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  • Nouvelle vague, de Richard Linklater

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    Capture d’écran 2025-06-26 à 08.53.42.pngJ’appris brutalement (apprendre la mort d'un être est toujours brutal, forcément brutal) la disparition du regard silencieux, à la fois tendre et félin de Léa Massari en contemplant l’horizon devant la plage de la Petite Chambre d’Amour, à Anglet. Je repassais aussitôt dans ma tête des scènes de L’Avventura, des Choses de la vie, du Christ s’est arrêté à Eboli... J’eus de la peine. Et même un léger pincement au cœur. L’allure sur grand écran de Léa Massari me faisait parfois penser à Maman. J’enfourchais ma moto, je passais devant la librairie Bookstore à Biarritz. Une queueCapture d’écran 2025-06-26 à 08.54.22.png inhabituelle de lecteurs patientait le long du trottoir en pente. Sofia Coppola signait l’album de photos du tournage de ses Virgin suicides. La veille, j’avais été invité à l’avant-première de Nouvelle vague (l’histoire de la production de À bout de souffle de Godard), par le réalisateur texan Richard Linklater (sortie le 8 octobre prochain), en ouverture du festival Nouvelles Vagues. Un film en noir & blanc de belle facture avec une reconstitution décorative de la charnière années cinquante – soixante aux petits oignons (il ne manque aucune Dauphine, DS, Chambord ou 203 le long des trottoirs, ni aucune affiche de réclame aujourd’hui vintage sur les murs). Mais le film sent la sueur, car les jeunes acteurs, dans l'enveloppe Capture d’écran 2025-06-26 à 08.51.00.pngde vrais grands acteurs (Belmondo, Jean Seberg) y compris « l’acteur » principal, Jean-Luc Godard, sont à la fois trop dans la peau de leur personnage – auquel ils ressemblent physiquement, forcément (surtout Zoey Deutch qui incarne magnifiquement l’ingénuité non feinte, la candeur de l’inoubliable, splendide Jean Seberg). C’est surjoué et on a le sentiment que tous « se prennent pour », « se la jouent trop » au lieu d’être, de tenter de devenir le plus naturellement possible acteurs à la faveur d’un scenario original : refaire À bout de souffle en mêlant un faux making-off et les scènes culte d’un film emblématique. Aubry Dullin (Belmondo) en devient vite exaspérant avec sa bouche constamment ouverte façon Bébel. Il nous refile une crampe aux zygomatiques au bout de vingt minutes de projection. Raconter l’histoire de la production d’un film auquel personne ne croyait, y compris Georges de Beauregard, le célèbre producteur, excepté son géniteur, est une trouvaille relative car déjà vue. Voir Tom Novembre dans la peau de Jean-Pierre Melville fait sourire, tant son déguisement évoque un « pestacle » de gosses le jour de la kermesse de l’école. C'est ça : une bande de grands enfants joue au cinéma comme on pastiche ses parents en leur absence avec force maquillage et accessoires chipés, tous jouent dans des vêtements trop grands pour eux. Godard (interprété par Guillaume Marbeck) est omniprésent à chaque plan -  et Marbeck campe à merveille le caractère exécrable de JLG  -, puisque c’est aussi l’histoire de sa naissance au 7e art en tant que réalisateur (après qu’il fut critique aux Cahiers du Cinéma) avec le chef d’œuvre que nous savons. Mais cela sonne donc faux. C’est raté, à mes yeux. Comme avecCapture d’écran 2025-06-26 à 09.47.37.png n’importe quel biopic (et je déteste ce sous-genre), nous sommes uniquement tentés d’y juger le mimétisme, le talent d’imitation en somme, l’art de la photocopie, et d’une espèce de plagiat bien ordonné ; rien d’autre... Sortant de cette projection qui se tint à 18 heures au cinéma Le Royal à Biarritz (j’étais invité par le sponsor principal du festival, ma banque, la BNP - merci Mme Douat), après un bla-bla d’une partie de l’équipe du film, pressée d’aller à la Gare du Midi où un parterre plus prestigieux l’attendait, je musardais un instant à la terrasse du bar, sise sur le toit de l’immeuble où une touffeur saharienne assaillait une grappe d’invités affamée de canapés rutilants et assoiffée de vin rosé tiédissant. Déjà allergique aux « coquetailes », comme l’écrivait Roger Nimier, ne connaissant personne à celui-ci, timide comme pas deux pour prendre langue avec l’inconnu, je tournais les talons, enfourchait ma moto stationnée devant La table d’Aurélien Largeau – il va falloir tester ça un de ces soirs... -, et regagnait ma douche, puis mon lecteur DVD, afin de lancer À bout de souffle, de Jean-Luc Godard. Copie originelle. L.M.

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