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Palimpseste

Il lit en soupirant un livre faible, puis un autre : Le temps des séparations, de Roger Grenier, et Août, de Sophie Lasserre : de l’ennui bien épais récemment paru. Des livres inutiles. Il laisse les livres sur la banquette du train, attrape L’été où il faillit mourir, de Jim Harrison, et ça part aussitôt, ça cingle, ça respire ! (Règle de base : pour n'être jamais pris de court, avoir toujours des munitions sur soi : plusieurs livres pour viatique).
Le voyage se poursuit. Il rentre de reportage.
Tout à l’heure, il a un peu écrit dans le carnet Moleskine chiffré Salon du livre, qu’elle lui a offert.
Par la fenêtre, un paysage de marais surgit.
Les seuls paysages qui l’émeuvent vraiment sont ceux des marais à la lumière reflétée de la lune.
Non, rien ne peut davantage l’émouvoir, excepté le regard de C., ou bien son corps nu lorsqu’elle sort du lit pour disparaître dans sa salle de bains.
Cette lame de scie en morceaux brisés de joncs, que forme l’eau d’un étang marécageux, cette brillance métallique, le mystère du monde des marais, tout cela le fait chavirer.
Il aime l’émotion sauvage procurée par ce cadeau de la nature : la beauté s’offre à son regard, à ses cinq sens tendus, comme une nymphe endormie dans l’herbe grasse d’un pré…
Le lendemain, il est chez lui. Tandis qu’il écrit ce qui précède, un mot est glissé sous sa porte. Il reconnaît sa signature. Derrière les hiéroglyphes de son écriture piquante, il déchiffre, en palimpseste, l’affiche d’un amour grand comme ça.
Il sort aussitôt, guette alentour, s’interdit l’usage du téléphone portable. Il va marcher au jardin du Luxembourg. Le temps est très beau. Il se sent beau aussi. Il chante.

Commentaires

  • En effet, pas de voyage sans quelques livres avec soi... Je m'y reconnais, et pas seulement ici.
    Amicalement.

  • Merci le buissonnier ! Je suis allé sur votre blog : je l'ai survolé, je le lirai attentivement plus tard. @ bientôt, donc.

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