Vins : Calmel + JJospeh
Un vin du Languedoc, référencé comme un Vin de Pays des Côtes du Brian (Hérault), m'inspire d'emblée confiance. S'il est écrit sur sa contre-étiquette Transparence pour des vins libres, je marque l'arrêt, façon setter anglais sur bécasse : le sentiment est fort. il s'agit de carignans centenaires, méticuleusement sélectionnés et qui "subissent" des méthodes culturales et de vinification douces, soucieuses de l'avenir de la terre et de l'environnement général. Respect. La traçabilité est totale : ma bouteille porte le n°0373. Débouchons, donc. A l'oeil, c'est sombre et luisant, taiseux et prometteur. Au nez, ce n'est pas flatteur, mais vrai : profond, fruité et frais : d'apparence bougonne, ce vin est chantant, chatoyant presque. Cela me chatouille. En bouche, c'est l'équilibre sincère entre l'épicé léger et le soyeux planqué -par modestie sans doute- d'un terroir rugueux, qu'adoucit une très légère touche de grillé, voire de cacaoté, mais qui reste irrémédiablement sauvage au fond. Pour notre bonheur. Un vin puissant comme le regard de certaines Andalouses : vous le soutenez et elles fondent. Voilà ce que Laurent Calmel et Jérôme Jospeh parviennent à faire, entre autres (leur Saint-Chinian est également remarquable). Ou, comment donner à un cépage mal aimé, un relief caressant, cariñoso, et en gommer sa réputation de raisin à tanins durs et amers. Que dalle! Ici, c'est doux et fort à la fois. Et même souple, sans le recours à l'assemblage avec des cépages adoucissants. C'est par conséquent l'expression de la maîtrise d'un cépage ingrat, d'un domptage -avec maestria.
Vieux Carignan 2009, par Calmel+JJospeh (34210). Ces vins, qui remportent un succès à l'étranger, seront bientôt -nous l'espérons- sur le marché français.
Photo : le tampon nature des vignerons.