grâce à leur équipe locale, ils sont suisses en Suisse, et espagnols en Espagne. (En Europe, chacun des 70 inspecteurs « full time », dont 10 pour la France, visite plus de 250 établissements par an). « Flattés, les chefs américains en redemandent, et d’autres vont s’installer à New York ou à San Francsico parce que le guide s’y trouve désormais », ajoute Jean-Luc Naret. La récompense est là. Du coup, le boss du rouge va partir à la conquête d’autres métropoles américaines, tout en préparant un ou deux lancements en Asie. Le sens du secret faisant partie de l’esprit maison, le nom de la ville est inconnu pour le moment : Hong Kong, Shanghai, Tokyo ?..
Le directeur n’oublie pas pour autant la France, loin s’en faut : un guide de Paris (en deux versions : Française et Anglaise), et un autre de Londres vont bientôt paraître, à l’image des guides américains, soit plus modernes, avec des photos, et plus textuels. Le guide de Paris ne sera plus un simple extrait du « guide mère », lequel paraîtra pour la première fois en deux éditions : Française et Anglaise. Mais la philosophie restera la même pour les inspecteurs, bras armés des Rouges : révéler davantage que juger les chefs, à partir de rapports de plus en plus élaborés, précis, et d’une rigueur légendaire. Ce qui permet à Jean-Luc Naret de déclarer : « J’étais marchand de rêves. Aujourd’hui, je suis révélateur de talents. Et notre métier, chez Michelin, ce n’est pas de faire des guides, mais de publier des sélections de restaurants, d’hôtels –et de maisons d’hôte ».
Face à la concurrence symbolique des autres guides (Michelin est leader dans chaque pays où il est présent), à la fausse concurrence de la presse quotidienne et magazine qui a une vocation croissante à « guider » son lecteur (« Michelin est annuel, la presse éphémère », répond M.Naret, « la presse annonce une nouveauté, quand nous prenons le temps de la jauger avant de l’inscrire si elle le mérite »), les guides choisissent de développer le multimedia. ViaMichelin.com, le site de la marque, traduit en cinq langues, avec ses liens sur les tables et les hôtels, est un succès colossal : 30 000 connections par jour, soit 10 millions par an, pour les seules demandes d’adresses de restaurants et d’hôtels ! Depuis 1996, viamichelin est présent sur la « navigation embarquée » (le GPS de votre voiture), sur les PDA (assistants personnels), et aussi, via Bouygues Telecom seulement (pour l’instant), sur les téléphones portables : un clic, vous êtes localisé et un choix d’adresses vous est envoyé illico. Michelin a donc compris le nomadisme, et aussi les préoccupations de certaines clientèles : « Je suis fier de mon dernier bébé », déclare le directeur, « Main Cities of Europe ». Il s’agit d’une sélection de 3000 adresses dans 37 villes. Un guide (en langue anglaise), à l’adresse des businessmen qui sautent d’un avion à un autre, et de tous les gourmands et gourmets qui ne laissent rien au hasard, fut-ce pour une nuitée. Un guide transversal, thématique, le premier du genre. Mondialisation oblige ! S’agissant de la mondialisation de la cuisine (nul n’étant épargné), Jean-Luc Naret considère que la particularité de chaque cuisine demeurera. « Cependant, à ce propos, il faut mettre en garde les jeunes chefs qui vont faire leur tour chez Ferran Adria, puis chez Ducasse, et puis qui rentrent chez eux aux quatre coins du monde, et s’imaginent qu’ils sont devenus des Adria ou des Ducasse bis. L’humilité doit les guider. Et la mondialisation, ce n’est pas cela… Non, le positif dans cet univers, c’est la qualité des produits, qui ne cesse de croître depuis dix ans, ainsi que la technicité en cuisine, qui les sert mieux que par le passé. L’effervescence du milieu, aussi : ça bouge sans cesse ! C’est pourquoi, à la fin du guide de New York, il y a par exemple une page, « coming soon », sur les futures bonnes adresses annoncées, repérées, et qui ont ouvert après parution… ». Aujourd’hui à la tête d’une armée de 500 personnes, dont 350 au siège parisien, d’inspecteurs, traducteurs, rédacteurs, cartographes, éditeurs… Jean-Luc Naret ne regrette pas les palaces de sa première vie. Son lagon se trouve désormais avenue de Breteuil, dans le 7ème à Paris, et des canards barbotent parfois sur le plan d’eau, au milieu du jardin, à l’entrée. L.M. -
cristallisation
Ca sédimente, s'épluche naturellement. Ce qui ne compte pas, n'a jamais compté mais ne se voyait même pas, tombe. Sans bruit. Trop léger pour éveiller. L'essentiel reste. Sans effort. Reste et tient. La vraie relation humaine indéfinissable (celle qui ne ressemble ni à l'amour ni à la relation amicale), la complicité qui transcende les liens de sang, les liens de ce que tu voudras, sont un concentré de vérité et de solidité. Là-dessus, tu peux compter. Et tu t'appuies. Cela devient une définition de la vie, au fond. Vivre l'extrêmement rare forge. Le vivre épaulé fortifie. Et ouvre, grand pour une vraie fois, les yeux sur la médiocrité de l'espèce humaine. Ca calme. Ca rassérène. Ca aide. Cela fait, discrètement, rire, aussi...
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Ambigue...
...La phrase de Margaret Atwood citée par Jonathan Littell (auteur des Bienveillantes), dans l'entretien qu'il a accordé au Monde :S'intéresser à un écrivain parce qu'on a aimé son livre, c'est comme s'intéresser aux canards parce qu'on aime le foie gras.Et voici mon autoportrait en vache perplexe, lorsque je ne pige pas une phrase comme celle-là...Mé!.. -
N&B
Paris, Londres, Vienne, Naples.
Photos :
© MARINE MAZZELLA.
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Théophile de Viau
Le sonnet ci-dessous date de 1621. Cherchez, au fond, la ride...
Je songeais que Phyllis des enfers revenue,
Belle comme elle était à la clarté du jour,
Voulait que son fantôme encore fit l'amour
Et comme Ixion j'embrassasse une nue.
Son ombre dans mon lit se glissa toute nue
Et me dit : cher Tircis, me voici de retour,
Je n'ai fait qu'embellir en ce triste séjour
Où depuis ton départ le sort m'a retenue.
Je viens pour rebaiser le plus beau des Amants,
Je viens pour remourir dans tes embrassements.
Alors quand cette idole eut abusé ma flamme,
Elle me dit : Adieu, je m'en vais chez les morts,
Comme tu t'es vanté d'avoir foutu* mon corps,
Tu te pourras vanter d'avoir foutu mon âme.
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*baisé, dans une autre traduction.
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A la fin, l'homme se resserre comme un bouton de rose
C'est l'après-midi. Un soleil magnifique et d'une douceur incroyable pour novembre inonde la chambre. Par la fenêtre grande ouverte, j'aperçois la montagne Basque. Ses yeux ne peuvent plus la voir. Nous sommes seuls tous les deux. Je caresse doucement sa main et son bras droits velus depuis de longues minutes de grand calme, tout en parcourant les titres du journal ouvert sur la couette. Soudain, il me demande si je pense qu'il en a encore pour trois ou quatre jours à vivre, ou bien un peu plus. Je luis fais promettre un peu bêtement, avec une voix que je me reproche d'avoir à cet instant (façon infirmière : dans la dénégation punchy -pris au dépourvu, je ne trouve rien d'autre), de fêter Noël en famille, ici même, dans sa chambre! Son regard de vérité fait écho à un terrible silence. Pour faire diversion, je lui demande s’il veut écouter de la musique, car depuis que ma fille a eu la bonne idée d’installer une chaîne hi-fi près de son lit, Verdi, Puccini et Tino Rossi l’apaisent et le font même chantonner faiblement. Tu préfères écouter quoi ? Verdi ou Tino ? Il répond : la meilleure des musiques, en faisant le geste de porter un verre à sa bouche, pouce dressé comme un autostoppeur… Je suis stupéfait. Je vérifie : Tu veux quoi ? Il me dit : Du tariquet glacé. Cela fait quelque temps qu’il accompagne sa douzaine d’huîtres quotidienne d’un verre de ce vin blanc sec du Gers. Décidé à ne rien lui refuser, je monte la bouteille et un verre. Il me demande de trinquer avec lui... Tchin-tchin. Il siffle deux verres, lui qui n'a jamais bu ni fumé. La meilleure des musiques… Désir de femme enceinte, d’aquoiboniste en partance, d’hédoniste encore et toujours du côté de la vie, jusqu’à la lie. L'hallali. La la lère...Grand corps malade retourne lentement vers l’enfance. Avec la mémoire comme un gruyère, les petits pots donnés à la cuiller. Mais une dernière énergie d'Enfer.Photos : Sans Litre, composition de verres © Marine Mazzella. -
L'aube est (aussi) un genre littéraire
"L'aube : genre et forme littéraire du moyen âge, est une poésie lyrique qui a pour thème la séparation de deux êtres qui s'aiment au point du jour . Accompagnée d'une mélodie savante, elle comporte 3 grands thèmes : séparation des amants à l'aube; chant des oiseaux et lever du soleil, intervention du guetteur qui interdit à tout importun de s'approcher et prévient les amants qu'avec l'aube vient la séparation." (wikipedia.org, portail Littérature / Poésie).
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Led Zeppelin
Et tout va bien!.. A condition de se passer, à fond2chezàfond, Stairway to heaven. Et après? Deep Purple (Child in time, Smoke on the water, Black night -bien sûr...). Après?.. Un shoot Doors (The End, en version longue, live, énorme!), et puis Walk on the wild side, de Lou Reed, avant d'allumer un Juan Lopez Obus (un havane de haut-vol). Là.
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Figlio mio
La barrière en métal chromé du lit est un peu haute pour l'adolescent. Le bras maigre du grand-père se déploie, large, la main attrape la nuque de l'adolescent, la ramène contre lui, contre sa bouche, qui maintenant embrasse silencieusement, longuement, sans bouger, la joue gauche de l'adolescent. Le vieil homme (enfin, 72 piges c'est peu!), lui chuchote quelques mots en Italien et en Anglais. En retrait, j'entends capo... flag-ship... famiglia... Le corps de l'adolescent est un peu raidi -et par la barrière qui heurte son ventre, et par une étrange crainte; une gêne inconnue. Le vieil homme et l'enfant mêlent leurs larmes. Je me rapproche, saisis la main de mon fils. Trois générations sont soudées. La vie est précieuse parce qu'elle est parsemée de moments comme celui-là. -
être
Etre, c'est peut-être regarder la mort en face.
La tutoyer, lui proposer un verre d'anisette avec le sourire, et une sérénité désarmante, capable de faire renoncer à l'Iran l'usage funeste de l'atome et à Le Pen de récolter la signature de 500 merdeux.
Ce soir j'admire la leçon de philosophie de mon père : il regarde son grand départ en face avec la lucidité calme des personnages de Camus regardant le soleil droit dans les yeux. Sans ciller. Sans geindre, surtout.
René Char, encore et toujours : La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
Et bien sûr Montaigne : Que philosopher c'est apprendre à mourir...
Tout cela aide à continuer de vivre mieux.
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B.F.
Jérôme Garcin dans L'Obs, après Emilie Grangeray dans Le Monde, citent la même définition -splendide- du style, que donna Bernard Frank (photo), dans La Panoplie littéraire, à la faveur de leur nécro sur ce dilettante de génie, ce papillon intellectuel qu'était Frank. La voici :
Il (le style) arrache une idée au ciel où elle se mourait d'ennui pour l'enduire du suc absolu de l'instant.
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Je me sens grue
Il est toujours très émouvant (ceux qui savent vont frissonner), de tenter d'apercevoir, de toutes nos forces, en scrutant comme un malade, le ciel pourtant bleuté de cette nuit de novembre d'une douceur incroyable (20°), les grues qui passent en faisant un boucan d'Enfer. J'adore, je crois, plus que tout, la migration. Le phénomène si grisant de la migration des oiseaux à l'automne. Je ne sais rien de plus sensationnel (au sens fort), de plus excitant, que de guetter des oiseaux migrateurs dans le ciel de l'aube, les yeux baignés de ces larmes sans chagrin ni joie que le vent froid fait monter. Ce soir, c'est pareil. Le vent matinal en moins et la tiédeur en plus. Encore, les grues sont passées, nombreuses, bavardes comme des pies. Crevées, elles devaient hésiter entre les bords de la Nive et ceux de l'Adour. Ou bien avec les barthes proches, ou les marais d'Orx, pour reposer leurs ailes.
Aujourd'hui, se baigner dans les vagues était aussi facile qu'en plein coeur du mois de juillet.
Et le jamon serrano, coupé fin comme du papier Rizla+, fondait sous la langue plus gentiment qu'une pastille.
Il y a des jours où je suis heureux de savoir Paris loin.
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dans l'Obs de ce 9.XI...
...édition paris ile de france, je publie ce reportage
parisobs.nouvelobs.com/p299_2192/articles/a322783.html - 52k - 13 nov 2006 -
Ski sur terril
Noeux les Mines, dans le Pas-de-Calais, possède la seule station de ski de France sans neige artificielle. Bluffant.
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Gery Leroux est fier de diriger Loisinord, la seule piste de ski de France sans neige artificielle. L’idée est en effet lumineuse. Transformer un terril en mini station de ski afin de valoriser des collines de charbon appartenant désormais au Patrimoine, tout en valorisant le tourisme de façon originale, dans une région un peu délaissée, c’est Dysneyland en plein désert. Certains terrils de cette région ont été aménagés en parcours botanique, en pistes de VTT (à Wingles notamment), ou bien sont recouverts d’une végétation arbustive naturelle, et de plantes qui affectionnent la chaleur et qui s’accommodent d’un sol maigre, comme l’aubépine et la ronce. Car les terrils continuent de brûler tout doucement et continueront ainsi leur combustion pendant des années. Composés de charbon, de coke, d’oxygène de l’air et de grisou, il faut en arroser régulièrement certains, afin de les refroidir.
La ville de Noeux-les-Mines, au paysage de corons et de morne plaine, et Gery Leroux, qui y travaille, ont eu le nez creux, en sachant initier un tourisme inédit, avec une grande base de loisirs aquatiques, équipée d’un téléski nautique ouvert d’avril à fin septembre, comme il en existe une douzaine d’autres en France, notamment à Cergy, et surtout cette piste de ski, Loisinord, située à 10 minutes à pied de la gare, au milieu d’un quartier désormais animé, où se sont greffés un fast-food, deux discothèques, une école de cirque et un supermarché. Une centaine d’emplois ont été générés par ce petit pôle touristique. C’est loin d’être négligeable dans une région qui a un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale : 14%. « Il existait une seule autre station similaire, à Carmaux, dans le Tarn, mais qui elle n’a tenu qu’un an, en 2000/2001, faute d’avoir choisi un revêtement artificiel qui manquait de confort. C’était une idée de Paul Quilès, lequel était venu trois fois à Noeux, pour voir l’installation, ouverte depuis 1996 », précise Géry Leroux. Le nouveau système repose sur un revêtement en plastique aux allures de tapis-brosse blanc, totalement moderne et performant. Ce système, baptisé snowflex, équipe déjà la plupart des stations analogues (il y en a plus d’une centaine), de Grande-Bretagne. L’idée vient de là-bas ! Mais curieusement, elle n’a pas encore fait de petits en France, à part à Noeux. Le revêtement est constamment vaporisé d’une eau filtrée et purifiée, puisée à –78 mètres, par de nombreuses buses éparses, ce qui permet de glisser facilement et de ne pas abîmer les cares des skis et autres snowboards. Le seul inconvénient, c’est que l’on se mouille un peu en tombant (sans jamais se faire mal tant c’est moelleux), mais pas plus que sur la neige. Il suffit donc d’utiliser l’équipement idoine, et de se vêtir un peu en été. Tout autour des deux remontées mécaniques (tire-fesses), une moquette synthétique verte décore les côtés du terril. Sur les flancs, et afin de bien maintenir l’ensemble, la végétation est tenue par un grillage horizontal, à l’instar de l’oyat sur les dunes du littoral atlantique. Le revêtement repose sur une mousse épaisse qui permet de bonnes prises de cares dans les virages et surtout d’amortir les chutes les plus brutales. Au départ de la piste, les skieurs chevronnés peuvent suivre un parcours de bosses, et plusieurs tremplins (dont un de 2,50 m), permettent d’exécuter des figures acrobatiques, qui en font l’équivalent d’une piste rouge en haut, et d’une bleue en bas, que l’on achève généralement tout shuss. L’équipe olympique de ski acrobatique espagnole est venue s’y entraîner, et réfléchit à la création d’une station analogue à Madrid (il n’y en a aucune en Espagne), afin de pouvoir s’entraîner l’été.
Fermée d’avril 2004 au 7 octobre dernier, pour cause de changement total de son revêtement, jugé inadapté et inconfortable, la station de Noeux a été (ré)inaugurée les 4 et 5 novembre derniers. L’altitude au sommet est de 129 mètres, la longueur de la piste est de 320 mètres et le dénivelé de 74 mètres. 600 skieurs en moyenne fréquentent chaque jour cette station singulière qui est une régie municipale. « Ca fait toujours drôle aux skieurs qui payent par chèque de les libeller à l’ordre du trésor Public.. », dit Gery en riant. Le pic de fréquentation se situe en janvier, février. Attentif aux projets touristiques innovants, le Feder (fonds européen de développement régional) a largement financé la rénovation totale de la station. Skier entre amis ou en famille, en ayant quitté Paris une heure et demie plus tôt, procure un plaisir assez inédit ; surtout en haut des pistes. Entre deux descentes, il faut admirer l’étonnant panorama sur « le plat pays » chanté par Brel, qui s’étend jusqu’à la Belgique, proche. Lille, au loin, n’est qu’à 25 minutes en voiture. Juste en bas, les corons, la ville de Noeux (12000 hb), son Musée de la mine, quelques terrils éparpillés, vestiges des dernières mines qui ont fermé en 1958. Derrière la piste, le paysage est riche et chargé d’histoire : les collines de l’Artois, le Bassin minier, les deux gros terrils de Liévin, Lens au-delà, Mazingarbe à quelques encablures du terril où nous nous trouvons, (avec son usine CDF Chimie, classée Seveso 2 –la même que la sinistre usine AZF de Toulouse, puisqu’elle fabrique aussi du nitrate d’ammonium). A droite de Liévin, on aperçoit le monument de Vimy (où se trouve le célèbre Mémorial canadien de la guerre de 14-18), et au-delà, Notre-Dame de Lorette, siège de la fameuse Bataille de l’Artois, durant la Grande guerre. La ligne de front de 14 se trouve là. Devant. Skis aux pieds, à 130 mètres au-dessus de la mer, c’est émouvant. Un vent d’ouest, « Ecoutez-le vouloir » (Brel), souffle en permanence en haut des pistes. Il vient de la mer, qui n’est qu’à 90 km, à vol d’oiseau. Des goélands planent d’ailleurs au-dessus des skieurs. Skier à Noeux devient vraiment étrange. Les skieurs viennent chaque jour, surtout des alentours, et aussi de la région de Lille, Calais et Dunkerque. La nocturne du vendredi donne une dimension féérique à la piste éclairée jusqu’à 22heures, surtout lorsque les snowboarders exécutent des sauts depuis les tremplins. Les non-skieurs disposent d’une salle de 800 m2 (avec bar et snack), bondée chaque dimanche, avec un immense mur de verre face aux pistes, pour le spectacle. Au rez-de-chaussée, 400 paires de skis et 150 snowboards sont à louer. Certains skieurs louent même leur matériel ici et vont dans les Alpes, car il leur coûte bien moins cher (64€ le matériel complet pour 8 jours pour un adulte, et 37€ pour une enfant !). Un partenariat avec la station alpine de La Clusaz, près d’Annecy (qui est quand même à 850 km de là), permettait il y a quatre ans, aux titulaires de la carte Loisinord (13€ à peine) de skier gratis une journée… sur de la vraie neige ! « L’expérience va sans doute être renouvelée cette année », dit Géry Leroux, confiant. Le succès de ce nouveau revêtement ne se fera pas attendre. Testé depuis le 7 octobre, les skieurs locaux n’en reviennent pas et certains, qui débutent tout juste, avouent progresser rapidement. Terrible !
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revisiter le mythe
José Bergamin, in La Solitude sonore du toreo (Seuil) : "Le torero désabuse le taureau comme le torerissime don Juan la femme : en l'abusant. En lui jouant un tour de vérité. Le torero ne joue pas plus avec la mort que don Juan avec l'amour puisqu'ils jouent leur vérité. Aucun d'eux ne la simule. L'un et l'autre la masquent d'une transparence lumineuse".
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la nolonté
Frédéric Musso, dans son bel essai sur Camus (Albert Camus ou la fatalité des natures, qui paraît chez Gallimard/essais -et avalé cette nuit), prend le Meursault de L'Etranger pour le comparer au Bartleby de Melville et à son fameux : "I would prefer not to". Je préfèrerais ne pas. Et nous éclaire avec le dictionnaire Lalande (?) de 1926, lequel définit la nolonté comme le "vouloir ne pas". "Bartleby ou la nolonté de puissance", ajoute Musso avec humour...
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ça chuinte
En bord de mer, un vent doux, une bise, dans l'oreille, devient un chant
L'archet qui s'attarde sur les cordes d'une viole de gambe fait monter les larmes
Le cri plaintif du vanneau huppé dans le brouillard de l'aube provoque l'émoi majuscule, animal
Mais la voix d'une femme (Victoria de los Angeles, Maria Callas, Montserrat Figueras, Patti Smith, Dolores O'Riordan...), demeure mon instrument de musique préféré
Aujourd'hui, 8 novembre, c'est le silence des rues de Bayonne qui bourdonne avec subtilité. Le soleil est présent comme en septembre, tout le monde est en tee-shirt. On n'entend que les pas, rue d'Espagne. Cette sérénité m'appelle, me rappelle, finira par me happer et par me fixer ici.
Photo : Le parapet de la plage de La Chambre d'Amour, querencia entre toutes les querencias...
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ensemble...
je te fais plein de billoux
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résilience
division
réunion
fusion
symbiose
accompagnement
effort sans effort, naturel
rires
dérision
humour noir
veille
centaines de coups de fil
prévention
précautions
purée
moulinette
serviette
décompression
apéro
écoute
écoute...
regards forts
mots rares mais puissants
chargés
échanges ultimes et beaux
ah, oui... et aussi :
café
fruits (raisin, poires)
huîtres!
et puis quoi que j'oublie...
ça y est! les trucs pour le lave-vaisselle, y'en a presque plus
pfff...
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surfez sur ce blog ami
c'est de la poésie, et de la sensibilité à vif, pure
http://aloredelam.hautetfort.com/
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corps mourant
balayer l'horizon marin, la nuit, pour y trouver un bateau, tomber -à défaut-, sur un cormoran, là tout près, écouter le fracas de son plumage dans l'eau, songer aux profondeurs abyssales et à la nuit la plus obscure; remet les idées en place.
car il règne un beau désordre dans nos têtes, lorsque le passage montre le bout de son sale pif, et que de fausse alerte en fausse alerte, nous nous prenons à détester La Fontaine, qui fabulait à l'envi. Ce grand cynique nous a appris à surseoir et à avoir peur; pas à vivre habillé de sérénité simple.
Cyrano :"Car à la fin de l'envoi, je touche!".
Spadassin de la forêt noire, le temps se brouille soudain, le ouaté de l'atmosphère estompe les sons, ternit la lumière et donc nos esquisses de sourires.
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grues cendrées, en V, dans le ciel bayonnais
Cinq novembre, Bayonne. Réveil au chant de centaines de grues cendrées qui passaient, bas, en V successifs, interminablement, au-dessus de la maison. La grue craque, comme le chameau blatère et comme je déblatère ici. Mieux vaut déblatérer que craquer, cet automne. Temps splendide. Ciel bleu pur. Température tiède. Clémente, comme on dit. Balade (braconnière) à Biarritz. Les Halles pour y faire provision de bons produits, la Chambre d’Amour, puis la Côte des Basques, pour reposer le regard et respirer à fond : l’Océan est méditerranéen, aujourd’hui, et la côte espagnole visible jusqu’à Santander. Lisse est l’adjectif qui qualifie le mieux cette journée d’une douceur extra/ordinaire. Les vagues, lentes, lascives, ont l’air douces aussi : sans sel. Elles sont poivrées de surfers en combinaisons, qui figurent des insectes élégants. Quelques volées de palombes passent au loin, vers La Rhune et le Jaizkibel (les Trois Couronnes). L'ardi gasna (le fromage de brebis paysan), de Chailla, est fantastique sur le Porto, les huîtres rituelles (quatre douzaines de Quiberon n°3 de l’ami Joël D(upuch)-), fidèles au rendez-vous de treize heures. Cèpes, cœurs de canards, queues de langoustes grillées, polenta, Vacqueyras blanc de 1999 à la robe sombre comme celle d’un sauternes, d’une vivacité, d’une nervosité, explosives. Puis Listrac de haute extraction en magnum pour suivre. Le meilleur ¡y mañana sera otro dia, no ! ¡Joder !... Il aura le meilleur jusqu'au bout. Et puis il y a des mots d’une autre douceur, celle que l’on décide contre toute météo, celle, dite des soins pailliatifs. Une expression redoutée qui se pose un jour comme une volée de sarcelles sur le blanc d’un étang au cœur de la nuit de novembre. (Je crois que la lune est pleine, ce soir, d'ailleurs...). Le premier oiseau se nomme morphine, le second valium. J’ai oublié, ou je n’ai pas voulu retenir, le nom des autres, au nombre de trois ou quatre. L’ordonnance est pliée dans la poche arrière du jeans. Demain… Mañana… L'ami Jean-Louis, le pharmacien du quartier (un pote de lycée) roupille à cette heure. Il la lira demain matin, tôt. De mauvais augure, bien entendu, ces piocs paillatifs. Quand la côte du col du Tourmalet devient trop abrupte, le cycliste passe le grand braquet. Et mouline plus à son aise. La science atteint des sommets dont je lui suis tellement reconnaissant, que je me porte volontaire -avec alegria-, pour aller planter un drapeau à sa place, là-haut sur la "Montagne magique". Au moment voulu. As later as possible, please! Et voilà qu’un mot italien, aussi tendre à l’oreille que funeste dans l'interprétation de sa traduction, me revient. Cogne à mon esprit. Le mot morbidezza. Il signifie douceur. Il sonne, d’évidence, comme la morbidité. Car la mort paraît douce, et de façon récurrente, à différentes étapes de l’existence. Et c’est toujours ça de pris,non? Sauf qu’il s’agit à présent (le repos ? -jamais…), de retrouver instamment le cd avec l’Ave Maria de Gounod "pour… la sortie de la messe". Bordel, où est-ce qu’il se planque, ce con de cd ! Ni dans la voiture, ni dans les range-cd, ni où !.. ¡Vaya con Dios, Gounod ! -
toi si t'étais l'bon dieu...
...tu f'rais valser les vieuuuux.... aux étooooiiiiiiles!...
toi....
toi si t'étais l'bon dieuuuu...
tu rallum'rais des bals.... pour les gueuuuuux...
toââââ....
toi si t'étais l'bon dieu....
tu s'rais pas éconôôôme...... de ciel bleuuuu
mais...
tu n'es pas le bon-dieu...
toi tu es beaauucoup miiiieuuux....
tu es un hoooomme..............
tu es un hoooommeeeeeuuuu
tu es un homme.
(jacques brel)
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novembre
Premier jour de novembre, temps de Toussaint. Comme d'hab'. Morne, pluvieux, gris, triste à mourir. Un temps à aller aux escargots. Aucune envie d'aller aux escargots. Ni aux cèpes, devenus rares ces jours-ci, ni à la palombe (de toute manière, elles ne passent pas : la terre se réchauffe!).
2 novembre, soleil radieux, ciel bleu intense, fraîcheur de bon aloi -de saison, enfin. Le roux des arbres brille, la mer scintille, et la mort avance, sournoise, en rampant comme une vipère ou, pis, comme une limace. Je n'ai jamais eu d'affection pour les limaces. Soit en laissant derrière elle sa bave acide, que je m'emploie à effacer sans relâche avec le chiffon de mon âme.
L'homme est un rat : il s'adapte, à force, à tout. Au pire comme au meilleur, en n'ayant plus conscience, à la fin, ni du bonheur, ni du malheur. Une sorte d'anesthésie mentale parvient à tout dissoudre. Le plus dur, ce sont les premières fois. Et avec un certain entrainement -et une indispensable dose de force intérieure, quand même-, chacun peut tout faire. Tout. Même ce que nous jugions impossible jusque là, ou bien réservé à d'autres, devient... facile. Nous le faisons de bonne grâce. Nous nous exécutons presque de bon coeur, en respirant à fond un bon coup, avant, et allez!.. L'homme est un rat. Et la mort une pute.
Rien de nouveau sous le soleil de novembre, par conséquent, lequel a le bon goût de briller comme jamais, aujourd'hui, au-dessus de Bayonne. Ce midi, sur la terrasse, l'énorme dorade royale, pêchée la nuit dernière, avait un goût d'iode que lui disputaient les huîtres de Quiberon n°3. Le Carbonnieux blanc 2001 avait encore cette vigueur attribuée d'ordinaire aux vins de l'année. Le gâteau basque aux cerises était moelleux comme un coussin sous la tête, l'été, à l'heure de la sieste. C'est toujours çà de pris.
Tutto va bene, ou presque.