Bordel
Une fois n'est pas coutume : ce blog, dédié aux plaisirs littéraires et bachiques, aux voyages et à la gastronomie, s'ouvre exceptionnellement à un coup de calgon éprouvé hier soir à propos de Mayotte.
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QUEL BORDEL !
Je m'interroge sur le bordel ambiant : Le quotidien italien Il Tempo titre ce 5 mars : "Che bordello", comme suite aux résultats des élections législatives de dimanche soir qui ont vu chuter Matteo Renzi et monter les mouvements populistes de Matteo Salvini (La Ligue) ou de Luigi di Maio (Cinque Stelle), sans parler de la toujours vivace momie du vieux caïman Silvio Berlusconi et son parti, en embuscade active (et soutien de Salvini)...
De son côté, le quotidien Les Nouvelles de Mayotte titre (non sans espièglerie) sa Une et son édito de ce lundi dans les mêmes termes : "Le bordel En Marche". Car c'est vraiment le bordel dans le 101 ème département français (créé en 2011). La République semble délaisser sa population, laquelle souffre d'insécurité croissante, de précarité, de sous-équipement, de grèves depuis plus de deux semaines (des barrages bloquent partiellement l'île), de menaces lourdes de paralyser ses très prochaines élections législatives partielles (18 et 25 mars) ... En dénonçant "la brutalité" ambiante en Italie (dixit Emmanuel Macron aujourd'hui), l'exécutif semble assez peu se soucier de ses ressortissants vivant loin de métropole.
Or, oui, ça chauffe, ça barde, l'atmosphère de guerre civile couve à Mayotte. Qui s'en soucie? Les Comoriens clandestins débarquant quotidiennement en terre de "welfare state" sont désormais bien plus nombreux que les Mahorais, ce qui engendre des tensions fortes, des débordements devenant insupportables (des enfants se rendent armés de "t'chombos" - machettes - à l'école : http://bit.ly/2Fpyo46), des actes de violence, des agressions, soit une délinquance ordinaire face à laquelle les autorités semblent ne pouvoir / ne vouloir faire face...
Les Français de métropole vivant dans ce département, et qui y travaillent, seraient clairement entre le marteau et l'enclume en cas d'insurrection générale.
Ce climat délétère ressemble, par certains points, à la situation de(s trois départements de) l'Algérie en 1962, lorsque "la Grande Zohra" - le général de Gaulle - les lâcha. Nous avions "compris"... Mais qui s'inquiète de cela. Qui? Vu qu'à Mayotte, il n'y a guère de pétrole mais seulement des bananes. Et une situation géopolitique stratégique - mais, justement...
Certainement pas Gérard Collomb qui envisage de faire de l'île une Zone de sécurité prioritaire (ZSP) comme on joue à l'apprenti sorcier en effectuant des tests de vivisection. Pas davantage Annick Girardin, la ministère de l'Outre-Mer, qui saupoudre timidement en envoyant, pressée d'agir, quelques policiers en renfort (sera-ce vraiment les deux pelotons de gendarmerie annoncés, ainsi que dix policiers de la PAF, la Police aux frontières?..).
Lorsque l'on s'aperçoit que Mayotte constitue par ailleurs un véritable désert médical où presque aucun médecin spécialiste n'exerce/ne veut venir exercer, nous pouvons craindre que cette région ultrapériphérique ne devienne aussi un désert policier, sinon un territoire où le ratio forces de l'ordre/population serait cruellement insuffisant...
A la lecture de ces mesures jugées trop faibles par l'opinion publique de l'île, nous hésitons à qualifier ce bordel de grotesque ou bien de proie du mépris. L'édito excédé des Nouvelles de Mayotte évoque des errements, des atermoiements, une exaspération maximale qui ne sont pas des vues de l'esprit (nous nous sommes rendus sur place et avons donc pu voir, constater, un certain nombre de choses...). La Une de France Mayotte, bien que plus tendre, n'est pas en reste. Celle de Mayotte Hebdo est alarmiste.
En attendant la visite espérée de M. Macron, Laurent Wauquiez est "opportunément" arrivé ce 5 mars sur l'île pour tenter de comprendre ce qui s'y passe... (Lire Le Figaro du jour : http://bit.ly/2FW6RFi).
Malheureusement, dans l'Etat jacobin dans lequel nous vivons, le problème de la circulation sur les voies sur berges parisiennes et l'administration catastrophique de la capitale, placée sous la férule maladroite d'Anne Hidalgo - des sujets certes fort importants - monopolisent l'attention de mes confrères devenus de plus en plus rétifs au sacro-saint "terrain", se contentant d'infos peinardes faisant du buzz et se déroulant juste au bout de leur nez. Bordel!.. L.M.