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  • Habana initiacion

    1304743800.jpgElle est encore réticente, hésite à franchir le pas, a peur d’avaler. Cette fois, il s’agit de ne pas le faire. D’oublier la cigarette. La prise en main étonne : c’est gros ! Respire sa tête - à fond. Dis ce que tu ressens davantage que ce que tu sens. L’herbe coupée, le bois, le poivre, le cuir, la sueur - dis tout. Pense au vin. Laisse-toi enivrer par le meilleur du cigare peut-être : sa dégustation à cru. Puis nous l’allumons pour elle. L’apprentissage de l’allumage du cigare viendra après. C’est quoi ? –Un robusto de Flor de Selva : la fleur de la forêt. Un honduras fait par une femme, Maya Selva. Un cigare doux, franc, pas simple mais pas compliqué non plus, voluptueusement capiteux, qui monte en puissance à la manière d’une vieille anglaise (à deux roues) : passé le quatrième rapport, sur une ligne droite et pure, genre la N.10 entre Le Barp et la sortie pour Mimizan. Tu vois ? –Non. C'est pas grave. Rien n'est grave. Sauf la mort d'un être cher et l'extinction inopinée d'un havane : Alors, tire franchement dessus ! Quel que soit le cigare, il faut s’en occuper doucement mais sans relâche dès l’allumage. Si tu parles trop, il s’éteint et se venge en te refilant une âcreté dont tu te souviendras. –Mais c’est difficile à tenir entre deux doigts. Tu t’y feras. Tu aimes sa couleur pâle, même  si elle te paraît noire en regard des tiges que tu as l’habitude de griller sans plus te poser de questions ?  C’est une cape clara, grasse. Observe le huileux de cette robe lisse. Alors ? –C’est pas fort ! Je pensais que j’allais respirer du feu et du piment. Contrairement à une idée reçue, plus le cigare est gros, moins il IMG_1205_2.JPGest fort, enfin ça dépend... J’ai choisi exprès un honduras, féminin comme certains côtes de nuits, plutôt qu’un havane, pour commencer. Demain soir, j’allumerai pour toi un habano simple, le cazadores de José L. Piedra. Après-demain soir, tu fumeras, si tu le veux bien, du plus sérieux, mais encore facile : le choix suprême d’El Rey del Mundo. Et si tu franchis ce cap de bonne espérance, nous fumerons ensemble un D3 de Partagas, plus agréable que son vieux frère le D4. Nous nous cantonnerons aux robustos pour cette semaine. Si tu en redemandes toi-même, nous passerons à un calibre supérieur ce week-end, à la campagne devant la cheminée ; après le pot-au-feu. Un churchill de Saint Luis Rey ou de Romeo y Julieta. Du sérieux raisonnable.  Nous verrons si tu résistes. La manzanilla La Gitana, glacée et le jabugo tranché comme du papier gommé escortent le flor de selva comme des motards un ministre plénipotentiaire planqué derrière les vitres fumées de sa limousine filant à vive allure sur les boulevards de ceinture. La femme en cours d’initiation ronronne. Si tout se passe comme nous le souhaitons, au quatrième tiers elle sera conquise à la cause, et l’homme obtiendra licence à durée indéterminée  d’allumer son double coronas du soir sans s’attirer les foudres habituelles. Module vivendi. Le cigare attire les femmes mais toutes répugnent à passer à l’acte. Il convient par conséquent de les initier à ces femme-pagan.jpgobscurs obus de nos désirs en respectant leurs caprices soudains : j’ai envie de chocolat ! Je n’ai qu’un nuts, pas de noir amer. –Tant mieux, donne. Et c’est ainsi que, par l’entremise d’une barre chocolatée, elle acheva le premier barreau de sa carrière d’amatrice. Elle allume aujourd’hui ses habanos avec le naturel d’un torcedor au boulot. Sa féminité s’en trouve accrue, comme je la déguste du regard seulement, à travers l’écran de fumée partagé.

     

     

  • Joël D. dans Les petits mouchoirs

    19501153.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_035023.jpgC'est un pote que je vois peu mais on s'appelle de temps à autre et on se voit à l'occasion, comme aux arènes de Dax, le 12 septembre dernier, jour d'une corrida historique -lire par ailleurs, ici même, sur le sujet. Joël D. (c'est l'enseigne de ses bars à huîtres où il faut découvrir la Quiberon n°3, ma référence absolue) n'est pas Agnès B. Il crève l'écran dans Les petits mouchoirs de Guillaume Canet en jouant son propre rôle (c'est Jean-Louis, l'ostréiculteur du Cap-Ferret, dans le film) alors qu'il débute devant la caméra ! Car il est comme ça, Joël : brut de décoff', vrai à 100%, bon, généreux, sans ambages, zéro frime, la tête au frais, jamais de prise de chou, adepte des éclaircissements immédiats, bref : c'est un gars qu'on aime parce que c'est un vrai mec bien, qui regarde au fond des yeux en te disant tes quatre vérités, les bonnes, les mauvaises (ça fait déjà au moins dix-huit, dont trois bonnes, garçon!) parce qu'il t'a en estime. Et ça c'est beau. Rares sont les hommes de sa trempe. Lorsque j'ai fait sa connaissance, dans son bistrot de la rue des Piliers-de-Tutelle à Bordeaux -surnommée la rue des milliers de pucelles-, en 1984 (j'habitais à deux faux-pas de là, rue des Faussets), son regard droit et donc horizontal s'est imposé à moi verticalement. J'ai découvert par la suite son humour, sa faconde. Joël, en étant simplement lui-même dans le film de Canet, vole la vedette, à son corps défendant, à des acteurs professionnels. Nulle intention de sa part! Il n'est pas comme ça, le gonze, loin s'en faut ! Alors pourquoi?  Je crois qu'il est -juste- rattrapé par un retour des vraies valeurs dans ce monde de brutes (et c'est un peu le sujet du film), lesquelles nous font aimer son personnage davantage que les autres. Il détient la vérité de la vraie vie. Ce n'est pas rien, ça... Et de cela nous manquons chaque jour davantage. Dans l'un de mes bouquins, récents, je décris Joël comme le Gascon magnifique. En voici un extrait, à la page 161 de ce dico amoureux (Le Sud-Ouest vu par Léon Mazzella, éditions Hugo & Cie, nov. 2009) :

     

     

    19501151.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_034947.jpg« Comment peut-on être Persan ? » demandait Montesquieu. Comment peut-on être Gascon ?… On ne  le devient pas, on l’est de naissance. C’est un caractère, une manière d’être au monde, de penser, de marcher, de parler, de rire et de chanter, d’aimer et de préférer, de manger et de boire, de donner et de partager, de faire la fête et de cultiver l’amitié avec autant de soin que la vigne, une façon de vivre le paysage, de caresser la plaine, de rentrer dans l’Océan, d’écouter la forêt, de voir la montagne, de songer la ville, de vivre le village, de dompter un étranger un peu trop conquistador. C’est une attitude de tous les instants, un accent, un regard, une fierté, une franchise, un laisser-aller contrôlé, une morale, un savoir-vivre à nul autre pareil. Parmi les Gascons auxquels je pense aussitôt, je compte Jean-Jacques Lesgourgues, vigneron en Armagnac, à Bordeaux et en Madiran. Mécène, collectionneur d’art contemporain, Jean-Jacques est l’archétype du Gascon total. Je pense aussi à Jean Lafforgue, érudit, ancien libraire emblématique du temple des livres bordelais : Mollat. Je pense à Jean-Pierre Xiradakis, autre Bordelais aux origines grecques, restaurateur à l’enseigne de « La Tupiña ». Je pense enfin à Joël Dupuch, ostréiculteur sur le Bassin, amateur au sens noble du terme, ex rugbyman et cultivateur d’amitié. Le Gascon est un égoïste qui ne pense qu’aux autres. Un aventurier qui néglige l’objet pour la cause, un homme qui n’adhère à rien sauf au plaisir qu’il souhaite « faire passer ». Le Gascon est le contraire du militant. C’est un rugbyman au quotidien qui donne le ballon comme une offrande, parce que « ça » doit jouer, jamais stagner. Et pas que le dimanche après-midi. C’est un joueur qui fête la défaite, un homme qui engage sa vie pour son salut, à l’instar de « l’Aventurier » comme l’écrivain Roger Stéphane en dressa le « Portrait » dans un livre éponyme fameux.

     

  • La Corse antifrime

    C'est dans Le Nouvel Observateur, supplément TéléParisObs, paru ce matin, que ça se trouve : j'y signe deux papiers sur la Bretagne : une balade ornithologique aux Sept-Îles, une autre en bateau (sans permis) sur les rivières. Et un troisième papier sur la Corse -enfin : sur un village que j'adore, Penta di Casinca, dans la région de Bastia. En voici un morceau :

     

     

    La Corse antifrime

    Ne cherchez pas à Penta di Casinca, dans la région de Folelli, la folie strass de Saint-Florent ou de Porto-Vecchio. Ici, pas de frime, mais une Corse authentique et forte.

     

    IMG_1509.JPGPenta di Casinca est le seul village corse entièrement classé, en l’occurrence comme « site pittoresque », depuis 1973. Perché sur un éperon rocheux à 400 mètres au-dessus de la mer, au bout d’une route  sinueuse qui grimpe sec, Penta se mérite. Une rue principale mais étroite –il convient de laisser votre véhicule à l’entrée du village, une église baroque, San Michele, un seul bar, tenu par deux frères, Roger et Gérard où l’on boit une Pietra (la bière corse à la châtaigne) à l’apéro, quelques moulins à huile et une ancienne forge. Basta cosi. Mais c’est d’un village d’une beauté rare qu’il s’agit, où l’on chemine lentement entre des ruelles et des maisons de pierre qui semblent toutes porter avec fierté le poids silencieux des légendes du maquis de la Casinca et de la Castagniccia. Le village ouvre sur une large vallée vert dru traversée par des pigeons, peuplée de sangliers furtifsIMG_1512.JPG sous les châtaigniers et dominée au loin  par le mont Sant’Angelo, 1218 m. Penta di Casinca, qui fait partie de l’agglomération de Folelli, est l'une des sept communes du canton de Vescovato, ou « Pieve de la Casinca ». Située dans la partie terminale du plus long fleuve de l’île de Beauté, le Golo, le village est fermé à l’ouest par une chaîne montagneuse, par un cours d’eau, le Fium’Altu au sud, et par la mer Thyrénienne à l’est. Parmi les villages voisins de la Casinca qu’il est agréable de relier entre eux, à pied et à la fraîche, ou bien en vélo pour les plus courageux  –ajoutons qu’en moto, c’est un pur bonheur-, il y en a sept vraiment splendides, Penta di Casinca y compris : Loreto di Casinca, Porri, Sorbo-Occagnano, Venzolasca, Vescovato et Castellare. Ce dernier partage avec Penta un territoire agricole et forestier commun, en vertu d’un découpage ancien (le Plan Terrier, 1770-90) lequel évoquait « une commune et deux communautés ». Mais un ruisseau joliment baptisé Noce les délimite clairement. Une des traditions du village, avec la procession du 15 août, est le gigantesque feu de Noël, installé au centre du village, après une collecte de bois et qui est alimenté nuit et jour, de la messe de 

    IMG_1464.jpgminuit du 24 au jour de l’An. Chaque soir, les habitants de Penta se retrouvent autour de l’immense bûcher. Pour parler. Une promenade simple est celle qui conduit au cimetière en passant sous une arche romaine, jusqu’à la chapelle romane San Michele. Le cimetière est ravissant car les tombes éparses semblent avoir été semées dans la nature et certaines sont partiellement ensevelies dans une végétation gourmande. La plupart regardent la mer depuis un promontoire juché donc à plus de 400 mètres d’altitude. Des randonnées à pied sont proposées par  l’association  Fiulm’Altu, à Penta, laquelle organise des sorties familiales, par exemple à la découverte de la flore du maquis, de la toponymie et de l’histoire des lieux sur le sentier botanique de Costa-verde, avec un pique-nique devant la ravissante chapelle San Mamilianu : 2h30 aller-retour. Il y a aussi le sentier San Pancraziu-Penta, à Castellare (2h30 de balade bucolique pure). La Castaniccia (châtaigneraie) est la grande région forestière d’alentour, trouée de vignes qui donnent des vins réputés, comme le Domaine du Musoleo (et le Domaine Pratali), proches, en appellation Vins de Corse. Notre chouchou est le Clos Fornelli, plus loin, à Tallone en vallée de la Bravone, notamment sa cuvée Robe d’Ange en rouge, et son rosé qui excelle sur les grillades de viandes ou de poissons. Une seule adresse pour se restaurer à Penta : « A Teppa », à l’entrée du village (pizzas formidables). À noter également : les généreux poissons grillés du Bar de la plage d’Anghione, « en bas », soit de l’autre côté de la RN 198 et du carrefour de Saint-Pancrace. D’autres plages, aussi sauvages et modestes, longent la côte jusqu’à Folelli, comme celle de San Pellegrino (avec un hôtel éponyme recommandable). Immédiatement en retrait d’Anghione, nous trouvons des exploitations agricoles entièrement dédiées à la culture fruitière, en particulier aux agrumes, très réputés. Bien sûr, on peut toujours aller louer un bateau à Bastia et filer le long du Cap Corse jusqu’au superbe petit port langoustier de Centuri (comptez la journée). Folelli n’est qu’à 10 km, Corte à 52 et Aleria à 39. Mais Penta et ses environs ont suffisamment d’arguments naturels pour donner envie de rester « là-haut », entre deux randos.

     

    Texte et photos : Léon Mazzella

     

    - S’y rendre : Vols Paris-Bastia sur Easyjet et Air France. Ou bien TGV Paris-Marseille, puis ferry-boat

    IMG_1214.JPG jusqu’à Bastia. Après, louer une voiture ou une moto. Bastia est à 34 km et Poretta, son aéroport, à 17 km de Penta di Casinca.

    - Se loger : Hôtel San Pellegrino : 04 95 36 90 61, sur la plage éponyme. Rien à Penta, excepté quelques rares chambres d’hôtes sur les sites dédiés.

    - Se restaurer : A Teppa, à Penta. 06 74 52 47 75
    Bar de la plage, à Anghione.

    - Vins : Domaine Musoleo : 04 95 36 80 12. Clos Fornelli (06 61 76 46 19).

    - Charcuterie : grand choix au Super U de Folelli. Oui !

    - Randonnées : Association Fiulm’Altu, 04 95 36 89 28.

     

     

     

     

  • el gusto del huis-clos

    Cet étrange besoin de s'enfermer pour être entre nosotros (photo : les arènes de Bayonne, où se tiendra, du 22 au 24 octobre, le 94e Congrès national de la Fédération des Sociétés Taurines de France, organisé par la Peña Taurine Côte Basque).

    arenes-1.jpg

  • Vins : Calmel + JJospeh

    tamponnature.jpgUn vin du Languedoc, référencé comme un Vin de Pays des Côtes du Brian (Hérault), m'inspire d'emblée confiance. S'il est écrit sur sa contre-étiquette Transparence pour des vins libres, je marque l'arrêt, façon setter anglais sur bécasse : le sentiment est fort. il s'agit de carignans centenaires, méticuleusement sélectionnés et qui "subissent" des méthodes culturales et de vinification douces, soucieuses de l'avenir de la terre et de l'environnement général. Respect. La traçabilité est totale : ma bouteille porte le n°0373. Débouchons, donc. A l'oeil, c'est sombre et luisant, taiseux et prometteur. Au nez, ce n'est pas flatteur, mais vrai : profond, fruité et frais : d'apparence bougonne, ce vin est chantant, chatoyant presque. Cela me chatouille. En bouche, c'est l'équilibre sincère entre l'épicé léger et le soyeux planqué -par modestie sans doute- d'un terroir rugueux, qu'adoucit une très légère touche de grillé, voire de cacaoté, mais qui reste irrémédiablement sauvage au fond. Pour notre bonheur. Un vin puissant comme le regard de certaines  Andalouses : vous le soutenez et elles fondent. Voilà ce que Laurent Calmel et Jérôme Jospeh parviennent à faire, entre autres (leur Saint-Chinian est également remarquable). Ou, comment donner à un cépage mal aimé, un relief caressant, cariñoso, et en gommer sa réputation de raisin à tanins durs et amers. Que dalle! Ici, c'est doux et fort à la fois. Et même souple, sans le recours à l'assemblage avec des cépages adoucissants. C'est par conséquent l'expression de la maîtrise d'un cépage ingrat, d'un domptage  -avec maestria.

    Vieux Carignan 2009, par Calmel+JJospeh (34210). Ces vins, qui remportent un succès à l'étranger, seront bientôt -nous l'espérons- sur le marché français.

    Photo : le tampon nature des vignerons.

     

  • Sardegna a tavola

    IMG_1531.JPGMon restaurant italien préféré à Paris est Sarde. Et il m'écartèle. Sardegna a tavola (1, rue de Cotte dans le douzième) est un miracle de bonheurs gastronomiques. Des produits d'une fraîcheur et d'une qualité époustouflante, des cuissons parfaites, des associations audacieuses et réussies (*), une générosité rabelaisienne, une subtilité rare et une inventivité désarmante, des plats splendides, et inoubliables certains, tous inspirés d'une terre âpre et de ses rudesses paysannes reloaded, et aussi de la mer, de la nécessité du pêcheur -poétisée par celle qui attend son retour. Et enfin des vins excellents, issus notamment d'un cépage enchanteur, le cannonau (grenache sarde).

    Tutto bene. Molto bene.

    Ma...

    Mais : les prix se sont envolés depuis deux ans et ils sont aujourd'hui en orbite : de 20 à 30€ le plat de pâtes, entrées jusqu'à 40€ (cèpes crus, mais bon), plats idem...

    Mais, surtout, l'accueil et le service du boss sont devenus absolument exécrables, il n'y a pas d'autre mot. Tonino est aujourd'hui aussi imbuvable qu'un sale gros gosse gâté qui tape du pied en braillant quand ça lui chante ou qui fait la gueule et appuie à fond sur son air bougon mal dégrossi. Cela fut, il y a quelques jours, à la limite de l'inconvenance affichée comme un principe et de la grossièreté automatisée, à prendre ou à laisser car je t'emmerde. Et moi, ça, je n'aime pas du tout. Si certains Parisiens adorent se faire houspiller, qu'ils aillent là.

    Néanmoins, c'est tellement bon que je parviens à fermer les yeux sur ces deux énormes barrières et à retourner dans ce resto depuis des années! C'est simple, je vais encore y réserver une table -là.

    Allez comprendre...

    (*) Dans Buca e mari (l'une des entrées "du jour" : le marché, presque aussi long que la carte, vaut à lui seul un poème d'amour et plusieurs repas) j'ai pu trouver entre autres : endives émincées, oignons confits, raisins secs macérés, pignons grillés, haricots verts croquants, fenouil al dente, artichaut confit, thon fumé, poutargue fondante, citron et huile d'olive!..

     

    Photo de Anna Maria Maiolino (Fondation Tapies, Barcelone, 15/10/10 - 16/01/11), peintre et performeuse brésilienne d'origine italienne.

  • Mon livre de cave

    c0733974bb743181105cba5d814d85c5-300x300.gifIl est (re)paru. Aux éditions du Chêne. Cette réédition, en format réduit avec une maquette plus brune, de mon ouvrage paru en 2007, intitulé Mon livre de cave, ne comporte plus -à ma grande surprise-, la page de dédicace et d'exergue.

    Aussi, je la reproduis ci-dessous, car elle revêt toujours autant d'importance à mes yeux.

    Mais l'indélicatesse des éditeurs, de nos jours, ne s'embarrasse pas avec la sensibilité des auteurs...

     

    A la mémoire de mon père

    Au vin à venir


    "La cave, c'est ce qui reste quand on a tout bu."

    Pierre Veilletet.

     

    Rappel : Lire aussi : Comment faire sa cave, de Philippe Faure-Brac (EPA), car je suis le nègre de cet ouvrage (par conséquent) passionnant.

  • franchir le rrrrrruby, con!

    genere-miniature.aspx.gifJe reçois à l'instant Humour et rugby, de Serge Laget (La Martinière). Et je me marre. Les illustrations sont chouettes et désuètes, mais bon, il y a de nombreux dessins d'Iturria et je n'en ai jamais supporté aucun, dans le journal Sud-Ouest comme là. Ici, là, partout un peu, ce bouquin en fait trop : il est loin d'être léger, il est plutôt bourrin marteleur de clous, sous la mêlée, c'est dommage. Coïncidence, je porte aujourd'hui un polo noir que j'aime bien, et sur lequel on peut lire (lado pecho) : Gentleman ou voyou? et (côté dos) : rugbyman. Il y a de la trombine dans ce bouquin, des souvenirs de Roger Couderc -en voyant sa tronche, j'entends sa voix, le dimanche soir, annoncer que les Poules ont du pain sur la planche... Et les troisièmes mi-temps sont au rendez-vous, de même que l'hommage aux frères Boni. L'auteur souligne plus ou moins finement que le H du mot humour figure les poteaux. Mais c'est vrai, té!

  • En relisant Esteban

    Claude Esteban, poète essentiel.

     

    Ta langue, tes seins, ton sexe. Je te retrouve en deçà des feuilles, sous le pollen. Je me glisse dans l'écartement des pétales. Je te surprends, toute neuve d'avoir gémi. Tu trembles, tu me retiens, tu me déracines. Je bois le sel qui se répand de chaque lèvre. Je m'enfuis.

    ---

    Je m'éloigne de l'aube. Je

    rejoins

    ce puits d'ombre qui dure sous les étoiles.

    Rien n'a bougé. Les phrases

    du désir

    habitent la mémoire.

    ---

    Extraits de : Le jour à peine écrit (Gallimard).

     

  • Secret Wine

    logo_fre-FR.pngL'agence de communication lyonnaise www.clairdelune.fr a eu la bonne idée d'organiser une dégustation à l'aveugle, de 3 bouteilles de vins, à l'intention de blogueurs oenophiles. 85 ont accepté de jouer à www.secret-wine.com. (Et ainsi de mentionner l'initiative sur leur blog, ce qui est fait !). Chacun a reçu par courrier 3 flacons numérotés avec un bouchon synthétique vert, le tout parfaitement anonyme. En les débouchant, un air de famille se dégageait nettement : nous étions a priori dans le Sud de la France, dans le Sud-Est, voire dans les Côtes du Rhône septentrionales pour la bouteille portant le numéro 390. Les flacons partageaient une robe profonde presque noire, un nez de fruits rouges et noirs, épicé, herbacé la n°390, plus léger la 714. En bouche, l'affaire se compliqua puisque le voisinage des appellations troubla à nouveau ma dégustation. Il s'agit vraisemblablement de vins jeunes : 2007 ou 2008. A la rigueur d'un 2005 pour la 079, ma préférée car la plus charpentée, la plus charnue, la plus complexe, la plus soyeuse et la plus séduisante en somme. Je ne me risquai sur aucun nom de domaine. Je finis par voter sans grande conviction car je ne parvenais pas à trancher entre Saint-Chinian, Côtes du Roussillon et Costières de Nîmes pour la première. Entre Saint-Chinian, Crozes-Hermitage et Vinsobres (Côtes du Rhône) pour la seconde (j'ai même pensé un instant à Cahors, mais le côt ne me semblait pas franc du collier), et entre Gigondas, Chateauneuf-du-Pape et Vacqueyras pour la troisième. Pour un peu, je me risquais -non sur du bizarre, mais sur du réputé meilleur : Rasteau, Cornas, Côte Rôtie, en gardant à l'esprit que je faisais peut-être fausse route et que les flacons pouvaient venir d'ailleurs (Af'Sud, Californie, Chili...). Je votais finalement ceci (résultats le 12) :

    714 : Costières de Nîmes.

    390 : Crozes-Hermitage.

    079 : Vacqueyras.

  • Deux poids, deux mesures : Vargas Llosa et Marilyn Monroe

    Mario Vargas Llosa Prix Nobel, cela m'évoque l'expression si poétique du médecin pour désigner un excès de poids : surcharge pondérale... L'écrivain péruvien devenu espagnol, notoirement de droite, récompensé pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec, laisse à penser que, déjà tellement plombé de prix et récompenses en tous genres, il devra s'acquitter d'une taxe lorsqu'il prendra l'avion pour Stockholm. (Je pense aussi à l'image sinistre de ces généraux argentins et autres russes à la poitrine cuirassée de médailles). Reste que MVL est un excellent romancier. Et que l'Académie suédoise aurait été mieux inspirée en récompensant une découverte, ainsi qu'elle l'a fait, avec des bonheurs inégaux certes, ces dernières années.

    IMG_1529.jpgJe préfère penser, en feuilletant les Fragments inédits de Marilyn Monroe, que les histoires oiseuses sur les blondes vont pouvoir prendre leur revanche. (Etait-il nécessaire de déguiser la publication de ces textes intimes qui disent un amour pour la littérature et des qualités littéraires évidentes, en réhabilitation?..). Antonio Tabucchi, dans sa préface, souligne un signe dans l'existence d'une femme trop belle et réduite au statut encombrant de bombe sexuelle absolue. A l'intérieur de ce corps qu'à certains moments de sa vie Marilyn porta comme on porte une valise, vivait l'âme d'une intellectuelle et d'une poétesse dont personne n'avait le soupçon. Est-ce exagéré? En tout cas, cela explique sans doute pour partie la mélancolie de Marilyn, voire sa dépression. MM rêvait de se réincarner en papillon. Cette légèreté ne manque pas de grâce. Et m'émeut.

    (Et j'adore cette photo, infiniment sensuelle, dont la charge érotique dépasse en puissance tous les nus de M.M.).

     

  • L'enterrament a Sabres

    Pour moi c'est un événement : la reprise dans la si précieuse collection Poésie/Gallimard de la chanson de geste hugolienne, de l'ode à la lande, de ce poème homérique et tsunamique, de cette élégie gasconne d'une belle force tellurique et d'une douceur d'aile de papillon, de cet Office des Ténèbres à la houle majestueuse, de ce chant de grâce et de beauté, de ce poème d'amour à la mort, donc à la renaissance, à la Nature, aux femmes, aux humbles, à la puissance du regard, à l'humus, à l'énergie sourde du silence, à l'oiseau migrateur, à la sagesse des vieux, à l'alios et à la grande forêt de pins, de cette Légende ensorcelante, ensorcelée et  mystique -est, oui, à mes yeux, un événement. Annoncé il y a plus de six mois, je le guettais -un peu inutilement, puisque j'ai l'original paru d'abord chez Ultreia en 1989, puis sa réédition parue chez Mollat en 1996. Et puis sa parution fut repoussée plusieurs fois au cours de l'été et à index.jpgla rentrée. Le voilà enfin! (et d'ailleurs, je ne l'ai finalement pas racheté dans sa troisième version...). Il s'agit du livre le plus essentiel, peut-être, de Bernard Manciet (1923-2005), auteur un-peu-beaucoup-ours que j'eus le plaisir de rencontrer à Trensacq, dans sa retraite de la Haute Lande, et avec qui j'ai partagé le bonheur de publier -chacun son petit bouquin- dans la même collection : lui Les draps de l'été -poème en prose sur la sieste sensuelle des après-midi de l'été landais... et moi Je l'aime encore, long poème en prose, ou journal sans date d'une passion amoureuse torride, sexuelle, donc imprégnée d'érotisme et qui finit mal, forcément, (et dont Manciet me dît, dans une lettre : c'est tellement beau que je ne sais pas ce que vous allez pouvoir écrire après! Purée, ça marque un homme, ce genre de paroles!). Cela vit le jour aux éditions Abacus en 1995, dans l'éphémère collection "Quatre auteurs pour quatre saisons" (les deux autres étaient Michel Suffran et Marie-Louise Haumont. Et les quatre ouvrages étaient emboîtés dans un joli coffret -et j'ignore s'il est encore disponible). L'enterrement à Sabres (titre originel gascon : L'enterrament a Sabres), donc, est paru en format de poche et en bilingue (Occitan-Français) comme la plupart de ses nombreux livres. J'aime profondément l'idée de cette édition à vocation populaire. C'est l'oeuvre poétique majeure de Manciet, qui a beaucoup écrit, d'autres poèmes d'une émotion forte (Un hiver, Accidents, entre autres), des essais brillants (précieux Triangle des Landes, et Golfe de Gascogne), des romans bouleversants et d'une splendide concision (Le Jeune Homme de novembre, La Pluie, Le Chemin de terre). Je sais, je suis certain qu'un jour, dans des années, Manciet sera reconnu comme un immense poète, comme un René Char gascon. Je prends les paris.

  • attacher de la valeur

    al petto conto i colpi di un passero impazzito

    che sbatte ai vetri per uscire incontro.

     

    sur mon coeur je compte les coups d'un moineau affolé

    qui tape contre les vitres pour aller à ta rencontre.


    Erri de Luca, Operi sull'acqua, Oeuvre sur l'eau.

     

    (...A cinquante ans un homme se sent obligé de se détacher de sa terre ferme pour s'en aller au large. Pour celui qui écrit des histoires au sec de la prose, l'aventure des vers est une pleine mer.)

     

  • Procida a tavola

    Ca bouge! La meilleure adresse, ex-aequo avec Gorgonia, toujours très bien (surtout pour les pâtes au homard, les pasta e fagioli ou les poissons du jour grillés et la gentillesse d'Aniello) était -à mes papilles- La Conchiglia, sur la plage de Chiaia. Or, la chef est partie officier à La Pergola, qui était déjà une très bonne adresse sur l'île. Les pâtes alla ricca de la Conchiglia ont du coup du plomb dans l'aile et la carte semble aller à vau-l'eau, avec à peine quelques plats disponibles -les pâtes fraîches maison demeurent cependant très bonnes. Caracalè (voisin de Gorgonia, sur la Corricella) est devenue vraiment excellent : je monte cette adresse de trois crans en la hissant, cette année, au premier rang, avec, sur le port de Sent'Co, Sfizico. Une adresse proche, Fammivento se maintient (extraordinaire sformato di melanzane), comme Scarabeo, à l'intérieur de l'île. Mais la palme revient -et c'est une surprise personnelle- au si sympathique Vincenzo, de Graziella, "le" bistro sur Corricella, pour sa friture (aérienne, façon tempura) d'anchois et de chipirons, d'une fraicheur et d'une franchise de goût exceptionnelle. Mention spéciale enfin, à Girone, sur la plage de Ciraccio (Chiaiolella) pour la générosité de ses plats humbles et la gentillesse des patrons.

    http://www.youtube.com/watch?v=gAJj4dZjIYY&feature=related

    Gigliola Cinquetti, Non ho l'età..

     

    www.isoladiprocida.it

     

  • Pizze di Napoli

    IMG_1490.jpgIl faut en finir avec les adresses réputées indéboulonnables : la pizzeria Da Michele (1, via Sersale) fait l'unanimité à Naples -en tout cas dans les guides touristiques. Or, la pizzeria Trianon Da Ciro (voisine : 44-46 via Colletta) ainsi que la pizzeria Vesi (115, via S. Biagio dei Librai) sont de loin bien meilleures, tant pour la qualité de la pâte, de la tomate, de la mozzarella (il faut comparer les marg(h)erita ou margarita -la pizza originelle, entre elles pour bien tester, en plus la king size vaut à Naples de 3 à 4,50€ à peine) que par la sympathie du service et même le spectacle des pizzaiolos à Trianon.

    http://www.youtube.com/watch?v=zUhZD1--kNA

    Marino Marini, Come prima

    Photo (©LM) : chez Vincenzo, Graziella, Corricella, Procida.